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COIR ANMAN (ou COUIRO ANMENION)
PETIT DICTIONNAIRE DE THÉOLOGIE DRUIDIQUE.
Tome II.
Notre père nous a, certes, laissé une œuvre considérable, personne n’ira dire le contraire, mais certains des termes revenant fréquemment sous sa plume (plérôme, natiopathe, etc.) ne sont pas très clairs. Après maintes concertations entre nous, voici ce que nous pouvons en dire. Ont été rangées ici et sous ce titre cher à notre père, les dernières notes de sa main, retrouvées au verso de certains brouillons. Mais avons-nous bien déchiffré son écriture ???? (Jean-Loup, Alix, Mélisande).
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PRÉFACE.
« ILS DISCUTENT BEAUCOUP DE LA NATURE DES CHOSES, DE LA PUISSANCE ET DU POUVOIR DES DIEUX IMMORTELS, ET ILS TRANSMETTENT CES SPÉCULATIONS À LA JEUNESSE » (B. G. VI, 14).
Amis qui avez lu les quelques notes qui précèdent sur la théologie des très-sachants et qui étaient destinées aux jeunes 1) qui que vous soyez, croyants ou incroyants, païens ou monolâtres, sachez que rien ne remplace la méditation personnelle ; y compris sur les lais obscurs ou incompréhensibles qui ont été repris dans les tomes précédents, pour vous obliger à réfléchir : afin de trouver votre propre voie. Car c’est toujours en cheminant que l’on trouve le chemin (Setanta). La lecture de ces résumés pour écoliers du vieux druidisme était un peu fastidieuse, voire surprenante. Mais il faut savoir parfois « grimper aux arbres » d’une grande forêt pour entrapercevoir la divinité. Toute quête du Graal implique une recherche longue et difficile.
Ce petit dictionnaire, fidèle aux contenus essentiels de la foi des très-sachants de la druidiaction, mais mis à jour pour ce qui est du vocabulaire, pourrait avoir un sous-titre : la nouvelle paix entre les hommes et les dieu-ou-démons.
Car s’il est question de paix, c’est qu’il y a eu guerre, c’est qu’il y a trop longtemps eu guerre. La relation à la divinité n’est pas toujours facile, elle est même souvent source de conflits. Surtout quand une idée un peu trop précise des dieu-ou-démons nous a été révélée. L’essai dont vous venez de prendre connaissance n’est donc qu’une étape, ou un point de départ si l’on veut. En tout cas le début d’un long processus qui ne pourra qu’être individuel, et non son aboutissement.
C’est d’ailleurs pourquoi, tout au long du petit camminus (résumé de notre savoir ancestral) qui a précédé, il n’a été question en réalité que de paix ; de paix à faire ou à préserver avec les dieu-ou-démons, ainsi que nous l’avons dit. Tel est le fil conducteur qui a couru d’un bout à l’autre de ce petit camminus.
Nous profitons bien sûr de l’occasion, pour rappeler que cet essai de théologie druidique pour écoliers n’était pas un dogme ; mais un simple carrefour de voies menant à de plus amples réflexions ; à développer quand ils seront, non plus de simples écoliers de la druidiactio, mais des étudiants du druidisme.
« La vérité dans nos cœurs, la force dans nos bras et l’art de bien parler ».
« Firinde inar croidhedhaibh, 7 neart inàr làmhaibh, 7 comall inàr tengthaibh ».
Tel est l’idéal des très-sachants de la druidiaction (triade rapportée par Caletios en réponse à une question de saint Patrice dans le colloque des Anciens : Acallam na Senorach). D’après nos frères en paganisme appelés guèbres ou parsis, Ahoura Mazda, lui, donnait à ses Aryens une triple consigne : « HUMATA, HUKHTA, HVARSHTA : BIEN PENSER, BIEN PARLER ET BIEN FAIRE ».
Un certain nombre des termes figurant dans ce petit dictionnaire de théologie druidique ne sont pas d’origine celte, mais d’origine grecque, par exemple 2). Cela n’a rien d’étonnant (cf. ci-dessous la parabole d’Ogmios : Ogma). Les très sachants de l’Antiquité utilisaient souvent le grec pour communiquer avec ceux qui ne parlaient pas celte, comme nous l’avons vu avec le cas de Lucien de Samosate. Ils l’utilisaient de préférence au latin, que certains connaissaient pourtant aussi.
Quand les langues celtiques ont fini par tomber dans l’oubli et se fondre plus ou moins avec le latin populaire (du fait de l’occupation romaine et surtout chrétienne) ; les héritiers spirituels de ces très-sachants de jadis ont gardé ces traductions grecques de leurs concepts pour continuer à en discuter avec les autres philosophes.
Notre Héraklès est connu chez les Celtes sous le nom d’Ogmios ; et l’apparence qu’il a dans leurs fresques est vraiment grotesque. Ils l’ont représenté en vieillard aussi vieux qu’il est possible, les quelques cheveux qui lui restent, il est presque complètement chauve sur le devant tête [tonsure dite « de saint Jean » comme chez les moines celtiques ??] sont totalement blancs, et sa peau est ridée, mais aussi tannée, comme brûlée par le soleil. On le prendrait presque pour quelque déité infernale, pour Charon ou Japet, enfin pour n’importe qui plutôt qu’Héraklès. Tel qu’il est néanmoins, il a tous les attributs particuliers de ce dieu : la peau de lion pend sur ses épaules, sa main droite tient la massue,
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sa main gauche l’arc tendu, et un carquois est accroché à son côté ; rien ne manque de l’équipement d’Héraklès. Au début je crus que c’était par haine des dieux grecs ; qu’en prenant de telles libertés avec l’apparence personnelle d’Héraklès, les Celtes ne faisaient que se venger sur le plan pictural pour son invasion de leur territoire ; quand dans sa quête des troupeaux de Géryon, il avait parcouru et pillé la plupart des peuples d’Occident. Je dois néanmoins, maintenant, mentionner le trait le plus remarquable de ce portrait. Cet antique Héraklès entraîne derrière lui une grande foule d’hommes, tous sont attachés par les oreilles au moyen de chaînes faites d’or et d’ambre, ressemblant beaucoup plus à de très beaux colliers qu’à n’importe quoi d’autre. Et malgré ce lien assez ténu, ils ne faisaient aucun effort pour s’échapper, bien qu’il leur soit très facile de le faire. Il n’y a pas le plus petit signe de résistance : au lieu de planter leurs talons dans le sol et de se jeter en arrière, ils suivent au contraire avec une joyeuse alacrité, en chantant les louanges de leur ravisseur ; et vu l’ardeur avec laquelle ils se hâtent derrière lui pour éviter que les chaînes ne se tendent, on pourrait dire que s’enfuir est bien la dernière chose qu’ils désirent. Mais je ne vous cacherai pas plus longtemps le très curieux détail qui m’a le plus frappé. La main droite d’Héraklès étant occupée par la massue, et la gauche par l’arc, comment lui faire solidement tenir l’autre extrémité des chaînes ? Le peintre a résolu le problème en faisant un trou au bout de la langue du dieu, et en faisant le point d’attache desdites chaînes ; sa tête est donc tournée vers eux, et il regarde ceux qui le suivent ainsi l’air souriant. Je dus rester longtemps stupéfait à contempler ainsi un tel tableau, je ne savais que penser de tout cela et je commençais même à m’en irriter quand je fus abordé en un grec admirable par un Celte qui se tenait à côté de moi, et qui en plus d’avoir des connaissances très précises dans leur science nationale, s’avéra ne pas être complètement ignorant de la nôtre. « Noble étranger, je vois que cette fresque vous laisse perplexe », me dit-il, « laissez-moi donc vous en donner la clé. Nous autres Celtes, nous n’associons pas l’éloquence à Hermès, comme vous, mais au puissant Héraklès.
Ne soyez pas non plus surpris de le voir ainsi représenté en vieil homme. Car la prérogative de l’éloquence est d’atteindre la perfection avec l’âge ; du moins si nous pouvons en croire vos propres poètes, qui nous disent que…
« La jeunesse a l’esprit qui erre,
Alors que la vieillesse s’exprime plus sagement que la jeunesse ».
C’est pourquoi nous trouvons dans leurs poèmes que du miel coule des lèvres de Nestor ; et que les discours des conseillers de Troie sont semblables à des lis, qui, si ma mémoire est bonne, sont des fleurs de chez vous.
En conséquence de quoi, si vous voulez bien considérer la relation qui existe entre la langue et l’oreille, vous ne trouverez rien de plus naturel que la façon dont notre Héraklès, qui est l’éloquence personnifiée, mène les hommes, les oreilles enchaînées à sa langue. Et ce n’est pas pour lui faire affront que le bout de sa langue a été percé, car je me souviens aussi des vers d’un de vos poètes comiques disant que…
Il y a toujours un trou dans la langue du bavard.
Bref, nous nous attribuons tous les exploits de l’Héraklès initial, du premier au dernier, à sa sagesse, ainsi qu’à la force de persuasion de son éloquence. Ses traits ne sont rien d’autre que ses paroles : rapides, acérées, propres à toucher les âmes et à les émouvoir ». Pour conclure, il me rappela notre propre image : « Les paroles ont des ailes ».
Note de la rédaction. cf. Henri Lizeray, les traditions nationales retrouvées, page 12. Une tradition doit être largement interprétée. Tel fut le raisonnement développé par ce très-sachant de la région de Marseille à l’intention de Lucien de Samosate.
1) Ce petit camminus est néanmoins important aussi pour les jeunes… de 7 à 77 ans !
2) Ou latin bien entendu.
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PETITS RUISSEAUX MAINTENANT.
S’il faut certes renoncer à la manie de tout définir de façon exclusive et rigide en matière de Foi,
on peut quand même tenter d’en esquisser les grandes lignes.
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ADOUBEMENT. Rite de passage à l’âge adulte. L’enfant devient un jeune guerrier. La jeune fille une femme.
N.B. Une des épreuves les plus courantes dans la littérature celtique médiévale pour éprouver le courage d’un adolescent et voir si c’est un homme, un vrai, digne de ce nom, est celle du simulacre de décapitation. L’exemple le plus ancien nous est fourni par le texte irlandais concernant le Hesus = Cuchulainn et intitulé le festin de Bricriu (Fled Bricrend).
Ce rite se retrouve même dans les littératures française et anglaise du Moyen-âge. Les aventures de Messire Gauvain par exemple.
Un chevalier tout habillé de vert (Cûroi dans la geste du Hesus = Cuchulainn) arrive et demande : Quelqu’un est-il assez brave pour échanger coup contre coup avec moi ? Je lui donnerai ma hache et il me frappera le premier.
Par contre, il devra venir me retrouver dans un an pour y recevoir un coup semblable…
Le mystérieux homme vert baisse alors la tête, relève sa chevelure et découvre sa nuque.
Notre héros prend son élan et d’un seul coup, lui coupe la tête, mais le mystérieux inconnu se relève, reprend sa tête et son casque tout ensanglanté ; puis, l’épée à la main, il annonce à notre héros : « Sois prêt, comme tu l’as promis, à partir un jour prochain vers la Chapelle verte pour y perdre la tête à ton tour… »
Un an plus tard, Gauvain parvenu à la Chapelle verte (en fait un antique tumulus dans le genre de ceux qui sont censés servir de demeures souterraines pour les dieu-ou-démons de l’Autre-Monde) et ensuite ayant retrouvé le mystérieux chevalier ; ôte son casque, relève ses cheveux, et incline le cou en lui déclarant : je ne faiblirai pas une seconde fois, même quand ma tête roulera par terre. Seulement moi je ne promets pas de la ramasser.
La hache se lève de nouveau et retombe sur le cou de notre héros dont elle entaille la peau et la chair, mais sans aller plus loin, le mystérieux homme vert l’ayant retenu à temps.
Cesse tes simulacres, s’exclame notre héros. Nous étions convenus d’un coup, et non de trois.
Hardi compagnon, calme ton courroux. Je t’avais promis un coup et je te l’ai donné. Je te fais grâce du reste.
[« Lève-toi maintenant et reçois le morceau du héros » est par contre la conclusion de l’épreuve concernant le Hesus = Cuchulainn dans le festin de Bricriu].
La cérémonie d’adoubement a généralement lieu vers l’âge de 14 ans. Exception notable notre seigneur Hesus qui prit les armes à l’âge de 5 ans.
ÂGES DE LA VIE. La vie humaine était divisée en six périodes différentes (le premier âge, le deuxième âge, et ainsi de suite) d’après une glose du Livre de Leinster commentant une réponse du très-sachant Ferchertne dans le Dialogue des deux sages (Immacallam in da thuarad).
« Et toi, ô mon aîné, d’où viens-tu ?
Ce n’est pas difficile : de la pyramide des âges ».
En plus de la tripartition fonctionnelle de la société celtique, existait donc une classification sexpartite, en fonction de l’âge, qui sera plus tard appelée « colomna ais » en Irlande.
Comme colonne est un emprunt au latin, on peut imaginer que cela devait correspondre, en vieux celtique, à quelque chose comme stoloi aiuiti : les colonnes d’âge. Il y avait six « stoloi » ou « colonnes ».
1. Noidenotaxeto> gaélique Nàidendacht : la prime enfance du nourrisson.
2.Mapotaxeto>« »Macdacht : l’enfance proprement dite.
3.Geistlaxeto>« »Gillacht: l’adolescence.
4.Ogiolagiato>« »Hoclachus : la jeunesse (l’âge adulte jeune).
5.Senodageto>« »Sendacht : l’âge mûr.
6.Diexbliniceto>« »Diblidecht : la vieillesse.
ANGUIPÈDES (andernas sur le Continent, fomore en irlandais, vouivre en français du Canada).
D’après le roman de Merlin selon Robert de Boron Merlin était fils d’un anquibedes (sic).
Personnage monstrueux à forme humaine pour ce qui est de la partie supérieure, et de serpent pour ce qui est de la partie inférieure. Sous sa forme anguipède l’anquibedes est un terme archéologique
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d’origine latine (anguis = serpent, pes/pedis = pied ; mot à mot : « pied de serpent »). Peut être considéré comme une entité du monde souterrain, en quelque sorte un peu comme les Fomoré du cycle irlandais.
Même symbole donc que celui que représentent les vouivres des traditions populaires ou les fomoré de l’ancienne littérature gaélique irlandaise. L’étymologie habituelle du nom de Fomor (fo = sous, mor = cauchemar ou mer) est fausse. Il est préférable de considérer m ou mh vocalisé comme une alternance irlandaise d’un thème en – b ou – bh, non attesté, recoupé alors par le celtique commun vobera, dans lequel on retrouve le nom de la vouivre québécoise.
L’ancien druidisme symbolisait ainsi les forces négatives de la nature, humaine ou autre. Les anguipèdes appelés vouivres agissent le plus souvent de façon invisible. Comme les Fomors en Irlande ou les Andernas sur le Continent, ils vivent aussi bien dans les eaux que sur ou sous la terre. Il ne faut surtout pas les confondre avec les dieu-ou-démons ou les ancêtres.
APOCATASTASE OU ÉTERNEL RETOUR ? Le mot apocatastasis n’apparaît qu’une seule fois dans la Bible en Actes 3, 21. Pierre guérit un mendiant handicapé et s’adresse ensuite aux témoins étonnés. Son discours présente Jésus dans le contexte juif, c’est-à-dire comme celui qui accomplit l’Alliance abrahamique : « Celui [Jésus] que le ciel doit recevoir jusqu’au temps du rétablissement de toutes choses (apokatastasis panton) dont Dieu a parlé jadis par la bouche de ses saints prophètes ».
La signification de l’expression grecque apokatastasis panton prête à controverses, mais parler d’apocatastase, c’est, généralement et dans un langage plus simple, se demander si « tout le monde ira au paradis », ou bien, selon la question posée par Hans Urs von Balthasar, celle de savoir si l’enfer est vide. Le terme apocatastase désigne la restauration finale de toutes choses en leur état d’origine. Il n’implique pas forcément une conception cyclique de l’histoire, mais le plus généralement si.
La notion d’apocatastase dans le mythe vétérotestamentaire (pour les optimistes).
Abraham est choisi parmi tous les habitants de la Cité d’Ur en Chaldée et se voit promettre une Terre et une Nation. Son petit-fils, Jacob (alias Israël), a douze fils qui finissent en Égypte par la grâce d’un des fils, Joseph. Des siècles plus tard, ils sont devenus un peuple nombreux, mais sont esclaves des Égyptiens. Ils sont délivrés par Dieu, à l’aide de beaucoup de prodiges et de miracles. Au Mont Sinaï, ils reçoivent la Loi, et c’est encore au Mont Sinaï qu’ils se font un veau (en fait un taureau) d’or auquel ils rendent un culte. Dieu déclare qu’il va les détruire et tout recommencer avec Moïse, mais Moïse, marchant sur les traces d’Abraham qui pria pour Sodome, intercède en leur faveur. Sur le point d’entrer dans la Terre Promise, le peuple refuse de faire confiance à Dieu et d’entrer dans cette terre. Ils tournent en rond dans le désert et reviennent au même endroit, 40 ans plus tard. La nouvelle génération entre dans la Terre Promise sous la conduite de Josué.
Le peuple tombe dans de multiples cycles d’apostasie et d’idolâtrie, il subit l’oppression de ses ennemis, puis se repent de s’être détourné de Dieu. À chaque fois qu’il crie vers Dieu, Dieu lui envoie un Juge ou un Libérateur de la nation. Les Juges sont aussi différents que les situations sont diverses : homme, femme, héros, lâche, saint, pécheur, citoyen, étranger.
Israël devient une monarchie, mais le quatrième roi provoque une guerre civile qui divise le royaume en deux. En fin de compte, ils sont expulsés de la Terre Promise et emmenés captifs en Assyrie ou à Babylone. Mais Dieu promet d’être avec eux et de les ramener. Il promet aussi de mettre en eux un cœur nouveau, de sorte qu’ils ne retombent pas. Une part du peuple revient, environ 70 ans plus tard, pour rebâtir Jérusalem et le temple.
Dans ces mythes (l’exode) ou légendes se mêlent fureur et jugement sans pitié. Mais très souvent, la colère est suivie de miséricorde, en raison de l’amour du Dieu ethnique ou tribal pour son peuple. « Une mère peut-elle oublier l’enfant qu’elle a allaité et ne pas avoir de compassion pour l’enfant qu’elle a porté ? L’oublierait-elle que moi je ne vous oublierai pas ! » (Isaïe 49 ,15) La Septante se termine sur l’espérance d’un Fils de David, qui sera à la fois prêtre et roi, rétablira la royauté et inaugurera un nouvel âge d’or.
La notion d’apocatastase est diversement envisagée dans les écrits apocalyptiques, platoniciens ou stoïciens de l’Antiquité, est surtout connue pour ses développements dans la théologie chrétienne où le terme se rapporte en premier lieu à des positions sur la restauration finale de toutes choses en Dieu développées à partir du Traité des principes d’Origène.
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Dix propositions issues de ce traité ont été condamnées en 542 par l’empereur Justinien, condamnation validée par Ménas, l’évêque de Constantinople et reprises par le deuxième concile de Constantinople en 553. *
Il était reproché à l'« apocatastase origénienne » d’annuler la liberté et la responsabilité des créatures, car suivant cette position, la restauration en Dieu de tout ce qu’il a créé dans son état de bonté originelle, état antérieur à tout péché et à tout mal, se fait indépendamment des dispositions et des actes de chacun.
En fait, Origène n’a pas lui-même soutenu les thèses condamnées (par qui ?), mais il a exposé dans ses écrits des idées répandues dans la culture hellénistique de son temps, et en a discuté en rapport aux écritures chrétiennes. Néanmoins, ce sont les écrits d’Origène qui inspirèrent à Grégoire de Nysse, Évagre le Pontique et Didyme l’Aveugle, les positions semblables à celles donc jugées hétérodoxes depuis 542 et 553.
La réflexion théologique sur l’apocatastase a connu une nouvelle actualité au XVIe siècle avec la réforme où elle fut un point de désaccord entre luthériens et anabaptistes. Les positions des anabaptistes sur l’apocatastase furent ainsi condamnées en 1533 par l’article 17 de la Confession d’Augsbourg dont le principal rédacteur était le réformateur luthérien Philippe Mélanchthon. Malgré cela des positions condamnées en 1533 trouveront des échos chez nombre de théologiens protestants, en particulier chez Friedrich Schleiermacher, Albert Schweitzer et Karl Bath.
Dans la théologie chrétienne, le terme apocatastase ne désigne donc pas uniquement des positions condamnées, mais il peut aussi servir à intituler des hypothèses ou conjectures théologiques (théologoumènes) sur les fins dernières et la restauration de toutes choses en Christ ou en Dieu. Considérée comme un théologoumène, l’apocatastase est tenue pour relever d’un questionnement juste et pertinent, mais auquel il est impossible d’apporter des réponses certaines et qui, à ce titre, ne relève pas du dogme ou de l’orthodoxie. Ce qui empêche le théologien chrétien de se prononcer sur l’apocatastase est que le questionnement dont relève cette notion porte sur le problème du salut, problème qui par ailleurs dépend du jugement de Dieu. Pour un chrétien, il semble donc impossible d’y répondre sans se substituer à Dieu et à son jugement.
Bérose (vers 290 avant notre ère) est resté célèbre pour avoir exposé la théorie – reprise par les stoïciens – de l’Éternel Retour et de la Grande Année. Les astronomes babyloniens en conclurent que la vie de l’univers est périodique, qu’elle repasse éternellement par les mêmes phases, suivant un rythme perpétuel. Pour Bérose, la Grande Année s’étend sur 432 000 ans. Et la Grande Année subit deux cataclysmes. Le premier est un cataclysme de feu (une Conflagration), au solstice d’été de l’univers, lors de la conjonction des planètes dans le signe du Cancer ; le second est un cataclysme d’eau, un Déluge donc, qui se produit au solstice d’hiver de l’univers, lors de la conjonction des planètes en Capricorne.
N.D.L.R. Si l’on en croit Strabon (Géographie 4, 4), les druides semblent avoir envisagé pour leur grande année ou setlocenia un cataclysme conjuguant les deux : l’eau et le feu).
Les stoïciens prétendent que lorsqu’après une certaine période les planètes reviennent toutes exactement au même point du ciel où elles étaient au commencement du monde, il en résulte l’embrasement et la destruction de l’univers, et qu’ensuite tout recommence de nouveau. Or, comme le cours des astres est exactement le même qu’auparavant, toutes les choses qui ont eu lieu dans la période précédente se passent encore de la même manière. Ainsi, il y aura de nouveau un Socrate, un Platon, et ils conseilleront les mêmes choses, s’entretiendront avec les mêmes personnes et traiteront les mêmes questions. Tout sera exactement pareil, jusqu’aux détails les plus infimes… Et cette restauration (apocatastase) ne se produira pas une fois, mais plusieurs fois ; ou plutôt tout reviendra éternellement.
« Le soleil s’obscurcit, la terre s’engloutit dans la mer, les étoiles vacillent dans le ciel,
Les fumées s’élèvent, les flammes grondent, une intense ardeur monte jusqu’au ciel.
Je vois émerger une deuxième fois, la terre hors de l’onde, à nouveau belle et verte
Coulent les cascades, au-dessus plane l’aigle qui dans les montagnes traque le poisson
(Prophétie de la Volva, Edda poétique).
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Dans le christianisme cette croyance fut d’abord formulée par Origène (185-232), un théologien éduqué et versé dans la philosophie hellénistique, familiers des écrits gnostiques et des Cultes à Mystères. Il adapta librement la terminologie et les conceptions néoplatoniciennes au christianisme, pour exposer la nouvelle foi et souligner ses différences avec les autres. Certains spécialistes estiment que le Traité des Principes d’Origène est le premier ouvrage de théologie chrétienne systématique. Il inclut les conceptions clés de la Trinité et du libre arbitre, ainsi que celle de l’apocatastase.
L’apocatastase a néanmoins alors pratiquement disparu de la pensée chrétienne malgré le fait que plusieurs théologiens aussi respectés que Jean Scot Érigène et Amalric de Bena ont continué à professer cette doctrine généralement considérée comme hétérodoxe par l’Église d’Occident. L’idée redevint plus populaire sous l’influence de la Réforme, qui remit en question toutes les doctrines et pratiques catholiques. Ceci fit dire à l’historien de l’Église Adolf von Harnack que presque toutes les Églises réformées « professaient secrètement l’apocatastase ».
* Ce concile tranche singulièrement avec les quatre précédents. En effet, les quatre conciles de Nicée, Constantinople I, Éphèse et Chalcédoine, sont à juste titre considérés comme les conciles fondateurs de l’Église en matière de doctrine. En revanche, le concile de Constantinople II paraît, en comparaison, bien pâle, pâle en premier lieu du fait de la « pauvreté » des décisions prises, notamment au niveau théologique. D’ailleurs, la raison même de la convocation du concile est révélatrice, puisqu’elle n’est motivée par aucun élément nouveau. Ce concile ne fut en fait convoqué que par rapport à des débats théologiques qui avaient déjà été traités par les conciles d’Éphèse et de Chalcédoine.
En définitive, ce concile marque, sur le plan théologique, une ère nouvelle dans l’Église : les débats ou décisions prises n’auront plus désormais qu’une importance plus ou moins relative, dans la mesure où les conciles n’aborderont plus réellement des points fondamentaux tels que la Trinité et la nature de Dieu, l’Esprit saint, ou bien encore, la nature divine et humaine du Christ. On peut d’ailleurs s’interroger sur la portée des décisions de ce concile. Justinien considérait le pape Vigile comme déposé à partir du 26 mai 553. En outre, le concile ne donna pas les résultats escomptés par Justinien. Un simple regard sur ce concile suffit à saisir l’ampleur des dégâts que peut provoquer l’ingérence politique dans le domaine religieux.
ARCANE. Dans l’hindouisme hommage rendu aux divinités ou à des supérieurs (voir vibudharcana et surarcana).
ART ET ARCHITECTURE.
Les druides antiques n’étaient pas iconoclastes, bien qu’ayant commencé par se contenter de la nature ou de divers symboles (oursins fossiles, esses, encerclées ou pas, croix, encerclées (rouelles) ou pas, dodécaèdre (douze comme douze dieux, etc.). Les très-sachants actuels doivent veiller à promouvoir l’art sacré, ancien ou moderne, sous toutes ses formes, pour la plus grande gloire des dieux (ou-démons pour les autres conceptions de la divinité).
L’Ollotouta celtodruidique se plaît à faire appel à l’image ou à la désignation traditionnelle suivante lors de la restauration (ou inauguration) de (nouveaux) temples ou édifices (fanum, vernemeton) destinés à abriter ou focaliser ses rituels.
« Moi X. [nom du responsable] toutious de la cité de [nom de la tribu-état] ieorou sosin nemeton à Y. [nom de la divinité ou de la trinité en question : la bélisama Brigindo Brigantia Brigitte, Taran/Toran/Tuireann, les Mères locales, Lug, Ogmios/Ogma, etc.]
Avec ces supports de spiritualité panthéistes, destinés à entretenir le feu perpétuel de nos pensées, tout entières et constamment tournées vers toi, le peuple des dieu-ou-démons a construit pour ta plus grande gloire plus qu’un temple de pierre, un temple vivant, car le sacré, c’est l’Homme. Et cette édification se poursuivra jusqu’à l’achèvement de ton règne.
Pour d’autres exemples de dédicace de temples ou loges, voir notre opuscule consacré aux rituels et à la mystagogie.
Tout temple druidique a un plan symbolique précis. Un territoire réservé aux dieu-ou-démons (et aux hommes), donc sacré par définition, haram diraient nos frères musulmans ; délimité ou protégé par un mur et un fossé sacro-saints ; un passage pour pénétrer à l’intérieur de ce sanctuaire. Au fond une table de pierre (un autel) et un ou plusieurs puits à sacrifice, abrités par une cella ; entourée par une
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galerie de circulation couverte (le déambulatoire). L’enceinte ou péribole et son péristyle doivent être largement ouverts à tout le monde. Chacun doit pouvoir y venir pour y prier ou s’y recueillir, voire même pour y retrouver qui lui plaît afin de discuter avec un vate (pluriel vates) ou y méditer à l’ombre d’un chêne. Si cela ne trouble pas la nécessaire sérénité des lieux évidemment.
AUTRE MONDE. L’Au-Delà, nommé aussi SEDODUMNON ou MAG MELD, etc.et distingué du Non-Monde (Andumnon) ou du monde du milieu (Medio magos) qui est celui des hommes.
BAGUETTE. Il existait plusieurs types de baguettes pour la druidiaction : d’or, d’argent, de bronze, de sorbier ou de noisetier pourpre. La baguette ou branche de métal est l’insigne de la dignité de celui qui la possède. La branche en tant qu’insigne honorifique est peut-être différente de la « baguette » magique appelée slatan druidheacht par John Toland, qui servait aux incantations et aux opérations de magie, car, dans cet emploi, ladite baguette est en sorbier ou en coudrier ; mais, même en métal, la baguette sert de protection.
BAILLIAGE. Ce terme désigne à une circonscription territoriale régionale groupant de petites régions naturelles comme le Val de Glamorgan. À l’origine, ce nom était celui de la juridiction territoriale d’un baillif. Baillif, bailli, venait du bas-latin ballivus = intendant, mot d’origine celtique, car dérivé de balion = domaine (d’où encore baile en gaélique).
BÂTON DE COMMANDEMENT.
Le bacalon (terme parallèle au latin baculus). Bâton de commandement des très-sachants. Il en existait différentes variétés. Celui de Suqellos, surmonté d’un maillet, demeure le plus connu sur le Continent, et il fait même aussi partie des attributs de certains dieu-ou-démons en Irlande (voir la massue du Dagda).
L’ancila. Bâton de commandement des vates. Mot d’origine celtique apparaissant dans les manuscrits latins médiévaux (voir Du Cange. Glossarium mediae et infimae latinitatis).
Dans le cas des vates, l’ancila équivalait donc à la baguette des augures romains.
La partie supérieure de l’ancila des vates était en or souvent et elle avait la forme d’une crosse analogue à celle des premiers évêques chrétiens qui leur ont succédé (d’où son nom « la courbée »).
La cambutta. Bâton de commandement des vellèdes (ou des ex-vellèdes. Voir le cas de saint Colomba d’lona). Provient d’un radical camb – = courbe (cambo = courbure).
Avec deux « t », il s’agit du bâton de commandement doré des très sachant de type vellèdes.
Avec un seul de la houlette des bergers.
Le coupe-bois vidubion ou « vouge ». Bâton de commandement des gutuatres, également utilisé à l’occasion par les druides druides pour couper le gui, puisqu’il s’agissait à l’origine d’un instrument tranchant (une lame dorée fixée sur un baculus).
Aujourd’hui fréquemment remplacé par le couteau serpette pliant N°10 de la célèbre marque Opinel. Lame acier inoxydable de dix centimètres. Manche en hêtre verni.
BÉRET (ou barrette ecclésiastique). Du celte birros, à l’origine sorte de capuchon amovible des manteaux.
BILLOTS TOTÉMIQUES. Piliers de bois sculptés dressés dans, ou à l’entrée des sanctuaires druidiques. Un peu comme certains totems amérindiens. Vont en général par deux. Outre leur utilisation astronomique (repérer les levers du soleil), ils servaient aussi de totems donc, un peu comme dans le cas de la « branche rouge » du célèbre roi irlandais Conchobar. (Les historiens pensent que c’est à cause du sang que l’on y répandait régulièrement dessus, que ce billot totémique était ainsi appelé.) Quand il y en a deux, ils forment donc une sorte d’Arc de Triomphe ou de Torii comme au Japon.
BOSQUET. En Angleterre, équivalent de la clairière au sens métaphorique du terme ou ialon (une lueur dans la nuit si l’on y fait du feu). Tout dépend donc de ce qui est considéré : les arbres sacrés ou l’espace (non arboré, mais non moins sacré) qui leur est associé. Bosquet donc égale clairière dans ce cas, égale nom de la plus petite division non territoriale de l’Ollotouta druidique ; vicus étant le nom de sa plus petite subdivision, territoriale (= paroisse).
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BOUCLIER (de Brennus). Symbolise pour les très-sachants le rôle de protecteur et défenseur de leur ethnie. Malheur en effet aux vaincus. Uai uictebo en celte. Vae victis en latin.
BOUDISME (charismes) du celte bodi, boudi (gaélique buaid, gallois budd). Signifie butin, dons, présents. D’où le nom de notre célèbre reine Boadicée. Le mot renvoie aussi à la notion de « don » mental. Gaefa chez les Vikings. Ces boudismes sont la contrepartie positive des gessa. Le monde est bien fait. Les nations celtes, tout au long de leur histoire et même à travers leurs désastres, ont toujours manifesté l’extraordinaire diversité des boudismes gaefas ou charismes pouvant être accordés aux hommes par la divinité. Ces boudismes accordés par le destin peuvent être d’ordre matériel, psychologique ou spirituel : vocations, guérisons, espoir, intelligence, sagesse, science, force, discernement, ferveur, foi, sont aussi des boudismes. Dans la pensée théologique des très-sachants de la druidiaction, le boudisme à l’instar de la gaefa chez les Vikings est considéré comme un don des dieu-ou-démons, manifestant ainsi la présence de l’awen en telle ou telle personne. Les très-sachants qui personnalisent cette émanation comme une hypostase, et tous ne sont pas dans ce cas, l’assimilent à Taran/Toran/Tuireann. Taran/Toran/Tuireann, considéré alors comme une sorte de souverain des cieux, qui ne cesse d’offrir aux Celtes des boudismes (dons) multiples ; en les distribuant à chacun selon sa volonté ou suivant les besoins propres à chaque communauté : sagesse, science, foi, guérison, langues, etc. Pour Ernest Renan par exemple c’était la poésie, le don de produire de la poésie. Mais on peut également considérer que ce que l’on a appelé l’espoir breton au Moyen-âge était un charisme ayant animé bien des grands seigneurs Gallois (cf l’Armes prydein et les prophéties de Merlin).
BOUGETTE. Du celte bolga ; petite bourse en cuir portée à la ceinture et contenant l’œuf de serpent (écossais « sporran »).
BRANCHE DE PAIX. Craebh sidhe ou craebh ciuil en irlandais. Baguette à laquelle sont attachés des grelots ou de petites cloches. Surtout utilisée lors des offices druidiques. Les légendes mentionnent aussi une chaîne du silence (slabhra estechta) ayant la même fonction.
CELLA. Dans un fanum ou sanctuaire de plan celtique lieu réservé à la divinité ainsi qu’aux objets de culte. Équivalent dans la religion chrétienne : le chœur et la sacristie d’une église.
CÉRÉMONIE DU NOM (voir ANMENACTON).
Ce rituel, en conférant à quelqu’un sa reconnaissance en tant que membre de la communauté des fidèles ; est pour lui comme une nouvelle naissance l’élevant à la dignité d’enfant (adoptif et non adultérin) des dieu-ou-démons, et lui donne ainsi une nouvelle dimension ; une nouvelle dimension. Le terme « baptême » tout court n’est pas utilisé en druidisme, on y trouve seulement (parfois) l’expression « baptême païen ».
CIRCUMAMBULATION.
