Chapitres médinois.Les chapitres médinois sont des « ordres ». Ils posent les bases fondamentales d’une société nouvelle, dans laquelle le respect et obéissance sont dus à Mahomet et à sa famille, où les louanges vont à ceux qui combattent et meurent dans le petit djihad (lutte) sur le chemin de Dieu, et où l’on lutte contre l’oppression des ennemis de l’Islam. Près de 500 versets regroupent les réglementations, civiles, pénales, militaires et serviront de base au droit musulman. D’autres chapitres médinois définissent également les devoirs et les croyances du musulman.
Le professeur Régis Blachères comme tout le monde distingue dans le Coran d’Osman deux grandes périodes, la première se déroulant à La Mecque et la deuxième à Yathrib/Médine.
Il n’arrive pas à faire de distinction dans le groupe médinois (nous y reviendrons), mais par contre trouve 6 groupes de chapitres ou versets mecquois (ci-dessous le résumé de l’analyse du professeur Régis Blachères, son indulgence en moins).
Première période mecquoise.
Les versets, courts en général, forment souvent des unités à rime unique, et riche. La phrase est fréquemment elliptique, toujours ardente, oratoire, coupée de serments, de questions impérieuses. Souvent reviennent des formules, des clichés dont la monotonie agit de façon obsessionnelle sur l’auditeur.
A) Premier groupe (8 chapitres). Sourates 96, 74, 106, 93, 94, 103, 91, 107.
Thème essentiel, un appel à la purification, à la charité, à la persévérance.
B) Deuxième groupe (23 chapitres). Sourates 86, 95, 99, 101, 100, 92, 82, 87, 80, 81, 84, 79, 88, 52, 56, 69, 77, 78, 75, 55, 97, 53, 102.
Ce qui domine dans ces chapitres ce sont les développements eschatologiques. De l’unicité divine, dogme essentiel en Islam, il n’est pas encore question. Ce qui revient sans cesse au contraire, comme une obsession accusée par la minutie du détail autant que par la puissance de l’évocation, c’est le rappel de la fin des temps et du Jugement dernier. Dieu assignera à chacun, selon ses œuvres, les délices du Paradis ou les tortures de l’Enfer. La prédication nouvelle, telle qu’elle apparaît dans les chapitres de ce groupe, ne s’en prend pas encore frontalement au paganisme.
C) Troisième groupe (11 chapitres). Sourates 70, 73, 76, 83, 111, 108, 104, 90, 105, 89, 85.
Mêmes thèmes que les chapitres précédents, mais un nouvel élément s’y glisse. Quelques traits rapides sont en effet des répliques plus ou moins directes et véhémentes à des opposants. Le stade de la conciliation avec le paganisme est dépassé. Un autre thème se surajoute à ces répliques : le rappel du châtiment terrestre qui a frappé, dans le passé, ceux qui restèrent sourds à la voix des prophètes. L’argument est de poids : il évoque en effet à la fois la toute-puissance de Dieu, le souci de celui-ci de soutenir ses Envoyés, et aussi la menace qui pèse sur ce que les impies ont de plus cher, leurs biens d’ici-bas.
D) Quatrième groupe (5 chapitres). Sourates 112, 109, 1, 113, 114.
Ces cinq chapitres tranchent nettement, par leur contenu, sur tous les autres. Ce sont des textes très courts, en forme de credo ou de prières conjuratoires. Trois d’entre eux semblent anciens. Deux autres au contraire semblent postérieurs.
Deuxième période mecquoise.
E) Premier groupe (21 chapitres). Sourates 51, 54, 68, 37, 71, 44, 50, 20, 26, 15, 19, 38, 36, 43, 72, 67, 23, 21, 25, 27, 18.
Le style de ces chapitres diffère très nettement de celui des révélations antérieures. Le ton passionné, haletant, s’est apaisé. Les versets s’étirent peu à peu sans cependant, en règle générale, cesser d’être sentis comme des unités rythmiques. La rime devient plus monotone, se réduit à quelques groupes où dominent les finales in, oun.
Les formules sacramentelles, certains clichés fréquents dans les textes de la période précédente, ont disparu. D’autres les remplacent, telle la formule : « Ceux qui croient et accomplissent de bonnes œuvres ». Dieu est habituellement désigné par l’appellatif « le Bienfaiteur » dans le corps même des chapitres. Enfin les appellatifs doubles pour désigner Dieu, comme : « Celui qui pardonne, le Miséricordieux », « l’Omniscient, le Sage » apparaissent de plus en plus souvent à la fin des versets. On peut y voir le développement d’une pensée religieuse qui éprouve le besoin d’énoncer quelques-uns des attributs de Dieu ou l’attribuer à l’habitude de la récitation en commun que favorisent ces répétitions de thèmes aux riches sonorités.
La forme prise par les révélations permet d’entrevoir l’ambiance : l’opposition de plus en plus hostile ne se cantonne plus dans le scepticisme et la raillerie. Elle attaque, discute, provoque, lance des sarcasmes. Entre le paganisme et l’Islam naissant, les contrastes s’accusent. Du coup certains thèmes coraniques passent au second plan. Le dogme de l’unicité divine déjà affirmé dans certains textes de la fin de la période devient le thème essentiel de la Prédication. En même temps se multiplient les traits contre les dieux. En revanche les descriptions du Jugement dernier, des