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RHÉTORIQUE.
LA NOUVELLE TRAHISON DES CLERCS.
Résumé. L’abyssale médiocrité intellectuelle et morale des classes universitaires ou médiatico-politiques, bref de tous ceux qui s’en voudraient d’être berger ou marin-pêcheur dans les provinces maritimes, gardian dans le sud de notre beau pays, voire, plombier.
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ODE AUX TRÈS-SACHANTS.
La moitié du malheur de l’Humanité vient du fait que, il y a plusieurs milliers d’années, quelque part au Moyen-Orient, des peuples de par leur langue ont conçu la spiritualité ou la mystique…
— Non comme une quête de sens, d’espoir ou de libération avec les concepts qui s’y rattachent (distinction opposition ou différence entre matière et esprit, éthique, discipline personnelle, philanthropie, vie après la vie, méditation, quête du Graal, pratiques…).
— Mais comme une loi (DIN) gigantesque et protéiforme devant régir la vie quotidienne des hommes avec tout ce que cela implique.
Des obligations ou des interdits que tout un chacun doit respecter jour et nuit.
Des infractions ou des contraventions à cette multitude d’interdits quand ils ne sont pas suivis à la lettre. Des jugements quand une ou plusieurs de ces lois sont violées. Des condamnations. Pour les coupables. Des non-lieux ou des relaxes pour les innocents APPELÉS JUSTES…
CETTE CONFUSION ENTRE LE NUMINEUX ET LE RELIGIEUX PUIS ENTRE LE SACRE ET LE PROFANE NOUS POURRIT LA VIE DEPUIS 4000 ANS VIA ISRAËL ET SURTOUT LES NOUVEAUX ISRAËL QUE VEULENT ÊTRE LE CHRISTIANISME ET L’ISLAM.
Le principe de base de notre Ollotouta nous a été donné, il y a longtemps déjà, par notre maître
à tous en ce domaine ; le grand barde gaélique fondateur de la Libre-pensée moderne, que l’on évoque habituellement sous le nom anglicisé de John Toland. Il ne peut pas y avoir par définition de choses contraires à la Raison dans de Saintes Écritures émanant vraiment du Divin.
S’il y en a, il s’agit alors, soit d’erreurs, soit de mensonges !
Ou il n’y a aucun mystère, ou alors il ne s’agit en aucune façon d’une révélation divine !
Il n’y a aucun moyen terme…Nous ne reconnaissons pas d’autre orthodoxie que celle de la Vérité, car, où qu’elle soit en ce monde, doit également se tenir, nous en sommes totalement convaincus, l’Église de Dieu, et pas celle de telle ou telle faction humaine… Nous sommes par conséquent partisans de ne faire aucun quartier à l’erreur sous quelque prétexte que ce soit, chaque fois que nous aurons la possibilité ou l’occasion de l’exposer sous ses vraies couleurs.
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1696. Le christianisme sans mystère.
1702. Vindicius Liberus. Réponse de John Toland aux détracteurs de son « christianisme sans mystère ».
1704. Lettres à Serena contenant l’origine de l’idolâtrie et les raisons du paganisme, l’histoire de la doctrine de l’immortalité de l’âme chez les païens, etc. (Version baron d’Holbach, un philosophe allemand).
1705. Le vrai socinianisme * en tant qu’exemple de débat courtois en matière de théologie *.
Précédé de l’Indifférence dans les disputes, recommandée par un panthéiste à un ami orthodoxe.
1709. Adeisidaemon ou l’homme sans superstition. Les origines juives.
1712. Lettre contre le papisme, et en particulier contre le fait d’admettre l’autorité des Pères ou des Conciles dans les controverses religieuses, par Sophie Charlotte de Prusse.
1714. Défense des juifs, victimes des préjugés antisémites, et plaidoyer pour leur naturalisation.
1718. Le destin de Rome, des papes, et la fameuse prophétie de saint Malachie, archevêque d’Armagh au treizième siècle.
Nazarenus ou le christianisme juif, goy, et mahométan (version d’Holbach), contenant :
I.L’histoire de l’ancien évangile de Barnabé, ainsi que le moderne évangile apocryphe des mahométans, attribué à ce même apôtre.
II. Le projet original du christianisme expliqué par l’histoire des nazaréens, résolvant du même coup diverses polémiques à propos de cette divine (mais si hautement pervertie) institution.
III. L’analyse d’un manuscrit des quatre Évangiles irlandais avec un résumé de l’ancien christianisme d’Irlande et de ce que fut la réalité des culdées (un ordre mi-laïc, mi-religieux opposé aux deux derniers évêques de Worcester).
1720. Pantheisticon, sive formula celebrandae sodalitatis socraticae.
Tetradymus.
I. Hodegus. La colonne de feu et de nuée qui a guidé les israélites dans le désert n’était pas un miracle, mais, comme le relate précisément l’Exode, une pratique également connue des autres nations ; et dans ces contrées non seulement utile, mais même nécessaire.
Il. Clidophorus.
III. Hypatie ou l’histoire de la plus belle, de la plus vertueuse, de la plus instruite, de la plus accomplie des femmes ; qui fut lapidée par le clergé d’Alexandrie, afin de satisfaire l’orgueil, l’ambition, voire la cruauté, de l’archevêque Cyrille, communément, mais très improprement, appelé saint Cyrille.
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1726. Histoire critique de la religion celte, contenant un aperçu sur les druides, ou les prêtres et les juges, sur les vates, ou les devins et médecins, et enfin sur les bardes, ou les poètes ; des anciens Bretons, Irlandais ou Écossais. Avec en plus l’histoire d’Abaris l’Hyperboréen, prêtre du soleil.
Un spécimen de la langue armoricaine (dictionnaire breton, irlandais, latin).
1726. Compte-rendu du livre de Giordano Bruno, sur l’infini de l’univers et la pluralité des mondes, traduit de l’édition italienne.
1751. Le Panthéisticon ou le mode de célébration de la société socratique. S. Paterson Londres. Traduction du livre publié en 1720.
« Le Druidisme » est une revue indépendante (indépendante de toute association religieuse ou politique) et qui n’a qu’un seul but : la recherche théorique ou fondamentale en matière de néopaganisme. La double question à laquelle essaie de répondre cette revue d’études théoriques pourrait se résumer ainsi :
« Que pourrait être ou que devrait être, un néo-druidisme actuel, moderne et contemporain ? »
Le « Druidisme » est une revue néopaïenne, strictement néopaïenne, héritière de tous les mouvements authentiques (c’est-à-dire non chrétiens) qui se sont succédé depuis deux mille ans, l’héritière indirecte, mais l’héritière, quand même !
À propos de notre tradition de référence ou de notre filiation intellectuelle soulignons que si les « poètes » du royaume de Domnall mac Muirchertach Ua Néill avaient toujours les imbas forosnai, les teimn laegda ainsi que les dichetal do chennaib 1) à leur répertoire (cf. la conclusion de l’histoire du pillage du château de Maelmilscothach, d’Urard Mac Coisé, un poète mort au XIe siècle), ils étaient peut-être déjà chrétiens quand même depuis plusieurs générations. Il est vrai que ces pratiques (imbas forosnai, teimn…) étaient formellement interdites par l’Église, mais qui sait, il y a eu peut-être des accommodements analogues à ceux des astrologues ou alchimistes du Moyen-âge.
Quoi qu’il en soit notre « Druidisme » est aussi une volonté, la volonté de se rapprocher, au maximum, du druidisme antique, tel qu’il fut (scientifiquement parlant). La volonté aussi néanmoins de moderniser ce druidisme, un retour total au druidisme antique étant exclu (il serait de toute façon impossible).
Exemples de modernisation de ce druidisme païen.
— Abandon aux associations laïques du côté culturel (médecine, poésie, mathématique, etc.). Principe de séparation de l’Église et de l’État.
— Spécialisation par contre dans la spiritualité celtique, ou païenne en général, l’histoire de la religion, la philosophie et la métapsychique (dite aujourd’hui parapsychologie).
— Utilisation dans certains cas du vocabulaire actuel (Église, religion, baptême, et ainsi de suite).
Un juste milieu est évidemment à trouver entre un retour total au druidisme antique (fondamentalisme ou intégrisme) et une modernisation radicale trop révolutionnaire (plus de saie).
L’AAP (athée agnostique panthéiste) celte ayant accepté d’être l’avocat du paganisme celtique antique et de cosigner cette petite bibliothèque **, dont il n’est que le rassembleur, le druide Hesunertus (Pierre de La Crau), ne se considère pas comme l’auteur de cet ouvrage collectif. Mais comme le simple porte-parole de l’équipe l’ayant composé. Pour ce qui est des autres sources de cet essai sur le druidisme, voir les remerciements de la bibliographie.
* Les sociniens, puisque c’est ainsi qu’ils furent appelés par la suite, désiraient plus que tout restaurer le vrai christianisme qu’enseigne la Bible. Ils considéraient que la Réforme n’avait fait disparaître qu’une partie de la corruption et du formalisme, présents dans les Églises, tout en laissant subsister le mauvais fond : les enseignements non bibliques (ce qui est très discutable d’ailleurs).
** Ce petit camminus est néanmoins important aussi pour les jeunes… de 7 à 77 ans ! Mantalon siron esi.
1) Do ratath tra do Mael Milscothach iartain cech ni dobrethaigsid suide sin etir ecnaide 7 fileda 7 brithemna la taeb ogaisic a crech 7 is amlaidsin ro ordaigset do tabairt a cach ollamain ina einech 7 ina sa[ru]gad acht cotissad de imus forosnad [di]chetal do chollaib cend 7 tenm laida .i. comenclainn fri rig Temrach do acht co ti de intreide sin FINIT.
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INTRODUCTION.
Dans toutes les sociétés, on constate que les individus ont des pouvoirs, des droits et des niveaux de vie très inégaux et des tâches différentes. C’est là le phénomène fondamental de la division du travail.
Les classes dirigeantes exercent des fonctions déterminées, en vertu de préjugés ou de coutumes ayant force de loi. Le fait d’appartenir à une des classes dirigeantes n’est souvent que le résultat des hasards de la naissance, de la faveur 1) ou de l’ancienneté 2). Ce qu’ils représentent ou ce qu’ils possèdent compte plus que ce qu’ils sont. Le rôle et les pouvoirs que confère la fonction sont plus importants que l’homme, plus importants que les qualités humaines 3).
L’élite, au contraire, n’exerce pas une fonction de jure, sa situation est un état de facto. Elle consiste dans le fait que certaines personnes possèdent des capacités ou des aptitudes hors de pair, et qu’elles les ont perfectionnées ou approfondies par les travaux adéquats. Appartenir à une élite, c’est à la fois le résultat de dons naturels et d’efforts. Les capacités ainsi que les œuvres y concourent.
L’élite n’exerce pas un pouvoir, elle bénéficie seulement d’une réputation. D’autre part, l’élite n’est pas hiérarchisée.
Son nombre n’est pas limité. Elle comprend les personnes les plus remarquables dans toutes les professions et les spécialités. La réputation des membres d’une élite croît en général avec la difficulté de chaque métier, de chaque art ou de chaque science. II est plus difficile d’être un grand artiste, un grand savant, ou un grand philosophe, qu’un grand laboureur 4).
En résumé, les élites comprennent les hommes qui inventent, découvrent, et créent. Elles exercent la fonction poétique.
Le prestige ou la crainte 5) s’attachent par contre aux membres des classes dirigeantes. Suivant les époques et les modes, les épisodes historiques et les formes d’organisation politique, la première place et l’autorité majeure appartiennent à la hiérarchie sacerdotale, à la noblesse de Cour, aux chefs militaires, aux fonctionnaires, aux financiers, aux policiers… 6) Les classes dirigeantes sont celles qui gèrent, qui gouvernent ou qui possèdent. Elles disposent des hommes et des biens.
La réputation est la réaction qui se développe autour des élites. Elle aussi varie suivant les modes et les milieux sociaux. Bien souvent, cette réputation ne se développe que tardivement, après la mort, et ne s’attache plus qu’aux œuvres. Les classes dirigeantes laissent après elles des souvenirs et des épisodes, les élites laissent des œuvres.
L’école saint-simonienne, qui a beaucoup étudié le problème des élites en France, avait résumé la différence entre élite et classe dirigeante dans un célèbre apologue qui valut à Saint-Simon des poursuites judiciaires. Il comparait la perte qui résulterait de la mort subite d’une douzaine de hauts personnages, pour la nation, à celle qu’elle subirait en perdant ses principaux savants. Les saint-simoniens voulaient montrer par là qu’à mesure que la civilisation se développe, le rôle des élites devient plus important que celui des classes dirigeantes 7). Il y a donc lieu, estimaient-ils, de les faire coïncider, ou tout au moins de les mettre en contact étroit » (Gaston Bouthoul. Traité de sociologie II. Quatrième partie).
COMMENTAIRES DE PIERRE DE LA CRAU.
1. Ou du manque de scrupules et d’altruisme, même élémentaires, ajouterons-nous. Les moyens de progresser dans la hiérarchie n’ont en réalité pas changé depuis des millénaires : cour systématique faite aux supérieurs (vulgairement appelé fayottage) dénigrement systématique et permanent des autres, sabotage de leurs réalisations, survalorisation systématique par contre de son propre travail, conformisme, etc.
2. Il est fréquent, mais non obligé, qu’ancienneté rime avec expérience. Il est fort possible d’être âgé, mais dénué de toute expérience. Le cas doit être rare, mais possible. Par contre, il est par définition impossible d’être très jeune et en même temps doté d’une grande expérience.
3. Que l’homme ou que la femme bien entendu. Les êtres humains de sexe féminin n’ont rien à envier à la bassesse des mâles en ce domaine.
4. Ne dénigrons pas le travail manuel. Bien labourer (c’est-à-dire tracer un sillon parfaitement rectiligne) n’est pas si facile que cela, les concours de labourage le démontrent. Il n’existe pas de sots métiers, il n’existe que de sottes gens. Il y a plus de vraie noblesse à pêcher ou à faire pousser des
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oranges voire à fabriquer des chaussures (bref à être un producteur de richesse) ; qu’à passer son temps à tromper autrui pour vivre à ses crochets, c’est-à-dire à être cadre ou épouse divorcée.
5. Et l’argent bien entendu, le niveau de vie, les piscines, les avions privés, les bonnes filières pour les enfants…
6. La nouvelle race des seigneurs de notre société d’aujourd’hui est celle des cadres. Ce qui la caractérise n’est ni l’instruction ni l’intelligence (quoiqu’elle n’en soit pas complètement dépourvue), mais le manque de scrupules et d’humanisme, voire le manque de courage. Ce sont des responsables qui ne prennent aucune responsabilité. Ou en tout cas, qui ne les assument jamais. Ce sont par contre de remarquables exécutants, cela est indéniable, et ils savent très bien faire à leurs subordonnés, ce qu’ils ne veulent pas qu’on leur fasse à eux-mêmes. Le cas le plus flagrant a été celui de l’entreprise française du début du XXIe siècle appelée « La Poste » (et l’ahurissante médiocrité intellectuelle ou morale de ses cadres, plus préoccupés par leur carrière que par l’intérêt de la nation).
7. Nous faisons néanmoins les plus vives réserves à propos de certains des exemples mis en avant par la parabole de Saint-Simon élaborée en 1819 ; qui nous semblent plus relever par moments de la hiérarchie sociale que d’une véritable élite (ses 50 banquiers, ses 50 maîtres de forges, ses 200 négociants).
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LA RHÉTORIQUE.
La rhétorique est l’art de présenter les idées de la façon la plus persuasive en recourant pour cela à divers procédés.
Argumenter dans ce cas c’est utiliser la stratégie la plus efficace, la plus habile pour.
— Faire connaître sa position, sa thèse.
— La faire admettre à un lecteur ou à un auditoire.
— Ébranler des contradicteurs, faire douter un adversaire, faire basculer les indécis.
— Contredire une thèse opposée, critiquer une position contraire ou éloignée.
— Démontrer avec rigueur, ordre et progression.
— Se mettre en valeur.
— Servir une cause, un parti, une foi…
— Marquer les esprits par des effets de logique, de présentation, de mise en perspective, des procédés oratoires…
Toutes ces finalités isolées ou combinées donnent naissance à une variété de formes et de tonalités qui rendent chaque argumentation très originale et recourant parfois à des procédés difficiles à discerner.
Comme c’est une arme à double tranchant, il importe donc de mettre en garde nos lecteurs contre le dévoiement de son usage dans les médias.
Le vocabulaire affectif contribue à émouvoir le lecteur, le choix des mots est donc fondamental.
Choix du vocabulaire : le choix de tel mot plutôt que tel autre influence nécessairement le journaliste en premier donc le lecteur l’auditeur ou le téléspectateur ensuite. Aussi importe-t-il d’être vigilant quant au vocabulaire choisi. Les mots ne sont pas toujours neutres et il suffit d’un terme mélioratif ou, au contraire, péjoratif, pour capter l’attention.
L’euphémisme : (grec euphêmismos, emploi d’un mot favorable) est par exemple l’adoucissement d’une expression jugée trop crue, trop choquante. Par euphémisme, on dit « n’être plus jeune », pour « être vieux » ou « il nous a quittés » pour « il est mort ». Ou « mariage pour tous » au lieu de « mariage homosexuel ».
L’ironie est une argumentation par l’absurde, qui tente de séduire le lecteur par un appel à son intelligence. En effet le lecteur doit comprendre qu’il est appelé à prendre ses distances avec la formulation brute et qu’il doit inverser les affirmations de l’auteur. C’est un jeu subtil, fascinant, mais qui peut produire l’effet contraire à celui qui est escompté si le lecteur accepte tout au premier degré. Cas de certains antiracistes.
L’ironie est une arme essentielle de la stratégie argumentative parce qu’elle rend le récepteur complice, qu’elle l’oblige à parcourir la moitié du chemin dans l’adhésion à la thèse. L’opinion de certains orateurs se dissimule en effet derrière une formulation strictement inverse ; aussi le lecteur/auditeur doit-il être attentif et réagir aux indices qui la lui indiquent.
— Une logique absurde : elle consiste à relier une cause donnée et une conséquence sans rapport avec elle. L’absurdité marquée de cette relation doit heurter le lecteur.
— La caricature poussée jusqu’au cynisme : le lecteur est averti par l’énormité du propos ou son caractère franchement ignoble.
Quand le discours argumentatif fait appel aux sentiments ou aux émotions du destinataire, il cherche à persuader.
Il s’agit alors pour l’orateur de jouer sur des valeurs et des repères culturels communs.
Toute argumentation met en jeu, de manière explicite ou implicite, un système de pensée.
Ainsi la défense d’une thèse s’appuiera-t-elle sur des principes universels ou du moins en principe partagés par la majorité, la Vérité, le droit au bonheur, l’équité, la sincérité… ou sur les valeurs admises par un groupe social déterminé, l’honneur, le courage, la probité, le travail, le patriotisme…
La rhétorique s’appuie également sur des références culturelles communes qui font naître une complicité propice à l’adhésion : jeux de mots, traits d’esprit, intertextualité, connotations, glissement de sens, allusions…
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Le discours va se faire à la fois expressif et impressif, il va essayer de transmettre des émotions fortes, d’impressionner le destinataire pour agir sur lui.
Le locuteur doit impliquer ses destinataires, leur faire considérer que sa thèse est aussi la leur, qu’ils partagent les mêmes combats et les mêmes intérêts.
II est ainsi amené à souvent utiliser le « tu » ou le « vous », parfois le « nous » qui crée une communauté d’intérêts. L’orateur les prend à témoin au moyen d’interrogations oratoires pour lesquelles il n’attend pas de vraies réponses. Ces questions rhétoriques ou fausses questions sont simplement destinées à animer le discours et à varier le mode de l’affirmation.
L’orateur doit provoquer un phénomène d’identification à ses vues. L’adhésion recherchée est plus viscérale que réfléchie. Gustave Le Bon l’a démontré. Le locuteur s’implique fortement dans son énoncé, il amplifie ses jugements par le recours à des termes mélioratifs ou péjoratifs, à des adverbes d’intensité, à des images qui heurtent ou font rêver. Il spécule le plus souvent sur des réactions primaires : joie, peur, tristesse ou colère…
Pour persuader son lecteur ou son auditoire, le locuteur va jouer sur les émotions fortes de l’indignation ou de l’enthousiasme. Il peut exciter la pitié pour les victimes, l’indignation devant l’inacceptable, la révolte contre l’injustice. Ce type de discours recourt fréquemment au registre pathétique.
Cette volonté de persuader à tout prix peut évidemment sombrer dans la manipulation : l’orateur cherche à prendre le contrôle de son auditoire en l’affolant (en jouant sur ses peurs ataviques, sur ses réflexes d’exclusion, de mobilisation contre l’ennemi commun : le racisme, l’extrême droite, le fascisme…) ou au contraire en le flattant, en faisant des promesses inconsidérées, en caricaturant…
Exemples l’alternative : blanc ou noir, la bourse ou la vie, la valise ou le cercueil. L’appel aux valeurs supérieures. L’importance du point de vue choisi. « L’usage du tabac n’est pas dangereux seulement pour le consommateur, mais pour tous ceux qui sont intoxiqués passivement dans son entourage. C’est donc non seulement une question de bonnes manières, mais plus encore de civisme et de santé publique que de s’abstenir de fumer dans un lieu public ».
Principales figures de rhétorique.
La prise à témoin. Recherche de l’accord du destinataire. « Voyez-vous d’autres moyens que l’interdiction de la publicité pour les marques de cigarettes ? »
La réification (traitement d’un concept abstrait comme si c’était objet concret) : « Il n’y a pas de démocratie dans ce pays, il faudrait y exporter un peu de la nôtre ».
La métonymie. Figure très fréquente, car elle permet une expression courte et frappante. La métonymie ou synecdoque consiste par exemple à remplacer un nom propre ou un nom commun par un autre avec lequel il est en rapport, par un lien logique sous-entendu : la cause pour l’effet, le contenant pour le contenu, l’artiste pour l’œuvre, la ville pour ses habitants, la localisation pour l’institution qui y est installée (exemple Washington pour l’Amérique, Paris pour la France)… « Paris a froid Paris a faim ». Dans ce vers Paris ne désigne pas la ville qui, par elle-même, ne peut souffrir du froid ou de la faim, mais l’ensemble de ses habitants.
La généralisation abusive (aussi appelé « conclusion hâtive »). Sophismes dont les prémisses ne justifient pas la conclusion.
À = B et comme B= C donc A = C.
Alors que A n’est pas strictement égal à B.
Voire que B n’est pas non plus strictement égal à C.
Exemple de généralisation abusive à partir d’un ou deux exemples : « Les Français sont trilingues : oui, j’ai rencontré un Français qui parlait trois langues ».
La taille de l’échantillon est trop petite, trop peu importante, pour pouvoir soutenir une conclusion générale. Cet argument fallacieux se retrouve souvent chez les partisans et vendeurs de pseudomédecines où le nombre de « cobayes » est ridicule pour pouvoir en tirer une conclusion.
La généralisation abusive est un sophisme par lequel on prétend démontrer une proposition universelle à partir de cas particuliers.
Exemple :
— Quand j’étais à Paris, un Français m’a volé mon portefeuille, tous les Français sont des voleurs !
— Mon père et ma mère disent que la tisane à base d’excréments d’oie est souveraine contre les maux de tête. Cette tisane est donc efficace contre les migraines.
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— Les fonctionnaires sont des gens paresseux. Mon beau-frère est fonctionnaire, et il ne fait jamais rien.
— Les hommes politiques sont tous corrompus : regardez X, Y, Z.
— Le raisonnement de type « Aucun bon Écossais …» ou l’art d’avoir toujours raison. Catégorie de sophismes ainsi dénommée d’après un ouvrage d’Antony Flew. Le raisonnement de type « Aucun véritable Écossais » est un procédé rhétorique fallacieux utilisé pour réaffirmer une généralisation qui a pourtant été réfutée, en niant la validité du contre-exemple. Il affirme que le contre-exemple donné est invalide, car il n’appartient pas vraiment à la catégorie que l’on cherchait à généraliser. Cela peut se limiter au seul contre-exemple en question, auquel cas l’argument n’est pas nécessairement incorrect : il est possible que le contre-exemple ne soit effectivement pas valide. Mais dans des cas plus extrêmes le procédé peut être utilisé pour écarter d’office tout contre-exemple imaginable.
Le procédé est fallacieux, car il modifie la définition des termes de l’énoncé de manière arbitraire. Le terme « vrai » et ses équivalents impliquent que l’on juge de l’appartenance à la catégorie évoquée en fonction de critères ou d’une définition qui ne sont pas explicités. Dans le meilleur des cas, il y a confusion entre les interlocuteurs sur la définition des termes. S’ils l’étaient, il deviendrait évident que l’énoncé est une tautologie ou lapalissade n’apprenant rien sur rien.
« Tous les Écossais sont roux. »
« Mon oncle Angus, qui est Écossais, n’est pas roux. »
« Oui, mais tous les vrais Écossais sont roux. »
La définition sous-entendue est qu’un « vrai Écossais » est (au moins) un Écossais qui est roux.
Autres arguments fallacieux couramment utilisés en politique et dans les médias.
Les arguments ou attaques ad personam. À ne pas confondre avec l’argument ad hominem. L’argumentum ad personam vise la personne elle-même et non la cohérence de ses propos. Il s’agit en général purement et simplement d’insultes. Correspond au 38e et dernier stratagème recensé par Schopenhauer dans son livre sur l’art d’avoir toujours raison.
Les arguments ad hominem circumstantiae, ad hominem tu quoque.
L’argumentum ad hominem s’écarte de l’objet purement objectif pour s’attacher à ce que l’adversaire en a dit ou concédé », alors que dans l’attaque ad personam on délaisse complètement l’objet et on dirige ses attaques sur la personne de l’adversaire ». Ce genre d’argument est formulé contre la personne même qui soutient une thèse, et non pas contre la thèse elle-même.
Par contre un argument ad hominem n’est pas toujours une attaque personnelle comme le montre l’exemple suivant : « Jean prétend que l’on peut tuer sous le coup de la colère, mais ce n’est pas possible : il ne perd jamais son sang-froid ».
L’argument ad hominem tel qu’il a été défini n’est un sophisme que s’il sert à démontrer la fausseté de la proposition présentée. Par contre c’est un outil utilisé quotidiennement à bon escient s’il sert à juger de la crédibilité de cette proposition. Il est bien sûr difficile de distinguer ces deux utilisations.
Supposons qu’un juge ait devant lui deux témoins.
Le premier (ayant fait l’objet d’une condamnation par le passé) affirme A.
Le second (sans casier judiciaire) affirme B, incompatible avec A.
En l’absence de preuves irréfutables dans un sens ou dans l’autre (ce qui est le cas le plus fréquent), lequel ce juge croira-t-il ? Probablement le second.
Il faut néanmoins utiliser avec prudence ce genre d’arguments.
L’argument ad hominem est une stratégie qui consiste à opposer à un adversaire ses propres paroles ou ses propres actes. Il s’agit de montrer la contradiction entre les propos et les agissements. C’est la mise en évidence du « Fais ce que je dis et non pas ce que je fais ».
Un argument ad hominem est construit selon le schéma suivant.
Untel défend telle position.
Or Untel n’est pas crédible (pour des raisons liées à ses paroles, à ses actes).
Donc cette position est fausse.
Les arguments ad hominem circumstantiæ sont donc ceux consistant à mettre en avant des faits relatifs au passé ou aux convictions d’une personne pour discréditer son point de vue. Ils consistent souvent à affirmer que la personnalité du locuteur biaise l’argument : « Jean a tort quand il prétend que Dieu n’existe pas, car c’est un ancien prisonnier ».
L’argument du Tu quoque ou de la disqualification morale.
Tu quoque signifie en latin « toi aussi ». Il s’agit de jeter l’opprobre sur la personne même de l’adversaire en raison de choses qu’elle a faites ou dites par le passé, en révélant une incohérence de ses actes ou propositions antérieures avec les arguments qu’elle défend :
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« Hannah Arendt n’est pas une philosophe à laquelle on puisse faire référence parce qu’elle a eu une relation avec un nazi : Martin Heidegger ».
« Ce conférencier prône la mobilisation individuelle pour lutter contre le réchauffement climatique ; or il est venu en voiture au centre de conférence ».
« Vous aimez les chiens ? Tiens, comme ce salaud de Hitler ! Ça ne doit pas être un hasard ».
Type de raisonnement appelé aussi Reductio ad Hitlerum ou Loi de Godwin.
La Reductio ad Hitlerum est une expression ironique désignant, sous forme de locution latine, le procédé rhétorique consistant à disqualifier les arguments d’un adversaire en les associant à Adolf Hitler ou à tout autre personnage honni du passé. Plus généralement, le procédé consiste à assimiler l’adversaire ou ses arguments à des idées, philosophies, idéologies détestées, par exemple en les qualifiant de nazies de socialistes ou de fascistes.
Cette tactique rhétorique a pour objet d’exclure l’adversaire du champ polémique tout en évitant le débat de fond. Avec d’autres techniques rhétoriques, comme l’argumentation ad hominem, la reductio ad Hitlerum apparaît généralement lorsque les adversaires ont épuisé toutes les preuves et tous les arguments rationnels.
L’expression est apparue pour la première fois en 1951 dans un article du philosophe Léo Strauss. Elle a été réutilisée plus tard par le philosophe spécialiste de la Shoah Georges Steiner. Elle a trouvé son prolongement avec la « Loi de Godwin », qui énonce que « plus une discussion sur internet dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison avec les nazis ou avec Hitler s’approche de 1 ».
Les hommes politiques et les médias abusent de ce genre d’argument, et contribuent ainsi à rabaisser le débat en confondant les idées et les personnes. Il est en effet vicieux de faire l’amalgame entre la véracité d’une position et l’intégrité d’une personne. Dans un procès, en revanche, la révélation de contradictions derrière lesquelles un accusé se réfugie pour refuser sa responsabilité ou affirmer son bon droit peut se révéler utile au discernement de la vérité. L’argument ad hominem porte alors sur un éclaircissement des mobiles et non sur la validité du fond de la chose alléguée. De même un argument ad hominem n’est pas toujours une attaque personnelle, quand il se borne à se référer à la situation particulière d’une personne (droits juridiques, autorité morale…).
L’attaque en question peut porter sur de multiples éléments de la personne comme son caractère, sa nationalité, ses rapports au sujet en question ou sa religion.
Exemple :
— Vous n’êtes pas qualifié pour débattre avec moi de ce sujet parce que vous êtes un peu trop jeune.
— Vous ne pratiquez pas la médecine traditionnelle vous n’êtes donc pas qualifié pour en parler.
— Vous n’avez jamais pris de médicaments homéopathiques, vous n’êtes donc pas en mesure d’en parler d’une manière critique.
L’argument ad hominem, ou ex concessis, est le 16e stratagème recensé par Arthur Schopenhauer dans son opuscule L’Art d’avoir toujours raison :« Quand l’adversaire fait une affirmation, nous devons chercher à savoir si elle n’est pas d’une certaine façon, et ne serait-ce qu’en apparence, en contradiction avec quelque chose qu’il a dit ou admis auparavant, ou avec les principes d’une école ou d’une secte dont il a fait l’éloge, ou avec les actes des adeptes de cette secte, qu’ils soient sincères ou non, ou avec ses propres faits et gestes. Si par exemple il prend parti en faveur du suicide, il faut s’écrier aussitôt : « Pourquoi ne te pends-tu pas ? » Ou bien s’il affirme par exemple que Berlin est une ville désagréable, on s’écrie aussitôt : « Pourquoi ne prends-tu pas par la première diligence ? »
Un argument ad hominem est a priori valable, mettant l’adversaire face à une contradiction entre ses actes et ses paroles d’une part et son argumentation d’autre part.
Mais pour le distinguer de l’attaque personnelle illégitime, Schopenhauer appelle attaques ad personam celles qui portent directement sur l’adversaire en tant que personne, et non pas sur la cohérence de sa thèse ou sur la conformité de ses paroles avec ses actes.
— Argumentum ad odium. L’utilisation d’une caricature de l’argument que l’on veut contrer, ou « homme de paille » (référence à un mannequin d’entraînement au combat, version « affaiblie » de l’adversaire, et non pas dans le sens « personne manipulée » ou derrière laquelle on se cache). Il s’agit du fait de rendre odieux ou inacceptables les arguments de l’adversaire par le biais d’une présentation à connotation péjorative.
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Un des plus faciles procédés de rhétorique vieux comme le monde consiste en effet à attribuer à son adversaire une idée qui n’est pas ou qui n’est plus la sienne (voir qu’il n’a jamais eue), ou qui est bien la sienne, mais en la caricaturant, et à donc à mettre les auditeurs spectateurs automatiquement de son côté.
Procédé rhétorique dit aussi de l’épouvantail qui consiste donc à formuler un argument facilement réfutable puis l’attribuer à son opposant).
Cette « erreur » logique a lieu lorsque, que ce soit volontaire ou non, une personne attaque un argument différent de ce que son contradicteur a présenté. L’argument original est déformé, exagéré ou simplifié et est remplacé par un autre différent, souvent plus faible et plus facile à discuter. « Vous ne voulez pas mettre au point ce programme de construction de porte-avions, je ne comprends pas pourquoi vous voulez laisser notre pays sans défense. » (La proposition « je suis contre la construction d’un porte-avions » a été détournée en « je suis contre la défense de mon pays », argument beaucoup plus facile à mettre en défaut.)
Beaucoup de gens utilisent cette « technique » dans le but de confondre leur contradicteur et de le faire passer pour un idiot ou pour le prendre en faute.
Autre exemple :
— Les évolutionnistes disent que la vie sur Terre est apparue par hasard. N’importe quoi ! Comment un être humain ou un éléphant pourraient-ils apparaître de la sorte ?
— Appel au ridicule (ridiculisation des arguments de l’opposant pour les rendre plus facilement réfutables) : « Si la théorie de l’évolution était vraie, cela voudrait dire alors que mon grand-père est un gorille ».
— Les rapprochements excessifs. La combinaison de faits sans liens directs (amalgame).
— L’argument d’ignorance, ou argumentum ad ignorantiam (affirmer qu’une proposition est nécessairement vraie parce que rien ne prouve qu’elle soit fausse ou à l’inverse qu’elle est fausse parce que rien ne prouve qu’elle est vraie). « Je ne peux pas expliquer ce que ce témoin a vu dans le ciel, donc cela doit être un vaisseau spatial extra-terrestre visitant notre planète ». « Je ne peux pas expliquer comment la vie sur terre est apparue, donc c’est sûrement Dieu qui l’a fait. »
Cette erreur se produit quand on suppose que parce qu’il n’a pas été prouvé que quelque chose était faux, c’est forcément vrai. À l’inverse, un tel argument pourrait supposer que tant qu’il n’a pas été prouvé que quelque chose est vrai, c’est obligatoirement faux.
Ce procédé rhétorique est donc utilisé quand quelqu’un fait une déclaration à partir de quelque chose qu’il ignore, tout en exigeant ensuite de son adversaire qu’il l’explique (inversion de la charge de la preuve).
Exemple :
— L’objet que j’ai vu dans le ciel n’était pas un avion, ni un ballon-sonde, ni un hélicoptère, ce ne peut être qu’un vaisseau spatial. Si tu ne me crois pas et bien explique-moi ce que c’était !
— Après avoir bu de l’urine d’autruche diluée, mon rhume a disparu, et je n’ai rien pris d’autre, si tu ne crois pas en l’efficacité de ce remède alors explique-moi comment j’ai pu guérir.
On retrouve souvent ce procédé rhétorique chez les tenants du paranormal, de l’occulte et du surnaturel, ainsi que chez les croyants.
Exemples.
— Étant donné que personne n’a été capable de prouver que les Ovnis n’existent pas, ils doivent exister.
— Je crois en Dieu, et si tu n’y crois pas, alors prouve-moi qu’il n’existe pas.
Ce type de raisonnement est bien entendu fallacieux parce que la personne qui affirme est celle-là justement qui doit fournir la preuve, les éléments de preuve, soutenant son affirmation. La personne qui doute n’a pas à expliquer quoi que ce soit, plus encore, il lui est même parfois impossible de donner une explication tant qu’elle n’a pas assisté elle-même au phénomène.
Mais attention : ce cas de sophisme ne doit pas être confondu avec une invalidation de la technique de la preuve par l’absurde. Ici, pour qu’il ne s’agisse pas d’un sophisme, il faudrait démontrer que la proposition « Dieu n’existe pas » est aberrante. Or, si la personne à qui il est demandé de démontrer que Dieu n’existe pas n’y parvient pas, on ne démontre rien. Car l’absence de démonstration que Dieu n’existe pas, n’est qu’une condition nécessaire, mais non suffisante de la preuve par l’absurde. Plus simplement : ne pas pouvoir démontrer que Dieu n’existe pas n’est pas une démonstration que « Dieu n’existe pas » est une proposition aberrante.
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Un bref retour en arrière dans l’histoire montre combien ce type de raisonnement est erroné. Avant que l’épilepsie ne soit connue et expliquée, les gens de l’époque croyaient que les épileptiques étaient victimes d’une possession diabolique. Il est facile d’imaginer un débat entre un sceptique et un croyant de l’époque :
Le sceptique : « Je ne crois pas dans les possessions diaboliques, il n’y a aucune preuve à ce sujet. En outre, il n’existe aucune preuve de l’existence du diable ».
Le croyant : « Mais si tu n’y crois pas, eh bien prouve donc que les attaques d’épilepsie ne sont PAS causées par une possession diabolique ».
Ce que le malheureux sceptique du temps était bien entendu incapable de faire vu l’état de la science médicale à l’époque.
De nos jours nous savons ce qui cause les crises d’épilepsie, des moyens efficaces de traitement existent, et qu’il ne s’agit pas de possession.
Là où il n’existe pas d’explication pour un phénomène donné, la seule chose que l’on peut dire, et la plus raisonnable aussi, est : « nous ne savons pas encore ». Un manque de preuve n’est pas une preuve.
— L’argument d’autorité ou Argumentum ad Verecundiam (ainsi que l’appel aux proverbes et à la « sagesse populaire »).
Schématiquement résumé, très schématiquement résumé : « Le chef a toujours raison. ».
On fait référence à une autorité politique, morale, scientifique reconnue et experte. Par exemple : Fumer est dangereux pour la santé, c’est ce que nous démontre le rapport sur la santé rédigé par le professeur Untel…
L’erreur consiste à supposer que quelque chose est vrai parce qu’une autorité dit que c’est vrai. Il peut s’agir d’une autorité politique, religieuse, ou scientifique, etc.
L’erreur est courante lorsque l’autorité n’est pas qualifiée sur le sujet discuté, ou lorsque celle-ci n’est pas reconnue et acceptée par ses pairs. Dans le domaine de la science, cette erreur est fréquemment rencontrée. Il existe des scientifiques de haut niveau dont les théories ne sont pas acceptées par leurs pairs. Ils refusent de présenter les données qui pourraient appuyer et valider leurs déclarations, et malgré cela, beaucoup de gens prennent en considération leur parole et leur position de savant comme preuve de la véracité de leurs déclarations.
Dans certains cas pourtant, la seule parole d’une autorité peut en effet être prise sérieusement, plus spécialement si cette autorité est reconnue par la majorité de ses pairs comme étant qualifiée dans le domaine en question. Mais à la fin, seuls les arguments comptent. Même les autorités peuvent faire des erreurs.
Quand Jimmy Carter n’était pas encore président, il vit des lumières dans le ciel et annonça avoir vu des ovnis. Plus tard lorsqu’il atteignit le rang d’autorité mondiale en tant que président des USA, sa seule parole, ajoutée au fait qu’il était considéré comme quelqu’un de lucide et de moral, suffit pour les fans d’Ovnis à confirmer leur croyance comme quoi les extra-terrestres étaient venus visiter la Terre. Son statut de président des USA, ses qualifications et son honnêteté en auraient-ils fait soudain un expert dans l’identification de lumières dans le ciel ?
On peut également considérer qu’il y a utilisation abusive d’un argument d’autorité dans le cas des propos d’une victime d’un accident de train sur la politique à mener en matière de transports en commun, qui n’aura pas plus de poids que celle d’un autre quidam ; ou de la position d’un célèbre chanteur/acteur sur ses choix politiques et son candidat préféré, qui ne feront pas plus autorité que les vôtres.
— L’appel à l’humilité est une autre forme de l’argument d’autorité. L’appel à l’humilité consiste à valider l’argument d’autorité par le simple fait que le contradicteur est ridicule ou insignifiant au regard de l’autorité appelée à la barre des témoins.
Exemple : Kepler disait que rejeter l’astrologie sans la connaître est une folie à trois dimensions. Ce n’est pas Monsieur Dupont qui disait cela, c’était Kepler !
— Argument par la foi : « C’est forcément vrai, puisque c’est écrit dans tel ou tel livre sacré. (Bible, Coran…) »
— La pétition de principe (petitio principii). La pétition de principe est une fausse démonstration, où l’on prétend démontrer la réalité d’une chose alors qu’en fait on l’a déjà supposée à la base (sans le dire). Exemple : « il suffit de regarder un poulet rôti pour voir qu’un poulet n’est pas un être vivant » (effectivement, une fois cuit…) ; très utile en politique : « il suffit d’ouvrir les archives judiciaires/fiscales/médicales/, etc. pour voir que les (mettre ici un groupe quelconque) sont des plaideurs/riches/malades/, etc. » (cocher la case appropriée). La petitio principii est juste l’exploitation
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d’un biais de sélection ; par contre, elle n’implique pas un raisonnement circulaire : ce n’est pas parce que le poulet est mort qu’il est ipso facto rôti.
Moins évident.
— La Bible est la preuve que Dieu existe, et la Bible ne peut mentir ni se tromper puisque c’est la parole de Dieu.
— Si tu critiques la véracité et l’inspiration divine de la Bible, c’est que tu es incité à le faire par le diable, car c’est la Bible qui le dit et la Bible est le livre de Dieu.
— La tautologie ou raisonnement circulaire (postulat indémontrable).
Procédé rhétorique ou faute de style (pléonasme) consistant à répéter une idée déjà exprimée, soit en termes identiques, soit en termes équivalents. Exemple : prédire.
La tautologie peut ne constituer qu’une figure de rhétorique apparentée à une redondance ou à un effet d’insistance.
Mais une tautologie, parce qu’elle est vraie, peut également servir à faire passer de fausses idées, en profitant de l’impression de vérité et d’évidence qu’elle dégage.
La définition circulaire n’apporte rien non plus de plus au débat, il s’agit d’une définition qui contient le terme qui doit être défini comme faisant lui-même partie de la définition.
Exemple : « Un livre est considéré comme pornographique s’il contient de la pornographie. »
Certes certes, mais qu’est-ce que la pornographie ?
Exemples de tautologie : « Un quart d’heure avant sa mort il était encore en vie ! » (lapalissade en français.)
Beaucoup de nos lecteurs connaissent le problème des généralisations abusives négatives, illustré en général par la célèbre anecdote de l’Anglais débarquant à Calais et qui, voyant une Française rousse passer devant lui, note soigneusement dans son journal intime : les Françaises sont rousses ».
Le problème des généralisations abusives POSITIVES est en général moins connu.
Il vient la plupart du temps du fait que, la classe médiatico-politique qui gouverne nos opinions étant si médiocre, elle croit pertinent d’adopter systématiquement le contre-pied des généralisations abusives négatives.
Mais la généralisation abusive positive est tout aussi dangereuse, car elle peut conduire à sous-estimer la gravité de certains dangers. Ce n’est pas en effet parce qu’il y a (eu) des membres du parti nazi profondément humains et qui ont aidé les juifs, comme Schindler, que tous les nazis étaient de cette trempe. En l’occurrence l’arbre ne doit pas nous cacher la forêt. Sinon on en arrive à traiter les symptômes plutôt que les causes.
— La suppression de données pertinentes (mensonge par omission).
— Le choix orienté des exemples.
Il s’agit d’un mauvais emploi des statistiques pour soutenir une affirmation. Il a lieu seulement quand les cas soutenant l’affirmation sont gardés dans les statistiques, et ceux qui la contredisent rejetés ou oubliés.
Cette erreur se rencontre souvent chez ceux qui croient dans les rêves prémonitoires ou les “signes”. On retrouve aussi fréquemment cette erreur de raisonnement dans la technique du tâtonnement spécialité du célèbre Patrick Jane de la série le mentaliste. Les « ratés » l’emportent statistiquement largement sur les « réussites », mais la personne qui est cliente d’une séance de voyance par exemple, est tellement engagée émotionnellement qu’elle ne se souviendra que des réussites (qui souvent ne sont pas si exactes que ça, mais seulement approximatives), et oubliera les nombreux loupés, terminant en croyant que le voyant possède vraiment des pouvoirs psychiques.
— La confusion entre succession chronologique et relation de cause à effet (post hoc ergo propter hoc). Ou inversion de la cause et de l’effet. Non causa pro causa. L’erreur consiste à croire que parce qu’un phénomène A s’est déroulé avant le phénomène B (ou que B eut lieu après A) donc A est la cause de B (ou que B est la conséquence de A). Ce raisonnement reste erroné tant que la relation de causalité n’a pas été rigoureusement étudiée, documentée et comprise.
Exemple.
— Le tremblement de terre a frappé la ville juste après que nous avons battu un record de température vieux de 10 ans, donc la chaleur doit être un important facteur déclenchant des tremblements de terre.
— Après avoir pris un verre de bave de crapaud macérée, mon rhume a disparu, la bave de crapaud est donc très efficace contre le rhume.
— L’Argumentum ad consequentiam (Appel à la terreur : « Si vous maintenez votre point de vue, il y aura de terribles conséquences »). Dit aussi pente glissante ou effet domino. Cet artifice rhétorique consiste à déclarer une proposition inacceptable en soutenant que des conséquences inévitables
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(souvent mauvaises ou désastreuses) vont suivre, sans pour autant argumenter au sujet de cette « inéluctabilité ». Il s’agit d’un usage abusif et illégitime des locutions « si… donc… » et « si… alors… ».
Exemples.
— Si nous légalisons le divorce, alors l’unité fondamentale de la société, que sont le couple et le mariage, exploseront, le chaos et l’anarchie régneront alors partout dans le monde, et ce sera la fin de la civilisation.
— Si les signes religieux sont bannis des écoles et des administrations, alors la liberté de culte elle-même sera touchée et ce sera la fin de la démocratie dans ce pays.
— L’appel à la « loi du nombre », ou argumentum ad populum. Aussi appelé « raison de la majorité ». A lieu quand une idée ou une affirmation est acceptée comme vraie parce qu’un nombre important de personnes la considère comme vraie. Une fois encore, l’histoire nous montre combien cette idée peut être fausse. Il fut un temps où tout le monde pensait que la terre était plate, que la terre était au centre de l’univers… Exemple : « Dieu doit exister puisque la majorité des humains y croient depuis des millénaires ». L’argumentum ad populum est aussi utilisé par de nombreux commerçants et sociétés, afin de placer leurs « produits » dans le grand public, fussent-ils totalement inutiles, inefficaces ou de viles arnaques, par le biais des « études de consommation » ou des différents labels existants (« produit de l’année », etc.).
— La question à choix forcé ou question fermée.
Deux points sans aucun rapport sont réunis et traités en tant qu’une seule et même proposition. Le lecteur ou l’auditoire est censé accepter ou refuser les deux points ensemble, quand en réalité un seul est acceptable tandis que l’autre ne l’est pas. Il s’agit donc d’une utilisation illégitime de l’opérateur « et ».
Exemple.
— Êtes pour l’avortement et contre la vie ?
— Êtes-vous pour la libéralisation des ventes d’armes et pour la liberté ?
— Le faux dilemme (ou ceci… ou cela).
Il survient quand seulement deux choix d’explication d’un phénomène donné sont présentés ou proposés, alors qu’en réalité il y en a plus. L’erreur ici est l’utilisation abusive de la préposition « ou ».
Exemples.
— Jupiter est une planète gazeuse ou solide. Or, Jupiter n’est pas solide, donc elle est gazeuse.
— Si tu ne pries pas avant un repas, c’est que tu es athée.
— La fausse analogie. Elle a lieu quand les éléments utilisés pour faire une analogie ne sont pas comparables dans leur importance, dans leur signification, dans leur portée.
Exemple :
— Si tu acceptes une attestation d’un vendeur certifiant que Georges a acheté ce vélo, alors tu dois accepter qu’une attestation signée par un témoin ayant vu des OVNIS est une preuve que les extra-terrestres ont bien visité notre terre.
— L’appel à l’émotion.
Ce raisonnement fallacieux est similaire à l’argument d’autorité. Il suppose que tout argument causant une émotion positive ne peut qu’être vrai, ou bien que son opposé est associé à des émotions négatives.
— L’appel à la pitié (argumentum ad misericordiam) est une déclinaison du précédent. Rappelons que, contrairement à ce que la classe médiatico – politique française a répété jusqu’à la nausée début septembre 2015 à propos de la noyade en Turquie du petit Aylan Kurdi, l’empathie n’est pas la première des émotions, la première et la plus forte des émotions est LA PEUR.
Ci-dessous pêle-mêle encore quelques exemples couramment utilisés dans les médias par les politiques ou les journalistes engagés.
— Le sophisme du tireur d’élite texan : sélectionner des événements aléatoires possédant des caractéristiques communes pour en déduire une relation de causalité.
— La fausse piste (qualifiée de technique du « hareng fumé » par Mill, en raison d’une des techniques utilisées pour semer les chiens). La diversion, ou écran de fumée. L’arbre qui cache la forêt. Fréquent dans les médias.
— Avoir raison par forfait de l’adversaire : « Avez-vous lu les 38 000 références que je viens de vous citer ? Non ? Eh bien je considère alors que vous n’avez rien à apporter à ce débat. »
— La simplification excessive de la causalité.
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ART OU SCIENCE ? LES LIMITES DE LA RHÉTORIQUE.
Si l’on en croit l’étude de Walter J. Ong à ce sujet, La Ramée (1515-1572) a été un des premiers intellectuels modernes à remettre en cause la logique d’Aristote, en développant les trois règles qui constituent le fondement de toute construction scientifique, qu’il rappelle dans ses Scholae physicae : tout d’abord le principe de l’évidence parfaite et universelle, puis celui de la limitation de l’objet de chaque science particulière , et enfin la déduction apodictique des termes particuliers à partir des termes universels.
Une partie importante de l’œuvre de Ramus, ce sont ses grammaires : sa grammaire latine, publiée en 1559 ; sa grammaire grecque (1560), que cent ans après Port-Royal louait encore ; enfin sa grammaire française, publiée en 1562.
Un trait caractéristique de la réforme de Ramus, c’est qu’il faisait grand cas de la forme, il aimait l’élégance du langage et l’éclat du style. Dans son enseignement, au Collège de France – et ce fut une des raisons de son succès, – il cherchait à allier l’éloquence à la science. Par là il mérité d’être considéré comme un des initiateurs de l’enseignement supérieur, si tant est que l’enseignement supérieur implique, non seulement l’étendue et la profondeur du savoir, mais aussi un certain talent de parole. Un des griefs le plus souvent renouvelés contre lui par ses ennemis, c’est qu’il expliquait les poètes et les orateurs de l’antiquité avec une grande dignité de gestes et de langage. Dans un temps où la coutume voulait qu’on se bornât à citer Aristote et à lire de fastidieux cahiers de philosophie, il avait le tort d’être éloquent, de rompre avec la sécheresse et le jargon barbare du moyen âge, de rendre à la science un peu de flamme et de vie.
C’était déjà combattre utilement le moyen âge et la scolastique que renoncer à la dialectique insipide et au formalisme subtil de la vieille philosophie. Mais Ramus a mieux servi encore la cause qu’il aimait, en proclamant avant Descartes le principe de la pensée libre. « C’est la raison, dit-il, qui doit être la reine et la maîtresse de l’autorité (ratio auctoritatis regina dominaque esse debet). Il ne se contentait pas d’ailleurs de revendiquer les droits de la raison : il en usait. Il n’attaquait pas seulement Aristote, la vieille idole du moyen âge : il s’en prenait aussi aux jeunes idoles de la Renaissance, aux auteurs retrouvés après un long oubli, et que, dans leur enthousiasme, les érudits du seizième siècle mettaient sur les autels à la place d’Aristote. En 1547, il prenait à partie Cicéron ; en 1549, Quintilien. Il était bien, non le servant d’une superstition nouvelle substituée à la superstition d’Aristote, mais l’homme du libre examen, de la recherche indépendante et personnelle.
Pour Ramus toute activité mentale était découpable en entités discontinues, repérables sur un plan, et utilisées en histoire, en philosophie, en grammaire, en rhétorique.
Il s’agissait donc d’une présentation ordonnée de n’importe quel sujet selon un ordre qui part des principes généraux pour aller aux divisions spécifiques, de l’universel aux choses singulières. Cette mise en ordre se fait à l’aide de bipartitions successives.
Ses deux ouvrages les plus connus sont l’Aristotelicae Animadversiones et le Dialecticae partitiones sive institutiones (1543). Dans le premier, il se livrait à une critique de l’aristotélisme ; dans le second, il formulait des suggestions pour une seule discipline, la dialectique (ou la logique).
Le reproche que Ramus faisait à la dialectique aristotélicienne, alors souveraine, était que cette matière, dans sa conception, ne convenait pas aux étudiants, parfois très jeunes. Cette dialectique était artificielle, inutilement compliquée et, contrairement au but recherché, ne constituait pas une introduction à la pensée scientifique : elle n’avait que trop pris l’allure d’une discipline indépendante. Afin de mieux faire correspondre ce qui était enseigné à l’expérience personnelle des débutants, Ramus proposait des simplifications radicales consistant à ne pas enseigner les règles de la logique dans l’abstrait, mais à ne jamais oublier d’illustrer celles-ci d’exemples concrets empruntés à des textes, à des démonstrations scientifiques ou même à des poèmes. L’essentiel était d’être simple, compréhensible et concret.
Dans un souci de grande concision, Ramus aimait expliciter le texte à l’aide de tableaux, de schémas ou de diagrammes.
« Peu de préceptes, et beaucoup d’usage » : telle était la maxime favorite de Ramus, et le principe qu’il a essayé d’appliquer dans sa Dialectique et dans sa Grammaire. Aussi ses livres, grâce à leur nouveauté, eurent-ils un grand succès, à l’étranger surtout : en Espagne, où le célèbre grammairien Sanctius s’inspira de ses méthodes ; en Angleterre, où Milton, cent ans plus tard, publia une Logique
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revue et arrangée d’après la méthode de Ramus ; en Allemagne enfin, où sa doctrine trouva tant d’adhérents qu’elle reçut un nom : le Ramisme.
Pour beaucoup d’Allemands, le ramisme servit de point de départ à une approche encyclopédique des sciences. Ses ouvrages connurent de fréquentes rééditions à Francfort et dans la région environnante, à Hanau et à Herborn. Marbourg et Herborn devinrent d’importants foyers du ramisme.
Le lien existant entre le ramisme d’une part, qui mettait l’accent sur la représentation claire des concepts et voyait dans les arts mécaniques une source de connaissances nouvelles, et la philosophie mécaniste d’autre part qui envisageait la nature comme une mécanique, fut établi par le théologien zélandais Isaac Beeckman (1588-1637), qui fut aussi fabricant de bougies, pédagogue et physicien. Ce dernier fit ses études à Leyde entre 1607 et 1610 et suivit les cours de Snell, qui lui conseilla d’étudier, pour les mathématiques, des ouvrages ramistes. C’est ainsi que Beeckman se familiarisa avec le ramisme, qui imprima une double marque à sa conception mécaniste de la nature : d’une part l’accent mis sur la clarté dans l’explication des phénomènes naturels (Beeckman s’en autorisa pour récuser nombre d’explications aristotéliciennes), d’autre part l’ouverture à l’égard des constatations et de l’expérience des artisans.
Quand Descartes – qui était encore jeune et marqué par un enseignement scolastique, mais recherchait déjà de nouveaux principes – arriva aux Pays-Bas, Beeckman fut le premier philosophe qu’il rencontra. Les entretiens qu’il eut alors avec lui à Breda furent déterminants pour le développement ultérieur de sa philosophie. Il est impossible de comprendre les idées mécanistes de Descartes si l’on ignore la part qui revient au mécaniste Beeckman, influencé directement par le ramisme de Snell. Il n’est certainement pas téméraire de soutenir que le rapide succès du cartésianisme dans les Provinces-Unies doit être attribué au moins en partie à la large diffusion que le ramisme avait connue antérieurement aux Pays-Bas. La graine du cartésianisme tombait dans un terrain dûment préparé.