Pour adorer les dieux, on tourne [de la gauche] vers la droite. « On fait circuler la boisson en cercle, en allant de gauche à droite en commençant par la droite ; c’est ainsi d’ailleurs que l’on fait le service et que l’on adore les dieux : toujours en tournant de la gauche vers la droite » (Posidonios. Cité par Athénée XXIII).
Les écrivains classiques n’ont d’ailleurs pas toujours bien saisi que chez les Celtes le sens bénéfique pour cela était le même que chez eux. Alors que Posidonios dit correctement que pour adorer les dieu-ou-démons en l’occurrence, on tourne aussi vers la droite, Pline semble avoir compris le contraire.
COLMAN ( 605-675 ). Saint Colman ou Noïbo Colman.
Évêque abbé du très influent siège épiscopal de Lindisfarne, petite île située sur la côte orientale de la Grande-Bretagne. À l’époque il devait y avoir une centaine de moines, des laïcs à leur service et de nombreux visiteurs, l’abbaye étant le siège épiscopal du royaume de Northumbrie. Colman préféra tout abandonner en 665 et partir avec les reliques de saint Aidan pour s’exiler au fin fond de l’Irlande à Inishbofin où il fonde une abbaye en 668, plutôt que de renoncer à sa façon de fêter Pâques.
Moralité : mieux vaut être pauvre et garder son âme qu’être riche et ne plus en avoir ! Les seules vraies richesses sont celles de l’esprit. Faust finira lui aussi par le comprendre ; Sinn Féin !
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COMMUNION DES TOUSSAINTS. Communion des esprits dite aussi communion des Toussaints, car son rituel est celui de la Samon (du 1er novembre) dans le système calendaire actuel. Dans aucune autre foi, que la nôtre en effet, on ne trouve un sentiment aussi intense de l’invisible et de la solidarité qui relie le monde des vivants à celui des esprits. Tous ceux qui quittaient la terre étaient chargés de messages destinés à des défunts. Diodore de Sicile nous a conservé ce trait précieux : « Lors des funérailles de leurs morts, certains jettent dans le bûcher funèbre des lettres, qu’ils ont spécialement écrites à l’attention de leurs défunts, comme si un mort pouvait encore lire de tels documents ».
La communication des deux mondes était chose courante. Pomponius Mela, Valère Maxime, et tous les auteurs latins écrivent que chez les Celtes, on se prêtait de l’argent à rembourser dans l’autre monde.
Citation, de mémoire, et comprise à ma façon, du Français Léon Denis. Le génie celtique et l’invisible ou Celtisme et spiritisme.
Mais la meilleure des définitions est encore celle qui a été donnée par Régis Boyer : « Il existe une constante circulation entre les deux mondes, celui des vivants et celui des morts. La nuance n’a d’ailleurs guère de sens dans cette civilisation. À tout moment le mort peut intervenir dans l’existence du vivant (par exemple en rêve). Et inversement, le vif peut évoquer le mort à des fins qu’il juge utiles (N.D.L.R. Voir la façon dont la Tain Bo Cualnge a été retrouvée par Muirgen fils de Senchan). Toute une série de conséquences en découle. La magie revient pour l’essentiel à une communication spontanée ou forcée avec les morts qui informent ou aident. Parce qu’ils sont censés avoir des liens avec le monde des dieu-ou-démons, éventuellement parce qu’ils sont les dieu-ou-démons.
Voilà pourquoi les rites funéraires ont une telle importance, et revêtent toujours un aspect communautaire et cultuel. Les stèles ont pour objet de commémorer. La sacralité des morts, des grands morts, des grands ancêtres, ne se discute pas. Il reste à la faire valoir par des gestes chargés de sens. Tout cela tend à maintenir la continuité » (Régis Boyer).
D’où le culte des reliques et des grands héros, transformé par le christianisme en culte des saints.
Le langage humain et quelque peu anthropomorphique est évidemment impuissant à rendre exactement la situation des esprits des morts qui échappent à nos notions terriblement humaines de temps et d’espace. C’est donc en des termes très approximatifs il est vrai, que les très-sachants ont toujours évoqué la possibilité d’une communication avec l’au-delà : echtrai, imrama, anaon, etc.
Il existe entre les vivants et les morts une solidarité, difficile à étudier scientifiquement, mais indéniable.
Prier pour ses ancêtres, pour ses parents, pour les siens, pour les morts, honorer leur mémoire, a toujours été un devoir pour les très-sachants de la druidiaction. Sans eux nous ne serions pas. Sur ce point le grand écrivain français que fut Barrès avait totalement raison.
CONHOSPITA. Variété d’ambactes spécialisée dans le rôle d’échanson.
CONSOLAMENT. Le vate antique récitait, psalmodiait, ou improvisait, un certain nombre de prières, pour accompagner dans la mort le mourant ou le défunt, si l’on en croit le célèbre texte de Lucain à ce sujet : Pharsale, I, 447-451.
« Vous, les vates, dont les poèmes guerriers jadis immortalisaient les puissantes âmes/esprits [en latin animas] de ceux qui étaient morts à la guerre »
Et peut-être même aussi celui d’Ellien (Histoire variée, XII, 22).
« Ils prennent pour sujet de leurs chants ceux d’entre eux qui ont trouvé une belle mort à la guerre ».
Les vates étaient donc des « conducteurs » d’âme/esprits comme les chamans. Leurs chants étaient nécessaires pour que l’esprit des défunts monte au ciel, mais les autres rites funéraires avaient sans doute aussi leur importance dans ces cheminements.
Un vate appelé au chevet d’un grand malade ou d’un blessé à l’article de la mort essayait toujours en effet de faire encore un dernier effort pour le sauver ; par exemple en lui faisant prendre quelques gouttes d’une décoction de plante « qui guérit tout » (olloiaccetos en vieux celtique), autrement dit le gui.
Quant aux chenets disposés sous le lit à cette occasion par certains néo-druides de notre époque, ils symbolisent bien évidemment une ultime purification par le feu, destinée à laisser monter au ciel l’âme/esprit ainsi libérée.
CORME.
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La corme était une bière sans houblon, mais aromatisée à l’aide d’herbes comme le myrte le romarin et l’achillée millefeuille. D’après mes correspondants parisiens Nata uimpi, curmi da signifie en celte « ma belle, sers-nous de la bière ! »
CRÈCHE DRUIDIQUE. La crèche druidique est une sorte de petite armoire en bois de chêne sculpté, s’ouvrant comme un triptyque, orné de figurations d’Ogmios, des trois Bethen, d’Épona, et avec par exemple une statuette du « Jupiter à l’anguipède » au milieu. Ou le contraire. Une figuration du « Jupiter à l’anguipède » au fond et une statuette d’Épona au milieu. Équivalent extrême-oriental : le kamidana ou le butsudan.
Un kamidana, littéralement « étagère des kami », est une sorte de sanctuaire shintô miniature, posé ou accroché au mur dans certaines maisons japonaises. Le kamidana contient divers objets liés aux cérémonies shintoïstes. L’adoration devant le kamidana consiste à dire des prières, faire des offrandes de nourriture. Avant il est rituellement important de se purifier en se lavant les mains.
Selon la tradition shintoïste, le kamidana fait entrer les kami dans la maison, dans l’entreprise ou dans le dojo, et permet de les remercier quotidiennement pour leurs bienfaits.
Avant de mettre en place un kamidana, il faut d’abord purifier le site et nettoyer la maison. L’emplacement du kamidana doit être lumineux, calme et haut. Il faut aussi que ce soit un endroit où la famille se rassemble, et où l’on peut facilement faire des prières et des offrandes de nourriture quotidiennes. Le kamidana doit être placé contre le mur ouest, afin que ses portes s’ouvrent vers l’est.
Le kamidana doit être placé juste au-dessus de la hauteur de la tête. Il doit s’y trouver un vase approprié contenant des branches à feuillage persistant [du gui, du houx, du fragon, dans la tradition celtique].
Les offrandes de nourriture aux kamis sont généralement faites de riz (du blé ou de l’orge dans le druidisme), d’alcool de riz (de bière dans le druidisme), d’eau et de sel (on pourrait ajouter à cette liste du beurre salé dans le cas du druidisme). La nourriture doit être changée quotidiennement ; il est permis de la manger après l’avoir retirée. Les offrandes doivent être servies dans des plats spéciaux ou des coupelles.
Après l’offrande de nourriture, il faut se placer face au kamidana, le remercier pour les bienfaits de la vie et jurer de faire de son mieux.
Un butsudan est une armoire avec des portes en bois qui entourent et protègent une icône religieuse du bouddhisme, le plus souvent une statue ou un mandala. Un butsudan contient habituellement des articles de dévotion comme des brûleurs d’encens [d’ambre], des cloches [des grelots ou des sonnailles], et des coupelles pour recevoir des offrandes. Certaines sectes bouddhiques placent aussi un souvenir des parents défunts, à l’intérieur du butsudan.
Butsudan est un mot japonais qui signifie maison (dan) de Bouddha (butsu). Les Japonais finalement ayant adopté le bouddhisme après de nombreuses années de shintoïsme ; ils ont tout de suite adopté le butsudan qui depuis jouxte fréquemment le kamidana ou maison des Kamis, les Japonais pratiquant souvent les deux religions ; comme le font beaucoup d’entre nous dans le cas du druidisme et du christianisme d’ailleurs.
On trouve des butsudan de toutes dimensions dans les temples et les maisons. On vient prier devant matin et soir et rendre grâce ainsi à Bouddha, à la Loi de l’Univers, ainsi qu’aux défunts.
Édicule ou crèche d’Épona. Sorte de petite armoire à deux portes en forme de triptyque assez profonde. Contient au fond une statuette représentant la déesse Épona de face entre deux chevaux, trônant sur un char comme une vierge noire.
Ou contenant une statuette de Cornunnos un peu analogue à la stèle votive de Reims.
Ou abritant les trois Bethen sculptées à l’image de la stèle votive de Vertault ou des matrones de Bonn et d’ailleurs en Allemagne.
Etc., etc. Ce ne sont là que quelques exemples, la liste est loin d’être exhaustive.
Surmontée d’une statuette représentant Taran/Toran/Tuireann figuré en Jupiter terrassant un anguipède (avant d’être placée au-dessus de cette armoire à l’occasion cette reproduction est rangée à l’intérieur).
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Sur la porte de gauche une illustration en couleur montrant Ogmios dans un cadre qui finit en arc de cercle, sur la porte de droite le même genre de cadre avec le génie de Lugdunum à l’intérieur (cf. monnaies d’Albin 196-197). Ou d’autres bien entendu suivant les goûts et les couleurs de chacun (Suqellos, la vénus abritant ses cinq enfants sous son manteau : voir les figurines en terre cuite).
La partie inférieure de cette armoire cultuelle est dotée de trois tiroirs dans lesquels on peut ranger les torques ou les colliers d’ambre à enfiler l’occasion de chaque prière, les dodécaèdres remplis de cire à bougie devant servir de cierges justement, le moyen de les allumer, la coupe ou coupelle destinée à recueillir les offrandes, le résultat des recherches généalogiques de la famille, etc.
Après chaque usage la statuette qui figure Taran/Toran/Tuireann en Jupiter à l’anguipède doit être soigneusement rangée dans ledit édicule.
N.B. Ce qui est dit du kamidana ou du butsudan peut très bien s’appliquer à la crèche druidique. Avec cette différence que dans le cas du druidisme c’est une sorte d’autel familial et qu’en principe on doit en faire le tour. Ce qui implique donc l’existence d’une pièce à deux portes derrière (une porte à droite et une porte à gauche).
CROIX DE SUQELLOS. Sorte de labarum primitif (en X) que l’on retrouve souvent brodée sur les tuniques du dieu-ou-démon au maillet. Par exemple celui qui a été retrouvé à Prémeaux, dont la tunique est littéralement couverte de croix de ce type.
CYRILLE D’ALEXANDRIE (376-444).
Un des Pères et Docteurs de l’Église. Élu Archevêque en 412. Incontestablement le grand responsable de la mort de la belle et malheureuse sainte Hypatie. Dans sa longue diatribe contre l’empereur Julien, sans intérêt au point de vue philosophique, on peut néanmoins trouver l’aveu qui suit d’après la traduction qui en a été faite en français en 2016 par Jean Bouffartigue (superbe rouelle sur la couverture).
Livre IV 28 p.381. Les grands prêtres égyptiens ont étudié la philosophie ; de même que les Chaldéens chez les Assyriens, les druides des Celtes Galates, les samanéens des Bactriens de Perse, nombre de Celtes, les mages des Perses, les gymnosophistes des Indiens ; Anarchis chez les Scythes, Zalmoxis en Thrace *. On dit en outre que certains Hyperboréens étaient soucieux de justice, etc. ».
* Précision absente des Stromates de Clément d’Alexandrie sur le même sujet, à qui Cyrille a emprunté toutes ces informations.
DESTIN. Tokad. Un substantif qui renvoie en irlandais aux termes Tocad ou Toicthech, en gallois aux mots Tynged et Tynghedfen, et en breton aux vocables Tonket et Tonkadur. Ce terme signifie « en gros » Destin, ou Potentialité. Les philologues noteront sa parenté avec les mots grecs tynkhanein = advenir/parvenir/réussir et tykhè = destinée.
Le destin est par définition solidaire des êtres humains puisqu’il n’existe que dans leur tête. La notion de Destin n’existe pas dans le cerveau des animaux. Mais là où il y a des hommes, il y a quelque chose que l’on désigne sous le nom de destin. On peut appliquer à la notion de signes du destin ce qui est couramment dit des coïncidences : elles n’existent que dans la tête des êtres humains qui font des rapprochements dont les animaux sont incapables.
Les coïncidences sont des événements omniprésents dans notre vie. Certaines semblent insignifiantes, mais d’autres attirent vraiment notre attention : penser à un ami qu’on n’a pas vu depuis plusieurs années et qui vous appelle juste à ce moment ou peu de temps après. Ce que ces événements ont en commun est ce désir que l’on a de vouloir toujours ardemment les expliquer, comme s’il y avait une raison spéciale faisant qu’ils se sont produits tels qu’ils sont arrivés. Mais ce que les gens ne savent pas est que les coïncidences, aussi remarquables qu’elles puissent parfois paraître, ne sont aucunement surprenantes. En fait, la plupart ne sont que des faits, des événements sans aucune signification.
La signification réelle de coïncidences bizarres peut être comprise et expliquée par ce qu’on appelle la loi des très grands nombres. Cette loi statistique établit qu’avec un échantillon suffisamment large, même le plus improbable devient probable, et donc devient « surnaturel ». Des événements inhabituels deviennent hautement probables lorsqu’assez d’individus sont impliqués. Ceci lève la chape de mystère entourant certains phénomènes et conduit tout simplement à la réflexion scientifique.
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La plupart des gens, surtout lors d’un voyage, sont très surpris quand ils découvrent avoir un ami commun avec un inconnu. Des sociologues ont montré que deux individus pris au hasard connaissent (au sens large) en moyenne 1000 personnes chacun, ce qui donne, pour une population de 50 millions d’habitants, 1 chance sur 50.000 pour qu’ils se connaissent. La probabilité pour que ces deux personnes aient un ami commun augmente brusquement à 1 sur 50, et la probabilité pour qu’ils soient reliés par une chaîne de deux personnes est supérieure à 99 sur 100. Autrement dit, même si X et Y sont deux personnes choisies au hasard, il est presque certain que X connaîtra quelqu’un qui connaît quelqu’un qu’Y connaît !
Il y a plusieurs raisons qui font que les gens interprètent mal les coïncidences. Les êtres humains ont une compréhension et une connaissance relativement limitées des probabilités, nous croyons que chaque effet doit avoir une cause intentionnelle, nous ne comprenons pas les lois relatives aux grands nombres, et succombons facilement aux effets de la mémoire sélective : cette tendance à se souvenir des corrélations positives et à oublier le plus grand nombre de cas où rien ne se passe de significatif.
Métaphysiquement ou philosophiquement parlant, le Destin ou Tocade est le passage du caché au dévoilé, du latent au manifeste, du virtuel au réel. Fondamentalement il s’agit du déploiement, dans l’histoire des Hommes, de la solidarité active ou passive de l’Être supérieur transcendant immanent et englobant à leur égard. Toute vie a un sens.
Pour les chrétiens et les musulmans, la notion de destin revient à en fait admettre que l’Homme n’est pas libre, et que tout ce qui lui arrive est écrit d’avance par les bonnes fées qui se penchent sur notre berceau. Mektoub aurait dit saint Augustin s’il avait vécu trois siècles plus tard.
Les très-sachants, eux, prennent le mot destin en son sens de destination. Autrement dit un voyage ayant simplement une destination, comme pour un navire quittant son port pour rallier tel ou tel pays, et non au hasard pour partir à l’aventure.
Cette destination reste bien sûr en réalité théorique et peut très bien ne pas être respectée dans le court terme.
La solidarité de l’Être supérieur, en ce qui concerne sa partie « Homme », n’est pas un projet ou un plan annihilant la liberté des mortels ; car ce n’est qu’en rendant l’Homme créateur, que l’Être supérieur s’est révélé procréateur (les très-sachants se méfient du mot créer, qui signifie à l’origine fabriquer, bricoler). Ils préfèrent penser que dans sa création entre guillemets, l’Être supérieur ne fait rien d’autre qu’exister de façon un peu contagieuse, mais pas comme une maladie néanmoins. Disons qu’il ne serait pas digne de lui de susciter du tout fait. Par sa pensée ou sa volonté, l’Homme peut donc devenir maître de sa destinée.
Revenons sur l’un des nombreux mots signifiant la puissance divine : la souveraineté. Les boudismes, gaefa chez les Vikings, c’est ce que le Destin donne aux hommes pour qu’ils fassent de leur vie quelque chose d’acceptable ; à leurs propres yeux et, donc, aux yeux de la collectivité, d’abord familiale (la venia), sans laquelle ils ne se conçoivent pas. Ce don de souveraineté du Tokad, c’est en quelque sorte une part de chance insufflée par les dieu-ou-démons à tout nouveau-né. La notion peut être étendue à la famille ou au clan. Chaque venia (chaque famille) a sa part de chance propre, comme l’écrit Régis Boyer dans son chapitre sur la question.
Et que l’on n’aille pas dire qu’un individu ou une famille peuvent ignorer la capacité de réussite qui leur a été conférée. La Tradition, la voix des sages, le tout puissant regard d’autrui, sont là pour les en instruire. Et les rêves, qui jouent un rôle si important dans les légendes ou les poèmes, sont toujours, d’une manière ou d’une autre, l’expression de cette Destinée.
Le but premier de ces divers truchements est de favoriser la lucidité d’un homme à l’égard de ses possibilités. Leur second effet pour lui sera qu’il s’accepte. Le troisième, le plus difficile aussi, sera qu’il manifeste par des actes, ce dont il est capable, c’est-à-dire la façon dont le Tokad, le destin, a choisi de s’intéresser à lui. Nous dirions aujourd’hui d’affirmer sa personnalité.
DÉVOILEMENT (DU GRAAL). L’expression « dévoilement progressif » caractérise, dans le langage néo-druidique actuel, le dévoilement du Graal dans son action ; c’est-à-dire la manière dont il se révèle peu à peu aux hommes, comme un soleil émergeant lentement du brouillard, ou un feu dans la clairière la nuit sous les étoiles, en se faisant connaître dans l’Histoire.
À propos du contenu de ce lent et progressif dévoilement, le propre du druidisme, c’est de dire qu’il ne tombe pas tout droit du ciel, comme chez les judéo-islamo-chrétiens, dans un texte sacré interprété par les seuls clercs autorisés. Ce lent et progressif dévoilement du Graal se fait dans l’histoire des hommes, à tout un peuple ; riche en sages s’efforçant de dire Dieu-ou-Diable (les druides druides),
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riche en mystiques éprouvant physiquement et en eux la présence du Graal (awenyddion ou kinges à lon laith). Exemple : Merlin.
Les textes de base des très-sachants de la druidiaction, eux, résultent de la mise par écrit de ces éléments et de leur incessante relecture. Pour les très-sachants de la druidiaction en effet, le Graal se révèle à tous dans le cosmos et la nature. Ce dévoilement progressif de sa présence et de son action se réalise dans l’ancien druidisme par trois moyens.
— La méditation des sages de l’époque (les très-sachants amarcolitanoi).
— L’expérience mystique (des awenyddion et des kinges à lon laith).
— Le combat éthique des satiristes (cainte) critiquant les princes de ce monde qui nous gouvernent et leurs barons.
DIEU. Les dieux ne sont que des surhommes ou des entités surhumaines dans la tradition druidique. Le prouve incontestablement ce passage du baile in scail.
Lug leur répondit : “Je ne suis pas un fantôme ni un spectre. Et je suis de la race d’Adam. Mon nom est Lug fils d’Etliu fils de Tigernmas. Et voici la raison pour laquelle je suis venu : te dire quelle sera la longueur de ton règne sur Tara et celui de tous les autres.
DORMITION. Le dernier combat d’Arthur, la bataille de Camlann, contre les forces de Mordred, a été l’occasion de sa perte. Le roi de [Grande] Bretagne fut mortellement blessé lors de cette bataille, et emmené en Avallon. Là son corps fut enterré dans une chapelle. Mais d’autres textes disent qu’il n’est pas mort, qu’il est simplement demeuré dans Avallon ; d’où il reviendra un jour (c’est l’espoir breton). D’où la prudence de Geoffroy de Monmouth à propos de ce grand monarque : sa mort sera mystérieuse, il sera célébré par la voix des populations (Histoire des rois de Bretagne).
Certains pensent qu’Arthur serait un demi-dieu-ou-démon celte incarné, tel le dieu-ou-démon de la mer Lero (supposé avoir donné le personnage du monarque breton nommé Leir dans l’Histoire des rois de Bretagne, Lear sous la plume de Shakespeare), ou un personnage fictif comme Beowulf. Arthur est également souvent décrit comme chef de file d’une mystérieuse chasse sauvage ou maudite (un groupe de chasseurs mythiques), non seulement dans les Îles Britanniques, mais aussi en Allemagne et en Grèce.
D’autres en font un personnage de synthèse, amalgame des vies de plusieurs chefs de guerre bretons de l’époque. Cette théorie est renforcée par le fait que d’autres Britanniques de cette période, comme Ambrosius Aurelianus, ont combattu les Saxons à la bataille du Mont Badon. Selon la légende, l’Empire arthurien aurait englobé à son apogée l’Angleterre, l’Écosse, l’Irlande, l’Islande, le Danemark, la Norvège et la Gaule. Certains auteurs relatent même la victoire remportée par Arthur sur les légions romaines en Burgondie (Bourgogne), au cours d’une expédition qui l’aurait mené jusqu’à Rome…
Concernant Arthur lui-même, une autre thèse en fait un grand propriétaire terrien romanisé donc, ayant constitué, comme c’était alors courant à l’époque, sa propre troupe de buccelaires (mercenaires à la solde d’une personne riche et payés en nourriture, d’où leur nom : buccelus = biscuit) ; puis ayant prêté main-forte aux rois brittons contre les Saxons. La chronique de Nennius (IXe siècle) le désigne en effet comme un dux bellorum (chef de guerre) combattant avec les rois bretons. En outre, dès le IVe siècle, les corps de buccelaires sont constitués majoritairement de cavaliers. La légende d’un corps de cavaliers d’élite servant Arthur n’est donc pas loin…
Kemp Molone pense avoir retrouvé le vrai Arthur dans le personnage de Lucius Artorius Castus. Ce préfet romain de York a commandé (l’épigraphie l’atteste) la VIe Légion Victrix, chargée de combattre les Calédoniens (peuple de l’actuelle Écosse) au-delà du mur d’Hadrien. Il a d’ailleurs remporté contre eux (et non contre les Saxons) une série de victoires entre 183 et 185. Ensuite, il fut envoyé en Armorique mater une rébellion. À l’occasion de cette expédition, il portait le titre de dux, ce qui n’est pas sans rappeler le titre de dux bellorum rapporté par la chronique de Nennius.
Selon Geoffrey Ashe, la légende d’Arthur est inspirée du personnage historique de Riothamus, qui aurait porté le titre de « roi des Bretons » entre 454 et 470. Celui-ci aurait fait campagne en Gaule au cours des années 468 et 469 pour aider les derniers Romains contre les Wisigoths.
Plus récemment, C. Scott Littleton et Linda A. Malcor, ont repris ces deux dernières hypothèses, et affirment que l’Arthur de Camelot est la synthèse du Romain Lucius Artorius Castus et du Britannique Riothamus. Pour ces deux chercheurs, le nom d’Arthur est la « celtisation » d’Artorius.
Arthur apparaît pour la première fois dans la littérature galloise avec le poème intitulé Gododdin. Aneirin (vers 575 – 600) écrit en effet à propos d’un de ses personnages, qu’il nourrissait des
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corbeaux noirs sur les remparts, alors qu’il n’était pas Arthur. En gallois : « Gochorai brain du fur caer/Cyn ni bai ef Arthur ». Mais ce poème peut être interprété de bien des manières.
Ainsi que nous avons déjà eu l’occasion de le remarquer, ci-dessus, l’autre plus ancienne référence à ce grand monarque figure dans l’Historia Brittonum attribuée au moine gallois Nennius. Arthur y est décrit comme un « chef de guerre » plutôt que comme un roi.
Les dernières parties des Trioedd Ynys Prydein font également mention d’Arthur, et situent sa cour à Celliwig en Cornouailles. Celliwig serait l’actuelle Callington ou Kelly Rounds, une colline fortifiée près d’Egloshayle.
Des représentations d’Arthur ont été retrouvées à de nombreux endroits. Dans la cathédrale de Modène en Italie, une gravure datée entre 1099 et 1120 représente Arthur et ses chevaliers attaquant un château. Une mosaïque de 1165 dans la cathédrale d’Otrante, près de Bari, en Italie, offre la curieuse représentation d’un Arturus Rex portant un sceptre et chevauchant une chèvre. Des marchands du XVe siècle baptisèrent de nom de Cour d’Arthus, une maison construite pour eux à Gdansk, en Pologne, à leur intention (aujourd’hui le musée historique de la ville).
La même idée arthurienne de « dormition » (l’espoir breton) est également appliquée par certains auteurs à d’autres dieux ou déesses du panth-éon druidique, comme Cuchulainn, Talantio, Rosemartha, et les psychopompes.
Épona par exemple ne serait pas morte, mais après une vie sur terre bien remplie en tant que mère adoptive (ou biologique) de certains dieu-ou-démons, et par extension de tous les hommes, étant donné son caractère éminemment psychopompe ; elle serait montée au ciel en majesté sur son char, un peu comme le hésus Cuchulainn en Irlande d’ailleurs.
En mythologie, un psychopompe (du grec psukhopompos) est un passeur ou un guide des âme/esprits. Un sens secondaire est celui de « entité qui peut voyager entre le monde des morts et celui des vivants ». Dans certaines civilisations, la tâche de psychopompe est une des fonctions du chaman. Rôle d’ailleurs repris par les vates dans la civilisation celtique. « Vous, les vates, dont les poèmes guerriers jadis immortalisaient les puissantes âmes/esprits [en latin animas] de ceux qui étaient morts à la guerre » (Lucain. La Pharsale I, vers 444-462).
Beaucoup de croyances et de religions possèdent des esprits, des déités, des démons ou des anges, qui ont la tâche de guider les âme/esprits des personnes récemment décédées, vers l’autre monde, comme le Paradis ou l’Enfer plus ou moins provisoire. Ils sont souvent associés à des animaux tels que les chevaux, les corbeaux, les corneilles, les vautours, ou encore les dauphins. Chez les chrétiens du Moyen-âge, c’était l’archange saint Michel qui s’en occupait.
Le prophète Daniel, le seul à en faire mention dans l’Ancien Testament, lui donne les titres de prince, de grand prince, et d’ange qui défend Israël. Dans le Nouveau Testament, l’apôtre Jude l’évoque comme ayant disputé au diable le corps de Moïse (Jude, 9). L’Apocalypse de son côté affirme que Michel et ses anges combattirent le Dragon (Apocalypse 12,7). Pour le Moyen-âge occidental, saint Michel était l’entité psychopompe par excellence, chargée d’accompagner l’âme/esprit du défunt vers son destin, et de participer à son jugement. Il est parfois représenté tenant à la main la balance du justicier, peseur des mérites de chacun.
Chez les Grecs cette épithète était appliquée à Orphée. Chez certains peuples de Sibérie, un cheval sacrifié par le chaman servait aussi de psychopompe. Pour les très-sachants, c’était surtout Épona, équivalent donc celtique et féminin, de l’archange Saint-Michel.
DOUBLE APPARTENANCE. Phénomène historique bien connu auquel se prêtent particulièrement bien les paganismes en général et le druidisme en particulier. Il n’y a problème que lorsqu’une des religions en cause est une monolâtrie intolérante (pléonasme dit mon correcteur).
Le polythéisme étant par définition tolérant, non exclusif, et admettant également par définition la validité de toutes sortes d’autres cultes, contrairement aux monolâtries caractéristiques des actuelles religions de masse, aucun autre culte aucun autre dieu (agnostos theos/sive deus sive dea) ne saurait complètement répugner au vrai druidisant. Le vrai druidisant s’efforce toujours au contraire au plus complet irénisme vis-à-vis des autres cultes. Cette attitude d’ouverture intellectuelle comparable à une laïcité ouverte en matière politique aboutit souvent à une sorte de double appartenance en ce qui concerne le druidisant de base. C’est d’ailleurs ce qu’a très précisément prôné John Toland pour ses panthéistes (dans son pantheisticon) d’ailleurs, mais pour d’autres raisons il est vrai (la crainte des persécutions). Une double appartenance, à laquelle se prêtent particulièrement bien les paganismes en général et le druidisme en particulier. Il n’y a problème que lorsqu’une des religions en cause est une monolâtrie exclusive.
Quelques exemples historiques.
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— Double appartenance libre. Certains juifs du 1er siècle de notre ère étaient aussi chrétiens. Les livres d’histoire les appellent d’ailleurs judéo-chrétiens.
— Double appartenance forcée (sous peine d’exil). Certains juifs espagnols du 16e siècle, les marranes, étaient à la fois juifs (en cachette à la maison) et catholiques le dimanche à la messe.
— Double appartenance « forcée ». L’islam autorise ses fidèles à afficher tous les signes extérieurs de la conformité religieuse dominante s’ils ont des raisons de craindre pour leur vie. C’est le principe dit de la taqiyya (sourates 3.28,16.106). Historiquement surtout pratiqué par les chiites vivant sous domination sunnite, mais des sunnites peuvent également y avoir recours comme dans le cas des morisques toujours en Espagne. Arthur de Gobineau, en 1865, dans son ouvrage Les Religions et les philosophies, semble être un des premiers auteurs occidentaux à décrire le principe de cette dissimulation religieuse.
— Double appartenance semi-libre. Beaucoup d’Islandais du 11e siècle étaient officiellement chrétiens dans leurs relations extérieures ou dans leurs affaires avec des pays étrangers, mais restaient païens en privé ou dans leurs foyers (décision du godi Thorgeir Thorkelsson).
— Double appartenance totalement libre.
La cohabitation du bouddhisme et du shintoïsme au Japon depuis le VIIIe siècle est un excellent exemple de cette double observance toujours observable aujourd’hui, et elle a même un nom : shinboutsou shugo. Suivant les circonstances le Japonais moyen est donc soit bouddhiste soit shintoïste. Dans les faits, la plupart des Japonais fêtent les mariages et les naissances suivant les rites shintoïstes et les funérailles suivant les rites bouddhistes. Au Japon de nombreux temples bouddhistes ont dans leur enceinte un espace dédié aux kamis, quand les kamis ne sont pas eux-mêmes considérés comme des émanations des différents bouddhas et bodhisattvas.
— Double appartenance totalement libre. Certains druidisants actuels, mais il n’y a pas de nom en vieux celtique pour désigner ce genre de pratiques religieuses. Évidemment !
DRUIDERIE. Le druidisme, mais souvent vu en mauvaise part, pour le dénigrer. Même situation qu’avec le mot « nègre » d’ailleurs. Druiderie est un terme péjoratif surtout sous la plume des auteurs chrétiens du Moyen-âge irlandais.
DRUIDES PRIMORDIAUX. Les hasards de l’Histoire ont voulu qu’il y ait des très-sachants primordiaux pour organiser la vie des premiers peuples, et enseigner aux hommes diverses techniques. Au-delà des mentions, passablement mythifiées, de la Tradition celtique (voir le cas de Fenius Farsaid), le néo-druidisme reconnaît cette qualité aux penseurs de la protohistoire celtique, à l’origine du druidisme. Philosophes et prêtres à la fois selon leur position dans la tripartition traditionnelle « aryenne », ce sont eux dont la pensée a donné corps au druidisme. Sous leur influence, celui-ci intégra philosophie, dialectique et religion, accomplissant ainsi un progrès immense par rapport au paganisme préhistorique d’alors, fait de croyances cosmologiques simplistes, d’animisme et de chamanisme.
Le néo-druidisme admet ainsi leur autorité particulière de témoins authentiques de la foi celtique primitive, c’est-à-dire de la pensée religieuse évoluée coïncidant avec l’émergence du monde celtique en tant que civilisation originale et dynamique. Il le fait en raison de la justesse des grandes lignes de leur pensée ou de leur action (druidiaction), ainsi que pour une foule d’autres raisons, plus secondaires il est vrai.
DRUIDISANT. Bien qu’il y ait évidemment des cultes d’origine celtique dans la péninsule ibérique et en Asie Mineure (Galatie), le terme druide n’est pas vraiment attesté dans ces régions du monde. En Asie Mineure par exemple on ne connaît que le terme grec dikastes (signifiant juge) pour en parler. Certains puristes contestent donc l’usage des notions de druides de druidisme ou de fidèles du druidisme pour ce qui est de ces régions du monde (Espagne Turquie). Ils lui préfèrent le terme « druidisant » (= qui fait du druidisme, qui étudie le druidisme, qui est peu ou prou influencé par le druidisme). On peut évidemment étendre ce raisonnement aux autres parties du monde où le terme druide n’a jamais été employé historiquement parlant (Amérique, Australie, Afrique du Sud, Argentine, Brésil…)
DULIE. Culte réservé aux entités de type inférieur s’apparentant à une simple vénération. Exemple les ancêtres. Les élémentals ou les égrégores. Il peut y avoir des degrés dans ce type de vénération.
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ÉLUTACHÉ (en latin lapsus, celui qui a trébuché, qui a failli). Le mot vient du celtique elutacos qui désigne le fugitif en général, le hors-la-loi, le banni. On appelle ainsi les druidisants qui, librement et non sous la menace ou la contrainte, ont abandonné la foi païenne (apostasie).
La cérémonie du nom accordée à ces adultes appelait de leur part une rupture radicale avec des aspects pourtant essentiels de la culture et des mœurs de leur milieu. Une rupture radicale, mais définitive et durable.
Grâce doit être cependant accordée aux lapsi (aux élutachés), mais après leur avoir imposé au préalable un pénitentiel plus ou moins long. Le néo-druidisme n’a pas besoin de girouettes ! Un rituel de conversion doit donc être exigé d’eux s’ils veulent réintégrer l’ollotouta druidique. Voir le tome consacré aux rituels.
EXTRÊME-ONCTION. Voir Consolament.
FAIBLESSE ORIGINELLE. Expression employée par certains néo-druides druides pour signifier qu’aucun homme n’est capable de vivre indépendamment de tout et par ses propres forces, fût-il un Ulate appartenant à la race des seigneurs. Jiriki dans le bouddhisme de Shinran.L’esprit est prompt, mais la chair est faible.
