proies livides de la tombe, tous se seraient respectueusement découverts devant lui, tous oui, genoux à terre.Or n’est-il pas étrange qu’au procès de Jésus devant le Sanhédrin il ne se soit trouvé personne pour dire un mot en sa faveur ? Personne ne s’est dressé pour dire : « J’étais lépreux et cet homme m’a guéri ». Aucune femme n’a crié : « Je suis la veuve de Naïn, et voici mon fils que cet homme a relevé d’entre les morts ». Aucun homme n’a dit : « J’étais aveugle, et cet homme m’a redonné la vue ».
LA PHILOSOPHIE DE JÉSUS.
Des millions de personnes affirment que la philosophie de Jésus est parfaite – qu’elle est la plus sage qui fut jamais enseignée aux hommes. Voyons un peu cela ensemble : ne résiste pas au méchant. Si on te frappe sur une joue, tends l’autre.
Aucun homme n’a le droit de se défendre lui-même, de défendre sa femme et ses enfants.
Gouverner devient impossible dans ce cas-là, et le monde se retrouve à la merci des criminels. Y a-t-il absurdité pire que celle-là ? Enlever à la bonté ; à la vertu, à la vérité, le droit à se défendre. Le vice devient le maître du monde, et le bon devient la victime de l’infâme.
Aimez vos ennemis
Est-ce possible ? Un être humain a-t-il déjà aimé ses ennemis ? Jésus lui-même les a-t-il aimés, lui qui les a appelés sépulcres blanchis, hypocrites et vipères ? Nous ne pouvons pas aimer ceux qui nous haïssent. La haine dans le cœur des autres n’amène pas l’amour dans le nôtre. Ne pas résister au méchant est absurde ; aimer ses ennemis est impossible.
[N.D.L.R. Sémantiquement parlant aimer ses ennemis est d’ailleurs une impossibilité par définition. Étymologiquement parlant l’ennemi, c’est le contraire de l’ami, celui que l’on n’aime pas. Respecter ses ennemis est déjà un objectif bien ambitieux].
Ne vous inquiétez pas du lendemain.
L’idée, c’est que Dieu s’occupera de nous comme il le fait des lys ou des moineaux. Y a-t-il le moindre sens à ceci ? Pouvons-nous vivre sans penser au lendemain ? Planter, semer, cultiver, moissonner, c’est s’inquiéter du lendemain. Nous prévoyons et travaillons pour le futur, pour nos enfants, pour les générations à venir. Sans cette pensée directrice, il ne peut y avoir de progrès, de civilisation.
Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute ; arrache-le. Si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Pourquoi ? Parce qu’il vaut mieux perdre un membre que d’avoir le corps entier jeté en enfer.
Est-il possible d’extraire de ces paroles la moindre pincée de bon sens ?
Ne jurez pas ; ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu ; ni par la Terre, car c’est son marchepied ; ni par Jérusalem, car c’est sa ville sainte.
Nous retrouvons là les idées reçues de l’époque : le ciel est le trône de Dieu ; la terre est son marchepied. Un marchepied qui tourne à la vitesse d’environ deux mille kilomètres à l’heure, et glisse dans l’espace à la vitesse d’environ deux mille kilomètres par minute !
Pourquoi Jérusalem serait-elle une ville sainte ? Parce que ses habitants étaient ignorants, primitifs et superstitieux ?
Ne croyez pas que je suis venu apporter la paix sur Terre. Je n’amène pas la paix, mais l’épée. Je viens pour dresser l’homme contre son père, et la fille contre sa mère.
Dresser le père contre son fils, la fille contre son père, quelle glorieuse mission !
Est-il possible que celui qui a dit : « Ne résiste pas au méchant », puisse également apporter l’épée ? Que celui qui a dit : « Aimez vos ennemis » vienne détruire la paix du monde ?
Le fait est que cette épée a trempé pendant un millier d’années dans du sang innocent. Il a divisé nations et familles, éteint la lueur de la raison, et pétrifié le cœur des hommes. Il a semé de la haine et de la vengeance dans des millions de cœurs.
Ceux qui abandonneront leur maison, leur sœur, leur père, leur mère, leur épouse, leurs enfants, ou leur terre, à cause de mon nom ; seront récompensés au centuple, et hériteront de la vie éternelle.
Selon Matthieu, le compatissant et le miséricordieux a donc prononcé ces terribles paroles. Est-il possible que Jésus ait promis la joie éternelle à ceux qui abandonneront leur père, leur mère, leur épouse et leurs enfants ? Devons-nous gagner le bonheur du Ciel en abandonnant ceux qui nous aiment ?
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NOTE DE LA RÉDACTION.
Ingersoll a bien entendu raison. Il faut néanmoins tenir compte d’un phénomène humain bien naturel, la tendance, dans le feu du discours, à l’emphase, à l’exagération.
On peut très bien tenir de tels propos et arriver à les rendre acceptables ou compatibles les uns avec les autres, en les nuançant (en faisant par exemple les distinctions et les exceptions qui s’imposent).
Mais quand l’on est convaincu, comme Jésus, que la fin du monde est proche, on ne peut évidemment que négliger ce monde au profit de l’autre.