Leibniz étant jeune avait rêvé d’une langue parfaite ou d’une rigueur quasi mathématique inspirée des idéogrammes chinois la spécieuse générale (voir sa Dissertatio de arte combinatoria de 1666). La grammaire de cette « Spécieuse générale » devait rendre impossibles les raisonnements invalides.
Mais son projet n’alla guère plus loin.
Alfred Korzybski est né à Varsovie le 3 juillet 1879. Il appartenait à une famille de la noblesse polonaise du clan (Herb) des « Abdank » (Armorial de la Noblesse polonaise) qui compta de nombreux mathématiciens, scientifiques et ingénieurs.
Or ce chercheur a démontré qu’aucune langue humaine ne pouvait correspondre au rêve de Leibniz. Les langues humaines ne sont pas des équations mathématiques.
Alors qu’Aristote soutenait qu’une définition vraie transmet bien l’essence de la chose (en grec to ti ên einai, littéralement « ce qu’elle doit être »), la sémantique générale conteste l’existence d’une telle « essence ». En sémantique générale, il est toujours possible de donner une description de faits empiriques, mais ces descriptions restent des descriptions omettant nécessairement de nombreux aspects des événements objectifs, microscopiques et submicroscopiques qu’elles décrivent. Pour la sémantique générale, le langage, naturel ou non (y compris le langage appelé « mathématiques »), peut être utilisé pour décrire le goût d’une orange, mais on ne peut pas transmettre le goût de l’orange en utilisant uniquement le langage. Pour la sémantique générale, le contenu de toute connaissance est structurel, de sorte que le langage (en général) ainsi que les sciences et les mathématiques (en particulier) peuvent fournir aux gens une « carte » structurelle des faits empiriques, mais il ne peut pas y avoir « identité », seulement une similarité structurelle, entre le langage (carte) et les faits empiriques tels qu’ils sont vécus et observés par les gens en tant qu’êtres humains dans leur environnement (y compris doctrinaux et linguistiques).
LA LOGIQUE ARISTOTÉLICIENNE N’A DONC PAS L’INFAILLIBILITÉ MATHÉMATIQUE QU’ON LUI ATTRIBUE.
« Deux logiciens voyageant en train regardent le paysage par la fenêtre. – Tiens, dit l’un, un troupeau de moutons qui vient d’être tondu. – De notre côté, en tout cas, répond l’autre. ».
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Cette prudence est excessive ! Nous avons aussi besoin, pour notre fonctionnement normal, de jouer sur les observations et les inférences ; dans la plupart des cas d’ailleurs, nos inférences se révèlent justes : un mouton aura bien quatre pattes, le paquet contiendra bien l’objet que nous attendons, etc. Ce genre d’inférences est le plus répandu, on peut le constater dans la vie quotidienne. On se réfère plus que souvent à des expériences personnelles afin de décrypter les informations qui nous parviennent.
Aux niveaux silencieux, les inférences nous servent à anticiper des comportements, des mouvements, à saisir des objets, parfois à deviner des traits de caractère (intuition : « je ne le sens pas », « j’y crois dur comme fer ! », etc.). Généralement, confondre observations et inférences ne se traduit, au pire, que par des surprises éphémères et sans conséquence majeure. Cependant, pour ne pas commettre d’erreurs de jugement GRAVISSIMES, il convient de demeurer conscient de la différence entre observation et inférence, de manière à ne pas prendre l’un pour l’autre et inversement.
Les principes que nous allons développer ci-dessous doivent donc être manipulés avec précaution. Déduire certaines inférences de nos observations n’est pas le nec plus ultra indépassable de la science, mais constitue bien la première marche de son escalier. L’inférence est l’opération intellectuelle de base de tout raisonnement. Elle consiste à passer d’une ou plusieurs prémisse(s) à une conclusion. Tout le monde fait des inférences, presque tout le temps.
PRINCIPES DE LOGIQUE ÉLÉMENTAIRE.
I n-óenchurp atá. Imgeib guin immoamgeib gabáil. Tous les hommes sont mortels. Cuchulainn est un homme. Donc Cuchulainn est mortel (il peut être capturé, blessé dit plus précisément la reine Medb à son sujet dans la plus célèbre des sagas irlandaises).
Dans la Grèce antique, les sophistes, dont le nom est à l’origine du terme sophisme, enseignaient l’éloquence et l’art de la persuasion. Et c’est pour démasquer leur rhétorique parfois fallacieuse que les druides grecs ont posé les bases de la logique. Depuis les Réfutations sophistiques d’Aristote, de nombreux philosophes ont ainsi cherché à établir une classification générale des sophismes pour, le plus souvent, s’en prémunir (John Stuart Mill, mais à l’inverse, d’autres auteurs, comme Arthur Schopenhauer dans L’Art d’avoir toujours raison, ont défendu l’usage du sophisme pour son efficacité dialectique).
Le terme sophisme dérive du latin sophisma, lui-même issu du grec) : « habileté », « invention ingénieuse », « raisonnement trompeur ». Ce mot grec est formé sur sophia : « sagesse », « savoir », et désigne dès l’Antiquité grecque le type de discours prononcés par les sophistes (littéralement « spécialistes du savoir »), orateurs prestigieux et professeurs d’éloquence (ou plus globalement de rhétorique), dont le but était surtout de persuader l’auditoire (dans les assemblées ou les tribunaux), bien souvent au mépris de la vérité elle-même. Socrate et Platon ont beaucoup débattu avec les sophistes pour essayer de démasquer leurs raisonnements trompeurs et bâtis sur une logique non rigoureuse, mais c’est Aristote surtout qui a inventé la science de la Logique pour classer les types de raisonnements (ou de syllogismes) et montrer rigoureusement quelle est la « logique » fallacieuse à l’œuvre dans un sophisme.
Exemples.
— Tout ce qui est rare est cher.
— Un cheval bon marché est rare.
— Donc un cheval bon marché est cher.
Ce qui est idiot !
— Plus il y a d’emmental, plus il y a de trous.
— Plus il y a de trous, moins il y a d’emmental.
Donc plus il y a d’emmental, moins il y a d’emmental.
Ce qui est absurde !
— Un problème comporte toujours au moins une solution.
— Donc s’il n’y a pas de solution,
— Il n’y a pas de problème……………
OR DE NOS JOURS OU DEPUIS TOUJOURS IL N’Y A QUE DES RAISONNEMENTS DE CE GENRE EN POLITIQUE VOIRE DANS TOUT AUTRE DÉBAT.
Le sophisme, ou argument à logique fallacieuse, est donc un raisonnement qui cherche à apparaître comme rigoureux, mais qui en réalité n’est pas valide du point de vue de la logique (quand bien même sa conclusion serait pourtant vraie). À l’inverse du paralogisme qui est une erreur dans un raisonnement, le sophisme est fallacieux : il est utilisé avec l’intention de tromper afin, par exemple, de
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prendre l’avantage dans une discussion. Les sophismes prennent souvent l’apparence d’un syllogisme (qui repose sur des prémisses insuffisantes ou non pertinentes ou qui procède par enthymème, etc.). Ils peuvent aussi s’appuyer sur d’autres mécanismes psychologiques jouant par exemple avec l’émotion de l’auditoire, l’ascendant social du locuteur (argument d’autorité) ou des biais cognitifs. Sans compter la pure et simple mauvaise foi des milieux médiatico-politiques.
John Stuart Mill, dans son ouvrage Système de logique déductive et inductive (1843), a étudié les sophismes. Il propose une classification, laquelle est constituée en quatre groupes. La dernière classification regroupe tous ceux qui ont leur source, non pas tant dans une fausse appréciation de la valeur d’une preuve, que dans la conception vague, indéterminée et flottante de ce qu’est la preuve. En tête de ces sophismes, il y a la multitude des raisonnements fallacieux résultant de l’ambiguïté des termes employés, lorsqu’une chose est vraie dans le sens particulier d’un mot, mais que l’on argumente comme si elle était vraie dans un autre sens.
LES LANGUES VIVANTES N’ARRÊTANT PAS D’ÉVOLUER ET LE SENS DES MOTS ÉGALEMENT, OU ALORS ÉTANT MAL MAÎTRISÉS, MAL COMPRIS, AYANT CONSIDÉRABLEMENT CHANGÉ DE SENS AU COURS DES ÂGES, C’EST TRÈS SOUVENT LA SEULE ET UNIQUE CAUSE D’UN DÉSACCORD (hormis le cas du mensonge et de la mauvaise foi, qu’on ne saurait exclure a priori, car toujours possibles).
Disons maintenant a contrario deux mots du raisonnement juste, logique, et rationnel.
La déduction est une inférence conduisant d’une affirmation générale à une conclusion particulière.
L’induction est au contraire l’opération mentale qui consiste à remonter des faits à la loi, de cas donnés le plus souvent singuliers ou spéciaux, à une règle plus générale.
Si chaque fois que je rencontre un humain dans différentes régions du monde, je constate qu’il possède deux oreilles, je n’ai pas besoin de le vérifier sur plusieurs milliards d’autres spécimens pour en conclure que tous les humains ont deux oreilles.
On parle d’induction amplifiante lorsqu’on passe d’un très petit nombre de cas à une affirmation générale.
Un journaliste parlant d’un film, dira volontiers : « Cette séquence est particulièrement émouvante » alors que l’honnêteté intellectuelle imposerait une formulation du type : j’ai été très ému…
Le raisonnement par analogie est un raisonnement par association d’idées, combinaison et synthèse. La définition stricte de l’analogie est A est à B ce que C est à D. À noter que dans l’analogie A est à B ce que C est à D, ni A, ni B, ni C, ni D n’ont besoin d’être définis explicitement, seul leur rapport respectif compte. Une analogie n’exprime pas explicitement le rapport entre des notions, mais indique simplement l’existence d’un rapport identique. La nature du rapport n’apparaît que dans l’idée de celui qui se penche dessus, non dans l’expression littérale. C’est donc à l’entendement que l’analogie fait appel.
L’analogie est souvent utilisée en science et en philosophie, voire dans le domaine de la religion, car elle permet de reporter les résultats qui sont connus dans un premier domaine vers un second domaine, ceci de manière efficace. Il suffit en effet pour appliquer la même logique en parallèle, de substituer fidèlement tant A par C que B par D pour obtenir des résultats à coup sûr corrects dans le rapport entre C et D. De ce point de vue, l’analogie est une opération parfaitement rationnelle. C’est un simple calcul en parallèle. Si la substitution donne des résultats erronés, c’est que l’analogie est fausse.
Le syllogisme est un mode de raisonnement explicité il y a 2 500 ans par le druide grec Aristote. Ce raisonnement consiste en deux propositions dont on déduit une troisième ; il est ordinairement fondé sur un des deux principes suivants, où il n’y a pas d’erreur possible.
— Ce qui convient à l’idée d’une généralité, convient à chacun des individus qui composent cette généralité.
— Ce qui ne convient pas à l’idée d’une généralité ne convient à aucun des individus qui composent cette généralité.
Les deux premières propositions du syllogisme se nomment prémisses ; la plus générale des deux prémisses est dite majeure ; la moins générale, ordinairement la seconde, est dite mineure. La troisième proposition déduite des deux autres par une conséquence, légitime ou illégitime, se nomme conclusion.
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Quand les prémisses sont vraies et la conséquence légitime, c’est-à-dire contenue dans les prémisses, le syllogisme est matériellement et formellement valide.
Exemple.
1. Tout être vivant est mortel ; (prémisse majeure.)
2. Je suis un être vivant ; (prémisse mineure.)
3. Donc je suis mortel (conclusion.)
Si les prémisses sont vraies, la conclusion l’est aussi, pourvu que la conséquence soit légitime. En sorte que si quelqu’un admet les prémisses, il ne peut nier la vérité de la conclusion qu’en la qualifiant d’illégitime. Pour obtenir une conséquence légitime, il y a certaines règles à observer.
La conclusion du syllogisme doit être contenue dans la prémisse majeure ; la mineure sert à le faire voir.
Exemple…
1. Tous les hommes sont mortels.
2. Tous les rois sont hommes.
3. Donc tous les rois sont mortels.
Les rois sont mortels parce qu’ils sont hommes… la conclusion est contenue dans la majeure, et la mineure le fait voir.
Dans un syllogisme simple, il n’y a que trois propositions, et par conséquent trois sujets et trois attributs. Pour exprimer ces trois sujets et ces trois attributs, on ne se sert que de trois termes différents ; ainsi dans le syllogisme précédent les trois termes sont-ils.
— Tous les hommes (le terme moyen)
— Mortels (le grand terme)
— Tous les rois (le petit terme)
Un de ces termes se trouve deux fois dans les prémisses, on l’appelle moyen ; il doit être pris au moins une fois généralement. Ici le terme moyen est homme, il est pris en son sens général dans la majeure.
Quoique le syllogisme contienne trois propositions, formées chacune de deux termes (ce qui fait six termes en tout), il n’y a en réalité que trois termes, chaque terme étant répété deux fois. L’exemple cité dans la première règle nous montre.
— Le moyen terme dans les deux prémisses.
— Le petit terme dans la conclusion et dans une prémisse.
— Le grand terme dans la conclusion et dans l’autre prémisse.
La prémisse majeure est celle qui contient le grand terme et le moyen terme. La prémisse mineure contient le petit terme et le moyen terme.
Une des prémisses, soit la première, soit la seconde, doit être une proposition générale ; on ne peut rien conclure de deux propositions particulières.
Exemple.
1. Quelques impies sont Français.
2. Or certains Français sont courageux.
On ne peut conclure de là, ni que tous les impies, ni même que plusieurs impies sont courageux.
Une des prémisses doit être affirmative ; on ne peut rien conclure de deux propositions négatives.
Ainsi ne saurait-on dire…
1. Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux.
2. Or, Philémon et Baucis n’avaient ni or ni grandeur.
3. Donc ils vécurent heureux.
Par contre on peut très bien dire le plus logiquement du monde.
1. Les pauvres ne possèdent ni les richesses ni les honneurs du monde ;
2. Or, beaucoup de pauvres sont heureux ;
3. Donc on peut être heureux sans posséder ni les richesses, ni les honneurs, ni l’or, ni la grandeur.
Tous les hommes sont mortels. (Première prémisse, A = « homme », B = « mortel ».)
Cuchulainn est un homme. (Deuxième prémisse, C = « Cuchulainn »)
Donc le Hésus Cuchulainn est mortel (il peut être capturé, blessé dit plus précisément la reine Medb à son sujet dans la plus célèbre des sagas irlandaises). Il s’agit de la Conclusion.
Le même raisonnement fut d’ailleurs suivi par les autorités juives ayant arrêté Jésus le nazoréen. S’ils avaient été convaincus de ne pas avoir affaire à un simple être humain, mais au fils (adoptif ?) de Dieu, ou au Messie, jamais ils n’auraient agi ainsi à son égard.
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Le syllogisme. Tous les hommes sont mortels. (Première prémisse, A = « homme », B = « mortel ».)
Cuchulainn est un homme. (Deuxième prémisse, C = « Cuchulainn »)
Donc le Hésus Cuchulainn est mortel (il peut être capturé, blessé dit plus précisément la reine Medb à son sujet dans la plus célèbre des sagas irlandaises). Il s’agit de la Conclusion.
Aussi ne suffit-il pas donc de trouver ou déterminer les règles de la logique, encore faut-il s’en servir correctement. Le syllogisme donne de bons exemples de pièges à éviter. Ainsi que nous avons déjà eu l’occasion de le dire, le principe veut qu’on pose une affirmation universelle ou générale au niveau de la première prémisse, du genre « À = B ». Dans la deuxième prémisse, on considère un individu qui réunit ou pas les conditions exposées en : « C = A » ou « C n’est pas égal à B ». À chaque fois, un peu de concentration suffit à déduire la conclusion requise.
C’est imparable comme raisonnement… sauf quand on dit n’importe quoi. Ce qui arrive le plus souvent quand il n’y a pas stricte égalité entre les différents termes de l’équation, quand A n’est pas strictement égal à B ou quand C n’est pas strictement égal à A, etc. Le vocabulaire utilisé doit donc avoir une précision et une pertinence parfaites ; or ce n’est pas toujours le cas ce qui nous donne donc ce qui suit.
— Les sophismes, qui sont des raisonnements volontairement faux destinés à tromper.
— Les paralogismes, qui sont des syllogismes rendus faux par ignorance des règles ou par manque d’attention.
Les paralogismes informels sont des paralogismes faisant intervenir non pas une erreur de raisonnement formel, mais une propriété du langage (la polysémie par exemple), la manière dont on invoque un fait (analogie métaphore métonymie…). Les paralogismes de composition et de division consistent à attribuer une propriété du tout à la partie, ou de la partie au tout.
On peut former les paralogismes formels suivants.
Affirmation du conséquent.
Tous les hommes sont mortels (À = B).
Un âne est mortel (C = B).
Donc un âne est un homme (C = A).
La deuxième prémisse est vraie, mais on ne peut pas en tirer la conclusion (il aurait fallu « Tous les mortels sont des hommes » soit B = A et non pas A = B).
Négation de l’antécédent.
Tous les hommes sont mortels (À = B).
Un âne n’est pas un homme (C = non A).
Donc un âne est immortel (C = non B).
Ici encore, la deuxième prémisse est vraie, mais on ne peut pas en tirer la conclusion. On ne peut tirer une conclusion que de la négation du conséquent, raisonnement dit par contraposition (ou modus tollens) : seul le raisonnement « si A = B, alors non B = non A » est correct. Ci-dessous un exemple de contraposition correcte.
Tous les hommes sont mortels (À = B).
Un caillou n’est pas mortel (C = non B).
Donc un caillou n’est pas un homme (C =non A).
L’incohérence ou argument non sequitur est le type d’argument où une conclusion est tirée à partir de prémisses qui ne sont pas logiquement reliées. Par exemple…
-« Si des millions de personnes croient en Dieu c’est bien que Dieu existe. »
-« Des milliers de gens ont vu des lumières dans le ciel qu’ils n’ont pas pu identifier, ce qui prouve que les extra-terrestres existent ».
Les partisans des Ovnis tombent souvent dans cette erreur, notamment quand ils affirment que les vaisseaux spatiaux sont issus d’une technologie si avancée qu’ils sont invisibles pour les radars. Mais en même temps ceux-ci affirment que la détection radar est une preuve de l’existence de ces Ovnis……………
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EXEMPLES DE RHÉTORIQUE.
La rhétorique n’étant pas une science, mais un art, le postier à la retraite que je suis, tout comme le facteur Cheval en son temps, prendra la liberté de ne pas présenter cet essai de façon très conventionnelle, mais de façon beaucoup plus décousue, disons en amateur.
Que les honorables professeurs qui dissertent sur la spiritualité dans l’œuvre du quatrième calife, ou du cinquième, le taliq père du bourreau du petit-fils du Prophète, voire dans l’œuvre de l’épouse favorite du Prophète, veuillent bien m’en excuser.
La dialectique, c’est l’art de convaincre l’opposant que l’on a en face de soi grâce aux outils de la raison, il convient bien à des cercles restreints, des cénacles ; mais la rhétorique, c’est l’art de convaincre et de persuader par tous les moyens, il est donc consubstantiel à la démocratie.
Un des plus puissants ressorts, et de tout temps de la rhétorique, est le pathos, le recours au sentiment, à l’émotion, par exemple aujourd’hui en mettant en scène des enfants, des innocents persécutés, des amours bafouées…Rien de tel pour faire pleurer dans les chaumières et s’ouvrir les bas de laine. Mais ça n’a rien à voir avec la philosophie et surtout ça ne règle rien des causes de façon pérenne, on ne fait que donner des poissons au lieu d’apprendre à pêcher !
Recourir au pathos n’engage pas uniquement l’émotionnel de l’auditoire, mais permet aussi au public de s’identifier aux arguments de l’orateur.
La raison occupant bien peu de place dans les débats concernant certains tabous de notre société, et ce qui prédomine au contraire dans les médias à ce sujet n’ayant rien d’une sereine dialectique, il n’est jamais inutile de revenir sur certaines des « grosses ficelles » utilisées pour nous berner ou nous arracher un consentement pas vraiment éclairé. Rien de nouveau sous le soleil depuis Jules César en ce domaine. L’exemple du discours de Critognatos 1) prouve que le général ne négligeait pas la rhétorique ni les ornamenta oratoria dans les discours qu’il prête à ses ennemis.
Livre VII chapitre LXXVII.
« Je ne parlerai pas, de l'avis de ceux qui appellent du nom de capitulation le plus honteux esclavage [technique de l’épouvantail] ; et je pense qu'on ne doit ni les compter au nombre des citoyens ni les admettre dans cette assemblée [cf. le stratagème numéro XXXII de Schopenhauer : le Principe de l’association dégradante. Lorsque l’on est confronté à une assertion de l’adversaire, il y a une façon de l’écarter rapidement, ou du moins de jeter l’opprobre dessus en la plaçant dans une catégorie péjorative, même si l’association n’est qu’apparente ou ténue.]
Je ne m'adresse qu'à ceux qui proposent une sortie, et dont l'opinion, comme vous le reconnaissez tous, témoigne qu'ils se souviennent encore de notre antique valeur [voir le Gorgias de Platon : il s’agit de flatter le public]. Mais il y a plutôt de la faiblesse que du courage à ne pouvoir supporter quelques jours de disette. Les hommes qui s'offrent à la mort sans hésitation sont plus faciles à trouver que ceux qui savent endurer la douleur [début du climax qui va culminer dans l’évocation de l’anthropophagie]. Et moi aussi je me rangerais à cet avis (tant l'honneur a sur moi d'empire) [là encore flatterie du public], si je n'y voyais de péril que pour notre vie .....
Lorsque quatre-vingt mille hommes auront péri dans cette tentative, quel courage pensez-vous que conserveront nos parents et nos proches, s'ils ne peuvent, pour ainsi dire, combattre que sur nos cadavres ? Gardez-vous donc de priver de votre soutien ceux qui ne craignent pas de s'exposer pour votre salut 1)......Parce que les secours ne sont pas arrivés au jour fixé, douteriez-vous de leur foi et de leur constance ? Eh quoi ! quand les Romains travaillent tous les jours à des retranchements nouveaux, pensez-vous que ce soit seulement pour se tenir en haleine ? Si tout chemin vous est fermé par où vous pourriez avoir de leurs nouvelles, les Romains eux-mêmes ne vous assurent-ils pas de leur arrivée prochaine par ces travaux de jour et de nuit qui montrent assez la crainte qu'ils en ont ? [pétition de principe ] Quel est donc mon avis ? De faire ce que firent nos ancêtres dans leurs guerres, bien moins funestes, contre les Cimbres et les Teutons [technique de l’exemplum]. Forcés, comme nous, de se renfermer dans leurs villes, en proie à la disette, ils soutinrent leur vie en se nourrissant de la chair de ceux que leur âge rendait inutiles à la guerre [point culminant du climax commencé quelques lignes plus haut] ; et ils ne se rendirent point. Si nous n'avions pas reçu cet exemple, je dirais que, pour la cause de la liberté, il serait glorieux de le donner à nos descendants [flatterie de l’auditoire encore]. Quelle guerre en effet peut-on comparer à celle-ci ? Les Cimbres nous laissèrent nos droits, nos lois, nos champs, notre liberté ! Mais que demandent les Romains ? Que veulent-ils ? L'envie les amène contre tous ceux dont la renommée leur a fait connaître la gloire et la puissance dans la guerre ; ils veulent s'établir sur leur territoire, dans leurs villes, et leur imposer le joug d'une éternelle servitude. Car ils n'ont jamais fait la guerre dans d'autres vues » [de nouveau la technique de l’épouvantail, car cette colonisation romaine a aussi apporté au pays beaucoup de choses positives].
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On notera au passage que l’indigénisme et le décolonialisme à la mode aujourd’hui dans lesquels tout le monde s’engouffre, ne sont pas nouveaux, il n’y a rien de nouveau que ce qui est oublié, et que le suprémacisme romain a été dénoncé de son temps lui-même.
Outre le long discours de Critognat qui étonne sous la plume de César on connaît aussi celui du chef Breton Calgacus rapporté (ou inventé, on ne sait jamais dans ces cas-là) par Tacite.
Ci-dessous son texte, la plus féroce critique des colonisations romaines (www.thelatinlibrary.com/imperialism).
« Le monde entier est leur proie. Ces Romains, qui veulent tout, ne trouvent plus de terre à ruiner. Alors, c’est la mer qu’ils fouillent ! Riche, leur ennemi déchaîne leur cupidité, pauvre, il subit leur tyrannie. L’Orient, pas plus que l’Occident, n’a calmé leurs appétits. Ils sont les seuls au monde qui convoitent avec la même passion les terres d’abondance et d’indigence. Rafler, massacrer, saccager, c’est ce qu’ils appellent à tort asseoir leur pouvoir. Font-ils d’une terre un désert ? Ils diront qu’ils la pacifient. La nature a voulu que les enfants et les proches soient aux yeux de chacun les êtres les plus chers. Les conscriptions les arrachent pour en faire ailleurs des esclaves. Même si en temps de guerre, épouses et sœurs ont échappé aux appétits sexuels des envahisseurs, ceux-ci attentent à leur pudeur en invoquant l’amitié et les lois de l’hospitalité. Les revenus des biens sont dévorés par l’impôt, chaque année les récoltes passent à donner du blé, les corps eux-mêmes et les bras s’épuisent, sous les coups et les injures, à défricher des forêts et assécher des marais…Croyez-vous vraiment que les Romains soient aussi vaillants à la guerre que dévergondés dans la paix ? Il n’y a que nos divergences et nos différends pour mettre en valeur ces gens, qui font des défauts de leurs ennemis la gloire de leur propre armée. Or cette armée n’est qu’un ramassis des peuples les plus disparates…Que pouvons-nous encore redouter ? Des fortins vides ? Des colonies de vieillards ? Des municipes en mauvaise posture où se déchirent ceux qui se soumettent de mauvais gré et ceux qui les dominent injustement ?Ici, il n’y a que leur général, ici, il n’y a que leur armée. Là d’où ils viennent, on paie des impôts, on peine dans les mines et tous les autres sévices s’abattent sur ceux qui sont asservis. Subirons-nous ces outrages à jamais ou nous en vengerons-nous tout de suite dans cette plaine ? Marchez au combat en pensant à vos aïeux et à vos fils ! »
Ce discours souleva les guerriers. Comme tous les Barbares… » (Tacite Vie d’Agricola).
Des guerriers barbares qui furent néanmoins écrasés malgré la puissance de leurs chars et sans même que les légions purement romaines interviennent.
Tout ceci est un peu bizarre ! Sauf pour les chars peut-être : ils furent surclassés par la cavalerie auxiliaire romaine sans doute plus nombreuse et surtout utilisés comme moyens de transport de certains guerriers, ils n’étaient pas dotés de faux.
Mais si l’on comprend bien ce sont donc des non-Romains tant à pied qu’à cheval qui ont donné la victoire à Agricola.
NB. Dans les deux cas le paradoxe est que ce sont des Romains eux-mêmes qui se sont fait l’écho de cette critique, l’ont rapportée voire inventée.
Quant à la cruauté du discours de Critognat (c’est le mot de César) en ce qui me concerne je ne lui trouve qu’un seul équivalent de nos jours, le chant des partisans écrit en 1943.
« Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîneOhé, partisans, ouvriers et paysans c'est l'alarmeCe soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes.
Montez de la mine, descendez des collines, camarades,Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades,Ohé, les tueurs, à vos armes et vos couteaux, tirez vite,Ohé, saboteurs, attention à ton fardeau, dynamite.
C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frèresLa haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misèreII y a des pays où les gens au creux des lits font des rêvesIci, nous, vois-tu, nous on marche, nous on tue ou on crève.
Ici, chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passeAmi, si tu tombes, un ami sort de l'ombre à ta placeDemain du sang noir séchera au grand soleil sur nos routes ».
C’est du Critognat………….
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LA TECHNIQUE DE L’ÉPOUVANTAIL.
Hyperbole chez Diodore de Sicile.
Technique qui consiste à présenter la position de son adversaire de façon exagérée.
Exemple 1.
Le parent : « Tu devrais ranger ta chambre ! »
L'enfant : « Je l'ai déjà fait le mois dernier, je ne vais quand même pas le faire tous les jours ! »
La proposition « range ta chambre » a été changée en « range ta chambre tous les jours ».
Exemple 2.
« Vous refusez de financer ce programme de fabrication d’armes de nouvelle génération… Je ne comprends pas pourquoi vous voulez laisser notre pays sans défense. »
La proposition « je ne veux pas financer la construction d'armes de nouvelle génération » a été détournée en « je suis contre la défense de mon pays », argument beaucoup plus facile à mettre en défaut.
Arthur Schopenhauer appelle ce sophisme le stratagème de l'extension : « il s’agit de reprendre la thèse adverse en l’élargissant hors de ses limites naturelles, en lui donnant un sens aussi général et large que possible et l’exagérer, tout en maintenant les limites de ses propres positions aussi restreintes que possible ».
Normand Baillargeon explique que « si on ne peut vaincre un raisonnement donné, il peut être possible de sortir victorieux d'un débat avec une version affaiblie de ce même raisonnement. Cela sera d'autant plus facile si nous créons nous-mêmes la version affaiblie en la façonnant de manière à garantir qu'elle sera démolie ». Il classe ce procédé parmi les paralogismes.
Il est possible de créer un argument épouvantail de différentes manières :
Prendre une partie des arguments de son contradicteur, réfuter cette partie et prétendre que l'on a réfuté l'ensemble des arguments.
Présenter les arguments de son opposant dans une forme faible, les réfuter et prétendre que les arguments originaux ont été réfutés. Pour atteindre ce but, on peut notamment prendre les arguments originaux et les séparer du contexte dans lequel ils ont été exposés.
Présenter une fausse déclaration de son opposant, la réfuter et prétendre que la déclaration initiale est la position véritable de son opposant.
Présenter quelqu'un qui défend maladroitement une position, réfuter ses arguments et prétendre que tous les arguments en faveur de cette position sont réfutés.
Inventer un personnage de fiction avec des actions ou des croyances que l'on peut facilement critiquer et prétendre que cette personne est représentative du groupe que le locuteur est en train de critiquer.
L'épouvantail est une technique utilisée très fréquemment dans les débats politiques ou d'une manière plus générale dans les médias. Il n’y a pratiquement que ça d’ailleurs et le phénomène est aggravé par le fait qu’on ne donne pas le même sens aux mots vu l’évolution rapide pour différentes raisons de leurs sens et de leurs connotations.
L’ARBRE QUI CACHE LA FORÊT.
« Ne voir que l’arbre qui cache la forêt », c’est ne voir qu’une toute petite partie d’une situation ou d’un problème. C’est se borner à ne voir qu’un détail en ignorant l’ensemble. C’est être si près de quelque chose qu’on ne voit plus que ça, au point d’en oublier d’avoir une vue d’ensemble. On va à coup sûr passer à côté de l’essentiel. Par exemple, ne voir que le talent d’un sportif sans prendre en compte l’entrainement interminable et les sacrifices qu’il a dû faire pour arriver au sommet. Parfois il s’agit de se mentir à soi-même. Acheter quelque chose moins cher, c’est bien. Mais le fait que cet objet a été fabriqué par des enfants au Bangladesh devrait aussi faire partie de l’équation. En l’occurrence ça reviendra à « fermer les yeux » sur un élément qui nous déplait.
On peut aussi volontairement placer « l’arbre » devant vos yeux afin que vous ne puissiez voir le reste. Quelqu’un qui essaierait de vous convaincre aura souvent tendance à grossir ce qui va dans son sens, pour vous faire oublier le reste. Vous montrer en boucle la joie des gagnants du loto, mais ne rien dire sur les milliers de perdants qui jouent depuis des années par exemple.
On peut parfaitement publier des études très très pointues je l’ai moi-même fait, sauf en certains domaines où IL IMPORTE DE RAPPELER LES DANGERS DE L’ENSEMBLE DONT CE POINT PARTICULIER FAIT PARTIE AFIN DE METTRE EN GARDE CONTRE. Cette mise en garde peut prendre différentes formes (avant-propos, remarque finale, etc.), mais être néanmoins substantielle. Et elle ne s’impose bien sûr que si l’étude très pointue en question est soit complètement et
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mécaniquement neutre à ce propos au point de vue moral soit susceptible de donner une image positive de l’ensemble en question. Si cette étude très pointue d’un élément particulier souligne au contraire les dangers de l’ensemble, alors une telle mise en garde supplémentaire ne s’impose pas.
Prenons deux exemples.
L’IDÉOLOGIE NATIONALE SOCIALISTE DE L’ALLEMAGNE DES ANNÉES 1930.
Le personnage d’Oskar Schindler est beaucoup plus ambivalent que ne le montre le film de Steven Spielberg. « Comment [Steven Spielberg] peut-il dire ce qu’a été l’Holocauste en racontant l’histoire d’un Allemand qui a sauvé 1 300 juifs, puisque la majorité écrasante des juifs n’a pas été sauvée ? » (Claude Lanzmann, La Shoah.)
L’IDÉOLOGIE STALINISTE DE LA RUSSIE DES ANNÉES 1920.
Idem. Il existe un proverbe chinois dont le sens veut dire sensiblement la même chose : « le vrai visage du mont Lu reste inconnu à celui qui s’y trouve ».
Un contre-exemple maintenant.
On ne voit pas quelle forêt peut masquer une étude très pointue sur l’imaginaire islamique commun dans le commentaire de Tabari. De telles études sont sans danger et on peut en parler sans problème. Mieux même ! Elles sont indispensables à ceux qui, comme moi, sont plus amateurs de vastes synthèses compilant tous ces points précis pour faire le lien avec l’actualité. Afin de bâtir un homme nouveau, AVEC LE MEILLEUR DE L’ANCIEN ! Qu’Academia.edu et tous ces humbles chercheurs passionnés par leur sujet en soient remerciés pour cela !
Mais ce n’est pas toujours le cas, nous l’avons dit. Exemple LES FAUSSES PISTES DÉLIBÉRÉES.
Car il ne faut pas confondre victimologie primaire et victimologie secondaire.
La victimologie primaire s’occupe des victimes dans une optique médicale ou reconstructrice : elle concerne surtout les médecins.
La victimologie secondaire a surtout pour but de faire le portrait-robot psychologique du criminel afin de permettre son arrestation le plus rapidement possible. La victimologie secondaire doit donc s'apparenter plus à du profilage qu’à de la médecine.
Mais évidemment quand on ne veut pas parler du criminel et de ses motivations par exemple pour en faire le profil ou en faire le portrait-robot au point de vue psychologique…on parle de ses victimes. Il en résulte inévitablement dans ce cas qu’une partie de l’énergie des enquêteurs sert alors à autre chose qu’à identifier et localiser les coupables.
Une telle stratégie peut être le fait délibéré des sympathisants ou complices du criminel afin de retarder l’enquête ou la détourner de la bonne piste, mais elle peut aussi évidemment être involontaire.
RÉPÉTONS-LE, VU L’IMPORTANCE DE LA CHOSE.
Ce qui compte, après les premiers soins donnés aux victimes (victimologie primaire) c’est D’IDENTIFIER DE LOCALISER ET D’ARRÊTER, LES COUPABLES, ET CE LE PLUS RAPIDEMENT POSSIBLE.
P.S. Je n’ai rien vu de tel dans l’opuscule de Schopenhauer écrit en 1830 à ce sujet Die Kunst, Recht zu behalten) et publié depuis sous différents titres. À part ceci peut-être.
Notre adversaire a posé une thèse (ou bien nous-mêmes en avons formulé une, cela revient au même). Pour la réfuter, il existe deux modes et deux moyens.
Ces moyens sont la réfutation directe ; la réfutation indirecte.
La directe attaque la thèse sur ses raisons, l’indirecte sur ses conséquences : la directe montre qu’une thèse n’est pas vraie, l’indirecte qu’elle ne peut pas être vraie…
Dans le cas de la réfutation indirecte, nous faisons usage soit de diversion, soit d’instance.
La diversion : nous acceptons la thèse adverse comme vraie et nous exposons ce qui en découle à partir d’une autre proposition considérée comme vraie pour aboutir à une conclusion manifestement fausse, soit parce qu’elle contredit la nature des choses, soit parce qu’elle contredit d’autres déclarations de l’adversaire ad rem ou ad hominem…
Die Instanz, enstatis, exemplum in contrarium : Widerlegung des allgemeinen Satzes durch direkte Nachweisung einzelner unter seiner Aussage begriffner Fälle, von denen er doch nicht gilt, also selbst falsch sein muß.
L’instance, enstatis, exemplum in contrarium : il s’agit de réfuter la thèse générale en se référant directement à des cas particuliers qui en relèvent théoriquement vu la façon dont elle est énoncée, mais auxquels néanmoins elle n’est pas censée s’appliquer, et qui démontrent qu’elle est forcément fausse ??? (Mes 4 ans d’allemand sont loin).
Ça marche même quand ladite thèse générale n’a jamais été explicitement formulée et qu’on ne fait que la prêter à son ou ses opposants, qu’on ne fait que supposer qu’ils y adhèrent.
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PS. Il va de soi que la personnalité de l’intervenant joue également un très grand rôle dans tout ceci. Ce que les Grecs appelaient l’ethos mais qu’il vaut mieux, le sens de ce terme ayant beaucoup évolué 3) dans notre langue (voir le sens du mot ethos dans éthique), appeler « prestige » comme l’a fait Gustave Lebon dans son célèbre ouvrage sur la psychologie des foules : « les divers exemples qui viennent d'être cités représentent des formes extrêmes. Pour établir dans ses détails la psychologie du prestige, il faudrait en examiner la série depuis les fondateurs de religions et d'empires jusqu'au particulier essayant d'éblouir ses voisins par un habit neuf ou une décoration.
Entre les termes ultimes de cette série, se placeraient toutes les formes du prestige dans les divers éléments d'une civilisation : sciences, arts, littérature, etc., et l'on verrait alors qu'il constitue l'élément fondamental de la persuasion. L'être, l'idée ou la chose possédant du prestige sont par voie de contagion immédiatement imités et imposent à toute une génération certaines façons de sentir et de traduire les pensées ».
Ma conclusion sera donc la suivante, l’art de la rhétorique c’est comme la langue d’Ésope, la propagande ou la publicité, il peut servir au pire comme au meilleur.
Dit plus élégamment « Aristote avance quatre arguments pour démontrer l’utilité de cet art. En premier lieu, il peut être mis au service du vrai et du juste. Deuxièmement, le fait que la rhétorique ne relève pas d’une science totalement rigoureuse la rend capable de persuader un large public. Troisièmement, l’art rhétorique permet d’argumenter des positions contraires, ce qui permet, non pas de défendre indifféremment un point de vue ou son contraire, mais de mieux réfuter les adversaires mus par de mauvaises intentions. Enfin, la rhétorique est un moyen de se défendre plus digne que l’usage de la force. Aristote fait toutefois remarquer qu’un usage injuste de la puissance du verbe peut causer de graves dommages » (Brigitte Boudon).
D’où cette mise en garde en 7 pages.
1) Qu’il soit totalement inventé ou rapporté par des espions de césar importe peu à notre propos qui est de mettre en garde nos concitoyens contre les pièges rhétoriques. Andrew M. Riggsby, dans son remarquable ouvrage consacré aux Commentaires de César, a déjà rappelé tout ce qu’il y avait à dire à propos de ce discours et je ne peux qu’y renvoyer mes lecteurs.
En ce qui me concerne mon approche sera moins positive envers Critognatos (qui bene amat bene castigat), et surtout moins passéiste, car plus tournée vers le présent afin de CONSTRUIRE UN HOMME NOUVEAU AVEC LE MEILLEUR DE L’ANCIEN, et elle consistera à en faire un exemple typique de manipulation des esprits (ayant tourné au désastre qui plus est).
N’oublions pas que, d’un point de vue strictement militaire, les sorties ne sont pas toujours synonymes de massacre inutile. Les lointains héritiers de Critognatos l’ont d’ailleurs prouvé 2000 ans plus tard à Bir Hakeim en Libye en n‘hésitant pas à tenter le tout pour face aux champs de mines qui se retournaient maintenant contre eux.
Dans la nuit du 10 au 11 juin 1942, après 16 jours d’assauts meurtriers menés par un ennemi 10 fois plus nombreux, par petits groupes, motorisés ou non, ils se rueront au travers des champs de mines qu’ils n’avaient pas eu le temps de neutraliser.
Or cette furia francese se révélera payante, car, si de nombreux véhicules sautent effectivement, le 3e bataillon étranger et le bataillon du Pacifique réussiront néanmoins à sortir après avoir neutralisé une à une les trois lignes de défense des forces de l’Axe.
Le fait est que vers 8 h du matin, la majeure partie des hommes de la brigade FFL aura réussi à rejoindre la zone de recueil fixée par les Britanniques, en véhicule ou à pied, et que les patrouilles britanniques recueilleront d’ailleurs encore de nombreux isolés ou égarés au cours de la journée. Les forces de Rommel quant à elles ne trouveront finalement à Bir Hakeim ce jour-là que des cadavres et quelques blessés n’ayant pas réussi à fuir.
2) Le fait est que l’armée de secours est arrivée (250 000 hommes, y compris des Héduens), mais qu’elle est repartie sans avoir vraiment combattu. César qui après Gergovie avait commencé à évacuer le pays vu l’ampleur du soulèvement général contre sa politique a dû en être encore plus étonné que nous. Et pourtant après l’assemblée générale de Bibracte en -52 seuls les Rèmes les Lingons et les Trévires n’avaient pas basculé dans le camp antiromain, Les Rèmes (de Reims) et les Lingons parce qu’ils avaient fait le choix de Rome et les Trévires parce qu’ils étaient déjà fort occupés à résister à la pression des peuples germaniques.
3) « De toute façon, dès l’origine la notion d’ethos n’a pas une valeur univoque. Le terme « ethos » en grec a un sens peu spécifié et se prête à de multiples interprétations : en rhétorique, en morale, en politique, en musique… Ceux qui sont familiers de ces textes ne peuvent ignorer la multitude de débats que suscite depuis plus de deux millénaires l’interprétation du moindre passage des grands philosophes grecs » (Dominique Maingueneau)
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LE PREMIER DES MÉDIAS : LA RUMEUR.
Le poison de la culture contemporaine c’est l’information-spectacle. Il est donc nécessaire à cet effet de briser le cloisonnement des domaines de compétence, solliciter en même temps l’économiste et le poète, le sociologue et l’artiste ; chacun enrichit la compréhension des autres et ferme la porte à cette nouvelle trahison des clercs
À cet égard les lipdubs de certains partis politiques français sont exemplaires : le degré zéro de la politique. Et même en dessous. Quelle honte que de rabaisser le combat des idées à ce niveau qui est le degré zéro de la politique.
Là on a vraiment touché le fond et même pire encore de la politique spectacle si justement dénoncée par Guy Debord et les situationnistes en leur temps. La meilleure des solutions c’est quand même d’avoir un bon roi ou un bon monarque.
Les systèmes démocratiques ne peuvent mettre au pouvoir, par définition, que des hommes ou des femmes capables… de gagner des voix.
Autrement dit des menteurs ou des marchands d’illusion, sans grandeur et sans hauteur, ni profondeur, de vue. Et on a bien de la chance si ne sont pas en plus des individus ayant une très haute idée de la valeur de leurs pourtant bien maigres compétences.
Pour lutter contre une telle dérive PARADOXALEMENT rien ne vaut le fait de bien distinguer entre journalisme d’information et journalisme d’opinion (ayant pour but non d’informer, mais de former ou conformer, formater dirait-on aujourd’hui).
Et le fait de cultiver la plus grande des libertés d’expression, car la censure, même animée par les meilleures intentions du monde, est toujours politiquement contre-productive.
Aux États-Unis par exemple, la liberté d’expression est protégée à un degré inconnu dans tout autre pays du monde. Dans les années 1960, la Cour suprême y a même placé la barre très haut en matière de respect de la liberté de parole, conformément à un principe fondamental établi dès le XVIIIe siècle par les valeurs des Lumières. La position de la Cour fut que la parole était libre, avec pour seule limite la participation à un acte criminel. Si, par exemple, quand je rentre dans un magasin pour le dévaliser, un de mes complices tient une arme et que je lui dis : « Tire ! », ce propos n’est pas protégé par la Constitution. Pour le reste, il doit y avoir une raison particulièrement grave pour que la liberté d’expression soit mise en cause. La Cour suprême a même réaffirmé ce principe en faveur de membres du Ku Klux Klan.
« Le véritable démocrate après tout est celui qui admet qu’un adversaire peut avoir raison, qui le laisse donc s’exprimer et qui accepte de réfléchir à ses arguments » (Albert Camus, extrait de « Démocratie et Modestie », in Combat, février 1947).
« Il s’agit de ne jamais laisser la critique rejoindre l’insulte, il s’agit d’admettre que notre contradicteur puisse avoir raison et qu’en tout cas sa raison, même mauvaise, puisse être désintéressée. Il s’agit enfin de refaire notre mentalité politique » (Albert Camus, extraits d’une allocution prononcée le 15 mars 1945 lors d’une réunion organisée par l’Amitié française).
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Dans la série « méfiez-vous » de la rhétorique :
ÉPISTÉMOLOGIE CRITIQUE…OU GÉNÉRALE… OU DRYADIQUE.
(Dryade voulant dire « très savant ».)
« Toe lethaig foen friss ocus fris adaind indlis ». L’anachronisme est l’erreur par excellence à éviter. Or c’est en général ce qui caractérise toutes les œuvres de fiction, ou pas (documentaires), parlant de certaines époques et de certains régimes politiques.
L’historien ou l’auteur de non-fiction doit expliquer les faits du passé, sans juger les actes des personnages du passé. Le faire (juger les actes du passé à l’aune de nos connaissances actuelles) est le meilleur moyen de les rendre incompréhensibles. Et de nous empêcher de voir venir les catastrophes similaires, mais pas exactement identiques (les nouveaux totalitarismes).
Au sens strict du terme il ne pourra jamais y avoir d’histoire objective (paradoxe de l’observateur) et il y a toujours eu des idéologies dominantes, y compris a fortiori dans les sociétés se croyant affranchies de ces prismes déformants ; Noam Chomsky a d’ailleurs établi que dans les sociétés occidentales l’idéologie dominante n'est jamais énoncée comme telle, mais sous-entendue, par exemple dans le monde de la publicité, ce qui est plus efficace que la propagande (dans les pays où il y a une propagande officielle les simples citoyens acquièrent très vite le réflexe de se méfier systématiquement de ces vérités révélées ou implicites et cherchent d’autres sources d’information : à l’époque par exemple les samizdats).
Chomsky et Herman ont démontré dans leur livre La fabrication du consentement (1988), comment (dans le contexte américain, il est vrai), les principaux médias participaient à l’établissement d’une idéologie dominante. Leur conclusion est en effet que les médias tendent à maintenir le débat public et la présentation des enjeux dans un cadre idéologique donné, fondé sur des présupposés et intérêts jamais questionnés, ni remis en cause, afin de garantir aux classes dominantes l'assentiment ou du moins l'adhésion des gouvernés. Ce qu'ils ont appelé, en reprenant une formule forgée en 1922 par Walter Lippmann, la « fabrication du consentement » (« manufacturing consent »).
Leur étude a par exemple établi que le traitement médiatique des pays ennemis des États-Unis est systématiquement différent de celui réservé aux pays alliés, défavorable dans le premier cas et favorable dans le second.
Le modèle proposé par Chomsky et Herman est néanmoins fort critiquable même si pour Jeffery Klaehn, qui a dirigé en 2005 un livre consacré à ce « modèle de propagande », celui-ci est aujourd'hui encore plus pertinent qu'il ne l'était à l'époque vu la « mondialisation de l'économie et du pouvoir et l'influence croissante des grandes multinationales » face à l'impuissance croissante d'une majorité de la population mondiale.
Les études de Noam Chomsky étant fort controversées pour illustrer notre propos (les dangers de la rhétorique) nous nous étendrons donc sur des faits spatialement et temporellement moins sensibles, car beaucoup plus lointains : la guerre de Cent Ans (PUISQUE C’EST LE MÊME PRINCIPE : l’histoire est toujours vue à travers le prisme déformant de l’idéologie dominante).
Le cas le plus caricatural est le film consacré à Jeanne d’Arc par Bruno Dumont et sorti en France en.2019. Tant qu’à faire il vaut encore mieux regarder le Jeanne D’Arc du Danois Carl Theodor Dreyer sorti en 1928.
Prenons par conséquent un autre exemple QUI DEVRAIT ETRE A PRIORI moins scabreux, mais portant sur la même période : la bataille d’Azincourt en 1415.
Patatras ! C’est encore pire ! Henry V y est présenté comme un monarque chrétien modèle, idéal, parfait, voire un héros. On croirait être entré dans un autre monde ! Il y a peut-être eu un basculement spatio-temporel après 1415. Mais passé inaperçu.
« L’Henry V de Shakespeare a longtemps été l'une des adaptations les plus ambiguës de l'histoire du personnage historique le plus célèbre en Angleterre : le roi Henry V. Cette adaptation soulève la question des raisons pour lesquelles Shakespeare présente Henry V d'une manière qui non seulement diffère de manière significative des autres récits de la vie d'Henri V, mais aussi est totalement ambiguë quant à la question de savoir si cette présentation du personnage d'Henri V est de nature optimiste ou pessimiste ». Kate Morton. Université de San Diego. Manipulation Manipulée. Les origines et implications politiques du Henry V de Shakespeare.
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L’idéologie dominante depuis Shakespeare veut que la bataille d’Azincourt ait eu lieu entre deux camps ennemis aux effectifs sans aucune mesure (une énorme disproportion en faveur des Français). Shakespeare lui-même eut recours à cette image d’Épinal (dans son Henry V, il y voit une allégorie de l’unité nationale britannique) et même encore aujourd’hui dans une série télévisée consacrée aux Tudors ( à Henry VIII) un tel poncif fait des ravages.
Or la réalité fut sensiblement différente.
Au niveau des effectifs engagés tout d’abord.
Allant d’un rapport de 1 contre 2 à 1 contre 12, soit environ 72 000 hommes d'armes français.
Or s’il y eut bien disproportion en faveur du camp français, elle ne fut pas du tout de cet ordre de grandeur.
Le nombre le plus raisonnable est celui d'Anne Curry (Une nouvelle Histoire) : 13 500 Français. Le royaume de France ne pouvait mobiliser davantage, d'autant plus qu'une partie de l'ost royale était à Rouen chargée de la protection du roi et du dauphin Louis de Guyenne
Même aberration au niveau des pertes.
Du côté anglais des chiffres ultra fantaisistes ont été avancés (trente morts pour Shakespeare), tous minimisant une plus triste réalité, sans doute environ un millier de morts (à la bataille de Patay Jeanne d’Arc elle ne perdit qu’une centaine d’hommes : un des vrais mystères entourant sa vie est d’ailleurs que les Français n’ont jamais célébré cette victoire pourtant ô combien décisive.)
Du côté français nos sources parleront de 10000 morts alors qu’il y en eut plutôt 6000.
Il faut d’ailleurs préciser que si le bilan fut aussi lourd côté français, c'est en raison des nombreuses exécutions sommaires de prisonniers, ordonnées par le roi d'Angleterre, qui indignèrent l’Europe tout entière. Dans son adaptation cinématographique de 1944, Laurence Olivier a d’ailleurs préféré ignorer ce massacre. 1)
Déroulement de la bataille.
Il y a lieu de préciser que disposition, de fait sur le terrain, des différents corps d’armée, à l’aube du 25 octobre 1415, ne fut pas du tout conforme à ce que voulait son généralissime Jean II le Meingre dit Boucicaut (son plan de bataille initial a été retrouvé au début des années 1980 dans les archives de la British Library par Anne Curry).
Et la chevalerie française ne s’est pas livrée à une charge frontale massive pour une raison simple : elle ne pouvait pas se déployer (vu la configuration du terrain : un véritable goulot d’étranglement).
Par contre certains grands seigneurs ont combattu en première ligne à pied. Charles d'Albret et Charles d'Orléans.2)
Les autres facteurs ayant joué sont bien connus.
Il avait plu et le sol était boueux.
Les Anglais occupaient les hauteurs.
Etc.
CONCLUSION.
Pour un épistémologiste dryadique une idée n’est considérée comme vraie que si elle est appuyée sur des faits des sources primaires CONFORMES A UN MINIMUM DE LOGIQUE. Un peu comme dans une enquête de police en quelque sorte, ou une enquête du commissaire Lapensée, de Pierre Magnan (humour !)
Le plus illustre représentant de cette épistémologie générale, ou druidique, ou critique… a été en Irlande et en Angleterre Jean Toland et en France les encyclopédistes de Diderot.
Être libre c’est toujours être affranchi de quelques choses. Les principales en sont le poids de la tradition et la violence des passions.
Personne n'est complètement libéré de l'une ou l'autre, mais plus on s’en éloigne plus on mérite d'être qualifié d’épistémologiste critique. Ou dryadique. Ou général (en chef, humour !)
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Aux États unis Robert G. Ingersoll a été un des phares de cet état d’esprit révolutionnaire, mais d’après Bertrand Russel on n’est pas obligé d’aller aussi loin pour mériter cette appellation.
(voir le premier paragraphe de son essai intitulé La valeur de la libre pensée, comment devenir un chercheur de vérité et briser les chaînes de l'esclavage mental).
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Notons que Bertrand Russel a eu des formules plus discutables en matière de politique.
« Ce qui me préoccupe, c'est la doctrine du parti communiste moderne et du gouvernement russe auquel il doit allégeance. Selon cette doctrine, la vie du monde suit un plan appelé matérialisme dialectique, découvert pour la première fois par Karl Marx, incarné dans la pratique d'un grand État par Lénine, et maintenant exposé de jour en jour par une Église dont Staline est le pape. [...] La libre discussion doit être empêchée 3) partout où c’est possible [...] Si cette doctrine et cette organisation prévalent, le libre examen deviendra aussi impossible qu'il l'était au Moyen Âge, et le monde retombera dans la bigoterie et l'obscurantisme » (Bertrand Russell, Comment devenir un chercheur de vérité et briser les chaînes de l'esclavage mental ?)
C’est aller un peu vite en besogne de la part de Bertrand Russel et oublier les centaines de milliers d’années du paisible COMMUNISME PRIMITIF ! Dont le dernier des vestiges se trouvait chez les Vaccéens de Diodore de Sicile : « Livre V, chapitre XXXIV. Des tribus avoisinant les Celtibères la plus avancée de toutes est celle des Vaccéens, comme on les appelle ; car ce peuple chaque année répartit la terre cultivée entre ses membres, et après avoir fait de ses fruits la propriété de tous en les mettant ainsi en commun, ils en distribuent ensuite à chacun la part qui lui revient ».
MORALE À TIRER DE CES HISTOIRES.
Il est vrai que Shakespeare n’a jamais prétendu être historien, MAIS LES ŒUVRES DE FICTION SE COULANT CONSCIEMMENT DANS UN CADRE HISTORIQUE SE DOIVENT D’ÊTRE CONFORMES A L’HISTOIRE POUR CE QUI EST DES PERSONNAGES ET ÉVÉNEMENTS PRINCIPAUX. CAR DANS LE CAS CONTRAIRE ON N’EST PLUS DANS LE DOMAINE DE LA FICTION HISTORIQUE, MAIS DANS L’UCHRONIE. Que serait le monde aujourd’hui si Hitler avait gagné la guerre ? 4)
En ce qui concerne la morale de cette histoire, je ne peux donc que renvoyer mes lecteurs au site internet HISTOIRE ET FICTION. VOYAGER DANS LE TEMPS GRÂCE À LA FICTION SOUS TOUTES SES FORMES dont j’extrais la substantifique moelle suivante.
Fiction historique est un terme utilisé pour désigner toutes les œuvres ayant recours à l’imagination, mais inspirées de faits historiques réels. Il peut s’agir d’un roman historique, d’un film historique ou une série télévisée à thème historique, mais aussi d’une bande dessinée, d’une nouvelle, d’une pièce de théâtre ou d’un récit oral (par exemple diffusé sous forme de podcast), voire d’une œuvre hybride qui combine plusieurs de ces genres.