Le mythe de la maladie annuelle des Ulates en est en effet la dramatique illustration. Car si des seigneurs comme les Ulates peuvent être ainsi affectés par une telle malédiction, alors que dire de nous autres simples mortels de condition bien plus modeste.
L’image de Cornunnos est, sur le Continent, le mythe exprimant la nature animale de l’être humain. Par définition l’homme est limité puisque son ancêtre, du moins dans les mythes celtiques, est le nemet Cornunnos. Le fait que nous descendions tous de Cornunnos nous confère une nature mortelle.
Par le truchement du caractère animal ainsi prêté à l’image de Cornunnos, représenté avec une face large comme le disque du soleil couchant et une ramure de cerf, nos ancêtres exprimaient le symbole du caractère mortel des hommes.
Cette finitude humaine, héritée de Cornunnos, ces limites (être mortel, avoir tel don et pas tel autre, avoir tel handicap, n’être qu’un parmi les autres) sont les données avec lesquelles nous devons bâtir nos vies. Notre liberté s’avère toujours difficile à vivre. L’Homme étant moins que les dieu-ou-démons, qui eux sont toujours dotés de capacités préternaturelles, il reste pris dans les limites du temps et de l’espace. Il est dans la nature et ne peut désavouer sa connexion avec elle. Cette faiblesse originelle de tout être humain n’a évidemment rien à voir avec un quelconque « péché originel ». Où est le « péché » du poisson qui ne peut vivre hors de l’eau ?
FÊTES D’OBLIGATION. Oenach. L’expression désigne les fêtes auxquelles tout druidisant a l’ardente obligation de participer. Les principales fêtes d’obligation du druidisme sont Samon-ios, Beltène et Lugnasade.
Dans l’ancien druidisme, la présence de chacun était obligatoire sous peine de mort ou de sanction grave lors de la fête de Samon. C’était une fête d’obligation, à l’universalité contraignante.
NB. Bien entendu, dans le néo-druidisme, il n’est plus question de peine de mort pour sanctionner de tels manquements.
FOSTERER. Père adoptif. Sorte de parrain celte, tuteur chargé d’élever un enfant confié que ses parents ont mis en pension chez lui.
FRANCE (Marie de). Que nous apprennent les lais ou les fables sur la personnalité de Marie ?
Cette femme était une lettrée, connaissant le latin et capable d’en faire des traductions. Le prologue des lais nous l’apprend et un lai mentionne un texte d’Ovide…
« Le livre d’Ovide où il enseigne
Comment chacun doit restreindre son amour ».
Ce livre où Ovide enseigne comment chacun doit réprimer son amour n’est autre que le Remedia Amoris de Chrétien de Troyes. L’Art d’aimer d’Ovide était le livre par excellence de la cour d’Aliénor d’Aquitaine.
E. Hoepffner voit dans Marie une religieuse ou une abbesse. Mais si Marie avait vraiment été une religieuse, on sentirait ici ou là un souffle de spiritualité, ce qui n’est jamais le cas.
Nous trouvons par contre chez Marie une grande indépendance d’esprit, à l’instar de la duchesse d’Aquitaine.
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Si l’on scrute ses lais, on peut y découvrir quelques traits de sa physionomie morale.
Marie est une femme droite, digne et distinguée.
Son esprit n’est pas naturellement enjoué comme celui de Chrétien de Troyes.
Nulle familiarité ou vulgarité dans les mots ou dans les situations.
Elle glisse avec discrétion sur les scènes scabreuses.
Elle ne poursuit point de traits sarcastiques les méchants.
Mais on ne décèle dans ses lais ni impassibilité ni sécheresse de cœur non plus.
La structure des contes et les brèves interventions de l’auteur dans le récit révèlent chez Marie un profond sentiment de justice. Nul hasard si dans le lai du Bisclavret la femme perfide est mutilée. Mais les coupables ne sont pas toujours châtiés. Ce qui intéresse Marie, c’est moins la punition des méchants que le bonheur des héros qui lui sont sympathiques.
À l’égard des amoureux, elle montre de la tendresse et de la compassion.
La cour d’Aliénor cherchera en effet à faire valoir en matière de comportement des règles qui correspondent bien à la rectitude dont fait preuve Marie dans ses écrits.
Sans être le moins du monde féministe à la mode d’aujourd’hui, elle est sensible aux malheurs des femmes et aux difficultés de la condition féminine. Parmi ses lectrices ou auditrices, elle devait toucher par sa compréhension. Il faut se rappeler que la vie même d’Aliénor est l’exemple des difficultés de la condition féminine de l’époque. On devine en Marie un esprit sérieux, rêveur, généreux. Elle rêve du temps où surgissaient des aventures qui réconfortaient les affligés.
Pour dénouer une situation sans issue, elle nous montre, par exemple dans Eliduc, un magnifique cas d’abnégation féminine aux antipodes de toute basse jalousie, comme on en voit tant dans nos séries télévisées. Avec Marie de France, la femme n’est plus simplement la compagne du guerrier, elle devient un être courtisé, considéré, tendrement ou passionnément aimé.
La langue de Marie est la langue parlée par la chevalerie anglo-normande. Mais des mots celtiques se rencontrent aussi dans ses lais comme bisclavret.
Il y a quelque raison de penser que Marie ne connaissait pas le breton, mais l’influence de cette langue est certaine, tant dans son vocabulaire que dans les thèmes de ses lais.
Par ailleurs, Marie déclare avoir traduit ses Fables d’une version anglaise attribuée au roi Alfred, ce qui prouverait qu’elle connaissait aussi cette langue, idée confirmée par l’étude des Lais.
Les avis des critiques se sont perdus en conjectures sur ses origines. Les dédicaces des Lais ou des Fables sont les seules possibilités d’identification. Les critiques admettent que la description du noble roi en question dans les termes « vous que salue toute joie » (Lais, Prologue) concerne le roi Henri II Plantagenêt. On a quelquefois identifié le comte Guillaume des Fables (Épilogue) à Guillaume le Maréchal, comte de Pembroke et premier précepteur du Jeune Roi. Warnke pensait qu’il s’agissait plutôt de Guillaume Longue-Épée, fils naturel d’Henri II.
Quelques indices suggèrent que Marie ne vivait pas en Bretagne armoricaine. Dans un de ses lais, pour désigner la Bretagne ou Armorique, elle dit « toutes les terres de là ». Si elle y vivait, elle aurait écrit « toutes les terres de ci ». Par contre, dans un autre lai, elle qualifie un chevalier « d’outre-mer » c’est-à-dire apparemment de Grande-Bretagne, par opposition au Continent.
Marie de France vivait donc vraisemblablement dans l’entourage d’Aliénor d’Aquitaine. Il est même possible qu’elle ait connu ses filles, Marie et Alix, dans leur prime enfance. Elle a sans doute suivi la duchesse d’Aquitaine dans sa cour itinérante, en particulier en Angleterre entre 1152 et 1174. Il est possible en effet que notre auteure ait suivi sa protectrice Aliénor en captivité dans ce pays en 1174. Dans la seconde moitié des années quatre-vingt, elle aurait pu se consacrer à la traduction du Purgatoire de saint Patrice. L’idée de départ était peut-être de chercher une rédemption, une absolution ou une réconciliation pour Aliénor et les grands de ce monde, qui s’étaient tellement mal conduits durant les décennies précédentes. Yolande de Pontfarcy, de l’université de Dublin, estime qu’il n’est pas impossible que l’Espurgatoire Seint Patriz ait pu avoir été commencé avant juillet 1190, et achevé après cette date. Elle se fonde pour cela sur la date officielle de la canonisation de Malachie, le 6 juillet 1190. Marie commence en effet par écrire « Malachie » dans son texte, mais l’évoque sous l’appellation de saint Malachie un peu plus loin. Cependant, remarque aussi justement Madame de Pontfarcy, Malachie a été considéré saint, dans les milieux cisterciens, dès sa mort en 1148. Alors ???
Bref, on admet en général, assez paradoxalement, que Marie de France résidait hors du territoire français justement. Cette idée se fonde sur l’affirmation de l’auteure elle-même, qui se présente comme étant « de France ».
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De toute façon, peu importe, puisque tout le monde est Français de nos jours, à part l’auteur de ce petit manuel pour écolier du druidisme, qui a cru jadis savoir ce que signifiait être Français (dans les années 1950), mais qui ne le sait plus aujourd’hui. La seule chose qui lui semble certaine en effet c’est que lui n’est pas ou n’a jamais été Français, dans ces conditions. Et d’ailleurs, il laisse bien volontiers la France à ceux qui en veulent, à ceux qui savent, aux super Français, car après tout, la France, qui a été une grande nation du temps de La Fayette, n’est que le pays de ses ancêtres (Attancourt, région de Saint-Dizier, début XVIIe siècle).
GALLICANISME. Le gallicanisme est le principe de base de toute organisation druidique. Il implique l’existence de toutas (tribus) druidiques nationales disposant d’une réelle autonomie dans le domaine cultuel. Écoute attentive et respectueuse de chaque civilisation, analyse de la situation économique de chaque peuple, sont le préalable à toute diffusion du druidisme au-delà de ses frontières naturelles.
Il ne s’agit pas d’exporter un modèle préfabriqué ; mais d’adapter le druidisme à l’histoire et à la culture des nations en question.
La théologie des très-sachants de la druidiaction doit pouvoir se formuler dans le langage de chaque culture et ne doit pas manier sans prudence un discours universaliste. L’homme n’est ni ange ni bête et le malheur est que qui veut faire l’ange fait la bête. Car Dieu se rit des hommes qui chérissent les causes dont ils déplorent les effets (Bossuet). Le druidisme doit savoir puiser dans les trésors des cultures allemande, autrichienne, polonaise, tchèque, et ainsi de suite, pour exprimer son savoir et montrer en quoi le druidisme répond aux aspirations fondamentales de leurs sociétés.
À côté des rituels panceltiques, il y a place aussi pour d’autres pratiques religieuses plus locales : pèlerinages, troménies, pardons (pèlerinages locaux), jeûnes, saints locaux, rites particuliers. Avec l’aide des très-sachants, ces expressions de la dévotion personnelle ou locale des dagolitoi (des fidèles) peuvent devenir, elles aussi, des expressions religieuses propres à nourrir la foi la plus authentique. À partir du moment où, bien sûr, elles ne font pas concurrence aux rituels panceltiques.
Le vrai druidisme respecte la culture de chaque peuple. En proposant son message, il veut apporter aux autres aide et salut et non la culture « Celte » avec un « c » majuscule. Le druidisme n’aura jamais pour but de détruire ce qui est bon et bien dans les autres spiritualités païennes. Sa tâche essentielle est, au contraire, d’enraciner le druidisme dans la spécificité de chaque culture. Mais le défi à relever, bien évidemment, c’est comment vivre voire exprimer les valeurs druidiques de manière conforme à la civilisation de toutes ces « races », sans trahir ni les unes ni les autres ?
Grâce à cette conception de l’universalisme du druidisme, chaque élément apporte aux autres, et à tout le druidisme, ses propres boudismes (ses propres dons) ; en sorte que le tout, comme la partie, profite du fait que tous communiquent ensemble, et travaillent dans l’union des cœurs ou sans restriction ; au perfectionnement de l’ensemble.
De là vient aussi l’existence légitime au sein de l’ollotouta, de toutas particulières jouissant de traditions propres ; le Primat de l’Ollotouta n’étant là que pour veiller à ce que ces légitimes différences ne nuisent point à l’unité, mais au contraire la servent. Le fédéralisme est la structure par essence de la religion des très-sachants de la druidiaction. Le Primat de l’Ollotouta druidique n’a qu’un rôle d’impulsion, de contrôle et d’union.
Sens dérivé. Tendance à vouloir être indépendant ou tout au moins autonome par rapport à l’autorité centrale. Ou à confier le pouvoir de décider à des assemblées de druides plutôt qu’au Primat inter pares. Ces tendances centrifuges bien dans l’esprit celte agiteront les derniers siècles de la Grande Celtie Libre et Indépendante d’Ambicatus.
GALLICISME. Sorte de « sionisme celtique ». Comparable au mouvement indien au Canada. Le mot est plus connu dans son sens propre de « construction spécifique à la langue française ». En France également variété de patriotisme.
GARGANT. Dieu-ou-démon des très-sachants continentaux, équivalent de l’Irlandais Dagda (Dagodevos = le dieu-ou-démon propre à… le dieu-ou-démon qu’il faut). Le grand écrivain français qu’est Rabelais s’en est inspiré pour créer le personnage de Gargantua.
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GOULE D’AOÛT. Terme tardif. Voir Lugnasade.
GRAAL. Le Graal représente ou symbolise, sur terre, l’énergie cosmique universelle censée être contenue dans un gigantesque chaudron, lui aussi cosmique, appelé Pariollon.
L’Esprit divin est présent dans tout. Il y a donc de nombreuses voies pour trouver le Graal, mais encore plus de raison de se perdre si l’on ne suit pas les sages préceptes des experts en ce domaine.
Le mot Graal vient de l’occitan gradal (vase, écuelle). On s’en sert dans le néo-druidisme depuis le XIIe siècle, mais il n’a jamais, bien sûr, été utilisé par les anciens très-sachants (de l’Antiquité) qui, eux, devaient se servir de mots comme Pariollon, Uxellimon, Uxisamon, ou d’autres, pour évoquer l’Être supérieur immanent transcendant et englobant.
Noms et attributs divins révèlent assez bien le fond d’une religion, son attitude spirituelle.
Voici quels sont les principaux noms ou attributs du dieu-ou-démiurge des juifs, des chrétiens, et des musulmans.
Il est Sabaoth, Dieu des armées, Dieu jaloux, Dieu d’Abraham d’Isaac et de Jacob, Dieu d’Israël…
Le Dieu-ou-démon supérieur des Celtes, lui, est un Dieu de Vie, représenté, symbolisé, ou figuré, par un chaudron d’abondance et de résurrection, et jamais l’enfer ne pourra donc l’emporter sur lui.
Dieu-ou-Diable ne pouvant être nommé (Strabon Geographia III 4, 16), le druidisme antique le désignait par des symboles comme celui du chaudron cosmique de vie et d’abondance.
Le Graal est une représentation en miniature de ce chaudron cosmique, à la fois transcendant, immanent et intemporel. Incommensurablement au-dessus des affaires humaines, et qui n’intervient jamais en tant que tel dans le quotidien.
GREGORY (Isabella Augusta15 mars 1852- 22 mai 1932).
La force et la puissance ou la séduction de la culture celtique dans l’Europe médiévale ont été telles qu’elles ont suscité, outre la célèbre matière de Bretagne et le mythe arthurien des chevaliers de la Table ronde en France, un réel engouement de la part des Normands pour la culture gaélique.
Les premiers Normands débarquèrent en Irlande en 1168.
Mais le roi Henri II, considérant le développement d’un royaume normand indépendant en Irlande comme un danger pour l’Angleterre intervint en 1171, débarquant avec une imposante armée et instituant son fils cadet John comme seigneur du pays.
Au cours du XIVe siècle, l’influence normande en Irlande recula si fortement au profit de la culture gaélique que les Anglais prétendirent enrayer ce mouvement de conversion à la culture celte en promulguant les célèbres statuts de Kilkenny en 1366. La « Terre de Paix » où ces dispositions s’appliquaient, comprenait les comtés et territoires de Louth, Meath, Trim, Dublin, Kildare, Kilkenny, Waterford et Tipperary.
En vain ! La puissance d’attraction de la culture celtique était si puissante qu’au milieu du XIIIe siècle les Irlandais non gaéliques d’origine (seanghail) avaient fini par se convertir entièrement aux lois et coutumes des Irlandais de souche, devenant même en un sens plus Irlandais que les Irlandais eux-mêmes.
La force de la séduction exercée par la culture celtique sur ces « Atectai ou Dhimmis à l’envers » peut se déduire a contrario du caractère profondément négatif de ce pacte d’Omar à la sauce anglais que sont les statuts de Kilkenny. Il était en effet interdit à ces atectai ou dhimmis à l’envers d’un nouveau genre…
— De parler le gaélique (l’usage du gaélique entraînait la confiscation des domaines) et de porter des vêtements à la mode irlandaise.
— De mettre leurs enfants en pension dans d’autres familles que la leur (fosterage en anglais).
— De s’allier par mariage ou parrainage avec des Irlandais.
— D’observer les lois des Brehon.
— D’entretenir des bardes, poètes ou conteurs gaéliques.
— De vendre des chevaux, des armures ou des armes à des Irlandais.
En revanche il était fait obligation aux Anglais et aux Irlandais qui vivaient avec eux…
— D’employer des noms de famille anglais.;
— De tirer à l’arc et de monter à cheval à l’anglaise (c’est-à-dire sur une selle).
Pour finir, les religieux irlandais étaient exclus des chapitres des abbayes et cathédrales comme de tous les bénéfices ecclésiastiques.
Ces statuts restèrent théoriquement en vigueur pendant 300 ans jusqu’au XVIIe siècle, mais les moyens manquaient pour les faire appliquer, si bien qu’ils ne parvinrent pas à enrayer ce mouvement
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de conversion générale des familles hiberno-normandes à la culture celtique, ni la renaissance de la puissance des clans royaux gaéliques aux XIVe et XVe siècles. Ce lent mouvement de conversion à la culture celte des « atectai ou dhimmis » irlandais à l’envers, culminera avec la célèbre dramaturge anglophone Isabella Augusta Persse, plus connue sous le nom de Mme Augusta (Gregory). 15 mars 1852- 22 mai 1932. Exemple même de l’atectos ou dhimmi devenu plus irlandais que les Irlandais eux-mêmes. Et nous ne pouvons que nous en féliciter ou la citer en exemple (si tout le monde pouvait faire comme elle !), car c’est à elle que nous devons tout ce regain d’intérêt envers la vie et l’œuvre de notre seigneur de Muirthemné.
HYPERDULIE OU HYPER-VÉNÉRATION. Demande d’intercession en vue d’obtenir un avantage particulier du Destin. Le mot vénération désignant le culte d’honneur rendu aux héros, celui d’hyper-vénération a été créé pour désigner celui qui est rendu à certains dieux (ou démons) de rang moyen. Le terme vénération rappelle toutefois que ce culte si éminent qu’il soit, reste de la vénération, et se distingue donc fondamentalement par sa nature de celui d’adoration (ou de latrie) réservé aux vrais grands dieu-ou-démons du panth-éon druidique.
KAFIRISTAN. Pays de la liberté ou des libres penseurs dans la théologie islamique.
LANCE (de Lug). Symbolise la puissance secrète et magique du dieu-ou-démon hors classe et polyvalent Lug. Devenue la lance ayant percé le flanc du christ dans le druidisme médiéval.
LANTERNE DES MORTS
La lanterne des morts est une petite tour très étroite, et surmontée d’un lanternon, au pied de laquelle sont regroupées les unes funéraires. Il s’agit donc d’un columbarium païen.
LATRIE (du grec latreia, service d’un maître). Le mot latrie est un terme technique désignant le fait d’honorer les dieu-ou-démons. Le culte de vénération, lui, étant celui des héros. Il ne faut pas confondre en effet les honneurs dus aux très grands dieu-ou-démons du panth-éon, avec la vénération des simples anges ou héros. La latrie est donc le culte réservé aux très grands dieu-ou-démons du panth-éon celtique (Taran/Toran/Tuirean ou autres).
N.B. On considère traditionnellement que relève de l’hyper vénération ou hyperdulie le culte rendu à Danna Épona.
LORICA. Ou prière celte. La parole, le verbe, le logos, doivent leurs pouvoirs non à leur seule force incantatoire, mais à ce qu’ils sont associés à la pensée qui est une force tout aussi grande, ou parfois plus grande encore, et en tout cas inséparable de la parole, du verbe ou du logos. Le fait de dire, de nommer, c’est d’un point de vue métaphysique la même chose que de faire venir au monde ou de donner vie, d’amener à l’existence.
D’où d’ailleurs la technique verbale du labarum * (latin lorica). Cette technique druidique a pour objectif non d’annihiler, mais de canaliser momentanément le mental discursif (discursif par opposition à l’intuitif). Ses vertus, conjuguées à l’intention et à la concentration du récitant, sont bénéfiques. Elle peut s’effectuer concrètement dans le cadre d’un rite minimal, ou d’un rituel plus élaboré.
Les chrétiens ont d’ailleurs fait quelque chose de similaire en insistant autant sur leur notion de logos ou de verbe divin.
La différence est que dans le cas des druides le labarum peut être aussi une volonté un verbe ou une parole…… implicite (labarum *). En d’autres termes une prière intérieure, une pensée positive, orientée. Une concentration.
* Le terme labarum a été traduit par lorica en latin.
LUMIÈRE DU HÉROS (En blaith, lon gaile, lon laith, luan laith). En Irlande nos textes mentionnent souvent une mystérieuse lumière ou un mystérieux oiseau de valeur émanant de la tête des grands héros. Il s’agit là tout comme avec le terme gaélique erdathe des restes d’un concept druidique fondamental. Cette lon laith est une manifestation de l’énergie à l’œuvre dans l’univers depuis l’instant initial de la procréation de ce monde et qui perdurera jusqu’à sa transfiguration ultime : l’erdathe.
Cette importante notion druidique postule une anthropologie selon laquelle outre son corps matériel, chaque être possède également un corps de lumière ou un corps idéal qui est son individualité
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spirituelle destinée à survivre à sa mort corporelle et qui peut en jaillir comme d’un tonneau mis en perce de son vivant même, en certaines circonstances. Chaque homme est dès lors appelé à se fabriquer, au cours de son existence terrestre un corps subtil ou éthéré dans lequel il ressuscitera aussitôt après sa mort.
La luan laith est donc un principe lumineux accompagnant les êtres durant leur existence terrestre et leur permettant de s’élever vers des mondes spirituels supérieurs en certaines circonstances bien précises (un dépassement de soi en général héroïque).
Pour ce qui est de l’anthropologie druidique avons-nous dit cette lon laith est une émanation de son corps subtil à jamais inséparable de l’âme, parce que constituant son individualité spirituelle. Le corollaire immédiat de cette notion est donc que l’âme conserve après la mort un corps idéal, une chair spirituelle, un corps en quelque sorte ressuscité des morts.
N.B. Cette idée de l’homme idéalement vêtu d’une robe de lumière est très ancienne puisqu’on la retrouve également dans la Perse antique sous le nom de xvarnah, donc aussi chez les chrétiens de Syrie, et saint Éphrem, au IVe siècle, évoque souvent ce vêtement parallèle de l’homme. Des écrits apocryphes, comme l’Ascension d’Isaïe, y font également référence.
Cette notion existe aussi dans le néoplatonisme, chez Proclus, qui parle de l’okhêma supérieur, le symphyès, un élément lumineux qui est le corps dans lequel le démiurge a placé l’âme à son origine et qu’elle conservera au-delà de la mort, contrairement à l’okhêma inférieur, ou pneuma, le véhicule pneumatique, qui disparaît peu après la mort.
On la retrouve enfin également dans les écrits du grand mystique iranien Souhraouardi, qui la considère comme une lumière enveloppant le corps des mortels.
MARIAGE HOMOSEXUEL. On sollicite de toute part notre avis sur le mariage entre êtres humains du même sexe. Il importe afin d’avoir une opinion pertinente sur le sujet de partir de ce que fut le mariage à l’aube des temps. Vu ce qui se passe chez les singes, il devait certainement y avoir dans la société humaine primitive un mâle dominant qui devait avoir seul le droit si tant est que l’on puisse parler de droit pour l’époque, de s’accoupler avec les femelles du groupe.
La situation était donc claire, les femelles appartenaient sexuellement à un ou plusieurs mâles dominants, et les autres étaient donc exclus de ce mariage de type polygynique.
Deux évolutions finirent par se produire dans cette société humaine primitive, qui toutes deux eurent des répercussions psychologiques considérables.
La première fut la découverte du lien de cause à effet entre l’accouplement et la grossesse. Puis plus précisément et par conséquent, des plus ou moins grandes ressemblances physiques ou mentales qui pouvaient bien exister entre l’enfant et son géniteur. L’idée se fit jour finalement qu’une partie du père, et donc de la mère, passait dans l’enfant né d’un tel accouplement et survivait en lui. Que le père et la mère en quelque sorte se prolongeaient naturellement dans leur enfant et atteignaient ainsi à une sorte d’immortalité !
La deuxième évolution fut la montée en puissance des femmes dans cette société primitive, qui eut pour résultat qu’elles refusèrent peu à peu d’être toutes la chose sexuelle d’un même mâle dominant ou d’être obligées d’avoir des relations sexuelles avec n’importe lequel des mâles du clan.
Le principe de base du mariage primitif (plus ou moins polygynique et polyandrique, tendant à la monogamie) fut donc le suivant.
Version en langue vulgaire afin que tout le monde comprenne le petit côté très basique de ce contrat.
De la part de la femelle : je reste sexuellement à ta disposition, je m’occupe de toi, de ton habitat, et je fais en sorte que les enfants que je porterai ne soient que de toi, mais en échange tu me nourris et tu m’entretiens afin que je puisse rester le plus longtemps possible en bonne santé, tu m’évites d’être obligée de copuler avec n’importe qui. Clause subsidiaire : tu m’accordes l’exclusivité de tes faveurs sexuelles. Et s’il y a de l’amour en plus ce sera la cerise sur le gâteau.
De la part du mâle : je te nourris et je t’entretiens afin que tu puisses reste le plus longtemps possible en bonne santé, je t’évite d’être obligée de copuler avec n’importe qui ; mais en échange tu fais en sorte que les enfants soient bien de moi et que je puisse ainsi survivre en eux. Clause subsidiaire : je t’accorde l’exclusivité de mes rapports sexuels. Et s’il y a de l’amour en plus ce sera la cerise sur le gâteau.
Tel fut donc le principe de base, naturel, du mariage originel. Tout le reste ne fut que fioriture (sacrement, amour, etc.) même si l’amour conjugal né d’une longue cohabitation, ça existe aussi !
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Les druides antiques ayant, suivant les lieux et les circonstances, admis qu’il y ait polygynie (en Gaule) ou polyandrie (en Grande-Bretagne), il en ressort qu’ils ont donc surtout pensé dans leur approche du mariage, à l’intérêt des enfants. Toutes leurs règles de droit tendaient à faire que les enfants du clan soient toujours en bonne santé physique et mentale (afin d’avoir un large choix de successeurs de qualité disent les mauvaises langues).
Les néo-druides ne peuvent donc que veiller à ce que les enfants soient bien élevés, soient toujours en bonne santé physique et mentale, et aptes à nous succéder un jour en tant que citoyen ou citoyenne utiles à la société ; libres, équilibrés, heureux de vivre (car sinon rien n’empêche de se suicider) autosuffisants, voire même producteurs de richesses, etc., etc.
Conscients de la difficulté de la tâche les druides de l’Antiquité ont donc toujours estimé nécessaire de placer les familles, à commencer par les jeunes mariés donc, sous la protection de certaines divinités, mais ils n’en ont jamais fait pour autant un sacrement ou un absolu, à la mode des différentes bourgeoisies juive, chrétienne ou musulmane. Il n’y a jamais eu chez eux de sacrement du mariage, mais une simple bénédiction, du contrat, de mariage ; histoire de mettre toutes les chances du côté des futurs époux et de la société. Afin que ladite famille soit comme les célèbres embarcations destinées à naviguer sur la Seine des bateliers parisiens de l’antiquité dont on a pu dire (c’était d’ailleurs une devise élaborée par les druides pour la corporation des nautes, mais traduite en latin) fluctuat nec mergitur.
Que dire maintenant à ceux qui font du mariage l’union de deux êtres humains (et de deux seulement), fondée sur l’amour (uniquement) et sacralisée par Dieu (par le seul dieu qui puisse exister) ?
Et bien ceci. Il va de soi qu’aucune de ces trois propositions (2 = 1 = 1 puissance 10) ne saurait…[texte supprimé par les héritiers de Pierre de La Crau]
MÉHAIGNÉ. Mutilé, blessé (se dit du roi pêcheur dans le cycle du Graal).
NATIOPATHE.
Homme ou femme totalement incapable d’éprouver le moindre sentiment national. Ce genre de maladie mentale est aussi répandu que la sociopathie de nos jours. Le natiopathe ne peut pas ressentir un sentiment d’appartenance, il ne peut pas compatir au sort de sa nation (sa défaite son invasion sa destruction sa disparition son recul sa rétrogradation).
NÉO-DRUIDISME. Version moderne du druidisme antique. Il s’agit de la recherche des éléments de l’ancien druidisme pouvant servir de référence et/ou de normes pour une pensée païenne moderne, pouvant légitimement se réclamer d’une certaine fidélité au druidisme antique.
Son expression pratique est dite DRUIDIACTIO. Les premiers des néo-druides ou nouveaux très-sachants, essayaient encore de vivre selon ce qu’ils connaissaient ou croyaient connaître des gessa (normes éthiques) de l’ancien druidisme, tout en se permettant de ne les reprendre qu’en partie « pour les accomplir ». John Toland (1670 – 1722), qui fut le principal réactivateur du druidisme sous la forme du néo-druidisme, a plusieurs fois formulé des exigences inférieures à celles de l’ancien druidisme en maints domaines. Voir l’attitude un peu trop prudente ou timorée peut-être, qu’il recommande à ses « panthéistes ». Mais iIl a aussi pris de la distance par rapport à des pratiques ou à des jugements qui risquaient d’être un joug écrasant comme nous l’avons vu plus haut. (Voir la partie Éthique et Toland). Il a changé les traditions autant au nom de la Raison, qu’en celui du destin divin (allant du reste dans le même sens) inscrit dans les gènes de ce monde à sa naissance. Même chose sur le continent avec Henri Lizeray (Ogmios ou Orphée).
ŒUF de serpent (oursin fossile). Symbole de l’œuf cosmique qui, par son explosion, il y a des milliards d’années, a donné le monde actuel. L’oursin représente le druidisme comme le poisson représente le christianisme.
PAGUS/PAYS/COMTÉ. Échelon intermédiaire entre le vicus et le bailliage. Le mot lui-même désigne à l’origine un terroir. Vient du latin pagus. Pagus a été consacré en histoire-géographie comme nom
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du territoire de petites cités celtes, ou de subdivision des plus grandes. Les indigènes disaient aussi « broga ». Exemple le Bro Morgannwg ou Val de Glamorgan en gallois.
PALME OU BRANCHE. De bronze, d’argent ou d’or : insigne des différents grades de la hiérarchie des très-sachants.
PARDON OU PROCESSION ET TROMÉNIE. Cérémonie ou circumambulation propitiatoire celtique transformée en Rogations par le christianisme qui, n’arrivant pas à l’éliminer, a préféré le récupérer. On promène à travers champs sur un char votif, une statue ou un simulacre.
Voir aussi le cas de la déesse-ou-démone rebaptisée Nerthus par Tacite dans son ouvrage Germania.
L’historien y fait le récit (de seconde main) d’un sacrifice humain lui ayant été offert sur les bords d’un lac, souvent identifié comme une métaphore désignant l’île de Fionie ou de Seeland (actuel Danemark), voire l’île allemande de Rügen.
« Puis viennent les… [suit une longue liste de peuples habitant la partie de l’Allemagne du Nord donnant sur la Baltique]… qui sont protégés par des cours d’eau et des forêts. Il n’y a rien de bien particulier à signaler pour chacun d’eux, excepté le culte qu’ils rendent en commun à Nerthus, autrement dit à la Terre-Mère. Ils croient qu’elle intervient dans les affaires humaines et qu’elle se fait conduire auprès de leurs peuples.
Dans une île de l’Océan s’étend une forêt sainte. Elle abrite un char consacré, que dissimule un voile. Un seul prêtre est autorisé à le toucher. Il prend conscience de la présence de la déesse dans le sanctuaire, fait atteler le char par des génisses, et le suit avec grande vénération. Viennent alors des jours de liesse. C’est la fête dans les endroits que la déesse juge dignes de l’accueillir et de l’héberger. On n’entame plus de guerres, on ne prend pas les armes. Ce n’est qu’alors que l’on goûte le calme de la paix, ce n’est qu’alors qu’on l’apprécie. Et il en va ainsi jusqu’à ce que le même prêtre rende à son temple la déesse, comblée par son séjour chez les mortels ».
Les processions champêtres de char portant une statue de déesse-ou-démone, ou de fée si l’on préfère, traîné par des bœufs, à travers les moissons et les vignes, sont toujours attestées à Autun à la fin du IIe ou du IIIe siècle.
Grégoire de Tours, dans son ouvrage intitulé « De la gloire des confesseurs », nous parle par exemple d’une statue de déesse traînée sur un chariot « pour la sauvegarde des champs et des vignes ».
« Certains rapportent qu’il y avait une représentation de Bérécynthe dans cette cité, ainsi que nous le relate justement l’histoire des souffrances du martyre de saint Symphorien. Conformément à la misérable coutume des païens, le peuple la promenait sur un chariot 3) pour le salut des champs et des vignobles. Le susdit évêque Simplice étant présent non loin, les observait en train de chanter ou de danser devant cette figuration. Il se prit à gémir devant la stupidité de toute cette foule et supplia Dieu en ces termes : « Seigneur, je vous en prie, ouvrez les yeux de tous ces gens, afin qu’ils s’aperçoivent enfin que le simulacre de Bérécynthe n’a aucun pouvoir ! » Ayant fait le signe de croix ensuite à son encontre 4), la représentation de la déesse tomba aussitôt par terre 4), et les bœufs qui tiraient son char furent comme cloués au sol, dans l’incapacité de faire un pas de plus. Cette immense foule en fut stupéfaite et toute la troupe s’écria que la déesse avait sans doute été outragée 4). Des victimes furent immolées, on aiguillonna les bœufs pour les faire avancer, mais toujours en vain : ils ne pouvaient pas bouger. Quatre cents hommes de cette masse d’imbéciles ayant assisté à la scène dirent alors : « S’il y a quelque puissance divine dans cette statue, alors qu’elle se relève et ordonne aux bœufs, qui sont comme collés à la terre, d’avancer. Mais si visiblement elle n’est pas capable de se faire tirer par eux, alors ce sera la preuve qu’il n’y a rien de divin dedans ». Certains des païens approchèrent alors et sacrifièrent une fois de plus un de leurs animaux ; mais constatant que leur déesse ne pouvait toujours pas bouger pour autant, ils abandonnèrent alors l’erreur du paganisme, et le prêtre du lieu étant venu, ils se convertirent dans l’unité de l’Église, après avoir ainsi découvert la grandeur du vrai Dieu, et furent consacrés par le saint sacrement du baptême. (Grégoire de Tours. De la gloire des confesseurs de la foi).
Récit plus crédible que celui qui est relatif à saint Symphorien d’Autun 1), mais contenant lui aussi beaucoup d’invraisemblance. Outre le fait qu’il considère la sexualité un péché ou une souillure par définition… l’évêque Simplicius gardant des charbons ardents dans ses mains pendant une heure sans être brûlé, cela est-il vraiment crédible ? Cela ressemble beaucoup plus à une ordalie médiévale irlandaise du genre chaudron de vérité, fer de Luchta, collier de Morann, hache de Mochta, vase de Badurn… Simplice fait par contre preuve du même racisme et du même fanatisme religieux que saint Symphorien, en s’en prenant aux autres cultes. Vu la date, il dut bénéficier pour cela de l’appui des forces de police de la ville.
