Dans ce verset, la mention du Fils de l’Homme fait partie de la guérison du paralytique, avec laquelle elle n’a aucun rapport. Elle constitue donc une interpolation avec reprise sur les mots « Lève-toi ». Ce Fils de l’Homme est ici un être à la fois céleste et terrestre.Mc 2, 29, Mt 12, 8, Luc 6, 5.
Simple glose explicative ; le personnage est ici un homme tout simplement.
Mc 8, 38, Mt 16, 27, Luc 9, 26.
Insertion sans autre utilité que d’annoncer un Fils de l’Homme céleste et futur, donc différent de l’homme Jésus. Dans un passage parallèle Mt 10, 23, et Luc 12, 9, il n’est question que de Jésus.
Mc 9, 31, Mt 17, 22-23, Luc 9, 44.
Les circonstances ne sont pas les mêmes chez nos trois synoptiques. Luc ne dit pas que Jésus faisait route à travers la Galilée ni que le Fils de l’Homme serait mis à mort et ressusciterait. En revanche, il précise que les disciples ne comprirent rien aux paroles de leur Maître. Marc le sait également, mais Matthieu l’ignore. Ce verset a pour but de prédire une « passion » jusque-là inconnue, du Fils de l’Homme.
Mc 10, 33, Mt 20, 18, Luc 18,31.
Le texte n’est pas le même dans les trois synoptiques. Luc ne dit pas tout d’abord que la scène a lieu sur le chemin de Jérusalem, mais il est seul à prétendre que les Prophètes ont annoncé le Fils de l’Homme. Bien plus, là où les deux autres prévoient que ce personnage sera livré aux grands prêtres et aux scribes, Luc le voit livré aux païens. Il répète que les disciples ne comprennent pas Jésus, précision qui manque en Marc et en Matthieu. Mc 13, 26, Mt 24, 30, Luc 21, 27.
Textes différents, mais, de toute manière, le Fils de l’Homme est ici un être céleste.
Mc 14, 21, Mt 26, 24, Luc 22, 22.
L’interpolation s’aperçoit surtout en Matthieu. Chez Luc, elle est décalée de sept versets. En tout cas, Jésus est confondu avec le Fils de l’Homme. Ce qu’il y a de curieux, dans ces additions, c’est que leurs divers auteurs n’en ont pas la même conception. Observons d’autre part que Jésus ne dit jamais qu’il est le Fils de l’Homme. Il parle toujours de celui-ci à la troisième personne. En outre, personne – s’adressant à lui – ne lui donne ce titre.
Mc 9, 9, 12 ; 10, 45 ; 14, 21b, 41 b.
Ces versets ajoutés au manuscrit de Marc qu’utilisait Matthieu ne figuraient probablement pas dans le manuscrit de Marc que possédait Luc. Celui-ci n’avait aucune raison de ne pas les reproduire.
Mt 8, 31.
Par contre, Matthieu ne lisait pas dans son manuscrit de Marc ce verset que Luc a reproduit en 9, 22.
Pour les mentions communes à Matthieu et à Luc – donc ignorées de Marc –, nous citerons simplement Luc.
En Luc 7, 34, l’addition ne se relie pas du tout à ce qui précède, et nous apprend que le Fils de l’Homme est déjà venu. En 9, 58, l’insertion coupe le sens du texte. Le verset 11, 30 s’intercale dans un passage confus qui vise Jonas en 29 et en 32. Le verset 12, 10 a fait partie d’un discours sur les oiseaux qui s’interrompt en 8, et continue en 22. Le passage 12, 40 interrompt le fil de la pensée exprimée, et se trouve démenti par le verset 41.
Nous laisserons de côté les neuf mentions du « Fils de l’Homme » que Matthieu possède en exclusivité, de même que les huit allusions que Luc est le seul à faire à ce sujet. Dans les deux cas, l’évangile de Marc, qui est le plus ancien, plaide contre ces passages qui lui sont postérieurs.
LA VENUE DU FILS DE L’HOMME (Luc 21, 5-34).
Tout ce passage est un conglomérat de prédictions et de recommandations diverses.
Marc et Matthieu ne donnent pas les versets correspondant aux versets 11 b, 12, 15, 18-20, 22, 24, 26, 28, 34-36 de Luc. Par contre, ils contiennent des versets qui ne sont pas dans Luc.
Dans le texte de Luc, le passage qui va de 12 b à 17 apparaît comme une insertion avec reprise sur les mots « à cause de mon nom ». Ce récit de menaces et persécutions est en contradiction avec le verset 18 de Luc. Ce n’est pas Marcion – ni Marc, ni Matthieu, – qui a raccourci Luc, c’est Luc qui a été considérablement amplifié. Marc et Matthieu l’ont été également, mais d’une autre manière. C’est ainsi qu’ils font discourir Jésus sur le mont des Oliviers, précision ignorée de Luc et de Marcion.
En réalité, le texte primitif – si diversement corrigé – ne devait mentionner ni le mont des Oliviers ; ni Pierre, Jacques, Jean, André, ni le verset 10 emprunté à Esaïe 19, 2, ni l’imposition des mains du verset 12, ni la Jérusalem encerclée, ni les versets 22, 24, 25 b, 26, ni le Fils de l’Homme, qui fait double emploi avec le Christ, ni le verset 28 ; ni la parabole de 29-30 qui interrompt le récit et trouve sa place ailleurs, ni le verset 35. Le texte d’origine supposait en outre des faits que Luc n’a pas reproduits, notamment l’évangile prêché au préalable à toutes les nations païennes (Marc 13, 10). Ce qui était gênant pour le réviseur judéo-chrétien, car cela plaçait logiquement cette parole de Jésus après la prédication de Paul, ainsi que l’indiquent les écritures clémentines.