La fiction historique permet généralement de raconter un récit avec des personnages auxquels il est possible de s’identifier. Elle place ainsi le destin d’un ou plusieurs individus dans son contexte historique et rend les grands évènements de l’histoire (révolutions, progrès techniques, transformations sociales et culturelles…) tangibles à travers l’expérience qu’en ont eue les contemporains.
La fiction historique ne vise pas forcément à atteindre la vérité ou l’objectivité par rapport aux faits réels. Par contre, une fiction historique réussie recherche la vraisemblance par rapport au contexte de l’époque, et notamment à ses contraintes. C’est le contrat implicite entre les lecteurs/spectateurs/auditeurs de la fiction historique et le concepteur de l’œuvre. Pour que la fiction historique fonctionne, il faut qu’elle « fasse vrai », c’est-à-dire qu’elle nous donne l’impression de voyager dans le temps pour mieux comprendre comment était la vie à l’époque. C’est pourquoi les bonnes fictions historiques évitent au maximum les anachronismes. Non seulement du point de vue
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des contraintes pratiques (pas d’électricité avant le XIXe siècle !), mais aussi en termes de psychologie et de mœurs (codification des relations hommes-femmes à travers l’histoire, importance de la religion au quotidien, etc.).
Quelle que soit la date de naissance de l’auteur-e, il faut reconnaître que c’est surtout la capacité à faire revivre une époque révolue en ayant recours à l’imagination qui fait d’une œuvre une fiction historique réussie !
A cet égard la pièce de Shakespeare et toute la filmographie qui s’en est ensuivie contiennent quand même des éléments ne correspondant pas aux critères ainsi définis.
La maladie mentale du roi de France (Charles VI) n’est jamais mentionnée et il est au contraire présenté comme un homme sain d'esprit qui accepte en toute conscience de signer le traité de Troyes juste après la bataille (acte V).
Or ce traité désastreux pour la France ne fut signé que 5 ans plus tard et il est douteux que le malheureux ait pu le négocier.
Quant au Dauphin, Louis de Guyenne, il n'était pas présent à Azincourt. Shakespeare lui donne pourtant un rôle central alors qu'il s'agissait d'un jeune homme de 18 ans, à la santé fragile et relativement effacé (il décédera deux mois après la débâcle d'Azincourt, en décembre 1415). L'épisode du tonneau rempli de balles de jeu de paume (l'ancêtre du tennis) qu'il adresse à Henry V pour lui signifier son mépris est une pure invention (si Shakespeare avait pratiqué l’épistémologie dryadique ou critique, il ne l’aurait pas reprise).
Plus près de nous il existe un autre cas d’école époustouflant, le Master and commander far side of the world de Peter Weir 2003.
Une très mauvaise adaptation de la chanson de marins parlant du combat de la Danae commandée par le neveu de Jean Bart (superbe interprétation de Meredith Hall bien que sa traduction soit est assez étrange : « Come, all you old men all, let this delight you; Come, all you young men all, let affright you; Nor let your courage fail when comes the trial. Nor do not be afraid at the first denial ».
À moins que ce ne soit une nouvelle version de la chanson de marins du XIXe siècle « au 31 du mois d’août « (en réalité Surcouf attaqua le Kent le 7 octobre).
Voire du corsaire appelé le grand coureur de la Wellington Sea Shanty Society.
COURRIER DES LECTEURS.
On me signale de toute part que dans le roman ayant vraiment inspiré le Master and Commander de Peter Weir en 2003, le navire représentant les « méchants » était en réalité un navire américain, le Norfolk. Aie ! Comme quoi il faudra se décider un jour à tordre définitivement le cou à tous ces stéréotypes.
QUI EN POLITIQUE VOIRE EN MATIÈRE DE GUERRE CONTRIBUENT A INDUIRE EN ERREUR LES DÉCIDEURS ET A SUSCITER DE SANGLANTES CATASTROPHES.
Diabolisation sous-estimation dénigrement voire racisme et paranoïa ne donnent jamais de bons résultats (voir la guerre du Viet Nam).
Mais ne désespérons pas de la nature humaine. Le film de Steven Spielberg « le pont des espions » sorti en 2015 montre qu’on peut aussi faire du bon travail en ce domaine (à part les dernières minutes où l’on sent de nouveau les sirènes du conformisme).
Appareillage critique.
Notes.
1) La filmographie anglophone, sur ce point précis, la bataille d’Azincourt, idéalise clairement le roi Henry d’Angleterre. Dans la pièce, on le voit proche de ses hommes, se promenant incognito dans le camp, lors de la veillée d'armes, pour sonder leur moral. Dans la réalité des faits s’il avait imposé sous peine de mort un silence total à ses troupes pendant la nuit c’était afin de percevoir le moindre des mouvements adverses.
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2) Pour Shakespeare, la victoire d'Azincourt célèbre le triomphe d'une armée populaire, humble, mais soudée, sur une noblesse française bouffie d'orgueil et de suffisance. Quitte à prendre quelques libertés avec la véritable histoire. La procession d’Henry V à Calais y prend une dimension quasi biblique. « Que la peine de mort soit proclamée dans notre armée contre quiconque se vantera de cette victoire et retirera à Dieu une gloire qui est à lui seul ».
Il y a lieu également de noter, comme souvent dans notre moderne filmographie d’ailleurs, que les Français sont dépeints dans cette bataille, ou ses préparatifs, de façon très négative (vantardise et langage ridicule) au besoin en inventant.
3) En ce qui nous concerne, nous ne sommes pas non plus pour l’interdiction la pénalisation ou la censure des idées erronées, MAIS POUR LE SOUTIEN moral et matériel des vérités (en adéquation avec le réel) qui leur sont directement opposées.
4) L’uchronie est une fiction qui repose sur le principe de la réécriture de l’Histoire à partir de la modification du passé. L’auteur d’une uchronie prend comme point de départ une situation historique existante et en modifie l’issue pour ensuite imaginer les différentes conséquences possibles. Cette volonté de changer le cours de l’histoire pour imaginer ce qu’elle aurait pu être rappelle la fameuse remarque de Blaise Pascal : « Le nez de Cléopâtre : s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé » (Pensées fragment 162).
Quelques exemples d’uchronie actuelle.
Le Maître du Haut Château, de Philip K. Dick (1962).
Swastika Night, de Katharine Burdekin (1937).
Fatherland, de Robert Harris (1992).
La question que tout journaliste intellectuel ou homme politique apprenti héros en herbe d’aujourd’hui doit se poser en toute humilité est : qu’aurai-je pensé dit et fait, moi, si j’avais vécu dans de telles sociétés ?
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PRINCIPES DÉONTOLOGIQUES ADOPTÉS PAR LA FÉDÉRATION PROFESSIONNELLE DES JOURNALISTES DU QUÉBEC.
Le rôle essentiel des journalistes est de rapporter fidèlement, d’analyser et de commenter le cas échéant les faits qui permettent à leurs concitoyens de mieux connaître et de mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent.
Une telle information complète, exacte et pluraliste est une des garanties les plus importantes de la liberté et de la démocratie.
Les informations d’intérêt public doivent circuler librement et en tout temps. Les faits et les idées doivent pouvoir être communiqués sans contrainte ni entrave. Les journalistes ont le devoir de défendre la liberté de presse et le droit du public à l’information, sachant qu’une presse libre joue le rôle indispensable de chien de garde à l’égard des pouvoirs et des institutions. Ils combattent les restrictions, les pressions ou les menaces qui visent à limiter le recueil et la diffusion des informations.
Les journalistes servent l’intérêt public et non des intérêts personnels ou particuliers. Ils ont le devoir de publier ce qui est d’intérêt public. Cette obligation prévaut sur le désir de servir des sources d’information ou de favoriser la situation financière et concurrentielle des entreprises de presse.
Les journalistes considèrent leur rôle avec rigueur. Les qualités déontologiques qu’ils exigent de ceux qui font l’actualité, ils les exigent d’eux-mêmes. Ils ne peuvent pas dénoncer les conflits d’intérêts chez les autres et les accepter dans leur propre cas.
Ce Guide formule les règles déontologiques qui doivent orienter le travail des journalistes. Elles fondent leur crédibilité, qui est leur atout le plus précieux.
Ce Guide n’est pas un code au sens strict, car il tient compte de la nature particulière du milieu journalistique.
[Clause désapprouvée par l’auteur de cette compilation. Au Québec, il n’existe pas de regroupement obligatoire des journalistes au sein d’un ordre professionnel.
Ni le titre de journaliste ni l’acte journalistique ne sont réservés à un groupe particulier de personnes. Le milieu journalistique est un milieu ouvert et les journalistes le veulent ainsi. Il n’existe pas non plus de tribunal disciplinaire disposant de l’autorité légale nécessaire pour sanctionner les écarts déontologiques].
Dans ce Guide le terme « journaliste » réfère à toute personne qui exerce une fonction de journaliste pour le compte d’une entreprise de presse. Exerce une fonction de journaliste la personne qui exécute, en vue de la diffusion d’informations ou d’opinions dans le public, une ou plusieurs des tâches suivantes : recherche de l’information, reportage, interview ; rédaction ou préparation de compte rendu, d’analyses, de commentaires ou de chroniques spécialisées ; traduction et adaptation de textes ; photographie de presse, reportage filmé ou électronique ; affectation, pupitre (titrage, mise en pages…), correction des textes ; dessin de caricatures sur l’actualité ; dessin et graphisme d’information ; animation, réalisation ou supervision d’émissions ou de films sur l’actualité ; direction des services d’information, d’affaires publiques ou de services assimilables.
1. Valeurs fondamentales du journalisme.
Les journalistes basent leur travail sur des valeurs fondamentales telles que l’esprit critique qui leur impose de douter méthodiquement de tout, l’impartialité qui leur fait rechercher et exposer les divers aspects d’une situation, l’équité qui les amène à considérer tous les citoyens comme égaux devant la presse comme ils le sont devant la loi, l’indépendance qui les maintient à distance des pouvoirs et des groupes de pression, le respect du public et la compassion qui leur font observer des normes de sobriété, l’honnêteté qui leur impose de respecter scrupuleusement les faits, et l’ouverture d’esprit qui suppose chez eux la capacité d’être réceptifs aux réalités qui leur sont étrangères et d’en rendre compte sans préjugés.
2. Vérité et rigueur.
2 a) Les journalistes ont l’obligation de s’assurer de la véracité des faits qu’ils rapportent au terme d’un rigoureux travail de collecte et de vérification des informations. Ils doivent corriger leurs erreurs avec diligence et de façon appropriée au tort causé.
2 b) Les journalistes doivent situer dans leur contexte les faits et opinions dont ils font état de manière à ce qu’ils soient compréhensibles, sans en exagérer ou en diminuer la portée.
2 c) Les titres et présentations des articles et reportages ne doivent pas exagérer ni induire en erreur.
2 d) Les journalistes doivent départager soigneusement ce qui relève de leur opinion, de l’analyse et de l’information factuelle afin de ne pas engendrer de confusion dans le public. Les journalistes s’en
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tiennent avant tout au compte rendu précis des faits. Dans les genres journalistiques comme les éditoriaux, les chroniques et les billets ou dans le journalisme engagé, où l’expression des opinions prend une large place, les journalistes doivent tout autant respecter les faits.
2 e) Une rumeur ne peut être publiée sauf si elle émane d’une source crédible, et si elle est significative et utile pour comprendre un événement. Elle doit toujours être identifiée comme une rumeur. Dans le domaine judiciaire, la publication de rumeurs est à proscrire.
2 f) Les journalistes doivent respecter fidèlement le sens des propos qu’ils rapportent. Les citations, les rapprochements, les ajouts sonores, etc. ou leur séquence ne doivent pas dénaturer le sens de ces propos.
2 g) Photos, graphiques, sons et images diffusés ou publiés doivent représenter le plus fidèlement possible la réalité. Les préoccupations artistiques ne doivent pas conduire à tromper le public. Les photomontages doivent être identifiés comme tels.
Extraits du cours du professeur Pierre Trudel de la faculté de Droit de Montréal.
A) La véracité des propos.
[Exigence variable : faits matériels] La véracité des propos diffusés constitue l’un des principes directeurs en matière journalistique. Toutefois, dans certains cas, la vérité peut être difficile à découvrir en raison de la complexité d’une situation. C’est ainsi qu’il convient en général de distinguer trois types d’informations diffusées : les faits, les propos prononcés par d’autres et les opinions ou commentaires.
La matérialité des premiers peut se prouver, les opinions ne se prêtent pas à une démonstration de leur exactitude.
En ce sens, si des faits publiés sont faux, il y a faute. Cependant, si la fausseté n’est que partielle, il faudra, pour conclure ou non à la faute, voir les précautions qu’a prises le journaliste. Rappelons cependant qu’en droit anglais, la fausseté des propos est un élément constitutif de la diffamation.
[Faits révélés par d’autres] Les faits révélés par d’autres (un informateur), souvent repris dans des textes journalistiques, peuvent entraîner la responsabilité du journaliste si les faits révélés se révèlent faux et que ce dernier n’a pas mis en œuvre les moyens suffisants pour s’assurer de leur véracité ou du moins, pour corroborer ces faits.
[Opinions et commentaires] Une opinion, comme elle ne peut se prêter à une démonstration de sa véracité, doit être soutenue de façon raisonnable, c’est-à-dire s’appuyer sur une base factuelle suffisante. Le commentaire loyal constitue d’ailleurs un moyen de défense souvent utilisé par les médias lorsque leur est reprochée une faute dans le traitement de l’information.
[Débat public] Si la vérité est l’une des exigences en matière journalistique, lorsqu’un simple citoyen s’exprime oralement dans le cadre d’un débat public, qu’il émet une opinion, la tolérance devrait être plus grande. La diffusion à plus large échelle de propos diffamatoires (une circulaire), accusant un élu de favoritisme, a cependant été sanctionnée.
[Débat public et critique des personnalités publiques] Dans l’affaire New York Times contre Sullivan, la Cour suprême américaine a établi la nécessité de placer le droit de critiquer, sous la protection du premier amendement, en exigeant qu’une personne exerçant une charge publique ait le fardeau de démontrer que l’auteur du texte incriminant avait la connaissance de la fausseté des allégations, ou à tout le moins, ne se souciait nullement de la véracité des propos. Par la suite, cette exigence a été étendue à toutes les personnes publiques dont les activités sont susceptibles d’intéresser le public. En ce qui concerne les personnes privées, il leur suffit de démontrer la simple négligence de l’auteur.
Dans Bombardier c. Bouchard, une journaliste avait traité un psychologue de pédophile à cause des déclarations publiques qu’il avait faites sur la question des relations sexuelles entre un adulte et un enfant, soutenant qu’elles n’étaient pas nécessairement nuisibles enfants. Cette affirmation controversée lui a valu une sanction de son ordre professionnel et il admit par la suite que cette conclusion n’était pas celle retenue par la majorité des recherches sur la question.
La journaliste fut pour sa part blâmée par le Conseil de presse du Québec, mais a par la suite réitéré ses propos dénonciateurs à l’encontre du psychologue.
La Cour d’appel du Québec a maintenu la responsabilité de la journaliste au motif qu’en traitant l’intimé de pédophile, elle savait qu’elle ne disait pas la vérité ou à tout le moins ne s’en souciait pas. Ce faisant, elle avait passé outre son devoir et devait assumer un niveau raisonnable de responsabilité pour avoir porté atteinte à l’honneur, à la dignité et à la réputation personnelle et professionnelle de l’intimé.
Ce dernier a été blessé dans ses sentiments intimes de dignité et de fierté. Plus de cinq ans s’étaient écoulés depuis la diffusion des déclarations vivement critiquées par l’appelante. Il avait droit à l’oubli et à la protection de sa réputation contre toute atteinte injustifiée.
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B) L’expression honnête de l’auteur.
La liberté d’exprimer une opinion sur une question d’intérêt public bénéficie d’une protection, mais celle-ci entre uniquement en jeu lorsque l’opinion diffamatoire constitue l’expression honnête du point de vue de la personne qui l’émet. Il appartient à l’auteur de la diffamation de convaincre le tribunal de l’authenticité de ses allégations.
[L’exception de bonne foi]. En droit québécois, la bonne foi de l’auteur ne constitue pas un facteur permettant d’échapper à sa responsabilité pour des propos diffamatoires. Cependant, si les faits révélés sont vrais et que la divulgation des informations poursuit un intérêt public, il sera justifié d’invoquer la bonne foi, pour les conclusions ou déductions qu’il a tirées de ces faits, même si celles-ci s’avéraient erronées.
En droit français par contre, la bonne foi du journaliste est un élément important dans l’évaluation de la diffamation, notamment en matière de journalisme d’enquête. Si les imputations diffamatoires sont réputées faites avec l’intention de nuire, elles peuvent être justifiées lorsque le journaliste établit sa bonne foi en prouvant qu’il a poursuivi un but légitime, étranger à toute animosité personnelle, et qu’il a écrit son article en se conformant à un certain nombre d’exigences, en particulier de sérieux et de prudence dans l’expression.
Principe général de l’article 1457 du Code civil du Québec. Bien que la responsabilité découlant d’un acte diffamatoire n’exige pas une intention de nuire de la part de son auteur, il y aura cependant faute si les informations diffusées sont fausses ou qu’elles sont présentées de manière à semer le doute quant à l’honneur ou la réputation d’une personne.
Par ailleurs, si les informations sont vraies, on pourra également conclure à l’atteinte au droit à la réputation si une intention de nuire ou d’injurier est constatée. En outre, pour qu’il y ait diffamation à l’égard d’une personne, il faut que la victime soit identifiable, que le message soit rendu public (au moins un tiers doit en avoir pris connaissance) et qu’il emporte une perception négative de la victime vis-à-vis des tiers, c’est-à-dire qu’elle l’expose à la haine ou au mépris et lui fait perdre l’estime ou la confiance du public. Ce dernier critère s’évalue généralement en fonction de la perception d’une personne ordinaire. En termes simples, les délits de diffamation sont distingués selon que les propos portant atteinte à la réputation sont véhiculés sous forme écrite ou verbale.
La diffamation verbale est généralement considérée comme moins grave.
Il est à noter que la diffamation peut faire l’objet d’une action en référé : en vertu de l’article 762b) du Code de procédure civile. Voir aussi Boily c. Burniaux [1997] R.J.Q. 2191 (C.S.) où la Cour reconnaît que cette procédure permet, outre d’obtenir la cessation, de réclamer des dommages-intérêts pour diffamation. Voir aussi Peltier c. Southam, J.E. 96-929 (C.S.).
C) Le désir de vengeance et l’intention de nuire
[Intention de l’auteur]. L’intention de l’auteur d’un texte diffamatoire n’est pas déterminante pour conclure à sa responsabilité. La mauvaise foi est toutefois un facteur pris en compte pour décider s’il y a lieu d’accorder à la victime des dommages et intérêts ou de faire un exemple.
D) La victime de la diffamation.
La diffamation peut viser toute personne, mais des distinctions ont été développées par la jurisprudence afin de tenir compte de la nécessité d’assurer la conciliation du droit à la réputation avec les impératifs inhérents aux débats publics.
1. Les personnalités politiques
À plusieurs occasions, les tribunaux ont rappelé que les personnalités politiques sont sujettes, plus que toute autre, à être critiquées par les médias. Leurs décisions et leurs actions font l’objet d’une plus grande attention, et les critiques, commentaires et opinions qui en découleront s’apprécieront toujours en fonction de la qualité de la partie en cause, c’est-à-dire le fait qu’il s’agit d’une personnalité politique.
Par contre, la simple participation d’une personne à la vie publique ne donne pas le droit de l’abreuver d’injures, de l’atteindre dans sa vie privée, lorsque les faits n’ont aucune relation avec l’accomplissement des devoirs de la charge. L’engagement en politique ne confère pas un permis de chasse à l’honneur et à la réputation d’une personnalité publique.
Certes, là encore, une personnalité publique, et plus particulièrement une personnalité politique, doit se montrer plus tolérante.
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[Limites admissibles à la critique] La Cour européenne, dans l’affaire Oberschlick, rappelle que les personnalités politiques sont plus sujettes qu’un simple citoyen à faire l’objet de critique de la part des médias.
Quant aux limites à la critique admissible, elles sont plus larges en ce qui concerne un homme politique, agissant en sa qualité de personnage public, qu’en ce qui concerne un simple particulier. L’homme politique s’expose inévitablement et consciemment à un contrôle attentif de ses faits et gestes, tant par les journalistes que par la masse des citoyens, et doit montrer une plus grande tolérance, surtout lorsqu’il se livre lui-même à des déclarations publiques pouvant prêter à critique. Il a certes droit à voir protéger sa réputation, même en dehors du cadre de sa vie privée, mais les impératifs de cette protection doivent être mis en balance avec les intérêts de la libre discussion des questions politiques.
E) Le contexte de la diffusion.
1. L’assemblée publique.
[Les séances du conseil municipal] Les séances de conseils municipaux sont des lieux privilégiés de débats, d’échanges et d’opposition de points de vue. Généralement, des résolutions y sont discutées puis adoptées et, selon la matière à l’ordre du jour, les échanges peuvent se faire houleux et hostiles. La liberté d’expression dans ce contexte devrait être suffisamment large pour assurer à la décision un caractère solide et représentatif d’un appui populaire satisfaisant.
[Les paroles spontanées] Dans le cadre d’échanges verbaux entre différentes personnes, les paroles spontanées, qui portent atteinte à l’honneur ou la réputation d’une personne, ne devraient pas être sanctionnées, s’il est possible de démontrer qu’il y a eu provocation ou qu’il s’agit d’échanges simultanés.
2. Internet
[Principes applicables]. Les médias internet n’échappent pas au droit relatif à la diffamation. Les mêmes principes sont applicables. Cependant, étant donné le potentiel plus grand de diffusion, les dommages qui en découlent pourraient s’avérer plus lourds pour la victime. Dans certains pays, un droit de réponse est reconnu pour les personnes sur qui des contre-vérités ont été écrites.
2- Les limites au droit à la réputation
[Principes généraux]. L’atteinte à l’honneur et à la réputation sera sanctionnée en l’absence de justification de la part de l’auteur des propos en cause. Cette justification doit être fondée sur l’idée d’un exercice valable et adéquat de la liberté de presse et d’expression.
La Cour (européenne) rappelle que sous réserve du paragraphe 2 de l’article 10 de la Convention, la liberté d’expression vaut non seulement pour les propos accueillis avec faveur ou considérés comme inoffensifs ou indifférents, mais aussi pour ceux qui heurtent, choquent ou inquiètent.
Ces principes revêtent une importance particulière pour la presse. Si elle ne doit pas franchir les bornes fixées en vue, notamment, de protéger la réputation, il lui incombe néanmoins de communiquer des informations et des idées sur les questions politiques ainsi que les autres thèmes d’intérêt général.
N.B. Pour équilibrer les droits à la liberté d’expression et de la presse et le droit à la sauvegarde de sa réputation, droits qui s’affrontent, les tribunaux québécois ont notamment retenu les notions d’intérêt public et du droit du public à l’information.
A) L’intérêt public…
B) Le commentaire loyal. La défense fondée sur la notion de commentaire loyal, issue de la common law anglo-saxonne, est basée sur l’existence de trois conditions : 1 l’intérêt public ; 2 l’intention honnête ; 3 la conclusion sincère.
Le commentaire, la critique et les opinions
[Le commentaire]. Le commentaire est une des figures de style journalistiques les plus utilisées. Le commentaire s’appuie sur des faits d’actualité ou de recherches documentaires et, par une analyse et une organisation de ces faits, le journaliste tente de tirer des conclusions pour l’action ou la réflexion. Le commentaire se dégage de la portée strictement informative de la nouvelle pour présenter un point de vue personnel aux lecteurs et auditeurs. C’est donc un article d’opinion qui analyse ou interprète des faits principaux. Il est généralement signé.
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[La critique] La critique va au-delà du commentaire en ce sens qu’on y trouve un jugement, tiré d’une analyse des différents aspects de l’événement ou du sujet abordé. Ce genre journalistique est particulièrement prisé dans le domaine des arts et de la culture. Le journaliste, agissant en quelque sorte comme un expert, évalue la qualité ou l’intérêt d’un événement artistique ou culturel. Généralement, le critique a une connaissance approfondie du milieu dans lequel s’inscrivent ses articles. Il agit en quelque sorte comme un promoteur de ces événements, encourageant le public à y assister (ou les y en décourageant, dans certaines circonstances).
[Le pamphlet]. Il s’agit d’un écrit susceptible de susciter la polémique, sinon des réactions vives ou violentes de la part des personnes visées par celui-ci. C’est sans doute le genre littéraire le plus à même de constituer une diffamation, puisque l’un de ses buts est de porter atteinte à la crédibilité des sujets. Le journaliste qui recourt au genre pamphlétaire jouit-il d’une plus grande marge de liberté ? Un journaliste québécois a soutenu cette prétention, mais sans succès. Sur cette question, le juge a retenu ce qui suit.
« C’est le lot du polémiste et du pamphlétaire de chercher à capter l’attention de ses lecteurs en usant de locutions frappantes, percutantes et parfois même exagérées […]
Mais si un acte est diffamatoire, on ne peut pas l’excuser sous prétexte qu’on use du style polémiste ou qu’on est pamphlétaire…
Il est permis et sain dans une société démocratique qu’un journaliste puisse analyser, critiquer et commenter le travail policier et Delorme jouissait de la liberté de choisir le pamphlet comme style et moyen reconnu d’expression ; il avait toutefois le devoir de respecter les limites inhérentes à l’exercice de la liberté d’expression, dont le respect de la réputation des personnes ; s’il dépasse injustement ces limites, il commet une faute ».
Dans l’évaluation de la faute du journaliste, le juge écrit :
« Personne ne conteste le droit d’un journaliste de donner son opinion sur l’aspect des techniques d’opération des policiers et de les critiquer au besoin ; personne ne peut lui reprocher non plus de recourir au style provocant et virulent du pamphlétaire pour atteindre ses buts. Encore faut-il que son discours se tienne et que ses conclusions découlent des prémisses qu’il a posées ».
[Les écrits politiques ou partisans]. Les mouvements politiques ou idéologiques suscitent de la part des différents groupes des prises de position qui s’affrontent. Parfois, ces écrits présentent une réécriture de l’histoire, dictée par les objectifs politiques poursuivis.
Appartient-il aux tribunaux de trancher sur la véracité de ces prises de position ? Une telle véracité peut-elle être démontrée ? Ces divergences d’opinions se trouvent au cœur même de l’idée de débat politique. Dans un système démocratique, ce sont en principe les élections qui dégageront la voie de la position politique privilégiée. Les tribunaux ont un rôle limité sur ces questions, relevant notamment des limites du discours politique légitime, évalué dans son contexte particulier et face aux droits concurrents.
Dans Romanov c. Weymarn, le juge Tellier écrit à ce sujet :
« Les tribunaux n’ont pas pour mission de réécrire l’histoire ou commenter la valeur politique des déclarations ou prises de position émanant des groupes qui s’affrontent.
Le texte dont il s’agit contient des déclarations dont les exagérations sont évidentes, même pour un lecteur profane, et sont faites par un auteur qui ne cache pas ses opinions politiques. On pourrait même qualifier cette adresse de pamphlet, mais ceci ne le rend pas pour autant diffamatoire.
C’est au lecteur qu’il appartient de former son propre jugement. Quant aux personnes particulièrement visées, elles ont le droit indiscutable de soit s’abstenir et de laisser les lecteurs se faire une opinion, soit d’exercer leur droit de réponse pour user elles aussi, de leur liberté d’expression.
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LA LANGUE DE BOIS FRANÇAISE.
Le summum ou le comble de la manipulation rhétorique est évidemment la mise au point d’une nouvelle langue comme dans le cas de la novlangue inventée par Georges Orwell dans son célèbre roman 1984 (publié en 1949). La novlangue est utilisée dans la trame même du récit, mais il fait aussi l’objet d’un bref développement analytique à la fin du roman, dans une annexe fictive intitulée « Les principes de la novlangue ».
Langue officielle d’Oceania, la novlangue a été créée pour satisfaire les besoins idéologiques de l’Angsoc (soc = Socialisme) : il doit favoriser la parole officielle et empêcher l’expression de pensées hétérodoxes ou critiques.
L’idée fondamentale de la novlangue est de supprimer toutes les nuances d’une langue afin de ne conserver que des dichotomies qui renforcent l’influence de l’État, car le discours manichéen permet d’éliminer toute réflexion sur la complexité d’un problème : si tu n’es pas pour, tu es contre, il n’y a pas de milieu. Ce type de raisonnement binaire permet de favoriser les raisonnements fondés sur l’émotion, et ainsi d’éliminer tout débat, toute discussion, et donc toute potentielle critique de l’État.
Le principe est simple : plus on diminue le nombre de mots d’une langue et plus on fusionne les mots entre eux, plus on diminue le nombre de concepts avec lesquels les gens peuvent réfléchir en éliminant les finesses du langage, plus on rend les gens incapables de réfléchir, et plus ils raisonnent à l’émotion. La mauvaise maîtrise de la langue rend ainsi les gens stupides et manipulables par les instruments de propagande de masse.
C’est donc une simplification lexicale et syntaxique de la langue destinée à rendre impossible l’expression des idées potentiellement subversives et à éviter toute formulation de critique, l’objectif ultime étant d’aller jusqu’à empêcher l'« idée » même de cette critique. Ce concept illustre également un propos du logicien Bertrand Russel rappelant qu’aucun problème ne pourra jamais être résolu, voire perçu, si l’on prend soin d’éliminer au départ toute possibilité de le poser, ou de disqualifier à l’avance toute personne le posant, ajouterons-nous.
Je pense que notre civilisation est mûre pour l’esclavage et la ruine. Ce qui m’incite à le penser c’est la prodigieuse nullité de nos hommes politiques (il s’agirait d’enfants de moins de 7 ans on dirait d’eux que ce sont de gros bêtas) ; qui n’a d’égale que l’abyssale nullité de nos élites y compris journalistiques. De toute façon ce sont les mêmes. Comme rêve de grandeur, notre civilisation n’a plus à offrir que le mariage petit-bourgeois pour tous.
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PENSÉE UNIQUE * ET MENSONGE.
« 1984 », « LE MEILLEUR DES MONDES » : Lors de leur parution ces ouvrages de Georges Orwell et Aldous Huxley semblèrent de la science-fiction, mais aujourd’hui ils rejoignent la réalité. Avec la globalisation des économies, la massification des cultures et des sociétés apparaît aujourd’hui comme obligatoire. Ainsi naît la pensée unique. Imposée par les « bien-pensants », elle cherche à contourner les débats pour imposer un modèle unique à tous. Toute contestation devient suspecte, et tout débat est écarté. Ainsi nous voyons apparaître un modèle de société unique et dangereux pour les démocraties. C’est pourquoi lire Noam Chomsky demeure indispensable. Derrière l’apparente neutralité du système médiatique se cachent en effet des présupposés qui s’effondrent lorsqu’ils sont mis à nu………
On dit souvent que le quatrième pouvoir fait suite aux trois pouvoirs classiques (pouvoir législatif, pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire). Aux États-Unis, on parle de quatrième branche du gouvernement par analogie avec les branches exécutive, législative, et judiciaire du gouvernement fédéral américain.
L’historique des emplois de l’expression peut être retracé jusqu’à Alexis de Tocqueville, dans son ouvrage De la démocratie en Amérique (1833). Tocqueville y apporte une nouvelle classification des pouvoirs, qui seraient…
— Le pouvoir central (aux États-Unis, le pouvoir fédéral), dans lequel on retrouve la séparation des pouvoirs classique (pouvoir législatif, pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire).
— Le pouvoir local (pouvoirs fédérés).
— Le pouvoir associatif (lobbies).
— La presse [écrite d’abord, télévisée ensuite].
Au fil du temps, les médias ont pris une place de plus en plus importante dans la société. Ils ont permis aux informations de circuler de mieux en mieux. En effet, aujourd’hui, ce sont essentiellement à travers eux que nous voyons le monde. Ils ont ainsi acquis une forte influence sur la population, ne serait-ce que négativement ou par le choix des sujets.
« Il n’y a pas d’alternative »**.
L’autocensure. Ce type de censure est subtil : il permet d’éviter au pouvoir la forme contraignante d’une censure concrète, qui serait mal perçue par l’opinion.
Cela permet à la fois de s’affranchir des coûts de surveillance, mais aussi de la contre-publicité engendrée par la perception de la censure dans l’opinion publique.
Le développement de l’autocensure rend la presse sujette au politiquement correct, et donne l’impression que les journaux développent les mêmes sujets et les mêmes idées. Il y a alors une perte du pluralisme des médias, de leur crédibilité et de leur rôle.
L’opinion publique se divise alors entre les consommateurs d’information d’autant plus critiques, d’une part, et les victimes confiantes dans l’information qui leur est servie, d’autre part.
L’autocensure se pratique donc essentiellement dans le choix rédactionnel des sujets abordés, la manière de traiter un entretien ou de rendre compte d’un sujet traité sur le terrain.
L’auto censure enfin valide implicitement l’absence de censure apparente, et donc la crédibilité à accorder à des sujets qui ne circulent que sur Internet, étiquetés officiellement de « rumeurs » et de ce fait purement et simplement ignorés des masses médias.
Les médias fonctionnent comme des entreprises : ils doivent faire des bénéfices : les journalistes sont tiraillés entre la nécessité d’informer et celle de séduire. La communication est alors moins visible que dans la publicité, car elle apparaît au cœur des sujets traités par les journalistes. Par exemple, certains entretiens avec des acteurs politiques de premier plan ne comportent aucune question critique. La presse étrangère est souvent effarée par les pratiques françaises en ce domaine. En effet, celles-ci permettent au président de la République de choisir les journalistes qui devront lui poser des
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questions. Il est courant, en France, de soumettre à l’avance les questions à un politique et de lui faire relire ses réponses, ce qui ne se fait pas à l’étranger. Ainsi que l’a très bien dit le journaliste « européen » Jean Quatremer dans son livre intitulé « Sexe, mensonge et médias » paru à l’occasion de l’affaire Dominique Strauss-Kahn (président du FMI) « Le principal problème des médias [français en l’occurrence] est bien leur révérence à l’égard du pouvoir ».
Sans doute aussi parce que, comme l’a très bien dit le télégramme 07 Paris 306 a, de l’ambassade américaine à Paris (révélé par Wikileaks), les journalistes français se croient intelligents, très intelligents (ils se prennent pour des intellectuels) ce qu’ils ne sont pas en réalité bien sûr, et se préoccupent moins d’informer objectivement de façon factuelle que de former (en sélectionnant et manipulant l’information discrètement pour orienter les idées du public dans leur sens) assis bien au chaud dans les fauteuils de leurs bureaux.
Pourquoi 80 % des éditoriaux de la presse hebdomadaire ou quotidienne, écrite, ou à la radio et à la télévision, disent-ils tous exactement la même chose sur les grands sujets possibles : le mariage homosexuel, l’immigration, la nation……… ? Et pourquoi ce discours, dans un climat de conformisme absolu, recueille-t-il le parfait assentiment des élites, économiques, judiciaires, administratives et politiques dans leur grande majorité ? L’existence de partis extrémistes (prétendus « antisystème » ou « populistes ») puissants en Europe fait pleinement partie du décor : ils incarnent le repoussoir, le diable, le mal absolu. Ils sont une caution morale de la pensée unique. Celui qui ne pense pas comme tout le monde, c’est-à-dire comme les élites dirigeantes, est forcément assimilé à cette figure maudite. On n’a rien trouvé de mieux que ces partis repoussoirs pour éteindre la dissidence, faire taire les libres penseurs. Mais au fond, quel est le rapport entre les différents totems de la pensée unique ? Pourquoi vénérer du même élan le « mariage gay », l’accueil large et inconditionnel de l’immigration, la négation des différences entre les nations et les civilisations ?
Quel est le rapport entre ces différents sujets ? Tout se passe en réalité comme s’il fallait tendre vers la suppression des différences, l’émergence d’un nouvel homme, unique, interchangeable, transparent. La pensée unique tend par exemple à nier la distinction homme/femme (études du genre), parents/enfants, citoyen/étranger, maître/disciple, à aplanir le monde en abolissant les classes sociales les frontières et les pays.
« Cette passion uniformisatrice est d’essence totalitaire, une sorte de sous-produit a contrario des régimes totalitaires du siècle dernier. Elle tend à créer un être humain aseptisé, neutralisé, transparent, cloné, privé d’identité et de personnalité, et donc manipulable à l’infini. Voilà le but. Les systèmes totalitaires du siècle dernier ont succombé, mais leur fantôme continue à régner en maître sur les consciences. Mais nous autres très sachants de la druidiaction nous disons « vive le droit à la différence ! »
N’oublions pas comment s’impose toujours une idéologie. Pour dominer, la violence ne suffit pas, il faut une justification d’une autre nature. Ainsi, lorsqu’une personne exerce son pouvoir sur une autre – que ce soit un dictateur, un bureaucrate, ou un patron –, elle a besoin d’une idéologie justificatrice, toujours la même : cette domination est faite « pour le bien » du dominé. En d’autres termes, le pouvoir se présente toujours comme altruiste, désintéressé, généreux ».
Et n’oublions pas que les médias sont aujourd’hui un moyen essentiel pour chacun de se tenir informé de l’actualité, ils sont indispensables pour évoluer dans le monde d’aujourd’hui, et pour exercer nos devoirs de citoyens. Mais les médias ne sont pas neutres, et peuvent parfois nous dicter nos opinions. C’est pour cela que le pluralisme des médias et la manière d’utiliser les informations sont si importants : le citoyen doit rester vigilant, relativiser ce qu’il découvre, et comparer, croiser les informations, il doit développer son esprit critique pour ne pas être manipulé.
C’est d’ailleurs grâce à l’information qu’il peut exercer son sens critique : c’est un cercle vertueux. D’où l’importance de toujours dire et faire la vérité en ce qui concerne les grandes affaires du monde.
Dans les années 1930, les méthodes de la propagande nazie consistaient, par exemple, à choisir des mots simples, à les répéter sans relâche, et à les associer à des émotions, des sentiments, des craintes. Quand Hitler a envahi les Sudètes [en 1938], ce fut en invoquant les objectifs les plus nobles et charitables, la nécessité d’une « intervention humanitaire » pour empêcher le « nettoyage ethnique » subi par les germanophones, et pour permettre que chacun puisse vivre sous l’« aile protectrice » de l’Allemagne, avec le soutien de la puissance la plus en avance du monde dans le domaine des arts et de la culture.
Pauvre pays pauvre peuple où l’on ne peut plus dire la vérité. L’intellectuel français ou européen c’est celui qui se rend compte de quelque chose 40 ans après le début du phénomène et 30 ans après que les gens du peuple (marins pêcheurs employés de banque berger des montagnes, etc.) ont commencé à le ressentir.
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Cette spirale du silence vient du fait que les médias offrent la même information soigneusement formatée à un grand nombre de lecteurs spectateurs ou auditeurs, ainsi n’ont-ils accès qu’à une opinion, qu’ils croient être celle qui est partagée par le plus grand nombre
Or les individus redoutent l’isolement social. Aussi, pour l’éviter, expriment-ils les opinions qu’ils considèrent comme admises par la majorité. S’ils voient que les médias favorisent une opinion qui n’est pas la leur, ils n’oseront pas s’exprimer, croyant qu’ils sont seuls à penser cela (ce qui n’est pas forcément le cas).
Ce comportement va donc renforcer l’opinion de la majorité, et mener à la disparition de la minorité. Ainsi les autres opinions meurent, même si elles sont partagées par un nombre important de gens, laissant la place, en se taisant, à l’information médiatisée.
Nous vivons sous une dictature de pensée qui s’impose par le terrorisme intellectuel. Le citoyen n’a plus son mot à dire si ce n’est de suivre les consignes des élites qui ne proposent plus de réel débat politique. Le but de cette dictature tend à réduire chaque individu au rang de consommateur dans un monde ultralibéral dont les nouveaux détenteurs du pouvoir sont les élites bien pensantes au service des mégaentreprises le plus souvent antinationales.
* En ce qui nous concerne nous appelons pensée unique tout discours revenant plus ou moins à exprimer qu’il n’y a pas d’alternative **, qu’il n’y a pas d’autres choix possibles que celui que l’on prône.
Ce type de discours équivaut bien entendu à dissimuler ses choix personnels, à dissimuler les choix que l’on a personnellement faits en faveur de telle ou telle branche (de l’alternative), et par conséquent à s’exonérer en définitive de toute responsabilité personnelle dans ce qui peut en découler de négatif. NB. Psychologiquement parlant cela n’empêche guère de monde par contre, en général, de revendiquer les éventuels aspects positifs de ces choix, et de les attribuer alors à ses mérites personnels.
** Il n’y a pas d’alternative est un procédé rhétorique généralement attribué à Margaret Thatcher du temps où elle était Premier ministre du Royaume-Uni. Il signifiait dans sa bouche que capitalisme et globalisation étaient deux phénomènes bénéfiques et nécessaires et que toute société qui suivait une autre voie courait à l’échec.
Le sociologue suisse Jean Ziegler dans son livre intitulé « les nouveaux maîtres du monde » considère ce slogan comme étant celui après le bolchevisme et le nazisme, d’un troisième pouvoir totalitaire.
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LES SOPHISMES DE LA RHÉTORIQUE À LA MODE.
« Fírinne inár croidhedhaibh, 7 neart inár lámhaibh, 7 comall inár tengthaibh. » « La vérité dans nos cœurs, la force dans nos bras et l’art de bien parler ».
« En général, la Celtique cultive deux choses de la façon la plus assidue : l’art de la guerre et parler subtilement [en latin argute loqui] (Caton. Les Origines. Livre II).
Appartenant à la classe sacerdotale, le barde est un druide (de « dru-wid-es », qui signifie « très savant ») qui, dans la hiérarchie, vient en second rang derrière les « théologiens ». Ses fonctions étaient donc obligatoirement religieuses, mais pour des domaines qui de nos jours relèvent du monde profane. Dans le monde celte antique, ses spécialisations principales étaient : l’histoire et la généalogie (des souverains et des familles nobles), la poésie orale et chantée (mythologie ou épopées), la louange, la satire et le blâme (en ce qui concerne le gouvernement de la société). Son rôle était de faire la louange, ou la satire des grands. Louange satire ou blâme public servaient à les rappeler à l’ordre
Les bardes satiristes (cainte en gaélique) ont joué dans le monde celtique antique le même rôle que les prophètes dans le monde de l’Ancien Testament. Les sociétés celtes antiques pensaient même qu’une satire de barde pouvait avoir un effet physique ou matériel similaire à un sort (voir glam dicinn).
On a souvent été très sévère avec la fonction de satiriste des bardes celtes antiques, c’est-à-dire relativement à leur capacité non de composer des œuvres à la gloire de leurs protecteurs et mécènes, mais au contraire pour pointer ou souligner des défauts pouvant nuire à leur réputation voire leur honneur. Et il y a eu incontestablement des cas de satires abusives (sanctionnés par une sorte de justice immanente d’ailleurs, du moins dans nos légendes).
Mais il n’y a pas lieu non plus d’approuver béatement ou sans vergogne, de façon financièrement intéressée, tout ce que font les princes qui nous gouvernent.
La critique de la personnalité de tous ceux qui se présentent à nos suffrages est, aujourd’hui comme hier (n’oublions pas que les rois étaient élus par leurs pairs, à tout le moins par une partie de la population) une exigence démocratique !
Cette satire des hommes de pouvoir en tant qu’homme est une nécessité d’autant plus exigeante que le candidat n’a aucune idée de fond précise, se fait une gloire de n’avoir aucune idée sur les fondements structurels de notre société, se gausse ou dénigre systématiquement ceux qui en ont. Quand un pragmatique se présente pour solliciter notre confiance, nous n’avons alors que sa personnalité pour déterminer notre choix et rien d’autre.
Et bien sûr quand nous parlons d’idées sur le fond, nous voulons vraiment dire des idées touchant aux principes mêmes ou aux structures mêmes de nos sociétés, pas des mesurettes ou des détails. Ce genre de décisions ou de gestion du quotidien doit être laissé à ce que nos textes irlandais appellent généralement des intendants (des briugu, des rechtaire), des ministres auraient dit les rois.
La satire du milieu médiatique moderne a été écrite par le grand barde moderne qu’est l’écrivain italien Umberto Eco dans son roman intitulé « Numéro zéro ».
Le tableau peint dans son roman est assez apocalyptique. L’arrière-plan, c’est l’Italie des années 90, celle de Berlusconi, à la fois dirigeant politique et patron de médias. Les journalistes d’Umberto Eco ne fabriquent même pas un journal. Ils participent à des « numéros zéro », ces exemplaires à blanc, sortes de brouillons réalisés en condition réelle par une rédaction avant le vrai lancement commercial d’un nouveau journal.
Ci-dessous par conséquent ce que l’on dire à propos de ce que devrait être la déontologie de nos médias.
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DE LA RHÉTORIQUE DES JOURNALISTES.
La rhétorique était un art déjà très prisé de nos ancêtres. Il s’agissait…
Premièrement de bien parler la langue de ses ancêtres ou de son peuple.
La devise des Fénianes, que tous les guerriers juraient de respecter, s’énonçait en effet comme suit.
La Force dans nos mains.
La Vérité dans nos cœurs.
L’Accomplissement dans notre parole.
N.B. Certains traducteurs donnent, il est vrai une version légèrement différente : « Main qui ne tremble pas, ambassades, et argute loqui, ou art de bien parler » selon Caton.
Il s’agissait aussi, deuxièmement, de bien raisonner (conformément aux lois de la logique) éventuellement pour convaincre et démontrer, mais pas nécessairement.
Troisièmement de convaincre un auditoire, des pairs ou des hommes voire des femmes, socialement subordonnés, en suscitant chez eux un certain nombre d’émotions.
Disons-le tout net. Les deux premiers fondements que nous venons d’évoquer (celui de bien maîtriser sa langue, celle de ses ancêtres, celle de son peuple, voire de l’illustrer peut-être, et la science ou la méthode pour bien raisonner, pour raisonner logiquement) font toujours partie des valeurs que nous prônons.
Par contre sur le troisième objectif de la rhétorique, celui qui consiste à convaincre à tout prix, en suscitant telle ou telle émotion, nous émettons les plus vives réserves (sauf quand il s’agit de poésie ou d’œuvre art).
Ce troisième aspect de la rhétorique n’est acceptable que dans certains cas, par exemple celui d’un avocat contre la peine de mort par conviction personnelle et qui donc use de tous les procédés possibles et imaginables pour sauver la vie de son client, y compris le mensonge.
Mais en dehors de ces quelques très rares cas, le mensonge et la mauvaise foi sont également condamnables dans la bouche ou sous la plume d’un avocat.
Ce troisième aspect de l’art de la rhétorique s’appelle aujourd’hui « communication » ou art de faire prendre des vessies pour des lanternes.
La pédagogie pour adultes des conseillers politiques consiste en effet à utiliser tous les moyens possibles et imaginables pour insuffler au bon peuple (au corps électoral dans une démocratie) des sentiments qui sont contraires à leur intérêt bien compris ou des idées, des concepts, des notions, des impressions, qui ne correspondent nullement à des réalités objectives, qui en diffèrent sensiblement, voire qui leur tournent le dos. Par exemple que 2+2 = 5,5 ou 3,5 ou 4,5, mais surtout pas 4. Or convaincre un être humain normal même moyennement doué, que 2 +2 = 5 (ou 3,5 ou 4,5) n’est pas facile, différents moyens sont nécessaires pour cela, le premier d’entre ces moyens étant bien entendu la pure négativité : la critique y compris de mauvaise fois (fondée sur des approximations délibérées ou de purs mensonges) des positions des rivaux ou concurrents.
Le deuxième de ces moyens est l’utilisation d’euphémismes très poussés, voire le recours à un langage de type novlangue, mais pas forcément strictement identique à celui de Georges Orwell. Cette novlangue au lieu de se fonder sur une simplification manichéenne en quelque sorte, multiplie au contraire les euphémismes ou les synonymes qui n’en sont pas, ce qui a pour résultat inévitable et voulu justement, la perte de tout repère moral.
En France par exemple on a créé et développé la notion de terrorisme afin d’éviter de parler de petit djihadisme d’islamisme politique voir de nazislamisme comme le fit un jour un de ses Premiers ministres. Le résultat parfois surréaliste, mais c’était bien le but, est que les journalistes vont parfois parler pendant une heure d’une tuerie commise au cri Allahou Akhbar… sans que le mot islam-isme soit jamais prononcé. L’idéologie dominante étant en effet que le djihadisme n’a rien, mais alors absolument rien, à voir, avec une certaine conception de l’Islam puisque Mahomet a été un nouveau christ, un super christ même, mort cloué sur un véritable lit de douleur du fait des conséquences d’un empoisonnement manigancé par des juives ayant voulu se venger. Et alors que le christ lui-même n’est pas mort sur la croix comme chacun sait. Ou devrait le savoir.
La troisième caractéristique de la rhétorique à la mode aujourd’hui est celle que l’on peut qualifier de pensée unique. Or aucun problème ne peut être vraiment résolu en profondeur (pour longtemps) si
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personne n’en est conscient et si personne ne peut le poser. On retrouve là le rôle profondément néfaste des actuels gens de média et des journalistes, que nous avons déjà souligné par ailleurs.
La quatrième caractéristique de la rhétorique à la mode aujourd’hui est le manque de logique. Depuis les travaux de Jean Stuart Mill sur la logique (1843) on sait qu’elle repose bien souvent sur des paralogismes c’est-à-dire sur des associations d’idées reçues ou inconscientes, des présupposés ou des non-dits implicites relevant de la pensée dominante, et sur des glissements de sens : confusion entre races (ou communautés à fréquence génique caractéristique pour ce qui est du phénotype), nations, civilisations, cultures, religions, citoyenneté, etc. Voir par exemple la réception (la façon dont fut compris) au 19e siècle du livre d’Arthur de Gobineau sur l’inégalité des civilisations (ou celui de Samuel Huntington sur leur choc) et sa mentalité d’éleveurs de chevaux (a contrario du métissage comme unique moyen d’amélioration de l’espèce humaine).
On en arrive ainsi comme nous venons de le voir notamment dans le cas du racisme et de ses doubles (Taguieff), à des raisonnements qui ne sont que des tissus de paralogismes (voire des sophismes dans de nombreux cas) ou des caricatures de syllogismes.
Les prémisses du raisonnement prises isolément sont difficilement contestables ou semblent apparemment valides (bien que n’ayant rien à voir ensemble), mais aboutissent à une conclusion fausse ou pour le moins paradoxale au sens étymologique du terme, en tout cas qui n’est nullement amenée en toute logique par la juxtaposition des deux prémisses.
Cette incohérence ou ce manque de logique des raisonnements s’explique essentiellement par les approximations sur lesquelles ils sont fondés, sur les approximations ou la non-pertinence de leurs prémisses. Il s’agit de ce que l’on appelle des paralogismes.
Types de paralogismes.
Tous les hommes sont mortels.
Un chat est mortel.
Donc un chat est un homme.
La deuxième prémisse est vraie, mais on ne peut pas en tirer la conclusion en question.
Avec négation de l’antécédent.
Tous les hommes sont mortels.
Un chat n’est pas un homme.
Donc un chat est immortel.
Ici encore, la deuxième prémisse est vraie, mais on ne peut pas en tirer la conclusion en question. Seul le raisonnement « si A implique B, alors non-B implique non-A » est correct.
Tous les hommes sont mortels (A implique B).
Un caillou n’est pas mortel (C implique non B)
Donc un caillou n’est pas un homme (C implique non A)
Autre type de paralogisme : l’argumentation contient une contradiction. Cela signifie nécessairement qu’une erreur a été commise, reste à trouver laquelle… Par exemple…
En parlant d’un train.
Je ne suis pas dans le même wagon que Jean.
Jean n’est pas dans le même wagon que Pierre.
Donc je ne suis pas dans le même wagon que Pierre.
N.B. La distinction entre paralogisme et raisonnement logique est parfois difficile à faire dans certains cas, et il va de soi que le paralogisme n’est absolument pas contraire à la morale en matière de poésie ou dans une œuvre d’art. Le paralogisme est alors parfaitement légitime. En matière de poésie par exemple, où l’oxymore ne saurait en aucun cas être assimilé à la novlangue d’Orwell). Il ne faut pas confondre sophisme et oxymore. L’oxymore n’a pas pour but de tromper son interlocuteur. Ce n’est qu’une figure de style poétique.
Par contre il ressort indubitablement de la célèbre devise des Fénianes (la vérité dans le cœur) que les sophismes ou paralogismes volontaires et délibérés n’étaient pas admis.
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LES DIX COMMANDEMENTS DU CLERC DIGNE DE CE NOM.
On attribue souvent à Noam Chomsky (ce texte serait en fait de Sylvain Timsit.) une réflexion sur les 10 principales manipulations de masse. Le machiavélisme nécessaire à la mise en œuvre de ses stratégies est sans doute variable d’une clique politique à l’autre, sans distinction a priori d’appartenance à la gauche ou à la droite. L’ensemble de ces stratégies faisant partie du « système », peu importe qui est au pouvoir, chaque gouvernement ne modifiant quel le degré d’intensité de telle ou telle approche. Le contrôle d’une partie importante des médias est évidemment un prérequis pour que tout cela fonctionne, que ce soit par nomination directe des directeurs ou par copinage.
N.B. En creux par conséquent, et a contrario, ce que pourrait être une saine conception du rôle des intellectuels dans la société.
Élément primordial du contrôle social, la stratégie de la diversion consiste en effet à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politiques et économiques, grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles, dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Le sport a également une autre utilité, il cultive l’esprit de compétition au lieu de développer l’esprit de coopération collaboration complémentarité.
N.B. Saine pratique des intellectuels dignes de ce nom : commencer par le plus important, attirer l’attention sur le plus important.
On crée d’abord un problème, une « situation » prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple créer une crise économique ou financière pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des droits sociaux et le démantèlement des services publics.
N.B. Saine pratique des intellectuels dignes de ce nom : ne pas créer des problèmes, mais suggérer des solutions.
Autre saine pratique des intellectuels dignes de ce nom : traiter le maximum de problèmes liés d’un seul coup.
A contrario, chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement.
Autre saine pratique des intellectuels dignes de ce nom : ne pas remettre au lendemain ce qu’on peut faire immédiatement.
A contrario, une des façons de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse, mais nécessaire », et en obtenant l’accord des citoyens dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à faire tout de suite. Ensuite parce que les gens ont toujours tendance à espérer que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps aux gens pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu.
Autre saine pratique : s’adresser au public comme à des adultes.
La plupart des publicités destinées au grand public utilisent un discours, des arguments, des personnages, et un ton particulièrement infantilisants, comme si le spectateur était un enfant en bas âge ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on adoptera un ton infantilisant.
Autre saine pratique : faire appel à la réflexion plutôt qu’à l’émotion.
Faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle, et donc le sens critique des individus. De plus, l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements…
Autre bonne pratique : développer les connaissances l’instruction et l’esprit critique.
A contrario faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre, de telle sorte que le fossé qui sépare les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures.
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Autre bonne pratique : encourager les individus à se surpasser. Ne pas encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte…
Remplacer la culpabilité par la révolte.
Car si l’on fait croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur, à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts ; au lieu de se révolter contre le système économique, alors il se dévalue lui-même et culpabilise, ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution !…
Autre bon réflexe enfin : diffuser au maximum la liste des divers moyens de manipuler les esprits mis en évidence par les observations de Noam Chomsky sur les médias.
Au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont en effet creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée, le « système » est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain, à la fois physiquement et psychologiquement. Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.
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LA NOUVELLE TRAHISON DES CLERCS D’APRÈS NOAM CHOMSKY.
Ce qu’a écrit Gustave Le Bon dans sa psychologie des foules (en gros : dans une foule les plus intelligents, s’il y en a éventuellement, se comportent comme les moins intelligents, comme les plus primaires, les plus grossiers) ; s’applique très bien à la foule organisée qu’est le milieu médiaticopolitique.