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1) Résumé de l’affaire. Un jeune homme de bonne famille désœuvré, Symphorien, croise par hasard un cortège promenant une statue de Rosemartha (la Cybèle ou Bérécynthia romaine, représentant les forces de la Nature). Le jeune homme se moque de la procession et du peuple qui la suit en masse ; il est arrêté (en France, on ne badine pas vraiment avec les processions, voir l’histoire du chevalier de La Barre quelques siècles plus tard). Le juge consulaire d’Autun, Héraclius, mène l’interrogatoire : « Nom, qualités ». « Je m’appelle Symphorien. Je suis chrétien… ». « Et tu en es fier ? Tu t’es rendu coupable de deux crimes : manque de respect envers les dieux des autres et mépris des lois. Tu es passible de la peine de mort… ». « Jamais je ne considérerai cette statue autrement que comme un démon ! »
Le jeune Symphorien ajoute qu’Apollon n’est qu’un ancien berger, Diane un démon de Midi, les processions en l’honneur de la grande mère des dieu-ou-démons, des mascarades, et ainsi de suite ; puis menace carrément de s’en prendre à la statue de la déesse-ou-démone, ou de la fée, qu’il appelle [par interpretatio romana], Berecynthia (sic).
PARÈDRE. Divinité légèrement inférieure, dont le culte est associé à celui d’une divinité plus puissante. La parèdre d’un dieu-ou-démon n’est qu’un aspect très réducteur de la notion de Brigo universelle.
PÉLAGE. De son vrai nom Morigenos (on dirait aujourd’hui Morgan). C’était un Celte insulaire.
Bien que copieusement insulté par les ignobles propos racistes et xénophobes de saint Jérôme (qui le traitait de gros plein de porridge) Pélage est un chrétien celtique dont on ne sait pas grand-chose, sinon qu’il appartenait à une famille de très-sachants de la druidiaction convertis à la nouvelle religion (son grand-père était druide).
Les thèses de Pélage, très marquées par le druidisme ambiant de son milieu originel, peuvent se résumer comme suit.
L’Homme peut être libre, totalement libre. C’est sa destinée. Le péché n’est pas dans sa nature. S’il pèche, c’est par imitation. Et puisqu’il peut être libre, l’Homme a droit au péché. D’ailleurs, le péché ne détruit pas sa liberté puisqu’il en est au contraire la plus évidente illustration. L’Homme peut maîtriser son destin et, donc, assurer par lui-même son propre salut… Pour assurer son salut, il lui suffit de le vouloir et de suivre sa raison. Il a en lui une force suffisante pour cela. L’homme peut donc changer sa vie de par lui-même. Le progrès moral est affaire de volonté, non de grâce divine.
Pélage dénonce les abus et les excès de la propriété privée qui entravent la liberté, prône l’égalité en droit des hommes et des femmes, affirme que l’Homme doit maîtriser la nature, ne condamne pas le corps. D’après le sociologue belge Léo Moulin (la gauche, la droite et le péché originel 1984), sa pensée serait un des fondements de l’idéologie de gauche.
PÈLERINAGES. À côté des hauts-lieux comme Grand, Lyon, Bibracte, Stonehenge, ou les îles de Mona, Iona, et… existaient d’innombrables sanctuaires de moindre importance.
Les petits pèlerinages sont des pèlerinages ayant le plus souvent des origines extrêmement anciennes. Le christianisme se les est appropriés au cours des siècles. Voir pardons et troménies.
PHOULOVIOS STELLOS. Personnage dont nous parle un fragment de mythologie celte rapporté par Agesilaos. Le fragment est assez confus et dit des choses curieuses sur l’origine de la déesse-ou-démone, ou bien fée si l’on préfère ce terme, Épona.
PLÉRÔME.
Nous utilisons le terme plérôme qui signifie en grec « plein » afin de bien montrer ici que nous ne nous contentons pas des seules entités surhumaines célestes comme les anges, mais que nous incluons également dans ce que nous entendons signifier… les entités surhumaines chtoniennes souterraines inconscientes.
PORTIER. Voir dorosarios. Coir anman : Le portier leur demanda qui était là… portier se dit doirseoir en gaélique, dorosarios en vieux celtique. C’était une fonction très importante, généralement assumée par un druide, c’est-à-dire dire par un homme assez cultivé pour s’assurer de la qualité ainsi que des intentions (pacifiques) des nouveaux arrivants. Au besoin en leur posant toute une série de questions et en menant sa propre enquête. Le terme a souvent été remplacé par celui plus impressionnant de grand enquêteur dans certains rituels néodruidiques.
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PRIMAT. Nom du responsable suprême de l’Église druidique. Son élection ne se fait pas sans heurts d’après César (De Bello Gallico, VI, 13). Il existe aussi des primats régionaux. Primat d’Irlande, primat de Grande-Bretagne, primat des Gaules, primat d’Hispanie, etc.
PROVINCE.
Nous traduisons ainsi le terme gaélique coiced, mais il désigne aussi en fait l’armée de la province en question. Les quatre provinces par exemple est une expression signifiant les quatre armées provinciales, la coalition formée par la mobilisation conjointe de chacune des armées des quatre grandes provinces d’Irlande, en général unies contre une cinquième, l’UIster, qui dans nos légendes fait toujours un peu bande à part. Sans doute à cause de sa forte composante celtique toujours non gaélique, et parlant peut-être une langue celtique en p, du moins à l’origine. Les Ulates ne se considèrent pas vraiment irlandais. Pour eux les Irlandais ce sont les autres. Eux sont Ulates un point c’est tout.
PSYCHOPOMPE. Du grec psychopompós. Équivalent des divinités paisibles du bouddhisme.
QUÊTE (du Graal). La vérité supérieure est une, mais l’erreur est multiple. Sans cesse de nouvelles questions surgissent ou se posent en termes nouveaux des questions anciennes. On appelle quête du Graal la recherche tendant à une mise au clair absolue et définitive de cette vérité. Mais ce dévoilement progressif de la vérité ne s’achèvera dans sa plénitude qu’avec son retour, car notre entendement de simple mortel restera toujours limité tant que nous serons perdus à l’extérieur du « château » de ce Graal ; tant que nous errerons dans les landes désertes qui l’entourent. Car nous cheminons dans l’espoir d’une clarté pointant à l’horizon déjà, mais qui n’illumine pas encore nos vies. Entreprendre cette quête, en compagnie d’autres druidisants (l’ollotouta druidique est là pour ça) ou seul, engage la vie entière.
RIASTRADES OU CONTORSIONS. Le terme signifie à l’origine « déformation du corps sous l’effet d’un mental exalté. Les riastrades à la Cuchulainn sont une forme très particulière d’exercices physiques. Cette pratique est très ancienne et l’on en trouve des traces dans plusieurs civilisations autres que celle des peuples celtes. Par exemple sur des sculptures du temple du Borobudur en Indonésie (Xe siècle).
La contorsionnisme est une discipline acrobatique encore pratiquée aujourd’hui au cirque et en gymnastique, et fondée sur des exercices de souplesse réalisés par un artiste en la matière.
La contorsion avant est basée sur des exercices de souplesse avec un mouvement du dos vers l’intérieur : par exemple, passer sa tête derrière ses jambes. Les exercices sont souvent caractérisés comme étant des poses de « grenouilles ».
La contorsion arrière, la moins « naturelle », repose sur des exercices avec un mouvement du dos vers l’extérieur : par exemple, la figure de la « boîte » ou du « scorpion » où l’artiste touche un de ses pieds ou ses fesses avec sa tête.
La contorsion est très fréquente dans les cirques asiatiques. En Mongolie, ces exercices étaient pratiqués dans des temples afin d’acquérir la maîtrise de son corps.
Les contorsionnistes sont des acrobates remarquables par l’extrême souplesse de leur corps : disloqués en avant ou en arrière, ou les deux à la fois (on les appelle alors hommes-caoutchouc).
Ce travail, quand il n’est pas esthétique, n’est pas toujours bien perçu par le public.
Les contorsionnistes fascinent par leurs exploits surhumains (surtout si ce sont des femmes). Miss Dora, l’une des plus populaires contorsionnistes de l’après-guerre, était capable de plier son mètre cinquante et ses 47,5 kg dans un cube de 43 cm !
Aujourd’hui, certains artistes tels Rocky Randell ou les deux Coudoux, utilisent une caisse en plexiglas pour mieux faire admirer leur magnifique travail d’athlète.
Outre les contorsionnistes qui se mettent en boîte, il y a ceux qui se muent en pantins et se laissent manipuler par leurs partenaires comme s’ils étaient des poupées de son ou de paille.
SACRÉ-CHEF. Chef est à prendre ici au sens archaïque de « tête » Cf gaélique laoidh na gceann. Les très-sachants de la druidiaction croyaient que l’âme/esprit et la vie en définitive reposaient dans la tête, et non dans la région du cœur comme on le croit généralement aujourd’hui. De là l’importance des rites et pratiques qui entouraient la tête dans leur tradition. « Ils tiennent Taranis/Jupiter pour le dieu-ou-démon tutélaire de la guerre et le plus grand dieu-ou-démon du ciel ; il avait l’habitude jadis de recevoir en offrande des têtes humaines. Maintenant il se contente de bétail » (Scolies bernoises commentant la Pharsale de Lucain). Dans la version galloise de la Quête du Graal, c’est-à-dire le récit
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de Peredur, le Graal n’est pas un vase, ni un chaudron, mais une tête coupée, baignant dans le sang, et portée sur un plateau.
C’est dire la valeur de la tête en tant que réceptacle, non seulement de la vie et de la pensée, mais aussi de l’énergie mystérieuse, sans doute divine, qui s’y manifeste parfois par ce que l’on appelle la « Lumière du héros ». Une aura, un corps subtil ou un corps astral semblant surgir de la tête de certains individus. Ce qui explique à la fois le rite des têtes coupées, mais aussi l’acharnement mis à l’acquisition ou à la conservation de tels trophées. C’est certainement l’un des traits les plus originaux et les plus spécifiques de la liturgie druidique.
Les premiers très-sachants voyaient en effet dans le crâne le siège d’une âme/esprit supérieure (et non d’une simple âme-souffle-vital), matérialisée par le cerveau et poussant ses ramifications dans les autres régions anatomiques sous la forme de la moelle et des terminaisons nerveuses. Le prélèvement du crâne de l’ennemi, la conservation de crânes d’ancêtres ou de héros, ne peuvent s’expliquer que par une telle croyance. Il s’agissait de conserver le réceptacle de l’âme une fois que celle-ci avait quitté sa demeure provisoire.
La conservation des têtes décapitées fut donc une des plus anciennes pratiques druidiques. Voir par exemple l’usage qu’ont fait du crâne du consul romain Postumius les très-sachants de la tribu des Boïens d’Italie.
« Ce fut là que périt Postumius, en faisant les plus héroïques efforts pour ne pas être pris. Ses dépouilles et sa tête, séparée de son corps, furent portées en triomphe par les Boïens dans le temple le plus respecté de cette nation ; puis sa tête fut vidée consciencieusement, et le crâne, selon l’usage, orné d’un cercle d’or ciselé, leur servit de vase sacré pour offrir des libations dans les fêtes solennelles. Ce fut aussi la coupe du grand pontife et des prêtres du temple »
(Tite-Live : Histoire romaine, XXIII).
La tête d’Hesus Setanta, soigneusement conservée, fut elle-même l’objet de tout un culte avant d’être volée.
« Le chef et le cœur d’Hesus étaient plus brillants qu’un soleil. Ils demeuraient au milieu des flammes de son héroïsme » (la lumière des héros ?)
La dévotion au sacré-chef (tête coupée) de Hesus Setanta, est plus que jamais de nos jours, en cette triste fin de cycle, proposée comme symbole même du sacrifice de cet homme-dieu-ou-démon à la méditation des druidisants, qui peuvent se placer sous sa protection et son patronage ; ainsi que ce fut le cas plus tard avec la tête de Bran Vendigeit enterrée sur la colline blanche à Londres.
NB. Ainsi que nous avons pu le voir, ces têtes de grands héros pouvaient aussi, soit être transformées en calice, soit être exposées dans les temples pour y être proposées comme symbole ou support de méditation. Ce symbole dit « du sacré – chef », est d’ailleurs toujours utilisé par les franc-maçons et l’Ollotouta druidique pour leurs initiations (le futur disciple doit se concentrer dessus).
SAINT-GRAAL. Au départ de cette notion quelque peu ésotérique, il y a le chaudron cosmique, fantastique réservoir de vie et d’énergie animant l’univers (le Bitos), dont les très-sachants sentaient confusément l’existence. Son symbole ou sa représentation sur terre était, dans l’Antiquité, le chaudron magique d’abondance ou de résurrection connu sous le nom de chaudron du Dagda Gargant Suqellos. Transformé en olla dans la statuaire gallo-romaine.
Sous l’influence d’un autre symbole bien celtique, la coupe de vérité ou de souveraineté, cette olla ou chaudron, a pris, au Moyen-âge, l’aspect d’un calice, d’une émeraude taillée, ou d’une tête coupée (confusion avec un autre symbole druidique).
Tous ces aspects se retrouvent dans la conception celtique du Pariollon (dont ils ne sont d’ailleurs que des dérivés) en tant que réservoir inépuisable de substance psychique où se forment les esprits et les corps, la vie et l’énergie… Autrement dit le Dieu ou le Démiurge supérieur des Celtes matérialistes.
Le but de la quête du Graal est de comprendre ce mystère, celui de la régénération, à terme, du Bitos (de l’univers).
À été aussi présenté sous l’aspect d’une lignée génétique royale (Sangréal) à protéger de toute mésalliance. Mais là, ça n’a plus rien à voir avec le druidisme.
SANGLIER. Symbole de la classe sacerdotale druidique. Par extension, c’était aussi le sanglier qui était représenté sur les hampes des enseignes celtes, comme l’aigle sur les enseignes romaines : c’était donc l’animal emblème national au vrai sens du terme, plus que le coq.
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SATIRISTE. La satire a, chez les très-sachants, une intense valeur religieuse et ne saurait en aucun cas se confondre avec la simple critique d’un barde. Elle se traduisait d’ailleurs le plus souvent, du moins si l’on en croit les légendes, par la chute et la mort du prince ayant commis les injustices dénoncées.
SEMNOTHÉES. Mot grec désignant aussi les très-sachants de la druidiaction en général, ceux qui se considèrent comme investis d’une mission divine, du disciple au très-sachant de la druidiaction en passant par les vates, les vellèdes ou les gutuatres/gutumatres.
SERPENT à tête de bélier. Représentation d’un dieu-ou-démon chtonien. De par son contact total et constant avec la terre et par sa mue annuelle, il demeure en relation étroite avec les forces souterraines et le cycle des saisons. Cette double alliance en fait un dieu-ou-démon doué de ruse et de force, lui conférant les caractéristiques de la puissance obscure, mais aussi de la puissance lumineuse.
SIMULACRUM. Le terme latin simulacrum peut même dans certains cas désigner une pierre levée ou un menhir, si l’on en croit la vie de Saint Samson. Dans la Vie de saint Samson, écrite au commencement du VIIe siècle, il est question en effet d’une pierre levée, simulacrum abominabile, sur laquelle le saint grava le signe de la croix et qui était placée sur une montagne dans le pagus Tricorius en Domnonée.
TABLE RONDE interdruidique. Sorte de conclave entre très-sachants de la druidiaction. Institution où l’on prend les décisions qui s’imposent.
TAU GALLICUM.
Lettre utilisée dans des formules plus ou moins magiques d’après Virgile. Il s’agissait à l’origine de noter un son particulier de la langue celtique, une consonne affriquée : un “s” et un “d” ou un “t” consécutifs (dans l’un ou l’autre sens). Affriquée transcrite initialement par la lettre grecque thêta. Évoluera plus tard en D (D barré) puis vers un double ou simple “s” barré puis vers de simples “s” (signe d’une évolution de la prononciation).
Ci-dessous le court poème attribué à Virgile (la deuxième épigramme contre le rhéteur Annius Cimber) mentionnant ce tau gallicum.
Catalepton II.
Le voilà, cet amateur de mots corinthiens ; le voilà, cet individu (un rhéteur en effet !) qui jusqu’ici parfait Thucydide, tyran de la fièvre attique, a préparé pour son frère cette mixture de toutes choses, cette mixture de mots, le thau celtique, le min et le psin, et le « Malheur à lui) ! »
TERRE GASTE. Symbole appartenant au vocabulaire de la vie spirituelle. Cette image de la jachère ou de la terre en friche symbolise le temps de recherche du Graal, temps où l’homme n’est satisfait de rien, cherche la paix par tous les moyens, mais n’y arrive pas.
L’Homme qui part à la quête du Graal doit d’abord apprendre à dénouer les liens qui l’attachent aux réalités matérielles, sensibles ou intellectuelles. Ces liens l’empêchent en effet d’être digne d’apercevoir le Graal, qui est en fait à portée de sa main et pas dans un pays lointain, car Dieu-ou-Diable n’a rien à faire avec des réalités ou des désirs trop limités. Cette jachère est donc une nuit spirituelle.
TORQUE. Sorte de collier ouvert des chefs celtes. L’élévation du torque est un geste rituel. En celte torque se dit aussi « maniacis ».
TOTÉMISME. Certains chercheurs ont fait du totémisme la forme la plus élémentaire de la vie religieuse. Que dans le druidisme, on puisse retrouver une composante totémiste, ou mieux animiste est indéniable. L’animal peut en effet y apparaître comme un alter ego, ou un double cosmique de l’Homme ; il peut être lié à un clan ou un peuple, par un pacte mythique exigeant respect voire protection réciproque. L’animal fait parfois fonction de support passager de l’âme/esprit humaine lors du passage dans l’autre monde (animaux psychopompes). L’Homme peut aussi temporairement revêtir sa forme (métamorphoses). Il est l’objet de sacrifices. Enfin il peut être en relation de filiation avec l’homme, ce qui caractérise le totémisme proprement dit. En aucun cas le druidisme n’a pour autant comme fondement principal ce genre de croyances, et le côté proprement religieux du
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totémisme y est peu développé. Celui-ci fournit surtout un principe de mise en ordre de l’univers, de classification et de sériation de groupes humains, des animaux et des choses ; donnant naissance à tout un système de correspondances symboliques et d’interdits.
TRINITÉ SUPRÊME. La partie manifestée du divin se fait triple pour présider aux différents états de l’être et du cosmos ou bitos. En dessous des éons, nos ancêtres spirituels distinguaient en effet trois grandes forces cosmiques à l’œuvre dans l’univers, et dans nos vies. Deux forces opposées, mais complémentaires s’attirent. Lorsqu’il n’y a pas de conflit entre elles, ces deux-là en engendrent obligatoirement une troisième, la résultante.
Le trois est un nombre hautement symbolique, universellement fondamental. Il synthétise la Tri-unité de l’être vivant, il est le produit de l’union du Ciel et de la Terre. L’unité 1 trouve son complémentaire dans le 2 pour engendrer le 3. Cette triade devient à son tour une unité.
La meilleure façon de résumer cette importante notion druidique serait peut-être encore le symbole du tricéphale, mais il faudrait alors dans ce cas que les artistes fassent bien voir qu’une des têtes est féminine, pas comme dans le cas de la stèle de Beaune (Côte d’Or) qui représente trois dieu-ou-démons assis, l’un à gauche en compagnie d’un petit animal debout, l’autre à droite en dieu-ou-démon cornu, et enfin celui du centre ayant trois têtes et une corne d’abondance.
Ci-dessous donc la triade en quelque sorte de base (ou suprême) des dieu-ou-démons hors classe.
Au sommet (de la pyramide) le Tokad ou Destin au sens strict du terme.
En second lieu la divinité chargée de maintenir l’univers physique en ordre de marche : Taran/Toran/Tuireann. En troisième lieu la grande déesse-ou-démone mère aquatique chargée concrètement du quotidien de ce monde, et notamment de le nourrir, mais aussi peut-être de le détruire. Comme fait le Danube avec ses crues.
Ou inversement d’ailleurs.
En second lieu la grande déesse-ou-démone mère aquatique chargée concrètement du quotidien de ce monde et notamment de le nourrir, mais aussi peut-être de le détruire. En troisième lieu la divinité chargée de maintenir l’univers matériel en ordre de marche : Taran/Toran/Tuireann.
Ces trois formes divines sont les plus importantes, non les seules, car la diversité de telles manifestations est infinie, mais elles sont regroupées autour des deux figures qui vont dominer tout le druidisme ultérieur, celle de Taran/Toran/Tuireann et celle de la Grande déesse-ou-démone mère aquatique. Le destin, lui, étant conçu comme l’émanation d’un Être supérieur non manifesté, donc difficilement représentable, et faisant figure plutôt de deus otiosus. Otiosus est un terme latin signifiant oisif ; éloigné des affaires publiques, neutre, calme, paisible ; et désignant un dieu-ou-démon créateur qui n’intervient plus dans sa création, qui n’intervient plus dans les affaires de ce monde (d’où sans doute l’adjectif hebetus sous la plume de Sulpice-Sévère, peut-être). La retraite et l’inertie de cet ultime état de la divinité contrastent d’autant plus avec l’activité débordante des divinités venant immédiatement après. La dyade la plus voyante, la plus active, la plus présente, est en effet constituée par les deux entités qui suivent, Taran/Toran/Tuireann et la triple déesse-ou-démone. Ou bien fée si l’on préfère. Il ne demeure plus en présence, sur le même plan, que les deux autres grandes divinités que sont Toran/Taran et la Grande déesse-ou-démone-mère aquatique. Bien que les deux lignées soient nettement distinctes, leur complémentarité frappe autant que leur opposition. Dans la plupart des cas, du fait de l’universalisme sous-jacent au druidisme en général, la divinité majeure varie suivant les groupes, mais le rapport des deux reste interchangeable. C’est pourquoi, tout en rendant un culte préférentiel à l’un des deux, un croyant et pratiquant d’esprit celte, même déterminé ou ayant des idées bien arrêtées, ne rejettera jamais complètement l’autre. 80 % des druidisants adorent Taran/Toran/Tuireann et 20 % la grande déesse-ou-démone mère aquatique. À moins que ce ne soit le contraire d’ailleurs, vu la multiplicité des représentations figurées. Tous en outre ont eu recours à d’autres dieu-ou-démons, ou déesses-ou-démones, au moins une fois dans leur vie d’être humain. Voir le principe japonais de la double appartenance (shimboutsou shugo).
TRISCÈLE. Symbole trinitaire celtique. Laïc, non druidique, non religieux. Probablement un symbole cosmologique. N. B le mot est une variante du terme archéologique d’origine grecque triskèle (<triskelion). En France cette variante a fini par supplanter le terme TRIQUÊTRE, de même sens.
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TROMÉNIE. Le mot « troménie » est une adaptation du breton armoricain tro-minihi, littéralement tour (tro) du minihi, terme dérivé du latin monachia (espace monastique du haut Moyen-âge). L’appellation la plus ancienne désigne la grande troménie de Locronan, une circumambulation religieuse d’environ douze kilomètres qui se déroule tous les six ans. L’ascension du Menez-Lokom (montagne ou plutôt colline de Locronan), a justifié chez de nombreux auteurs l’étymologie de troménie par tro-menez ou tour de la montagne. L’hagiographie du haut Moyen-âge consacre les troménies comme des circuits de fondation d’espaces sacraux monastiques. Dans le cas de Locronan, la grande troménie pourrait correspondre à la pérégrination autour d’un espace sacral antique. Le circuit passe par la forêt de Nevet, dont l’étymologie découlerait de nemet (« sacré »), dérivation du nemeton druidique. La forme du circuit, le nombre de stations et sa périodicité sexennale, renvoient certainement à l’époque préchrétienne.
VÉNÉRATION. Forme de culte, prières ou cérémonies, adressés aux grands héros ainsi qu’à Épona (hyper vénération ou hyperdulie). Le culte de vénération se différencie du culte d’adoration (latrie) rendu seulement à certains dieu-ou-démons. Les cultes de vénération sont des hommages publics que les druidisants adressent à un héros mort, au moyen de gestes divers, de recitations, de chants, ou de symboles.
VER SACRUM. Ou plus précisément ver sacrum ambicatusien. De « Ambicatus » = « qui combat sur les deux plans : le temporel et le spirituel ». Un peu comme Mahomet et son djihad donc !
VÊTEMENTS DRUIDIQUES. Habillement du très-sachant Nédé dans le dialogue des deux sages (Immacallam in da thuarad).
« Sa robe était de trois couleurs, c’est-à-dire la couleur d’oiseaux brillants au milieu ; une averse de bronze blanc à la partie inférieure et le brillant de l’or à la partie supérieure ».
La couleur des oiseaux n’est pas précisée, mais il se pourrait, malgré le flou du texte justement, qu’il s’agisse d’une robe ou gonne en plumes d’oiseaux de l’autre monde, autrement dit de cygnes. Et ce détail pourrait rendre compte d’une partie de la légende de Merlin dans les récits arthuriens. La couleur de la coule serait alors composée de deux nuances du blanc alliées à la couleur solaire de l’or.
Habillement des très-sachants du fils préféré d’Ailill et de Medb dans le récit intitulé « Le mariage de Maine Morgor » (Irische Texte. Ernst Windisch).
« Trois druides étaient à leur tête, le front couronné d’un cercle d’argent, habillés de manteaux de toutes les couleurs et portant des boucliers de bronze décorés d’ouvrages en cuivre rouge ».
À propos du bouclier, voir l’exemple du très-sachant héduen Diviciacos.
« Le chef des Héduens vint au Sénat, exposa la chose, et comme on l’invitait à s’asseoir, il refusa l’offre qu’on lui faisait, mais parla ensuite appuyé sur son bouclier » (Panégyrique de Constantin).
À propos du cercle d’argent posé sur le front, voir l’exemple des fils de Tuireann.
« Ils ceignirent le bandeau des vellèdes (ceangal fileadh) à leurs chevelures » (La Mort violente des enfants de Tuireann. Oidhe Chloinne Tuireann. § 47).
Voir également l’habit du primat d’Ulster, Cathbad (lors de son arrivée à Slemain Midé) ; c’est-à-dire une cape bleue et pourpre (une saie en tissus écossais donc) retenue sur sa poitrine par une broche en forme de feuille décorée d’entrelacs d’or et des sandales jaunes. Une grande épée (une claymore ?) sur son épaule.
L’habit du grand druide des Ulates, Sencha dans la razzia des bœufs de Cooley (lors de son arrivée à Slemain Midé) ; c’est-à-dire une ample cape gris clair retenue sur la poitrine par une broche de bronze blanc, semblable à une feuille (une saie) ainsi qu’une chemise blanche à capuchon dessous (une coule).
L’habit du grand vellède des Ulates Amorgen dans le récit de l’enlèvement des bœufs de Cooley (lors de son arrivée à Slemain Midé) ; c’est-à-dire une cape faite de mille pièces de tissus différents et de toutes les couleurs (une saie) ainsi qu’une chemise bleue à galons avec de splendides boutons d’or rouge, ornée de fils de bronze blanc (une coule ?). Le bouclier qu’il portait sur lui était orné de cinq cercles d’or.
L’habit d’un autre grand vellède des Ulates, Ferchertné (lors de son arrivée à Slemain Midé) ; c’est-à-dire une cape bleu sombre, galonnée de fils d’or, retenue sur la poitrine par une broche en or (une saie) ainsi qu’une chemise en soie (une coule ?) Des sandales en peau d’agneau aux pieds et dans la main un poignard étincelant dont la poignée d’ivoire était décorée d’anneaux d’or.
Ou celui de ses deux compagnons : des capes rouges retenues sur la poitrine par une fibule d’argent, des sandales pourpres et des poignards à poignée blanche.
Pour le reste, ils n’avaient ni lance ni épée, car c’étaient leurs assistants qui les portaient.
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Si l’on en croit ce que rapporte à propos de l’œuf de serpent, Pline (Hist. Nat. XXX, 52 : en fait un oursin fossile), il devait y en avoir un fixé aux saies ou aux manteaux de tous ces très-sachants. « Ils disent que cet œuf est projeté en l’air par les sifflements des serpents et qu’il convient de le recueillir dans une saie avant qu’il ne touche terre ».
Fin du tome II.
ANNEXE 1.
« Hommes supérieurs, apprenez donc à rire ! »
(F. Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, LXIII.)
Et nous nous disons : « Soyez philosophe afin de rire de tout » comme Merlin 1) éclatant de rire PUISQU’IL SAIT.
Le roman de Merlin d’après le manuscrit de M. Alfred Huth de Londres dont la rare et intelligente libéralité a rendu possible la publication de ce document
Tome premier Paris 1886
NB. Cette suite du Roman de Merlin, composée dans la première moitié du XIIIe siècle, est l'une des continuations du Merlin de Robert de Boron.
PUISQU’IL SAIT.
Que sa mère ne sera pas exécutée à cause des circonstances de sa naissance.
Page 28.
Le juge reconnaît en effet que, puis qu'il épargne sa propre mère, il ne peut condamner celle de Merlin, mais lui demande de lui dire de qui il est le fils. Merlin répond qu'un diable (textuellement un Ekupedes ?) l'a engendré, mais que Dieu, par considération de sa mère, lui a donné la science de l'avenir en plus de celle du passé qu'il tient de son père.
Que le vrai père du juge va se suicider.
Page 29.
Que les émissaires du roi Vertigier ne voudront pas lever la main sur lui en découvrant ses pouvoirs
Page 44.
Et quant il oirent chou que Merlins disoit, si en furent tout esbahi. Et dist li uns a l'autre: « Chis enfes nous dist merveilles. Et moult feriens grant pechié se nous l'ochiiemes. » Et chascuns dist: « Je m'en voel mieus parjurer. »
Traduction dans notre langue d’aujourd’hui, car c’est encore plus compliqué que du Shakespeare.
« Et quand ils eurent entendu ce que Merlin disait, ils en furent stupéfaits. Et se dirent l’un l’autre : « cet enfant nous dit des merveilles. Nous commettrions un très grand péché en le tuant ». Et chacun de s’exclamer « je préfèrerais me parjurer ».
Que le malheureux paysan qui ramène du cuir pour réparer ses chaussures avant de partir en pèlerinage… mourra avant même d’avoir pu les mettre.
Page 48-49.
Merlin, accompagnant les messagers, traverse une ville ; il voit un vilain qui rapporte chez lui du cuir qu'il vient d'acheter pour réparer ses souliers avant de partir, et il se met à rire ; interrogé, il explique que le vilain sera mort avant d'arriver chez lui ; deux des messagers le suivent et le voient, en effet, tomber mort sur le chemin.
Que le vrai père biologique de l’enfant qu’on enterre n’est pas l’homme en pleurs en tête du cortège, mais le curé du village.
Page 50.
Dans une autre ville, ils voient l'enterrement d'un enfant ; le père le suit en pleurant. Merlin rit, et dit que celui qui devrait pleurer est le prêtre qui chante, et qui est le vrai père de l'enfant. On constate encore qu'il a dit vrai.
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Ajoutons que cette connaissance de l’avenir et notamment du moment de la mort ne fait pas toujours rire Merlin.
Pages 80 -84.
Un des barons du roi, jaloux de Merlin, prétend prendre sa science en défaut. Trois fois déguisé, il lui demande comment il mourra. Merlin lui annonce la première fois qu'il se cassera le cou en tombant de cheval, la seconde fois qu'il sera pendu et la dernière qu'il sera noyé. Le baron se moque de ces contradictions, mais peu de temps après, la triple prédiction se réalisera.
Vie de Merlin attribuée à Geoffroy de Monmouth.
« Pendant ce temps, la reine traversait la salle à la recherche du roi, et celui-ci, comme il se doit, la salua en arrivant, la prit par la main, lui demanda de s'asseoir et, l'embrassant, pressa ses lèvres dans un baiser. Ce faisant, il tourna son visage vers elle et vit une feuille suspendue dans ses cheveux ; il tendit les doigts, la prit et la jeta en plaisantant joyeusement avec la femme qu'il aimait. Le prophète tourna les yeux dans cette direction et sourit, ce qui fit que les hommes qui se trouvaient là le regardèrent avec étonnement, car il n'avait pas l'habitude de sourire. Le roi aussi s'en étonna et pressa le fou de dire pourquoi il éclatait soudainement de rire, et il ajouta à ses paroles moult présents. L'autre se tut et remit à plus tard l'explication de son rire. Mais Rhydderch continua de plus en plus à le couvrir de richesses et le harceler de supplications, jusqu'à ce que le prophète, vexé, lui dise en retour de ses cadeaux : « Un avare aime les cadeaux et un homme avide s'efforce d'en obtenir un ; ils sont facilement corrompus par les cadeaux et orientent leur esprit dans n'importe quelle direction. Ce qu'ils ont ne leur suffit pas, mais pour moi, les glands de l'agréable [forêt de] Caledon et les brillantes fontaines qui coulent dans les prairies odorantes me suffisent. Je ne suis pas attiré par les cadeaux ; que l'avare prenne le sien, et à moins qu'on ne me donne la liberté et que je puisse retourne dans les vertes vallées boisées, je refuserai de dire pourquoi j’ai ri ».
Aussi, lorsque Rhydderch s'aperçut qu'il ne pouvait pas amadouer le prophète par des cadeaux, et qu'il ne pourrait pas découvrir la raison de son rire, il ordonna de détacher ses chaînes et lui donna la permission de partir dans les bois, afin qu'il soit disposé à donner l'explication désirée. Merlin, se réjouissant de pouvoir enfin partir, lui dit : « Voici la raison de mon rire, Rhydderch. Tu as été en un seul acte à la fois louable et blâmable. Lorsque tout à l'heure tu as enlevé la feuille que la reine avait dans les cheveux sans le savoir, tu as agi plus fidèlement envers elle qu'elle ne l'a fait envers toi lorsqu'elle s'est rendue derrière les buissons où son amant l'a retrouvée et a couché avec elle ; et tandis qu'elle était couchée là, sur le dos, les cheveux étalés, le hasard a fait que s'y est accrochée la feuille que tu as enlevée, sans savoir tout cela. »
Rhydderch changea de figure à l’énoncé de cette accusation et détourna son visage de celui de sa femme en maudissant le jour où il l'avait épousée. Mais elle, pas le moins du monde affectée par tout cela, cacha sa honte derrière un visage souriant et dit à son mari : « Pourquoi es-tu triste, mon amour ? Pourquoi te mets-tu dans une telle colère pour ça, et me blâmes-tu injustement, crois-tu un fou qui, manquant de bon sens, mélange mensonges et vérité ? L'homme qui le croit est encore plus fou que lui. Maintenant, regardez, et si je ne me trompe pas, je vous démontrerai qu'il est fou et qu'il n'a pas dit la vérité. »
Il y avait dans la salle un garçon parmi d'autres, et la rusée l'ayant aperçu, pensa aussitôt à un nouveau tour de passe-passe pour convaincre son frère de mensonge. Elle ordonna donc au garçon d'entrer et demanda à son frère de prédire de quelle mort il devait mourir. Il répondit : très chère sœur, il mourra, quand il sera devenu un homme, en tombant d'une falaise ». Souriant à ces mots, elle ordonna au garçon de s'en aller, d'enlever les vêtements qu'il portait et d'en mettre d'autres, et de couper ses longs cheveux ; elle lui demanda ensuite de revenir afin de sembler être une autre personne. Le garçon lui obéit, et il revint vers eux avec de nouveaux vêtements comme il lui avait été ordonné de le faire. Puis la reine demanda de nouveau à son frère : « Dis à ta chère sœur comment mourra ce garçon. » Merlin répondit : « Ce garçon, quand il sera grand, connaîtra une mort violente dans un arbre, après avoir perdu l'esprit. » Quand il eut terminé, elle dit à son mari : « Ce faux prophète a-t-il pu vous égarer au point de vous faire croire que j'avais commis un si grand crime ? Et si tu remarques à quel point il y a peu de bon sens dans ses propos concernant le garçon, tu verras que les choses qu'il a dites sur moi ont été inventées pour lui permettre de s'enfuir dans les bois. Loin de moi l'idée de faire une telle chose ! Je garderai mon lit intact, et je serai toujours chaste tant que le souffle de la vie sera en moi. Je l'ai convaincu de mensonge quand je l'ai interrogé sur la mort du garçon. Maintenant, je vais recommencer ; soyez attentifs et jugez ».
