s’exclamant : « Qui donc me délivrera de Kaab Ibn Achraf ? » Le désir exprimé par Mahomet fut reçu comme un ordre par plusieurs musulmans, dont le propre frère de lait du poète.Ibn Hicham, la vie de Mahomet par A. Guillaume.
Kaab se mit à fulminer contre l’apôtre de Dieu, à réciter des vers où il pleurait les Couraïchites qui avaient été jetés dans le puits après avoir été tués à Badr.
« La meule de Badr a broyé jusqu’au sang ces malheureux […]
Combien d’hommes nobles et beaux, secours des pauvres,
Ont été massacrés, généreux quand les étoiles ne donnaient pas de pluie,
Qui portaient les fardeaux de leurs frères… »
Puis Kaab s’en retourna dans Médine et composa des poèmes érotiques sur des musulmanes. Pour être à la mode et parler comme aujourd’hui en France on dirait que le malheureux harcelait sexuellement les musulmanes dans la rue et ne respectait pas les femmes.
L’épisode, largement développé par Ibn Ichaq, est insoutenable de cruauté d’horreur et de sadisme. Ci-dessous ce qu’en dit Tabari, Histoire des Prophètes et des Rois.
« Le Prophète demanda un jour : « Qui me débarrassera d’Ibn al-Achraf ? »
Muhammad b. Maslamah répondit : « Je vais te débarrasser de lui, O Messager de Dieu, je vais le tuer. »
« Alors, faites-le dit-il, si vous le pouvez ».
Muhammad b. Maslamah repartit et resta trois jours, presque sans boire ni manger. Le Messager de Dieu en entendit parler, le fit venir, et lui demanda : « Pourquoi délaisses-tu nourriture et boisson ? »
« Ô Messager de Dieu, répondit-il, je t’ai promis quelque chose, mais je ne sais pas si je pourrai le faire ou non ».
« Tout ce que je vous demande c’est d’essayer », répondit-il
« O Messager de Dieu," dit-il, nous devrons mentir pour cela ».
« Dites ce que vous voulez » répondit-il « Vous êtes absous d’avance ».
Muhammad B. Maslamah, Silkan B. Salamah B. Ouaqsh, connu sous le nom d’Abou Na'ilah, et le frère adoptif de Ka'b,' Abbad ben Bishr ben Ouaqsh… échafaudèrent un plan pour le tuer… Avant de tous se retrouver chez Ibn al-Ashraf, ils envoyèrent en avant-garde Silkan b Salamah Abou Na'ilah, et ils devisèrent ensemble pendant un moment, en se récitant mutuellement des vers……
Une nuit de pleine lune ils se rendirent tous au pied de la forteresse de Ka'b et Abou Na'ilah le héla.
Il venait de se marier, mais il se couvrit en hâte d’une couverture et se leva. Sa femme en prit un bout et lui cria : « Tu es un soldat, et un homme de guerre ne sort pas de chez lui à une heure comme celle-ci.
Il lui rétorqua : « C’est Abou Na'ilah, s’il m’avait trouvé en train de dormir, il ne m’aurait pas réveillé ».
« Par Dieu » répliqua-t-elle « rien qu’au son de sa voix je sens qu’il a de mauvaises intentions ! »
Ka'b lui répondit : « Même appelé au combat un homme courageux répond ».
Il descendit de sa chambre et ils parlèrent ensemble. Puis ils lui demandèrent : « Veux-tu qu’on aille à Shi'b al-Ajouz, Ibn al-Achraf, afin que nous puissions y passer le reste de la nuit à bavarder ? »
« Si vous voulez » leur répondit-ii.
Ils se mirent alors en route tous ensemble et marchèrent pendant un moment.
Puis Abou Na'ilah passa sa main dans les cheveux de ses temples, la huma et dit : « Je n’ai jamais connu de parfum aussi approprié pour sentir bon que ce soir ».
« Puis il marcha un moment et refit la même chose, de sorte que Ka'b relâcha sa garde. Il marcha encore un moment, et refit la même chose, saisissant alors les cheveux des deux tempes cette fois-ci.
Puis il s’écria : « Maintenant, frappez l’ennemi de Dieu ! »
Leurs épées s’abattirent sur lui, mais en vain.
Muhammad b. Maslamah a déclara plus tard : « Quand j’ai vu que nos épées ne servaient à rien, je me suis souvenu d’un long et mince poignard que j’avais dans mon fourreau, et je l’ai saisi. L’ennemi de Dieu cria si fort que de la lumière s’alluma dans toutes les maisons fortes autour de nous.
J’ai alors plongé le poignard dans sa poitrine si fort qu’il atteignait son bas-ventre, et l’ennemi de Dieu tomba
Al-Harith b. Aous b. Mou'adh avait été blessé à la tête ou à la jambe, touché par une de nos épées. Nous sommes partis en passant par le quartier des Banou Oumayyah b. Zayd et celui des Banou Quraïza……, Comme al-Harith b. Aous traînait derrière nous, en saignant abondamment, alors nous l’attendîmes un moment, et il nous rattrapa en suivant nos pas.
Nous l’avons mené chez le Messager de Dieu à la fin de la nuit. Il était debout en prière, nous l’avons salué, et il est sorti à notre rencontre. Nous lui avons dit que l’ennemi de Dieu avait été tué, il a craché sur la blessure de notre compagnon, et nous sommes rentrés chez nous.
Le lendemain matin, les Juifs étaient tous terrorisés du fait de notre attaque contre l’ennemi de Dieu, et il n’y avait pas un Juif en ville qui ne craignit pour sa vie.