Mais Noam Chomsky est lui aussi assez radical en ce qui concerne ce quatrième pouvoir constitué par les médias. Pour lui être un intellectuel n’a rien à voir avec le fait de penser, être un intellectuel et réfléchir sont deux choses différentes.
« Les gens que nous qualifions d’intellectuels ne sont pas différents des autres, sauf qu’ils bénéficient de privilèges particuliers. Ils sont pour la plupart aisés, ont reçu une formation, ont des ressources. Si quelqu’un travaille 50 heures par jour pour rapporter de quoi manger et n’a jamais fait d’études secondaires et ainsi de suite, ses chances à saisir seront évidemment moindres que celles des gens que nous qualifions d’intellectuels. Cela ne signifie pas qu’ils sont moins intellectuels. Certaines des têtes les mieux faites que j’ai jamais connues n’avaient jamais dépassé leur bac plus 4. Mais ils avaient eu moins d’occasions » (Noam Chomsky. Qui en gros reprend ici l’antique distinction entre tête bien faite et tête bien pleine, ou entre intelligence et instruction).
En résumé.
Il y a le travail intellectuel, que beaucoup de gens font ; et puis il y a ce qu’on appelle « les intellectuels », qui pratiquent un métier particulier, ne requérant pas spécialement de penser – en fait, il vaut peut-être mieux ne pas trop penser – et c’est cela qu’on appelle être un intellectuel aujourd’hui. Être un intellectuel n’a rien à voir avec le fait de travailler avec son cerveau, ce sont des choses différentes. Le commun des mortels a raison de mépriser ça, parce que ce n’est rien de bien spécial. C’est d’ailleurs un métier pas très intéressant, et d’habitude pas très bien fait.
Ces gens-là sont appelés « intellectuels », mais il s’agit en réalité plutôt d’une sorte de prêtrise séculière, dont la tâche est de soutenir les vérités doctrinales de la société.
Le boulot des intellectuels du courant dominant, c’est de servir en quelque sorte de « clergé laïque », de s’assurer du maintien de la foi doctrinale dans le domaine socio-économique. Si vous remontez à l’époque où l’Église dominait, c’est ce que faisait le clergé : c’étaient eux qui guettaient et traquaient l’hérésie. Et lorsque les sociétés sont devenues plus laïques […] les mêmes contrôles sont restés nécessaires : les institutions devaient continuer à se défendre, et si elles ne le pouvaient pas le faire en brûlant les gens sur le bûcher, il leur fallait trouver d’autres moyens. Petit à petit, cette responsabilité a été transférée vers la classe intellectuelle : être les gardiens de la vérité politique sacrée, des hommes de main en quelque sorte.
En France, si vous faites partie de l’élite intellectuelle et que vous toussez, on publie un article en première page du journal le Monde. C’est une des raisons pour lesquelles la culture intellectuelle française est devenue tellement burlesque : c’est comme à Hollywood.
Les intellectuels d’aujourd’hui sont donc des spécialistes de la diffamation, ce sont fondamentalement des « commissaires politiques », des directeurs idéologiques, et ce sont donc eux qui se sentent les plus menacés par la pensée libre.
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MESDAMES MESSIEURS LES JOURNALISTES.
« Les tribus-états considérées comme gérant le mieux la chose publique, ont des lois ordonnant que, si quelqu’un a entendu par la rumeur ou sur la foi de ses voisins, quelque chose concernant le bien public, il doit en faire part au magistrat, et à nulle autre personne, car il a été constaté maintes fois que des hommes inconsidérés ou inexpérimentés, sont souvent alarmés par de fausses informations, et conduits à réagir de façon impétueuse, ou prennent alors des décisions hâtives dans les affaires de la plus haute importance. Les magistrats gardent secret ce qu’ils pensent devoir cacher, en ne livrant à la masse que ce qu’ils croient utile de divulguer. On n’a le droit de parler des affaires publiques qu’en prenant la parole dans le conseil » (César. B.G. Livre VI, chapitre XX).
Idée dépassée vous exclamerez-vous ! Au début du XXe siècle, le journaliste Walter Lippman (23 09 1899 – 14 12 1974) a pourtant exprimé la même chose dans son livre traitant de l’opinion publique dans une démocratie, mais pour en faire quelque chose de très critiquable justement dénoncé par Noam Chomsky.
Le texte de César était pourtant clair, il s’agissait effectivement de la part de ces tribus-État celte d’assainir l’information avant qu’elle ne parvienne aux masses, et ce qui était d’abord visé c’était…
— Les fausses nouvelles.
— Les décisions prises sous le coup de l’émotion * et non après mûre réflexion.
Il importe donc aujourd’hui de réhabiliter ce très louable souci.
— D’éviter les fausses nouvelles NON CONTREBALANCÉES PAR UNE VÉRITABLE LIBERTÉ DE LA PRESSE NI PAR UN VÉRITABLE PLURALISME DES OPINIONS.
— D’éviter les décisions prises sous le coup de l’émotion * et non après mûre réflexion.
Mais il va de soi que les opinions exprimées dans le présent article ne coïncident pas nécessairement avec les vues ou les politiques du gouvernement, car, ainsi que l’a dit le chanteur (Guy Béart) en 1968
« Le poète a dit la vérité,
Il doit être exécuté
À Chicago un journaliste est mort dans la rue
Il fera silence
Sur tout ce qu’il pense
Pauvre président tous tes témoins ont disparu
En chœur ils se taisent
Le témoin a dit la vérité
Il doit être exécuté ».
Pauvre pays pauvre peuple que le pays où l’on ne peut plus dire la vérité. Et finalement c’est en général plutôt dans le courrier des lecteurs ou les réactions des lecteurs que gisent les pépites de vérité.
Les premiers pas présidentiels d’Obama s’inscrivirent dans la trace d’Abraham Lincoln, ceux de Sarkozy le menèrent au Fouquet’s, hôtel-restaurant de luxe parisien où l’attendaient entre autres ses amis de la Bourse. Les premiers jours de la présidence d’Obama furent marqués par le travail, ceux de Sarkozy par une villégiature de quelques jours à Malte, sur le yacht d’un de ses amis milliardaires. La première mesure emblématique du chef de la maison blanche fut la fermeture du centre de rétention de Guantanamo, celle de Sarkozy fut le bouclier fiscal qui allège l’impôt des plus riches.
Toutes les talonnettes du monde ne suffiront nullement à hisser le président Sarkozy à la cheville du président Obama ni à faire croire à une quelconque similitude, tant pour ce qui est de la grandeur physique que pour ce qui est de l’élévation éthique et morale.
Les mots manquent pour décrire la vulgarité, le ridicule, la démagogie… (liste qui ne peut être exhaustive) de ce parvenu censé gouverner… Mais je me pose une question : « Force-t-il tant que cela sa nature de vendeur de voitures d’occasion ? »
À président médiocre, langage médiocre.
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Pavi tente de relativiser la médiocrité du verbe présidentiel : « Il ne faut pas en rajouter sur sa médiocrité dans la maîtrise de notre langue, celle-ci est dérisoire en comparaison avec ses profondes lacunes en matière d’économie, de psychologie, d’humanisme… les Français ont élu un homme à leur image, sans doute… désespérant de nullité ».
Bloup préfère épingler l’auteur de l’article : « Vous seriez un bon journaliste, vous auriez fait ce que j’ai fait, vous seriez allé compulser les archives pour comparer le Sarkozy de 1985 au Sarkozy 2009. Et qu’auriez-vous constaté ? Qu’il était aussi vulgaire à trente ans qu’aujourd’hui ! Sauf qu’à l’époque, il avait l’excuse de l’âge, du parler « jeune », pour ne pas être capable de prononcer les négations. À cinquante-quatre ans, l’intellect fatigué, les cernes en bas des joues, il ne se donne plus la peine de feindre.
CONCLUSION.
Il va de soi que l’auteur de cet essai ne prétend pas y avoir fait preuve dans les quelques lignes qui précèdent d’un raisonnement mathématique totalement exempt à 100 % des travers qu’il y dénonce. TEL N’ÉTAIT PAS SON BUT. Son but était d’attirer l’attention de ses lecteurs sur les grosses ficelles de médias quand ils abordent certains sujets sensibles et pour cela lui aussi a eu recours à quelques procédés rhétoriques bien connus, notamment celui de la simplification.
L’École grecque des Éléates (Parménide Zénon) a bien montré avec ses fameux paradoxes que le langage humain était loin d’être mathématique, autrement dit qu’il était loin d’être parfait. Il peut en effet aboutir à des amphibologies.
Une des plus célèbres amphibologies est celle qui a coûté la vie au roi d’Angleterre Édouard II. Son geôlier reçut en effet un message en latin qui pouvait se comprendre de deux façons différentes, et que seule une virgule bien placée aurait pu éclaircir. Mais de virgule justement il n’y en avait pas !
Le texte en latin était le suivant.
Edwardum occidere nolite timere bonum est.
Si on place la virgule après nolite cela nous donne le sens suivant : ne tuez pas Édouard, il vaut mieux le craindre.
Si on place la virgule après timere cela nous donne le sens suivant : ne craignez pas de tuer Édouard, ce sera une bonne chose [de faite].
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* N.B. Cette courte réflexion sur les méfaits de la rhétorique en politique est essentiellement extraite du livre de Norman Baillargeon (Petit cours d’autodéfense intellectuelle, éd. Lux, Québec 2005). Faisons simplement remarquer à notre ami Norman à ce sujet que pour ce qui est du meilleur des gouvernements, le plus simple est encore le despotisme éclairé au sens originel du terme, c’est-à-dire le fait d’avoir un bon roi, mais qu’à défaut d’avoir un bon monarque il est plus facile de gouverner un peuple avec son assentiment, avec l’assentiment d’une partie significative du peuple, bien consciente des enjeux, et approuvant donc en toute connaissance de cause, après mûre réflexion (un débat ayant duré plusieurs mois voire quelques années par exemple) telle ou telle grande orientation (ce qui est rarement le cas aujourd’hui, car nous vivons plutôt dans une société du spectacle pas forcément au sens “Gars” Debord (1931-1994) du terme même s’il y a beaucoup de ça ; où la communication l’emporte sur la sincérité voire sur la vérité. Plus simple que le contraire : gouverner contre le peuple. C’était d’ailleurs sans doute ce que pensait le célèbre chef belge Ambiorix quand il mit en avant pour se défendre que dans son cas « le peuple avait autant de pouvoir sur lui que lui n’en avait sur le peuple ».
Répétons-le encore une fois : la meilleure des solutions c’est quand même d’avoir un bon roi.
Les systèmes démocratiques ne peuvent mettre au pouvoir, par définition, que des hommes ou des femmes capables… de gagner des voix.
Autrement dit des menteurs ou des marchands d’illusion, sans grandeur et sans hauteur, ni profondeur, de vue. Et on a bien de la chance si ce ne sont pas en plus des individus ayant une très haute idée de la valeur de leurs pourtant bien maigres compétences.
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GUERRES MAL RELATÉES = PAIX RATÉE = CATASTROPHE ASSURÉE.
« Mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde » (Albert Camus).
La grande leçon à tirer de toutes les légendes irlandaises comme celle de Mongan… C’EST QU’IL FAUT TOUJOURS FAIRE TRÈS ATTENTION À SES ACTES, ET QU’IL VAUT TOUJOURS MIEUX TOURNER SA LANGUE SEPT FOIS DANS SA BOUCHE AVANT DE PARLER. cf. l’éthique de responsabilité de Weber. Cela vaut dans tous les domaines y compris politiques. Était-il vraiment bien intelligent par exemple, de la part des démocraties libérales occidentales de soutenir DANS LES FAITS (articles ne reflétant toujours qu’un seul point de vue, celui des islamistes, livraison de matériel à leur camp, embargo sur l’autre camp, etc.) la montée de l’islamisme dans les pays arabes dans les années 2010 ?
Quand le sage montre la lune du doigt, l’intellectuel français regarde le doigt. C’est-à-dire s’en tient aux apparences comme un enfant de 87ans instrumentalisé à son insu et incapable d’une analyse objective en profondeur, non naïve non manichéenne mais tenant compte de tous les facteurs en jeu (peurs, majorités ou minorités silencieuses, considérations stratégiques, possibilité de mise en scène, etc.)
Le prix Clouseau ou comble du ridicule en la matière a été atteint par l’édition parisienne de Match qui, le jour même où l’armée syrienne commençait la reconquête d’Alep la seconde ville du pays après avoir repris sa capitale (samedi 28 juillet 2012) sortait un numéro titré « Bachar et Asma El-Assad. La Syrie leur échappe ! »
Quand par exemple le Premier ministre syrien sunnite vraisemblablement acheté par le Qatar, a fait défection, combien de journalistes ont-ils nuancé la chose en rappelant qu’un Premier ministre dans une dictature n’est toujours qu’un pantin ?
Même chose quelques semaines plus tard lorsque le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a spectaculairement annoncé la défection (qui n’a pas eu lieu, du moins dans l’immédiat) du vice-président syrien. Vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué semble être devenu apparemment une spécialité des médias. Mais cet emballement médiatique n’est nullement synonyme d’intelligence ni de réflexion ni même d’information. Dans mon dictionnaire en tout cas !
Le journalisme ça ne devrait pas être un comportement grégaire tout juste digne du suivisme sans cervelle ni sans intelligence aucune, et ne parlons même pas de l’honnêteté intellectuelle, des célèbres moutons de M. Panurge, ni le psittacisme voire une course au pathos et au spectaculaire, mais une réflexion, ou analyse, critique, afin que les citoyens que nous sommes puissent se faire leur propre jugement au lieu de n’avoir à disposition que celui personnel du journaliste de service. Presse et télévision décidément constituent toujours un irremplaçable instrument de propagande et de manipulation des esprits, d’endoctrinement, de lavage de cerveau, que ce soit dans une dictature pure et dure ou dans une dictature molle du genre de celle où les journalistes, au lieu de nous informer, nous dictent ce qu’il faut penser en hurlant avec les loups.
Les journalistes occidentaux se sont déshonorés depuis quelques années dans le traitement des longs conflits ayant déchiré notre planète, de la guerre en Irak avec ses armes de destruction massive à la guerre en Syrie en passant par la Libye. En Lybie et en Syrie notamment il y avait en quelque sorte deux guerres ; la vraie, la guerre civile avec son cortège d’horreurs des deux côtés, et la guerre vue par les journalistes : des femmes enceintes et des vieillards faisant refluer à coups de cannes ou de cailloux les chars des quelques dizaines de combattants mercenaires ukrainiens soutenant le dictateur en place.
La présence d’extra-terrestres intervenant dans les affaires humaines a bien été mise en évidence par les médias traitant ces dernières années des guerres civiles en Libye et en Syrie.
Qu’y a-t-on vu en effet en suivant attentivement la façon dont tous ces journalistes ont couvert les événements ?
Quelques dizaines de mercenaires tankistes ou pilotes au service du dictateur local (puisque tout le monde était contre lui).
Ne faisant que tirer sur des vieillards armés de cannes ou des enfants armés de pierres, voire des femmes enceintes.
Lâchement, car ces mercenaires fuyaient à la première alerte.
Bêtement, car ils ne ripostaient même pas en essayant de toucher leurs mystérieux agresseurs (qui ne pouvaient donc qu’être des extra-terrestres) puisqu’apparemment de-ci de-là au détour des articles on pouvait lire entre les lignes qu’eux aussi avaient eu de lourdes pertes.
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Et enfin des révolutionnaires jeunes beaux dynamiques démocrates laïcs et genre hippie. Je me souviendrai toujours de l’extraordinaire article d’un journaliste couvrant la guerre civile syrienne consacré à un jeune étudiant rebelle armé qui ne s’était encore jamais servi de sa kalachnikov et qui devait sans doute, d’où cet article, être très représentatif de ces rebelles.
À croire qu’il y avait deux guerres civiles, la vraie, avec son cortège d’horreurs et de villages ou de familles déchirés (je me souviendrai toujours de la façon très froide, quelle leçon d’objectivité, dont certains cas de tortures de « traîtres » ont été rapportés de façon professionnelle par des médias comme l’Orient-Le Jour, en français) et celle de nos journalistes, toute faite de femmes enceintes faisant reculer les chars à mains nues…
Mais ai-je bien compris ??? Car en fait bien que suivant très attentivement et tous les jours les articles de presse internet traitant du déroulement de ces guerres civiles, j’avoue que je n’ai rien compris à leur dénouement qui m’a beaucoup surpris voire qui m’a semblé incroyable.
Dans quelle mesure une telle non-information a-t-elle pu contribuer à ramener la paix ? On peut se le demander. Combien de morts en plus un tel soutien à des croisés ou « lunés » musulmans ? On peut se le demander.
Une propagande aussi manichéenne de la part des journalistes n’a guère aidé à comprendre la complexité du réel et celui qui a suivi assidûment de telles « informations » n’a littéralement pas compris comment ces guerres civiles ont pu finir ainsi : le rétablissement de la charia et/ou l’exode des chrétiens.
Alors j’ai bien envie de dire : « Mesdames et messieurs les journalistes, de grâce, gardez vos jugements de valeur personnels pour vous et ne me transmettez que des faits, rien que des faits, que je puisse à mon tour me faire ma propre opinion. Comme aurait pu le dire Vauvenargues, « l’enfer est toujours pavé de bonnes intentions ».
Sans aller jusque là, il serait peut-être bon d’imposer que les médias disent clairement s’ils font du journalisme d’information ou du journalisme d’opinion.
La claire distinction entre journalisme d’opinion et journalisme d’information est en effet absolument nécessaire.
Ou alors une sorte de permis d’écrire à points pour les journalistes. Un article odieusement partial au lieu d’un article objectif = un point de moins sur le permis d’écrire des articles.
Messieurs les journalistes, gardez vos jugements de valeur personnels pour vous, arrêtez de vouloir manipuler nos émotions, et ne faites que m’apporter les informations objectives pouvant m’aider à me faire ma propre opinion.
Le mensonge est la seconde nature des politiques qui n’ont aucune conviction personnelle à part être du côté du pouvoir.
Et s’il faut pour cela expliquer que le chef a raison quand il affirme que deux plus deux = cinq alors on explique gravement que 2 + 2 = 5 ! On s’étonne que vous ayez des doutes, on feint de voir Satan ou l’Hitléro trotskiste de service dans votre scepticisme, avant d’affirmer deux ou trois ans plus tard d’ailleurs qu’on a toujours dit ça (que 2+ 2 = 4). La période 2007-2012 en France a été remarquable pour ça.
En 2011 Les Anglais et les Français (99 % de leurs journalistes) ont quand même soutenu des mouvements islamistes proches d’Al-Qaida en Syrie (le front Al Nosra). Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius les a même qualifiés de « résistants », quelle honte !) ce qui n’a pas contribué à mettre fin à ’atroce guerre civile qui a ravagé ce pays.
Question maintenant !
Le gouvernement français et les journalistes ont-ils de par leur aveuglement obstiné une part de responsabilité dans toutes ces souffrances ?
Peut-on répondre « Non, ils ne sont en rien responsables, même indirectement ! Un journaliste ou un politique n’est jamais responsable de quoi que ce soit ! Le seul responsable c’est le Diable, ou Dieu qui a voulu punir ce pays ».
Question subsidiaire : quand pourra-t-on faire passer en jugement pour soutien plus ou moins direct à des mouvements de type Al-Qaida (par exemple le Front Al Nosra) le gouvernement français et les journalistes relayant ses positions ??
Qu’il y ait des victimes collatérales civiles dans une guerre n’est pas en soi étonnant, il n’existe pas en effet de guerre propre ; ce qui est choquant quand on est journaliste intellectuel ou politicien c’est de le nier, c’est de faire croire qu’il peut y avoir des guerres propres, que la guerre juste que l’on soutient
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ne fait pas de victimes collatérales, de nier l’existence de ces victimes, de s’en désintéresser complètement. Comment peut-on être inhumain à ce point ??? Il y aurait donc des victimes civiles dignes d’intérêt, d’autres non, des sous-merdes ??? La démocratie inhumaine et dénuée d’empathie, belle invention de nos intellectuels journalistes au pouvoir dans les médias. Ce qui est vraiment stupéfiant avec les journalistes d’aujourd’hui, c’est leur total manque du sens des responsabilités. Quand tout va bien, et dans l’euphorie de la victoire, c’est grâce à eux ; mais quand tout va moins bien, ce n’est jamais de leur faute, ils n’y sont pour rien, ils n’ont fait que rendre compte objectivement et impartialement des faits en laissant le public se faire sa propre idée.
« Vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur, vous avez choisi le déshonneur, mais vous aurez et le déshonneur et la guerre », avons-nous dit. Maintenant il est vrai que vous pourrez m’objecter que Churchill était un vieux con de fasciste et que ce n’est pas une référence en matière d’intelligence politique ou de lucidité politique. Si vous voulez. Mais petite question maintenant : et aujourd’hui combien de combats où l’on se trompe d’ennemis, combien de Munich quotidiens face aux vrais nouveaux fascismes ???? Comme le Nazislamisme !!
La leçon à tirer de tout ceci est simple : matériel et supériorité technologique ne servent à rien si on n’a pas les idées claires et notamment pour ce qui est des buts de la guerre. Quand on se veut une démocratie par exemple ce qui doit compter ce n’est pas d’occuper le plus de possibles territoires, mais de gagner les cœurs. L’Afghanistan cela fait longtemps que l’on aurait dû s’en retirer, au minimum depuis la mort de Ben Laden puisque nous n’avons pas l’intention d’imposer même à la longue les valeurs auxquelles nous croyons et que nous estimons être universelles (égalité en droit des hommes et des femmes, liberté religieuse, etc.).
J’avoue notamment ne pas très bien saisir ce nouveau concept d’attentat démocratique et laïc à la voiture piégée, le concept de tortures démocratiques et laïques, légitimes expressions d’un peuple en colère (que l’on ne doit pas combattre ni dénoncer, mais encenser ou relater de façon très objective et très neutre). C’est un peu comme le bon et le mauvais cholestérol peut-être ?
Mais revenons aux guerres relativement récentes très mal couvertes par les médias non pour des raisons matérielles, mais pour des raisons humaines et mentales (absence d’esprit critique, esprit partisan, paresse intellectuelle, etc.)
Ce qu’a écrit Gustave Le Bon dans sa psychologie des foules (en gros : dans une foule les plus intelligents, s’il y en a éventuellement, se comportent comme les moins intelligents, comme les plus primaires, les plus grossiers) ; s’applique très bien à la foule organisée qu’est le milieu médiatico-politique.
Leur tri entre bonnes victimes et mauvaises victimes (leur indifférence aux souffrances des non-combattants, voire des combattants, n’appartenant pas au camp des rebelles, leur silence à ce sujet ou leur si froide objectivité manquant de compassion à ce sujet) fait froid dans le dos, tant il est vrai que l’enfer a toujours été pavé de bonnes intentions.
Et pour cela ils ont recouru à tous les moyens possibles, demi-vérités, vérités à retardement, erreurs si grossières qu’elles ne peuvent être que des mensonges, partialité, immédiateté, exemples mal choisis, guère représentatifs, flou volontaire, refus d’appeler un chat un chat, enfantillage puéril, comparaison injustifiée, etc.
Bref ce que je mets en cause ici ce n’est même pas leur moralité (ils ont droit de militer en douce pour l’application de la charia), mais leur maturité intellectuelle, voire leur intelligence tout court.
Ce type de journalisme, au lieu d’expliquer le monde, l’a donc rendu en fait incompréhensible.
Ce que je ne comprendrai jamais, c’est cette fascination, pour l’islam, des gens qui se croient intelligents, comme si être musulman était une preuve d’intelligence. Or être musulman convaincu est tout sauf une preuve d’intelligence. C’est seulement la preuve d’une foi, et d’une foi non éclairée par la raison. L’islam sunnite (et non moutazilite) est une régression de l’esprit critique de l’Homme.
Notons enfin qu’il va de soi que par islam, nous entendons en l’occurrence et dans cette série de chapitres, non la tranquille spiritualité intérieure ou mysticisme des soufis, mais sur le plan pratique le takfirisme et sur le plan théorique les ensembles COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD. À bon entendeur, salut, revenons à l’encadrement nécessaire du 4e pouvoir dans notre pays.
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Une telle erreur de raisonnement (prendre une victoire sans lendemain, éphémère et très ponctuelle pour un tournant décisif bien révélateur d’une tendance lourde), commise après tant d’autres (la prétendue prise d’Alep par les rebelles par exemple) montre bien que les comptes-rendus journalistiques n’étaient nullement une description objective de la réalité même éclairée par une réflexion en en profondeur éventuellement ; mais une projection de leur attente désespérée (la victoire des fanatiques de l’islam contre l’État laïc).
Les dieux nous préservent d’être un jour gouvernés pas de tels imbéciles, car gouverner c’est prévoir, ce serait le désastre ou la catastrophe assurés.
J’avoue par exemple que j’ai du mal à comprendre pourquoi les intégristes islamistes armés devraient être combattus par la France au Mali en 2012, mais soutenus en Syrie la même année. J’avoue que la distinction entre bons terroristes que les grandes démocraties comme le Qatar les États-Unis l’Arabie saoudite la France la Bulgarie (euh là non, erreur, c’était pour la Libye) devraient soutenir… et les mauvais terroristes que ces mêmes grandes démocraties comme le Qatar la France la Bulgarie les États-Unis l’Arabie saoudite, etc. devraient combattre.
Oui, je n’hésite pas à le dire, dans son traitement ou sa couverture de la guerre en Syrie, la classe journalistique occidentale et notamment française, à la différence du très indépendant Robert Fisk, S’EST COUVERTE DE RIDICULE. Il faut bien reconnaître en effet que pour le simple citoyen qui ne s’est fié qu’aux médias en ce qui concerne la guerre ayant ravagé la Syrie à partir de 2012, son dénouement s’avère incompréhensible. Ce que nous voulons dire par là c’est que la classe journalistique a failli à son devoir d’informer. Pire même elle s’est déshonorée !
— Le printemps arabe a duré quinze jours. Il a été suivi par des révolutions classiques avec leur chaos, et aujourd’hui par un hiver glacial.
— Ce qui induit une question : fallait-il intervenir en Libye ?
— Quand on joue aux apprentis sorciers, on récolte ce que sèment les apprentis sorciers. Nous sommes intervenus pour sauver la population de Benghazi, c’est très bien. Mais en même temps nous avons laissé mourir Syrte : des milliers de morts ! On s’est allié à l’Arabie Saoudite et à des régimes arabes qui nourrissent l’islamisme intégriste. On a inventé un devoir d’ingérence qui met fin à la souveraineté des États et qui ne joue que dans le sens nord-sud. Accepterions-nous qu’un pays du Sud vienne chez nous « défendre » les Noirs ou les Indiens ? Non. C’est pour cela que je parle, en pesant mes mots, de néocolonialisme. La question léguée à la postérité sera donc la suivante : quelle est la part de morts de tortures et de destructions dans tout cela, dont sont responsables de tels journalistes, qui ont ainsi déshonoré la profession ? De combien de morts sont-ils responsables ? Aucun bien entendu ! Le journaliste qui livre pendant des mois et des mois à son public une mauvaise appréciation de la situation n’est jamais responsable de quoi que ce soit.
Oui décidément, de même qu’il y a un Ordre des médecins ou des architectes, chargé de discipliner et moraliser leurs professionnels, il devrait y avoir un conseil de l’Ordre des journalistes, avec un conseil de discipline aux pouvoirs étendus.
Le principal point faible des démocraties avons-nous dit c’est la qualité de ses gens de média (le quatrième pouvoir). La façon dont ces médias ont retranscrit le récit des guerres d’Irak Libye et Syrie ont bien montré que ce quatrième pouvoir devait être encadré, et notamment par une claire et nette distinction entre journalisme d’opinion et journalisme d’information.
Je reconnais aux journalistes le droit moral de militer par tous les moyens qui leur sont propres (contre-vérités, « erreurs » jamais rectifiées, mensonges, soigneuse sélection des informations et des témoignages, commentaires partiaux, temps accordé aux uns et aux autres lors du montage à Paris ou à Washington, etc.) pour que soit appliquée la charia. Mais je ne leur reconnais pas le droit à la bêtise. Or beaucoup des articles traitant du sujet à l’époque, et notamment des divers développements militaires sur le terrain, étaient à peine dignes du niveau intellectuel et mental d’un enfant de 7 ans pas très doué, parlant du père Noël ou des méchants. Ce qui entraîne donc fatalement une présentation manichéenne des faits et par là même l’impossibilité de résoudre les conflits de façon juste intelligente et durable. Ne dit-on pas couramment que l’enfer est pavé de bonnes intentions ??
Nos ancêtres avaient d’ailleurs pressenti le problème si l’on en croit cette citation de César : « Les tribus-états considérées comme gérant le mieux la chose publique, ont des lois ordonnant que, si quelqu’un a entendu par la rumeur ou sur la foi de ses voisins, quelque chose concernant le bien public, il doit en faire part au magistrat, et à nulle autre personne, car il a été constaté maintes fois que des hommes inconsidérés ou inexpérimentés, sont souvent alarmés par de fausses informations, et conduits à réagir de façon impétueuse, ou prennent alors des décisions hâtives dans les affaires de la plus haute importance » (B.G. Livre VI chapitre XX).
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LETTRE OUVERTE AUX GENS DE MÉDIAS.
Avertissement préalable.
La réflexion qui suit ne concerne pas les gens de médias ni les journalistes ni les intellectuels qui pensent sincèrement et donc qui soutiennent sincèrement que l’on exagère beaucoup leur rôle ou leur poids en tant que faiseurs d’opinions, qu’en réalité dans les faits ils n’influencent jamais le public, que ce soit dans un sens ou dans un autre, et donc pour tout dire que leur profession n’est pas un grand métier important et qui compte beaucoup, dans la formation ou l’éducation des peuples, ou pour éclairer l’opinion publique.
La réflexion qui suit concerne les gens de médias ou les journalistes et intellectuels qui ne pensent pas cela, voire même pensent ouvertement (ou secrètement et en leur for intérieur) tout le contraire.
Je pense que notre civilisation est mûre pour l’esclavage et la ruine. Ce qui m’incite à le penser c’est la prodigieuse nullité de nos hommes politiques (il s’agirait d’enfants de moins de 7 ans on dirait d’eux qu’ils sont bêtas) ; qui n’a d’égale que l’abyssale nullité de nos élites y compris journalistiques. De toute façon ce sont les mêmes.
Un des drames de l’Humanité actuelle est le manque d’intelligence et de culture générale des journalistes ainsi que de beaucoup d’intellectuels, leur manque d’honnêteté intellectuelle *, de courage, de mémoire, et enfin leur irresponsabilité. Cela fait plus que retarder la prise de conscience planétaire de certains des très graves problèmes qui menacent l’avenir de notre humanité, pire même, cela les aggrave parfois en suscitant des régressions ou des retours en arrière.
Une des mesures qui pourrait remédier à cette situation serait la nette et visible distinction entre journalisme d’opinion et journalisme d’information. Le premier n’étant tenu qu’au respect des lois en vigueur, le second tenu de respecter une charte déontologique des plus rigoureuses, assortie de sévères sanctions y compris pouvant affecter leur patrimoine personnel (mais excluant la peine de mort), en cas de manquement. Sanctions prononcées par un Ordre des journalistes d’information, ou par une branche des ministères de la Justice ou de la Culture, après dépôt et instruction d’une plainte individuelle ou collective émanant de particuliers. Comme l’a très bien signalé César dans ses commentaires sur les guerres celtes : « Les tribus-états considérées comme gérant le mieux la chose publique, ont des lois ordonnant que, si quelqu’un a entendu par la rumeur ou sur la foi de ses voisins, quelque chose concernant l’État, il doit en faire part au magistrat, et à nulle autre personne, car il a été constaté maintes fois que des hommes inconsidérés ou inexpérimentés, sont souvent alarmés par de fausses informations, et conduits à réagir de façon impétueuse, ou prennent alors des décisions hâtives dans les affaires de la plus haute importance » (Livre VI. Chapitre XX).
* Le travers intellectuel moderne consistant à ne pas distinguer des situations différant pourtant de façon importante, ne serait-ce que dans leurs conséquences passées ou potentielles, ou au contraire à faire systématiquement des parallèles artificiels bien peu pertinents, voire à se focaliser principalement sur l’arbre, mais à parler très peu de la forêt qui se cache derrière (quand on regarde les choses de haut), fait partie de ces caractéristiques du journalisme dont on ne sait si elles relèvent de la malhonnêteté intellectuelle ou du manque d’intelligence. En tout cas la langue anglaise pour désigner un tel phénomène a inventé l’image « l’arbre qui cache la forêt » (on ne peut pas voir la forêt à cause des arbres qui empêchent d’avoir une vue d’ensemble), la langue française l’image du pâté d’alouette et de sa définition (les journalistes appellent pâté d’alouettes un pâté fait moitié-moitié, une alouette… pour un cheval), et la langue arabe, elle, utilise la notion de taqiya, les jésuites « la casuistique ».
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« Ils discutent et transmettent à la jeunesse beaucoup d’éléments concernant les étoiles et leurs mouvements, l’étendue de ce monde et de notre terre, la nature des choses, le pouvoir et la majesté des dieux immortels » (César, livre VI, chapitre 14).
LETTRE OUVERTE AUX HOMMES POLITIQUES AUX MÉDIAS ET AUX INTELLECTUELS OU DU MOINS À CEUX QUI SE SENTIRAIENT VEXÉS DE NE PAS ÊTRE CONSIDÉRÉS COMME TELS.
Ce qu’a écrit Gustave Le Bon dans sa psychologie des foules (en gros : dans une foule les plus intelligents, s’il y en a éventuellement, se comportent comme les moins intelligents, comme les plus primaires, les plus grossiers) ; s’applique très bien à la foule organisée que constitue le cercle politico-médiatique.
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Qu’est-ce que l’intelligence demanda-t-on un jour au docteur Alfred Binet. Ce que mesurent mes tests de QI aurait-il répondu, mais la boutade est apocryphe.
Si l’on définit l’intelligence comme la capacité à tenir compte des informations objectives se pose alors la question : comment se fait-il Mesdames et Messieurs les journalistes, que vous disposiez de si peu d’informations alors que tout ce qu’il faut savoir est à portée de main, de clic, hier dans les bibliothèques aujourd’hui sur internet ? Par exemple sur les armes de destruction massives en Irak ou la guerre ayant éclaté en Syrie en 2011.
Pourquoi les informations se retrouvent-elles en nombre insuffisant et en qualité laissant à désirer dans votre cerveau ?
Serait-ce parce que vous faites preuve de bien peu de curiosité intellectuelle ?
Serait-ce parce que vous manquez de l’esprit critique nécessaire pour analyser ou recouper les données ???
Serait-ce à cause de votre propension innée à vous soumettre à l’autorité ?
Serait-ce finalement à cause de votre incapacité à traiter comme il faut les informations objectives qui vous parviennent ??
Einstein ou quelque autre génie âgé de 7 ans et son père sont dans la savane. Ils ne sont pas malades et ont des yeux et des oreilles…
T = 0. De la fumée s’élève à l’horizon droit devant eux.
T = + 1 heure. Encore plus de fumée à l’horizon.
T = + 1 heure 30. Un grondement sourd se fait entendre et la terre se met à trembler.
T = + 2 heures. Une multitude d’animaux affolés de l’hippopotame au serpent foncent vers eux…
et les dépassent pour s’enfuir en les laissant sur place.
T= + 2 heures 30. Une odeur de brûlé atteint vos narines.
T= + 3 heures. Quelque chose qui ressemble à des flammes apparaît soudainement dans votre champ de vision.
L’enfant de 7 ans n’a rien compris et regarde tout ça un peu étonné.
Mais vous, vous, à partir de quel moment comprendrez-vous qu’il y a le feu dans la prairie, dans la savane, dans la brousse, et qu’il faut sans tarder courir se mettre à l’abri ou du moins allumer sans tarder un contre-feu ?? (domestication du feu – 500 000, et heureusement pour l’espèce humaine, les droits d’auteurs ou la notion de propriété intellectuelle n’existaient pas encore… sinon nous serions encore à payer je ne sais quoi aux petits malins ayant réussi à faire reconnaître qu’ils descendaient bien en ligne directe du génial inventeur.)
Un très bon exemple de l’esprit critique qui doit toujours nous animer et qui devrait donc mouvoir tout journaliste qui se respecte est celui qui figure à la fin d’une des innombrables légendes gaéliques rapportée par un moine irlandais resté anonyme et qui s’énonce ainsi : « Mais moi, qui ai copié cette histoire, ou plutôt cette légende, je n’accorde aucun crédit à divers des incidents narrés dans ce récit. Certains ne sont en effet que jonglerie des démons, d’autres des fictions poétiques. Quelques-uns sont vraisemblables, mais d’autres pas et n’ont été inventés que pour le plaisir des sots ».
Nous ne doutons pas un seul instant de la sincérité de la foi chrétienne de ce moine copiste, mais ce qui est extraordinaire quand même c’est qu’avec ce cri du cœur il retrouve exactement le même état d’esprit critique qui était celui des anciens druides à en croire Lucain et qui donc devrait animer nos modernes journalistes d’information (les journalistes d’opinion, eux, relèvent plus de la fonction de barde satiriste).
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QUESTIONS AUX JOURNALISTES OU INTELLECTUELS QUI NOUS GOUVERNENT PAR MÉDIAS INTERPOSÉS.
Hypothèses, postulats ou affirmations pour commencer le débat. Peut-on écrire que (par pitié, jouez le jeu et ne répondez pas de suite à ces questions, n’y revenez qu’après avoir répondu à la série de vraies questions personnelles qui suit et après avoir bien réfléchi, ne me dites pas par exemple qu’un New-Yorkais musulman un catholique irlandais ou un Britannique anglican font partie de la même nation parce qu’ils parlent grosso modo la même langue)…
— Les Navajos vivent aux États-Unis, dans des réserves du nord-est de l’Arizona et des régions contigües du Nouveau-Mexique et de l’Utah. Les Navajos se répartissent en plus de cinquante groupes, et leur mode de filiation est transmis par les femmes (clans matrilinéaires). Les Navajos ne doivent ni se marier ni même sortir avec un membre de leur propre clan : cette obligation constitue un véritable tabou. L’unité sociale de base est une famille (très) élargie dont les membres ont une gamme complète de responsabilités.
— C’est entre le VIIe et le Xe Siècle que la nation polonaise s’est particularisée au sein de la communauté slave, dans les bassins de l’Oder et de la Vistule. Les tribus polanes, vislanes, poméraniennes, forment peu à peu la nation polonaise.
— À propos du Bréviaire d’Alaric. Le système de la personnalité des lois s’oppose au système de la territorialité des lois qui suppose au contraire que sur un territoire donné, la loi soit la même pour tous. Sous un régime de personnalité des lois, la loi qui est appliquée à chaque individu est déterminée en fonction de sa nationalité. Lorsque des individus de nationalités différentes vivent sur un même territoire, plusieurs lois sont alors appliquées sur ce territoire, autant que de nationalités en présence. Le recours au système de la personnalité des lois au VIe siècle en Europe fut le résultat direct des invasions barbares, dans une époque dépourvue de pouvoir central suffisamment fort pour imposer à tous une législation uniforme. Certains disent qu’il a fallu en quelque sorte la Révolution et la fin des privilèges accordés à la noblesse pour vraiment mettre fin définitivement à cette situation (de la personnalité des lois) en France.
En 1916 en Californie est mort Ishi, le dernier indien Yahi. La tribu des Yahis comptait environ 400 membres, en 1840, qui vivaient, comme beaucoup d’autres tribus, paisiblement. Peu de temps après eut lieu la ruée vers l’or, et les Amérindiens vivant dans ces contrées durent faire face à l’immigration massive des Blancs.
Lorsqu’en 1908, un groupe de géologue tomba par hasard sur leur campement, les Indiens s’enfuirent dans la forêt. Trois ans plus tard, un seul de ces Indiens était encore en vie. Il était le dernier membre de sa tribu, plus personne au monde ne parlait sa langue, c’était le dernier Yahi.
Seul et affamé, l’indien se résolut à marcher vers le monde des nouveaux venus. C’est ainsi que fin de l’été 1911, il arriva dans la périphérie d’Oroville.
Un membre de l’Université de Berkeley nommé Watterman le rencontra, mais il eut les plus grandes difficultés à communiquer avec lui.
En 1911 Ishi effectua plus de 400 enregistrements sur des cylindres de cire, racontant l’histoire des Yahis depuis la création du monde jusqu’au voyage des morts, mais personne ne comprenait ce qu’il disait. Ishi faisait également de nombreuses démonstrations (tir à l’arc, pointes de flèches, construction d’une maison Yahi).
Il mourut le 25 mars 1916.
Exit donc la langue des Yahis, mais aussi le cupeño le matipú, le sikiana… Terminés l’apiakà, le koiari, le yimas… Oubliés le yugh, le palaung, le bahnar… Les vieillards s’en vont, les langues aussi. La moitié des 5 000 langues actuelles auront disparu dans un siècle, écrasées par le rouleau compresseur de la globalisation. Et après ? Que nous importe, finalement, qu’on ne parle plus le pataxó ou le nakrehé ?
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Or les langues sont un peu comme les espèces animales : elles vivent, meurent, cèdent aux assauts des prédateurs. Ce ne sont pas seulement des mots qui s’envolent avec chacune d’elles. C’est une histoire, une mémoire, une manière de penser. Un peu de notre humanité.
Première sous question : que pouvait bien penser dans les dernières années de sa vie ce vieil Indien (Ishi) qui n’avait plus personne à qui parler dans sa propre langue, sa langue maternelle ?
Deuxième sous question : que faire pour que les situations de bilinguisme ne finissent pas en situation de monolinguisme comme cela s’est souvent produit dans le monde ???
Questions maintenant aux journalistes ou intellectuels qui nous gouvernent par médias interposés.
Pensez-vous qu’il puisse y avoir au sein de l’Humanité au moins théoriquement, des identités nationales, au sens ancien et classique du terme évoqué pour commencer en préambule, pas au sens de simple citoyenneté ou de simple allégeance étatique envers tel ou tel chef de tribu tel ou tel roi tel ou tel pouvoir étatique ?
Si vous pensez qu’une telle existence est théoriquement possible, pouvez-vous citer des exemples dans l’histoire de l’Humanité, récente ou ancienne, où cela s’est produit : où il y a eu un, ou deux, ou plusieurs cas d’existence… d’une identité nationale avérée ???
Si oui pensez-vous qu’il y ait encore des identités nationales incontestables actuellement sur cette planète ??
Si oui en ce qui concerne notre pays, l’État dont nous sommes les citoyens, pensez-vous qu’il y ait jamais eu un jour quelque chose que l’on ait pu grosso modo légitimement désigner sous le terme d’identité nationale ?
Si non pouvez-vous argumenter quelque peu votre avis, ce que vous pensez pouvoir constater ??
Si oui toujours en ce qui concerne notre pays, l’État dont nous sommes les citoyens, pensez-vous qu’il existe toujours une identité nationale pouvant le caractériser, au moins majoritairement, au moins partiellement ???
Si non pouvez-vous nous indiquer à partir de quel moment de son histoire et à la suite de quels événements ou phénomènes cette identité nationale en question a disparu, pour quelles raisons par exemple il n’est plus pertinent de parler d’identité nationale alors que ça l’était jadis ??
Deuxième série de questions :
Si vous admettez le principe théorique qu’il puisse exister des identités nationales ainsi que définies plus haut et pour commencer, pensez-vous…
a) Que c’est une chose nuisible à l’Humanité, qu’il faut donc s’efforcer de faire disparaître de la surface de la planète.
b) Que c’est une excellente chose pour l’Humanité, donc qu’il ne faut surtout pas y porter atteinte et même qu’il faut les soutenir.
c) Que c’est un peu comme la langue d’Ésope, que cela peut être comme souvent la pire ou la meilleure des choses, donc qu’il faut simplement veiller à en éviter les excès ou les débordements condamnables.
Peut-on dire en ce qui concerne notre pays et sans porter de jugement de valeur sur le phénomène qu’il y a eu dans son histoire une période où l’assimilation (du moins une assimilation assez poussée dans le creuset national) des nouveaux venus se faisait (par exemple par le biais de la religion du service militaire ou du syndicalisme, etc.), mais que ce qui le caractérise aujourd’hui c’est que ladite assimilation d’antan dans le creuset national ne fonctionne plus , et pour quelles raisons (technologiques, ou autres , montée de l’individualisme, des égoïsmes???)
Un citoyen qui ne sent pas psychologiquement parlant, partie prenante d’une identité nationale dont il pense même pouvoir contester l’existence ou dire qu’elle a disparu, peut-il en parler en étant objectif ?
Que peuvent se dire, que peuvent échanger, quel dialogue peuvent avoir, des citoyens qui ne sentent pas de cœur ou psychologiquement parlant partie prenante d’une identité nationale dont ils pensent même pouvoir contester l’existence ou dire qu’elle a disparu, comme le professeur Watterman de
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l’université de Berkeley en Californie, et un homme comme Ishi qui ressent exactement le contraire, qui se sent partie prenante d’une identité nationale incontestable en tant que telle, mais qui est remise en question ou qui a disparu. Que ressentait Ishi dans ce monde qui n’était plus le sien ??? Était-il malheureux, en colère, se sentait-il quotidiennement humilié ou bafoué par tous ces étrangers autour de lui, chez lui, lui qui était un fils de cette terre ??? Comment prenait-il que l’on ignore nie ou se moque à ce point de son être même, de son identité, de son moi profond, de ce qui faisait qu’il était lui et pas un autre, en rejetant tout cela dans un lointain passé, un lointain passé ce qui ne fut que son enfance, la Californie des années 1850 ?
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LA LONGUE TRADITION DES MENSONGES D’ÉTAT.
L’un des plus cyniques concerne la destruction du cuirassé américain Maine dans la baie de La Havane en 1898, qui servit de prétexte à l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Espagne et à l’annexion de Porto Rico, des Philippines et de l’île de Guam.
Le soir du 15 février 1898, vers 21 h 40, le cuirassé Maine fut en effet secoué par une violente explosion. Le navire sombra dans la rade de La Havane et 260 hommes périrent. Immédiatement, la presse populaire accusa les Espagnols d’avoir placé une mine sous la coque du navire et dénonça leur barbarie, leurs « camps de la mort » et même leur pratique de l’anthropophagie…
Tous les autres journaux suivirent. La diffusion du New York Journal passa d’abord de 30 000 exemplaires à 400 000, puis franchit régulièrement le million d’exemplaires ! L’opinion publique était chauffée à blanc. L’atmosphère devint hallucinante. Pressé de partout, le président William McKinley déclara la guerre à Madrid le 25 avril 1898. Treize ans plus tard, en 1911, une commission d’enquête sur la destruction du Maine devait conclure à une explosion accidentelle dans la salle des machines …
L’Irak c’est un peu l’histoire du voleur qui crie : « Au voleur ! » Comment pensez-vous que George W. Bush intitula le célèbre rapport d’accusation contre Saddam Hussein qu’il présenta le 12 septembre 2002 devant le Conseil de sécurité de l’ONU ? « Une décennie de tromperies et de défis ». Et qu’y affirmait-il en égrenant ses « preuves » ? Un chapelet de mensonges ! L’Irak, disait-il en substance, entretient des liens étroits avec le réseau terroriste Al-Qaida et menace la sécurité des États-Unis parce qu’il possède des « armes de destruction massive » (ADM) – une expression forgée par ses conseillers en communication.
Or, au moment même où M. Bush lançait de telles accusations, il avait déjà reçu des rapports de ses services démontrant que tout cela était faux. Selon Mme Jane Harman, représentante démocrate de Californie, nous serions même là en présence de « la plus grande manœuvre d’intoxication de tous les temps ».
Dans cette gigantesque manipulation, une officine secrète au sein du Pentagone, le Bureau des plans spéciaux (BSP) a joué un rôle majeur.
Colin Powell a été lui-même manipulé. Dans un entretien au magazine Vanity Fair, le 9 mai 2003, M. Wolfowitz a reconnu le mensonge d’État. Il a avoué que la décision de mettre en avant la menace des ADM pour justifier une guerre préventive contre l’Irak avait été adoptée « surtout pour des raisons d’ordre bureaucratiques ». « Nous nous sommes entendus sur un point, a-t-il précisé, les armes de destruction massive, parce que c’était le seul argument sur lequel tout le monde pouvait tomber d’accord ».
Le président des États-Unis a donc menti. Cherchant désespérément un casus belli pour contourner l’ONU et rallier à son projet de conquête de l’Irak quelques complices (Royaume-Uni, Espagne), M. Bush n’a pas hésité à fabriquer l’un des plus grands mensonges d’État.
Il n’a pas été le seul. Devant la Chambre des communes, le 24 septembre 2002, son allié Anthony Blair, Premier ministre britannique, affirmait : « L’Irak n’a pas arrêté (…) ni ses continuelles recherches sur les armes chimiques et les armes biologiques (…) ces ADM peuvent être déployées en 45 minutes ».
De son côté, dans son intervention devant le Conseil de sécurité, Colin Powell déclarait : « Saddam Hussein a entrepris des recherches sur des douzaines d’agents biologiques provoquant des maladies telles que la gangrène gazeuse, la peste, le typhus, le tétanos, le choléra, la variole du chameau et la fièvre hémorragique ».
Dans un discours à la nation, le 8 février 2003, Bush alla jusqu’à apporter les faux détails suivants : « L’Irak a envoyé des experts en explosifs et en fabrication de faux papiers travailler avec Al-Qaida. L’Irak a aussi dispensé à Al-Qaida un entraînement aux armes biologiques et chimiques. Un agent d’Al-Qaida a été envoyé en Irak à plusieurs reprises à la fin des années 1990 pour aider Bagdad à acquérir des poisons et des gaz ».
Reprises et amplifiées par les grands médias bellicistes transformés en organes de propagande, toutes ces dénonciations ont été répétées ad nauseam par les réseaux de télévision Fox News, CNN et MSNC, la chaîne de radio Clear Channel (1 225 stations aux États-Unis) et même des journaux prestigieux comme le Washington Post ou le Wall Street Journal. À travers le monde, ces accusations mensongères ont constitué l’argument principal de tous les va-t-en-guerre. En France, par exemple,
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elles furent reprises sans vergogne par des personnalités comme Pierre Lelouche, Bernard Kouchner, Yves Roucaute, Pascal Bruckner, Guy Millière, André Glucksmann, Pierre Rigoulot, etc.
Ces accusations furent également répétées par tous les alliés de M. Bush. À commencer par le plus zélé d’entre eux, José Maria Aznar, chef du gouvernement espagnol, qui, aux Cortés de Madrid, le 5 février 2003, certifia : « Nous savons tous, Mesdames et Messieurs, que Saddam Hussein possède des armes de destruction massive. (…) Nous savons tous également qu’il détient des armes chimiques » (un député s’écrie : « moi non ! »)
Quelques jours auparavant, le 30 janvier, exécutant une commande formulée par M. Bush, Aznar avait rédigé une déclaration de soutien aux États-Unis, la « Lettre des Huit », signée entre autres par MM. Blair, Silvio Berlusconi et Vaclav Havel. Ils y affirmaient que « le régime irakien et ses armes de destruction massive représentent clairement une menace pour la sécurité mondiale ».
Ainsi, pendant plus de six mois, pour justifier une guerre préventive dont ni les Nations unies ni l’opinion mondiale ne voulaient, une véritable machine de propagande et d’intoxication pilotée par la secte doctrinaire qui entourait Bush a répandu des mensonges d’État avec une outrecuidance propre aux régimes les plus détestés du XXe siècle.
Ils s’inscrivent dans la longue tradition des mensonges d’État qui jalonnent l’histoire des États-Unis.
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LE MENSONGE EN POLITIQUE PAR JEAN-CLAUDE ST-LOUIS
(site canadien Le Portail d’Albert).
« La première des forces qui mènent le monde est le mensonge. » (Jean-François Revel, la connaissance inutile, p. 9.) Le mensonge en politique constitue un abus de confiance et il doit être condamné, quelle qu’en soit la forme.
Mais qu’est-ce qu’un mensonge ? D’après les dictionnaires, c’est affirmer ce qu’on sait être faux, nier ou taire ce qu’on devrait dire. En vertu de cette définition, les exagérations partisanes, les cachotteries, les demi-vérités, sont toutes des mensonges. Et ceux qui s’y livrent sont des menteurs. En politique, à partir du Premier ministre jusqu’au simple député, tous cachent, contournent, déforment systématiquement la vérité, sans en ressentir la moindre gêne. Aveuglés par le pouvoir, la gloire, les limousines, les flatteries de leur entourage, les politiques mentent effrontément.
Ce qui est paradoxal, c’est que le mot « menteur » soit banni de l’Assemblée nationale et que tous ceux qui l’utilisent ou y font allusion soient sommés de se rétracter. S’ils refusent, ils sont expulsés pour la journée. Les politiciens sont prêts à admettre qu’ils caricaturent les faits, qu’ils en cachent, qu’ils présentent toujours leurs actions sous un jour favorable, qu’ils sont tous un peu démagogues, mais admettre qu’ils mentent ? Jamais ! Et pourtant, dans une démocratie, le peuple a droit à la vérité. Le mensonge en politique constitue un abus de confiance et un bris de contrat, car une démocratie est une sorte de contrat moral. Le peuple cède à ses mandataires, les politiciens, le soin d’administrer la chose publique, mais il se réserve le droit d’évaluer leur travail à intervalles réguliers. Si le peuple est insatisfait, il a le pouvoir de les congédier et de les remplacer. Il y a là, non seulement une relation de confiance, mais aussi un contrat explicite, fondé sur le droit des citoyens de choisir leurs gouvernants. Or, pour qu’une démocratie soit authentique, les citoyens doivent pouvoir faire un choix en toute connaissance de cause, en disposant de toute l’information nécessaire. Dans son livre « La connaissance inutile », Jean-François Revel écrit : « Ce régime (la démocratie), fondé sur la libre détermination des grands choix par la majorité, se condamne lui-même à mort si les citoyens qui effectuent ces choix se prononcent presque tous dans l’ignorance des réalités ».
La tactique du mensonge, en politique, s’est transmise de génération en génération et beaucoup croient que s’indigner d’un tel travers est, par conséquent, inutile ou constitue une perte de temps. Pourtant, s’il y a toujours eu des injustices, faut-il les accepter et baisser les bras ? Le danger est, justement, d’accepter cette politique du mensonge et de la considérer comme normale. Un risque d’autant plus grand que le mensonge est devenu, de nos jours, de plus en plus subtil. Quand on parle de la malhonnêteté intellectuelle des politiciens, on fait surtout référence à leurs promesses électorales non tenues. Pourtant, ceux qui suivent de près les élus, se rendent compte que le mensonge en politique n’est pas réservé seulement qu’aux campagnes électorales. Il est quotidien et se glisse dans les conférences de presse, les discours, les communiqués. Le mensonge ronge la politique comme un cancer ronge le corps d’un malade.
Le mensonge fait partie du quotidien de l’homme politique. Pour lui, le mensonge est indispensable à sa survie. Un politicien paresseux peut réussir, un politicien ennuyeux également, mais un politicien qui ne sait pas utiliser le mensonge est voué à l’échec, selon la plupart des observateurs de la scène politique. Pour eux, cette manipulation quotidienne de la vérité peut sembler bénigne, mais par leur prolifération, par la place qu’ils prennent dans la culture politique, les petits mensonges quotidiens ouvrent la voie aux gros mensonges et aux tromperies électorales. Observons un nouveau candidat et nous l’entendrons débiter la même série de faussetés du genre : « Je n’ai d’autre ambition que celle de servir mes concitoyens ». Dans n’importe quel parti, on l’entendra dire qu’il n’est pas un politicien traditionnel, qu’il désire faire de la politique différemment, être franc et honnête, puis aussitôt élu, il s’empressera de travestir la réalité pour qu’elle lui soit la plus favorable, de dissimuler les côtés moins glorieux de son passé et de taire son opinion sur une politique controversée de son parti.
Au palmarès des mensonges en politique, ceux portant sur l’unité du parti arrivent au premier rang. Il y a une règle non écrite en politique selon laquelle un parti doit paraître uni, quelles que soient les circonstances. Or ce « paraître » nécessite un nombre incalculable de mensonges. La loyauté comme telle n’est pas vraiment requise dans un parti politique. Ce qui compte, c’est l’apparence de loyauté. Il en va de même pour la franchise. C’est l’apparence de franchise qui compte.