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Après avoir dit cela, elle demanda en aparté au garçon de sortir et de mettre des vêtements de femme, puis de revenir ainsi habillé. Le garçon sortit et fit ce qu'on lui demandait, et il revint en habits de femme, comme s'il était une femme, en se tenant devant Merlin à qui la reine demanda en badinant : « Dis, mon frère, parle-moi donc un peu de la mort de cette fille ». « Fille ou pas, elle mourra dans la rivière », lui répondit son frère, ce qui fit rire le roi Rhydderch, puisque, interrogé sur la mort d'un seul et même garçon, Merlin en avait prédit trois sortes différentes. Rhydderch pensa donc qu'il avait menti à propos de la reine, et ne lui accorda plus aucun crédit, mais en fut très affligé, car il détesta le fait qu'il l’avait cru pour commencer et avait condamné sa bien-aimée. La reine, voyant cela, lui pardonna et l'embrassa, le caressa et le rendit tout joyeux……………..
Tous pensaient qu'il avait menti au sujet de la mort du garçon, car il avait parlé de trois morts différentes alors qu'il aurait dû parler d'une seule. C'est pourquoi, pendant de longues années, son discours sembla vide de sens, jusqu'au moment où le garçon devint adulte ; alors, tout le monde s'en aperçut et beaucoup en furent convaincus. En effet, alors qu'il chassait avec ses chiens, le garçon aperçut un cerf caché dans un bosquet d'arbres ; il lâcha les chiens qui, dès qu'ils virent le cerf, s’écartèrent du chemin tout en remplissant l'air de leurs aboiements. Le garçon piqua son cheval de ses éperons et les suivit, et pressa les chasseurs, les dirigeant, tantôt de son cor, tantôt de sa voix, pour leur demander d'aller plus vite. Il y avait une haute montagne entourée de tous côtés par des rochers, avec un ruisseau qui coulait dans la plaine à ses pieds ; l'animal s'y enfuit jusqu'à ce qu'il arrive à la rivière, en cherchant une cachette à la façon habituelle de son espèce. Le jeune homme lui de son côté, poursuivit son chemin et traversa la montagne, en cherchant le cerf dans les rochers. Mais alors que son impétuosité lui faisait perdre toute prudence, son cheval glissa d'un rocher abrupt et l'homme chuta dans la rivière, de telle sorte qu'un de ses pieds se prit dans un arbre et que le reste de son corps fut submergé par le courant. C'est ainsi qu'il tomba, qu'il fut noyé, qu'il fut pendu à un arbre et que, par sa triple mort, il prouva que Merlin était un vrai prophète ».
Soyons clairs. Nous ne croyons pas en la possibilité de connaître l’avenir comme cela, par inspiration divine ou diabolique, ce que nous disons c’est que l’homme qui sait beaucoup de choses peut prévoir.
La prédiction d’un oracle est une prophétie, c’est-à-dire qu’elle est inconditionnelle : elle n’a d’autre origine que la volonté des Dieux et est donc inévitable, elle doit s’accomplir, quelles que soient les conditions dans lesquelles se trouve le malheureux. Les prévisions que l’on trouve dans les journaux spécialisés, les rapports d’experts et les ouvrages scientifiques sont au contraire conditionnelles : elles énoncent ce qui se passera pour un système donné, si certaines conditions sont réunies, et si notre connaissance du comportement de ce système est correcte.
Cette différence entre prophéties et prévisions conditionnelles reflète une différence dans la manière dont oracle et scientifique en arrivent à leur prédiction. Un oracle reçoit sa connaissance du futur des Dieux : il est tout aussi aveugle sur les raisons qui font que cette prédiction se réalise que ceux à qui il l’annonce, et ce sont les Dieux qui s’arrangent pour que, quel que soit le déroulement des événements, ceux-ci prennent toujours l’aspect que l’oracle avait prophétisé. Les scientifiques (lorsqu’ils ne jouent pas eux-mêmes aux prophètes) tirent leurs prévisions non seulement des connaissances qu’ils ont sur l’objet particulier dont ils tentent de prédire l’avenir, mais aussi des théories qui décrivent comment se comportent ces objets en général.
Ainsi, alors que le processus par lequel l’oracle arrive à sa prédiction est opaque, mystérieux et inconnu, le processus par lequel un scientifique réalise sa prévision doit être transparent et public, car il est aussi important, voire plus, que son résultat lui-même. En effet, les prévisions scientifiques ne peuvent avoir lieu que si l’on décrit un système en fonction d’un certain nombre de variables, et que l’on sait, sur la base d’hypothèses clairement énoncées, comment ces variables sont reliées les unes aux autres. C’est à cette seule condition qu’une prévision peut être utile à l’activité scientifique, en permettant de tester les hypothèses en question, de définir un protocole expérimental pour obtenir un effet donné, ou concevoir un objet technique qui accomplit une tâche avec une certaine fiabilité. Aucune prévision dont le processus prédictif n’est ni transmissible ni répétable n’est une prévision scientifique.
Merlin ne rit de personne. Il se moque du destin. Le rire de Merlin n’est ni moqueur, ni narquois, ni blessant. C’est un rire de philosophe. Il voit tout simplement ce que le commun des mortels ne voit pas. CAR DES MENDIANTS ASSIS SUR DES TRÉSORS DIEU SAIT QU’IL Y EN A PLUS D’UN DANS CE MONDE OÙ L’ON PRÉFÈRE DONNER DES POISSONS QU’APPRENDRE À PÊCHER.
OR LE PHILOSOPHE NE PEUT QUE SE RIRE DES HOMMES QUI CHÉRISSENT LES CAUSES DONT ILS DÉPLORENT LES EFFETS.
Le troisième exemple que nous en donnerons est le plus clair à ce sujet AU NIVEAU DU SYMBOLE
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Car il n’y est pas simplement question de mort, mais aussi DE L’IRONIE DU DESTIN.
« Le prophète, ainsi capturé, fut accablé de tristesse et voulut retourner dans les bois, il lutta pour briser ses liens et refusa de sourire ni de prendre de la nourriture ou de la boisson, et par sa tristesse inquiéta sa sœur. Rhydderch, le voyant bannir de lui toute joie et refuser de goûter aux banquets qui avaient été préparés en son honneur, eut pitié de lui et ordonna qu'on le conduise en ville, sur la place du marché, au milieu des badauds, dans l'espoir qu'il retrouverait le sourire en allant voir les nouveautés qui s'y vendaient.
Après qu'on l'eut fait sortir et qu'il se fut éloigné du palais, il aperçut devant une porte un domestique semblant très pauvre, le portier, qui demandait à tous les passants, en tremblant des lèvres, de l'argent pour faire raccommoder ses vêtements. Alors le prophète s'arrêta et se mit à rire, en regardant le pauvre homme. Après être parti d'ici, il vit un jeune homme qui tenait des chaussures neuves à la main et achetait des morceaux de cuir pour les rapiécer quand elles seraient trouées. Alors il se mit à rire de nouveau et refusa d'aller plus loin sur la place du marché pour ne pas être dévisagé par les gens qu'il observait…
Les serviteurs du roi rentrèrent à la maison et racontèrent que Merlin avait ri deux fois et aussi qu'il avait essayé de s'enfuir dans les bois. Rhydderch, qui souhaitait savoir ce qu'il avait voulu dire en riant ainsi, donna aussitôt l'ordre de détacher ses liens et lui donna la permission de retourner dans sa forêt habituelle, à condition qu'il explique pourquoi il avait ri. Le prophète, hilare, lui répondit : « Le portier était assis devant les portes, vêtu d'habits élimés, en demandant sans cesse à ceux qui passaient de lui donner de quoi s'acheter des vêtements, comme s'il avait été indigent, alors qu'il était sans le savoir un homme riche puisqu’il avait sous lui un tas de pièces d'or enterrées. C'est ça qui m’a fait rire ; retournez la terre sous lui et vous trouverez des pièces d’or cachées là depuis longtemps. Ensuite les gardes m’ont conduit plus loin, vers la place du marché, et j’y ai vu un homme qui achetait des chaussures avec aussi de quoi les ressemeler, afin qu'une fois les chaussures usées et trouées par leur utilisation, il puisse les réparer et les remettre en état. Cela aussi m’a fait rire, car le pauvre ne pourra jamais utiliser ces chaussures ni, ajouta-t-il, les pièces de rechange, puisqu'à l'heure où on parle il est déjà mort, noyé, et qu'il flotte le long du rivage ; vas-y et tu verras. » Rhydderch, désireux de vérifier les dires de notre homme, ordonna à ses serviteurs de se rendre rapidement sur la rive du fleuve, afin si par hasard ils trouvaient l’homme en question noyé et flottant près de la rive, qu'ils puissent aussitôt l’en informer. Ils obéirent aux ordres du roi, et après avoir longé le fleuve, trouvèrent effectivement un homme noyé sur la grève, ils rentrèrent donc pour l’en informer. Mais le roi, entre-temps, après avoir fait partir le portier, avait lui-même creusé et retourné le sol et trouvé un trésor caché à cet endroit ; en riant il en rendit grâce au prophète ».
La présence dans le Talmud de Babylone d’anecdotes semblables avec le démon Asmodée 2) à la place de Merlin (Guittin, 68 b) montre que ce genre de paradoxe intéressait aussi les intellectuels juifs (les rabbins) depuis longtemps. Car le rire de Merlin illustre en réalité le triomphe de la connaissance. Ce qui est en jeu dans le rire de Merlin est lié à la disjonction entre ce que Merlin sait et ce que les autres croient au sujet de leur avenir : la certitude que la mère de Merlin a d'être brûlée s'oppose à la connaissance qu'il a du contraire ; la paternité illusoire du juge, au savoir du Merlin, qui voit que la révélation de la vérité tuera (voir également le sort du vrai père de l'enfant mort) ; l'investissement que le paysan fait dans du cuir afin de réparer de vulgaires chaussures contraste avec la perception, par Merlin, de sa mort imminente.
Cette dichotomie entre les différentes façons de savoir apparaît le plus explicitement au cours des deux épisodes de triple mort. Merlin prédit à chaque fois une mort différente et pourtant TOUTES CES PRÉDICTIONS SE RÉALISERONT. Ce qui est aussi une façon de dire qu’on ne saurait échapper à son destin.
1) L’historicité de Merlin est très discutée. Une des hypothèses en fait un barde du dernier roi païen du Nord, Gwenddolleu ap Ceidio (mort en 573 lors de la bataille d’Arfderydd). Son royaume s’étendait autour du Solway. Merlin serait né vers 540 et aurait alors survécu sous le nom de Myrddin Wyllt dans la forêt calédonienne. 6 poèmes lui sont attribués : Gwin y Bid hi y Vedwen,Yr Afallennau,Yr Oianau, Gwasgargerdd fyrddin yn y Bedd, Peirian Vaban.
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2) Ashmedai vit un aveugle qui était perdu sur la route et le remit dans la bonne direction. Il vit un ivrogne qui s’était perdu sur la route et il le remit dans la bonne direction. Il vit la joie d'une célébration de mariage où l’on faisait la fête et il pleura. Il entendit un homme dire à un cordonnier [ushkafa] : fais-moi des chaussures qui dureront sept ans, et cela le fit rire.
ANNEXE N° 2.
ÉLOGE DE L’INCROYANCE OU CONCLUSION SUR LES TROIS RELIGIONS DE MASSE.
1) Si les juifs chrétiens ou les musulmans, ont le droit, et personne ne songe à le leur contester, de dire tout le bien qu’ils pensent de leurs religions respectives et notamment de prétendre qu’elles ont été instituées par Dieu ; les incroyants doivent avoir le droit de dire tout le mal qu’ils en pensent, eux, et notamment d’affirmer que ces religions sont au contraire une véritable insulte à l’intelligence humaine.
2) Les croyances que les premiers ont le droit de présenter comme des vérités immuables et divines, les seconds doivent avoir le droit de les regarder comme un tissu de stupidités anachroniques et de le dire sans ménagement.
3) On ne pourrait leur demander de se taire ou, du moins d’avoir recours à la litote, que si les croyants eux-mêmes en faisaient autant.
4) Or, s’il est vrai que les chrétiens d’aujourd’hui tendent à être de moins en moins dogmatiques, au point que les incroyants sont de plus en plus souvent obligés de leur rappeler à quoi ils sont censés croire ; il n’en est pas de même des musulmans.
5) Et c’est sans doute ce qui fait qu’à la différence de la religion chrétienne, maintenant trop peu sûre d’elle-même pour être encore oppressive, la religion musulmane reste profondément aliénante pour les esprits libres.
6) Et c’est aussi pourquoi l’islamophobie reste pleinement justifiée, n’en déplaise à notre Président !
7) Les croyants disent volontiers qu’ils se sentent personnellement insultés lorsque l’on critique leurs croyances et à plus forte raison lorsqu’on les tourne en dérision.
8) Aussi, et on l’a vu encore tout récemment avec l’affaire des caricatures de Mahomet, beaucoup d’entre eux, les musulmans surtout, voudraient imposer « le respect universel des religions » à certaines exceptions près (paganisme idolâtrie animisme panthéisme, etc.) et en commençant par la leur évidemment puis en finissant par celle des autres. Bref, le monde entier devrait respecter (se conformer à ?) leur religion, pour ne pas dire la suivre, voire pourquoi pas s’y convertir.
9) Certes, il est naturel que les croyants ne soient pas très heureux et qu’ils se sentent plus ou moins blessés dans leur amour-propre, lorsqu’on leur dit, comme l’a fait le baron d’Holbach, qu’ils croient en des stupidités ridicules.
10) Et, certes, l’incroyant qui leur dit cela n’entend pas rendre ainsi hommage à leur intelligence.
11) Mais devant l’absurdité de certaines croyances religieuses, la première réaction de l’incroyant est nécessairement de se poser des questions sur le quotient intellectuel des croyants.
12) Mais il ne pense pas pour autant que tous les croyants sont nécessairement des imbéciles, ni non plus d’ailleurs que tous les incroyants sont nécessairement intelligents.
13) L’incroyant sait fort bien sait qu’au-delà de la simple paresse intellectuelle et du conformisme social qui les poussent à ne pas remettre en question les « vérités » qu’on leur a inculquées dans leur enfance ; les croyants sont généralement mus par des mobiles que l’on peut comprendre, notamment le désir d’avoir des réponses à des questions auxquelles l’incroyant aimerait bien, lui aussi, pouvoir répondre.
14) Le désir de retrouver dans un autre monde les êtres que l’on a aimés ou d’y goûter des joies que l’on aurait apprécié de pouvoir goûter dans celui-ci.
15) C’est pourquoi les incroyants ont toujours su distinguer entre les personnes des croyants, qu’ils respectent (qui pourraient être leur mère ou leur femme), et leurs croyances, qu’ils ne peuvent que juger très sévèrement. Ils reconnaissent que les croyants ont souvent de grandes qualités humaines et même de grandes qualités intellectuelles, en dépit de l’absurdité de leurs croyances.
16) Et ils y ont d’autant plus de mérite que les croyants, eux, sont souvent peu enclins à leur rendre la pareille, et à faire une semblable distinction entre les personnes des incroyants et leurs opinions philosophiques.
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17) Bien au contraire, les trois religions de masse monothéistes ont presque toujours mis en cause la personne même des incroyants ; par exemple en prétendant que leur incrédulité s’expliquait essentiellement, sur le plan intellectuel, par la sottise, ou à tout le moins par la paresse et la légèreté ; mais aussi, sur le plan moral, par un orgueil immodéré, qui leur faisait rejeter toute autorité. Ainsi que par une profonde dépravation ou le désir de s’adonner sans contrainte à tous leurs bas instincts, et à toutes leurs passions.
18) Aux yeux de la grande majorité des dévots, les incroyants ont toujours été à la fois des « insensés » et « des méchants », des « sots » et des « pervers ».
19) La Bible et plus encore le Coran abondent en injures envers les incroyants.
20) Le psalmiste traite les athées d’insensés. « L’insensé a dit en son cœur : Plus de Dieu ! » (Psaumes 14 et 53, verset 1.) Il interpelle les « impies » en ces termes : « Hommes stupides entre tous, sachez-le ; esprits bornés, serez-vous un jour intelligents ? » (Psaume 94, verset 8.)
21) Mahomet répète à satiété que seuls ceux qui sont « doués d’intelligence », seuls ceux qui « réfléchissent », sont capables de reconnaître et de comprendre les « signes » que Dieu a envoyés à son prophète (38, 29 ; 39, 9 ; 41,3 ; 45, 5). Ceux qui refusent de le faire sont des « sots » (2, 13), des « orgueilleux » (38, 2 ; 74, 23) et des « hommes dans l’erreur » (2, 92) le pire de l’humanité (98,6).
22) Quant aux auteurs chrétiens, qu’ils soient religieux ou laïques, ils ont déversé sur les incroyants de tels tombereaux d’expressions méprisantes et d’insultes, qu’il serait impossible de pouvoir toutes les recenser. Quiconque commencerait à s’atteler à cette tâche, aurait très rapidement de quoi faire un gros livre…
Notre ami René Pommier est un spécialiste de la littérature du XVIIe siècle, et malheureusement sa conclusion est que les philosophes français de cette époque ont eu des réactions consternantes en ce domaine. En voici trois extraits, peu flatteurs pour l’amour-propre des Français, qui ne brillent guère par leur esprit en l’occurrence.
Si Pascal, qui a des amis libertins, se montre un peu plus compréhensif à leur égard ; il n’en pense pas moins, comme Bossuet, que ce sont des esprits superficiels, futiles, qui ne veulent pas se donner la peine de s’informer sérieusement ni de réfléchir vraiment. « Ils croient donc avoir fait de grands efforts pour s’instruire, lorsqu’ils ont employé quelques heures à la lecture d’un livre des Saintes Écritures, et qu’ils ont interrogé quelque ecclésiastique sur les vérités de la Foi. Après cela, ils se vantent d’avoir cherché sans succès dans les livres et parmi les hommes ». Pascal est persuadé qu’ils n’ont à opposer à la religion que des arguments simplistes et ridicules. « Faites leur rendre compte de leurs sentiments et des raisons qu’ils ont de douter de la religion : ils vous diront des choses si faibles et si basses qu’ils vous persuaderont du contraire ».
La Bruyère, lui aussi, pense que les incroyants sont ignorants et inaptes à toute réflexion véritable : « L’ignorance qui est leur caractère les rend incapables des principes les plus clairs et des raisonnements les mieux suivis ». Et il est, en outre, convaincu que les athées sont tous des êtres immoraux et dépravés. « Je voudrais voir un homme sobre, modéré, chaste, équitable, prononcer qu’il n’y a point de Dieu : il parlerait du moins de façon désintéressée ; mais un tel homme n’existe pas » !
Pour clore et couronner ce très bref échantillon des propos méprisants, injurieux, voire haineux, que les croyants ont tenus pendant tant de siècles à l’égard des incroyants ; je ne saurais sans doute mieux faire que de citer ces lignes de Paul Claudel implorant Dieu en ces termes : « Ne me perdez pas avec les Voltaire, les Renan, les Michelet, les Hugo, et tous les autres infâmes ! Leur âme est avec les chiens morts, leurs livres sont devenus fumier. Ils sont morts, et leur nom, même après leur mort, est un poison et une pourriture ».
Dans le « Guide de lecture » annexé au Catéchisme de l’Église catholique, on peut lire ceci : « Le refus de Dieu que professe l’athéisme et le refus de se prononcer à son sujet de l’agnosticisme, même s’ils s’expliquent par divers motifs ; n’en traduisent pas moins un réel déficit dans l’exercice de l’intelligence ». Et lors de l’audience générale du mercredi 14 avril 1999 intitulée « la réponse chrétienne à l’athéisme moderne » donnée au Vatican ; Jean-Paul II n’a pas craint de reprendre, pour qualifier les athées, le terme même dont se servait le Psalmiste : « Le Psalmiste qualifie d’insensé celui qui se dit dans son cœur « Dieu n’existe pas » (Ps 14,1).
J’avoue ne guère savoir en quels termes les juifs religieux d’aujourd’hui parlent des incroyants. Mais je n’ai pas entendu dire qu’ils avaient renoncé à la fâcheuse habitude de commencer leur journée en remerciant Dieu de ne pas les avoir créés non-juifs. Il est vrai que certains juifs, un peu plus libéraux, préfèrent avoir recours à une formulation positive en remerciant Dieu, non plus de ne pas les avoir créés non-juifs, mais de les avoir faits juifs. Cela pourtant ne change rien, car cela revient toujours à dire que les juifs sont un peuple élu par rapport aux non-juifs, et donc à commencer sa journée en
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affichant son mépris pour les autres croyants, a fortiori, pour les incroyants, considérés comme des sous-hommes. Pour plus de détails sur la Birkat ha Minim voir notre cahier de notes sur le judaïsme.
Mais c’est, bien sûr, chez les musulmans que l’on rencontre aujourd’hui le plus de mépris, voire de haine pour les incroyants. Et comment pourrait-il en être autrement puisque ce mépris et cette haine sont exprimés d’une manière obsessionnelle tout au long du Coran ? J’ai assez souvent voyagé dans des pays musulmans, et j’ai entendu plusieurs fois des guides locaux qui, pour montrer leur largeur d’esprit et s’attirer la sympathie des touristes, déclaraient qu’ils sympathisaient volontiers avec des non-musulmans, chrétiens ou juifs. Mais ajoutaient aussitôt qu’il en allait tout autrement avec ceux qui n’avaient pas de religion : ceux-là, ils ne voulaient pas les connaître, ils ne voulaient avoir aucune relation avec eux, ils refusaient de les regarder comme des êtres humains.
Au total, c’est l’incroyant beaucoup plus que le croyant, qui serait fondé à se plaindre d’être l’objet du mépris et de la haine de ceux qui ne pensent pas comme lui. Et il n’est pas étonnant qu’il en soit ainsi. Car, si, comme je l’ai dit, l’incroyant peut comprendre assez facilement les raisons du croyant, ou du moins certaines d’entre elles, qui sont sans doute les plus importantes ; il n’en est pas de même pour le croyant qui a, au contraire, généralement beaucoup de peine à admettre les véritables raisons de l’incroyant, et demeure facilement porté à lui en prêter d’autres. Or les vraies raisons de l’incroyant ne sont autres que l’invraisemblance, l’extravagance, l’absurdité, ainsi que l’évidente fausseté des croyances religieuses. Pour le croyant, commencer seulement à comprendre les raisons de l’incroyant, c’est donc déjà commencer à douter. Pour pouvoir les comprendre vraiment et pleinement, il faudrait qu’il cessât tout à fait de croire. Les croyants ne commencent à respecter les incroyants que quand ils commencent à ne plus vraiment croire, que quand ils commencent à se dire tout au fond d’eux-mêmes que les incroyants pourraient bien avoir raison.
L’incroyant peut, au contraire, comprendre très facilement les raisons du croyant, sans pour autant se sentir le moins du monde porté à le rejoindre. Il peut très bien comprendre que l’on puisse souhaiter avoir des réponses à des questions que l’on ne peut pas ne pas se poser ; sans pour autant être le moins du monde tenté de se rallier à celles que lui proposent les religions ou les sectes. Car, si forte que puisse être son envie d’avoir des réponses, il ne saurait considérer comme telles des absurdités manifestes. À Pascal qui ne craint pas de nous dire que « sans ce mystère incompréhensible [le péché originel] nous sommes incompréhensibles à nous-mêmes » ; Ernest Havet répond fort justement : « Un fait incompréhensible est encore un fait, mais une explication incompréhensible n’est plus du tout une explication ».
23) L’incroyant est trop conscient de l’impossibilité absolue de trouver la clef de l’énigme pour pouvoir seulement envisager d’adopter quelque solution que l’on puisse lui proposer ; quand bien même elle ne serait pas aussi évidemment dénuée de tout fondement que celles auxquelles les croyants se raccrochent.
24) Lorsque des témoins de Jéhovah ou d’Allah ou des membres d’une autre secte viennent sonner à ma porte pour m’expliquer qu’ils ont la vérité, eux, et pour proposer de m’en faire part ; je leur réponds que, si un jour quelqu’un l’avait vraiment trouvée, la nouvelle se serait répandue comme une traînée de poudre, elle aurait fait le tour du monde ; et ils ne seraient pas en train de faire du porte-à-porte pour annoncer une vérité qu’ils ne connaissent pas plus que ceux auxquels ils s’adressent.
25) Les incroyants ne demanderaient pas mieux que quelqu’un vienne leur apporter de vraies réponses à leurs interrogations.
26) Et c’est pourquoi quand les croyants leur disent qu’ils connaissent, eux, la solution, alors qu’ils n’ont à leur proposer qu’un grotesque assortiment de sornettes, qu’un fatras de fables et fariboles aussi rocambolesques qu’anachroniques ; ils peuvent, eux aussi, se sentir offensés, comme le serait un mendiant à qui l’on donnerait un bouton de culotte, ou un homme affamé à qui l’on offrirait du fromage en plâtre et du pain en bois.
27) Ils peuvent, eux aussi, être profondément irrités par des croyances et des pratiques qui, au-delà de ceux qui s’y livrent ou s’y adonnent, tendent à jeter le ridicule sur notre espèce tout entière.
28) Pourtant, si les croyants ne peuvent pas se passer de croire qu’il y a une réponse et qu’ils la connaissent ; s’ils sont obligés, pour avaler les couleuvres que leurs religions respectives leur font ingurgiter, de se livrer à toutes sortes de contorsions et de gesticulations ; les incroyants, quelles que puissent être leur déception et leur irritation, ne songent aucunement à faire quoi que ce soit pour essayer de s’y opposer.
29) Que les croyants bêlent ! Qu’ils glapissent ! Qu’ils hululent à qui mieux mieux ! Qu’ils se dandinent ! Qu’ils se trémoussent ! Qu’ils entrent en transe ! Qu’ils s’agenouillent ! Qu’ils se prosternent en levant le derrière en l’air ! Qu’ils se livrent à toutes les grimaces, à toutes les simagrées, à toutes les pitreries qu’ils voudront ! Aucun incroyant ne songe à les en empêcher ! Qu’ils se flagellent se mortifient ou se couchent sur des planches à clous dans l’intimité de leur chambre ou de leur jardin à l’abri des regards indiscrets ! Aucun incroyant ne songe à les en empêcher !
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30) Les incroyants leur contestent seulement le droit…
31) D’obliger autrui à en faire autant.
32) D’embarquer leurs enfants sur la même galère en les manipulant, en aliénant leur futur droit de choisir, en leur fermant à l’avance telle ou telle porte. Nous n’avons aucun droit en ce qui concerne nos enfants, nous n’avons que des devoirs. Nous n’avons pas des enfants, nous appartenons à nos enfants.
33) Et rien ne saurait excuser ni encore moins justifier les croyants ; lorsqu’ils prétendent contester le droit des incroyants à s’exprimer avec une entière liberté, mais une chose, au moins, devrait les empêcher, non seulement de le faire, mais même de l’envisager un seul instant ; la conscience de tous les abus, de toutes les violations des droits de l’Homme, de tous les crimes, de tous les massacres, qui ont été commis pendant tant de siècles au nom de leur dieu ; et qui, dans le cas de l’islam sont encore commis tous les jours ici et là.
34) La seule pensée de tous les hérétiques et de tous les incroyants que l’Église a fait brûler après leur avoir coupé la langue, pour les empêcher de s’exprimer une dernière fois ; devrait lui interdire absolument, non pas de répondre, ou du moins d’essayer de le faire, à certaines critiques ou à certaines plaisanteries des incroyants, ce que ceux ces derniers admettent très volontiers ; mais de prétendre qu’ils n’avaient pas le droit de les faire.
35) Si certains hommes, si beaucoup d’hommes, si la majorité des hommes, ont besoin de croire à des fables comme une élection divine une résurrection ou l’isma d’un prophète et la nature incréée d’un livre sacré pour supporter notre condition humaine, hé bien qu’ils y croient ! S’ils ont besoin de proclamer leur foi, hé bien, qu’ils la proclament, pourvu bien sûr qu’ils respectent la liberté des autres. S’ils ont besoin, non seulement de penser que les incroyants sont des imbéciles, mais de le dire, hé bien qu’ils le disent ! Si cela peut les soulager de traiter les incroyants de tous les noms, hé bien qu’ils le fassent !
36) Mais qu’ils ne prétendent pas exiger que les incroyants respectent leurs croyances, qu’ils n’essaient pas de les obliger à se censurer eux-mêmes et à restreindre, si peu que ce soit, leur liberté d’opinion et d’expression ! Messieurs les croyants, un peu de décence s’il vous plaît !
37) Les incroyants respectent la croyance des croyants dans l’exacte mesure où les croyants respectent leur incroyance à eux. C’est le très païen principe basique de réciprocité. On ne peut décemment leur en demander plus. Le principe de réciprocité.
Ainsi que nous l’avons déjà signalé plus haut, René Pommier, qui a enseigné la littérature française du XVIIe siècle, est l’auteur de nombreux ouvrages dont plusieurs manifestent un irrespect jubilatoire des superstitions religieuses.
Ainsi que nous avons eu l’occasion de le dire, nous ne sommes d’accord qu’à 98 % avec une telle analyse du phénomène de la Croyance. Pour ce qui est de l’intelligence des croyants, nous sommes encore plus radicaux que lui et nous préférons nous en tenir à la comparaison ou à l’image suivante.
Tout être humain, serait-il le plus intelligent des hommes, a dans sa tête une zone de non-intelligence d’où sont exclues raison et réflexion. Un triangle des Bermudes ou du Diable où disparaissent bon sens ou esprit critique normal, ainsi que culture. Un peu comme une faille, d’une très faible largeur, certes, parfois, MAIS TOUJOURS D’UNE TRÈS GRANDE PROFONDEUR. Cette zone de non-intelligence du cerveau, analogue aux zones de non-droit de certains quartiers ou de certaines régions de certains pays, où ne règnent plus les lois de la logique ; peut concerner, suivant les individus, des domaines aussi divers que la sexualité, l’argent, l’orgueil, mais aussi la religion.
Oui, mais René Guénon m’objectera-t-on. Eh bien tant pis pour les adeptes de la Tradition primordiale, mon avis à moi est que se convertir à l’islam n’a jamais été une preuve d’intelligence ; sauf évidemment dans le cas des Toulaqua comme Abou Soufiane avant la prise de La Mecque en 630. Abou Soufiane, voilà au moins un musulman auquel on ne peut guère reprocher d’avoir idolâtré un simple mortel comme Mahomet. Car l’islam est la dernière des idolâtries, et l’objet de ce culte idolâtre qui est une véritable insulte à l’Être supérieur, s’appelle Mahomet.
Il y a des gens intelligents, et très intelligents même, que la religion peut rendre bêtes, voire même très bêtes. À croire que l’être humain (ça doit être un défaut de fabrication) a besoin d’une telle soupape de sécurité pour ne pas exploser (sans quoi il se suiciderait ??) À croire qu’il est impossible à un être humain d’être à 100 % intelligent, à 100 % rationnel. Il lui faut un exutoire. Des moments de folie ! Un point aveugle comme dans le cas de la rétine de notre œil (il correspond à l’endroit où le nerf optique et les vaisseaux sanguins quittent l’œil).
Vous avez un doute quant à l’existence de ce point ? Alors, essayez ce test visuel et vous comprendrez.
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+ O
Fermez votre œil gauche et fixez bien la croix, et uniquement la croix, approchez-vous à environ 30 cm, vous ne verrez plus la petite lunule. Si vous la voyez toujours, rapprochez-vous un peu ou éloignez-vous, il y aura un endroit précis où vous ne verrez plus la lunule.
De même : Fermez votre œil droit et fixez bien la lunule et uniquement la lunule, approchez-vous à environ 30 cm, vous ne verrez plus la croix. Si vous la voyez toujours, rapprochez-vous un peu ou éloignez-vous, il y aura un endroit précis où vous ne verrez plus la croix.
Eh bien en matière d’intelligence, il en va de même, tout être humain a son point aveugle, sa tache de Mariotte, et elle varie suivant les individus : sexualité, argent, athéisme ? Mais pour certains cela peut être la religion, la preuve !
Faire preuve d’esprit rationnel, c’est d’abord confronter la religion à ses nombreuses et vraiment extravagantes contradictions. Épicure et Spinoza ont dénoncé les conceptions ridicules et contraires à l’idée de perfection divine, que les religions entretiennent.
L’impie, se défendait déjà Épicure, n’est pas celui que l’on croit, mais celui qui se fait des dieux des idées aussi sottes et contraires à leur divinité. Le double préjugé anthropocentrique et anthropomorphique. Les hommes imaginent que les dieux, comme eux, agissent en fonction d’une fin, et que leur principale fin c’est l’Homme. Orgueil démesuré, besoin de lutter contre les terreurs de la vie ou la crainte de la mort ? Tout ce qui est incompatible avec la toute-puissance ou la bonté de Dieu, et avec la réunion des deux, est mis sur le compte des limites de notre intelligence : les voies de la divinité sont impénétrables.
Mais les pierres jetées par les intégristes juifs de Jérusalem, les Natureï Karta, sur les automobilistes juifs du samedi, ne sont ni symboliques ni en caoutchouc.
John Toland, l’intellectuel qui, assez curieusement (cette celtomanie est vraiment stupide) a relancé le druidisme au XVIIIe siècle, a écrit un livre, sur, ou plus exactement contre (bourré d’idées explosives) le christianisme, qu’il voulait sans mystère ; mais tout ce qu’il a consigné dans son essai peut aussi, et doit aussi, s’appliquer à l’islam, mutatis mutandis. Toland y explique notamment que si l’on admet que nous sommes par nature incapables de bien raisonner ; alors nous ne sommes pas plus sujets à la damnation, en ne suivant pas les commandements de Dieu ; que ceux auxquels l’Évangile (ou le Coran) ne fut jamais annoncé ne le sont, en ne croyant pas au Christ (ou en Mahomet) ! Peut-on condamner celui qui ne croit pas en ce qu’ils ont dit s’il ne peut les comprendre ? Et comment ceux qui ne croient pas en Jésus ou en Mahomet pourraient-ils les suivre ? Dieu aurait mieux fait d’abréger nos spéculations afin de nous donner plus de temps pour mettre en pratique ce que nous comprenons, car, de deux choses l’une ; ou les apôtres ne pouvaient pas écrire de façon plus claire à propos de ces prétendus mystères, ou ils ont volontairement été obscurs.
S’ils n’ont pas voulu être plus clairs, alors ce n’est pas notre faute à nous, si nous ne les comprenons pas, et si nous ne les croyons pas. Et s’ils n’ont pas été capables d’être eux-mêmes plus clairs, alors ils doivent être les derniers à attendre que l’on ajoute créance à leurs déclarations.
Certains chrétiens ou certains islamistes affirment cependant que Dieu a le droit d’exiger de ses créatures qu’elles acquiescent, même à ce qu’elles ne peuvent comprendre ; mais dans quel but Dieu pourrait-il bien nous demander de croire à quelque chose que nous ne pouvons pas comprendre ? Si Foi ne signifie pas conviction rationnelle, nous ne pouvons pas donner à autrui une seule raison de partager notre espérance. Cette fameuse et admirable doctrine est sans aucun doute la source de toutes les plus incroyables absurdités qui furent jamais répandues chez les juifs, les chrétiens, ou les musulmans. Sans cette prétention, nous n’aurions jamais entendu parler de la Transsubstantiation ou des autres fables ridicules de ce genre, de l’Église de Rome. On n’aurait jamais eu à débattre de la consubstantiation ou impanation luthérienne, ni de la théorie de l’Ubiquité qui en a résulté, un peu comme un monstre en engendrant un autre. Et bien que les sociniens aient désavoué cette pratique ; à moins que je ne m’abuse, ni eux ni les ariens n’ont été capables de faire apparaître leur concept de « créature de Dieu ayant été élevée à son rang et digne d’adoration » ; plus logique que les extravagances des autres sectes concernant le Nazaréen.
Il est temps que les chrétiens reconnaissent aujourd’hui la relation pouvant exister entre leur propre langage sur le divin et celui de certains mythes du paganisme ; qu’ils renoncent à présenter révélation et mythologie, logos 1) et mythos 1), comme un combat entre l’erreur et la vérité ; car Pélage avait bien raison : l’histoire du péché originel n’est qu’un mythe suméro-babylonien 2). Cette idée, l’idée de péché, continue pourtant de régner dans les mentalités d’une grande partie du monde, en dépit de la
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déchristianisation ou de la déjudaïsation, qui n’ont pas permis de l’éradiquer. Quant à l’islam, n’en parlons même pas !
La mort de Jésus sur la croix, malgré tout le respect que l’on doit aussi à cette victime de l’impérialisme romain, le supplice en question étant vraiment atroce (voir le sort réservé aux esclaves révoltés ayant suivi Crixus et Spartacus) ; n’a pas eu plus d’effet pour le salut de l’Humanité que le supplice d’une mouche torturée avec une épingle. Le christianisme développe en effet plus d’énergie à enseigner la vertu de la douleur qu’à se battre pour améliorer le monde et alléger les déshérités de leurs peines.
Ainsi que Nietzsche l’a très bien fait remarquer, le christianisme est la pierre tombale qui pèse sur l’Homme et l’empêche de ressusciter. Cloué sur la croix, Jésus continue de mener à la mort physique ou intellectuelle, ceux qui persistent à l’adorer, depuis 2000 ans.
Je crois parce que je veux croire, c’est-à-dire parce que je suis d’humeur à croire, est le fin du fin de cette façon de voir les choses. Telle est du moins en résumé la thèse de John Toland à ce sujet (le christianisme sans mystère). Le christianisme reste une menace pour la Raison et la Libre-pensée (la libre expression des opinions). Par crainte de paraître moins savants qu’on pourrait le penser, les docteurs de la croyance musulmane, juive, ou chrétienne, glosent à l’infini sur les desseins secrets du Tout-Puissant. Le plus souvent il ne s’agit que du résultat d’impressions ou d’idées préconçues, qu’ils osent rarement corriger par des pensées plus libres ou faisant preuve de plus de maturité. Voulant être à tout prix spécialistes de la Loi sans rien comprendre de leurs propres discours ni de leurs affirmations, ils nous font la leçon. Et pourquoi s’en priveraient-ils d’ailleurs, car, à partir du moment où nous admettons ce principe, on ne voit plus très bien ce que l’on pourrait refuser de ce qui nous est dit au nom du Seigneur ? ?
Sous prétexte de fidélité à la Parole de Dieu, les pires folies ou les plus grands blasphèmes peuvent être déduits de la lettre de l’Écriture sainte. Par exemple que Dieu est sujet aux passions, qu’il est responsable du péché, que le Christ est un roc, qu’il est coupable de tous nos péchés, voire souillé par eux ; que nous sommes des brebis et non pas des hommes, que Mahomet lui-même est un saint ou un ange, etc.
Toutes ces religions reposent en effet sur l’ignorance, sur une ignorance généralisée ou sur l’ignorance de beaucoup de choses, et ne sont donc que des superstitions de secte ayant réussi 3).
Chrétiens, juifs, et musulmans parlent beaucoup de lutter contre ce qu’ils appellent les sectes, mais eux-mêmes en réalité en font partie. On répète que l’islam est tolérant. Est-ce à dire que les autres monolâtries ne le sont pas ? Que le christianisme est essentiellement amour, que le judaïsme a vocation à être universel. Tout cela est bien récent et, pour le moins, discutable. On ne peut pas dire que, jusqu’ici, les religions monolâtres (monolâtres, pas hénothéistes) aient eu un passé de tolérance. Par bonheur, il y a de plus en plus de chrétiens, de juifs, et de musulmans, tolérants ; ils y viennent à cause de l’air du temps, il faut s’en réjouir, comme pour la promotion des droits de l’Homme, mais, jusqu’ici, la tolérance ne fut pas une vertu vraiment religieuse. Une certaine attitude mentale, la philosophie qu’elle génère, dogmatique et exclusive, conduit généralement à des pratiques terrifiantes. Les fidèles de nos différentes religions abrahamiques le rappellent volontiers : le judaïsme, le christianisme, et l’islam, ne sont pas de simples doctrines ; mais une conception de l’existence humaine totale et contraignante, dans son double rapport avec les autres hommes et avec l’univers. Si les conditions le permettent, on se dépêchera de rétablir l’unité perdue, avec violence s’il le faut, et bonne conscience en tout cas. L’intégrisme n’est que l’exaspération, l’éclatement au grand jour, d’une revendication latente, consubstantielle à toute monolâtrie.
Le premier des anticléricaux a peut-être été l’Irlandais appelé Mongan (au VIIe siècle). Voir la façon dont il se moque de l’évêque Tibraide dans le récit en gaélique intitulé « Compert Mongain ocus serc Duibe-Lacha do Mongan ». Cet état d’esprit monganien s’est heureusement maintenu tout au long des siècles sous nos latitudes. Ainsi que l’a fait remarquer John Toland en parlant des saintes Écritures, s’agit-il bien d’ailleurs de la Parole de Dieu dans tout cela ? ? ?
Notre réponse à nous sera plus catégorique que celle de notre illustre prédécesseur, le grand druide gaélique Sean Eoghain Ui Thuathallain, dit John Toland en anglais, puisqu’elle s’applique également au Coran.
Elle s’inspire plutôt de la radicalité de celle d’un Mongan, et elle est négative.
Tout au long de l’Histoire, l’Homme a vu ses croyances évoluer ou s’adapter. Il est passé de l’animisme à une forme plus « intellectuelle » de la pensée religieuse, avant que certains ne finissent par comprendre que rien, strictement rien, ne permet d’établir l’existence d’un dieu quelconque. Ce fut le début de la « pensée rationnelle ».
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Face à cette Humanité en marche, et prétendant la surplomber de toute sa hauteur, il y a la caste des prêtres. Une caste privilégiée qui, comme toutes les castes privilégiées, a lutté – ou lutte encore – pour conserver son pouvoir, ou ce qu’il en reste. Jadis omnipotente, la caste des prêtres chrétiens (curés, moines, pasteurs, popes) a dû céder beaucoup de terrain. Mais dans d’autres régions du monde, sous l’influence d’autres cultures, les prêtres ont parfois conservé un pouvoir spirituel et temporel important.
Le cas spécifique de l’islam est d’une nature plus complexe, compte tenu du fait qu’il n’existe pas de véritable clergé chez les musulmans sunnites (les plus nombreux). Il nous faut donc ici considérer comme « prêtres » tous les individus qui s’érigent en donneurs de leçons religieuses, en commentateurs du Coran, ou en prédicateurs. Cela concerne aussi bien les « enseignants » des écoles coraniques que les imams ou les mollahs. Ici, la « caste des prêtres » est diffuse, sans contours précis et sans tenue vestimentaire particulière. Elle n’en existe pas moins pour autant, et c’est elle qui tire les ficelles, de l’Arabie jusqu’au fond de l’Asie et de l’Afrique, jusqu’au cœur des nations occidentales.
Leur compétence ? Savoir réciter par cœur des histoires reproduisant plus ou moins bien celles de la Bible. Ces textes de la Bible n’étaient d’ailleurs déjà eux-mêmes qu’une compilation de traditions différentes ; celles de Sumer, celles de « Yahvé » puis YHWH/Adonaï, Dieu archaïque et jaloux, celle du cananéen « El », que l’on trouve dans Isra-el (signifiant celui qui a lutté contre Dieu) et, enfin, celle d’Élohim (tous les dieux !). Certains prétendent que c’est la preuve de l’authenticité de ce livre !
Heureusement, l’archéologie nous donne maintenant une idée plus précise de la façon dont les choses se sont réellement passées au-delà des récits fantastiques remaniés par les pouvoirs successifs.
La Bible est un ramassis de mythes mal ou parfois plus adroitement mélangés à quelques récits inspirés par des faits historiques, mais elle n’a rien de factuel ni de véridique. Pas plus la Torah que sa version chrétienne la Bible, avec les ajouts du Nouveau Testament, ou que leur version musulmane, qui en plus contient beaucoup d’éléments extrabibliques, mais pas plus divins (voir cahiers de notes à ce sujet) malgré ses prétentions contraires.
La religion du peuple juif, des chrétiens, et même l’islam (à travers son biblisme forcené voire artificiel) est construite sur des mensonges. L’affirmer tombe, hélas, aujourd’hui sous le coup d’une interprétation bornée ou littéraliste des lois dites « anti racistes », car les chrétiens, les musulmans, et surtout les juifs orthodoxes (Haredim), ont toujours lutté contre la réalité historique. Mais celle-ci finit par s’imposer lentement sous l’impulsion des archéologues, que ce soit donc à Jérusalem ou à La Mecque. Doucement, mais sûrement.
Pour un être humain d’aujourd’hui normalement instruit (oui, c’est vrai qu’il faut un peu d’instruction pour cela) doué par la nature d’un peu d’esprit critique (juste la dose qu’il faut) libre de ses pensées ou bien dans sa tête (un minimum d’intelligence) un tel Dieu n’existe pas. C’est une évidence. C’est l’Homme qui a créé un tel Dieu (et d’abord les dieux), mais pas l’inverse.
Et c’est d’ailleurs heureux pour ce « Dieu ». Car si ce « Dieu » existait, s’il venait à se manifester, nous devrions le traduire immédiatement et séance tenante devant un tribunal international pour crimes contre l’Humanité !
Les antagonismes entre les hommes sont naturels. Avec la Civilisation beaucoup de ces antagonismes s’atténuent ou disparaissent, pour faire place dans l’idéal à la solidarité. Mais les antagonismes les plus irréductibles sont d’origine religieuse, car ils s’appuient sur des éléments qui ne se discutent pas, des éléments sacrés sur lesquels la raison n’a aucune prise.
Le plus grand assassin de toute l’histoire de l’Humanité, le « Hitler » qui a fait périr des centaines de millions d’êtres humains, est un « assassin virtuel ». Il n’a jamais existé ! Mais des millions d’hommes, de femmes, et d’enfants, mourront encore à cause de lui, voire pour lui, dans les années et les décennies à venir. Et ça, ce n’est pas du virtuel. C’est la triste réalité. Dieu s’est délecté des souffrances de Job.
Dieu n’existe pas, mais le Diable, lui, existe vraiment, et il a un nom : Homo sapiens ! Et dire que « sapiens » signifie « sage » en latin !
L’homme est un loup pour l’homme. C’est un prédateur qui ne recule devant rien pour s’octroyer la meilleure part du festin, malheur aux vaincus de la vie, et ça, ce n’est pas un prophète inspiré par Dieu qui l’a dit, puisque c’est un dénommé Brennus ; mais cela contient pourtant beaucoup plus de vérité que toutes les religions du monde.
Moïse, Jésus, Mahomet, ont prétendu être inspirés par Dieu pour mieux se faire obéir. Ils ne furent que des imposteurs, dont le pouvoir ne repose que sur le mariage de la crédulité, de l’ignorance, et du mensonge. Quant aux idées intéressantes de leurs œuvres, elles ont été puisées chez les Sumériens, chez Platon, dans la mythologie et dans le paganisme. (Note de la rédaction. Cette dernière
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affirmation est néanmoins à nuancer sérieusement : la greffe de philosophie grecque n’a pas eu que d’heureux résultats sur le christianisme, les Sumériens n’étaient pas des anges, etc.).
La vie de Mahomet s’est déroulée tout autrement que celle du Jésus des évangiles. L’existence terrestre du Jésus des Évangiles a été un échec, celle du Mahomet des hadiths un succès. C’est au début de sa carrière que Mahomet a connu les déceptions. Ensuite, Mahomet au contraire, a fondé à Yathrib/Médine un État, et a mené ensuite une guerre de soumission contre La Mecque, puis de conquête de l’Arabie. Son influence s’est fait sentir tout au long de l’histoire musulmane. Imiter sa conduite reste pour chaque musulman pieux l’objectif à devoir atteindre, et cela, dans des domaines extrêmement variés : dire telle prière à tel moment, commencer par le milieu de son assiette ou par le bord en mangeant, ne pas se servir de la main droite pour telle action, affranchir un esclave, aller aux toilettes, etc.
Le poids de la personnalité du fondateur de l’islam a été tel que les générations suivantes, après un temps de latence correspondant à la venue au pouvoir de ceux qui l’avaient vraiment connu, se sont empressées de recueillir avec minutie tous ses actes ; ses moindres paroles – même ses silences – ont fait l’objet d’interprétations ; pour les consigner systématiquement dans des recueils dont le poids dogmatique et juridique équivaut à celui du Coran. Les corpus de traditions du prophète considérées comme les plus authentiques sont les volumineux recueils d’al-Boukhari et de Muslim (IXe siècle). Tradition (Sounna) et Coran forment ainsi les deux « sources » de la religion musulmane.
Il serait facile de sortir de cette impasse si le Coran était considéré par les musulmans comme une œuvre purement humaine, due à un Mahomet peu ou prou inspiré par Dieu. Si l’on pouvait admettre en terre d’islam que Mahomet s’est simplement comporté en homme du VIIe siècle, et que ses actes répondaient aux exigences de son temps, qui n’est pas le nôtre. Car le musulman le plus rigoureux peut, lui aussi, a priori, reconnaître que les temps nouveaux exigent une modification de l’enseignement de l’homme Mahomet.
Mais voilà, le problème est que ce qui figure dans le Coran n’est pas supposé être de Mahomet. C’est censé venir de Dieu, par l’intermédiaire de l’archange Gabriel. Et une législation divine est en principe immuable. Or l’interprétation de la Loi repose largement sur la sounna, c’est-à-dire précisément sur les propos et la vie de Mahomet, qui entrent de ce fait dans la Loi, et en reçoivent une part de sa valeur d’immuable éternité. On se retrouve donc face à un blocage similaire à celui de la Bible, en pire même.
Le monde de l’islam est un monde de certitude d’où le doute est exclu, où le mystère est voulu par Dieu : la pensée reste ainsi à l’abri des grands chocs de l’Histoire. Le regard des musulmans sur le monde est borgne : l’islam ne voit pas ses propres abus, mais perçoit clairement ceux de l’Occident ou des « Barbares ». Paralysie de survie : pour conserver son identité culturelle, pour éviter une confrontation mortelle avec la réalité.
Freud s’est intéressé aux effets psychologiques de la monolâtrie sur l’individu. Le concept de création impute à un être mythique (Dieu) une énergie dont il se dépossède. Moins un être est créatif, et plus il éprouve le besoin de s’en remettre à une force supérieure (qui n’est jamais que sa propre force, mais niée par le renoncement). La tâche de consolation affective, exercée par la monolâtrie, prolonge l’enfance de l’individu, et l’empêche de développer sa maturité, autrement dit « l’infantilise ». La monolâtrie fait appel à l’image d’un Père tout puissant et protecteur. De même que l’enfant projette sur son père la toute-puissance de son désir narcissique (en termes de psychanalyse, le narcissisme est la fixation affective sur soi-même) qu’il imagine ainsi satisfait ; le croyant monolâtre cherche à calmer l’angoisse née de la frustration de ses désirs.
La consolation monolâtre construit un monde imaginaire, qui satisfait le désir humain de manière illusoire. Du même coup, elle retire à la réalité tout son poids et toute sa valeur.
L’analyse du monothéisme selon Freud va même plus loin. Pour Freud en effet, la monolâtrie fonctionne comme une névrose collective. Ainsi que l’a bien fait remarquer John Toland, l’objet de la Croyance doit être compréhensible pour tous si l’on doit croire en elle, sous peine d’être damné (celui qui aura cru ne sera pas damné) ; mais quelqu’un pourra-t-il être condamné pour ne pas avoir fait quelque chose d’impossible ?
L’obligation de croire à quelque chose suppose la possibilité de le comprendre. Contradiction et mystère ne sont que deux façons emphatiques de dire « chose n’existant pas ». La contradiction n’a pas de sens parce qu’elle s’exprime par des mots qui s’annulent les uns les autres, voir le cas des
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versets abrogés ou abrogeant du Coran (nassikh oua mansoukh), et le mystère aussi ; mais parce qu’il s’exprime, lui, par des mots n’ayant aucun sens du tout.
Les croyants victimes de cette maladie mentale ont fait de leur Être supérieur un Père à l’image du désir humain, désir toujours frustré sur cette Terre par un réel incontournable. Dans le cas du Coran ladite qualification de père est d’ailleurs attribuée à son prophète, mais indirectement (ses femmes sont dites « mères des croyants » même quand elles ont 10 ans comme Aïcha).
Les monolâtres ont identifié l’Être supérieur à l’image de leurs désirs satisfaits : le monothéisme selon Freud est donc un mélange de narcissisme régressif et de maintien dans l’infantilisme.
Toute religion révélée n’appliquant pas vraiment le principe « nulle contrainte en matière de religion » (Coran chapitre 2, verset 256 ; chapitre 22, verset 78) s’apparente à un système axiomatique, elle ne peut tolérer que son fondement soit contesté. Les textes bibliques qui forment les canons juif, catholique, anglican, orthodoxe, Réformé, voire le Coran, ne sont pas identiques, mais pour leurs partisans, ils détiennent seuls la vérité que leur a conférée, par l’entremise des prophètes, la puissance divine.
On doit croire que les Écritures sont divines parce que les religieux en ont décidé ainsi, et les religieux ont autorité pour en décider ainsi parce qu’ils s’appuient justement sur les saintes Écritures.
Il est douteux qu’un tel pouvoir puisse vraiment être trouvé dans les passages allégués à cette intention, mais les religieux eux-mêmes (ceux qui sont concernés par cela en tout cas) l’affirment.
Ce cercle vicieux n’est-il pas le plus extraordinaire argument jamais inventé pour donner le vertige ou le tournis aux faibles d’esprit ? Il va de soi que ce que John Toland écrit de l’Église s’applique aussi à la Synagogue ou à la Mosquée. John Toland, ce réformateur des Très-sachants de son temps (qui en avaient vraiment besoin) et qui est à l’origine de la Libre Pensée moderne, a aussi écrit un ouvrage sur, ou plus exactement contre, Mahomet, assez judicieux. Les vérités soi-disant révélées sont toujours dangereuses parce que ce sont des vérités imposées, qui excluent toute remise en cause. Ce sont des ferments de fanatisme ou d’intolérance.
Ces Écritures sacrées s’effondrent quand elles sont confrontées aux progrès de l’Histoire qui les dévoile.
Aucune de ces sectes, après avoir jeté l’anathème sur toutes les autres, ne va jusqu’au bout de la remise en question des enseignements dont elles sont imprégnées, pourtant, comme elle, jusqu’au tréfonds d’elles-mêmes. Et à quelques détails près, quoiqu’elles s’en défendent, elles reprennent finalement l’essentiel des précédentes.
Les textes sumériens sont d’une simplicité « biblique » : l’Homme a été créé pour servir les dieux (chrétiens et musulmans disent : pour adorer Dieu).
Sans être au sens propre un robot, puisqu’on lui a donné une âme et la raison, il devra néanmoins, toute sa vie, travailler pour le compte des dieux, cultiver le sol, tailler les arbres, domestiquer les animaux. Et si les dieux lui ont donné les moyens de croître et de multiplier, ce n’est nullement pour qu’il s’adonne aux joies prohibées de la jouissance physique ; mais pour augmenter le nombre des hommes autrement dit des travailleurs et accroître ainsi la productivité des esclaves humains ! Parfaits ou imparfaits, l’homme et la femme ont désormais à acquitter des tâches pour lesquelles leur créateur les a conçus. Grâce à l’homme, les dieux peuvent donc envisager l’avenir avec sérénité. Les humains travaillent sur terre pour eux : ils n’auront plus, dans l’empyrée, qu’à se reposer de leur tâche créatrice et à surveiller la bonne marche de l’univers physique.
[N.D.L.R. Du moins avaient-ils envisagé les choses ainsi, mais, trois fois hélas pour eux ! elles se passèrent tout autrement. Car loin d’être reconnaissants, les humains firent preuve d’une totale ingratitude et prétendirent garder pour eux le fruit de leur labeur. Aussi les dieux durent-ils les éliminer puis recréer une autre Humanité, différente, plus soumise, autrement dit plus pieuse].
Comme l’a très bien vu notre maître à tous John Toland (dans son Christianisme sans mystère) quand on demande aux défenseurs de ces diverses et basiques idées religieuses d’expliquer les termes qu’ils utilisent (qui ne veulent communément rien dire) ; et pourquoi ils devraient reconnaître qu’ils sont peut-être dans l’erreur ; ils se montrent alors nerveux comme un commerçant un peu cher à qui l’on demande de revoir ses comptes. Il faut toujours, apprendre à penser ! Autrement dit Foi, mais aussi Raison ! Un des droits imprescriptibles de l’Homme est que son intelligence des êtres et des choses fasse l’objet d’une pédagogie ayant pour but de l’affiner, non de manœuvres destinées à en entraver l’usage. L’Humanité étant à la fois Histoire et Raison, le progrès des libertés dépend du progrès des connaissances et de l’assimilation du passé. Si l’on n’apprend pas à croire (les catéchismes ne sont pas des explications, mais des affirmations, les faire apprendre dès l’enfance est une pratique qui revient à, en fait, assurer la primauté de la croyance la plus aveugle sur la raison, ainsi qu’à briser tout jugement critique en ce domaine) ; une telle attitude est un crime contre l’Humanité. Le dogme est un crime contre l’Humanité. Il faut toujours apprendre à penser !
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Les très sachants de l’antiquité pensaient parler la même langue que les dieux (ils pensaient être homophonon, Diodore de Sicile livre V chapitre XXXI), mais que veut dire exactement la notion de peuple élu ? Pourquoi Dieu, s’il existe, aurait-il choisi un seul peuple ou un seul homme et une seule période, très limitée (par rapport aux 100 000 ans de l’Homo Sapiens actuel) afin de s’adresser à l’Humanité ? L’Humanité actuelle a au moins 100 000 ans, mais la révélation ne se serait manifestée en son sein que de – 1800 à + 632 en passant par + 70 ou + 135, en une zone précise de notre planète ? (Pas de chance pour Bouddha !)
Schopenhauer a montré que les concepts moraux, sociaux, et intellectuels, des Hébreux, sont à rejeter. Un dieu comme ce Jéhovah, qui, de son plein gré, car tel est son bon plaisir, et de gaieté de cœur, produit ce monde de misère et de lamentations, et qui en plus s’en félicite, voilà qui est de trop ! « Le judaïsme, la seule et unique religion purement monothéiste dès le départ et qui enseigne un Dieu vraiment créateur du ciel et de la terre, très logique avec lui-même, n’a pas de doctrine de l’immortalité de l’âme. Aussi ne prévoit-il ni récompense ni punition après la mort, mais seulement des punitions et des récompenses en ce monde, ce qui le distingue de toutes les autres religions (mais pas forcément à son avantage). Les deux religions qui sont issues du judaïsme sont en réalité devenues illogiques, car elles ont repris la notion immortalité de l’âme qu’elles avaient empruntée à d’autres doctrines, meilleures, tout en conservant le Dieu créateur. * La religion des Juifs telle qu’elle est présentée et enseignée dans la Genèse et dans les autres livres historiques jusqu’à la fin des Chroniques, est la plus grossière de toutes les religions, car c’est la seule qui n’a absolument aucune doctrine de l’immortalité de l’âme, pas même une trace infime. Quand il meurt, le roi, le héros ou le prophète, est enterré avec ses pères et voilà tout. Il n’y a aucune trace de vie après la mort ; toute idée de ce genre semble même être en réalité volontairement exclue, etc. » (Schopenhauer, dans son livre intitulé en quelque sorte en Germano-Grec « Parerga und paralipomena »).
Dühring a bien montré, lui aussi, ce côté dangereux de la conception sémite du divin et de la morale, nettement moins positive et heureuse pour l’Homme (un comble !) que les antiques conceptions des peuples barbares. (« Si vous savez ce que vous chantez, la mort est le milieu d’une longue vie. Les peuples qui regardent la Grande Ourse sont heureux dans leur erreur parce que la crainte de la mort, la plus grande des craintes, ne les émeut pas ». Lucain. Dans son livre intitulé en latin « De Bello Civili » I, 454-462).
Comment un homme, doté par la nature d’un cerveau et de facultés de raisonnement, peut-il accepter pareils non-sens ? Pourquoi Dieu a-t-il SI DÉSESPÉRÉMENT BESOIN D’ÊTRE CONNU ? Si Dieu désespère à ce point d’être connu, pourquoi ne pas se révéler lui-même à tous, de la même façon qu’il se révèle aux prophètes ou aux oracles ? Pourquoi joue-t-il à cache-cache, pour ensuite punir ceux qui ne le voient pas ?
Pourquoi les mots de la Bible [et du Coran] sont-ils à ce point opposés à la science, à la logique, et au bon sens ? Nous ne sommes pas des chèvres. Nous sommes des humains dotés d’un cerveau, et il nous revient de l’utiliser. Si Dieu ne veut plus qu’il y ait d’incroyants sur Terre, pourquoi ne transforme-t-il pas en croyants d’un seul coup [de sa baguette magique] la multitude des incroyants ; c’est-à-dire des athées ou des adeptes d’une autre croyance ou d’aucune ? Pourquoi n’apparaît-il pas lui-même en personne à tout le monde ?
Le Français Jaurès a beau dire [au Parlement le 11 février 1895] tout le monde croirait alors en lui et définitivement. Pourquoi laisse-t-il cette lourde tâche de la conversion des esprits à ses prophètes ou à ses hommes liges [Moïse, Josué, David, Torquemada, Mahomet] ?
1) Termes grecs signifiant respectivement : logos, logique, rationalité, et mythos, mythe, mythologie.
2) La création du monde a d’abord été imaginée en termes de procréation et non de fabrication plus ou moins ex nihilo. Les Déesses-Mères en formaient la figure centrale, avant d’être rétrogradées (dans les civilisations patriarcales) au rang de divinités infernales et maléfiques. Mardouk, Baal, El ou les Élohim, commenceront toujours par combattre l’eau (identifiée par les Hébreux à un monstre – Léviathan, Rahab –) ; et la créatrice qu’ils supplantent est une déesse de la fécondité, c’est-à-dire une déesse de l’eau.
Le chaos dans les mythes hébreux de la Genèse est appelé Tohu-Bohu. Le Bohu (ou Béhémot) était un monstre terrestre et le Tohu (Téhom) un monstre marin dont le nom est à rapprocher de celui de la Déesse Mère babylonienne Tianmat. Bien que la déesse Astarté (Ashérah) soit encore plus ou moins vénérée par les Hébreux avant que l’ultraracisme du culte de YHWH ne la frappe de malédiction, la femme chez eux symbolise toujours le désordre.
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3) La religion chrétienne est très loin d’avoir toujours été un modèle d’angélisme. Mais, globalement, elle s’est affaiblie et elle est devenue moins virulente. Le christianisme n’a cependant pas renoncé à sa Mission, c’est-à-dire à convertir, ou à unifier, sous sa houlette, l’univers habité, en attendant mieux. Différentes Églises réformées ou pentecôtistes sont toujours très actives en ce domaine, que ce soit en Amérique ou en Afrique.
ANNEXE N° 3
ISLAM CHRISTIANISME ET PAGANISME.
Ce qui différencie fondamentalement l’islam du christianisme, c’est que l’islam a été, dès le départ, un instrument destiné à conquérir le pouvoir, puis à l’exercer.
L’islam n’a été une contestation au nom d’une certaine conception de Dieu que pendant 10 ans. Dès 622 à Médine il s’est retrouvé au pouvoir et l’a exercé sans partage dans la cité. Dès 632 il est parti à la conquête du monde. De l’Arabie d’abord, des deux grands empires de l’époque ensuite. Un an après la mort de son prophète, mort vainqueur et adulé (isma), il régnait sans partage des rives de l’Indus au nord des Pyrénées (Septimanie). Dit autrement, s’occuper de la vie quotidienne des individus (comment manger comment dormir comment faire sa toilette – gousl ou wouzou –, etc.) est consubstantiel à l’islam, c’est dans son ADN. L’islam n’est pas fait pour être dans l’opposition.
Dans le cas du christianisme, ce fut au départ une doctrine contestataire vis-à-vis du pouvoir. Le pouvoir religieux (celui des rabbins sadducéens) et le pouvoir politico-militaire (celui de l’occupant romain). Le christianisme fut dans sa conception originale, une religion « de libération nationale messianique », mais a mis trois siècles avant de s’imposer et de devenir une religion officielle ayant perdu ses racines. Dit autrement pendant trois siècles il a été obligé de vivre avec ou à côté des non-chrétiens et même des non-juifs. L’exercice du pouvoir ne lui est pas consubstantiel. Régir les moindres faits et gestes de la vie quotidienne des individus (que manger comment dormir comment faire sa toilette, etc.) n’est pas dans son ADN.
Dans le cas de l’islam, la démarche est tout autre. Comme il a été dit dans nos précédents recueils de notes Mahomet a consciemment ou inconsciemment puisé son inspiration dans les religions ambiantes de l’époque dans cette partie du monde, à savoir le paganisme arabe le judaïsme et certaines formes de christianisme non officiel. Il semble avoir également beaucoup emprunté à diverses documentations et notamment certains passages des lectionnaires chrétiens syriaques connus dans la région (voir les travaux de Christophe Luxenberg à ce sujet).
Le païen est à lui-même son propre prêtre le chrétien porte sa religion en lui et le musulman la porte autour de lui.
En terre d’islam le mot religion (din en arabe) renvoie en fait à une façon de relier les hommes entre eux horizontalement, contrôle extérieur à l’appui.
La première signification du mot, comme dans l’expression « Dine Ibrahim oua Ishaq oua Moussa » du Coran, est bien celle de Loi sacrée, c’est-à-dire aussi d’obédience politique et militaire. Le catholikos Yashou-Yahb III observe d’ailleurs que « les tayyayê punissent de mort ceux qui n’observent pas les Lois (namousé) de Mhamt ».
Le terme namousé (du grec nomos) est employé pour qualifier l’adhésion à l’islam qui est une soumission (à Dieu et à ses lois), les mouslimoun étant des « soumis ».
Les concepts de morale autonome ou de droit naturel (« rectu adgenie » en vieux celtique d’Irlande) sont inexistants chez les musulmans. Les questions d’éthique sont réglées, non par appel à la conscience, mais par renvoi au Coran, ou à l’exemple de Mahomet (dogme de l’isma). La distinction entre spirituel et séculier, religion et droit, religion et politique (bref entre le druide et le roi) n’a aucun sens en terre d’islam. État et Droit, politique et religion, sont une seule et même chose.
On est là aux antipodes de la mythologie druidique chère à Toland par exemple, pour qui le royaume du Hesus//Cuchulainn ne fut jamais de ce monde (voir son échec avec la pierre de Fal) ; alors que Mahomet, lui, a réussi à se rendre maître de l’Arabie occidentale (du Hedjaz) sur la fin de sa vie. Et que l’on y prenne garde. Cela est ressenti comme une chose positive par l’islam, qui voit dans la décadence de l’Occident le résultat justement de cette séparation (entre le druide et le roi).
Or il est dangereusement erroné de baptiser « occidentales » des valeurs qui sont universelles.
Démolir des statues qui font partie du patrimoine international ; frapper ou cloîtrer trois ou quatre épouses, imposer le mariage forcé aux filles, considérer comme ennemis ceux que l’on appelle des « infidèles », vouloir imposer à tout un peuple (et à la terre entière, N.D.L.R.) une religion particulière, ne
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pas respecter les souhaits du plus grand nombre ; ce n’est pas être anti-occidental. C’est être barbare au sens le plus péjoratif du terme.
L’homme qui a besoin des « injonctions divines » – ou d’autres « révélations » de ce genre – pour organiser sa vie, est un bien piètre individu. Il ne vaut guère mieux que l’âne qui obéit à la loi de la carotte et du bâton. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. En promettant le « royaume des Cieux » aux « bons croyants » et la damnation éternelle aux « impies », les prêtres et autres « docteurs de la Foi » ne font qu’appliquer aux humains la loi de la carotte et du bâton. Ils les traitent comme des animaux. La carotte se nomme « paradis » ou « Ciel » tandis que le bâton se nomme « enfer ». Il y a bien sûr, de-ci de-là, dans la Bible, ou dans le Coran, des passages, ou des auteurs, ayant vraiment été (PAR MOMENTS) inspirés. Le cantique des cantiques est par exemple un des plus beaux poèmes d’amour qu’une femme ait pu écrire, l’Ecclésiaste mérite d’être enseigné dans les écoles, et le livre des proverbes peut faire réfléchir, mais ces quelques chapitres…
1) Ne sont que des fétus de paille à la surface d’un océan de bêtise humaine (racisme, chauvinisme, égoïsme, goût du pouvoir, guerres, mensonges, vols, usurpations, mépris).
2) Ne sont pas les seuls grains à moudre, ayant été semés dans l’Humanité, il y en a autant dans le bouddhisme ou tout autant (et même plus parfois) dans l’hindouisme, voire dans le paganisme en général.
Quelques groupes d’extrême droite se réclament du paganisme ou plus exactement de certains paganismes (romain, germanique, à la rigueur grec pour la nouvelle droite). Il faut parler de groupuscules, tant ils sont marginaux en fait au sein d’une droite radicale presque toujours associée à un christianisme [ou à un biblisme ? N.D.A.] identitaire. En Allemagne, du temps de la dictature instaurée par les socialistes nationaux du parti des travailleurs, les individus et les cercles qui défendaient ces thèses quelque peu fumeuses étaient exclus, parfois internés, voire exécutés. [Note de l’auteur. Le point 24 du programme de 1920 du N.S.D.A.P., le mouvement nazi, était en effet fort clair à ce sujet : « Le Parti en tant que tel prend position pour un christianisme positif, sans se lier à aucune confession »].