En politique donc, le mensonge et la tromperie sont hélas de mise. On voit bien que ce système réprime la franchise et encourage le mensonge. Robert Bourassa, qui fut Premier ministre du Québec, l’admettait en disant : « Le jeu partisan est souvent bien ingrat pour la vérité des faits ». Quand on songe au mépris manifeste des politiciens pour la vérité, on reste sidéré devant l’interdiction de prononcer le mot « menteur » à la Chambre des communes ou à l’Assemblée nationale. Dans nos
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parlements, un politicien peut affirmer n’importe quoi contre n’importe qui, l’accuser sans preuve des pires crimes, sans être passible d’aucune punition. On appelle cela l’immunité parlementaire. Mais accuser un autre député d’avoir menti, quelle horreur dans un milieu où le mensonge fait partie du quotidien ?
Le mensonge a gangrené le milieu politique jusque dans ses moindres recoins. Il est donc important de trouver les origines du mal et de chercher à comprendre pourquoi les politiciens mentent comme ils respirent. La réponse nous apparaît bien simple : si les politiciens ont recours au mensonge, c’est parce qu’ils sont convaincus de sa rentabilité. Cette rentabilité n’a-t-elle pas été maintes fois démontrée ? Les politiciens qui sont les plus habiles menteurs sont ceux qui durent le plus longtemps et qui obtiennent le plus de succès. Les hommes et les femmes qui se lancent en politique et pour qui la franchise est une valeur importante sont écartés dès leurs premiers pas. En entrant en politique, les nouveaux venus pénètrent dans une culture qui fonctionne au mensonge et leur réussite dépend de leur adhésion totale à cette culture.
Et pourquoi le mensonge est-il rentable ? Tout simplement parce que le peuple le récompense, car en fin de compte, c’est toujours le meilleur menteur qui gagne. Soit que le peuple n’est pas conscient de la tromperie (ce qui est très rare) ou soit qu’il l’accepte en maugréant, estimant ne pas avoir le choix, ou soit encore parce qu’il préfère ignorer la vérité. Le peuple sait-il qu’on lui ment ? Il le sait fort bien, mais en même temps il n’en cerne pas l’ampleur ni le raffinement. C’est pour cette raison que les plus habiles menteurs obtiennent tant de succès. Le peuple continue de voter et de s’intéresser, du moins en apparence, à la chose politique. Arrive une nouvelle figure, un nouveau programme et le peuple reprend espoir. Cet espoir ne peut s’expliquer que par une méconnaissance de l’étendue réelle du mensonge en politique, car quiconque suit la bête de près, perd rapidement ses illusions.
Il y a-t-il un mince espoir pour que la situation change ? Il est évident qu’on ne peut compter sur les politiciens pour qu’ils se conforment d’eux-mêmes aux exigences de la vérité. La rentabilité du mensonge a été démontrée tant de fois que celui-ci constitue désormais l’alphabet du langage politique. Chez le politicien d’expérience, le mensonge est devenu une seconde nature, un réflexe. C’est ce réflexe qu’il faut briser. Pour y parvenir, il n’y a qu’un moyen. Il faut que la vérité devienne rentable et non pas le mensonge. Seul le peuple a le pouvoir d’effectuer ce changement, en récompensant la vérité et en punissant sévèrement le mensonge.
— Il faut élire des politiciens qui exposent les problèmes en toute sincérité et qui proposent un idéal à atteindre tout en présentant honnêtement les perspectives réelles de solutions.
— Il ne faut plus accepter la démagogie qui consiste à « diaboliser » l’adversaire à tout prix.
— Il ne faut surtout pas élire ceux qui proposent des solutions simplistes et qui promettent monts et merveilles.
Ce changement d’attitude nécessite une vigilance de tous les instants, à l’endroit des politiciens et également à l’égard de nous-mêmes qui aimons trop les solutions faciles. La condition de cette vigilance est la conviction que la vérité fait partie de nos droits ; que nous pouvons et nous devons l’exiger ! Les politiciens veulent nos voix ; c’est à nous de les leur faire payer chèrement !
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LE MENSONGE EN POLITIQUE ET DONC DANS LES MÉDIAS.
« Père, je ne saurais mentir ». Cette citation de Georges Washington étant trop belle pour être vraie, nous lui en adjoindrons donc une d’Albert Camus, pour commencer : « mal nommer les choses c’est ajouter au malheur du monde ».
À l’occasion d’un entretien télévisé diffusé le lundi 26 octobre 2015 par la chaîne de télévision CNN, l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair a présenté ses « excuses » à propos de la guerre en Irak de 2003.
Ce faisant il a encore menti, car il a sciemment « oublié » de dire certaines choses.
C’est un mea culpa tardif (il vient douze ans trop tard) – et surtout très insuffisant.
Que nous dit en effet Tony Blair ?
« Les renseignements étaient faux ».
Or Tony Blair « oublie » de mentionner que les renseignements sur les prétendues armes de destruction massive en Irak ont été volontairement gonflés à l’époque.
Il oublie de dire que certaines informations ont même été totalement inventées, comme l’affaire d’achat d’uranium au Niger.
Il oublie enfin de dire qu’il a sciemment menti à son peuple et à ses alliés sur ses intentions.
On a en effet récemment découvert un mémorandum ultra secret du 23 mars 2002 écrit par Colin Powell et adressé à l’époque, au président Bush.
Blair est avec nous sur l’Irak y assure l’ex-général, alors que la Maison-Blanche prépare déjà la guerre qui sera déclenchée un an plus tard.
Or à l’époque, Blair jure ses grands Dieux qu’il cherche une solution diplomatique à la crise, alors qu’en secret il a donc déjà décidé d’intervenir militairement aux côtés des Américains.
Voilà sur quoi il aurait dû aussi, et surtout, présenter ses excuses aux citoyens britanniques, et au monde. Sur ses mensonges qui ont (définitivement ?) discrédité la parole internationale des dirigeants occidentaux.
Pour cela il faudra sans doute attendre encore douze ans…
Mais le métier de journaliste se résume-t-il au fait de simplement reprendre et diffuser les points de vue d’une des parties en question, celle de son choix, ou à faire écho aux deux, mais en privilégiant en quantité et en qualité l’un d’entre eux, toujours celui de son choix évidemment ?? Si oui il s’agit alors non plus de journalisme d’information, mais de journalisme d’opinion.
Et de toute façon, comme Albert Camus aurait pu le dire à cet « illustre » premier ministre britannique : « Un régime démocratique ne peut être conçu, créé et soutenu que par des hommes qui savent qu’ils ne savent pas tout. Le démocrate est modeste, il avoue une certaine part d’ignorance, il reconnaît le caractère en partie aventureux de son effort, que tout ne lui est pas donné, et à partir de cet aveu, il reconnaît qu’il a besoin de consulter les autres, de compléter ce qu’il sait… » (Albert Camus, extrait de « Réflexions sur une démocratie sans catéchisme », in La Gauche, juillet 1948.)
Pour avoir une idée plus précise du niveau intellectuel ou des scrupules de l’intelligentsia qui nous gouverne il suffit donc de voir la complaisance avec laquelle les médias ont relayé le mensonge de la possession d’armes de destruction massive par Saddam Hussein en Irak en 2002 ou la façon dont ils ont couvert les situations de guerre civile comme la Lybie ou la Syrie en ont connues dans la deuxième décennie du XXIe siècle. Si peu de lucidité si peu d’intelligence si peu d’objectivité ! C’est effarant, autant donner une bombe à des enfants de 7 ans (bonjour les dégâts) et c’est sans doute pourquoi aucun des grands défis à relever pour l’Humanité ne pourra l’être avant longtemps, vu la faiblesse de ce niveau intellectuel des gens de médias et le tout aussi consternant manque d’honnêteté intellectuelle élémentaire de ces élites, autoproclamées (aurait pu dire Gaston Bouthoul dans son traité de sociologie).
Les ressorts psychologiques d’un tel parti pris sont d’ailleurs si évidents qu’ils en deviennent puérils aurait ajouté Vauvenargues. Faute d’être assez âgé pour s’être efficacement opposé à la montée du nazisme en 1930 : la volonté d’être du côté des héros, ce qui entraîne donc fatalement une présentation manichéenne des faits et par là même l’impossibilité de résoudre les conflits de façon juste intelligente et durable. Ne dit-on pas couramment que l’enfer est pavé de bonnes intentions ??
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Une des responsabilités, et non des moindres, des gens de médias et des intellectuels, est bien de former ou d’instruire leurs peuples, génération après génération, non ? Or comment ce travail de Sisyphe peut-il porter des fruits si le niveau intellectuel des journalistes ou de l’intelligentsia est celui des gamins de 7 ans se battant dans une cour de récréation ??
Quant au courrier des lecteurs ou aux réactions et commentaires accompagnant la présentation généralement faite des crimes qui sont le lot commun de toutes les guerres civiles, ils ont de quoi rendre définitivement misanthrope le plus sauvage des Robinson Crusoé. La bêtise et l’ignorance le disputent à la méchanceté ou à l’égoïsme à l’état le plus brut. Pauvre espèce humaine oui ! À quand un homme nouveau fondé sur le meilleur de l’Ancien ?
* 95 % de ces « héros » d’ailleurs, du moins à mon avis, n’auraient pas été résistants à l’époque, sauf au dernier moment peut-être, car pour être résistant il faut déjà commencer par être politiquement incorrect. Être résistant dans l’Europe occupée de 1940 par exemple c’était choisir entre deux maux, refuser de protéger les civils des Sudètes ou accepter de faire le jeu des partis communistes par exemple. En France en plus cela revenait à se battre, en combattant contre ses propres compatriotes, avec l’ennemi héréditaire britannique toujours prêt à se servir de ses canons (Mers el Kébir) et à se défier d’un des grands artisans de la victoire de la guerre mondiale précédente, le maréchal Pétain, vainqueur de Verdun. Non décidément le politiquement correct n’était pas du côté des résistants en 1941.
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COURRIER DE LECTEUR EN COLÈRE.
« Les tribus-états considérées comme gérant le mieux la chose publique, ont des lois ordonnant que, si quelqu’un a entendu par la rumeur ou sur la foi de ses voisins, quelque chose concernant le bien public, il doit en faire part au magistrat, et à nulle autre personne, car il a été constaté maintes fois que des hommes inconsidérés ou inexpérimentés, sont souvent alarmés par de fausses informations, et conduits à réagir de façon impétueuse, ou prennent alors des décisions hâtives dans les affaires de la plus haute importance. Les magistrats gardent secret ce qu’ils pensent devoir cacher, en ne livrant à la masse que ce qu’ils croient utile de divulguer. On n’a le droit de parler des affaires publiques qu’en prenant la parole dans le conseil » (César. B.G. Livre VI, chapitre XX).
Le problème éthique est connu depuis une éternité : tous les moyens sont-ils bons (pour parvenir à une juste cause) ? La fin justifie-t-elle les moyens ? De toute façon il n’y a plus que des guerres justes maintenant qu’il n’existe plus de mentalité deuxième fonction, Hitler par exemple protégeait les civils sudètes en Tchécoslovaquie, les civils allemands innocents contre les juifs, etc. la seule chose c’est que les guerres justes des vaincus sont toujours moins justes que les guerres justes des vainqueurs. Malheur aux vaincus en effet ! Uae Uictebo !
LIBYE.
Les événements tragiques de l’histoire se répètent toujours, mais la seconde fois, disait Marx, « comme une farce ». Le prix Jacques Clouseau en ce domaine revient incontestablement aux médias français.
Alain Juppé, pour le gouvernement français : « avec Khadafi la seule négociation c’est la guerre ». Un peu surprenant de la part du chef de la diplomatie d’un grand pays (ça conviendrait mieux à un ministre de la défense ou des armées, mais il est vrai que le ministre des armées de ce pays, lui, « abat » des chars (il ne les détruit pas, ne les endommage pas, il les abat, comme des tapis-volants peut-être).
Il n’empêche que dans cette malheureuse affaire libyenne l’OTAN a été d’une hypocrisie rare, qui a sans doute décrédibilisé cette alliance militaire et l’ONU…… pour longtemps et qui en tout cas pour commencer a permis au régime syrien de l’époque d’échapper au pire (pour lui) ; de nombreux pays émergents n’étant plus du tout disposés à renouveler l’expérience de la résolution de l’ONU sur la Libye vu ce qu’en ont fait les gouvernements anglais et français avec l’aide des médias.
La classe (certains disent la caste, d’autres la profession) journalistique s’est vraiment déshonorée dans sa couverture médiatique de la guerre civile qui a éclaté en Libye en 2011, et y a joué un rôle odieux, pour une raison extrêmement simple. Son profond désir ; non de décrire la réalité du monde telle qu’elle est, afin de laisser le public en juger par lui – même ; mais de participer à la millénaire lutte du bien contre le mal (selon eux) tout en restant bien au chaud, ou bien au frais, à l’ombre de ses salles de rédaction (car les reporters de guerre sur le terrain ne sont pas ceux qui choisissent les images à diffuser ni les commentaires à faire).
CERTAINS JOURNALISTES ET CERTAINS CHERCHEURS ONT NÉANMOINS CONSTITUÉ DES EXCEPTIONS À CETTE RÈGLE. CI-DESSOUS QUELQUES-UNES DES VÉRITÉS QU’ILS NOUS ONT RAPPORTÉES À CE SUJET.
David D. Kirkpatrick et Rod Nordland dans le New York Times du 23 août 2011.
« … À propos du leitmotiv à connotation raciste que le régime de Khadafi utilise des mercenaires africains, que les rebelles répètent à l’envi comme un fait avéré. Il n’y a eu aucun cas prouvé ; il y a certes beaucoup de prisonniers africains à Benghazi, mais fort opportunément les journalistes ne sont pas autorisés à les rencontrer. Ce qui est certain néanmoins c’est qu’il y a des travailleurs immigrés africains, des saisonniers sous-payés, dont beaucoup ont été étiquetés « mercenaires ».
La spécialiste des situations de crise pour Amnistie Internationale, Donatella Rovera, a passé la période du 27 février au 29 mai à Misrata, Benghazi, Ajabiya et Ras Lanouf. Elle a été interrogée hier en Autriche et a répondu ce qui suit sur le sujet : « Nous nous sommes beaucoup penchés sur la question et nous n’avons trouvé aucune preuve. Les rebelles ont répandu partout ces rumeurs, qui ont eu des conséquences terribles pour les travailleurs immigrés africains : il y avait une chasse
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systématique aux migrants, certains ont été lynchés et beaucoup ont été arrêtés. Depuis lors, même les rebelles ont admis qu’il n’y avait aucun mercenaire… »
Que dit en effet le rapport de cette spécialiste sur le sujet ?
Donatella Rovera le 13 mai 2011,
Il convient tout d’abord de signaler qu’en ce qui concerne les aspects moins reluisants de la situation post 17 février dans l’est de la Libye, nous nous heurtons à un véritable déni. – en particulier en ce qui concerne le comportement de certains combattants de l’opposition, les « thuwar » comme on les appelle ici. Trois hommes, qui avaient jusqu’au 17 février travaillé pour l’infâme et toute puissante Agence de Sécurité Intérieure (Jihaz al-Am n al-Dakhili), ont été tués à l’occasion d’exécutions sommaires de type commando. Le corps de la plus récente victime, un père de six enfants, a été retrouvé le 10 mai dans la banlieue sud-ouest de Benghazi. Il avait une balle dans la tête, les poings et les pieds liés, une écharpe autour du cou en guise de garrot. Il manquait un morceau de la chair de son mollet droit, et des marques sur les jambes de son pantalon montraient qu’il avait dû s’agenouiller. Une note manuscrite tachée de sang, portant son nom, avait été laissée sur son corps ; avec l’inscription suivante, « … on a éliminé un des chiens de Kadhafi ».
Un autre ancien membre de l’ASI, un homme de 48 ans père de trois enfants, avait été tué deux semaines plus tôt pratiquement de la même façon. Son corps avait été trouvé dans le même secteur le soir du 22 avril. On lui avait tiré deux fois dans la tête, il avait une écharpe serrée autour du cou, et on lui avait attaché les mains dans le dos avec des liens en plastique. Là aussi des marques sur son pantalon indiquaient qu’il avait dû s’agenouiller.
Dans les deux cas il n’y avait eu aucun témoin de l’enlèvement de ces hommes – ou s’il y avait eu, ils ne sont pas manifestés.
Dans une autre affaire, un groupe d’hommes armés – certains d’entre eux masqués – a enlevé un homme de 55 ans père de huit enfants, lui aussi ancien membre de l’ASI, dans sa maison le soi du 8 mai. Inutile de dire qu’ils ne se sont pas identifiés ni n’ont dit à sa famille terrifiée pourquoi et où ils l’emmenaient. Le matin suivant son corps a été retrouvé, là aussi dans les faubourgs sud-ouest de Benghazi. Il avait été menotté, avait une balle dans la tête, et avait été blessé à la tête ainsi qu’à la main avec un objet contondant.
Il y a des expéditions nocturnes fréquentes de groupes de « thouwar » armés traquant les loyalistes pro-Khadafi justement ou injustement soupçonnés d’être impliqués d’une façon ou d’une autre dans le renseignement la planification ou l’exécution de certaines opérations, ou d’avoir trempé dans les brutales répressions qui avaient constitué la marque de fabrique du régime Khadafi durant les quatre dernières décennies. Certains de ces groupes de miliciens agissent sur les ordres de soi-disant « comités d’internement » ayant leur siège dans des camps militaires tandis que d’autres agissent apparemment de leur propre initiative. Des journalistes étrangers les accompagnent parfois dans ces opérations nocturnes.
Les ex-membres des agences de sécurité et les loyalistes pro-Khadafi ne sont pas les seuls visés. Les 23 et 24 avril, les corps de deux hommes non identifiés, venant apparemment d’Afrique Subsaharienne, ont été retrouvés à la périphérie sud-ouest de Benghazi. L’un d’eux avait été égorgé et on lui avait attaché les chevilles avec une corde. L’autre avait une balle dans la tête et avait subi de multiples contusions. Ce sont seulement les cas les plus récents. Dans les jours qui ont immédiatement suivi le renversement du régime de Khadafi en Libye orientale, plusieurs ressortissants des pays subsahariens ont été tués. Certains avaient été abattus, les autres pendus en public, d’autres enfin lynchés. Aucune enquête n’a été diligentée pour retrouver les responsables de ces crimes odieux.
Beaucoup d’immigrés africains ont été les victimes d’agressions apparemment motivées par le soupçon qu’ils avaient servi comme « mercenaires » dans les forces pro-Kadhafi. Ces allégations sans fondement, mais largement répandues y compris par les membres du Conseil National de Transition, à savoir que des « mercenaires » africains avaient joué un rôle décisif dans les massacres perpétrés contre des manifestants, ont assurément contribué à nourrir de telles agressions. Des dizaines d’immigrés africains ont été détenus après le 17 février et ont été à plusieurs reprises exhibés devant les médias en tant que « mercenaires » avant même que des enquêtes soient effectuées.
Jusqu’ici il n’y a eu aucun débat public à propos de ces navrantes dérives. Les Fonctionnaires et les chefs politiques n’ont jamais publiquement condamné de tels massacres des loyalistes et des immigrés.
La glorieuse guerre raciale de l’OTAN en Libye.
Glen Ford le 07/09/2011.
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Les médias occidentaux ont fait semblant pour ne pas voir que leurs héros se comportaient comme des membres du Ku Klux Klan déchaînés.
Mais comment les correspondants bien-payés du New York Times et du Washington Post auraient-ils pu ignorer ce qu’avait appris par exemple la journaliste ouest – africaine Ofeibea Quist Acton de la RPN : à savoir qu’une foule d’habitants de Benghazi avait dépecé vifs rien qu’en une seule manifestation 70 à 80 Tchadiens et Soudanais travaillant pour une compagnie pétrolière, un massacre important pour une ville moyenne ? Les nombreux témoignages émanant des 1,5 million de travailleurs immigrés noirs en Libye et parlant de tueries, d’horribles lynchages publics, d’hommes brûlés vifs, et de viols organisés, secouaient les des médias africains. Mais c’était comme si les médias occidentaux avaient été dans un autre Benghazi, rempli d’avocats bien élevés et d’étudiants contraints par les événements de rejoindre les rangs des miliciens, dont la haine de Mouammar Khadafi prouvait leur vertu. Un peu comme D W. Griffith, les producteurs et les journalistes du Times, du Post, de CNN et de toute l’armée des sigles d’organe de presse, produisaient chaque jour leur propre mini version de la « Naissance d’une Nation » dans laquelle les foules de racistes locaux étaient les gentils et les Noirs les méchants, des « mercenaires » subsahariens ou des soldats gouvernementaux dopés au viagra – tous constituant une très grave menace potentielle pour les femmes arabes et tous, mais tous en grande partie des fictions de l’imagination des médias occidentaux.
14/09/2011. Un membre du Congrès exige que les rebelles libyens fassent l’objet d’une enquête pour crimes contre l’Humanité.
Le député Jesse Jackson, Jr., réagissant aux rapports publiés dans le Wall Street Journal, a réclamé une enquête de la Cour Pénale Internationale sur les massacres de Noirs libyens dans la ville de Taouergha.
Le député Jackson a également indiqué au Black Star News qu’il demanderait que l’aide des États-Unis à la reconstruction et à la transition démocratique en Libye ne soit pas inconditionnelle. Le Wall Street Journal a signalé en effet mardi que les rebelles de Misrata avaient incendié les maisons ayant a appartenu aux habitants majoritairement à la peau foncée de la ville de Taouergha, qui est maintenant abandonnée.
Un journaliste a vu certains de ces incendies volontaires et a écrit que les mots « esclaves » et « noirs » avaient été peints sur les murs des maisons désormais vides.
La population entière de la ville (10.000 habitants) a fui.
Dans un reportage publié antérieurement, le Wall Street Journal avait d’ailleurs signalé que les rebelles de la ville de Misrata avaient déclaré que Taouergha « n’existerait plus » et que les unités conduisant ces attaques avaient été appelées « Brigade pour nous débarrasser des Esclaves, et des Peau noire ».
Les rebelles de Misrata accusent les habitants de Taouergha, d’avoir servi de quartier général à l’armée syrienne lors du siège de leur ville. Le Journal fait également état d’un lourd contentieux historique, bien antérieur à la guerre civile, entre les habitats « blancs » de Misrata et les habitants majoritairement noirs de Taouergha.
Le Wall Street Journal de Mardi a également rapporté que le « premier ministre » du Conseil National de Transition, Mahmoud Jibril, à propos des atrocités des rebelles signalées dans Taouergha, aurait déclaré : « En ce qui concerne Taouergha mon avis est que personne n’a le droit de se mêler de cette affaire à part les gens de Misrata ».
Le député Jackson a vivement réagi et comme suit à la remarque de Jibril.
Le racisme sous la forme de purification ethnique, de massacre et de génocide, est injustifiable, où que ce soit dans le monde ou contre qui que ce soit. Il est évident que le Chef des rebelles, Mahmoud Jibril, reprend ici l’idée que le Sud a jadis utilisée pour défendre l’institution de l’esclavage – le 10e Amendement de notre Constitution – pour rétorquer en substance : « c’est une affaire intérieure à chaque État et qui relève du gouvernement local ».
Seumas Milne. Guardian.co.uk.
Mardi, Human Rights Watch a fait état de la découverte de 53 corps, de militaires et de civils, dans le dernier fief de Khadafi (Syrte), apparemment exécutés – leurs mains étaient attachées – par l’ancienne milice rebelle.
Son enquêteur en Libye, Peter Bouckaert, m’a signalé hier que toujours plus de corps continuent d’être découverts à Syrte, où les preuves suggèrent qu’environ 500 personnes, civils et combattants, ont péri, rien que pendant les 10 derniers jours, du fait des tirs des explosions d’obus ou des bombardements de l’OTAN.
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Le tout après un siège de deux mois et le bombardement aveugle d’une ville de 100.000 qui, avec l’appui de l’aviation et des forces spéciales de l’OTAN, a été réduite par les troupes rebelles victorieuses à un état destruction semblable à celui de Grozny. Et ces charniers sont seulement les plus récents de maintes découvertes semblables. Amnistie Internationale a maintenant fourni la preuve qu’il y avait eu des enlèvements et des détentions de masse, des tabassages et des tortures, des massacres et des atrocités, de la part des milices rebelles que la Grande-Bretagne, la France et les USA ont soutenues durant les huit derniers mois – en principe justement pour arrêter ce genre de crimes commis par le régime de Khadafi.
Tout au long de cette période, les immigrés africains et les Noirs libyens ont été victimes de vagues d’arrestations de masse, de lynchages et d’atrocités, sous le prétexte généralement infondé qu’ils avaient été des mercenaires au service du régime. De telles attaques continuent, indique Bouckaert, qui a vu des milices de Misrata brûler des maisons dans Taouergha afin que la population majoritairement noire de la ville – accusée d’avoir soutenu Kadhafi, – ne puisse y revenir.
Durant tout ce temps-là les responsables de l’OTAN et les médias aux ordres ont refusé de voir ces horreurs, occupés qu’ils étaient à se glorifier du triomphe de la liberté et à communiquer à propos du besoin de recourir à la force. Mais il est maintenant absolument évident que, si le but de l’intervention occidentale dans la guerre civile en Libye a vraiment été de « protéger les civils » et de « sauver des vies », alors elle a échoué de façon catastrophique.
Il va de soi que le discours des journalistes a peu à peu évolué, ce qui fait que sur la fin voire a posteriori (c’est plus facile alors) il n’y avait plus guère de décalage entre la réalité objective et la réalité selon eux, mais ce ne fut pas le cas dans la première partie du conflit où ils ne faisaient dans leur immense majorité que reprendre la langue de bois des coalisés de l’OTAN (pression, protection des civils, perte de légitimité, etc.) ce qui est donc par définition simplement de la propagande tout à fait analogue à celle à laquelle on a eu droit lors de la guerre livrée à Saddam Hussein pour cause d’armes de destruction massive).
Mais dans les médias français ou pour ce qui est des journalistes français, on a l’impression que c’est une autre guerre qui s’est déroulée là-bas (une deuxième Libye peut-être) qui ne correspond guère à la réalité des faits ainsi qu’à leur déroulement. En tout cas ce qui est certain c’est que l’Humain du XXIe siècle qui a scrupuleusement suivi les informations ou les nouvelles fournies par le prisme des médias français, du moins au début…… comprend moins que jamais pourquoi le conflit a fini ainsi en réalité. Sans doute parce que, comme l’a très bien dit le télégramme de l’ambassade américaine à Paris (révélé par Wikileaks), les journalistes français se croient intelligents, très intelligents (ils se prennent pour des intellectuels) ce qu’ils ne sont pas en réalité bien sûr, et se préoccupent moins d’informer objectivement de façon factuelle que de former (en sélectionnant et manipulant l’information discrètement pour orienter les idées du public dans leur sens) assis bien au chaud dans les fauteuils de leurs bureaux parisiens ou autres.*
Ce qu’il faudrait c’est une distinction évidente entre journalisme d’information (objective) et journalisme de combat ou engagé, car après tout, on a bien le droit aussi de prendre parti, mais à condition de ne pas mélanger les deux, ou de ne pas faire passer l’un pour l’autre (par exemple en utilisant des termes différents pour en parler ?). La première forme de journalisme étant bien formée mais aussi bien encadrée du point de vue de la déontologie, l’autre moins (liberté d’expression oblige : vive le premier amendement de la constitution !).
* Nous ne parlons pas ici de certains journalistes de terrain genre correspondants de guerre qui font courageusement leur travail et qui ne méritent pas cet opprobre.
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LE DÉSASTRE ABSOLU : LE TRAITEMENT MÉDIATIQUE
DE LA GUERRE CIVILE SYRIENNE.
Les prémisses du conflit.
Dans les années 1980, les dirigeants des USA et leurs amis saoudiens inondèrent de leurs largesses financières les combattants afghans et arabes du djihad antisoviétique. Ennemi mortel de l’empire moscovite, antidote au panarabisme laïc, opportun concurrent de la subversion chiite : les fins stratèges de la CIA ont prêté d’emblée toutes les vertus au djihadisme sunnite. Produit de la guérilla anticommuniste en Afghanistan, l’avènement d’Al-Qaida fut ainsi l’effet combiné de l’obsession antisoviétique et de la frayeur saoudienne devant la percée khomeïniste.
Mais cette inavouable coalition a fini par se dissoudre. Ben Laden a voulu régler ses comptes avec un commanditaire étranger, les USA, dont le succès régional télescopait sa propre vision du monde. Fruit vénéneux des amours entre la CIA et les djihadistes, l’épopée dévastatrice du jihad planétaire est née de ce retournement du monstre contre ses bailleurs de fonds. Scénario de rupture peu glorieux : Al-Qaida n’a été rayée de la liste des fréquentations occidentales qu’à partir du moment où Ben Laden a lui-même prononcé la fin de l’idylle. Le divorce n’a pas été consommé par un Occident moralement révulsé par le terrorisme, mais par les terroristes eux-mêmes, en raison d’une discordance entre leur agenda politique et celui de leurs associés.
La crise.
Nouveaux temps, nouveaux errements : en 2011 ont éclaté en Syrie des troubles qui, avec l’aide de l’argent et des appuis divers des grandes démocraties comme le Qatar les États-Unis l’Arabie saoudite la France la Bulgarie (euh non ça c’était pour la Lybie), etc.se sont rapidement mués en une guerre civile puis religieuse (avec participation tous azimuts de combattants étrangers), atroce. Les premières manifestations furent pacifiques (Deraa mars 2011), mais dans les suivantes (Banias avril 2011) des membres des forces de l’ordre furent abattus.
Depuis 2011, la France les USA et l’Arabie saoudite soutiennent une « opposition syrienne » sur laquelle la guerre a fait l’effet d’un révélateur chimique. Une fois effondré le décor en carton-pâte d’une coalition prétendument démocratique, la réalité a jailli à la face du monde : celle du djihadisme transnational de seconde génération. Fin 2012, pour justifier l’appui aux opposants à Bachar Al-Assad, le secrétaire d’État John Kerry avait encore l’outrecuidance de nier devant le Congrès américain la présence d’Al-Qaida (le Front Al Nosra) en Syrie. Aujourd’hui, c’est Barack Obama, élu en 2008 pour son refus des aventures militaires de l’ère précédente, qui mène à son corps défendant une « troisième guerre d’Irak ».
La chevauchée sanglante de « Daech » répéterait-elle, sur le mode parodique, la saga meurtrière d’Al-Qaida ? Sans les milliards de dollars déversés par les pétromonarchies arabes, l’organisation d’Abou Bakr Al-Baghdadi, en effet, n’eût pas assuré la succession tonitruante de celle d’Oussama Ben Laden, liquidé par les forces spéciales américaines en 2011. Et de même, sans l’appui multiforme des États-Unis et de leurs satellites occidentaux (France, Angleterre…) la guérilla antigouvernementale en Syrie, espérant en sa victoire prochaine, n’eût pas livré un combat à mort contre le régime, désastreuse fuite en avant qui ensemença le terrain sur lequel la violence tous azimuts des djihadistes allait prospérer.
Une croyance naïve en son étoile a conduit la rébellion syrienne à refuser le moindre compromis avec le pouvoir baasiste, encouragée dans son intransigeance par la vaste coalition internationale qui prophétisait encore, à l’automne 2013, la chute imminente du « boucher de Damas ». Imitant les « moudjahidines » triomphant du régime de Kaboul et des forces soviétiques trente ans plus tôt, les insurgés islamistes ont vu dans leur cohésion idéologique, combinée à l’appui des principales puissances occidentales et régionales, la garantie d’un succès retentissant.
Avant de se rétracter en mai 2013, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, s’opposant à l’administration Obama, avait refusé d’inscrire le Front Al-Nosra sur la liste des organisations terroristes. Pour quel motif ? « Ils font du bon boulot en Syrie », affirmait alors sans sourciller le porte-parole de la France sur la scène internationale. Et la seule loi du tribunal pénal international qui fut vraiment appliquée à la demande expresse du gouvernement français fut la loi de
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Brennus (malheur aux vaincus). Pour le reste le tribunal pénal international déshonore la notion même de justice en appliquant toujours également juste après la célèbre loi du deux poids deux mesures. On en a eu un contre-exemple flagrant durant cette guerre civile qui a ravagé la Syrie à partir de 2012. Les Kurdes du côté syrien étaient considérés comme de sympathiques héros gentils et intelligents, démocrates laïcs féministes progressistes pour les droits de l’Homme et tout et tout, les mêmes Kurdes du côté turc (PKK) étaient considérés comme d’abominables terroristes fricotant avec Al Quaeda, etc.
Alors qu’un tournant dans cette guerre venait de s’opérer (la reprise totale et définitive de la troisième ville du pays, ancienne capitale rebelle, Homs, et la prise de la dernière petite ville d’importance dans le sud du pays), les journalistes occidentaux sur la Toile ont trouvé le moyen de parler beaucoup plus abondamment et pendant trois jours de la (pseudo) conquête par les rebelles de la petite ville de Maarat entre Damas et Alep (en fait attaquée certes, mais jamais prise, du moins à ce moment-là, car ce fut le cas effectivement après).
Radio canada le 10 octobre 2012 : L’étau se resserre autour du régime syrien, des signes montrent que la marge de manœuvre de Damas est de plus en plus rétrécie… alors qu’au même moment et d’ailleurs le même article le reconnaissait, l’armée régulière syrienne achevait la reconquête de la troisième ville du pays et continuait sa progression dans la deuxième (Alep).
Ma question est donc simple : en quoi cette « information » (la pseudoconquête de Maarat par les rebelles, information inexacte à l’époque) a-t-elle pu aider le lecteur à se faire lui-même sa propre idée sur l’évolution militaire du conflit ?
On a vraiment l’impression que la recherche de la vérité n’est pas l’objectif premier de tous ces journalistes, on a vraiment l’impression que l’objectif premier de tous ces journalistes est plutôt de participer activement et même héroïquement au sauvetage du monde dans son éternelle lutte contre le mal, un manichéisme simpliste tout juste digne d’un enfant de 7 ans pas très doué qui plus est.
Plus généralement d’ailleurs on peut se demander (au-delà des moqueries ou des ricanements PERTINENTS ET BIEN À LEUR PLACE DANS UN TEL DRAME de toutes ces belles âmes), s’il était vraiment approprié pour des démocraties occidentales de faire avec autant d’acharnement et pendant des décennies le jeu des mouvements intégristes islamistes armés ?
Dieu veuille que notre sort ne repose jamais entre les mains de tels idiots utiles, car l’enfer est pavé de bonnes intentions !
Cet acharnement était tel qu’on avait l’impression par moments qu’il s’agissait d’un combat personnel désespéré de la part de journalistes prêts à tout y compris à se déshonorer ou à se ridiculiser pour aider à l’avènement d’un islam fondamentaliste et obscurantiste pur et dur dans ces pays. Schizophrénie ??)
De combien de morts mutilés ou torturés et de vies brisées sont moralement responsables les journalistes de cette trempe malgré leurs ricanements à l’encontre du régime en place par moments??
L’homme n’est ni ange ni bête et le malheur est que qui veut faire l’ange fait la bête l’enfer est pavé de bonnes intentions. Ces ricanements étaient-ils vraiment indiqués ?
Décrire les faits non pas tels qu’ils sont, mais tels que l’on voudrait qu’ils soient, intentionnellement afin d’induire en erreur ou en prenant ses désirs pour des réalités, est-ce former ou informer ?
Ce que je pointe ici du doigt ce n’est pas que certains en Occident (en gros tous les gens gentils et intelligents) ont à tout prix et presque jusqu’au bout voulu soutenir les islamistes radicaux armés…
Ce que j’entends stigmatiser ici c’est la stupidité de leurs analyses. Car un mensonge pour être efficace se doit d’être aussi intelligent (disons vraisemblable). Or leurs commentaires sur cette guerre étaient tout juste dignes d’un enfant de 7 ans, pas très doué qui plus est. Ce qui fait que le lecteur ou auditeur assidu de leurs « papiers » n’a certainement pas compris pourquoi finalement ce ne sont pas les doux gentils et intelligents démocrates laïcs qui ont gagné.
Moi par exemple qui suis bien pour le mal la maladie et la mort, un psychopathe dangereux torturant des petits enfants tous les matins à mon petit déjeuner, bref un sataniste hitléro-trotskiste (rayer la mention inutile), ignorant et dénué de toute intelligence (en général d’ailleurs ce en quoi mes critiques se différencient de moi, eux savent, et moi non) ; eh bien j’ai quand même assez de lucidité pour comprendre que le mal et Satan mon maître n’ont pas encore complètement partie gagnée sur terre, car il y a encore trop de gens comme mes contempteurs justement.
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Que les journalistes occidentaux et français notamment aient voulu à tout prix aider les djihadistes à installer la plus sanguinaire et la plus rétrograde des charias en Syrie est une chose (vouloir la charia pour les Syriens était leur droit), mais la sottise en est une autre.
Que de contradictions de sophismes d’angélismes de stupidités dignes d’un enfant de 7 ans, d’oublis, de contre-vérités, d’effroyable indifférence aux souffrances des hommes et des femmes n’appartenant pas au camp qu’ils se sont choisi, dans leurs articles ! Traduire et mal traduire en plus la communication d’un seul camp, ne saurait en aucun cas constituer ce que l’on peut attendre d’un vrai journaliste. Emballement médiatique psittacisme et panurgisme ne sont pas (par définition) de la réflexion en profondeur et avec recul historique.
Ce qui est triste à constater c’est que les journalistes, dans cette guerre en Syrie, au lieu d’aider le public à se faire son opinion et à y comprendre quelque chose ; ont en fait contribué à désinformer nos compatriotes avec comme résultat que personne n’a pu comprendre comment cela s’est terminé.
L’essor spectaculaire d’une organisation tenue pour quantité négligeable trois ans auparavant n’en finit pas de soulever des questions. Comment les financements en provenance des pétromonarchies ont-ils transité jusque dans les coffres de l’État islamique ? Jusqu’à quel point les services secrets occidentaux ont-ils participé, au nom de la lutte contre le régime de Damas, à l’armement de ses combattants ? Quel a été le rôle exact de la Turquie, aussi désireuse d’abattre Bachar Al-Assad que de réduire la résistance kurde ?
Si nous sommes et resterons longtemps ignorants des détails, il est évident aujourd’hui que la montée en puissance de « Daech » doit autant aux facteurs exogènes du conflit syrien qu’à ses données internes. Menant aussi loin que possible l’ingérence étrangère, les ennemis du régime de Damas sur la scène internationale n’ont pas ménagé leur peine pour légitimer, financer, armer et unifier la rébellion. Rééditant les errements de ceux qui financèrent le petit djihad antisoviétique en Afghanistan dans les années 1980, ces nouveaux apprentis sorciers ont accouché du monstre qu’ils vouèrent ensuite aux gémonies, comme s’ils n’avaient aucune responsabilité dans son irruption et pouvaient se laver les mains de ses turpitudes.
Concentré de violence extrême contre les minorités, les femmes et les « apostats » de toute nature, « Daech » est le fruit empoisonné des amours entre des puissances occidentales et des pétromonarchies corrompues qui distillent le venin de la haine interconfessionnelle. Son essor fulgurant n’est pas le fruit du hasard, mais le résultat d’une cynique répartition des tâches au sein d’une coalition internationale que cimente son hostilité commune à l’égard de Damas et de ses alliés : Téhéran, Moscou, le Hezbollah.
Les dirigeants occidentaux ont fourni les armes et l’orchestration médiatique d’une compassion à sens unique où les seules victimes sont celles dues à l’armée syrienne, alors même que le dernier bilan de l’OSDH (Observatoire syrien des droits de l’Homme), proche de l’opposition, fait état de 80 000 morts dans les rangs des forces du régime contre 60 000 combattants rebelles et 60 000 civils victimes des deux camps. Les pétromonarchies, elles, ont fourni et fournissent encore (plus discrètement) beaucoup d’argent, des combattants et une orchestration idéologique dont la teneur se résume à la haine recuite des chiites, des alaouites et des baasistes.
Contrairement à ce qu’écrit Peter Harling dans « Le Monde diplomatique », l’État islamique n’est pas le « monstre providentiel » qui permettrait à tous les acteurs de ce drame, sans exception, de se dédouaner de leurs responsabilités. Il est l’effet conjugué de l’effondrement de l’État irakien, laminé en 2003, et de la guerre civile syrienne, alimentée par les USA et leurs satellites depuis 2011. Il n’est pas plus la créature d’Assad qu’une manœuvre de Téhéran : les milliers de soldats de l’armée arabe syrienne et du Hezbollah tombés en luttant contre des djihadistes de 80 nationalités différentes suffisent à laver le président syrien de cette accusation grotesque.
Il n’est pas nécessaire d’être un partisan du régime du président Assad, mais simplement un observateur aimant la vérité pour être perplexe devant les récits d’atrocités liées à ce qu’il faut bien appeler la guerre civile de Syrie. Le nombre total de victimes (200 000, 300. 000?) est très incertain, comme il advient d’ailleurs dans toutes les tragédies de ce genre où bienheureux est l’observateur ou l’historien qui peut déjà avoir une idée du nombre de zéros.
L’autre question est de savoir qui est responsable de ces massacres.
ET LA ON S’APERÇOIT AVEC HORREUR QUE KATYN (1940) ET TIMISOARA (1989) N’ONT EN RIEN SERVI DE LEÇON AUX JOURNALISTES…………
Dès lors qu’il y a deux camps disposant d’armements létaux, on peut supposer, comme dans toutes les guerres, que le bilan est partagé, sans doute inégalement, mais partagé quand même, surtout si certains adversaires d’Assad se réclament d’Al-Qaida (le Front Al Nosra) ou de Daech, qui ne passent
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pas pour des organisations humanitaires. Mais dès lors que sont annoncées des atrocités, la presse occidentale, c’est-à-dire les journaux papiers à grand tirage et les grands médias audiovisuels (internet est à mettre à part) est quasi unanime à en imputer immédiatement la responsabilité au régime.
On relèvera par ailleurs que la principale source des organes de presse occidentaux, le prétendu Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), se résume à un homme, Rami Abdel Rahmane, opposant exilé depuis longtemps, résidant à Coventry.
Quand on annonce qu’il y a eu un massacre à Houla le 25 mai 2012 (108 morts, dont 49 enfants), il est à l’origine de l’information. Tel fut aussi le cas au début le 6 juin 2012 des 87 morts de Hama ou des 55 morts d’Al Koubeir.
Mais qui a lancé ces chiffres si précis et qui peut les certifier ? La presse occidentale a immédiatement accusé les forces du régime d’Assad alors même que cette ville était, semble-t-il, contrôlée par l’opposition. Les pays occidentaux et arabes ont aussitôt renvoyé les ambassadeurs de Syrie en représailles contre le pouvoir en place. Or les informations reçues depuis renforcent l’hypothèse que la responsabilité de ce massacre pourrait plutôt revenir aux opposants (si tant est que tous les cadavres exposés aient été ramassés sur place et non sortis de la morgue comme ce fut le cas à Timisoara). Les mêmes doutes existent pour la plupart des drames les plus médiatisés de ces dernières semaines.
Sans parler de l’utilisation d’armes chimiques constatée à l’est de Damas (dans la Ghouta) le 21 août 2013, le jour même où des enquêteurs de l’ONU étaient encore dans la capitale (depuis le 18 août) pour enquêter sur une affaire similaire ayant eu lieu à Khan Al-Assal quelques mois auparavant, très exactement le 19 mars 2013.
En formulant ces observations, nous ne disons ni que le régime d’Assad est innocent, ni même qu’il ne porte pas la part la plus lourde de la responsabilité des massacres. Mais qu’il en porte la responsabilité exclusive, que chaque fois qu’une atrocité est connue, il faille systématiquement la lui imputer, est pour le moins peu vraisemblable. D’autant que les vingt-cinq dernières années ont vu se multiplier, sur le thème humanitaire, des opérations de manipulation de l’opinion internationale de grande ampleur, chaque fois menées avec le plus parfait professionnalisme : Timisoara, le Kosovo, les prétendues armes de destruction massive de l’Irak, le Rouanda (où certes l’opinion internationale a été informée des massacres, mais pas de tous, ni même des plus graves). Admettons que la menace que le régime de Kadhafi faisait planer sur une partie de ses compatriotes ait été bien réelle et pouvait justifier une intervention, il reste que les dégâts causés par celle-ci -150 000 victimes, selon certaines sources – ne sont pas encore vraiment connus.
Le rôle du gouvernement français dans cette tragédie.
Fin août 2013 le président François Hollande alla même jusqu’à prendre la décision de bombarder Damas et les troupes de l’armée régulière syrienne. Obama heureusement a eu la sagesse et la prudence de ne pas le suivre.
La diplomatie française de l’époque échappait en effet à toute les normes de l’entendement par sa nullité et ses capacités illimitées de nuisance. Les politiques étrangères conçues à Paris, notamment quant à la Méditerranée orientale, ne visaient en aucun cas à la paix, mais cherchaient la guerre à tout prix. De telles politiques ne sont dès lors plus concevables qu’en termes polémiques. Le terme le plus approprié – car le plus proche de la réalité – serait sans doute celui de non-diplomatie, car il s’agit de toute évidence d’une contre diplomatie.
La diplomatie cherche généralement la paix, parfois la guerre, mais par des moyens qui lui sont propres et pour le second cas, dans des limites fixées par lois et coutumes régissant les rapports de forces entre nations. En tout cas c’est ce vers quoi ont tendu la plupart des peuples parvenus à un certain stade d’évolution. La « guerre fleurie » que pratiquaient les Aztèques afin de se fournir en bétail humain destiné au sacrifice, était elle-même codifiée au plus haut point. En ce qui concerne la diplomatie, interface entre des puissances potentiellement alliées ou antagonistes, le mensonge n’était appelé qu’à y tenir une place marginale, son usage n’intervenant a priori qu’exceptionnellement et à dose homéopathique.
Ne confondons donc pas le mensonge en diplomatie et la ruse de guerre, autrement dit “le viol des foules par la propagande” en tant qu’arme de destruction massive de l’entendement humain, du sens moral des sociétés et in fine, de l’âme des peuples. A contrario, en diplomatie, il s’agit davantage de gagner ses interlocuteurs à la cause que l’on défend que de leur forcer la main.
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À la rigueur s’agit-il de fausser leur jugement, mais ne confondons pas manœuvre dolosive et tromperie caractérisée. À ce titre la diplomatie est davantage un art de la conviction que de l’abus de confiance. Or aujourd’hui, précisément depuis 2003 et la diplomatie de la fiole de « charbon » brandie devant un Conseil de Sécurité médusé – mais incrédule – par le Secrétaire d’État Colin Powell, nous assistons à une mutation dégénérative de la diplomatie mêlant la guerre subversive, l’inversion accusatoire, la distorsion interprétative de la légalité internationale et la transgression de ses principes juridiques fondateurs. Partout nous voyons la trahison des Traités se systématiser à bas bruit assortie d’un usage immodéré des Services spéciaux. Sans abus de langage, il est loisible de parler de monde orwellien où la paix signifie la guerre… À ce titre il faut comprendre que les forces d’interposition ou de maintien de la paix sont des acteurs dans des guerres travesties aux couleurs humanitaires… souvent d’ailleurs sous couvert de révolutions colorées ou de printemps des peuples. Comprendre cela constitue le b-a-ba lexical nécessaire pour une lecture élémentaire des temps présents.
Il est vrai qu’aucun coup bas n’est a priori interdit à qui veut vaincre. Cela reste à voir ! La fin ne justifie qu’exceptionnellement tous les moyens. Certes la morale des États ne saurait se réduire à la morale des individus, mais elle existe néanmoins quelque part, aussi serait-il opportun de s’en souvenir. N’est-ce pas d’ailleurs précisément au nom de la morale et de l’humanitarisme que le samedi 31 août 2013, quatre jours avant le sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, le monde a failli – à un cheveu près – connaître un nouvel embrasement… en France les ordres avaient été transmis et n’eut été la volte-face de dernière minute du président Obama à la suite d’une gaffe programmée à la fin d’une conférence de presse de son Secrétaire d’État Kerry, nous étions repartis comme en 1940.
Des guerres dévastatrices, mais jamais légalement « déclarées ».
Dans l’affaire syrienne on voit bien que la diplomatie s’adosse aux Services Spéciaux, et qu’ils y jouent un rôle majeur voire déterminant puisque ce sont eux qui orientent le cours des événements sur le terrain et alimentent les diplomates en arguments de plus ou moins mauvaise foi, fournissant l’habituelle logorrhée des arguties bellicistes, de celles qui s’étalent dans les champs d’épandage médiatiques. Des Services que l’on nommerait à tort « de renseignement », puisque leur fonction est désormais moins d’informer les autorités compétentes de la situation exacte dans tel ou tel pays, en apportant au politique des données objectives, voire neutres sur les rapports de forces, les théâtres d’opérations, que d’intervenir activement aux côtés de l’un des belligérants. En l’occurrence, dans le cas syrien – comme en Libye – une rébellion que l’on a soigneusement armée et encadrée (télécommunication, logistique) dans le cadre d’une guerre non déclarée, mais bien effective… pour la défense dont on ne sait quels obscurs intérêts.
Car c’est bien là que le bât blesse. À part le sempiternel lamento des droits de l’homme, quels intérêts défendons-nous en combattant aux côtés – ou au service – de la Turquie islamiste et des pétromonarchies wahhabites, intégristes et structurellement violentes ? Dans ces conditions le renseignement ne remplit plus son rôle à la marge – c’est-à-dire sous-jacent à l’action politique, diplomatique et in fine militaire – mais détient motu proprio une capacité opérationnelle combattante. Jusqu’à acquérir une autonomie constituant une menace pour l’État lui-même… ce qu’illustre avec profusion la surabondante filmographie hollywoodienne exploitant ce thème.
Quant à leur rôle d’opérateurs souterrain – mais avec implication directe – dans la genèse et le développement des conflits actuels, et sans remonter jusqu’aux sales guerres du Laos et de Cambodge, rien de nouveau sous le soleil. Cependant, entre 1979 et 1989, années de l’affrontement soviéto-afghan, la participation conjointe des Services américains et séoudiens en soutien à la Légion arabe d’Oussama Ben Laden et aux fondamentalistes wahhabites de Gulbuddin Hekmatyar [pour un débours avoisinant les 7 milliards de dollars sur dix ans], se fit par le truchement de l’ISI pakistanais [Inter Services Intelligence]… et encore s’agissait-il d’une guerre ouverte ne visant pas de façon inavouée comme en Syrie au renversement d’un régime légal, membre de la Communauté des Nations. Régime dont la légitimité n’a pas été fondamentalement remise en question en ce qu’après deux ans et demi de guerre, le pouvoir baasiste de Damas était de toute évidence, toujours soutenu par une majorité de Syriens de toutes obédiences confessionnelles……………
Bref, la façon dont les médias en général ont couvert la récente guerre civile ayant déchiré la Syrie à partir de 2011 prouve qu’on ne peut pas leur faire confiance pour ce qui est des prochains défis à relever par l’humanité, vu la médiocrité de leur niveau intellectuel (ils sont bêtifiants) et de leur intégrité morale.
Le manque d’objectivité des médias français ayant eu à traiter de cette guerre a de quoi donner la nausée. C’était plus de la désinformation que de l’information. À croire qu’ils militaient tous pour la venue au pouvoir là-bas d’un islam pur et dur fondé sur la charia. Les « informations » étaient toujours
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données du point de vue des rebelles, jamais du point de vue des forces loyalistes, les massacres commis par les rebelles n’étaient que très rarement évoqués, voire souvent attribués aux forces gouvernementales. Il est difficile de faire plus manichéen. La parole n’était pratiquement jamais donnée aux victimes des rebelles or un tel manichéisme ne peut pas rendre compte de la complexité du réel : comme le dit le proverbe : l’enfer est pavé de bonnes intentions. Les journalistes français comme en Irak quelques années plus tôt nous ont d’ailleurs refait le coup des armes de destruction massive pendant plusieurs jours.
Le problème du petit monde des médias français aurait pu dire Vauvenargues, c’est que l’orgueil de ses journalistes, persuadés de leur supériorité intellectuelle et morale, désireux de vivre en héros, ou du moins du côté d’authentique héros, a pour résultat qu’ils sont psychologiquement incapables d’apprendre ou de tenir compte des réalités, passées. Le précédent libyen aurait dû leur servir de leçon, mais non, ils ont remis ça en ce qui concerne la guerre en Syrie. Il existe des permis de port d’armes. Il devait exister des permis d’informer. Ou alors il faut bien distinguer le journalisme d’opinion, qui est parfaitement légitime, y compris dans ses jugements de valeur les plus sévères, du journalisme d’information qui devrait quand même être tenu à un peu plus d’objectivité.
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AUTRES EXEMPLES SUR LE RÔLE NÉFASTE DES MÉDIAS DANS L’ÉVOLUTION D’UNE GUERRE (la désinformation).
La guerre en Ukraine en 1941.
Une historienne allemande Harriet Scharnberg, a démontré que, dans les années 1930, l’Associated Press (AP) avait accepté de publier des informations approuvées par le régime nazi en échange d’une autorisation de pouvoir travailler en Allemagne.
La participation de l’AP à la propagande nazie est particulièrement claire dans le cas de l’invasion de la ville de Lvov, en Ukraine, en juin 1941. Après la découverte de tueries perpétrées par les troupes soviétiques, les forces nazies ont organisé des pogroms contre la population juive de la ville.
Or, à ce moment, l’AP n’a diffusé que des photos des tueries effectuées par les Soviétiques dans les prisons de Lvov, des photos de Franz Roth choisies par Hitler lui-même :
« Au lieu de publier des photos des pogroms de Lviv, qui ont duré plusieurs jours et fait des milliers de victimes juives, la presse américaine n’a eu accès qu’aux photos des victimes de la police soviétique et des criminels de guerre de l’Armée rouge, a expliqué Harriet Scharnberg au Guardian. Dans cette mesure, il est exact de dire que ces photos ont contribué à masquer la vraie nature de la guerre menée par les Allemands. »
CES PHOTOS ONT DONC CONTRIBUÉ À MASQUER LA VRAIE NATURE DE LA GUERRE MENÉE PAR LES ALLEMANDS.
Contacté par le Guardian, un porte-parole de l’AP a déclaré qu’il ne s’agissait pas de collaboration délibérée avec le régime nazi, mais qu’il serait plus juste de dire que l’AP était alors « sous intense pression du régime nazi »…
IMPORTANCE DONC DU CHOIX DES PHOTOS DES MOTS DU MOMENT.
Le conflit dans le sud de l’Ukraine à partir de 2014.
Jean-François. Kahn. Journaliste et patron de presse.
Prenez la manière dont la presse traite, par exemple, de la crise ukrainienne. Ce qui se passe en Ukraine est infiniment complexe. Or, quand vous lisez les journaux français, c’est binaire, simpliste, enfantin, manichéen, avec d’un côté des mauvais absolus et de l’autre des bons formidables. Si les gens en Crimée sont majoritairement pour le détachement d’avec l’Ukraine, est-ce une honte ? Peut-être que ça l’est, au nom de l’intangibilité des frontières, mais comment s’en offusquer quand on a, par ailleurs, soutenu qu’il fallait arracher le Kosovo à la Serbie !
C’et entendu Vladimir Poutine est un affreux. Il a, sans coup férir, occupé l’an dernier la Crimée (comme jadis Catherine II) et ose aujourd’hui se mêler spectaculairement des affaires de l’Orient compliqué : il dépêche ses cosaques aériens dans le ciel syrien. Chaque jour, les esprits les plus éclairés, les âmes les plus immaculées, les meilleurs spécialistes en chambre fulminent des anathèmes contre ce nouveau tsar ivre de puissance. Ils décortiquent ses intentions nécessairement malfaisantes, scrutent ses arrière-pensées obligatoirement maléfiques.