Ce programme fut appliqué. Un concordat fut signé en 1933 entre le IIIe Reich et le Vatican. La même année, les Églises réformées acceptent à l’unanimité de se fédérer dans l’Église évangélique allemande. Leurs organisations de jeunesse sont fondues dans les jeunesses hitlériennes. Les opposants chrétiens furent toujours très minoritaires. En France les groupes néo-druidiques bretons, bien que jouant la carte allemande, furent interdits par Pétain et le régime de Vichy.
Les chrétiens d’aujourd’hui, qui n’en sont pas à une imposture près pour défendre leur emprise sur la société, prétendent évidemment le contraire maintenant ; font comme s’ils avaient toujours été massivement dès le début contre le régime hitlérien, et assimilent systématiquement paganisme et nazisme.
On ne peut pourtant pas laisser entendre qu’être païen consisterait à gober toutes sortes de superstitions, ou à être tenté par une dictature. Pendant plus de mille ans, la civilisation européenne fut cet humanisme païen défini ainsi par Protagoras : « L’Homme est la mesure de toute chose ». Car Protagoras et Platon étaient bien païens, non ?
Certains auteurs insistent sur l’esclavage dans l’Antiquité. Mais c’était une des composantes du mode de production de l’époque. Nul ne songe à y revenir à part certains islamistes (voir le cas des esclaves sexuelles yézidis) en Irak au début du 21e siècle. L’esclavage existait en Grèce et à Rome COMME CHEZ LES PEUPLES DU PROCHE-ORIENT QUI ONT COMPOSÉ LA BIBLE.
Aucun texte du Nouveau Testament ne demande d’ailleurs expressément aux chrétiens d’affranchir leurs esclaves. Le nouveau Josué a été totalement muet sur ce point, et l’on a même des arguties assez pénibles de Paul ou de Mahomet, maintenant implicitement le principe même de l’esclavage (ils demandent seulement que les esclaves soient bien traités).
Les premiers chrétiens RICHES ont pendant longtemps eu des esclaves et au XVe siècle avec les Portugais cette pratique a recommencé (cf. la traite des noirs) le plus officiellement du monde, toujours sous couvert de religion évidemment (il fallait convertir ces païens à la vraie religion. Voir la bulle papale Dum Diversas en parlant pour la première fois).
Le paganisme fut aussi religieux objectera-t-on. Oui, mais peut-on employer le même terme (religion) pour des conceptions aussi différentes du divin (du monisme philosophique et réfléchi ou panthéisme des très-sachants de la druidiaction au polythéisme esthétique et débridé des Grecs) ? Il n’y avait pas de dogme. L’adhésion de chacun aux grands récits mythiques relevait plus du civisme que de la foi intime. II n’y avait pas de Livre saint, pas de peuple saint, pas de guerre sainte.
Note de la rédaction. Il va de soi que notre non-racialisme s’interdit toute discrimination ; négative (ou positive d’ailleurs, car s’il y a une discrimination positive pour certains, cela se traduit
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automatiquement par une discrimination négative pour les autres) ; fondée sur la couleur des cheveux (roux par exemple) de la peau (tache de rousseur ou pas, etc.) la forme des oreilles (en chou-fleur) du nez, des pieds, ou des fesses (callipyges comme chez certaines races d’Afrique du Sud) ; bref, tout ce contre quoi on ne peut rien.
Ne renouvelons pas les erreurs de ceux, parmi nos prédécesseurs, qui estimèrent que la lutte anticléricale n’avait plus de raison d’être. Ils ont baissé la garde et un demi-siècle plus tard, nous nous retrouvons maintenant confrontés à une crise qui n’aurait sans doute pas existé si les défenseurs de la liberté des hommes étaient demeurés vigilants face au césaropapisme ou aux sectes.
En France, la loi sur le blasphème a été abolie (pour la première fois en 1791. Voir le cas du chevalier de la Barre), mais nombre de pays ont encore des lois contre, ou les ont remplacées par des lois qualifiées d’antiracistes (ou humanistes ou socio-pacifistes, etc.) revenant exactement au même, SUR CE POINT PRÉCIS. Au Pakistan par exemple !
Les responsables antiracistes ont renoncé à l’un des grands combats du social authentique : la lutte anticléricale. De grands noms avaient pourtant indiqué la voie à suivre. Et parmi eux celui de Jaurès, cet humaniste qui était la tolérance personnifiée, mais qui n’en demeurait pas moins lucide pour autant. Enfin du moins si j’ai bien compris son français très châtié.
« Ce qu’il faut sauvegarder avant tout, ce qui est le bien inestimable conquis par l’Homme à travers tous les préjugés, toutes les souffrances, et tous les combats ; c’est cette idée qu’il n’y a pas de vérité sacrée, c’est-à-dire interdite à l’investigation de l’Homme ; c’est cette idée que ce qu’il y a de plus grand, c’est la liberté souveraine de l’esprit ; c’est cette idée qu’aucune puissance – intérieure ou extérieure – aucun pouvoir et aucun dogme, ne doit limiter le perpétuel effort et la perpétuelle recherche de la raison humaine ; cette idée que l’Humanité dans l’univers est une grande commission d’enquête dont aucune intervention gouvernementale, aucune intrigue – céleste ou terrestre – ne doit jamais restreindre ou fausser les opérations ; cette idée que toute vérité qui ne vient pas de nous est un mensonge ; que, jusque dans les adhésions que nous donnons, notre sens critique doit toujours rester en éveil, et qu’une révolte secrète doit se mêler à toutes nos affirmations ainsi qu’à toutes nos pensées ; que si l’idée même de Dieu prenait une forme palpable, si Dieu lui-même se dressait, visible, sur les multitudes ; le premier devoir de l’Homme serait de refuser de lui obéir, ou de le traiter comme l’égal avec qui l’on discute ; mais non comme le maître que l’on subit !
Voilà le sens et la grandeur de notre enseignement et bien étranges sont ceux qui viennent demander à la Raison d’abdiquer, sous prétexte qu’elle n’a pas et qu’elle n’aura peut-être jamais, la vérité totale ; bien étranges ceux qui, sous prétexte que notre démarche est incertaine et trébuchante, veulent nous paralyser, nous jeter dans la nuit, par désespoir de n’avoir pas la pleine et entière clarté » (Discours du 12 février 1895).
Ainsi parlait, en résumé, le plus honnête, le plus tolérant, mais aussi le plus clairvoyant des penseurs. II n’y a pas une virgule à retirer ou à rajouter. Son texte de 1895 pourrait être jeté à la face de nos piètres représentants d’aujourd’hui, sans perdre de sa pertinence. Nous pourrions aussi citer son intervention parlementaire du 21 avril 1905. Jaurès y posait déjà la question du détournement des lois par les structures religieuses.
L’humanisme authentique exige une lutte sans merci contre l’obscurantisme religieux, de quelque nature qu’il soit, mais aujourd’hui, les « noirs corbeaux de la réaction catholique » ne sont plus les principaux adversaires de la démocratie et de la paix dans le monde. Ils ont été remplacés par les corbeaux, encore plus sombres et encore plus réactionnaires, de l’islamisme. À la « peste noire » a succédé la « peste verte », une peste contre laquelle nous devons mener une lutte sans merci et sans relâche.
La classe politique actuelle est intellectuellement très pauvre. [L’auteur de cette compilation sans prétention ayant eu un homme politique dans sa famille, par alliance, un beau-frère député-maire sait de quoi il parle]. On y trouve plus de magouilleurs et de carriéristes que de véritables défenseurs des libertés fondamentales, et l’exemple du Français Lelong prouve, de façon éclatante, qu’un prêtre catholique parlant de l’islam ; est parfois aussi tendancieux que les islamistes eux-mêmes (voire plus dangereux encore parce que passant pour « neutre »).
Le pire des services à rendre à l’Humanité serait de distinguer un bon islam, authentique, qui serait celui du vrai Mahomet, doux et pacifique par définition (isma), doté de toutes les qualités possibles et imaginables, et qu’il faudrait donc défendre ; et un mauvais islam qui serait le fait de musulmans n’ayant rien compris de Mahomet ni du Coran, que l’on peut donc combattre ou critiquer sans honte.
Or telle est bien pourtant l’idéologie actuellement dominante en France et en Allemagne, chez les gens « gentils et intelligents » : les journalistes, les intellectuels, les gens responsables, dans le domaine de la politique par exemple, voire les pasteurs, les rabbins, ou les curés.
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Nous ne sommes même pas capables de concevoir la quatrième dimension, et notre esprit se cantonne dans d’étroites limites. L’Homme est un être matériel, non un pur esprit ; il ne saisit du monde qu’une parcelle ! Cela ne peut suffire à une explication complète. Nous ne percevons du Monde que ce que nous connaissons. Et cette connaissance est loin d’aller jusqu’à l’essence la plus intime des choses, jusqu’à la réalité. Le Connu n’est pas identique au Réel ! « Sommes-nous sûrs que la connaissance rationnelle soit la seule valable ? Nombre de découvertes ont été le fait du Hasard, ou de l’Intuition, non d’un travail logique et ordonné ». Je suis trop agnostique pour essayer d’introduire l’Irrationnel dans le raisonnement scientifique ; mais je suis prêt à l’admettre, s’il se révèle qu’une connaissance complète des choses comporte des données irrationnelles. Car trop de facteurs évolutifs et de mécanismes d’une importance capitale nous échappent encore. Tout simplement parce que nous sommes des Hommes, pas assez intelligents pour comprendre (et j’en juge par mon expérience). J’admire ceux de mes collègues qui détiennent la Vérité, qui ont même un avis précis sur tous les problèmes. Mais l’agilité d’esprit ne masque-t-elle pas le fond des choses ? Sommes-nous de purs esprits » ? (Georges Oliver. L’Évolution et l’Homme).
Une approche non partisane du fait religieux ne peut pas être faite par des religieux. Et s’il convient de remettre le fait religieux au goût du jour (?), il convient aussi d’enseigner l’athéisme de la même façon. Si nos enfants doivent savoir comment les hommes conçoivent l’entité divine, ils doivent aussi connaître les arguments historiques, sociaux, et scientifiques, qui démontrent l’inexistence de cette même entité. C’est cela le vrai « pluralisme », le vrai respect de TOUTES les opinions, y compris et surtout celle du plus grand nombre, celui des partisans de religions tout à fait différentes, voire des athées ou des « sans religion fixe » ! Croire n’est pas savoir (Indutiomaros. Pro Fonteio Cicéron). Croire en l’existence d’un Être supérieur quel que soit son nom (Destin, Dieu, Tokad) est un acte de foi. Il en va de même du fait d’être sûr de son inexistence. Car il n’existe aucune preuve de son existence ni de son inexistence. Nous ne pouvons affirmer avec certitude que notre ignorance. L’existence d’un Être supérieur n’est qu’une possibilité. Mais si un tel Étant, supérieur, existe, il ne peut qu’être totalement indifférent au sort des individus ou des êtres humains. Il est temps de voir enfin le Dieu de ces différentes monolâtries pour ce qu’il est : une création purement humaine. Anthropomorphe et anthropocentriste. L’Homme, dans ces textes, a conçu le divin à son image, cela est plus qu’évident. Il y a dans nos esprits une représentation de Dieu qui est à la source des plus grands maux dont souffre et a souffert l’Humanité. Car il existe un comportement humain qui, tentant de s’attribuer à lui-même la puissance dont nos rêves affublent ce Dieu-là, pense ne se réaliser, donc donner un sens à sa vie, qu’en dominant ou écrasant les autres.
Les événements qui affectent les individus peuvent donc être considérés tout aussi bien comme la preuve de son existence que de son inexistence.
Si l’on peut légitimement attribuer au monothéisme quelque vertu, il ne faut pas méconnaître pour autant qu’il fut et reste le plus souvent, source d’intolérance. Le monothéisme, c’est une vision binaire du monde. Les racines de la démocratie et du raisonnement logique sont à l’évidence païennes et polythéistes. Nous sommes des hommes et des femmes, pas des moutons ! Nous sommes aux antipodes du troupeau bêlant des « croyants » et des adeptes de toutes ces religions qui imposent une croyance inconditionnelle en un certain nombre de dogmes ou en un seul « livre » [car la lettre tue, et seul l’esprit vivifie]. Nous n’avons pas de « prophètes », mais nous avons des « maîtres à penser », des « guides » [Ingersoll, mais aussi John Toland en Angleterre, Jean Jaurès en France, Giordano Bruno en Italie]. Qui ne sont pas des dieux et qui ne sont que des hommes, mais que nous apprécions pour la qualité de leur analyse, pour leurs valeurs humaines, et pour les résultats qui découlent de l’application de leurs principes. Mais ni les uns ni les autres n’ont imposé quoi que ce soit en leur temps à leurs contemporains. Si nous croyons ce qu’ils ont pu dire ou écrire, si nous suivons leurs conseils, c’est parce que nous le voulons bien, c’est parce que nous l’avons décidé en notre âme et conscience. S’il se trouve d’autres hommes, d’autres femmes, prêts à se laisser mener à l’abattoir ou à la tyrannie (du voile par exemple pour les femmes) sans protester, au nom de je ne sais quels beaux principes, qu’ils y aillent. Mais qu’ils y aillent sans nous. « La religion est l’opium du peuple » disait Karl Marx, et sur ce point au moins ce vieux barbu n’avait pas tort. Cet opium, il faudra bien le détruire définitivement un jour ou l’autre. Sans quoi, c’est lui qui détruira l’Humanité, on l’a bien vue en Irak et en Syrie au début du 21e siècle ! Nos ennemis s’appellent Yhwh, Jéhovah, le Christ-Roi ou Allah.
Nous sommes des hommes libres, et nous lutterons pour que nos enfants (les Jean-Loup, Alix, ou Mélisande de demain) et nos petits-enfants puissent demeurer les libres citoyens de libres nations. « Je suis libre et j’appartiens à un peuple libre » (César. B. G. Livre V, 7). Telle pourrait être notre devise ! Le « Juste », le vrai Juste, c’est l’homme libre qui fait le Bien parce qu’il estime devoir le faire en son
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âme et conscience, non pour « obtenir une récompense ». C’est le libre-penseur qui ne craint ni dieu ni diable, mais qui s’abstient de faire le mal par simple respect d’autrui et de lui-même. Bref, finalement, c’est encore l’athée Diogène Laërce qui a le mieux résumé ce qu’il fallait faire.
« Comprendre les dieux * ne rien faire de mal, et être un homme, un vrai ». Vies et doctrines des philosophes célèbres. Livre I, prologue 6. (Diogène Laërce).
* « Comprendre n’est pas acquiescer. On peut entrer dans la pensée d’autrui sans y rester… On peut rendre justice à ce que l’on conteste. On peut, en refusant d’acquiescer, ne pas refuser d’admirer. C’est la méconnaissance de cette possibilité qui fait trop souvent l’aigreur des luttes entre croyants et rationalistes » (Albert Bayet).
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ANNEXE N° 4
RIEN DE NOUVEAU SOUS LE SOLEIL ! CARTAGO EST TOUJOURS DELENDA EST.
À PROPOS DE L’ESPRIT DES LUMIÈRES.
La grande science qui illumine moderne ne doit pas se réduire à la maîtrise du corps (aux arts martiaux) la grande science qui illumine c’est aussi la maîtrise...DE L’ESPRIT.
Nous avons précédemment conseillé la lecture des œuvres de René Pommier. Nous conseillerons cette fois-ci en ce domaine la lecture des œuvres d’Yvon Quiniou et notamment sa Critique de la religion, une imposture, morale, intellectuelle et politique, La Ville brûle, 2014. Pour une approche critique de l'islam, H§O, 2016.
Car les croyances ne sont pas seulement subjectives et hors de toute critique, mais ont des contenus dogmatiques précis. « On croit toujours en quelque chose qu’une religion vous impose, sauf à être déiste et non théiste – le théisme se référant au Dieu d’une Église particulière et à ses thèses, contrairement au déisme qui s‘en abstient - un ensemble de pratiques qui définissent le culte et sans lequel on ne peut se dire « religieux », adhérent ou fidèle d’une religion donnée ; les Églises enfin, avec leur structuration hiérarchique et leur prosélytisme visant à éduquer et même à endoctriner le peuple, mais aussi le rôle politique qu’elles ont toujours joué, quitte à ce que ce soit aujourd’hui sous la forme extrême, fanatique et meurtrière, de l’islamisme radical. Or, tous ces aspects ont fait l’objet, dans l’histoire de la pensée non religieuse telle qu’elle s’est constituée à partir du 17e siècle, d’une approche philosophique critique, fondée sur la raison et dont je constate avec une grande désolation qu’elle est en train de disparaître de la conscience de nos « intellectuels » contemporains, avec un appui sidérant des médias, y compris à gauche… Les croyances ont d’abord fait l’objet d’une critique directe chez Spinoza… suit tout le courant formidable de la philosophie des Lumières, Condorcet inclus (mais aussi Voltaire), animée, on doit le dire et le répéter fortement, par l’exigence d’émanciper les hommes de l’aliénation religieuse par la raison, les sciences et l’éducation. On retrouve ce souci critique chez Kant, ce grand admirateur de la Révolution française, quand, procédant à un examen critique (qui n’est pas une simple critique) de la religion de son pays (protestante en l’occurrence), il s’attache à la libérer de son fondement irrationnel, la Révélation et ses dogmes, pour élaborer une « religion dans les limites de la simple raison » (c’est le titre d’un de ses livres) basée sur ses trois « postulats de la raison pratique » en faveur desquels il a argumenté ailleurs dans sa réflexion sur la morale, et qui ne sont pas des certitudes « cognitives » : la liberté, l’âme avec son immortalité et Dieu. Ce qu’il faut retenir aussi de cette élaboration rationnelle, c’est qu’elle débouche sur la critique directe de nombre de dogmes religieux d’Église couramment admis et qui ne peuvent recevoir l’adhésion d’une « raison saine », théorique ou morale, libre et non endoctrinée : « Ose penser par toi-même », disait Kant pour définir l’esprit des Lumières, qui est le contraire de l’esprit religieux. C’est ainsi qu’il récuse deux « actes de foi » irrationnels ou « déraisonnables » : la croyance selon laquelle Dieu aurait demandé à Abraham de sacrifier son fils pour attester de sa foi en lui, ou encore la doctrine du « péché originel » qui fait peser sur les hommes une culpabilité incompréhensible et proprement imaginaire » (Yvon Quiniou).
Car il nous appartient, disait déjà Lucain « nosse deos et caeli numina uobis aut solis nescire datum » (ce qui ne peut signifier qu’une chose : les dryades que Lucain mentionne déterminent ce qui relève du divin ou ce qui n’en relève pas).
Dit autrement l’Homme Nouveau comme le « très sachant » de jadis doit sans cesse étendre le champ de ce qui peut s’expliquer par des phénomènes naturels au détriment de celui qui ne relève que de la foi, de type credo quia absurdum.
Cicéron n’a-t-il pas dans son essai sur la Divination, qualifié son hôte Diviciacus de spécialiste dans la science de la nature appelée physiologie en grec, naturae ratione quam phusiologia Graeci appellant ? Donc d’expert dans les sciences du vivant (sans plus de précision) ?
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Dit autrement l’Homme Nouveau doit sans cesse faire reculer les limites de la science au détriment de celles de la religion.
La grande science qui illumine (Imbas Forosnai chez Jean Toland) doit par conséquent aussi être une philosophie et la religion naturelle (voir Diderot ou Voltaire) une spiritualité encadrée par la raison.
Comme Indutiomarios en matière de religion il importe non de croire de croyance, mais de savoir et de pouvoir expliquer.
LE VÉRITABLE ESPRIT DES LUMIÈRES I.
Il est devenu à la mode aujourd’hui dans notre pays d’insister sur l’Esprit des lumières et passer ensuite rapidement à quelque chose d’autre. Or l’enseignement du fait religieux doit être implicitement normatif : on ne peut pas parler de la première révolution (de 1783) et du nazisme de la même façon, sur le même ton, ou alors c’est qu’on est schizophrène !
Ainsi que l’a bien montré Gustave Lebon dans son essai sur la psychologie des foules, les religions de masse sont des phénomènes humains et non naturels, impliquant des hommes avec leurs croyances, leurs pratiques et leurs obédiences, ayant joué des rôles dans l’histoire, et qui sont donc comme toute chose humaine susceptibles d’un jugement moral. Plus ou moins sévère 1).
Répétons-le ! Le judaïsme est un phénomène humain et non naturel impliquant des hommes avec leurs croyances, leurs pratiques et leurs obédiences, ayant joué un rôle dans l’Histoire, et qui est donc, comme toute chose humaine, susceptible d’un jugement moral. Religio judaica delenda est !
Le christianisme est un phénomène humain et non naturel impliquant des hommes avec leurs croyances, leurs pratiques et leurs obédiences, ayant joué un rôle dans l’Histoire, et qui est donc, comme toute chose humaine, susceptible d’un jugement moral. Religio christiana delenda est !
Et enfin, last but not least ! L’islam est un phénomène humain et non naturel impliquant des hommes avec leurs croyances, leurs pratiques et leurs obédiences, ayant joué un rôle dans l’Histoire, et qui est donc, comme toute chose humaine, susceptible d’un jugement moral. Religio islamica delenda est !
Bien que le grand druide (il a écrit sur les druides) irlandais Jean Toland ait été en réalité déiste et non panthéiste, il a quand même eu au moins le courage d’écrire un jour « Il ne faut point faire quartier à l'Erreur sous quelque prétexte que ce soit, et je suis bien résolu de l'exposer dans ses véritables couleurs, partout où j'en trouve l'occasion sans affaiblir mon Ouvrage, ni par des palliatifs ni par des adoucissements ».
(Ce sont littéralement les derniers mots de son livre, édition 1702.)
Concrètement et pour les influenceurs (intellectuels gens de média professeurs etc.) il ne s’agit donc pas de faire preuve d’une neutralité bienveillante 2) envers les idéologies religieuses qui ne sont pas des quêtes du Graal individuelles, mais des religions de masses se voulant « révélées » et non du type Dieu des philosophes.
Il s’agit au contraire de ne faire aucune fleur aux croyances ou superstitions non encadrées par la raison et de rappeler sans cesse et en tous lieux sans concession, leurs aspects négatifs.
Il faut sans cesse rappeler à quel point ces religions de masses (distinguées des spiritualités individuelles) sont encore ou plus que jamais des facteurs d'aliénation humaine et donc reprendre leur critique dans une perspective d'émancipation des femmes, des femmes et des hommes. Ces religions de masse qui ne sont pas des quêtes du Graal individuelles sont des prisons dont il faut abattre les murs. Or seule la critique permet de combattre les préjugés ou présupposés de ces religions « révélées ».
Il est donc de la responsabilité des influenceurs de bonne foi et conscients de leur responsabilité, sauf à trahir la Cause, de ne jamais laisser passer sans réagir la notion d’islamophobie, c’est en réalité une expression destinée à marquer littéralement au fer rouge ceux qui critiquent l’islam. 3)
LE VÉRITABLE ESPRIT DES LUMIÈRES II.
Esprit des lumières es-tu là ? Il est devenu à la mode aujourd’hui dans notre pays d’insister sur l’Esprit des lumières avons-nous dit.
Or saint Hippolyte de Rome (170-235) avait déjà écrit des choses bien étranges (à propos des gnostiques d’Occident) dans sa Réfutation de toutes les hérésies ou Philosophumena.
LIVRE I. Table des matières. Chapitre XX.
…ils leur prédisent certains événements, en se fondant sur le calcul et la science des nombres des arts… Un art dont nous ne saurions non plus passer sous silence la méthode, puisque l’on présume également que certains d’entre eux ont tenté de fonder des Écoles de pensée [hairesis ou hérésie en grec]...Comme quoi il n’y a jamais rien de nouveau sous le soleil!.....
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La plus importante des œuvres de Laplace (1749-1827) n’est pas son Exposition du système du monde, mais son Essai philosophique sur les probabilités (excepté son histoire de démon évidemment).
« Tous les événements, ceux mêmes qui par leur petitesse, semblent ne pas tenir aux grandes lois de la nature, en sont une suite aussi nécessaire que les révolutions du Soleil. Dans l’ignorance des liens qui les unissent au système entier de l’univers, on les a fait dépendre des causes finales, ou du hasard, suivant qu’ils arrivaient et se succédaient avec régularité, ou sans ordre apparent ; mais ces causes imaginaires ont été successivement reculées avec les bornes de nos connaissances, et disparaissent entièrement devant la saine philosophie, qui ne voit en elles que l’expression de l’ignorance où nous sommes des véritables causes. Les événements actuels ont, avec les précédents, une liaison fondée sur le principe évident, qu’une chose ne peut pas commencer d’être, sans une cause qui la produise. Cet axiome, connu sous le nom de principe de la raison suffisante, s’étend aux actions mêmes que l’on juge indifférentes…Nous devons donc envisager l’état présent de l’univers, comme l’effet de son état antérieur, et comme la cause de celui qui va suivre…Rappelons-nous qu’autrefois, et à une époque qui n’est pas encore bien reculée, une pluie ou une sécheresse extrême, une comète traînant après elle une queue fort étendue, les éclipses, les aurores boréales et généralement tous les phénomènes extraordinaires étaient regardés comme autant de signes de la colère céleste. On invoquait le ciel pour détourner leur funeste influence. On ne le priait point de suspendre le cours des planètes et du Soleil : l’observation eût bientôt fait sentir l’inutilité de ces prières. Mais comme ces phénomènes, arrivant et disparaissant à de longs intervalles, semblaient contrarier l’ordre de la nature, on supposait que le ciel irrité par les crimes de la terre les faisait naître pour annoncer ses vengeances. Ainsi la longue queue de la comète de 1456 répandit la terreur dans l’Europe, déjà consternée par les succès rapides des Turcs qui venaient de renverser le Bas-Empire. Cet astre, après quatre de ses révolutions, a excité parmi nous un intérêt bien différent. La connaissance des lois du système du monde, acquise dans cet intervalle, avait dissipé les craintes enfantées par l’ignorance des vrais rapports de l’homme avec l’univers ; et Halley ayant reconnu l’identité de cette comète, avec celles des années 1531, 1607 et 1682, annonça son retour prochain pour la fin de 1758 ou le commencement de 1759...La régularité que l’Astronomie nous montre dans le mouvement des comètes a lieu sans aucun doute, dans tous les phénomènes. La courbe décrite par une simple molécule d’air ou de vapeurs, est réglée d’une manière aussi certaine, que les orbites planétaires : il n’y a de différences entre elles, que celle qu’y met notre ignorance. La probabilité est relative en partie à cette ignorance, en partie à nos connaissances ».
PROBABILITÉS PROBABILITÉS OU IGNORANCE.
D’après Joseph Fourier (Éloge historique de M. le Marquis de Laplace 1829) ses dernières paroles auraient été : « Ce que nous connaissons est peu de chose, ce que nous ignorons est immense ».
METTONS QUELQUES CERTITUDES À LA PLACE DE NOTRE IGNORANCE ET VOILÀ UNE EXCELLENTE DÉFINITION DE NOTRE RELIGION QUI NE DOIT RIEN AU DÉMON NI A DIEU.
À ces exemples fournis par notre auteur nous ajouterons celui trouvé dans le roman de George Sand « la petite Fadette ».
« La lumière lui paraissait avoir changé de place, et mêmement il la vit remuer, courir, sautiller, repassera d’une rive à l’autre, et finalement se montrer double en se mirant dans l’eau, où elle se tenait comme un oiseau qui se balance sur ses ailes, et en faisant entendre un petit bruit de grésillement comme ferait une pétrole de résine.
Cette fois Landry eut peur et faillit perdre la tête, et il avait ouï dire qu’il n’y a rien de plus abusif et de plus méchant que ce feu-là ; qu’il se faisait un jeu d’égarer ceux qui le regardent et de les conduire au plus creux des eaux, tout en riant à sa manière et en se moquant de leur angoisse.
Landry ferma les yeux pour ne point le voir, et se retournant vivement, à tout risque, il sortit du trou, et se retrouva au rivage. Il se jeta alors sur l’herbe, et regarda le follet qui poursuivait sa danse et son rire. C’était vraiment une vilaine chose à voir. Tantôt il filait comme un martin-pêcheur, et tantôt il disparaissait tout à fait. Et, d’autres fois, il devenait gros comme la tête d’un bœuf, et tout aussitôt menu comme un œil de chat ; et il accourait auprès de Landry, tournait autour de lui si vite, qu’il en était ébloui ; et enfin, voyant qu’il ne voulait pas le suivre, il s’en retournait frétiller dans les roseaux, où il avait l’air de se fâcher et de lui dire des insolences.
Landry n’osait point bouger, car de retourner sur ses pas n’était pas le moyen de faire fuir le follet. On sait qu’il s’obstine à courir après ceux qui courent, et qu’il se met en travers de leur chemin jusqu’à ce qu’il les ait rendus fous et fait tomber dans quelque mauvaise passe. Il grelottait de peur et de froid, lorsqu’il entendit derrière lui une petite voix très douce qui chantait :
Fadet, Fadet, petit fadet,
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Prends ta chandelle et ton cornet ;
J’ai pris ma cape et mon capet ;
Toute follette a son follet.
Et tout aussitôt la petite Fadette qui s’apprêtait gaiement à passer l’eau sans montrer crainte ni étonnement du feu follet, heurta contre Landry, qui était assis par terre dans la brune, et se retira en jurant ni plus ni moins qu’un garçon, et des mieux appris.
— C’est moi, Fanchon, dit Landry en se relevant, n’aie pas peur. Je ne te suis pas ennemi.
Il parlait comme cela parce qu’il avait peur d’elle presque autant que du follet. Il avait entendu sa chanson, et voyait bien qu’elle faisait une conjuration au feu follet, lequel dansait et se tortillait comme un fou devant elle et comme s’il eût été aise de la voir…
Allons, donne-moi la main, poltron ; le follet n’est pas si méchant que tu crois, et il ne fait de mal qu’à ceux qui s’en épeurent. J’ai coutume de le voir, moi, et nous nous connaissons.
Là-dessus, avec plus de force que Landry n’eût supposé qu’elle en avait, elle le tira par le bras et l’amena dans le gué en courant et en chantant :
J’ai pris ma cape et mon capet.
Toute fadette a son fadet.
Landry n’était guère plus à son aise dans la société de la petite sorcière que dans celle du follet. Cependant, comme il aimait mieux voir le diable sous l’apparence d’un être de sa propre espèce que sous celle d’un feu si sournois et si fugace, il ne fit pas de résistance, et il fut tôt rassuré en sentant que la Fadette le conduisait si bien, qu’il marchait à sec sur les cailloux. Mais comme ils marchaient vite tous les deux et qu’ils ouvraient un courant d’air au feu follet, ils étaient toujours suivis de ce météore, comme l’appelle le maître d’école de chez nous, qui en sait long sur cette chose-là, et qui assure qu’on n’en doit avoir nulle crainte »…
Car il s’agissait simplement du phénomène tout ce qu’il y a de plus naturel dit « feu follet ».
Le feu follet est une petite flamme que l'on observe au-dessus des marais ou des cimetières. Longtemps considérés comme une manifestation des esprits, les scientifiques l'expliquent maintenant par la chimie. Les bactéries présentent dans les végétaux ou animaux morts, en se décomposant, fabriquent du gaz méthane. Ce gaz, en s'échappant dans l'air, brûle avec le dioxygène et forme une petite flamme.
Mais Landry lui ne savait rien de tout cela. Qu'on se mette un peu à sa place. Ce phénomène naturel était donc cru surnaturel par lui.
Comme Indutiomaros qui préférait se référer à la notion de savoir plutôt qu’à la notion de croyance
[d’après le Pro Fonteio de Cicéron (qui, comme le pire des avocats marrons, s’insurge contre ce distinguo).
« An uero istas nationes religione iuris iurandi ac metu deorum immortalium in testimoniis dicendis commoueri arbitramini? quae tantum a ceterarum gentium more ac natura dissentiunt, quod ceterae pro religionibus suis bella suscipiunt, istae contra omnium religiones; illae in bellis gerendis ab dis immortalibus pacem ac ueniam petunt, istae cum ipsis dis immortalibus bella gesserunt »]
plutôt que « nous croyons » nous préférons pouvoir dire « je sais » d’une nouvelle forme de rationalisme distincte du matérialisme athée. La religion ne doit pas être une croyance révélée, mais un savoir adéquat allant de pair avec une grande spiritualité. Des certitudes étendues ou reliées par des hypothèses (un océan d’hypothèses ?) Des propositions visant à fournir une explication vraisemblable d'un ensemble de faits, et qui doivent être soumises au contrôle de l'expérience ou vérifiées dans leurs conséquences. La validation par l’expérience étant l’aurige guidant cet attelage (de certitudes et d’hypothèses).
Le tout constituant donc non une croyance, mais un savoir.4)
Soulignons enfin que cette grande science qui illumine (ambividtu versonnions) doit être intemporelle, car il s’agit de construire l’Homme Nouveau avec le meilleur des anciens (des anciens « très sachants ».
La connaissance des honnêtes hommes épaulant les 14 conara fugili formant le kission (autrement dit une éthique supérieure).
Ce que dit Jean Toland en développant ou transposant un verset de l’épître de Saint Jacques parlant de Dieu, mais en l’appliquant non plus à Dieu mais à la religion, aux religions, est crucial.
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Une vraie religion devrait être immuable.
« La vraie religion est toujours immuable, comme Dieu son auteur, pour qui n’existent ni la variabilité ni l’ombre d’un changement ».
Si elle a une histoire, alors
a) elle n’est pas Dieu (cela va de soi)
b) elle n’est exact reflet de Dieu
c) elle est un faux reflet de Dieu
d) elle est un reflet d’autant plus inexact que son évolution a été importante au cours des siècles.
D’où encore une fois l’importance d’un enseignement VRAIMENT OBJECTIF ET HISTORIQUE (AU SENS SCIENTIFIQUE DU TERME) DU FAIT RELIGIEUX 5).
Pierre de La Crau (in « Esprit des lumières es-tu là »?)
NOTES.
À ceux qui seraient bousculés par l’électrochoc de ce constat qui n’a en commun avec la pensée de Georges Sorel que sa volonté de créer un Homme Nouveau, et tout comme dans le cas de la réédition de Mein Kampf ci-dessous quelques notes pour l’encadrer.
1) Nous ne parlons pas ici de la foi subjective de type Jeanne d’Arc qui est respectable bien que n’ayant rien à voir avec la raison. Voir les minutes de son procès comme hérétique ou sorcière.
2) Étant bien entendu que les princes qui nous gouvernent, que les rois ou les vergobrets, doivent être neutre en ce domaine « et veiller seulement à ce que, dans leur manifestation publique, les options religieuses ne contredisent pas les lois du vivre-ensemble dictées par la démocratie « et respectent la liberté de conscience de chacun, quelle qu’elle soit » (Yvon Qiniou).
3) Il y a lieu de ne jamais confondre le racisme avec la critique des religions et si nécessaire revoir les lois qui dans leur application servent aujourd’hui de substitut aux lois anti-blasphème de naguère. Ou d'aujourd'hui. Encore ! Dans certains États ! Comme le Vatican !
La précision que ces lois antiracistes ou mémorielles ne s’appliquent pas à la critique des religions devrait figurer en toutes lettres dans leur texte même.
Il y a lieu ici d’étendre la distinction utilisée en ce qui concerne les fonctionnaires d’État.
La liberté de pensée oui (elle doit être effectivement garantie).
La liberté d’expression non (devoir de réserve).
La notion de racisme ne devrait donc être invoquée qu’en cas de passage à l’acte.
4)Tolérant toutes les spiritualités dont les libertés s’arrêtent où commencent celles des autres. S’agissant du culte à rendre au Grand Sommonocodon (Toland Christianisme sans mystère) Allah ou Jéhovah, dont je ne vois guère l’intérêt en lui-même (pour parler poliment) et qui infantilise ceux qui s’y livrent « je rappellerai seulement que Kant, encore lui, grand théoricien de la morale universelle qu’il a su porter au concept, a violemment critiqué le mérite humain que la religion lui accorde en rappelant que seul le mérite lié à la moralité effective de la vie comptait pour Dieu, unique critère du coup pour obtenir un éventuel « salut ». Tout est dit ici ! J’ajoute cependant que le culte, selon Freud, comporte aussi des aspects obsessionnels, sinon maladifs, qu’on ne saurait accepter sans se montrer indifférent à la souffrance humaine » (Yvon Quiniou). Exemple le pèlerinage musulman annuel de Kerbala.
5) Cf le dieu des philosophes et notamment Aristote, assimilé à un moteur immobile. Même les chrétiens, qui lui ont prêté une incarnation ponctuelle, prétendent se situer dans ce cadre. Pourtant Aristote lui-même croyait en l’existence de dieux. Richard Bodeus l’a bien démontré dans son magistral ouvrage sur Aristote et la théologie. Qui repose sur deux questions de base : 1) La métaphysique aristotélicienne a-t-elle Dieu, un dieu ou les dieux pour objet 2) se propose-t-elle de déterminer la vérité au sujet des dieux ou des récits concernant les dieux ?
Dans Aristote et la théologie des vivants immortels, le terme « théologie » est évidemment à entendre au sens de theo-logia, paroles sur les vivant immortels ; et les « vivants immortels » désignent les dieux que la tradition représente comme des vivants (composés d'une âme et d'un corps) jouissant d'une vie immortelle et d'une parfaite félicité.
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Il suffit d’ajouter que les druides antiques eux avaient eu la prescience d’envisager des apocatastases permet à ces dieux de se régénérer à chaque fin de cycles, dont la durée estimée par eux faisaient rire tout le monde à l’époque et jusqu’au Moyen-âge. Sauf peut-être les brahmanes.
Dans le livre de Lismore (fo.151, b 2) on trouve en effet le passage suivant.
« Trois ans pour le champ (assolement triennal ?).
Trois durées de vie du champ pour le chien.
Trois vies de chien pour le cheval.
Trois vies de cheval pour l’être humain.
Trois vies d’être humain pour le cerf.
Trois vies de cerf pour le merle.
Trois vies de merle pour l’aigle.
Trois vies d’aigle pour le saumon.
Trois vies de saumon pour l’if.
Trois vies d’if pour le monde du début à la fin ».
Que notre auteure préférée [Éléonore Hull, « Le faucon d’Achill ou la légende des plus vieux animaux du monde », Folklore, Tome. 43, No.4 (1932 pp. 376–409] commente ainsi.
« Nous arrivons ainsi à 59 050 ans, soit deux multiples de trois en plus que le calcul de Westminster, qui nous donne 6561 ans ; c’est-à-dire la durée de vie d’un saumon dans la liste irlandaise ».
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ANNEXE Nº 5.
MISE AU POINT DE l’AUTEUR DE CETTE COMPILATION.
[Lettre circulaire retrouvée par les héritiers de Pierre de La Crau et publiée par eux à cet endroit sous ce titre].
Depuis juillet 1987 je me considère désormais comme très-sachant de la druidiaction et devant agir en tant que tel. Oh ! Certes, je l’avoue, sans nulle honte d’ailleurs, je ne suis qu’un être humain ordinaire et nullement un dieu ou un prophète. Né en 1952 dans un milieu rural et catholique, assez dur, baptisé, confirmé et tout et tout. Aujourd’hui marié et divorcé, père de trois enfants, je gagne ma vie sans richesse, mais sans pauvreté non plus !
Et le druidisme dans tout ça me direz-vous ?
J’y viens !
Entre seize et vingt-cinq ans, je me suis peu à peu détaché, lentement mais sûrement, de la philosophie religieuse qui avait été implicitement ou explicitement celle de mon enfance.
N’étant ni Chinois ou Russe, je fus donc tout naturellement celtisant. Simple question d’identité.
Après mon arrivée à Paris où j’ai débarqué en 1977, de 1979 à 1985 au sein de la F.R.G. (Fédération de Renaissance Gauloise) j’ai pendant cinq ans défendu le druidisme de nos lointains ancêtres. À force d’expliquer à tout le monde que cette religion antique, dans le fond, n’était pas plus bête qu’une autre ; n’était en tout cas pas plus bête que celles qui sont issues de l’histoire du peuple juif ; j’ai fini par me rendre compte…
QU’ELLE LEUR ÉTAIT MÊME AU CONTRAIRE SUPÉRIEURE SUR BIEN DES PLANS ! EXEMPLE L’IMMORTALITÉ DE L’ÂME ET LA QUESTION DE L’ENFER.
La métamorphose était achevée !
De simple avocat du druidisme, j’étais devenu druidisant.
Ma grande déception par contre ce fut de découvrir avec consternation l’extraordinaire médiocrité du néo-druidisme français actuel.
Certains de nos confrères dans ce pays prétendent ÊTRE la Tradition. Rien que cela ! La Tradition avec un T majuscule s’il vous plaît !
Certaines de nos consœurs aussi d’ailleurs. Vous savez, ceux qui se croient plus intelligents que vous parce qu’ils utilisent des mots gallois et font des mystères de tout. Ceux qui appellent saie leur robe druidique.
Ils ont des ovates ET des eubages.
Ils fêtent surtout les solstices et les équinoxes.
Ils soutiennent que Ram était un druide celte.
Ils utilisent les lettres OIW pour parler de l’Être Supérieur. Leur dada enfin, ce sont les menhirs et les dolmens.
Sans compter tout ce qu’ils écrivent à propos de leurs initiations, toutes plus extraordinaires les unes que les autres.
QUAND ON SAIT…
Que la saie jadis était un manteau de laine jeté sur les épaules et non une robe…
Qu’eubages et ovates, c’est la même chose, EUBAGES ET OVATES N’ÉTANT QUE DES DÉFORMATIONS GRECQUES DU MOT VATE (pluriel VATES)…
Que les Celtes fêtaient avant tout le 1er novembre, le 1er février, le 1er mai ainsi que le 1er août…
Que Ram est un héros de la mythologie INDIENNE et rien d’autre…
Que les Celtes antiques n’écrivaient jamais, hormis certains détails profanes, et qu’ils ne connaissaient pour cela que les alphabets lépontique, grec, ou latin, tous trois des alphabets IGNORANT le W…
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Que les monuments mégalithiques sont préceltiques et donc prédruidiques (nous disons bien pré druidiques et non pas druidiques tout court) !
Que l’initiation de leur Maître et fondateur Paul Bouchet, par Philéas Lebesgue, N’A JAMAIS EU LIEU 1)…
On ne peut que…Rire…d’une telle « Tradition » !
Qui visiblement ne remonte pas au-delà de la littérature galloise du XVe siècle, et qui est donc une PSEUDO-tradition, une bouffonnerie servant simplement de prétexte à…
— La paresse intellectuelle (eh oui, Mesdames et Messieurs les druides, la vérité dans ce cas est toujours beaucoup plus difficile à cerner que vous ne le croyez).
— Le manque d’esprit critique (il y a beaucoup de choses trop belles pour être vraies).
— Le manque de culture générale (le premier devoir d’un très-sachant de la druidiaction était pourtant de bien maîtriser sa langue maternelle).
— Le manque de culture celte (lisez un peu les livres d’histoire, les vrais, au lieu de vos sempiternelles fadaises n’ayant rien à voir avec la réalité passée TELLE QU’ELLE FUT).
— L’orgueil et la prétention.
— En tout cas bien peu de modestie !
— Et quelques sérieux sentiments de supériorité, guère justifiés.
La Tradition ne doit pas être le prétexte à une démission de la raison, comme c’est un peu trop souvent le cas chez nous. Répétons-le encore une fois ! Il y a eu incontestablement une rupture dans la transmission de la tradition authentique, une solution de continuité comme on dit.
Vers la fin du IVe siècle en Gaule. Vers le VIe siècle au pays de Galles. Vers le Xe siècle en Irlande. Le dernier druide irlandais par filiation « naturelle » dirons-nous, équivalent à Merlin en Grande-Bretagne, a officié à la cour du roi des rois d’Irlande appelé Domnall mac Muirchertach Ua Neill (O’Neill) roi d’Ailech de 942 à 980 et Ard ri Érenn de 956 à 980, né païen, mais mort baptisé. Encore faut-il préciser que son druidisme était déjà vraiment très décadent et corrompu, vu la christianisation progressive de la société autour de lui. Du moins c’est ce que l’on peut déduire de l’existence encore à l’époque, dans le répertoire des grands « poètes » irlandais, de l’imbas forosnai du teinm loida et du dichetal do chennaib, pourtant interdits par saint Patrice (cf. l’histoire du pillage du château de Maelmilscothach par Errard Mac Coisé, un poète ayant vécu au Xe siècle).
Do ratath tra do Mael Milscothach iartain cech ni dobrethaigsid suide sin etir ecnaide 7 fileda 7 brithemna la taeb ogaisic a crech 7 is amlaidsin ro ordaigset do tabairt a cach ollamain ina einech 7 ina sa[ru]gad acht cotissad de imus forosnad [di]chetal do chollaib cend 7 tenm laida .i. comenclainn fri rig Temrach do acht co ti de intreide sin FINIT.
Tout confrère, tout druide, tout bosquet ou tout collège, laissant donc entendre le contraire, affirmant ÊTRE la Tradition, AVOIR la Tradition, la continuer DANS SA PLÉNITUDE ET DE FAÇON DIRECTE… MENT !
Et s’il ne s’agit pas d’une escroquerie intellectuelle ou commerciale, cela prouve alors au moins, hélas, que ces confrères sont plutôt du genre à croire n’importe quoi. Enfin du moment que cela les arrange, et que cela leur permet de se faire passer pour plus savants, plus sages, ou plus initiés que les autres, évidemment.
Le tout SANS EFFORT !
Pas besoin de se poser des questions puisque l’on EST la Tradition, n’est-ce pas ?
L’enseignement de ces confrères ou de ces consœurs découle presque entièrement des pseudo-triades galloises de la fin du Moyen-âge (OIW, le Gwenved, etc.)
Et alors direz-vous ? Cela prouve que le druidisme s’était bien éteint sur le Vieux Continent, mais est-ce si grave, s’il a survécu au Pays de Galles ?
Non, bien sûr ! Mais ce qui est TRÈS GÊNANT dans tout cela, c’est que l’image de la société celtique qui se dégage de ces triades galloises… N’A PRESQUE AUCUN RAPPORT AVEC CELLE QUI ÉMERGE DES LIVRES D’HISTOIRE OU DES TÉMOIGNAGES ARCHÉOLOGIQUES.
Elles sont si différentes que l’on se demande même si elles parlent bien de la même chose.
À la place de ces confrères et de ces consœurs, moi je me poserais la question suivante : « Pourquoi une telle distorsion ? Comment se fait-il que ce qui apparaît dans notre enseignement n’a presque rien à voir avec ce que l’on trouve dans les livres d’Histoire ? D’où vient l’erreur ? » Très curieux, effectivement !
La raison de cette distorsion qui devrait les empêcher de dormir, la voici ! Les triades galloises n’ont presque rien d’authentique. Ce sont des inventions littéraires dues à Iolo Morgannwg qui a tout mélangé au XVIIIe siècle pour fabriquer le catéchisme dont il rêvait.
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Prétendre que ces triades sont le reflet clair et net du druidisme d’il y a 2000 ou 3000 ans est une escroquerie intellectuelle sans nom. La recherche de la vérité en l’occurrence est toujours, hélas ! plus difficile et moins confortable que ne l’imaginent nos confrères. C’est une longue et harassante quête du Graal, à sans cesse recommencer. Si nos confrères étaient honnêtes avec eux-mêmes, ils essaieraient de confronter leurs données à celles des historiens.
Mais les triades galloises, c’est plus pratique et plus confortable n’est-ce pas ?
C’est du surgelé ou du déjà cuisiné !
Il est vrai que quand on EST la Tradition à soi tout seul, rien que cela, on n’a plus besoin de se poser des questions et d’utiliser la plus noble conquête de l’Homme ; celle qui le distingue de l’animal : la Raison.
Vous ne cherchez plus, vous avez déjà trouvé ! Un peu de modestie, Mesdames et Messieurs les druides, regardez-vous dans une glace de temps en temps et montrez-vous dignes de votre âge.
Le plus curieux est qu’en agissant ainsi, nos confrères et nos consœurs se mettent eux-mêmes en contradiction avec un de leurs plus importants principes, celui de l’oralité de la Tradition celtique.
Ils affirment que la vraie tradition est orale, mais ils réagissent vis-à-vis de ces triades exactement comme les Témoins de Jéhovah devant leur Bible. Ils les tiennent pour une vérité révélée, intangible, éternelle, dont pas une virgule ne doit être changée.
Or ces triades ne constituent qu’un moment de la pensée néo-druidique moderne ; une étape, bien caractérisée d’ailleurs, celle du XVIIIe siècle ; et une étape complètement dépassée, tant au niveau de la forme (le système de références historiques est à revoir complètement) qu’au niveau du fond (influences chrétiennes, idées à la mode et politiquement correctes, ou autres).
Vous avez dit bizarre ? 2)
Notre Ollotouta est pauvre ! Bien que nous passions pour des imposteurs depuis notre arrivée à Paris en 1977 ; nous qui sommes sincères ; pour inutiles nous qui enrichissons tant de gens ; pour dangereux nous qui ne pensons qu’à la vie, NOUS SOMMES DONC… au milieu de la gloire comme de l’ignominie, avec une bonne ou une mauvaise réputation, inconnus quoique trop connus.
Notre Ollotouta est pauvre ! Nous sommes pauvres en hommes, car nous ne touchons que quelques centaines de personnes, qui plus est dispersées un peu partout.
La loi d’airain des associations est : « Une personne sur dix seulement vient aux réunions ».
Arriver à rassembler 20 ou 30 personnes le même jour au même endroit est donc déjà un bon résultat pour nous.
Nous sommes également pauvres en matériel, en moyens, en argent, en locaux, et en immeubles.
D’où ce petit côté amateur que l’on nous reproche sans savoir.
D’où aussi toutes ces maladresses dont se gaussent, avec l’esprit de charité qui leur est propre, les Églises chrétiennes en place, ou les journalistes, voire les tiers.
À cause de tout cela bien des portes se fermeront encore devant nous.
Comme dit le proverbe : « Suivant que vous serez puissants ou misérables… »
En outre, jusqu’en juin 1987 j’ai commis la faute (oui, la faute) et l’erreur, d’avoir trop de scrupules à revendiquer pour moi-même le titre de druide ; alors que tant de gens qui ne le méritent pas se précipitent dessus et n’ont que cela en tête : être ordonné druide, être ordonné druide…
Il serait préférable que ces personnes se précipitent d’abord pour mettre concrètement la main à la pâte, en se salissant lesdites mains si nécessaire.
Hésiter à se dire druide, quand on a le minimum nécessaire (voir plus haut) est incontestablement une faute, car cela laisse le champ libre aux incapables, aux nuls, aux escrocs de toutes sortes, aux demi-lettrés, aux mythomanes, aux déséquilibrés…
Je prends donc en main dorénavant directement l’organisation et la conduite de l’Ollotouta druidique des Gaules du point de vue du druidisme, puisque notre ami belge René Lixon en a démissionné.
La sélection pour entrer à l’Ollotouta druidique des Gaules ou en être membre (être abonné à la revue est un autre problème) sera sans faille maintenant. Je le répète encore, il s’agira de savoir jusqu’où peut aller pour la cause de la Renaissance néo-païenne druidique celui ou celle qui demandera donc à être ordonné druide ou prêtresse… ou à simplement adhérer.
Cela ira de l’effort financier (cotisation) jusqu’aux épreuves physiques (marche de 20 km sac au dos et ampoules aux pieds) voire surtout morales ou psychologiques.
Ces épreuves resteront éventuellement un secret entre « l’initiateur » et le « comrunos » (entre « l’initiateur » et « l’initié ») si elles sont trop dures sur le plan moral et psychologique. Je mets initiation entre guillemets, car il ne s’agit pas, comme chez nos confrères, de conférer des pouvoirs magiques et mystérieux ; seulement de vérifier des connaissances et de tester des caractères.
Certaines de ces épreuves auront en effet pour but, outre l’indispensable contrôle des connaissances, de voir jusqu’à quel point le demandeur ou l’impétrant peut affronter l’adversité, les avanies, le ridicule.
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Je veux des hommes ou des femmes capables de courir tout nu sur la plus fréquentée des avenues du monde si nécessaire ; ou, comme la belle Judith de la Bible, capable de se donner physiquement à un ennemi pour le neutraliser 3). Qu’importe alors si nous sommes peu nombreux ! Ce qui compte c’est d’avoir un noyau d’hommes ou de femmes se connaissant bien (des amis ?) décidé, n’ayant pas froid aux yeux, unis et solidaires, rodés ; capables d’affronter le ridicule apparent (apparent) d’une situation (la pluie, peu de monde, et ainsi de suite).
La sélection pour entrer sera impitoyable. Il faudra vraiment avoir la foi ou l’espoir chevillé au corps, c’est-à-dire avoir vraiment envie de contribuer à la renaissance de la métaphysique et de la spiritualité de nos ancêtres, pour y entrer.
Je ne veux plus, mais alors absolument plus…
— De gens craquant avant la fin, alors que le feu est à la maison.
— De gens qui font des caprices et refusent au dernier moment de venir alors que l’on avait besoin d’eux.
— De gens qui ne se sentent pas impliqués, qui ne se sentent pas solidaires, et qui finissent par lâcher leurs frères au lieu de les aider jusqu’au bout ; quitte à laver ensuite notre linge sale en famille…
J’invite donc toutes les personnes intéressées à m’écrire à l’adresse suivante :
PIERRE DE LA CRAU
(Citoyen du monde né le 13 janvier 1952).
BP.13, 93301 Aubervilliers cedex. FRANCE.
1) Certains avancent un autre argument pour prouver l’inauthenticité de cette prétendue Tradition : la distinction faite entre les habits rituels bleus et les habits rituels verts. D’après les linguistes en effet, nos ancêtres ne distinguaient guère ces deux couleurs, et n’avaient qu’un seul et même terme pour les désigner : glastos.
Bleu ou vert, tout était glastos. Au-delà de ce nom commun, ils utilisaient des adjectifs pour noter les diverses teintes, perçues par eux comme des nuances seulement de ce glastos. Il y avait ainsi le glastos des prés (le vert) le glastos du ciel (le bleu), et d’autres encore sans doute.
La séparation entre habits rituels bleus et habits rituels verts est donc un modernisme datant de l’époque de John Toland (du XVIIIe siècle) et non un fait antique.
Après tout pourquoi pas ? Tous ces bleus et ces verts font très joli ! Seulement il ne faut pas laisser entendre que c’est un fait traditionnel puisqu’il a tout au plus quatre cents ans.
2) Note des héritiers de Pierre de La Crau. Ce très sévère jugement s’applique vraisemblablement aux groupes français mentionnés au tout début de cet ouvrage : le collège de Bibracte, le collège des druides, bardes, et ovates, des Gaules (publication Ar Gaël) le groupe druidique des Gaules (publication Message), etc. etc.
3) Après être devenue la maîtresse d’Holopherne, Judith profita d’une nuit dans son lit pour lui couper la tête.
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ANNEXE 6.
LE PLUS GRAVE.
Le plus grave, c’est que la foi païenne est d’abord confrontée aujourd’hui à beaucoup plus d’ignorances et de préjugés que de critiques pertinentes. Mais la spiritualité non abrahamique continue de se manifester ici et là dans tous les domaines, même si le témoignage porté se montre en plus d’un cas inférieur à la hauteur de vues dont il se réclame.
Le navrant exemple de l’Église druidique des Gaules, réduite à néant par le manque d’intelligence (ou la sous-culture de ses membres) en quelques mois, est la désespérante illustration de cette ornière, caractéristique actuelle du néo-druidisme français.
Les membres de l’E. D. G. ont en effet réussi l’exploit d’imposer en 1993 à leur association une nouvelle stratégie (une stratégie autre que celle qui était prévue par les statuts) ; un mini putsch « d’une rare intelligence » qui a contraint à la démission le fondateur du groupe. Les propos du genre : « ce sera lui ou moi » tenus par le trésorier de l’époque, M. Henri Larcher, furent en effet sans équivoque ; et furent approuvés par la plupart des autres membres, y compris le dernier druide nommé par le fondateur, Jean-Lionel Manquat (tu quoque fili) et le vate Patrick Basset.
Car on ne peut pas considérer le fait de ne rien dire et de suivre la majorité de circonstance, comme un désaveu de cette dernière. Quant au vellède Bernard Hénot, il demanda l’exclusion du fondateur en des termes encore plus violents… Seuls un ou deux membres furent d’un avis quelque peu différent (M. Alain Muller, et dans une certaine mesure, mais dans une certaine mesure seulement, le druide Michel Testaz).
La cheville ouvrière du groupe étant partie avec armes et bagage (la revue, la seule adresse de contact connue, le fonds de numéros spéciaux, et ainsi de suite) pour continuer ailleurs son combat et l’œuvre entreprise ; l’association redevint très rapidement un groupuscule comme les autres, et la nouvelle E. D. G. ne fut bientôt plus que l’ombre de ce qu’avait quand même été l’ancienne.
Bien que rebaptisée « Fédération » (publication : Combutis) cette « fraternité » (sic) ne fédéra pas grand monde ; et c’est ainsi que fut coulé en France le seul véritable espoir d’aggiornamento sérieux, c’est-à-dire ayant un peu de profondeur métaphysique au lieu d’être superficiel ; et bêtement à la remorque des idées à la mode qu’elles soient d’origine chrétienne ou pas (hindoues, etc.) ; qu’ait connu le néo-druidisme de la fin du XXe siècle.
Bien que non convaincu au départ par les analyses de MM. Henri Larcher ou Bernard Hénot, le druide Pierre Collier s’y rallia cependant rapidement. Erreur fatale que tout cela, due sans doute à une sous-évaluation du problème constitué par le départ quelque peu contraint et forcé, c’est le moins que l’on puisse dire, du fondateur……
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ANNEXE N° 7.
Peter DeLaCrau 20 Septembre 2012
17 route de l’Éguille
La Boirie
17 310 Saint-Pierre d’Oléron
Jean-Lou,
Tu me demandes des nouvelles de mon installation à Oléron.
J’ai tardé à te répondre, car c’est une catastrophe. À part les caissières des supermarchés, je n’ai jamais trouvé autant de cons de toute ma vie qu’à Oléron.
À commencer par le maire qui a refusé de me vendre les deux mètres carrés de terrain qu’il y a juste devant ma fenêtre. N.B. Je ne lui reproche pas le fait qu’il n’y a pas eu vente, MAIS LE FAIT QU’IL NE M’A MÊME PAS DIT POURQUOI. Il ne m’a fourni aucune raison (il aurait pu y en avoir).D’ailleurs en fait il n’a même pas pris la peine de me répondre, mais a fait envoyer la lettre plus pour lui par un de ses sbires du conseil municipal. Oléron piège à cons !
De toute façon, ne parlons pas des notaires oléronais. Le notaire qui m’a vendu la maison en omettant de faire enregistrer les servitudes et en ne faisant pas le travail de vérification qui lui incombait, par paresse ou je-m’en-foutisme et recherche des économies à tout prix ; outre le fait qu’il n’est que moyennement intelligent, comme tous les lâches a ensuite rejeté la faute sur la victime, de ces fautes professionnelles, en ajoutant l’humiliation au préjudice. Et sa hiérarchie l’a évidemment couvert. Bref je ne conseille à personne d’acheter à Oléron, à Oléron il n’y a que des cons.
Dès que tu as franchi le pont qui enjambe le pertuis d’Antioche Maumusson tu te retrouves dans un autre monde, un univers parallèle où il y a encore un seigneur de la Boirie au-dessus des lois et où l’information qu’il y a eu une révolution n’est pas encore arrivée. Ce n’est pas pour rien que les Oléronnais avaient autrefois la réputation d’être des naufrageurs.
Mes voisins sont tous des lâches menteurs voleurs et hypocrites. Mais dans le fond ils ont raison puisque tout le monde les croit sur parole et les plaint. Et pourtant ILS ME FONT QUOTIDIENNEMENT CE QU’ILS NE VOUDRAIENT SURTOUT PAS QU’ON LEUR FASSE A EUX ! À Oléron décidément il n’y a que des gens odieux. Non, flûte, là ça ne rime pas !
J’ai payé la géomètre pour qu’elle fasse une étude objective du terrain, mais visiblement elle n’avait pas l’intention de le faire, bien qu’engagée et payée par moi ; elle s’est entretenue avec eux hors de ma présence et n’a rendu son rapport qu’un an après, ayant été menacée de procès par mon avocate. De toute façon ce rapport était inutilisable. Le premier géomètre était un peu mieux, mais voulait d’office couper la poire en deux par principe avant même d’aller vérifier aux archives cadastrales, ce que j’ai donc du faire seul puisqu’il excluait ça d’office de son travail de géomètre. Et comme il excluait d’office certaines informations, sa conclusion n’avait donc rien à voir avec la justice ni même avec le simple bon sens. Elle était plutôt du genre « on vous a volé votre voiture ? Récupérez le moteur et laissez-lui la carrosserie ! Remarque, c’était mieux que ce qu’ont fait les gendarmes, car à Oléron il n’y a que des cons (ça rime en plus). Par exemple des gendarmes assez crédules pour croire qu’un notaire peut-être voyant et qu’une parcelle de terrain qui n’existe pas tant sur le plan de la numérotation que de l’assiette peut être incluse dans un partage 70 ans avant sa création.
Le gendarme français d’aujourd’hui. « Stop, permis de conduire s’il vous plaît ».
Le voleur. « Bien sûr, M. l’agent, le voilà, il est même tout neuf, je l’ai imprimé moi-même cette nuit dans ma cave ! »
Le gendarme français. « Ah ça vous avez raison, l’encre est à peine sèche, au moins il est facile à lire, quelle chance, ça me change des permis de conduire illisibles tellement ils sont usés. Très bien, parfait, je vous le rends vous pouvez partir ! »
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Plus grave encore que leur manque de discernement, des gendarmes qui vont jusqu’à mentir ou commettre à leur tour des faux pour se tirer d’affaire (par exemple en affirmant que tu n’as pas répondu leur demande de renseignements complémentaires, ALORS QU’ILS N’ONT MÊME PAS ESSAYÉ. La gendarmerie nationale française n’est décidément plus ce qu’elle était du temps de ton grand-père (qui a fait partie en 1940 non pas des premières, mais des dernières forces armées françaises ayant évacué Strasbourg, et fut pris sous le feu des Allemands à Corcieux Vanémont, où ils se sont battus jusqu’à la signature de l’armistice le 22 juin. D’où sa médaille militaire sans doute. Après eux il n’y avait plus d’État français à Strasbourg.
Pour en revenir aux gendarmes d’Oléron là encore il s’est agi d’individus inconscients des conséquences de leur forfaiture dans la vie quotidienne des victimes.
Pour ce qui est de l’adjudant-chef Cyrille Chevrier, on voit tout de suite que c’est un officier de police judiciaire pas très intelligent vu ce que mes plaintes sont devenues sous sa plume. Comme il ne sait même pas ce que c’est qu’une escroquerie au jugement en droit français il a transformé ça en « abus de faiblesse »…
Quant au juge du Tribunal de Grande Instance pas très fute fute lui non plus (a dû avoir son diplôme de magistrat dans une pochette surprise), disons au niveau intellectuel très moyen, et totalement indifférent aux conséquences dramatiques sur la vie de la victime de son examen du dossier bâclé (collusion comme dans une république bananière ?).
Le résultat de toute cette médiocrité intellectuelle et morale des Français et des Françaises (la procureure) occupant des fonctions intellectuelles c’est que l’État de droit en France est devenu une république bananière et que l’administration judiciaire n’en sort pas grandie ; la justice française dans cette affaire pourtant d’une simplicité enfantine, une famille de voleurs, les ROBERTS, qui s’est peu à peu approprié une cour commune, un passage commun, et les puits communs, la justice française a fait plus que se ridiculiser, elle s’est déshonorée.
NB. J’exclus de la liste l’avocat sans scrupule de partie adverse même s’il fait plus que défendre des voleurs, MAIS LES AIDE À VOLER, LEUR VOISIN et qu’il les aide à faire condamner un innocent (innocent pour cause de légitime défense) : 75 euros d’amende.
On dit souvent pour le déplorer qu’en France ce sont les juges d’instruction qui font la loi. Mais ce qui est évident dans cette affaire qui déshonore l’idée même de justice en France, soi-disant pays des droits de l’Homme, c’est qu’en France ce ne sont pas les députés qui font la loi, mais les notaires. En France un faux intellectuel en écriture authentique au bout d’un certain temps devient comme un vrai. 2 + 2 = 5 quand c’est écrit par un notaire français ça devient une vérité d’évangile.
Bon, pour en revenir à ta mère, la raison pour laquelle j’ai, etc.……
1) Français châtié « idiots ».
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ANNEXE N° 8.
Liberté-Égalité-Fraternité
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR
GENDARMERIE
Nationale
N° 6187 du 16 décembre 2015
LE CHEF DE L’INSPECTION GÉNÉRALE
GEND/IGGN/CAB
DE LA GENDARMERIE NATIONALE
Monsieur,
Votre courrier du 20 octobre 2011 a retenu toute mon attention dans lequel vous contestez le classement sans suite de la plainte que vous avez déposée pour des violences volontaires n’ayant entraîné aucune ITT.
En tant que chef de l’inspection générale de la gendarmerie nationale, il m’appartient de veiller au respect, par les gendarmes, des obligations déontologiques que leur impose leur fonction.
Des vérifications effectuées, aucun élément ne permet d’établir que l’enquêteur n’aurait pas agi avec professionnalisme ou qu’il aurait influencé le procureur de la République dans sa décision. Ce magistrat a décidé, en toute indépendance et objectivité, de classer sans suite cette enquête. Le Procureur Général de Poitiers, à qui vous avez également adressé votre correspondance, est la seule autorité habilitée à réexaminer cette affaire.
Je vous prie de croire, Monsieur, à l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Général de corps d’armée Pierre Renault
M. Jean-Loup DeLaCrau
83390 Cuers
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ANNEXE N° 9.
Liberté-Égalité-Fraternité
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
MINISTÈRE DE LA JUSTICE
COUR D’APPEL DE POITIERS Poitiers, le 30 décembre 2011
Le Procureur général
Monsieur Pierre de La Crau
17 route de l’Éguille
La Boirie
17310 Saint-Pierre d’Oléron
Objet : Recours contre une décision de classement sans suite
Référence : B 80-446 /15 SC /SC
Monsieur,
Je fais suite à mon précédent courrier du 6 septembre 2011.
Après examen du dossier de la procédure, je vous informe que je n’entends pas revenir sur la décision de classement du procureur de la République de La Rochelle qui m’apparaît justifiée en ce qu’elle considère qu’aucune infraction ne peut être clairement caractérisée tant au plan matériel qu’au plan intentionnel, y compris pour les documents notariés argués de faux.
Le litige apparaît être de la compétence de la chambre civile.
Néanmoins, si vous en jugez autrement, vous pouvez diligenter vous-même une action pénale devant le tribunal ou saisir le doyen des juges d’instruction.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.
/Le procureur général
Stéphane Chassard, substitut général
Secrétaire général
10 place Alphonse Lepetit
BP. 527 86020 Poitiers cédex
Téléphone :05 49 50 23 03
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ANNEXE N° 10
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TABLE DES MATIÈRES
Préface
Petits ruisseaux
ANNEXES.
Le rire de Merlin
Éloge de l’incroyance
Islam Christianisme et paganisme
Cartago est toujours delenda est
Mise au point
Le plus grave
Annexe N° 7.
Annexe N° 8.
Annexe N° 9.
Annexe N° 10.
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DU MÊME AUTEUR
1. Citations des auteurs antiques parlant des Celtes ou des druides.
2. Généralités liminaires diverses sur les Celtes.
3. Histoire du pacte avec les dieux tome 1.
4. La Bible du druidisme : histoire du pacte avec les dieux tome 2.
5. Histoire du pacte avec les dieux tome 3.
6. Histoire de la paix avec les dieux tome 4.
7. Histoire de la paix avec les dieux tome 5.
8. Des Fénianes aux Culdées ou « La Grande science qui illumine » tome 1.
9. Textes apocryphes irlandais.
10. Des Fénianes aux Culdées ou « La Grande science qui illumine » tome 2.
11. Des Fénianes aux Culdées ou « La Grande Science qui illumine » tome 3.
12. Les cent voies du paganisme. Science et philosophie tome 1 (mythologie druidique).
13. Les cent chemins du paganisme. Science et philosophie tome 2 (mythologie druidique).
14. Les cent chemins du paganisme. Science et philosophie tome 3 (mythologie druidique).
15. Le grand Camminus : éléments de théologie druidique tome 1.
16. Le grand catéchisme : éléments de théologie druidique tome 2.
17. Le plérôme druidique : anges djinns ou démons tome 1.
18. Le plérôme druidique : anges djinns ou démons tome 2.
19. Mystagogie ou théâtre sacré des Celtes antiques.
20. Poèmes celtes.
21. Le génie du paganisme celte tome 1.
22. Le complexe de Roland.
23. Au pied de la lanterne des morts.
24. Les secrets du vieux druide de la forêt ménapienne.
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25. Le génie du paganisme celte tome 2 (liberté réciprocité simplicité).
26. Rhétorique : la trahison des clercs).
27. Petit dictionnaire de théologie druidique tome 1.
28. Des philosophes antiques au druide irlandais.
29. Judaïsme christianisme et islam : première partie.
30. Judaïsme christianisme et islam : deuxième partie tome 1.
31. Judaïsme christianisme et islam : deuxième partie tome2.
32. Judaïsme christianisme et islam : deuxième partie tome 3.
33. Troisième partie tome 1 : Qu’est-ce que l’Islam ? Bref historique de l’ensemble COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD.
34. Troisième partie tome 2 : Qu’est-ce que l’Islam ? Premières approches de l’ensemble COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD.
35. Troisième partie tome 3 : Qu’est-ce que l’Islam ? Les 5 vrais piliers de l’ensemble COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD.
36. Troisième partie tome 4 : Qu’est-ce que l’Islam ? Coups de sonde dans l’ensemble COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD.
37. Couiro anmenion ou Petit dictionnaire de théologie druidique tome 2.