Scandale ! Que les Américains, les Français, les Iraniens, les Turcs, les Saoudiens, les Qataris et quelques autres plus discrets s’ingèrent, avec le succès que l’on sait, dans la sanglante pétaudière syrienne, quoi de plus normal. Mais les Russes ! Quelle légitimité ont-ils donc d’intervenir, ces bouseux de moujiks ? Et ce Poutine avec ses mauvaises manières ! On croirait parfois remonter le temps : en 1717, quand, sous la Régence, Pierre le Grand visita la France, les courtisans, déjà, se pinçaient le nez face au comportement de soudard du tsar de toutes les Russies…
Évidemment, à regarder de plus près, Moscou estime avoir quelques raisons pas plus mauvaises que d’autres d’expédier ses Sukhoï en Syrie.
Pour en revenir à l’Ukraine, j’avoue que l’incroyable guerre civile qui a déchiré ce pays en 2014 m’a personnellement laissé sans voix, car elle a illustré jusqu’à la caricature à quel point les médias de certains pays pouvaient systématiquement pratiquer le « deux poids deux mesures ».
L’observateur de bonne foi hésite toujours à mettre un tel TOC sur le compte de la simple bêtise ou inculture des professionnels de ces métiers non manuels par définition.
À tout le moins faudrait-il peut-être y ajouter le facteur orgueil ou « égo démesuré » des intéressés.
Cette folie collective qui s’est alors emparée de certains hommes politiques ou de certains journalistes pose problème. Surtout pour les médias dont le rôle est en principe d’informer objectivement les citoyens afin qu’ils se fassent eux-mêmes leur propre opinion et non de jouer les va-t’en guerre.
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Face à un tel panurgisme dans la stupidité la plus écœurante ou la plus lâche (quasi silence sur les exactions ou les crimes des uns, signalement systématique des dérapages ou crimes isolés des autres), m’est alors revenue en mémoire l’étude de Gustave Le Bon sur la psychologie des foules y compris organisées et structurées (la loi sociologique de l’alignement systématique, hélas, sur les comportements les plus primaires des individus composant la foule même organisée.
Si l’on tente d’y voir clair dans les mécanismes médiatiques à l’œuvre dans ces affaires, on pourrait les ramener à deux ressorts sociologiques simples touchant les journalistes de profession, spécialement les plus jeunes.
Le premier c’est le manichéisme qui les pousse à chercher dans toute situation nécessairement complexe des bons et des méchants. Cette approche présente pour eux plusieurs avantages : elle permet de comprendre vite (ou d’avoir l’impression de comprendre) une situation compliquée ; elle fait de chaque journaliste un missionnaire ou un justicier, non seulement rapporteur de faits, mais un agent du bien et, ce faisant, elle coïncide assez avec la psychologie de grand adolescent idéaliste qui est souvent celle du correspondant de guerre. Enfin, il est bien connu que présenter les choses, que ce soit dans un article ou dans un livre, en noir et blanc, à la manière d’un film d’aventure, attise l’attention du public, là où une présentation toute en nuances pourrait l’ennuyer.
Le second ressort est que le traitement particulier dont bénéficie la profession (existence de services de presse, de correspondants attitrés, d’hôtels réservés pas trop loin du front, conférences de presse) fait que les journalistes, de quelque pays qu’ils viennent et de quelque bord qu’ils soient, vivent ensemble et que celui qui débarque sans savoir où sont les bons et les méchants le demandera aux autres et aura vite fait de se rallier à l’opinion commune. Manichéisme et instinct grégaire (comme dans la célèbre histoire des moutons de M. Panurge et non comme dans l’histoire de la chèvre de M. Séguin) semblent être les deux mamelles de l’information de guerre.
Et si les mécanismes de travestissement des faits que nous venons de décrire sont mis en place, l’enquête de terrain est à peine nécessaire. Si l’on apprend qu’à tel endroit un massacre a été commis, il n’est plus nécessaire d’enquêter pour savoir qui en est responsable : ce ne peut être que le camp du méchant. Le correspondant de presse qui se fonde sur une idéologie manichéenne et l’unanimité de sa corporation n’a plus besoin de faits, il peut se contenter de ce que Kant appelait les jugements synthétiques a priori.
Outre qu’elle déforme la vérité, on voit au passage à quel point une telle attitude est potentiellement criminelle (complice) ou criminogène.
Les combattants qui ne sont pas nés de la dernière pluie et connaissent à fond ces mécanismes, ont intérêt aujourd’hui à perpétrer le maximum d’atrocités : puisque celles-ci seront mises sans examen sur le compte de leur adversaire, chacune d’elle sera une victoire psychologique de plus.
On pourrait arrêter là l’analyse et se contenter de mettre en cause la sociologie d’une profession particulière. Ce serait un peu court. Car, il faut bien le dire, ce mécanisme ne marche pas dans n’importe quel sens : il joue aujourd’hui toujours contre l’État, le régime ou la faction opposés aux…(sauf peut-être pour ce qui touche à la Palestine.) L’Arabie saoudite, les émirats du Golfe sont tout sauf des États démocratiques : des femmes y sont lapidées régulièrement, les élections n’y sont pas truquées puisqu’il n’y en a pas, les tentatives de révolte y sont réprimées dans le sang. Mais ce sont des alliés… et si des faits de ce genre sont à l’occasion rapportés, ils font au total peu de bruit, passant davantage pour des accidents de parcours que pour l’expression de régimes criminels.
Ce caractère unilatéral ne se résume donc pas à une simple donnée sociologique inhérente aux milieux de l’information. La vérité réalité c’est que l’information est devenue une arme de guerre. Et comme telle, elle fait appel aux techniques les plus sophistiquées. Elle se trouve manipulée par des gens qui en possèdent tous les ressorts et jouent sans doute comme sur du velours sur la naïveté et l’idéalisme de jeunes journalistes. Le paradoxe est que la plupart de ces correspondants de presse sont orientés à gauche, c’est-à-dire que, pris un à un, ils sont sans doute opposés à la suprématie américaine, critiques de la finance internationale qui la sous-tend, de la prison de Guantanamo ou de l’utilisation abusive de drones, etc.
CONCLUSION.
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« Les tribus-états considérées comme gérant le mieux la chose publique, ont des lois ordonnant que, si quelqu’un a entendu par la rumeur ou sur la foi de ses voisins, quelque chose concernant le bien public, il doit en faire part au magistrat, et à nulle autre personne, car il a été constaté maintes fois que des hommes inconsidérés ou inexpérimentés, sont souvent alarmés par de fausses informations, et conduits à réagir de façon impétueuse, ou prennent alors des décisions hâtives dans les affaires de la plus haute importance. Les magistrats gardent secret ce qu’ils pensent devoir cacher, en ne livrant à la masse que ce qu’ils croient utile de divulguer. On n’a le droit de parler des affaires publiques qu’en prenant la parole dans le conseil » (César. B.G. Livre VI, chapitre XX).
Le texte de César était pourtant clair, il s’agissait effectivement de la part de ces tribus-État celtes d’assainir l’information avant qu’elle ne parvienne aux masses, et ce qui était d’abord visé c’était…
— Les fausses nouvelles.
— Les décisions prises sous le coup de l’émotion * et non après mûre réflexion.
Il importe donc de dénoncer haut et fort le dévoiement opéré de nos jours de ce très louable souci…
— D’éviter les fausses informations
— D’éviter les décisions prises sous le coup de l’émotion * et non après mûre réflexion.
*La tare congénitale des médias est l’infantilisme. Rappelons à ce sujet ce que la classe médiatico – politique française a répété jusqu’à la nausée début septembre 2015 à propos de la noyade en Turquie du petit Aylan Kurdi, l’empathie n’est pas la première des émotions, la première et la plus forte des émotions est LA PEUR.
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DE LA VÉRIFICATION DES FAITS.
La vérification systématique des faits est une méthode consistant à vérifier et valider l’exactitude des chiffres, des informations et des affirmations énoncés dans un texte ou un discours.
Mais soumettre les discours politiques à l’épreuve des faits ne suffit pas, car une telle démarche peut elle aussi pécher par peur d’avoir l’air partisan.
Le tournant décisif pour ces « vérificateurs » – qui passent au crible les affirmations ou promesses des hommes politiques et s’attachent plus généralement à vérifier les faits – fut le prestigieux prix Pulitzer attribué en 2009 à PolitiFact.com qui avait suivi de très près la campagne présidentielle américaine de 2008 opposant Barack Obama et John McCain.
Mais s’il est salué par beaucoup, ce nouveau pan du journalisme n’en échappe pas pour autant aux polémiques et aux critiques qui visent le monde médiatique.
Prix Nobel d’économie, Paul Krugman, dont certaines des affirmations avaient été mises en cause par PolitiFact, l’avait résumé de manière cinglante dès 2011 : « Les gens de PolitiFact sont terrifiés à l’idée d’avoir l’air partisans s’ils disent qu’il y a beaucoup plus de mensonges d’un côté du spectre politique que de l’autre. Du coup, ils se tiennent en retrait pour avoir l’air équilibrés – et en faisant cela, ils deviennent inutiles et perdent leur pertinence ».
« Il est difficile d’établir des faits de telle manière que personne ne trouve rien à y redire », pointe Lucas Graves, professeur de journalisme à l’université du Wisconsin. « Et c’est particulièrement vrai quand il s’agit du type de faits avec lesquels se débattent les hommes politiques. Tous les vérificateurs avec lesquels j’ai parlé en conviennent, et estiment que leur travail relève autant de l’art que de la science ».
Entre la réalité du monde dans toute sa complexité (car il y a complexité du réel), et le simple citoyen ; notre actuelle classe médiatico-politique, ce nouveau conformisme planétaire, un peu comme les pharisiens des 4 évangiles, au lieu d’informer, comme elle se devrait, forme, les citoyens à ses simplistes et manichéennes absences de raisonnement ou à réflexes conditionnés, une configuration d’ailleurs niveau cour de récréation pour enfants de 6 ans ; en euphémisant PAR EXEMPLE l’exploitation de l’Homme par l’homme * sous les noms de libéralisme, économie de marché, économie de l’offre ; ainsi que la loi de la jungle ou la lutte planétaire de tous contre tous, rebaptisée par ces journalistes « pharisiens » mondialisation. **
Nos lointains ancêtres spirituels avaient donc bien raison de vouloir remédier à une telle situation puisque, comme le dit César « Les tribus-états considérées comme gérant le mieux la chose publique, ont des lois ordonnant que, si quelqu’un a entendu par la rumeur ou sur la foi de ses voisins, quelque chose concernant l’État, il doit en faire part au magistrat, et à nulle autre personne, car il a été constaté maintes fois que des hommes inconsidérés ou inexpérimentés, sont souvent alarmés par de fausses informations, et conduits à réagir de façon impétueuse, ou prennent alors des décisions hâtives dans les affaires de la plus haute importance » (Livre VI. Chapitre XX).
Il importe donc plus que jamais de construire un Homme Nouveau par retour au meilleur de l’Ancien. Par retour au meilleur de l’Ancien construire un Homme nouveau, car, ainsi que l’expliquait jadis feu mon vieux maître le regretté polémologue Gaston Bouthoul, « La naissance d’un jugement de valeur est rarement une véritable invention au sens de création d’un concept nouveau. Elle consiste en général à déplacer la frontière entre le sacré et le profane ou à reclasser des valeurs dans un nouvel ordre hiérarchique »(Traité de sociologie tome II).
Ainsi que le rappelle très bien Eugène Volokh, la liberté d’expression ne doit souffrir que d’infimes exceptions et les discours de haine n’en font même pas partie. Du moins aux États-Unis.
Les idées haineuses (quoi que cela puisse exactement signifier) sont tout autant que les autres idées placées sous la protection du Premier amendement.
On a le droit de condamner l’Islam – ou les musulmans, ou les juifs, ou les noirs, ou les blancs, ou les immigrés clandestins, ou les citoyens de naissance – tout autant que de condamner le Capitalisme ou le Socialisme ou les Démocrates ou les Républicains.
Assurément, il y a quelques types de propos non couverts par le Premier Amendement. Mais ces exceptions très limitées n’ont rien à voir avec les « discours de haine » au sens habituel du terme.
— Il existe par exemple une exception pour les provocations, les insultes personnelles face à face adressées à une personne spécifique, susceptibles de déclencher une bagarre immédiate. Mais cette exception ne se limite pas aux insultes raciales ou religieuses ni même ne recouvre la totalité des jugements de valeur négatifs en ce qui concerne les races ou les religions.
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La provocation n’est pas généralement considérée comme un « discours de haine », et ne correspond à aucune définition légale du « discours de haine »).
Il en va de même pour les autres très étroites exceptions que sont les vraies menaces d’infraction ou les incitations destinées à susciter, ou susceptibles de susciter, sur le champ, des infractions. En effet, menacer de tuer quelqu’un parce qu’il est noir (ou blanc), ou inciter intentionnellement quelqu’un à s’en prendre sur le champ à quelqu’un parce qu’il est musulman (ou chrétien ou juif) peut être assimilé à un crime. Mais non parce que c’est un « discours de haine » ; parce qu’il est illégal de menacer sérieusement et d’inciter à commettre immédiatement des crimes contre quelqu’un et quelle que soit la raison, par exemple parce que ce sont des policiers ou des capitalistes ou juste quelqu’un qui couche avec l’ex-petite amie de celui qui parle.
— Les « lois contre le harcèlement » ne criminalisent pas les discours tenus dans la société en général, mais s’applique uniquement à des contextes particuliers, tels que les lieux de travail. Aucune d’entre elles ne vise spécifiquement « les discours de haine ».
Les « discours de haine » n’ont aucune définition juridique précise. Le droit n’a jamais défini le « discours de haine » – pas plus qu’il n’a défini la violence, le mal, les discours antipatriotiques, ou tout autre propos que nous pouvons condamner, mais qui ne constituent pas une classification légale pertinente.
Ceux qui polémiquent à ce sujet devraient reconnaître qu’ils réclament en réalité un changement du Premier Amendement, et devraient dire en quoi précisément consisterait ce changement, il serait ainsi possible d’en évaluer l’ampleur de façon réfléchie. Les appels à une nouvelle exception au Premier Amendement visant les « discours de haine » ne devraient pas seulement se référer à la notion jusque-là non définie de « discours haine » – ils devraient expliquer précisément quelles opinions le gouvernement aurait le droit de prohiber, quelles opinions demeureraient légales, et comment juges, jurys, et procureurs, seraient censés faire la distinction entre les deux. Affirmer « ceci ne relève pas de la liberté d’expression, mais du discours de haine » ne suffit pas.
Commentaire personnel de l’auteur de cette compilation. Il faudrait peut-être quand même élargir quelque peu le domaine d’application des deux exceptions mentionnées ci-dessus. Un tout petit peu.
Il faut donc se résoudre à se salir les mains, c’est-à-dire à combattre vigoureusement l’ennemi sur son propre terrain plutôt qu’à le diaboliser sans relâche. Et pour ce faire nous reviendrons sur le sujet au moyen de deux ou trois cahiers de notes consacrés aux ensembles COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD.
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LES JOURNALISTES FACE AUX DÉFIS DE NOTRE TEMPS.
Dans sa prière sur l’Acropole à lui, une splendide conférence prononcée à Athènes en 1955, Albert Camus distingue la tragédie, où les forces qui s’affrontent sont toutes légitimes, du mélodrame, où il n’y en a qu’une qui soit justifiable : « Antigone a raison, mais Créon n’a pas tort. De même Prométhée est à la fois juste et injuste, et Zeus qui l’opprime sans pitié est aussi dans son droit. La formule du mélodrame serait en somme : « Cela seul est juste et justifiable », et la formule tragique : « Tous sont justes et personne n’a tort ». C’est pourquoi le chœur des tragédies antiques donne toujours des conseils de prudence. » Mais Alain Finkielkraut ajoute qu’aujourd’hui, vu ce qui s’est passé en Europe de 1933 à 1945 (Shoah par balles, camps de la mort… Raoul Hilberg 5100 000 victimes) le chœur tragique est devenu muet : le manichéisme moral se répand à nouveau, la vigilance antinazie assure la domination sans partage du mélodrame et tout le monde il est beau il est gentil sauf…… car le mal tout le monde est contre, mais le premier des maux de notre Humanité depuis que le monde est monde malheureusement est que ce ne sont que des conceptions différentes du bien… qui s’y affrontent. Son second malheur est que ceux qui savent ne parlent pas et que ceux qui parlent ne savent rien ! En latin qui sciunt tacent, qui loquuntur nihil sciunt, etc.
On ne dira jamais assez le rôle profondément néfaste joué dans ce pays par les intellectuels ou les hommes de média (journalistes, vedettes du monde du spectacle, sociologues). Trop d’informations tuent l’information. La surabondance actuelle d’informations est un voile qui nous empêche de nous y retrouver. Nous savons de plus en plus de choses sur des choses insignifiantes. Et d’ailleurs on ne peut que s’interroger sur le degré réel d’intelligence de tous ces beaux esprits qui ont pu croire un instant ou toute leur vie que la somme des égoïsmes individuels (Mandeville la fable des abeilles) pouvait aboutir à autre chose qu’à la loi du plus fort grâce à l’intervention d’une « main invisible » (Smith). À moins qu’il ne se soit simplement agi du cynisme éhonté de petits salauds ! Il est de bon ton chez certains (une petite minorité pour l’instant) de se gausser des billevesées archaïques de l’Anglais Adam Smith à propos de l’économie de marché ou du libéralisme ; mais il ne faut pas oublier non plus la prodigieuse bêtise, quant au fond, de la théorie du Hollandais Mandeville énoncée en 1714, avec sa fable des abeilles (les vices des particuliers sont les éléments nécessaires du bien-être et de la grandeur d’une société ; dit autrement dit : il ne faut en rien entraver la recherche égoïste de l’intérêt personnel, car c’est elle qui produit la richesse publique). Mais ce qui est scandaleux, ce qui est une aberration, ce ne sont pas tant les dépenses somptuaires que l’argent qui dort, ou qui part en fumée (destructions guerre obsolescence programmée), bref ce qui ne produit ni richesses matérielles palpables, ni richesses spirituelles, ni services vraiment utiles.
L’utilité des dépenses somptuaires ou l’utilité sociale de l’égoïsme est un sophisme qui ne peut avoir une apparence de vérité que dans un monde où est possible une croissance infinie de la production de richesses ; et non dans un monde caractérisé par la finitude des ressources vitales dans tous les grands domaines : en énergie fossile, en eau, et ainsi de suite…) Cela commence même à être admis par nos grands argentiers.
Alan Greenspan a lui-même reconnu qu’il avait peut-être fait une erreur en croyant que le sens de leurs intérêts particuliers chez les banquiers pouvait être la meilleure protection qui soit, pour tout le monde.
L’autoharmonisation des intérêts les plus égoïstes est un mythe aux conséquences toxiques et délétères. Quand le sage montre la lune du doigt, l’intellectuel français regarde le doigt. Les intellectuels français, les journalistes français, les responsables politiques français, seront-ils les derniers à le découvrir et à faire partager à leurs lecteurs, à leurs auditeurs, à leurs téléspectateurs, ce nécessaire retour à la réalité ou au bon sens ? Nous avons besoin d’un monde où il sera nécessaire, comme naguère encore, de vivre plus simplement et de se recentrer sur la production des biens de première nécessité ; qui ne soit plus caractérisé par le laisser-faire, parce que laisser-faire, c’est le laisser faire les égoïsmes les plus dangereux pour l’avenir de notre espèce, cette espèce humaine, dont nous faisons tous partie.
Face au nazislamisme, face à ce nouveau fascisme vert, traumatisées par la bête immonde, abruties au « plus jamais ça », les grandes âmes occidentales, loin de l’esprit de notre actuel premier amendement, ont en effet opté pour la mise sous tutelle de la parole au moyen d’un solide arsenal juridique permettant la mise au ban immédiate de toute pensée jugée « nauséabonde », sans passer par la case « déconstruction ». Puisque contre-argumenter reviendrait implicitement à légitimer, on préfère le procès en sorcellerie ou le maccarthysme à la dispute civilisée, convoquant à tour de bras « les heures les plus sombres de notre histoire » pour disqualifier d’entrée de jeu le « puant » adversaire.
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L’idée reçue conformiste dominante dans l’intelligentsia française (l’émission… en est par exemple une très bonne illustration, aucun athée radical n’y est jamais invité dans ce cas) est qu’il y aurait deux islams, le vrai, qui ne serait qu’amour fraternité paix tolérance liberté de pensée de culte et… et le faux qui ne serait que… (tout le contraire, du Coran des hadiths de la biographie de Mahomet ou des déductions des premiers penseurs normatifs de l’islam).
Dans notre pays les intellectuels de cette classe (la classe médiaticopolitique) sont si médiocres… qu’elle traite les symptômes au lieu de traiter les causes, et qu’elle se laisse berner par les sophismes du premier des prêcheurs ou bonimenteurs venus.
Cette médiocrité ou naïveté confondante des intellectuels de notre pays explique sans doute son déclin voire sa disparition du sein du concert des nations.
Nos élites, outre le fait qu’elles s’en prennent à ceux qui donnent l’alarme en sonnant le tocsin au lieu d’arrêter les incendiaires déguisés en agneaux ; s’en prennent aussi aux symptômes au lieu de s’en prendre aux causes.
C’est pourquoi cette publication aura pour but de stigmatiser certaines conceptions des religions de masses d’aujourd’hui, et notamment, oh certes pas votre islam, cher lecteur, mais le faux islam dont les 6 piliers sont.
1) Le Coran et notamment ses versets abrogeant.
2) Les hadiths et notamment ceux qui légitiment les plus graves atteintes aux droits de l’Homme.
3) L’imitation intégrale de la vie de Mahomet y compris dans ce que Mahomet a fait de plus contestable.
4) Les déductions en ce qui concerne la vie concrète et quotidienne (les rapports avec les autres communautés la guerre le statut des femmes, etc.) tirées de ces trois précédentes sources, que l’on regroupe sous le nom générique de charia, par différents auteurs.
5) La jurisprudence.
6) Les différentes Écoles de droit (madhab). 4 Sunnites (hanafisme malékisme chaféisme hanbalisme) et 4 chiites (ismaélisme, jafarisme, zaïdisme, duodécimains) plus quelques autres très minoritaires.
Tout le monde connaît ou du moins devrait connaître la célèbre anecdote de l’Anglais débarquant à Paris et qui, voyant la première Française de sa vie, note aussitôt dans son carnet intime : « Les Françaises sont rousses ».
Mettez « journaliste français » à la place de « Anglais » et vous avez là une excellente description de 95 % de la classe médiaticopolitique de notre pays (ce qui explique que certains défis de la plus grande importance ne pourront jamais être vraiment relevés, nos intellectuels luttant plus contre les symptômes que contre les causes de certains des maux qui nous affligent).
Dieu se rit des créatures qui déplorent les effets dont elles chérissent les causes. L’imbécilité du raisonnement, courante chez nos intellectuels, vient également souvent du fait qu’ils comparent ou mettent sur le même plan des éléments (des prémisses) qui ne sont pas comparables ou qui ne sont pas à mettre sur le même plan, en oblitérant les différences lourdes conséquences. Le fait de renvoyer systématiquement dos à dos les uns ou les autres sans approfondir ni chercher à comprendre (donc en faisant preuve en fait de beaucoup d’ignorances) explique beaucoup des « raisonnements » imbéciles de nos élites.
Ils mettent par exemple sur le même plan le comportement des Croisés au Moyen-Orient QUI ÉTAIT EN CONTRADICTION AVEC LEURS TEXTES FONDATEURS (les 4 évangiles) et le comportement des djihadistes (QUI EST CONFORME A LEURS TEXTES FONDATEURS : LE CORAN LES HADITHS LA VIE DE MAHOMET).
On ne dira jamais assez le rôle profondément néfaste joué dans ce pays par les intellectuels ou les hommes de média (journalistes, vedettes du monde du spectacle, sociologues). Cf à titre d’exemple, la manifestation qui a eu lieu en plein cœur de la France profonde, à Limoges, vendredi 17 septembre 2010, à l’appel de l’organisation islamique Sirat Alizza, afin de brûler le Code Pénal. Le moins que l’on puisse dire c’est que cette information pourtant très symptomatique, ne serait-ce que sur le plan du symbole, n’a guère été reprise par les grands médias du jour ou du lendemain ; ni par les politiciens nationaux, d’ordinaire si prompts à s’émouvoir quand un pasteur un peu exalté menace de brûler le Coran.
Cette nation (la nation française) méritait donc bien de disparaître à la fin du XXe siècle (à partir de 1962 ?) comme l’a bien montré l’impossible débat ou parodie de débat lancé par le Président Nicolas Sarkozy en 2009.
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Exclusion légale a priori de certaines opinions considérées comme des discours de haine (le premier amendement à la française), décision des autorités organisatrices à l’appui, évocation partout présente de « dérapages nauséabonds » sans que l’on sache toujours en quoi consistaient justement lesdits dérapages. Pour un raciste d’extrême droite en effet, le dérapage cela peut être simplement le fait de se revendiquer d’un certain humanisme. Et vice-versa. Et d’ailleurs, c’est simple, le raciste, c’est toujours l’autre (combien d’interventions ne commençaient-elles pas par des préliminaires du genre : « je ne suis pas raciste, mais… »). Bref, la position normale et de bon sens des uns constitue toujours un dérapage aux yeux des autres. On aurait donc apprécié avoir un peu plus de précisions sur ce qui était considéré comme un dérapage nauséabond par l’intellectuel s’exprimant à ce sujet. Par exemple en donnant la parole aux auteurs des dits dérapages afin que chacun se fasse son opinion.
La vérité qui se dégage de tout cela c’est que les élites de ce pays (pauvre peuple, pauvre France) n’ont pas ou n’ont plus, si elles les ont jamais eus, les outils conceptuels pour débattre intelligemment d’un tel sujet. Distinction entre citoyenneté (appartenance étatique) et nationalité (communauté de naissance), entre race, religion, culture et langue (comme si tous ceux qui parlaient la langue de Shakespeare étaient Anglais. Eh bien non, Messieurs, sachez-le, même quand on parle anglais on n’est pas nécessairement « British » comme, disent les Irlandais. Entre réfugié et immigré. Entre métissage et diversité (le métissage fait disparaître par définition les différences). Discrimination ou égalité. Car s’il y a discrimination positive pour les uns cela veut dire nécessairement qu’il y a discrimination négative pour les autres. Laïcité (ne reconnaître aucun culte) et paganisme (reconnaître tous les cultes possibles).
Un intellectuel français comme Lilian Thuram par exemple, peut, dans la même phrase, et devant des millions de téléspectateurs, affirmer que les races n’existent pas, que la race aryenne donc n’existe pas (ce qui est vrai), mais que les Noirs sont supérieurs à la race aryenne ou blanche parce qu’ils ne lui sont inférieurs en rien ; mais que, par contre, ils lui sont supérieurs dans un certain nombre de domaines où ils sont plus forts, plus doués : le sport, la musique, la danse… sans que ces incohérences conformes à l’idéologie dominante soient reprises en aucune façon par l’autre intellectuel qui l’interrogeait, le journaliste français Thierry Guerrier.
Dans ce pays le racisme est passé, et bien passé… dans les bagages des antiracistes 1).
Mais il est vrai qu’il en va de même pour certaines énormes contre-vérités proférées par des participants aux pseudodébats télévisés de son confrère Yves C… Exemple « le général De Gaulle de famille immigrée »… Une énormité sortie par le pharmacien français Patrick Lozès pour évoquer les origines flamandes de son nom (De Walle) ; ainsi que les nombreuses autres roueries de langage que ce présentateur animateur est bien entendu incapable de relever. Du genre…
— Peut-on critiquer l’islam ou Mahomet ?
— Mais bien sûr, cher Monsieur, on peut critiquer les musulmans. Les musulmans ne sont que des hommes comme les autres, ils peuvent se tromper ou mal agir, etc.
— Ah, me voilà rassuré !
Le procédé s’avère pourtant être vieux comme le monde puisqu’il a été mis en œuvre et depuis longtemps par l’Église catholique, quand elle fait soigneusement la distinction entre l’institution elle-même (l’Église) qui est sainte, infaillible, et les hommes qui la composent (qui sont eux, faillibles et pécheurs).
Répétons-le encore une fois, tant que l’on n’aura pas aussi présence à ce genre de débat sur la religion, musulmane ou autre, d’athées convaincus et rompus à ce genre de controverses, il n’y aura que désinformation ou parodie de débat.
N.B. Quand on tolère à ce point d’être nié dans son essence même comme l’a fait le ministre français de l’époque, le dénommé Éric Besson ; c’est que l’on mérite de disparaître couvert de ridicule et de crachats, humilié.
Heureusement qu’en ce qui me concerne je ne suis plus Français au sens strict du terme ; n’étant ni une République, ni une terre d’accueil, ni une laïcité, ni une tolérance, et ainsi de suite, à moi tout seul (quelle prétention ce serait !). Je ne suis qu’un vulgaire et simple être humain, de sexe masculin, né en 1952, dont la famille au XVIIe siècle à Attancourt en Champagne était d’origine gallo-romane, oïllitaine plus précisément, etc., etc.
En général (mais cette règle générale va de pair évidemment avec un certain nombre d’exceptions comme toujours), les intellectuels journalistes politiciens avançant masqués derrière une vertu apparente, qui contrôlent les médias et la consommation de masse forcenée caractéristique de notre époque, donc font l’opinion publique ; sont mentalement et intrinsèquement inaptes * à saisir toute la mouvante complexité du réel ; ils ne sont capables que d’avoir une vision simpliste (statique et manichéenne) des choses, des idées simplistes et non des idées simples. Il est vrai qu’être doté d’une
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lucidité aussi aigüe qu’un scalpel pour disséquer les profondeurs de l’âme/esprit humaine, et fouiller ou creuser dans les ténèbres de son hypocrisie congénitale comme le pinceau lumineux d’un phare dans la nuit, n’est pas la chose du monde la mieux partagée. Il faut déjà ne pas être conformiste pour cela. Or c’est loin d’être le cas des journalistes, car ils sont en général au contraire assez conformistes, non pour ce qui est des mœurs, mais pour ce qui est de la réflexion ; dans la mesure où il y a réflexion d’ailleurs, car en général il s’agit plutôt dans leur cas de non-réflexion, d’absence de réflexion, du moins en profondeur ou s’élevant quelque peu au-dessus des réflexes conditionnés par l’idéologie dominante, un peu à la façon de Pavlov et de son célèbre toutou. Bref, tout le monde ne peut pas être Vauvenargues**.
Depuis 1963 (et non 1763, bien que ce soit l’année du lamentable traité de Paris), depuis 1963 donc, année où la France a perdu sa dernière chance d’être encore une grande puissance (ce n’est plus actuellement qu’une puissance moyenne dont la culture n’est qu’une des provinces du monde, et qui a même perdu son âme) toute une série de lois incroyables ont été votées (par une majorité de sénateurs ou de représentants du peuple, gauche ou démocrates au sens large du terme, et droite républicaine confondus), qui ont complètement muselé la liberté d’expression en principe garantie par toute Constitution digne de ce nom. cf. le premier des amendements (ratifiés en 1791, soit deux ans à peine donc après le début de la « grande » révolution, française, qui n’en était alors qu’au stade des premiers pas). Ces lois sont la Loi Gayssot, la loi Taubira, la loi sur la reconnaissance du génocide arménien, et enfin la loi portant sur les aspects positifs de la colonisation [de type romain ?]. Quelle idée !
La France d’aujourd’hui est caractérisée par le règne du quatuor infernal de l’orthodoxie intellectuelle, du terrorisme intellectuel, de la bien-pensance, et de la bien commode notion de « troubles à l’ordre public ». A)
Et ainsi que l’a bien dit un jour un représentant du peuple (UMP) du Nord, Christian Vanneste : « Le terrorisme intellectuel a des espèces de chiens de chasse lâchés sur le malheureux gibier qui est arrivé sur leur terrain. Ces chiens de chasse sont assez paradoxalement des associations soutenues par l’argent public. Eric Zemmour B) et moi nous avons les moyens de nous défendre, mais pensez aux autres ! Un journaliste local ou un élu local face à une association, il ne peut pas avoir d’avocat, il ne peut pas faire appel, ce qui donne une justice à deux vitesses… or comme Éric Zemmour B) nous l’a bien rappelé hier, la liberté d’expression consiste à dire ce que vous voulez, même des bêtises… est-il nécessaire d’accepter de limiter la démocratie pour éviter les dérapages verbaux ou les accepter afin de sauvegarder la démocratie ? Je suis partisan de la deuxième solution. La liberté d’expression est la priorité des priorités ».
Notes.
* Par mentalement inaptes nous voulons dire par là que la forme d’intelligence tout compte fait assez vulgaire qui les anime n’est pas dotée des caractéristiques mentales nécessaires à l’extrême lucidité qui consiste à en l’occurrence avoir des idées simples, mais non simplistes, car ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément (L’art poétique 1674). Cela joint à leur manque de courage voire à leur lâcheté, intellectuelle, ainsi qu’à leur manque d’intégrité, à leur carriérisme et à leur mentalité de courtisan sans vergogne, par appât du gain (voir les confessions de Nicolas Domenach et Maurice Szafran dans leur livre intitulé « off » en anglais (dans le texte) donc leur rôle dans l’élection présidentielle de 2007, bien conforme à celui décrit par certains télégrammes de l’ambassade américaine à Paris)…
** Moraliste du XVIIIe siècle (1715-1747) dont voici une des maximes de son introduction à la connaissance de l’esprit humain : « Le prétexte ordinaire de ceux qui font le malheur des autres est qu’ils veulent leur bien ».
1) La bêtise ou l’inculture et l’incohérence des antiracistes sont telles, qu’en ce qui me concerne je préfère me considérer comme NON-RACISTE (pas antiraciste, non raciste !).
A) Notion qui permet aux représentants du gouvernement d’enfreindre les lois et la constitution sans que l’on puisse rien dire, même quand cela n’est pas justifié par la situation. Eh oui ! En France il en va ainsi !
B) Éric Zemmour est un journaliste français à l’origine d’un vaste débat sur le racisme et l’antiracisme ou le contraire après avoir défrayé la chronique en 2010/2011.
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LES JOURNALISTES DEVANT L’ENSEMBLE
COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD.
Cet ensemble est-il devenu la religion dominante en France ?? La France que nous aimons, celle de La Fayette, est-elle devenue la fille aînée de l’islam, un pays tournant désormais le dos au siècle des Lumières et à Voltaire ? Fonçant à toute vitesse vers l’obscurantisme ? Ce qui est certain c’est que nous assistons actuellement dans les médias et les élites à une régression intellectuelle (si le terme choque, disons un mouvement d’idées allant dans un sens diamétralement opposé à celui qui a caractérisé le siècle des Lumières) dont le seul précédent connu a été la période qui a suivi l’effondrement de l’Empire romain sous le coup des invasions barbares : les heures sombres ou Moyen-âge de notre histoire. Rescrit d’Honorius 410 et victoire de Clovis à Soissons en 486.
Le tout par retour à la vitesse grand V à un obscurantisme des plus crasses comme auraient pu dire Jean Toland et le baron d’Holbach en leur temps : adoration idolâtre d’un homme (isma), Mahomet, ainsi que d’un amas de mots imprimés, le Coran. Or se convertir à l’islam n’est pas une preuve d’intelligence, mais seulement un acte de foi, n’ayant rien à voir avec la raison (puisqu’il est généralement admis que foi et raison sont deux choses différentes).
La France serait-elle devenue fille cadette de la mosquée ? En France en tout cas (dans l’ancienne ville papale d’Avignon) ce sont ceux qui ont été indignés par ce blasphème (ben oui Madame, en un sens) consistant à exposer une photographie représentant un christ ou un crucifix dans de l’urine (une œuvre d’Andres Serrano intitulée Pisse-Christ), au point d’y mettre radicalement fin, qui sont poursuivis par la police et la justice (après plainte du directeur de cette exposition « artistique »). Ce n’est pas pour rien que la France est le pays qui a inventé l’expression « deux poids deux mesures » autrement dit le double standard. Et pendant ce temps-là on danse toujours sur le pont, pourtant sur le point de se rompre, et on y tourne en rond. Du temps de Roland, à Roncevaux, à Charles Trenet, on a pu parler de Doulce France, mais aujourd’hui l’appellation la plus pertinente est sans conteste « Pauvre France ! » France, fille aînée de l’Église, et ensuite fille puînée de l’athéisme du siècle des Lumières (après tant de siècles d’obscurantisme), regarde donc dans une glace que tu es devenue sous la houlette de tes élites (journalistes des médias, sportifs professionnels – que d’énergie gaspillée ! –, intellectuels, artistes, responsables politiques, philosophes professionnels – que de vacuité, que de contradictions, que d’inconséquences ! – pasteurs de la religion prétendument réformée ou autres curés de la même famille, rabbins et imams, toujours de la même famille ?? Etc.. bref de tous ces beaux esprits, les plus gentils et intelligents ou antiracistes, ce qui revient au même, que la terre ait jamais portés) : une société en déshérence, éclatée, désintégrée (Alain Finkielkraut) sans plus aucune cohésion (Alain Finkielkraut), où les écarts entre niveaux de vie s’accroissent vertigineusement, dont la culture est devenue provinciale (au mauvais sens du terme) en bref qui a vendu son âme pour une poignée de lentilles. Cher pays de mes ancêtres (depuis au moins 1635 et peut-être 1560 à Laneuville-Saint Joire devant Trèveray), ton « nous-mêmes » (Sinn Fein en Irlande) s’est mué en « et moi, et moi » (agus me agus me en gaélique), et l’exemple d’une telle indifférence ou d’un tel défaut d’empathie envers la destinée de la grande famille ou être collectif ou âme collective (Renan) qu’est une nation * ; vient d’en haut, dégouline des classes supérieures de la pyramide sociale. Et pourtant, comme le disait le nazo-bolchevique ou le hitléro-trotskiste bien connu Jean Jaurès : « la patrie c’est tout ce qu’il reste à ceux qui n’ont plus rien » et « un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène ».
Quel retour à l’obscurantisme à la vitesse grand V garanti, avec tous ces beaux esprits, gentils et intelligents, et tout et tout ! Le délit de blasphème (contre le Coran), a par exemple valu en première instance 3 mois de prison et 1000 euros d’amende au Français Ernesto Rojas Abbate (Bischheim 11 avril 2011). La France se vante d’être le pays de la liberté d’expression, mais elle est très loin des États-Unis en matière de libre expression religieuse (comme en bien d’autres domaines d’ailleurs) et, outre le fait qu’il est en soi contradictoire de définir une entité concrète par une abstraction (pire qu’un oxymore, c’est un non-sens), elle leur fait véritablement insulte en prétendant que ce qui la distingue de tous les autres pays (son identité son identité) c’est la liberté ainsi que la laïcité justement. Les États-Unis sont en réalité plus un pays de liberté ou de laïcité vraie, que la France elle-même où toute critique du Coran et de l’islam est interdite par la loi, de même que le fait de manger du porc et de boire du vin sur la voie publique ou dans l’espace public en présence de musulmans pieux (là c’est interdit par les autorités, pas par la loi). Pauvre pays et pauvre peuple ! Ils sont décidément tombés bien bas ! Qu’arrive-t-il à notre France, la vraie, celle que nous aimions, celle de Lafayette ?? Serait-elle devenue folle ???
*Renan. La nation est une âme, un principe spirituel.
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Fin 2011 par exemple (les 10 et 11 décembre 2010) A) B) la réaffirmation par une femme politique candidate aux élections présidentielles, des principes fondamentaux et de la loi du pays, en ce qui concerne les religions, a vu l’immense majorité des politiques (tous bords confondus) des sportifs professionnels, des intellectuels français, de Johnny Hallyday par exemple, des journalistes, des médias, se lever indignés à l’idée d’appliquer ce principe de neutralité ou de non-intervention des États, en faveur de telle ou telle religion particulière.
Voir en notes de bas de page les propos exacts tenus par cet homme politique (N.B. J’ai eu le plus grand mal à les trouver dans leur intégralité sur internet, l’immense majorité des intellectuels et des journalistes n’en reprenant que des courts extraits mis bout à bout. Car, comme le dit très bien le télégramme que l’ambassade américaine a un jour câblé à Washington, les journalistes français ne sont pas là pour informer le public, mais pour le former à leurs idées C)
La quasi-unanimité de cette réaction des élites de la nation ou des intellectuels français D) comme Johnny Hallyday, Claude Goasguen, Sophia Aram D), ainsi que sa rapidité, amène à se poser quelques questions très simples.
1) Est-il légal de ne pas être musulman dans ce pays ? Dit autrement : « A-t-on le droit de ne pas être musulman dans ce pays ?? »
2) Est-il moral de ne pas être musulman dans ce pays ?? Dit autrement : « Peut-on être non musulman sans être automatiquement soupçonné d’être un personnage condamnable du point de vue de l’éthique ou de la morale ? »
3) A-t-on le droit de ne pas être séduit par cette religion ? (Par la pratique immensément majoritaire et depuis longtemps si ce n’est toujours de cette religion, telle qu’elle est définie par le trinôme Coran + hadiths + Charia.)
4) A-t-on le droit légal ou moral d’avoir des raisons précises (relevant de sa liberté de pensée ou d’opinion) ou beaucoup moins précises (relevant plutôt des goûts et des couleurs que l’on préfère) pour ne pas être séduit par cette religion ?
5) A-t-on le droit légal d’exprimer ou de faire savoir ces raisons précises (relevant de sa liberté de pensée ou d’opinion) ou beaucoup moins précises (relevant plutôt des goûts et des couleurs que l’on préfère) expliquant que l’on n’est pas séduit par cette religion ?
6) Dit autrement : faut-il absolument interdire le livre intitulé « Pourquoi je ne suis pas musulman ? » et punir son auteur Ibn Warraq pour l’avoir écrit et diffusé ?
Note de la rédaction : attention, ces deux questions sont liées, on ne peut pas répondre oui à cette dernière si l’on a répondu par la négative à la précédente et vice-versa.
7) A-t-on le droit légal de ne pas souhaiter a) ni pour soi b) ni pour ses enfants c) ni pour ses voisins d) ni pour ses amis, e) ni même pour aucun autre habitant de cette planète (cocher la case adéquate), une vie de type musulman ou islamiste convaincu (croyant pratiquant) ?
8) A-t-on le droit moral (c’est-à-dire sans être automatiquement soupçonné d’être un personnage condamnable du point de vue de l’éthique ou de la morale) de ne souhaiter a) ni pour soi b) ni pour ses enfants c) ni pour ses voisins d) ni pour ses amis, e) ni même pour aucun autre habitant de cette planète (cocher la case adéquate), une vie de type musulman ou islamiste (convaincu ou disons très croyant très pratiquant) ?
9) Les citoyens et les personnes ayant fait savoir et donc exprimé (liberté d’expression ?) ces opinions ou ces pensées qui sont les leurs (liberté d’opinion ?) ou ayant manifesté qu’elles les partageaient, ont-ils le droit légal de s’associer pour diffuser de façon encore plus importante ces pensées ou ces opinions et de rallier ainsi à leur thèse des indécis (voire des citoyens initialement persuadés du contraire) ?
10) Les citoyens et les personnes ayant fait savoir et donc exprimé (liberté d’expression ?) ces opinions ou ces pensées qui sont les leurs (liberté d’opinion ?) ou ayant manifesté qu’elles les
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partageaient, ont-elles le droit moral de s’associer pour diffuser de façon encore plus importante ces pensées ou ces opinions et de rallier ainsi à leur thèse des indécis (voire des citoyens initialement persuadés du contraire) ?
11) Peut-on objectivement parlant et en toute honnêteté intellectuelle, se fonder sur le seul critère du rapport à l’islam pour situer intelligemment sur l’échiquier politique une personne physique ou morale ? Du genre : favorable à l’islam et musulman convaincu = extrême gauche démocratique, pas favorable à l’islam et pas musulman convaincu = au-delà de tout républicanisme : extrême droite tout simplement.
Ne pas être musulman, être loin de le devenir un jour, voire même ne souhaiter à personne de vivre dans une société régie par la charia c’est-à-dire par des musulmans convaincus et pratiquants, le dire et le faire savoir afin de faire partager cette opinion est-ce suffisant pour classifier extrême droite non républicaine un homme une femme ou un parti ?
12) Peut-on concevoir qu’il soit possible au moins théoriquement, dans certains cas, de ne pas être musulman, d’être loin de le devenir un jour, voire même de ne souhaiter à personne de vivre dans une société régie par des musulmans convaincus et pratiquants… pour des raisons autres que des manifestations d’égoïsme (pour des raisons autres que des raisons économiques du type : chômage crise baisse des revenus, etc.) ?
En fait tout cela pose la question de l’intelligence des élites de ce pays. Quelle est la forme de cette intelligence tant sur le plan individuel que collectif (analytique, synthétique, les deux ?) Quel est son degré ou son acuité (est-elle profonde ? Superficielle ? Lacunaire ? À éclipses ? Sujette à tabous ? Dotée d’un fort surmoi ? Ou au contraire d’un surmoi plutôt faible ?) C’est une question d’intelligence !
À moins qu’il ne s’agisse d’une question d’intégrité (soit on a le caractère entier, soit on est enclin à faire des compromis avec l’expression de ce que l’on pense quand même dans son for intérieur… être la vérité. Quand cela peut être bon pour sa carrière…).
Ou alors tout simplement, au-delà du manque d’intégrité, morale ou intellectuelle, des journalistes, des élites et des hommes politiques ou des sportifs professionnels de ce pays, un manque de courage (et ce que ce soient de vrais ou de faux républicains, de vrais ou de faux démocrates et ainsi de suite). C’est-à-dire faire du journalisme d’opinion (ce qui est parfaitement légitime) afin de faire aller le public dans le sens de ses propres idées personnelles… mais sans le dire, sans le reconnaître, sans l’afficher (faute avouée à demi pardonnée dit-on) ; en prétendant au contraire être objectif ou rapporter des faits, comme le dit si bien l’ambassade américaine de Paris C), y compris dans le secret des salles d’informations ou dans les coulisses des émissions.
En ce qui nous concerne, rappelons notre position de principe : se convertir à l’islam n’est pas une preuve d’intelligence. Sauf en cas de contrainte évidemment ! Mais une manifestation de foi et des plus aveugles.
Et si ne pas être musulman, être loin de le devenir un jour, voire même ne souhaiter à personne de vivre dans une société régie par des musulmans convaincus et pratiquants, le dire et le faire savoir afin de faire partager cette opinion, c’est être un monstre comme dans le film de Fritz Lang M le maudit, sataniste ou suppôt du Diable, nazi et hitlérien, ou stalinien, disons nazo-bolchevik ou hitléro-trotskiste, d’extrême droite ou d’extrême gauche, et pour tout dire caca boudin ou bobo pipi, alors nous sommes (au choix et en rayant la mention inutile suivant vos convictions personnelles)…
— Bolcheviks, trotskistes, d’extrême gauche, satanistes et suppôts du Diable, bref pipi caca.
— Nazis, hitlériens, d’extrême droite, et toujours satanistes et suppôts du Diable évidemment, sans oublier caca boudin ou bobo pipi.
— Et fiers de l’être !
En matière de religion la liberté des uns doit s’arrêter là où commence celle des autres y compris celle (à venir) des futurs adultes. Les religions envahissantes, qui ont un peu trop tendance à restreindre les libertés individuelles ou à imposer un mode de vie, à des enfants ou à des adultes (qu’ils soient ou non membres de leur communauté) ; non réellement consentants pour de vrai, en leur for intérieur, et tout bien calculé, après avoir été librement éclairés par la Raison ; doivent se voir imposer fermement des limites par la société. Que des adultes librement consentants se flagellent dans leur jardin ou y
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dorment sur des planches à clous (ce sont bien sûr quelques exemples sortis au hasard d’une liste beaucoup plus longue), nous sommes d’accord ; mais cela ne doit être imposé à personne. Si quelqu’un veut adorer Jésus, Mahomet, Bouddha, le grand esprit, le petit Hésus, Lug, la Terre-Mère un Livre (le Coran la Bible…) et même l’oignon comme il paraît que c’est le cas en France E), il doit pouvoir le faire, en pensée en paroles et en actions, à condition qu’il n’y ait aucune atteinte à la liberté d’autrui ; le critère en l’occurrence étant celui de la réciprocité : ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse à toi. Telle est notre position, libre à chacun de l’appeler laïcité ouverte ou paganisme, voire gentilité (gentilitas en latin).
Nous sommes donc entièrement d’accord avec Christian Vanneste quand il distingue soigneusement entre diffamation orale ou écrite visant une personne physique en chair et en os (qui doit être sanctionnée) en raison de son appartenance ou de sa non-appartenance à telle ou telle communauté (ethnique, religieuse, etc.) et critiques ou remarques ayant un caractère plus général. « Une association ne devrait pas être habilitée à se substituer à une personne physique lorsque les propos incriminés ont un caractère général ».
Personne ne devrait avoir le droit de mentir c’est-à-dire de répéter publiquement ou d’insinuer pour fonder son opinion et ses idées, des contre-vérités au sens fort du terme, c’est-à-dire des choses factuellement inexactes (par exemple que le président Obama n’est pas né sur le territoire américain, mais en Afrique, ou que sais-je encore). Le problème est : comment parvenir à ce résultat ? Création d’un Ordre des journalistes ou médias chargé de faire appliquer les règles de base de la déontologie de la profession ? Élévation du niveau culturel des journalistes ??
Zemmour a néanmoins eu tort de considérer comme un droit absolu pour un employeur le fait d’embaucher les personnes qu’il veut et inversement de refuser qui bon lui semble. En toute logique ce droit ne peut être reconnu à un État pluri (pluriracial pluriethnique plurireligieux multisexe, etc.). Et pour ce qui est des particuliers il doit être nuancé.
Alors abolition de la loi Gayssot ou pas ? Le mieux sera peut-être de tout simplement la modifier, notamment par exemple en y insérant le rappel du droit, pour chacun, de critiquer une idéologie religieuse, une religion, ou certains aspects de telle ou telle religion, de critiquer une culture, ou certains aspects de telle ou telle culture, le droit pour chacun de ne pas aimer (son voisin, telle ou telle communauté). On doit pouvoir jouir du droit de ne pas aimer, de le dire, de le manifester par exemple en refusant d’ouvrir sa porte (dans certaines limites bien entendu, comme les besoins d’une enquête de police ou la non-assistance à personne en danger de mort, car en cas de danger de mort, on se doit d’aider tout autre membre de l’espèce humaine, cela va sans dire). À ce sujet : je cherche toujours dans l’Ancien Testament ou dans les versets non abrogés du Coran les hadiths ou la Charia, l’équivalent du précepte druidique rapporté par Nicolas de Damas pour étonner ses lecteurs (titre de son ouvrage : recueil de choses extraordinaires) à propos des Celtes : « Chez eux, on est puni d’une peine plus rigoureuse pour le meurtre d’un étranger que pour celui d’un concitoyen : dans le premier cas, la mort, dans le second l’exil seulement ». Ainsi que l’équivalent de la parabole du bon Samaritain pour ce qui est du christianisme. Ce sont là tout comme dans le cas du sort à réserver à la femme adultère (voir le cas de la femme de Partholon en Irlande, c’est le chien censé veiller sur elle qui est lapidé ; ou le fameux « que celui qui n’a jamais péché lance la première pierre ») d’incontestables supériorités morales du druidisme et du christianisme sur l’islam.
Le but à atteindre en ce domaine ce n’est pas que chacun aime tout le monde ; ce qui est la porte ouverte à tous les excès ainsi que l’a bien remarqué Vauvenargues, 2000 ans de christianisme (quelle horreur) et 1500 ans d’islamisme (quel échec) nous l’ont montré ; mais d’arriver à ce que chacun vive en paix.
A) Vendredi 10 décembre 2010. « Il y a quinze ans, on a eu le voile, il y avait de plus en plus de voiles. Puis il y a eu la burqa, il y a eu de plus en plus de burqas. Et puis il y a eu des prières sur la voie publique […] Maintenant il y a dix à quinze endroits où de manière régulière un certain nombre de personnes viennent pour accaparer les territoires. Je suis désolée, mais pour ceux qui aiment beaucoup parler de la Seconde Guerre mondiale, s’il s’agit de parler d’occupation, on pourrait en parler, pour le coup, parce que ça, c’est une occupation du territoire. C’est une occupation de pans du territoire, des quartiers dans lesquels la loi religieuse s’applique, c’est une occupation. Certes, il n’y a pas de blindés, il n’y a pas de soldats, mais c’est une occupation tout de même et elle pèse sur les habitants ».
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B) Samedi 11 décembre 2010. « Un certain nombre de territoires, de plus en plus nombreux, sont soumis à des lois religieuses qui se substituent aux lois de la République. Oui, il y a occupation et il y a occupation illégale. J’entends de plus en plus de témoignages sur le fait que dans certains quartiers, il ne fait pas bon être femme, ni homosexuel, ni juif [suivent quelques références à la situation purement française donc sans intérêt]… Je mets le doigt où ça fait mal. Et cette vérité renvoie la classe politique à ses renoncements, à son aveuglement, à sa lâcheté ».
C) Les journalistes français… se voient plutôt comme des intellectuels, préférant… influencer les lecteurs plutôt que rapporter des faits. Câble 07 Paris 306 a, publié par Wikileaks.
D) Réactions que l’on peut ramener en gros en cinq catégories (comprenne qui pourra !).
Première catégorie. Ce sont des propos sataniques, inspirés par les grands ou petits satans qui ont trouvé là un bon moyen de régner sur Terre.
Deuxième catégorie : c’est interdit par la Constitution, désolé !
Troisième catégorie. Ce sont des propos hitléro-trotskistes ou nazo-bolcheviques (bref, pas le mal absolu, mais presque).
Quatrième catégorie. Ne pas souhaiter, pour soi ou ses enfants, une vie de type musulman convaincu, est bien la preuve d’une incroyable ignorance. C’est un refus qui s’explique par l’ignorance (de ceci ou de cela), car quand on sait, comme nous (comme moi) que (ceci, cela) ; on ne trouve en effet aucune raison valable de ne pas être musulman.
Cinquième catégorie. Ne pas souhaiter, pour ses voisins ou les autres humains peuplant cette planète, une vie de type musulman convaincu, et le dire… est quand même bien, évidemment, la preuve d’un incroyable égoïsme.
E) Sophia Aram. Le chroniqueur français Philippe Bilger croit déceler dans ses propos un incroyable potentiel de haine raciste (blog du 6 avril 2011 sur Marianne).
« Le mépris suintait de chacun de ses mots, avec l’air content de soi qui va généralement avec ce type d’attitude. Nous étions censés l’admirer pendant qu’elle dégradait. La féliciter au moment même où elle humiliait. Tout cela était navrant. On aboutissait à ce paradoxe qu’elle manifestait une haine de l’autre en reprochant au Front National une hostilité à l’égard de l’étranger et que confite dans son monologue, elle faisait montre de ce qui était l’exact contraire du comportement démocratique à la radio ou ailleurs : l’arrogance de la condamnation au lieu de préparer l’affrontement et la contradiction des idées. Faute de savoir faire rire, elle en était réduite à exclure du peuple une part importante d’icelui qui ne lui convenait pas ».
Philippe Bilger a sans doute raison, mais on pourrait en dire autant des déclarations de haine raciste du communiste français Jean-Luc Mélenchon contre les blonds aux yeux bleus (dans une polémique contre Marine Le Pen : en gros il trouve qu’il y a trop de blonds aux yeux bleus, il en marre des blonds aux yeux bleus).
F) Secte fondée par Thomas Le Vot en 1929.
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DE « NUL ANIMAL NE TUERA UN AUTRE ANIMAL » À
« NUL ANIMAL NE TUERA UN AUTRE ANIMAL… SANS RAISON VALABLE ».
Dans la taqiya nazislamiste pour idiot utile cela serait « de nul animal ne tuera un autre animal sans raison valable » à « nul animal ne tuera un autre animal »… tout court).
Georges Orwell et le meilleur des mondes : la ferme des animaux. Comme le dit cet auteur dans sa préface (non publiée à l’époque) : « Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que ce soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils n’ont pas envie d’entendre. Les gens ordinaires partagent encore vaguement cette idée, et agissent en conséquence. Dans notre pays – il n’en va pas de même partout : ce n’était pas le cas dans la France républicaine, et ce n’est pas le cas aujourd’hui [en 1945] aux États-Unis –, ce sont les libéraux qui ont peur de la liberté et les intellectuels qui sont prêts à toutes les vilenies contre la pensée. C’est pour attirer l’attention sur ce fait que j’ai écrit cette préface ».
Orwell se demande en effet pourquoi et comment dans l’Angleterre « libre » de son temps, certaines idées peuvent être éradiquées sans recours à la force. Selon lui, la première raison est que les médias appartiennent à des hommes riches qui ont toutes les raisons de ne pas vouloir que certaines opinions s’expriment.
Mais la deuxième raison est l’endoctrinement. Vous avez reçu une bonne éducation, vous venez d’Oxford ou de Cambridge, vous avez assimilé l’idée qu’il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas dire ni même penser. Par exemple, vous ne pouvez pas penser que l’Angleterre soit coupable d’une quelconque agression. Quand nous nous faisons la guerre, il ne peut s’agir que d’une libération et ceux qui résistent sont alors les agresseurs par définition. Cette hypothèse est donc inconcevable. Par contre vous la formulez quand il s’agit de la Russie.
Les systèmes ouverts sont donc beaucoup plus intéressants à étudier. Dans un système répressif comme l’ex-URSS, les journalistes pouvaient se justifier par la peur. En Grande-Bretagne un journaliste ou un professeur ne peut pas se réfugier derrière l’excuse de la peur. C’est juste de la lâcheté. Et aussi le fait qu’on vous a inculqué l’idée qu’il y a des choses que vous ne pouvez pas dire, pas penser.
Orwell dans cette préface non publiée de « La Ferme des animaux » quand il compare le régime autoritaire dont il fait la satire, à l’Angleterre libre, ne prétend pas que les médias de ces différents régimes sont similaires. Mais il prétend que le résultat obtenu est le même.
Les mécanismes en sont néanmoins complètement différents.
En Angleterre, c’est volontaire. Il n’y a pas de contrainte, pas d’usage de la force ou très peu. Ce contrôle passe par l’application des lois sur la diffamation ou l’incitation à la haine qui sont une manière pour les gens riches et puissants de faire taire ceux qu’ils n’aiment pas.
Le Washington Post a publié il y a quelques années un article sur une étude du gouvernement et d’un institut de recherche sur la manière dont les Russes s’informaient du temps de l’ex-URSS. Les résultats étaient assez intéressants. Environ 95 % de la population allait chercher ses informations auprès de sources comme la BBC. Ils écoutaient les radios étrangères, car ils ne faisaient pas confiance à leur propre presse. Parmi la population générale, c’était environ 70 %. Environ 50 % des gens instruits et 15 % de la population moins éduquée consultaient les samizdats c’est-à-dire les publications artisanales circulant clandestinement. Or là-bas, les publications dissidentes étaient illégales. Mais en Amérique non ! Or aux États-Unis : à peine un dixième de la population ne se contente pas des gros titres de la télévision et de la presse. Existe-t-il ici une petite publication dissidente qui puisse atteindre 50 % de la population ? Non, c’est inconcevable. Donc, comparativement parlant, dans la Russie de cette époque les gens recourent à une plus grande variété d’informations que les Américains. Parce que c’est un État totalitaire, la propagande y est tellement manifeste que personne n’y fait attention. Conclusion : à l’ époque les Américains ont donc l’esprit critique beaucoup moins développé que les Russes…
En France, au Royaume-Uni et dans le reste de l’Europe, la liberté d’expression est définie de manière beaucoup plus restrictive qu’aux États-Unis. L’État a-t-il le droit de déterminer ce qu’est la
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vérité historique, et celui de punir qui s’en écarte ? Le penser revient à s’accommoder d’une pratique proprement stalinienne.
Pauvre pays pauvre peuple que le pays où le peuple est ainsi bafoué, où l’on ne peut plus dire [ce que l’on croit être] la vérité.
En France, la communauté intellectuelle n’a aucune idée de ce qu’est vraiment la liberté d’expression si l’on en croit Noam Chomsky interrogé à propos de l’affaire Faurisson. Et la plupart des intellectuels français ont du mal à admettre que c’est bien là leur seconde nature, analogue à celle des clercs du Moyen-âge : dénoncer les hérétiques.
Un professeur de l’université North Western de Boston, Arthur Butz, a un jour publié des livres niant l’existence de l’Holocauste. L’a-t-on poursuivi pour falsification de l’histoire ? Que nenni, on l’a ignoré, ce qui est la meilleure des réponses. À Paris par contre on a oublié Voltaire et on ignore ce qu’est la vraie liberté d’expression et il est excitant pour les intellectuels français de se tenir devant les caméras de télévision et de déclamer courageusement leur croyance en l’Holocauste, leur accord avec l’opinion publique. C’est un phénomène très parisien qui a ensuite été repris par le reste du pays… Pourtant, il s’agit d’un cas remarquablement clair d’atteinte à la liberté d’expression. L’État a-t-il le droit de poursuivre quelqu’un en justice pour falsification de l’histoire ? La meilleure manière de défendre les victimes de l’Holocauste consiste-t-elle à reprendre les méthodes de leurs meurtriers ? Tel est le vrai problème.
Il y a quelque chose d’affligeant et même de scandaleux à devoir débattre de ces questions deux siècles après Voltaire, qui aurait, paraît-il, écrit : « Je hais ce que vous dites, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à le dire ».
Le principe de la liberté d’expression a quelque chose de très élémentaire : ou on le défend y compris dans le cas d’opinions qu’on déteste, ou on ne le défend pas du tout.
Et c’est rendre un bien triste service à la mémoire des victimes de l’Holocauste que d’adopter une des doctrines fondamentales de leurs bourreaux. L’État ne devrait avoir aucun moyen de punir qui prétend que le Soleil tourne autour de la Terre.
En matière de propagande, si d’une certaine manière rien n’a changé depuis Athènes, il y a quand même eu aussi nombre de perfectionnements. Les instruments se sont beaucoup affinés, en particulier et paradoxalement dans les pays les plus libres du monde : le Royaume-Uni et les États-Unis. C’est là, et pas ailleurs, que l’industrie moderne des relations publiques, autant dire la fabrique de l’opinion, ou la propagande, est née dans les années 1920 avec Walter Lippman.
Ces deux pays avaient en effet progressé en matière de droits démocratiques (vote des femmes, liberté d’expression, etc.) à tel point que l’aspiration à la liberté ne pouvait plus être contenue par la seule violence d’État. On s’est donc tourné vers les technologies de la « fabrique du consentement ». N’oublions pas comment s’impose toujours une idéologie. Pour dominer, la violence ne suffit pas, il faut une justification d’une autre nature. Les autorités doivent donner l’impression d’agir en bon roi de type celtique, c’est à dire non pas en homme fort détenteur d’un pouvoir (können) arbitraire, mais en guide ou conseiller altruiste et généreux (regs rex rix).
Revenons sur le cas de l’Allemagne des années 1930. On a eu tendance à l’oublier, mais c’était alors le pays le plus avancé d’Europe, à la pointe des arts, de la science, de la technique, de la littérature, de la philosophie. Puis, en très peu de temps, un retournement complet est intervenu, et l’Allemagne est devenue l’État le plus meurtrier, le plus barbare de l’histoire humaine.
Tout cela s’est accompli en distillant de la peur : celle des communistes, des Juifs, des Tziganes, bref, de tous ceux qui, selon les nazis, menaçaient le cœur de la civilisation européenne, c’est-à-dire les « héritiers directs de la civilisation grecque ».
En tout cas, c’est ce qu’écrivait le philosophe Martin Heidegger en 1935. Or la plupart des médias allemands qui ont bombardé la population avec des messages de ce genre ont repris les techniques mises au point… par des publicitaires américains. Même Hitler et Staline admettaient la liberté d’expression de ceux qui partageaient leur point de vue. Rappelons ici que dans les années 1930, les méthodes, de la propagande nazie consistaient, par exemple, à choisir des mots simples, à les répéter sans relâche, et à les associer à des émotions, des sentiments, des craintes.
Ainsi que nous avons déjà eu l’occasion de le dire plus haut, quand Hitler a envahi les Sudètes [en 1938], ce fut en invoquant les objectifs les plus nobles et charitables, la nécessité d’une « intervention humanitaire » pour empêcher le « nettoyage ethnique » subi par les germanophones, et pour
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permettre que chacun puisse vivre sous l’« aile protectrice » de l’Allemagne, avec le soutien de la puissance la plus en avance du monde dans le domaine des arts et de la culture.
Le système de contrôle des sociétés démocratiques n’en est pas moins efficace ; il instille la ligne directrice comme l’air qu’on respire. On ne s’en aperçoit pas, et on s’imagine parfois être en présence d’un débat particulièrement vigoureux.
L’industrie des relations publiques produit, au sens propre du terme, du consentement, de l’acceptation, de la soumission. Elle contrôle les idées, les pensées, les esprits. Par rapport au totalitarisme, c’est un grand progrès : il est beaucoup plus agréable de subir une publicité que de se retrouver dans une salle de torture.
Les recherches en profondeur menées par Noam Chomsky sur la manipulation médiatique ou la fabrique des consentements montrent qu’en réalité, l’influence des médias est plus importante SUR LA FRACTION DE LA POPULATION QUI LES LIT OU LES ÉCOUTE, DONC SUR LA FRACTION DE LA POPULATION QUI FAIT PARTIE DE LA PSEUDO ÉLITE DÉCISIONNAIRE, DU PETIT MONDE DES DÉCIDEURS. La masse de l’opinion publique paraît, elle, moins tributaire du discours des médias. Pour une simple et bonne raison d’ailleurs, elle n’y accorde que peu d’attention. Ce qui nous ramène donc au problème de la qualité réelle et en profondeur des élites vraies ou prétendues (soi-disant) de nos sociétés.
Le rachat de grands journaux – le « Wall Street Journal » aux États-Unis par exemple, par des hommes fortunés habitués à plier la vérité au gré de leurs intérêts, cannibalisation de l’information par les sports, la météo et les faits divers, le tout dans une débauche de publicités, constitue l’instrument de gouvernement permanent des régimes démocratiques. Elle est, pour eux, ce que la propagande est aux dictatures.
Concernant, par exemple, le budget fédéral des États-Unis, la plupart des Américains souhaitent une réduction des dépenses militaires et une augmentation, en revanche, des dépenses sociales, des sommes versées aux Nations unies, de l’aide économique et humanitaire internationale, et enfin l’annulation des baisses d’impôts décidées en faveur des contribuables les plus riches.
Sur tous ces sujets-là, la politique de la Maison-Blanche est totalement contraire aux réclamations de l’opinion publique. Mais les enquêtes qui relèvent cette opposition publique persistante sont rarement publiées dans les médias. Si bien que les citoyens sont non seulement écartés des centres de décision politique, mais également tenus dans l’ignorance de l’état réel de cette même opinion publique.
Chomsky a montré dans ses recherches que dans une société démocratique, la ligne politique défendue n’est jamais énoncée comme telle, mais sous-entendue. C’est d’ailleurs l’une des grandes différences entre le système de propagande d’un État totalitaire et la manière de procéder dans des sociétés démocratiques. En exagérant un peu, dans les pays totalitaires, l’État décide de la ligne à suivre et chacun doit ensuite s’y conformer. Les sociétés démocratiques opèrent autrement. On procède, en quelque sorte, au « lavage des cerveaux, en toute liberté ». Et même les débats « passionnés » dans les grands médias se situent dans le cadre des paramètres implicitement consentis, lesquels tiennent en lisière nombre de points de vue contraires, c’est infiniment plus efficace que les systèmes totalitaires. Exemple en France la célèbre émission « C’est dans l’air ». La pensée unique c’est tout discours qui équivaut plus ou moins à soutenir (ainsi que l’a fait le Premier ministre du Royaume-Uni Margaret Thatcher dans les années 1980) qu’il n’y a pas d’alternative, qu’il n’y a pas d’autres choix possibles que celui que l’on prône.
En 1989, au moment de l’effondrement du système communiste, les deux principaux systèmes de propagande se sont accordés pour dire que le régime tyrannique institué par Lénine et Trotski, puis transformé en monstruosité politique par Staline, c’était ça le « vrai socialisme ». Les dirigeants occidentaux ne pouvaient qu’être enchantés par cet usage absurde et scandaleux du terme, qui leur a permis pendant des décennies de diffamer le socialisme authentique.
« Il n’y a pas d’alternative au système émergeant du mercantilisme mis en place par les entreprises s’appuyant sur l’État et décliné à l’aide de différents mantras tels la mondialisation et le libre-échange ».
Et à ce sujet Chomsky a très tôt analysé de façon critique la mondialisation en soulignant que la motivation de ses élites est toujours la même : elles cherchent à écarter la population des processus de prises de décisions, la différence étant que les centres de pouvoirs sont désormais des compagnies transnationales et des banques supranationales. Chomsky avance même que les puissantes entreprises internationales développent même leurs propres institutions gouvernantes.
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LE PROBLÈME DES DÉMOCRATIES MODERNES :
LE QUATRIÈME POUVOIR.
Un très bon exemple de l’esprit critique qui doit toujours nous animer et qui devrait donc mouvoir tout journaliste qui se respecte est celui qui figure à la fin d’une des innombrables légendes gaéliques rapportée par un moine irlandais resté anonyme et qui s’énonce ainsi : « Mais moi, qui ai copié cette histoire, ou plutôt cette légende, je n’accorde aucun crédit à divers des incidents narrés dans ce récit. Certains ne sont en effet que jonglerie des démons, d’autres des fictions poétiques. Quelques-uns sont vraisemblables, mais d’autres pas et n’ont été inventés que pour le plaisir des sots ».
Le problème n’est quand même pas compliqué.
I) Il existe différents types de régimes politiques depuis que l’homme est homme, depuis que le singe nu est devenu un homme. Le plus connu de tous avant était celui dit du « mâle dominant ».
II) un peu de recul historique (l’assassinat de Jules César à Rome) permet de comprendre que deux des principales formules vécues par les êtres humains sont.
1) Le pouvoir fort d’un des membres du groupe (monarchie) éventuellement héréditaire (nombreuses variantes).
2) Le pouvoir partagé entre un plus ou moins grand nombre de membres du groupe.
Différentes variantes : aristocratie, matriarcat, ploutocratie, démocratie, etc. On peut même y inclure la théocratie d’un point de vue athée (Dieu n’existe pas, mais ceux qui prétendent parler en son nom, si !)
III) Se greffent là-dessus deux notions.
1)La notion d’hérédité ou pas.
2)Le fait de traiter ou considérer ce pouvoir comme un bien matériel devant suivre les mêmes voies de transmission qu’une propriété personnelle ou pas : autrement dit l’opposition monarchie traditionnelle classique (Rome du temps des Étrusques) ou la République plus ou moins démocratique (Senatus populusque romanus).
IV) En ce qui concerne les forces politiques opposées, la notion de république ne doit être opposée en principe qu’à la notion de pouvoir personnel fort assimilé à un bien personnel donc transmissible de façon héréditaire par exemple (encore qu’un bien personnel puisse aussi être vendu).
V) Les grands penseurs philosophico-politiques ont depuis longtemps considéré que l’être humain ne pouvait en aucun cas être privé de certains droits dans une société humaine suffisamment civilisée selon eux : exemple la liberté basique du membre du groupe, à l’intérieur du groupe. D’où la notion de droits imprescriptibles qui ne sauraient en aucun cas être aliénés. On pourrait y ajouter le droit à la vie en règle générale si besoin était, etc. Etc.
VI) On peut donc considérer qu’un certain nombre d’idées bien précises sont par définition hors du champ d’une république. L’idée la plus évidemment située hors du champ républicain est la revendication d’un pouvoir monarchique dévolu comme un bien ordinaire ou presque c’est à dire de façon héréditaire le plus souvent.
VI) Mais quelles sont les autres conceptions politiques que l’on peut de façon tout aussi naturellement évidente situer hors du cadre d’une république ??? Le fait de considérer que certains de nos congénères ne sont pas des êtres humains par définition ou sont de par leur corps et leur physique des sous-hommes plus près que nous des animaux ?
VII) la peine de mort est-elle compatible ou non par définition avec la notion de république ?? La polygamie ou la polyandrie est-elle compatible ou non avec la notion de République ?? La distinction entre citoyen et non-citoyen d’un État est-elle oui ou non compatible avec la notion de république ? La discrimination entre citoyens en fonction de leur apparence physique, institutionnalisée au niveau étatique, est-elle compatible avec la notion de république ? Les sacrifices humains sont-ils oui ou non compatibIes avec la république, la circoncision est-elle oui ou non compatible avec la république ? Et l’excision ??? Le divorce ???, etc., etc.
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VIII) Intelligence et honnêteté intellectuelle en politique ne commencent qu’à partir du moment où l’on accepte de se poser clairement ce type de question et où on liste clairement les idées rebaptisées valeurs qui (à son avis) excluent leurs partisans du champ républicain.
XI) dans le cas contraire, il ne s’agit que de procès d’intention un peu analogues à des procès en sorcellerie. Indignes et consternants.
XII) répétons-le encore une fois pour insister : l’honnêteté intellectuelle de la part d’un homme politique c’est d’arrêter de parler de valeurs sans définir précisément ce qu’il entend par là, et de dire précisément quelles sont les idées qui selon lui ne font pas partie du cadre républicain. Et l’intelligence pour un journaliste c’est de faire préciser par lesdits hommes politiques, à l’intention du public, quelles sont précisément les idées qu’ils pensent devoir exclure du champ républicain (par exemple la monarchie héréditaire la peine de mort les frontières l’athéisme, etc.). Ensuite aux citoyens de juger en toute connaissance de cause.
XIII. En ce qui nous concerne nous ne sommes en tant que tels ni pour ni contre la monarchie, ni pour ni contre la vergobreture (république dirigée par un vergobret), etc. car nous ne nous déterminons pas en fonction de critères politiques de ce genre. République ou Démocratie ??? Tel n’est pas notre problème et nos membres peuvent très bien être républicains ou démocrates, voire autres, cela ne regarde qu’eux. Nous en ce qui nous concerne nous nous déterminons en fonction d’autres critères que des critères aussi étroitement politiques au sens strict du terme : en ce qui nous concerne il s’agit d’une spiritualité, non d’une politique.
Le principal point faible des démocraties avons-nous dit c’est la qualité de ses gens de média. Le gros problème des démocraties c’est la qualité intrinsèque de leurs gens de médias, c’est à dire des hommes et des femmes qui constituent un filtre ou écran entre le pouvoir et les citoyens ou entre les citoyens et le pouvoir. Leur médiocrité intellectuelle et morale ne jouerait pas un rôle très négatif dans une société dirigée par un bon roi ou un grand monarque, mais dans des démocraties il en va tout autrement, leur médiocrité intellectuelle et morale joue un rôle éminemment négatif dans le processus de prise de décision. C’est particulièrement net dans le domaine de la politique étrangère puisque là cela concerne des citoyens qui par définition ne votent pas puisqu’étrangers.
Le principal obstacle au bon fonctionnement d’une démocratie est la médiocrité intellectuelle et morale abyssale de ses gens de médias avons-nous dit, mais aussi de ses autres élites. Donnons-en quelques exemples.
Les cadres supérieurs des grandes entreprises françaises sont vraiment des petits salauds sans vergogne pour complaire à leurs supérieurs hiérarchiques, et finalement pas si intelligents que ça, comme le montrent certains enregistrements (secrets) de mises à pied publiés en 2011 dans le cadre de la pseudoaffaire d’espionnage chez Renault. Le dénommé Christian Husson s’y montre ce jour-là (le 3 janvier) tout simplement odieux !
Divide et impera (diviser pour régner) a toujours été une des grandes lois de l’espèce humaine avec le célèbre « Malheur aux vaincus » (Brennus).
Je ne suis pas néanmoins complètement convaincu qu’il s’agit là d’une application bien consciente de cette loi d’airain de la part des journalistes des intellectuels et des politiciens de tout poil hantant notre beau et doux PAF. Car la bêtise humaine ça existe y compris et surtout quand elle est confortée par l’orgueil.
Une autre grande règle humaine est qu’il a toujours été plus facile aux hypocrites ou aux gens très superficiels pour se donner bonne conscience de donner un poisson (de faire venir sans cesse de nouveaux immigrés afin d’occuper les postes les plus ingrats de nos sociétés) plutôt que d’apprendre à pêcher (plutôt que de les aider politiquement et économiquement chez eux). Nos modernes journalistes, intellectuels ou politiciens, parlent donc tous les jours de donner des poissons, ce qui est évidemment plus facile que d’être révolutionnaire c’est-à-dire en quelque sorte en une sorte de nouvelle nuit du 4 août de jeter le thé à la mer, afin de mettre fin réellement et concrètement au règne de l’exploitation de l’homme par l’homme et de mettre sur pied à la place une société radicalement plus juste et plus égalitaire.
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UN POISSON POURRIT TOUJOURS EN COMMENÇANT PAR LA TÊTE.
PREMIER EXEMPLE : SUR LE PLAN NATIONAL (RÉFLEXIONS À PROPOS DU LIVRE DU SOCIOLOGUE FRANÇAIS TARIK YILDIZ).
De quoi s’agit-il ? L’auteur de ce livre ayant physiquement l’apparence d’un autochtone ou d’un indigène de ce pays, bien que ou parce que d’origine turque, il a donc subi, lui aussi, plus ou moins le même sort que ses camarades « de vieille souche ou assimilé » comme on dit. D’où ce livre (le racisme anti-blanc, ne pas en parler : un déni de réalité, 58 pages).
Il n’y a pas d’antiracisme dans ce pays, en tout cas depuis 60 ans, il n’y a que des racismes anti quelque chose.
Racisme antinoir quand on est blanc, racisme antiblanc quand on est noir, racisme anti-arabe quand on est pro-israélien, racisme antijuif quand on est arabo-musulman, et ainsi de suite. Ce qui est incroyable c’est la montée régulière et quasiment institutionnalisée (cf. le « think » « tank » socialiste Terra Nova) de tous ces communautarismes en France depuis la fin du XXe siècle. C’est une marée montante qui va finir par tout emporter si nos élites ne se reprennent pas in extremis.
Le racisme qui était pratiquement inconnu sur le territoire national du temps de Boadicée (honneur aux dames) ou d’Ambiorix et de Commios, de Charlemagne, et même encore de Napoléon (puisqu’à l’époque il s’agissait avant tout d’intolérances ou de guerres de religion, page tournée en ce qui concerne les juifs par le principe révolutionnaire mis en avant par ce dernier en 1806 et 1807 : rien pour les juifs en tant que juifs, tout pour les juifs en tant que citoyens…) ; depuis quelques décennies se démultiplie à une vitesse incroyable dans le pays, en même temps que les lois et les associations subventionnées pour le combattre.
Fin 2010 (le 6 octobre plus précisément) à Aix-en-Provence, ville moyenne et tranquille du sud de la France, un ophtalmologiste fut accusé par un patient d’avoir refusé de soigner sa petite fille en lui tenant les propos suivants : « Casse-toi d’ici, sale Arabe, tu souilles mon cabinet. Moi, je ne soigne pas les Arabes ».
Le matraquage médiatique fut immédiat. Pendant plusieurs jours il y eut un déferlement d’articles et de réactions indignées appelant à se mobiliser contre le nazisme ou pour Dieu et pour casser la gueule au Front national, contre le racisme contre le fascisme, pour l’enrichissement culturel pour casser la gueule à Marine Le Pen, etc.
Les rectificatifs (car bien sûr tout cela était inventé de toutes pièces, il suffisait de réfléchir un peu à l’incohérence ou à la variation des accusations ainsi qu’à leur caractère bien peu vraisemblable) furent lents à venir et en tout cas mille fois moins nombreux ou moins détaillés que les articles initiaux relayant cette dénonciation calomnieuse.
Apparemment il y aurait eu par la suite une procédure judiciaire d’ouverte contre l’auteur de cette accusation aussi ignoble qu’injustifiée, et nous nous en félicitons ! Le racisme est une chose trop grave et trop sérieuse pour qu’on laisse galvauder ou dévaloriser la légitime lutte qu’il faut mener… contre ! Le racisme est une chose trop sérieuse pour être laissée aux seuls antiracistes patentés !
Nous espérons seulement que la sanction sera à la hauteur du mal fait par cette fausse accusation. Toute accusation injustifiée, de racisme, devrait d’ailleurs être systématiquement suivie d’une action en justice de la part de l’État, pour dénonciation calomnieuse. Toute accusation de racisme devrait être suivie de vigoureuses poursuites pour dénonciation calomnieuse si la conclusion du tribunal est le non-lieu ou l’acquittement de l’accusé (de racisme). Quant aux médias ayant répété à l’infini en boucle l’accusation, ils devraient avoir l’obligation sous peine de lourdes sanctions de « rectifier leur tir ». Un peu dans les mêmes conditions que le droit de réponse dans les journaux, et ce même si la victime de cette accusation injuste ne le demande pas.
On ne dira jamais assez le mal fait aux habitants de ce pays (combien de générations perdues,) par le comportement odieux * et aveugle des intellectuels des sportifs des politiciens professionnels, voire des hommes de Dieu… en la matière. Ils ont créé de toutes pièces ou presque un très grave et très douloureux problème, qui ne se manifestait nullement à l’intérieur des frontières nationales (voir la situation en 1700, en 1800, en 1900) comme si les autres ne suffisaient pas (racisme antinoir antisémitisme, etc.…) et il va falloir maintenant peut-être quatre ou cinq siècles pour le surmonter. En
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France plusieurs siècles auront été nécessaires pour que descendants des envahisseurs « Barbares » et « Romains » se fondent et s’unissent en une seule et même nation (après être passé par le stade franc de la personnalité ou non-territorialité des lois du Ve au Xe siècle).
Le comte de Boulainvilliers dans son essai sur la noblesse de France publié en 1732 à Amsterdam fait encore des nobles des descendants de conquérants francs et du peuple des descendants des Gaulois qui ne se rapprocheront que sous Hugues Capet, premier roi des Francs à ne plus parler le francique, mais à s’exprimer en vieux français (pour ce qui est du vieux français voir le sermon sur Jonas fragment de Valenciennes écrit en latin, mais aussi en vieux français).
Et aux États-Unis également il a bien fallu un ou deux siècles pour que l’on arrive à dépasser le stade du clivage noir/blanc (en tout cas psychologiquement avec l’élection d’Obama). Quant aux Amérindiens, eux, ils auront dû attendre 1924 pour avoir les mêmes droits que les autres citoyens de ce pays. En Irlande et en Espagne par contre la fusion n’a pas pu se faire (il y a eu Reconquête ou Indépendance).
Maintenant me direz-vous, oui, mais les journalistes et les gens des médias ont quand même fini par comprendre (c’est-à-dire que là où une bergère des montagnes ou un marin-pêcheur des provinces maritimes, met 15 jours à réaliser, un intellectuel français, lui, met 15 ans, quand ce n’est pas 50), un peu tard donc certes, mais enfin ils ont compris !
Que nenni monseigneur ! Permettez-moi de douter de l’intelligence des gens de médias faisant la promotion de ce livre de Tarik Yildiz aujourd’hui pour deux raisons.
Première raison : ils soulignent comme l’auteur qu’ils ne veulent surtout pas que des extrêmes s’emparent de ce sujet…
Or c’est là une réédition de la vieille histoire du serpent qui se mord la queue, car ce genre d’individus (si ce n’est pas lui, c’est son frère, en esprit) étiquette « extrêmes » les autochtones ou les indigènes préoccupés par ce défi – et donc en rejette de fait, auxdits extrêmes, une partie d’entre eux, comme dans le cas des prophéties autoréalisatrices ; puis s’étonne de découvrir, ô catastrophe, qu’effectivement ce sont toujours les extrêmes, ainsi définis, qui se préoccupent de ces défis lancés à notre société. D’où ce syllogisme d’un nouveau genre (en fait c’est un sophisme, plus précisément une pétition de principe).
— Tous les extrémistes sont sensibles à ce type de racisme.
— Se préoccuper de ce racisme c’est donc faire partie des extrêmes.
— Il faut être pour l’enrichissement, culturel, ou pas culturel **.
Le même constat peut être fait à propos de la nécessaire saine et légitime critique des religions, des religions en général ou de telle ou telle idéologie religieuse en particulier, critique à laquelle on dénie d’emblée toute légitimité en l’assimilant à un quelconque racisme religieux.
Les intellectuels français récidivent d’ailleurs en ce moment en cataloguant d’office républicain d’extrême droite tous ceux qui…
a) Ne sont pas près de se convertir à l’islam.
b) N’aiment pas l’islam (le vrai, celui qui se définit par le triptyque Coran + Hadiths ou Tradition majoritaire + Charia).
c) Pensent qu’il vaut mieux que le maximum d’êtres humains puisse vivre… affranchis des contraintes de cette religion, à commencer par les musulmans eux-mêmes.
Deuxième raison. Ils mettent en avant comme excuse, pour moins se préoccuper de cet inquiétant phénomène, qu’il est toujours plus facile dans ce pays de trouver du travail ou de se loger quand on s’appelle Jean ou Pierre que quand on s’appelle Mohamed ou Ali. Certes, certes, mais pour encore combien de temps ? Gouverner c’est prévoir ! Faire preuve d’un minimum d’intelligence, c’est aussi prévoir. La véritable question est donc : qu’en sera-t-il dans cent ans ? Dans deux cents ans ? Dans trois cents ans ?
Pour mémoire les Amérindiens étaient plusieurs millions en 1500 et seulement 237 000 en 1900. Les Français 2500 en 1663 et 90 000 en 1766. Les Anglais ou assimilés (Amish allemands et huguenots français, presbytériens écossais, luthériens allemands) 60 000 en 1650, 270 000 en 1700, 434 600 en 1715 et enfin 2, 3 millions en 1765. Cela s’appelle l’Histoire. Ce que n’ont toujours pas compris les ardents pourfendeurs du communisme (c’est-à-dire tout le monde maintenant qu’il fait partie des grands vaincus de l’Histoire des idées sociales et il est quand même plus facile de dénoncer le racisme sans remettre en cause son train de vie personnel, ainsi que le fait la célèbre épouse de l’actuel président de la République française, ça coûte moins cher, que d’œuvrer concrètement à la fin
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de l’exploitation de l’homme par l’homme)… c’est qu’en dehors du communisme justement, il y a ce que l’on appelle… l’Histoire ! Rien n’est jamais figé, tout bouge constamment !
Rappelons enfin qu’un autochtone ou un indigène de ce pays, disons originaire du pays profond, aurait très bien pu écrire le même genre d’ouvrage… il y a 50 ans (voir d’ailleurs mon essai sur le nationalisme humaniste publié en 1982, aux Éditions Keltia de Merdrignac par mon vieil ami Jacques Quatrebœufs et qui commence par cette citation de Jean Jaurès : un peu d’internationalisme éloigne de la patrie, beaucoup y ramène). Mais voilà, il a fallu attendre un jeune immigré de 25 ans pour que cela se fasse, en 2010. Car il est vrai qu’un tel ouvrage écrit par un Jean ou un Pierre quelconque n’aurait jamais été accepté par une maison d’édition à l’époque.
Je rassure néanmoins mes contempteurs ou mes critiques de plus en plus inquiets, je vais leur faciliter la tâche afin de pouvoir rapidement passer à autre chose : j’avoue ! J’avoue qu’ils ont totalement raison et leur croisade cosmique universelle contre moi ou ce que j’ai mis par écrit, est plus que légitime : indispensable, pour quatre raisons.
1) Je suis dénué de toute instruction, même élémentaire (pas d’études primaires ni même secondaires évidemment, et de toute façon j’étais toujours le dernier de ma classe).
2) Je n’ai aucune intelligence (aucune curiosité intellectuelle, aucune réflexion, aucun recul, aucun esprit critique, je suis totalement incapable de faire des rapprochements ou d’établir des liens entre des faits avérés – pour la simple raison d’ailleurs que je ne retiens rien n’apprend rien et n’ai aucune mémoire, en ce qui concerne l’étendue des connaissances et l’érudition je suis proche du zéro absolu – sans oublier une totale incapacité à voir les choses à long terme ou dans leur durée).
3)Je suis un vrai méchant, pour être plus précis je suis un psychopathe et un monstre aimant torturer les petits enfants innocents tous les matins.
4) Et enfin évidemment je suis riche, j’ai toujours vécu dans la richesse, car mes parents eux-mêmes ont toujours vécu dans l’opulence !
Alors qu’eux évidemment sont tous pauvres, et n’ont que leur chemise sur le dos, par définition, puisqu’ils donnent tout et jusqu’à leur dernier sou aux malheureux enfants obligés de ruiner leur santé physique et mentale ainsi que leur avenir en travaillant comme des esclaves ou en faisant les poubelles.
Ce sont des saints à la bonté infinie, de nouveaux christs, de nouveaux bouddhas, des êtres parfaits, arrivés par hasard là où ils sont.
Leur génie fulgurant fait qu’ils ne sont jamais trompés de leur vie et qu’ils ont toujours raison bien évidemment, mais avec modestie toujours cela va de soi, l’orgueil leur étant par définition étranger.
Quant à leur degré d’instruction là j’hésite. À voir les fautes de grammaire ou d’orthographe commises par nombre d’entre eux, on pourrait bien entendu en inférer qu’ils furent loin d’être toujours les premiers de leur classe, mais d’un autre côté le fait qu’ils n’ont pas eu comme moi la chance (car c’en est une), d’être en mesure de faire un minimum de solides études primaires ou secondaires, à cause de la pauvreté de leurs parents, n’en fait que mieux ressortir la profondeur intrinsèque de leur génie congénital, inné, voire ancestral peut-être (génétique ?)
De toute façon, c’est bien simple, prenez une liste de qualités (au besoin, faites-la vous-mêmes) : ils les ont toutes et au degré optimum évidemment. Quant à moi, faites une liste complète de tous les défauts du monde, des plus démoniaques ou diaboliques ou sataniques aux plus véniels ou aux plus mineurs (à l’âge de quatre ans j’ai par exemple volé une part de gâteau laissé à refroidir sur le rebord d’une fenêtre appartenant à la famille Lefray de Lérouville, si ce n’est moi c’est donc mon frère !!) et dites-vous bien que je les ai tous au degré le plus ultime. Je n’ai aucune qualité, sauf par erreur, je n’ai que des défauts à la puissance absolue, je suis la haine absolue et même carrément le mal absolu ! Le Diable ou le Grand Satan et Lucifer réunis, en personne. Et maintenant que ceci a été dit, passons à autre chose ! Revenons à nos moutons (de Panurge) !
* Le nom de la « victime » est masqué, celui du médecin accusé injustement par contre, lui, est étalé, aucun conditionnel dans l’article, aucune vérification des faits, etc.
* * Si l’immigration ne sert qu’à nous enrichir MATÉRIELLEMENT alors c’est dégueulasse. Si elle sert à nous enrichir culturellement, alors combien de générations perdues pour des résultats qui auraient pu être obtenus autrement ! Il suffit de regarder ce qui s’est passé au Moyen âge et à la Renaissance !
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EXEMPLE SUR LE PLAN ÉCONOMIQUE (RÉFLEXIONS À PROPOS DU DERNIER ESSAI D’EMMANUEL TODD).
Le sociologue et historien Emmanuel Todd a souvent des mots justes, mais d’une grande modération pour caractériser les élites françaises, car il est un peu comme Obama. C’est un homme trop bien élevé pour utiliser un vocabulaire plus percutant ou pour étendre son jugement à d’autres domaines.
Pour Emmanuel Todd en effet la désaffection croissante à l’égard des partis politiques traditionnels s’explique seulement par une double erreur historique des élites de ce pays « qui a donné l’impression à la population française et à d’autres populations dans le monde que leur classe dirigeante était incompétente. Ou totalement indifférente à leur sort ».
La grande nouveauté de la situation politique et idéologique est une radicale délégitimation des élites, phénomène qui rend possibles toutes les embardées ou tous les dérapages politiques imaginables… Même s’il survient des accidents dans l’histoire (et pour moi, l’intervention russe en Géorgie de 2008 en est un), un président tel que Nicolas Sarkozy incarne à merveille cette situation de vide. Mais ce vide n’est pas confiné à l’Élysée. Les classes dirigeantes au sens le plus large ont été les défenseurs acharnés de deux options dont tout le monde sait aujourd’hui qu’elles sont obsolètes : le libre-échange avec la Chine et l’euro. J’utiliserais volontiers, pour décrire l’état de ces concepts, une expression du sociologue allemand Ulrich Beck, celle de « concept zombie » : un concept mort, mais que l’on croit vivant.
Nos compatriotes ont en effet compris que ce libre-échange détruit leur vie. Ils ont très bien compris depuis les crises budgétaires européennes que le système monétaire actuel est victime d’un acharnement thérapeutique. Les hommes de médias de ma génération ont aussi une responsabilité dans cette déroute des élites françaises.
Quand je vois Jean-Michel Aphatie face à Marine Le Pen sur le plateau de Canal +, ou quand je lis Laurent Joffrin qualifiant de lepéniste « Ce soir ou Jamais », la meilleure émission de débat du paysage audiovisuel, menacée de surcroît par l’Élysée, il s’agit moins de journalistes que d’idéologues purs qui tentent de perpétuer une vision du monde totalement archaïque.
Mais ils font partie des classes dirigeantes et particulièrement Laurent Joffrin dont les aller-retour entre le Nouvel Observateur et Libération, en tant que directeur, ont significativement contribué à la paralysie idéologique de deux grands journaux de gauche très importants et contribué à la non-prise en compte par la gauche des intérêts économiques des milieux populaires… J’ai été absolument fasciné, lors des commentaires postélectoraux, par le fait que Jean-François Copé et Christian Jacob ont rappelé que la nécessité de garder l’euro était le clivage premier qui les séparait du Front national. Au fond, la tendance sarkozyste de l’UMP suit pleinement le Front national sur les thématiques identitaires et de sécurité, ce qui rend la situation ingérable. La relance des thématiques identitaires a d’ailleurs été décidée à l’Élysée. Mais cette stratégie aboutit à mettre l’UMP dans une sorte de seringue : alors que le Front national peut aussi se déployer sur les thèmes économiques et sociaux en prônant la sortie de l’euro, la tendance sarkozyste de l’UMP qui représente au plus haut niveau l’oligarchie économique, ne peut que défendre l’euro qui est l’argent des riches.
Là réside sans doute la véritable explication des transferts de voix… Symétriquement, les socialistes qui se battent contre la préférence nationale, mais souscrivent à des politiques économiques qui détruisent en priorité les enfants d’immigrés ne sont pas des républicains sincères.
En vérité, l’attachement des partis dits républicains à des concepts économiques qui détruisent la vie des Français pourrait faire bientôt du mot République un concept zombie. On peut toutefois ramener à la vie cette République en changeant de politique économique… au-delà de la confusion, ce sont les basculements générationnels qui importent. La fragilité initiale du sarkozysme était que le Président a été l’élu des vieux, très effrayés par les émeutes de 2005 dont il était largement responsable, et actuellement, la fuite hors de l’électorat UMP s’effectue dans ce qui restait de jeunes au sein de l’électorat de droite… Je ne suis pas partisan d’une disparition ou d’un rejet des élites. Je plaide
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simplement pour le retour des élites à la responsabilité et à la raison… Je demande simplement que la méritocratie française fasse son boulot, s’occupe de la démocratie française, et justifie ainsi ce qu’a coûté son éducation à la nation… La bonne démocratie fonctionne quand une partie importante des élites prend en charge les intérêts économiques et moraux de l’ensemble de la population.
Comme nous ne sommes pas du tout aussi bien élevé qu’Emmanuel Todd nous nous permettrons de reformuler ses idées en recourant au vocabulaire qui s’impose, en appelant un chat un chat et Rollet un fripon, sans oublier de les étendre à bien plus de domaines qu’il n’ose le faire, car sur certains points Emmanuel Todd n’arrive pas encore à sauter le pas, et s’arrête en chemin, comme retenu par une sorte de pudeur face à l’inconcevable. Face au lavage de cerveau à l’échelle planétaire nous ferons donc du Emmanuel Todd à la puissance 10.
Cela dit, si nous comprenons bien Emmanuel Todd, quand un sage (les faits : notre maître à tous) montre la lune de son doigt, l’intellectuel français (ou le journaliste ou le politicien, etc.…) regarde le doigt. Voilà ce qui arrive quand l’orgueil (l’euphémisme correspondant qui est en réalité une litote, pour désigner ce défaut, est de nos jours l’expression « égo surdimensionné ») quand l’orgueil donc et le mépris, des autres, du peuple (de la simple bergère ou du vieux marin-pêcheur des provinces maritimes comme on dit chez mes cousins) remplace le bon sens. Ce manque d’intelligence des élites françaises d’aujourd’hui est d’ailleurs démontré on ne saurait mieux par l’affaire des deux sondages * Marine Le Pen.
Cela montre bien…
1) L’incapacité de ces élites (hommes politiques, des médias, de religion, intellectuels et sportifs professionnels, artistes engagés politiquement…) à comprendre et à éprouver de l’empathie envers toute une partie de l’électorat qui souffre socialement ou psychologiquement. Littéralement : ils ne peuvent pas comprendre ! Ils ne peuvent pas expliquer !
2) L’incapacité de ces mêmes élites à contrer ce mouvement de fond : leurs arguments manquent totalement de pertinence au point même que cela en devient effarant, car cela montre encore une fois et le déficit de compréhension intellectuelle (défaut de connaissances générales, de réflexion en profondeur, de recul historique, etc.) et le manque d’empathie de ces élites (intellectuels et sportifs professionnels artistes, etc.) envers une partie de leurs concitoyens.
* Résumé de l’affaire : début 2011 en France (28 février – 3 mars) un premier sondage sur les intentions de vote avait placé presque en tête la candidate du parti appelé « le Front national ». Devant l’émoi suscité par ce résultat un autre sondage fut aussitôt effectué (les 5 et 6 mars) avec des questions quelque peu différentes… mais donna et même amplifia le même résultat. La morale de l’histoire ? Faites un peu moins de tactique pour « gagner » à tout prix messieurs. Exercer des responsabilités dans la communauté ne doit pas être un métier ou un moyen de s’enrichir (d’ailleurs je suis pour le non-cumul des fonctions électorales et leur non-renouvellement). Et défendez simplement avec constance vos convictions personnelles les plus sincères, même si cela « ne paye pas » ! Laissez le peuple choisir en toute liberté ! Si ça, c’est du nazisme, alors je suis nazi et vive le nazisme ! Si ça, c’est être stalinien, alors je suis stalinien et vive Staline ! Le principal point faible des démocraties avons-nous dit c’est la qualité de ses gens de média. Ce qu’a écrit Gustave Le Bon dans sa psychologie des foules (en gros : dans une foule les plus intelligents, s’il y en a éventuellement, se comportent comme les moins intelligents, comme les plus primaires, les plus grossiers) ; s’applique très bien à la foule organisée qu’est le milieu médiaticopolitique.
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SUR LE PLAN SOCIÉTAL
(AUTRE EXEMPLE APRÈS CELUI DU RACISME OU DE L’ÉCONOMIE :
LE MARIAGE).
Le mariage homosexuel est une idée à la mode aujourd’hui. Le nec plus ultra des droits de l’homme. De l’homme ou de la femme.
Je crains hélas que tout cela ne soit des sophismes d’apprentis sorciers très révélateurs du climat d’hétérophobie ou de refus de l’autre régnant dans notre société voire du peu d’intelligence en profondeur des intellectuels qui nous gouvernent et qui peut se constater aussi en d’autres domaines.
Il faut par exemple avoir l’esprit étriqué d’un petit bourgeois sulpicien pour croire que le mariage a été institué dans les sociétés d’homo sapiens afin de permettre à des êtres humains qui s’aiment de vivre ensemble…
La tuile gravée N° 16 trouvée en 1997 à Chateaubleau en France en est la preuve absolue. La première qualité de la fiancée y est en effet d’être INCOROBOUIDA. Ce qui signifie en gros « riche en bétail ».
L’absence de mariage n’a jamais empêché des êtres humains qui s’aiment de vivre ensemble s’ils le veulent vraiment (une fois devenus majeurs). D’ailleurs, pourquoi se limiter à deux personnes ? Polygamie, polygynie, polyandrie, à chacun de voir ENTRE ADULTES CONSENTANTS (le seul vrai problème ce sont les enfants pouvant naître de ces unions, et c’est d’ailleurs une des principales raisons ayant présidé à l’institution du mariage).
Il suffit de se pencher un peu sur la vie de Mahomet pour se rendre compte que le mariage est un contrat de services sexuels, d’assistance dans le besoin, avec en prime la possibilité de s’assurer une descendance issue des deux parents, d’où par ricochet une alliance entre familles. De là son deuxième nom d’ailleurs en français : alliance.
Les Grecs ne s’y étaient pas trompés qui connaissaient et les mariages officiels (de raison) et les mariages officieux.
Maintenant évidemment rien n’empêche de joindre l’utile à l’agréable, et d’avoir les deux (amour natif ou amour conjugal). Il est d’ailleurs assez imprudent de se marier avec quelqu’un pour lequel on n’a aucune attirance minimale et contre son gré. Il est plutôt conseillé d’être au minimum attiré par lui ou par elle d’une façon ou d’une autre. Disons pour conclure que l’idéal ce n’est pas le mariage d’amour, que l’idéal ce n’est pas non plus le mariage de raison, que l’idéal c’est LE MARIAGE D’AMOUR ET DE RAISON OU INVERSEMENT. Un peu comme en matière de religion d’ailleurs, l’alliance de la Foi ET DE LA RAISON.
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RÉFLEXIONS DONC À PROPOS DE QUELQUES AUTRES POINTS DE L’ACTUALITÉ.
NDLR. Ensemble de 25 feuilles de papier brouillon retrouvé par les héritiers de Pierre de La Crau et inséré par eux à cet endroit vu l’allusion à la seconde bataille de Mag Tured griffonnée au début pour commencer.
On me pardonnera peut-être de traiter dans ce qui suit de nos élites comme Vauvenargues l’a fait des êtres humains en général, au sens commun du terme (là je sens que je vais me faire des ennemis, car leur orgueil va en prendre un coup et ça, ils ne me le pardonneront jamais).
On me pardonnera par contre d’être du moins je l’espère, plus indulgent pour le marin-pêcheur ou le vacher, autrement dit pour les hommes du peuple qui certes ne sont pas meilleurs, mais ont l’excuse, eux, au moins, de n’avoir pas fait autant d’études, voire d’avoir un égo un peu moins surdimensionné.
Tant d’énergie humaine (tant de milliards représentant tant d’énergie humaine) dépensée au niveau planétaire en vaines futilités, en spectacles éphémères ou dans des mécaniques tout aussi éphémères à changer tous les dix ans – Teilhard de Chardin avait bien raison de parler d’obsolescence planifiée ou soigneusement organisée à l’avance en ce qui les concerne – au lieu de déjà se préparer, en en débattant, à l’inévitable décroissance qui nous attend au tournant. Quant à la laïcité ouverte ou la coexistence pacifique des religions dans un État moderne, que l’on appelait autrefois paganisme, nul besoin d’en débattre – nous sommes décidément dans une société du spectacle ou de l’esbroufe – il suffit d’appliquer la loi de 1905, et elle est très bonne, elle a été mûrement réfléchie (après trois siècles de guerres de religion) en ce domaine.
De 1918 à 1938, le monde entier (enfin, du moins disons tous les gens bien) a vécu tétanisé par les souvenirs de la guerre mondiale précédente. Toute la vie politique tournait autour de cette crainte. Le résultat tout le monde le connaît : Munich 1938 ! Et ensuite évidemment, de façon inexorable ou inéluctable, une nouvelle guerre, pire que la première (55 millions de morts).
Or ne sommes-nous pas en train de réitérer une telle capitulation en rase campagne au niveau du combat des idées, du choc des valeurs ??? Uae Uictebo a un jour déclaré Brennus. Et depuis les Anciens (Romains) ont donc ajouté par conséquent : « si vis pacem para bellum ».
Ce que l’on pourrait traduire aujourd’hui par « nécessité d’un réarmement moral ». Moral, car les guerres de l’avenir se gagneront en libérant les esprits et non en mutilant les corps. Ce que je ne comprends pas c’est comment tant de gens bien, évidemment gentils et intelligents, peuvent prétendre se battre, parfois même avec virulence – voir leur implacable lutte contre le nazisme le socialisme le stalinisme le racisme le communisme et ainsi de suite, à mains nues contre des chars et des mitrailleuses –, de la main droite, pour préserver la biodiversité, la diversité, les minorités, les cultures, les langues, bref tout ce qui fait la richesse de notre monde ; alors qu’ils sont indifférents, ou au contraire applaudissent, voire contribuent, de la main gauche, au plus fantastique phénomène de massification d’uniformisation et de lavage universel ou planétaire des cerveaux, jamais tentés à ce jour. Il suffit de regarder les réclames à la télévision le soir.
Tous les quinze jours ou presque en effet s’éteignent des tribus des langues des cultures des mythologies des spiritualités. D’ici à la fin du XXIe siècle, la moitié des sept mille langues vivantes de notre planète ne le seront plus. Le phénomène s’est accéléré au cours du XXe siècle. Vers 1900 l’État de Californie comptait par exemple encore 50 langues autochtones, aujourd’hui, ses habitants ne s’expriment plus qu’en espagnol ou en anglais. Ce phénomène est plus rapide dans certains pays que d’autres. Or comme l’explique le linguiste américain Michael Krauss : « le monde des langues est un microcosme d’informations hautement spécialisées. Une langue n’est pas simplement un ensemble de mots différents pour désigner les mêmes choses. Chaque langue a sa propre façon de voir le monde ».
Mais maintenant d’un bout à l’autre de la planète il n’y a plus que les mêmes façons de vivre ou de mourir, de se nourrir, de s’habiller, de se loger, de se comporter ; les mêmes idées creuses, les mêmes idées reçues, les mêmes lieux communs (consommation obligatoire métissage obligatoire libéralisme économique obligatoire et corollaires immédiats, l’exaltation des champions sportifs professionnels multimilliardaires et ainsi de suite) martelés à l’infini dans les œuvres de fiction ou les pseudo-informations, au mieux entre deux vraies informations ou réflexions utiles à l’Humanité, pour vendre et encore vendre ou s’imposer à autrui ; sans aucune grandeur ni profondeur, mais toujours dans les domaines les plus grossièrement et puérilement matérialistes comme dans les plus indignes
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spectacles de télé-réalité* : bref un décervelage et une propagande subliminale ou insidieuse, à l’échelle mondiale.
Plus que jamais le cri d’alarme jadis lancé par notre vieux maître Pierre Lance sous l’appellation de personnalisme est d’actualité : « Deviens chaque jour davantage toi-même et pas un autre » Sinn Féin ! Mieux vaut être pauvre et garder son âme, sa grandeur d’âme pourrait-on dire, que le contraire, vendre son âme pour une poignée de biens matériels éphémères. Encore une fois Sinn Féin !
* Réalité réalité… jamais un type d’émissions télévisées n’aura si mal porté son nom. Et, pourtant, elles sont typiques de notre civilisation en pleine décadence. Ayant une puissance matérielle sans précédent, mais dotée de sphincters à la place de l’âme. Mûre pour être subjuguée par les nouveaux barbares de notre époque, les nazislamistes, comme l’Empire romain le fut en son temps, et l’empire celtique (Letavia ou Celticum) avant lui.
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RÉFLEXIONS SUR L’ACCUSATION DE POPULISME. QUI EN DIT PLUS SUR CEUX QUI LA PORTENT
QUE SUR CEUX QUI SONT AINSI VISÉS.
L’ÉQUATION EXTREME-DROITE = NATIONALISME = POPULISME étant devenue le mode de « pensée » dominant dans nos médias, ce qui ne contribue guère à la clarté des débats politiques de base puisqu’il s’agit a priori de trois choses différentes.
N.B. Il n’est pas question dans ce chapitre de revenir dans le Boston du 18e siècle papoter autour d’une tasse de thé (d’ailleurs nous préférons le café), mais notre devise pourrait bien être aussi « ne me marche pas dessus » *. Ou comme aurait pu le dire l’Algérien Marcel Camus « Entre Washington et ma mère, je choisis ma mère ».
Tous pour et un pour. Ambiorix roi des Éburons : « son pouvoir était d’une telle nature que le peuple avait autant d’autorité sur lui que lui n’en avait sur le peuple » (César, B.G. Livre III, chapitre XXVII).
La grande démocratie athénienne quand on tient compte du fait qu’en sont exclus les mineurs les femmes les métèques (immigrés) et les esclaves c’est 40 000 citoyens au mieux à l’origine (-500). Guère plus et peut-être même moins que la grande confédération iroquoise. Il importe donc de se pencher quelque peu sur cette idole des temps modernes.
Et nous considèrerons donc ici comme seule véritable démocratie la démocratie directe d’un vieux chef iroquois qui essaie d’impliquer le maximum des grandes gueules masculines ou féminines de sa tribu dans les décisions à prendre qui sont les plus difficiles : passer l’hiver sur place ou migrer vers le sud, partir en guerre ou accepter les propositions inéquitables des Blancs (j’utilise les termes employés à l’époque, mais chacun doit bien savoir que les races n’existent pas dans l’Amérique de cette époque : il n’y a ni Indiens, ni Blancs ni Noirs, il n’y a que des Américains **).
Signe des temps, nous pouvons assister depuis quelques décennies à une incroyable montée en puissance du rejet de la vraie démocratie de la part des journalistes des élites et des hommes politiques.
C’est même devenu un lieu commun : dès qu’un mouvement ou un homme politique déroge aux règles du consensus, on parle de populisme.
Pour ses détracteurs, le populiste apparaît sous la figure d’un habile démagogue qui mettrait en fait en péril la vraie démocratie, la leur.
L’accusation de populisme trahit en réalité a contrario les deux défis politiques majeurs auxquels sont confrontées nos sociétés.
En premier lieu l’émergence historique de mouvements populistes marque une crise de la représentation politique traditionnelle qui ne sait plus répondre aux attentes du peuple.
En second lieu, l’accusation de populisme masque l’idée que l’appel à une forme plus directe ou plus impliquée du peuple reste fondamentalement illégitime, car le peuple serait par nature incapable de se gouverner lui-même.
On voit ici l’enjeu de ce débat : il s’agit ni plus ni moins de la légitimité et de la validité des revendications populaires elles-mêmes ! Accuser de populisme, c’est travestir le principe même de la démocratie. Il ne s’agit plus du « gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple », mais du gouvernement du peuple par ceux-là seuls qui savent ce qui est bon pour lui.
La démocratie représentative se trouve ici aux prises avec une contradiction majeure : elle se réclame du peuple, mais elle ne peut tolérer que les classes sociales populaires se mêlent de politique. Depuis les années 1950, les intellectuels encouragent l’apathie politique, l’absence d’engagement, le peuple devant se contenter de choisir entre des élites rivales. Pour eux, un peuple investi en politique est dangereux. Classes laborieuses, classes dangereuses. Autrefois on justifiait le suffrage censitaire ou l’aristocratie héréditaire. Aujourd’hui, une oligarchie recrutée dans les mêmes grandes écoles, formée en économie par une pensée unique, s’autoproclame seule digne des suffrages.
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Le terme de populisme implique la notion de peuple. Or, cette notion peut-elle avoir un sens individualiste ? Le dictionnaire définit le peuple comme un « ensemble d’êtres humains vivant sur le même territoire ou ayant en commun une culture, des mœurs, un système de gouvernement. »
Vu cette définition très large et générale du « peuple politique », il est pratiquement impossible de trouver un intérêt commun sur lequel tous ses membres seraient d’accord. Désolé pour le Suisse Rousseau et son Contrat social !
Soit donc un politicien qui promet au peuple des baisses d’impôts. C’est du populisme, jugent ses adversaires. Mais cette définition est inopérante : le politicien ne le promet pas à lui-même, ni à ses rivaux, ni en fait à l’ensemble de la population. Il ne peut le promettre en réalité qu’à ceux qui paient des impôts. Le terme populiste, pour avoir un sens, doit donc implicitement impliquer, au moins en partie, de définir le peuple comme l’ensemble de ceux qui paient des impôts.
L’usage de la notion péjorative de populisme par certains politiciens (pour en traiter d’autres de démagogues) permet de faire oublier qu’ils le sont tous nécessairement. Plutôt que d’utiliser le terme de populisme dans ce sens-là, il serait donc préférable d’employer celui, beaucoup plus précis et moins ambigu, d’électoralisme et de rappeler que la seule compétence requise pour faire de la politique dans une démocratie est celle consistant à savoir recueillir des suffrages, autrement dit à mentir, à flatter, à faire des promesses qu’on ne tiendra pas.
Le terme populisme en réalité rend plus compte de la mentalité de celui qui l’utilise plus qu’il ne décrit une réalité, serait-ce pour la stigmatiser.
Parler du peuple en effet ne va pas de soi. La pensée gréco-romaine voyait déjà le peuple sous plusieurs figures. Si l’on parle de démocratie, c’est aussi parce que pour les Grecs, le peuple c’est tout autant le demos que le plethos : la foule, la populace. Dès son origine, la démocratie souffre d’un rejet, voire d’une véritable haine. Platon refuse la démocratie dans sa République. Selon lui l’homme de type démocratique suivrait ses inclinations physiques en lieu et place de la réflexion. Pire, la démocratie ne reconnaît pas l’ordre traditionnel de l’aristocratie, car elle est fondée sur l’égalité. Égalité contre aristocratie.
Le sens littéral du terme populisme, donné initialement par le dictionnaire, est : « attitude politique consistant à se réclamer du peuple, de ses aspirations profondes, de sa défense contre les divers torts qui lui sont faits. ».
Or le principal usage qui est fait de cette notion consiste à accuser de populisme ceux qui défendent des souhaits populaires qui ne sont pas les mêmes que ceux de l’accusateur. Là encore, le terme est utilisé pour une raison simple : tout faire pour cacher la seule distinction pertinente, qui est celle entre les souhaits du “peuple” qui sont parfaitement légitimes et ceux qui ne le sont pas. Ainsi, est systématiquement traité de populiste ou de démagogue tout politicien osant rappeler que la sécurité est de moins en moins assurée, et qu’il faudrait peut-être par conséquent :
— soit laisser les individus se défendre contre les agressions
— ou que les hommes de l’État assurent la sécurité des biens et des personnes, ce qui, après tout, est le prétexte premier de leur monopole de la violence.
Le fait est qu’en réalité aujourd’hui, objectivement parlant, le terme « populisme » ne renvoie à aucune réalité similaire puisqu’il englobe sous cette étiquette des discours politiques très divers allant par exemple dans les débats médiatiques de la vieille Europe jusqu’à mettre dans un même sac Blocher, Haider, Marine Le Pen, Pim Fortuyn…
Et même en admettant qu’ils aient en commun une certaine méfiance envers l’immigration, à des degrés divers, sous des formes et pour des raisons très diverses d’ailleurs, ça n’explique toujours pas le « populiste » ni pourquoi il faudrait désigner d’un même terme un nationaliste plus ou moins socialiste (et de plus en plus socialiste depuis le début des années 1990…), un libéral conservateur, un conservateur nationaliste ou un opposant à Islam.
Le terme de populisme peut désigner ceux qui pensent que la volonté du peuple doit être respectée, le rôle du politique étant de se poser la question « Que demande le peuple ? » et le faire. Il y a par exemple des sociologues suisses qui critiquent les abus dans le droit d’asile, non pas parce qu’ils poseraient un problème en eux-mêmes, mais parce que « le peuple » les considère comme un problème.
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Le terme de populisme désigne aussi parfois ceux qui défendent la « volonté populaire » contre la démocratie représentative (par exemple, lors du débat traitant du référendum sur le Traité de Rome II en 2004, le journaliste français Noël Mamère l’a employé dans ce sens-là en disant que c’est le parlement français qui aurait dû ratifier le TCE, et que ceux qui pensaient le contraire sont contre la démocratie représentative et donc des populistes.
Il est également significatif que les partis au pouvoir envisagent parfois sérieusement d’interdire certains partis « d’extrême droite » et certaines formes de la liberté d’expression, alors même qu’ils acceptent par ailleurs que la volonté de la majorité prime sur le Droit : leur conception de la démocratie est de laisser la majorité choisir – tant qu’elle les choisit, eux.
Mais ceux-là, il est inutile de les qualifier de populistes, ce sont tout simplement des (pseudo ?) démocrates ! Tandis qu’un Mamère, dans ce cas, apparaît comme un autoritaire antidémocrate : non seulement il nie le droit des individus à disposer d’eux-mêmes (comme tous les pseudodémocrates), mais en plus il considère que c’est la classe politique, plutôt que la majorité du peuple, qui peut violer les droits individuels.
Le terme populisme est alors utilisé dans le même sens que démagogie, c’est-à-dire prétendre défendre les intérêts du « peuple » pour en réalité mieux défendre les siens, ce qui est en réalité la caractéristique même de tout politique ! Dans ce sens-là, le politicien qui traite ses homologues de populistes ne le fait que dans un seul but : détourner « le peuple » du fait qu’il l’est lui-même.
Conclusion. En jouant sur le sens vague du mot « peuple », l’usage du terme populisme permet d’entretenir la confusion sur la (pseudo-) démocratie, et ainsi éviter le débat de fond sur sa définition et sa légitimité. Or le peuple doit retrouver sa souveraineté, qui lui est ôtée par un système qui peu à peu entend le convoquer à intervalles très espacés uniquement pour lui demander de se prononcer parmi un choix d’élites autoproclamées. Et notre référence à cet égard outre celle à la nature du pouvoir du célèbre roi belge Ambiorix, doit être les Things d’Europe du Nord, non la pseudodémocratie grecque. Les souhaits du « peuple » légitimes sont tous ceux qui n’impliquent pas de violence agressive, mais au contraire visent à s’en protéger. Le tout revu et corrigé dans l’optique d’une réelle égalité politique entre hommes et femmes.
N.B. On trouve des Things dans toute la civilisation viking. De la Norvège à l’Islande, aux Îles Féroé, aux Shetlands et aux Orcades, voire dans l’Île de Man. Lorsque les Vikings et les premiers colons scandinaves débarquaient sur un nouveau site, ils y apportaient leurs coutumes et leur système légal. La place du Thing était le lieu où les décisions politiques étaient prises ; les lois y étaient proclamées, les disputes réglées. Elles tenaient le rôle de lieu de rassemblement et étaient souvent le siège d’une activité religieuse et commerciale ».
Comme dans le cas d’Ambiorix l’institution du Thing pouvait très bien coexister avec celle d’un certain type de royauté (sans aller jusqu’à parler de despotisme éclairé comme Voltaire et Diderot, relevons en effet que la meilleure des solutions politiques est toujours évidemment d’avoir un bon roi). Un Lögsögumad du 11e siècle rappela d’ailleurs un jour au roi de Suède Olof Skötkonung que c’était le peuple qui avait le pouvoir, et non lui. Le roi réalisa alors qu’il ne pouvait rien contre le Thing d’Uppsala réuni et dut céder.
Et que l’on ne vienne pas nous dire que la complexité du monde moderne rend nécessaire l’existence de professionnels de la politique payés pour cela.
Nous sommes convaincus que les progrès technologiques actuels (internet) permettraient de consulter fréquemment les citoyens sur tous les problèmes se posant à la société, périodiquement, en y revenant même souvent (chaque semaine ?). Il s’agit dans ce cas en effet de définir le champ de la souveraineté populaire. Certains choix étant par nature au-dessus de la volonté des majorités, et étant imprescriptibles, inaliénables.
Le plus difficile évidemment étant de se mettre d’accord une bonne fois pour toutes sur les points OU LES DROITS qui seraient considérés comme imprescriptibles inaliénables intouchables. AU MOINS POUR LONGTEMPS (deux ans de débat pour une mise au point destinée à durer au moins trente ans).
N.B. Une forme fédérale de gouvernement peut faciliter la chose.
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Il y a néanmoins dans ce cas, celui de la pratique du référendum, un corrélatif absolument nécessaire : l’éducation des nouvelles générations et une honnête loyale et suffisante information des adultes. Saint-Just et Condorcet en faisaient une priorité. Il ne peut y avoir d’implication populaire sans information SINCÈRE LOYALE ET HONNÊTE des adultes. Le résultat du vote dépend toujours de la richesse de la campagne électorale et des débats citoyens. Le seul problème dans ce cas et on y revient toujours est celui de la qualité des médias, qui trop souvent font écran entre le peuple et son gouvernement ou ses décideurs.
LES CHOIX IMPRESCRIPTIBLES EN QUESTION NE DEVANT PAS ÊTRE FORCÉMENT CEUX DES CLASSES SOCIALES QUI SONT GÉNÉRALEMENT VEXÉES JUSQU’AUX TRÉFONDS D’EUX-MÊMES DE NE PAS ÊTRE CONSIDÉRÉES COMME FAISANT PARTIE DES ÉLITES, DES GENS BIEN, GENTILS, ET INTELLIGENTS, QUI N’ONT QU’UN SEUL DÉFAUT : CELUI D’ÊTRE PAUVRES (ben oui, puisqu’ils donnent tout ce qu’ils gagnent aux SDF).
* Le Gadsden Flag et sa devise libertarienne (« Ne me marche pas dessus ») figurent dans l’imagerie révolutionnaire de la guerre d’indépendance.
** Allez demander aux descendants de ces Amérindiens ce qu’ils pensent de cette non-différenciation, de cette non-existence des Blancs.
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AUTRES RÉFLEXIONS
SUR QUELQUES PASSIONS BIEN HUMAINES…
La biodiversité est une invention païenne. Le foisonnement des différences, des langues, des cultures, des civilisations ; ce n’est pas ce que le démiurge des monolâtres, quel que soit son nom (Dieu Yahweh ou Allah) avait initialement prévu pour l’Homme dans son jardin d’Eden. Ce qu’il avait initialement concocté pour l’Homme afin qu’il lui rende un culte, une seule terre un seul dieu un seul peuple. Toute ressemblance avec le « ein volk ein reich ein führer » étant bien évidemment exclue. Dans la Bible et dans la religion musulmane, il faut attendre l’épisode de la Tour de Babel pour que le Dieu des monolâtres se convertisse à la biodiversité (conçue comme une punition). Mais ses prêtres reviennent aujourd’hui à son discours antérieur. Étrange retournement de la situation, c’est ce que nos élites baptisent aujourd’hui du nom de « démocratie » en s’extasiant devant. Or en ce qui nous concerne, nous sommes contre l’antiracisme de type « éleveurs de chevaux » (il faut améliorer l’espèce humaine par des métissages systématiques). Notre sentiment à nous est qu’en ce domaine il faut s’en tenir au seul jeu de l’amour et du hasard et non aux lois de la sélection ou antisélection naturelle appliquées dans les haras nationaux. Désolé Messieurs les antiracistes, l’homme n’est pas un cheval et notre pays n’est pas un haras.
Et pour ce qui est de la démocratie, la meilleure des solutions a toujours été quand même d’avoir un bon roi.
Les systèmes démocratiques ne peuvent mettre au pouvoir, par définition, que des hommes ou des femmes capables… de gagner des voix.
Autrement dit des menteurs ou des marchands d’illusion, sans grandeur et sans hauteur, ni profondeur, de vue. Et on a bien de la chance si ce ne sont pas en plus des individus ayant une très haute idée de la valeur de leurs pourtant bien maigres compétences.
Force est donc de reconnaître, plus que la trahison de ces clercs, la très sensible baisse de leur niveau d’intelligence et de réflexion EN PROFONDEUR. De quoi vous dégoûter de la démocratie effectivement (la véritable démocratie c’était le vieux chef de tribu indienne essayant d’impliquer le maximum de guerriers et de grandes gueules, sans oublier les femmes, dans les importantes décisions à prendre : l’hiver approche, on s’en va vers des rivières plus poissonneuses ? On accepte les cruelles et humiliantes conditions de paix proposées par les blancs ou pas ???
L’IMPASSE DE L’ANTIRACISME ACTUEL.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, en France aujourd’hui et pour cause de racisme de nazisme ou d’apartheid les statistiques ethniques sont interdites, il est interdit de parler de Noirs de Blancs ou d’Indiens.
Le multiracisme ou racisme tous azimuts renommé par ces nouveaux pharisiens antiracisme, voire multiculturalisme, mais aussi mondialisation bien sûr ; puisque ce mot fourre-tout, aux antipodes de toute biodiversité humaine, qu’elle soit culturelle ou linguistique, est aujourd’hui le nec plus ultra de l’idéologie dominante à la mode ; objectivement complice du rouleau compresseur de l’uniformisation mondiale. 80 années d’antiracisme officiel pour un tel échec !
L’historien écrivain et journaliste français Benoit Rayski, dans un long article publié par le site internet Atlantico, et à propos d’une grande manifestation antiraciste ayant eu lieu le 31 octobre 2015 à Paris a écrit :« Anti raciste » cette manifestation ? Mais elle suintait la haine de l’autre, la haine de ceux qui ne ressemblent pas aux manifestants. Tous des « sales races » bien sûr. Et on appelle ça comment ? Quant à la scène où ces mots ont été prononcés, on hésite sur la façon de la qualifier : une séance frénétique d’exorcisme vaudou ou un meeting nazi avec ses cris de mort.
Il faut regarder cette vidéo. Elle dit la vérité mieux que toutes les analyses prudentes et lénifiantes des experts et des politologues. Il faut ne rater aucun des discours des différentes porte-paroles de collectifs de banlieue. Il n’y avait dans cette manifestation ni dignité, ni solidarité, ni fraternité. Que de la haine à l’état pur et sans masque. À moins bien sûr de considérer le souffle fétide de la haine comme une brise bienveillante.
L’idéologie antiraciste absolue est en réalité une aporie de la pensée nuisible à la vie en commun ou à l’art de la politique, car il n’y a pas de véritable non-racisme dans notre pays, il n’y a que des racismes anti ceci anti cela. Alors quand en plus ces racismes anti quelque chose ou quelqu’un sont subventionnés par l’État nos impôts et cultivés par les journalistes…
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Conclusion : l’attitude la plus intelligente n’est pas l’antiracisme tel qu’il est à la mode aujourd’hui, mais le non-racisme ; ne pas être obsédé par les questions raciales, ne pas tenir compte de la couleur de la peau quand on représente l’État, ne pas tenir compte de la couleur de la peau quand il s’agit de récompenser le mérite personnel des individus, et quand on est une entreprise ne pas se priver bêtement de telle ou telle compétence à cause de la couleur de la peau, sauf bien sûr à pratiquer ouvertement une politique de discrimination positive comme en Israël ce que d’aucuns appellent improprement une politique de préférence nationale.
Et en ce qui concerne la formation des couples, s’en tenir au seul jeu de l’amour et du hasard (ni réprobation ni exaltation).
La preuve que l’antiracisme absolu est impossible c’est que si l’on appliquait jusqu’au but cette logique infernale, IL N’Y AURAIT PLUS DE DISCRIMINATION POSITIVE POSSIBLE.
En Afrique du Sud par exemple, pour ouvrir un compte en banque, faire un virement, passer une radiographie, acheter un billet d’entrée dans un parc national ou remplir un constat après un accident… les Sud-Africains doivent toujours cocher une case pour dire s’ils sont « blancs », « indiens », « métis » ou « noirs », comme sous l’apartheid.
Plus de vingt ans après l’abolition des dernières lois régissant leur vie en fonction de la couleur de leur peau, ils sont quotidiennement classés selon les quatre « races » arbitrairement fixées depuis 1950 par les architectes du régime ségrégationniste.
Depuis 1994, rien n’a changé, témoigne Gerhard Maré, le directeur du Centre de recherche sur les races et les identités. Mais les objectifs sont différents aujourd’hui. Nous devons faire des discriminations pour corriger l’héritage de l’apartheid.
De fait, une bonne partie des lois adoptées ces dernières années, notamment celles qui instituent une « discrimination positive » destinée à promouvoir les populations les plus lésées par l’ancien régime, font clairement référence à ces quatre catégories raciales. En particulier le programme d’émancipation économique des Noirs (EEN) qui les favorise dans la vie professionnelle.
L’ironie de la chose, c’est que les catégories ne sont définies dans aucune de ces lois, parce que, bien sûr, c’est impossible sauf à revenir aux théories racistes de l’apartheid et à son tristement célèbre « test du crayon » (si un crayon placé dans la chevelure d’une personne au teint mat ne tombait pas par terre, elle était considérée comme « non blanche »), note Lucy Holborn, chercheuse à l’Institut sud-africain des relations entre les races (ISARR).
En fait, tout le monde peut déclarer n’importe quoi, sourit-elle. Si vous êtes blanc, vous pouvez dire que vous êtes noir ! Mais on s’en apercevrait sans doute assez rapidement…
Car au-delà du monde du travail où il s’agit de corriger les inégalités héritées de l’apartheid, la référence aux quatre « races » est très présente dans la vie quotidienne.
Pour les banques, c’est une obligation légale liée à la discrimination positive. Mais ailleurs, comme dans les parcs nationaux, pour la police ou à l’hôpital ? Quand on s’interroge devant un formulaire comportant les quatre cases correspondant – au choix – à la race ou au groupe ethnique, les réponses varient, allant de « c’est un vieux formulaire » à « ce n’est pas obligatoire », en passant par des « où est le problème ? » parfois incrédules, parfois irrités.
Aujourd’hui, la classification raciale sert surtout à nourrir les statistiques. À la plus grande joie des chercheurs.
Et même si la réponse est souvent facultative, les Sud-Africains ne rechignent pas à annoncer la couleur, selon Isaac Phaahla, porte-parole de l’office des parcs nationaux (SanParks).
Plus généralement, garder la référence aux races permet de mesurer les progrès de l’Afrique du Sud post-apartheid.
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À PROPOS DES QUATRE CONDITIONS POUR FAIRE NATION
SELON ERNEST RENAN.
Les influenceurs d’aujourd’hui citent souvent pour ne pas dire toujours, Renan, pour donner une définition de la nation. Ce qui est assez étrange étant donné que c’est un penseur que l’on classerait plutôt à l’extrême droite aujourd’hui (pour lui les races existent et il utilise le terme 1) à d’innombrables reprises).
QU’EST-CE DONC QU’UNE NATION SELON RENAN.
Voici ce qu’il a écrit à ce sujet en réaction à l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine (une partie) après 1870.
« Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une, constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est LA POSSESSION EN COMMUN D’UN RICHE LEGS DE SOUVENIRS ; l'autre est le consentement actuel, le DÉSIR de vivre ensemble, LA VOLONTÉ DE CONTINUER A FAIRE VALOIR L’HÉRITAGE QU’ON A REÇU INDIVIS. L'homme, Messieurs, ne s'improvise pas. La nation, comme l'individu, est l'aboutissant d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements. LE CULTE DES ANCÊTRES EST DE TOUS LE PLUS LÉGITIME ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j'entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a soufferts. On aime la maison qu'on a bâtie et qu'on transmet. Le chant spartiate : « NOUS SOMMES CE QUE VOUS FÛTES, NOUS SERONS CE QUE VOUS ÊTES » est dans sa simplicité l'hymne abrégé de toute patrie.
Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l'avenir un même programme à réaliser ; avoir souffert joui, espéré ensemble, voilà ce qui vaut mieux que des douanes communes et des frontières conformes aux idées stratégiques ; voilà ce que l'on comprend malgré les diversités DE RACE 1) et de langue. Je disais tout à l'heure : « avoir souffert ensemble » ; oui, la souffrance en commun unit plus que la joie. En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l'effort en commun.
Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a faits et de ceux qu'on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, LE DÉSIR CLAIREMENT EXPRIME DE CONTINUER LA VIE COMMUNE. L'existence d'une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) UN PLÉBISCITE DE TOUS LES JOURS ».
En résumé pour qu’il y ait nation selon Renan quatre conditions sont nécessaires.
Première condition : la possession en commun d’un riche legs de souvenirs
Deuxième condition : la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis.
Troisième condition : le culte des ancêtres
Quatrième condition : le désir clairement exprimé de continuer la vie commune.
Mais avant le Renan de QU’EST-CE QU’UNE NATION ET SON ALLUSION A SPARTE (eh oui !) n’oublions pas qu’il y a eu le Renan de la prière sur l’Acropole, texte introduit par une préface tout entière consacrée à la ville d’Ys. Dans les deux cas (Ville d’Ys et/ou Acropole), l’émotion et la nostalgie d’un monde irrémédiablement disparu ne peuvent que s’emparer de nos cœurs. La prière sur l’Acropole est aussi un bijou pour ce qui est de l’écriture, on ne peut donc qu’en recommander la lecture à toute âme bien née.
Que l’on nous comprenne bien ! Il ne s’agit pas sous notre plume d’approuver (ou de désapprouver) cette prière sur l’Acropole ainsi que les 4 conditions pour faire vraiment nation !
MAIS DE SOULIGNER NOTRE STUPÉFACTION FACE À L’INTERPRÉTATION QUE NOS MODERNES INFLUENCEURS FONT DE CE TEXTE DE RENAN.
Essai de définition à partir des auteurs suivants.
Anthony Lodge (pour sa réfutation de la dichotomie langue d’oïl/langue d’oc).
Patrice Coirault (musicologue)
Guillaume Veillet (ethnomusicologue).
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Serge Kerval (pour la richesse de son répertoire).
Le groupe (breton ?) Tri Yann (pour sa philosophie).
Divers dictionnaires étymologiques.
Point N°1 du raisonnement.
Les Irlandais sont-ils des Britanniques ? Les Indiens hurons (Wendat) abénaquis ou malécites sont-ils français ?
IL VA DE SOI QU’EN CE DOMAINE (la chanson traditionnelle française) ON NE SAURAIT CONFONDRE FRANÇAIS ET FRANCOPHONE. La chanson traditionnelle française n’est pas simplement la chanson francophone. Ce préliminaire étant posé, il y a lieu de commencer par répondre à la question suivante.
Point N° 2 du raisonnement.
LA RÉPONSE A LA QUESTION BASIQUE CI-DESSOUS.
LES CHANSONS EN LANGUE D’OC (en occitan) DOIVENT-ELLES ÊTRE EXCLUES DE LA NOTION DE CHANSON FRANÇAISE TRADITIONNELLE ? A)
À ce propos, bien conscient de ce que disait jadis fort justement Maurice Barrès en 1897 : « L’intelligence quelle petite chose à la surface de nous-mêmes......profondément nous sommes des êtres affectifs » .... pour les besoins de mon argumentation j’emprunterai à Antony Lodge : le clivage oc-oïl au Moyen Âge, fiction méthodologique. In : Mélanges de l'École française de Rome. Moyen-Âge, tome 117, n°2. 2005. pp. 595-613.
Car comme on dit en Chine « Le vrai visage du Mont Lu reste toujours inconnu à celui qui s’y trouve »!
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« L’unité galloromane a persisté plus longtemps que nous sommes habitués à le croire ; l’intercompréhension au sein des différents dia-systèmes et entre les deux dia-systèmes se faisait non pas au moyen de koinès orales stables, mais à l’aide de milliers d’actes d’accommodation individuels ad hoc.
Les délimitations nettes entre les langues romanes sont le produit de la standardisation qui, amorcée il est vrai dès le XIIIe dans les systèmes d’écriture vulgaires, a tout de même mis des siècles pour affecter le langage du commun des locuteurs, les véritables dépositaires de la langue.
Une division linguistique tripartite de la Gaule médiévale possède sans doute une certaine valeur d’exposition, mais il convient néanmoins de se garder de lui accorder plus de réalité que d’autres fictions méthodologiques....
Un des grands paradoxes de la linguistique générale c’est que la notion de « langue », comme celle de « dialecte », n’est pas au fond un concept linguistique. Il s’agit, dans les deux cas de « représentations » socioculturelles, idéologiques, même politiques. Pour distinguer entre langues différentes on fait intervenir volontiers le critère d’intelligibilité réciproque, mais on n’apprécie pas toujours à quel point celle-ci est une notion relative.
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Il existe évidemment différents degrés d’intercompréhension, allant de 0% à 100%. Certains diraient que même à l’intérieur d’une même langue, l’intercompréhension s’élève rarement à 100%. Il existe ensuite des cas où l’intercompréhension fonctionne mieux dans un sens que dans l’autre. Les Danois, par exemple, disent mieux comprendre le norvégien, que les Norvégiens le danois. Danois, Norvégiens et Suédois se comprennent tous, mais ils insistent pour dire qu’il s’agit de trois langues différentes. » (Lodge.)
Pour la petite histoire moi qui suis un Franchiman parlant pointu (un Oillitan si je puis me permettre ce néologisme) je comprends aussi sans problème certains (je dis bien certains) des passages de l’émouvante cançon dei païsans, surtout après en avoir lu le texte ( « Lei paisans son matiniers…..paure païsans que son totjorn morts de fam, etc., etc. ».
Certains adversaires politiques soulèveront la question de la langue parlée par Jeanne d’Arc lors de son procès. Parlait-elle anglais ? Puisque ce sont les Anglais qui l’accusaient d’être une sorcière.
Et plus généralement d’ailleurs quelle langue parlait-elle ?
Dans son village natal ce devait-être un mélange de dialecte champenois ou lorrain. Quel que soit d’ailleurs l’emplacement exact de sa maison natale à Domrémy (comté de Champagne ou Barrois mouvant : le fait que Charles VII exempta d’impôts les habitants du village après son couronnement est un indice, une exemption qui dura d’ailleurs jusqu’en 1766 pour le territoire de Greux).
Lors de son voyage à Chinon aussi puisque son escorte venait de Vaucouleurs (autre enclave, voisine, restée fidèle au royaume de France).
Mais une fois arrivée à Chinon ?
A fortiori à Rouen lors de son procès ?
Quelques indices.
Pendant le procès à Rouen, le 21 février 1431, elle indique « d'Arc » comme étant le nom de son père, mais la cour dans le compte rendu original l'a enregistré comme « Tarc ».
À Sully-sur-Loire, le 16 mars 1430 Jeanne a dicté une lettre aux habitants de Reims. Dans la phrase : « Je vous mandesse anquores auqunes nouvelles de quoy vous series bien joyeux … » le mot « joyeux » apparaissait à l’origine sous la forme « choyeux » et a été corrigé ultérieurement : il a été barré d’une croix et le mot « joyeux » a été rajouté, juste au-dessus de la signature.
Lors du siège d’Orléans, à l’occasion de l’assaut final, le 7 mai 1429, elle aurait crié à William Glasdale « Clasdas, Clasdas, ren-ti, ren-ti au Roi des cieux ».
Déposition du frère Jean Pasquerel de l’Ordre des Ermites de Saint-Augustin, lorsqu’il fut interrogé par les juges à la fin du mois de février 1431.
« Une fois ce pansement fait, Jeanne se confessa à moi en pleurant et se lamentant. Ensuite, elle retourna derechef à l’assaut, en criant : « Clasdas, Clasdas, ren-ti, ren-ti au Roi des cieux ! Tu m’as appelée putain ; j’ai grand’pitié de ton âme et de celle des tiens ».
À cet instant, Clasdas, armé de la tête aux pieds, tomba dans le fleuve de la Loire et fut noyé, Jeanne, émue de pitié, se mit à pleurer fortement pour l’âme de Clasdas et des autres, noyés là en grand nombre ». L’expression « ren-ti » se traduit en bon français par « rends-toi ».
Dernier indice enfin. Lors du procès en nullité de la condamnation de 1455-1456 le Frère Séguin, de l'ordre des Frères prêcheurs, doyen de la Faculté de théologie de Poitiers, âgé de soixante et dix ans environ aurait déclaré : « Je lui demandai quelle langue parlait sa voix. Une langue meilleure que la vôtre, me répondit-elle. Je parle limousin. Je lui demandai encore si elle croyait en Dieu ? « Oui certes, repartit-elle, et mieux que vous. » Je lui dis alors que Dieu ne voulait pas qu'on ajoutât foi à sa parole, si elle ne donnait pas d'autre preuve qu'elle méritait créance, et que nous ne conseillerions pas au roi sur son simple dire de lui confier des hommes d'armes et de les mettre en péril. Elle répondit : « En nom Dieu, je ne suis pas venue à Poitiers pour faire signes ; mais conduisez-moi à Orléans et je vous montrerai les signes pour lesquels je suis envoyée. »
Que conclure de tout cela ?
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Disons que les Français du Moyen Âge sont essentiellement des Gallo-Romans au sens traditionnel du terme 2), langues d’oïl ET langue d’oc, avec deux cas spéciaux, celui du breton et celui du catalan 3).
Un poème de Raimbaut de Vaqueiras (le descort plurilingue), composé aux environs de 1200, mélange d’ailleurs allègrement les langues en question.
Occitan.
Belhs Cavaliers, tant es car
Lo vostr’onratz senhoratges
Lombard.
Que cada jorno m’esglaio.
Oi me lasso! que farò
Français.
Si sele que j’ai plus chier me tue,
Ne saï por quoi ?
Gascon.
Ma dauna, he que dey bos
Ni peu cap Santa Quitera,
Galicien portugais 4)
Mon corasso m’avetz treito
E mot gen favlan furtado.
« Les documents littéraires de ce type sont toujours à interpréter avec la plus grande précaution : c’est avant tout un jeu de « salon » et non pas un acte de langage « normal » ; le texte nous offre une imitation stéréotypée comique de cinq « langues » et non pas des spécimens authentiques ; la culture courtoise partagée dans toutes les régions concernées fait que le sens de chacune des strophes était dans une large mesure prévisible. Ceci dit, le texte ne tombe pas entièrement en dehors de notre propos : il est légitime d’en déduire que pour Raimbaut de Vaquairas et ses auditeurs, chaque « langue » avait beau avoir son orthographe à elle, sa prononciation à elle, les frontières entre ces « langues » étaient beaucoup plus floues qu’elles ne le sont aujourd’hui. Dans les milieux courtois, au moins, on glissait facilement d’une langue romane à l’autre. Et le poème de Raimbaut est loin d’être un cas isolé ».
LE CAS DE CLERMONT-FERRAND.
« C’est vraisemblablement une prise de position antiépiscopale qui explique l’attachement des consuls de Montferrand à la langue vulgaire [et plus au latin]. Les archives municipales que ceux-ci nous ont laissées sont immenses, comportent des centaines de registres de comptabilité, des rôles de taille, les procès-verbaux des séances du consulat, etc. Beaucoup d’autres villes de consulat ont conservé des archives en langue vulgaire. Mais aucune, à ma connaissance, ne remonte aussi haut que celles de Montferrand. Elles commencent en 1258 et ne s’arrêtent qu’au milieu du XVIIIe siècle. …Pour ce qui est de la langue de ces consuls montferrandais, ce qui frappe d’abord c’est le caractère local de leur écriture. On voit la parenté entre cette langue et celle des chartes toulousaines, mais la présence dans l’esprit de nos « secrétaires de mairie » d’une norme occitane suprarégionale fait complètement défaut.
Il s’agit incontestablement de l’occitan, mais d’un occitan qu’un Francimand descendu de Bourges n’aurait pas eu trop de mal à comprendre. Et cela était tout à fait nécessaire, car la ville recevait de nombreux visiteurs provenant non seulement de l’Alvernha, mais de la Fransa, et d’ailleurs. Et, à son tour, elle envoyait constamment en mission différents membres du consulat pour défendre les intérêts commerciaux et judiciaires des Montferrandais.
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Les consuls montferrandais se rendaient souvent à Paris (une distance de 400 km, soit 10 jours de route), et des Parisiens arrivaient souvent à Montferrand. Jamais dans les archives il n’est question de traducteurs ou de problèmes de compréhension. Le passage de l’occitan au français à la fin du XIVe siècle [à l’instigation du duc de Berry] ne suscite aucun commentaire métalinguistique. On a d’ailleurs l’impression, à la lecture des documents, que ces gens avaient tout à fait l’habitude de la variabilité du gallo-roman, et qu’ils s’en accommodaient, sans problème apparent ».
« Lorsqu’il s’agit de l’évolution des langues, nous avons presque toujours à faire, non à des « saltations », à de grands sauts, mais à des continua ; des continua diachroniques (temporels), des continua diatopiques (géographiques), des continua diaphasiques (stylistiques), des continua diastratiques (sociaux).
La situation du linguiste s’avère ainsi paradoxale : les besoins de la description l’obligent à introduire des divisions dans le continuum dialectal, mais les divisions qu’il introduit ne peuvent être, la plupart du temps, que des abstractions, des fictions méthodologiques. Ce qui vaut pour la variation socio-stylistique à l’intérieur d’une langue, vaut également pour les mutations temporelles : nous avons à faire, la plupart du temps, non à des stratifications, des coupures abruptes, mais à des continua.
Il est tout à fait légitime, pour des besoins descriptifs, de postuler au nord comme au sud de la frontière des dia-systèmes distincts. Mais il est interdit, à mes yeux, de prêter à nos ancêtres au XIIIe siècle [c’est Anthony Lodge qui parle] une conscience linguistique analogue. Conditionnés par des siècles de standardisation, nous avons beaucoup de mal à concevoir l’extrême relativité des normes linguistiques au Moyen Âge. Or, les recherches de Dees (1985) ont attiré l’attention sur la variabilité inhérente de l’ancien français, et ont démontré que cette variabilité est à analyser non pas en termes de déviations d’une norme centrale, mais en termes de différences quantitatives dans la distribution des variables linguistiques clefs » (Lodge).
Point N° 3 du raisonnement.
LA DÉLIMITATION DU RÉPERTOIRE.
D’après Guillaume Veillet et Serge Kerval.
Il existe donc une chanson traditionnelle française et on la connaît bien grâce au travail de plusieurs générations successives de chercheurs depuis près de deux siècles.
« Les thèmes abordés sont inspirés par la vie quotidienne et décrivent des situations concrètes, sans cesse ressassées, mais dont l’issue peut varier : un jeune soldat part « servir la patrie » et en informe sa fiancée (selon les versions il lui promettra fidélité éternelle ou la laissera « dans l’embarras, avec un enfant sur les bras ») ; un militaire revient au pays et sa femme, l’ayant cru mort, s’est remariée (il provoquera son remplaçant en duel ou, tel le « brave marin revenant de guerre », partira rejoindre son régiment, laissant sa femme à sa nouvelle vie)…
- Les chansons sont faites d’expressions stéréotypées, de « clichés poétiques » interchangeables : une fontaine est « claire » (« À la claire fontaine, m’en allant promener »…) ; un « galant » prend sa « maîtresse » par sa main « blanche » (« Et je l’ai prise par sa main blanche, sur mon cheval je l’ai montée ») ; la mer est « jolie » (« Belle embarquez sur mon joli navire, le long de la mer, de la mer jolie ») ; un rossignol est « sauvage » ou « du bois joli » (« Rossignolet du bois, rossignolet sauvage,
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apprends-moi ton langage, apprends-moi à parler, apprends-moi la manière comment il faut aimer »)…
- Souvent l’action de la chanson ne commence qu’après une ou plusieurs formules appelant l’auditoire à l’attention (selon des procédés qui évoquent immanquablement les chanteurs de rue ou du Pont-Neuf) : « Approchez pour entendre, la chanson d’une fille » ; « Qui veut ouïr chanson, chansonnette jolie » ; « Approchez tous pour écouter, l’aimable compagnie » …
-Toutefois ces formules introductives peuvent aussi identifier de la façon la plus simple possible les protagonistes et le lieu de l’action (« Sont les filles de La Rochelle, qui ont armé un bâtiment » ; « Nous étions deux, nous étions trois, nous étions trois marins de Groix » ; « C’est dans Paris l’y a une petite couturière » (Guillaume Veillet).
La question en forme d’objection est donc maintenant la suivante : « ces chansons ne sont-elles françaises que parce que collectées dans le cadre politique français, par définition ?
Réponse.
Je me permettrai ici de citer encore une fois le spécialiste en ce domaine (l’ethnomusicologie) qu’est Guillaume Veillet.
« Il en existe toujours des versions en français commun, même si on a pu en recueillir sur le terrain des versions dans des langues galloromanes proches du français (occitan franco-provençal langues d’oïl, piémontais, etc.).
Chaque chanson a une multiplicité de versions, dont les paroles et souvent la mélodie varient légèrement… sans qu’aucune de ces versions ne soit la « véritable » ou l’ « authentique » : toutes sont le fruit d’un processus d’écriture/de réécriture collective, à partir d’une lointaine version « lettrée » de départ dont on a souvent perdu la trace.
- Ces chansons sont chantées dans tout le domaine français (la France dans ses frontières politiques actuelles, mais également les régions francophones frontalières comme la Wallonie ou la Suisse romande, ou encore les populations francophones d’Amérique du Nord). Ainsi, une chanson répondant à ces caractéristiques et recueillie en Berry, par exemple, n’est pas une chanson « régionale berrichonne », mais la simple version chantée en Berry d’une chanson qu’on retrouvera dans d’autres régions. »
La célèbre chanson « Ne pleure pas Jeannette » est par exemple l’archétype même de la chanson dont il existe de nombreuses variantes certaines apparemment plus anciennes (la Pernette ou la Pernelle se lève).
Patrice Coirault, dans son Répertoire des chansons françaises de tradition orale, en a fait le recensement dans les sources anciennes où il a repéré plusieurs formes archaïques et quelque peu éloignées du chant tel qu'on le connaît aujourd'hui. Elles sont toutes présentées dans les recueils ou manuscrits ci-dessous sous le titre ou l'incipit « La Belle se sied au pied de la tour » ou « La fille du roi est auprès de la tour ». Il ne nous a pas été permis de retrouver une version ancienne en occitan dans les sources repérées par Coirault, mais les folkloristes et collecteurs ont été nombreux au cours du XIXe siècle à relever dans leurs recueils des versions de La Pernette en occitan.
En voici quelques-uns.
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-Alphonse Lamarque de Plaisance, Usages et chansons populaires de l'ancien Bazadais, Bordeaux : [s.n.], 1845.
-Bladé, Poésies populaires de la Gascogne, Tome III : chansons de danse, Paris : Maisonneuve, 1881.
-Abbé Léopold Dardy, Anthologie populaire de l'Albret : sud-ouest de l'Agenais ou Gascogne landaise, Agen : J. Michel et Médan, 1891.
-Henry Vaschalde, Chansons populaires du Vivarais : Paris : E. Lechevalier, 1897.
-Daymard Joseph, Vieux chants populaires recueillis en Quercy, Cahors : Girma, 1889.
-Eugène Cheminade, Les vieilles chansons patoises du Périgord, Périgueux : Cassard jeune, 1902.
-Chants populaires du Rouergue recueillis et publiés par la Solidarité aveyronnaise, Rodez : imprimerie Carrère, 1910.
...
J'ai vu le loup, le renard et le lièvre (ou la belette) est également une chanson type du répertoire traditionnel francophone et occitanophone. En raison de sa transmission orale, il est impossible d’en définir une version originale. Le texte des versions bourguignonne, occitane et acadienne semble avoir un caractère sexuel marqué. Certaines adaptations dans d'autres langues préfèrent donc transformer le sens de cette scène.
Au début du XXIe siècle, on retrouve cette chanson sous plusieurs noms, correspondants le plus souvent à l'incipit de la version chantée, par exemple : J'ai vu le loup, le renard, le lièvre, A vist lo lop, lo rainard, la lèvre (version en occitan) ou encore J'ai vu le loup, le renard et la belette, même si ces variantes ne sont pas nécessairement spécifiques d'une aire géographique donnée. La Jument de Michao, est devenue la plus populaire en France aujourd’hui, mais consiste en un assemblage de deux chansons traditionnelles n’ayant rien à voir entre elles au départ.
Quant à la claire fontaine, qui a failli devenir l’hymne national canadien (révolte de 1837) elle n’est pas claire du tout (pour ce qui est de son sens) et Jules Gilliéron (1854-1926) l’a bien souligné dans ROMANIA : « le récit qui est la base de toutes ces versions, récit fort rapide, fort concis, n'a été compris par aucun des chanteurs que nous connaissons, et toutes les altérations importantes qu'a subies la chanson dans le cours de ses pérégrinations à travers les pays de France sont dues à cette circonstance. Il s'agit d'une jeune fille que son amant a quittée. Elle a été à la noce, elle a vu sa compagne heureuse, tout est gai autour d'elle, la fontaine était claire, le rossignol chantait dans les arbres : alors la tristesse lui est venue au cœur. Elle regrette d'avoir refusé ce bouton de rose (qui, pour moi, est pris ici au figuré), et d’avoir ainsi éloigné son ami Pierre ».
Point N° 4 du raisonnement.
Natio (avec a et o longs), -ionis, fém., est un dérivé de nascor, nasceris, nasci, natus sum « naître » : le mot désigne d’abord la naissance, en fait le résultat de l’enfantement, la portée d’un animal, d’où « l’ensemble des individus nés en même temps ou dans le même lieu » (voir Festus 165, 3 : natio, genus hominum qui non aliunde venerunt, sed ibi[dem] nati sunt). Le mot, formé sur *gnatio, est proche, dans l’origine et le fonctionnement dans la langue, du féminin plus récent gens, gentis, fait sur geno,-is, doublet du plus usuel gigno-is,-ere, genui, genitum, « engendrer » ; à l’origine, gens désigne le groupe de tous ceux qui se reconnaissent un ancêtre mâle – et libre – commun et qui forment un clan (avec nom gentilice) ; puis le sens, quand le « clan » précis a disparu, devint « famille » (restreint), « race » (large), et a tendu à désigner la nation, le peuple, le groupe (à l’époque impériale, gentes désigne les peuples étrangers face au populus Romanus, cependant que chez les chrétiens, le pluriel désigne les païens face aux juifs et aux chrétiens). Le neutre genus, generis, tiré de la même racine *gen-, et qui a des correspondants dans de nombreuses langues indo-européennes, désigne l’ensemble des êtres (masc. ou fém.) de même origine et à caractéristiques communes, d’où genre, espèce, classe (vocabulaire concret et abstrait).
On ne décroche donc du sens concret originel que dans deux cas, également à connotation négative.
Pour désigner un type d’individus, une engeance, quelle que soit leur langue ou leur couleur de peau.
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Et avec les chrétiens cela devient un équivalent de goy, goyim, mais sans concerner les israélites évidemment.
Voici ce qu’en dit le Prima Elementa de Gérard Jeanneau.
Nātĭo, ōnis, f. [nascor, natus] : - 1 - naissance. - 2 - race, progéniture, espèce, sorte. - 3 - nation, peuple. - 4 - au plur. les nations, les païens, les gentils.
-nationu (= nationis) cratia (= gratia) donom dedi, CIL 2, 60 : j’ai fait ce don [à la Fortune] à cause d’une naissance.
-natione Medus, Nep. : Mède de naissance.
-Natio (Nascio), ōnis, f. : Nation (déesse qui présidait à la naissance).
-Natio quoque dea putanda est, Cic. Nat. 3, 47 : Nation également doit être considérée comme une déesse.
-omnes nationes servitutem ferre possunt, nostra civitas non potest, Cic. Phil. 10, 10, 20 : toutes les autres nations peuvent souffrir l'esclavage, notre cité ne le peut pas. cf. id. Font. 11, 25; Nat. 3, 39, 93.
-omnes exteræ gentes ac nationes, Cic. Imp. Pomp. 11, 31 : tous les pays du monde, tous les peuples. --- cf. Quint. 11, 3, 87 ; Cic. de Or. 2, 4, 18 ; id. Prov. Cons. 5, 10 ; id. Q. Fr. 1, 1, 9, § 27 ; Cæs. BG. 3, 7 ; Tac. G. 38 ; id. An. 11, 18.
-nationem reddere deteriorem, Varr. R. 2, 6, 4 : nuire à la portée (d'une ânesse).
-bona natio, P. Fest. : portée abondante, grande fécondité.
-nationes, Plin. 22, 109 : variétés (d'abeilles).
-nationes ceræ, Plin. : différentes espèces de cire.
-natio officiosissima candidatorum, Cic. Pis. 23, 55 : les candidats, gens fort obséquieux.
-famelica hominum natio, Plaut. : engeance famélique.
-omnes ejus gentis nationes, Tac. : tous les peuples de ce pays.
-nationes, Tert. Id. 22. : les païens, les gentils.
-ante aditum porticūs Ad Nationes, Plin. 36, 39 : devant l'entrée du portique des Nations. cf. Serv. Virg. En. 8, 721 (portique décoré des statues représentant toutes les nations).
On notera que l’élargissement du sens n’a vraiment commencé qu’avec le latin d’église (Tertullien) qui en a fait un équivalent de goy, goyim les juifs en moins.
Autre dictionnaire étymologique en ligne.
Nation (n).
C. 1300, nacioun, "a race of people, large group of people with common ancestry and language," from Old French nacion "birth, rank; descendants, relatives ; country, homeland" (12c.) and directly from Latin nationem (nominative natio) "birth, origin; breed, stock, kind, species; race of people, tribe," literally "that which has been born," from natus, past participle of nasci "be born" (Old Latin gnasci), from PIE root *gene- "give birth, beget," with derivatives referring to procreation and familial and tribal groups.
The word is used in English in a broad sense, "a race of people an aggregation of persons of the same ethnic family and speaking the same language."
Mais voilà, les influenceurs de ce pays préfèrent penser en oxymore (sic)
and also in the narrower sense, "a political society composed of a government and subjects or citizens and constituting a political unit ; an organized community inhabiting a defined territory within which its sovereignty is exercised."
Point N° 5 du raisonnement.
LA MÉTHODOLOGIE.
À partir de quand a-t-il cessé d’être raisonnable d’appeler Leni Lenape ou Munsee les habitants de Manhattan ?? À partir du passage des Français en 1524 ? En 1613 avec les Hollandais ?
Il faudrait demander aux habitants des Monts Ramapough. Ou à Fénimore Cooper. 5)
À partir d’un certain nombre de changements, un « existant » cesse en effet de pouvoir être raisonnablement désigné par l’appellation qui allait pourtant bien à son ou ses ancêtres.
Les auteurs qui publient des cartes de France avec des légendes qui se veulent ironiques, du type «la France éternelle » avec un point d’interrogation, me font beaucoup rire ! Car malgré leur conformisme
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et leur soumission à l’idéologie dominante évidente à la mode, ils donnent eux-mêmes la réponse à leur question, rien qu’en publiant cette carte...
La France est-elle éternelle ? Bien sûr que non ! Hormis chez les poètes qui veulent souligner ainsi sa permanence peut-être.
La France est-elle immortelle ? Bien sûr que non ! La France est mortelle et un jour il ne sera plus ni logique, ni raisonnable, ni même intellectuellement honnête, de continuer à parler de « Français » pour désigner les habitants du nord des Pyrénées.
Tout comme avec les Léni Lenape de Manhattan l’équation se ramène en fait à la question de savoir à partir de quelle importance dans les changements il n’est plus logique d’utiliser un terme caractérisant une entité ainsi connue jusque-là.
Et même en l’espèce pour commencer à l’équation que l’on peut résumer ainsi. Les Français n’étant plus des Gaulois, tout le monde en convient, à part les Grecs, et certains habitants des banlieues parisiennes, à partir de quand peut-on parler de France et de Français pour commencer?
Point N° 6 du raisonnement.
PROPOSITION A.
Laissons tomber les péripéties politiques (la victoire à Soisson en 486 de Clovis, sur le dernier représentant de l’Empire romain d’occident : Syagrius).
La France et les Français, des origines et jusqu’à la révolution (industrielle) au moins, ce sont les régions d’oïl ET DE LANGUE D’OC, le tout assaisonné de quelques éléments extérieurs (Francs Vikings juifs, et autres) ASSIMILÉS, DEPUIS LONGTEMPS.
Disons que l’ADN paternel c’est le royaume de Francie occidentale, mais que la matrice et l’ADN mitochondrial de la France, ce sont les cultures et les langues régionales.
Les cultures régionales sont l’âme de l’identité française, la langue française sa raison.
Les cultures régionales y compris celle de la Corse ou de l’Alsace. Ce qu’avait bien compris le grand musicologue Serge Kerval (1939-1998).
PROPOSITION B.
Quant au père disons que c’est : l’esprit critique à l’endroit des religions de d’Holbach, l’ironie de Voltaire, la liberté intellectuelle ou l’indépendance d’esprit, le persiflage et même la caricature...
Mais aussi la foi de Jeanne d’Arc ou la spiritualité de Manon des sources, la raison de Descartes, l’esprit de géométrie de ses jardins, l’élégance de sa musique, sans oublier les plaisirs de bons vivants que sont les vins la charcuterie et tout le reste (de sa gastronomie). Voire la galanterie, le marivaudage et le libertinage (sur le plan des mœurs). Casanova n’a-t-il pas écrit en français ses mémoires ?
Bref, pour conclure, pas de race française ni de France éternelle certes puisque, même si on y a trouvé des traces de peuplement vieilles d’un million d’années et même si nous avons hérité d’une partie (pourcentage variable suivant les auteurs) des gènes de l’Homme de Néandertal 6), la France n’a pas toujours existé, est mortelle, et mourra un jour. Pas de France éternelle, mais un ensemble gallo-roman 7) de type langue d’oïl + plus langue d’oc. Régionalisme et royaume de France sont donc les deux mamelles de l’identité française.
Point N° 7 de mon raisonnement.
Je terminerai par une citation des Tri Yann en 1976, année où j’ai débarqué à Paris, car leur chanson «la jument de Michao » soulève justement le même problème de méthodologie.
« À cette heure, des enfants naissent en Bretagne
Seront-ils Bretons ? Nul ne le sait.
À chacun, l'âge venu, la découverte ou l’ignorance ».
NOTES.
1) « La race grecque est la moins religieuse des races. C'est une race superficielle, prenant la vie comme une chose sans surnaturel ni arrière-plan. Une telle simplicité de conception tient en grande partie au climat, à la pureté de l'air, à l'étonnante joie qu'on respire, mais bien plus encore aux
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instincts de la race hellénique, adorablement idéaliste…voilà les plaisirs grecs, plaisirs d'une race pauvre, économe, éternellement jeune, habitant un pays charmant, trouvant son bien en elle-même et dans les dons que les dieux lui ont faits [….] Nous autres, Celtes et Germains, la source de notre génie, c'est notre cœur. Au fond de nous est comme une fontaine de fées, une fontaine claire, verte et profonde, où se reflète l'infini. Chez le Grec, l'amour -propre, la vanité se mêlent à tout ; le sentiment vague lui est inconnu […] la Grèce ne fut jamais sérieusement chrétienne ; elle ne l'est pas encore. Aucune race ne fut moins romantique, plus dénuée du sentiment chevaleresque de notre moyen âge » (Ernest Renan. Histoire du christianisme, livre III chapitre VII Paul à Athènes).
2) Ce n’est que pour des raisons politiques que la partie sud de cet ensemble gallo-roman en a été séparée sous le nom d’occitano-roman par certains spécialistes. Ce qui revient PARADOXALEMENT à poser le signe = entre « gaulois » et « langue d’oïl ». Manipulation d’autant plus stupide que tout dépend en fait comme toujours de la définition que l’on donne aux mots.
Rappelons pour mémoire que la Francie occidentale des origines (843) INCLUAIT BIEN DES TERRITOIRES QUI N’ÉTAIENT NI DE LANGUE TUDESQUE GERMANIQUE NI DE LANGUE D’OÏL, DONC ÉTAIENT DE LANGUE D’OC (Bordeaux Barcelone Nîmes Limoges Poitiers Montluçon).
3) Le Catalan est presque de l’occitan (indépendance de fait seulement avec Borrell II) et le breton vannetais presque du gaulois, en tout cas du britonnique comme lui. Quant au cas de l’Alsace, c’est un crève-cœur, l’analyse de Renan qu’il a entraînée étant purement circonstancielle (ne s’expliquant que par son rattachement à l’Allemagne). Ce qui explique qu’elle a été depuis mise à toutes les sauces alors que Renan était d’extrême droite, fondamentalement antirépublicain et contre la démocratie (voir « La réforme intellectuelle et morale » qu’il appelle de ses vœux en 1871).
4) Il s’agit un peu d’un portugais de pacotille, mais en ce qui me concerne il ne m’empêche pas de dormir.
5) En biologie évolutionniste, on oppose habituellement un modèle de mutations « graduelles » à un modèle de mutations par « saut ».
Le modèle gradualiste suppose des petits changements perpétuellement en cours, le modèle des « sauts » fait alterner des transformations rapides et de longues périodes de stabilité.
Mais faut-il continuer d’appeler dinosaure…une poule ? Dire que les poules sont des dinosaures n’est qu’une hyperbole, une formule choc, destinée à rappeler leurs lointaines origines.
6)Sankararaman, S., Mallick, S., Dannemann, M. et al. The genomic landscape of Neanderthal ancestry in present-day humans. Nature 507, 354–357 (2014). « Alors que la fréquence moyenne de ces séquences est de 1 à 3%, il y a des zones où elles constituent plus de 60% de notre ADN ».
Vernot Benjamin, Akey Joshua M. University of Washington Seattle. Resurrecting Surviving Neandertal. Lineages from Modern Human Genomes.
Anatomically modern humans overlapped and mated with Neandertals such that non-African humans inherit ~1 to 3% of their genomes from Neandertal ancestors. We identified Neandertal lineages that persist in the DNA of modern humans, in whole-genome sequences from 379 European and 286 East Asian individuals, recovering more than 15 gigabases of introgressed sequence that spans ~20% of the Neandertal genome (false discovery rate = 5%).
7)Passons donc sur les vaines polémiques quant à la notion de Gaulois (Jules César : ceux que nous appelons Gaulois, et qui dans leur langue se nomment Celtes) pour ce qui est du substrat. France se dit toujours Gallia en grec, mais tout le monde conviendra néanmoins qu’il y a eu trop de changement (trop de mutation graduelle, trop de mutation par sauts) ayant affecté lesdits Gaulois pour qu’il soit encore logique raisonnable rationnel et intellectuellement honnête.... d’utiliser ce terme pour qualifier les habitants du territoire situé au nord des Pyrénées au 7e siècle. La dernière mention de cette langue figure dans la vie de saint Euthyme le grand (un moine galate nommé Procope).
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LES VIEUX ÉTRANGERS.
Arrivé à ce point de notre exposé il importe de rappeler à nos lecteurs et en quelque sorte préventivement qu’il existe un contre-exemple absolu à tous les scénarii pessimistes qui vont suivre, ce sont toutes ces grandes familles irlandaises d’origine normande, les Seanghaill, qui se sont peu à peu tellement assimilées aux Irlandais d’origine gaélique, à partir du 12e siècle, qu’elles ont fini par se retrouver du côté des nationalistes irlandais et ont même parfois soutenu le mouvement indépendantiste de l’époque moderne.
Cas par exemple de notre célèbre muse Lady Augusta Grégory, qui a littéralement re-découvert la fascinante personnalité de notre grand héros civilisateur, Cuchulainn de Moritamna.
IL EST VRAI QUE LA RELIGION N’ÉTAIT PAS EN MESURE ALORS DE LES OPPOSER ; BIEN AU CONTRAIRE.
Ce fascinant passionnant et séduisant exemple d’une assimilation « heureuse » est si rare qu’il mérite bien quelques lignes de développement, histoire de nous remonter un peu le moral.
Seanghaill ou « vieil étranger » en gaélique est le nom donné après coup aux descendants des colons qui arrivèrent en Irlande, après la conquête du pays au XIIe siècle, en provenance du Pays de Galles, de Normandie et d’Angleterre.
Hiberno-Normand aurait été un terme plus exact, mais voilà, en Irlande c’est le terme Seanghaill qui a prévalu.
Ce nom fut créé à la fin du XVIe siècle pour désigner la partie de cette communauté qui vivait dans Le Pale, au cœur de la région dominée par les Anglais (Dublin, Drogheda).
Au cours des siècles, beaucoup de Vieux Étrangers ou Seanghaill s’intégrèrent à la société irlandaise, et leur aristocratie devint la véritable classe dominante du pays jusqu’au XVIe siècle. Ils furent toutefois dépossédés de leurs terres lors des conflits politiques et religieux, qui eurent lieu en Irlande au XVIe et au XVIIe siècle, principalement à cause de leur indéfectible adhésion à la religion catholique. À partir de 1700, ils furent presque tous chassés des classes dirigeantes et possédantes, et remplacés par les colons protestants, appelés « Nouveaux Anglais ».
La communauté « Seanghaill » ne fut jamais monolithique. Dans certaines régions, particulièrement dans Le Pale autour de Dublin, dans le sud du comté de Wexford, dans les comtés de Kilkenny, de Limerick et de Cork, le terme faisait référence aux communautés relativement urbanisées, qui parlaient l’anglais, mais dans la majeure partie du reste de l’Irlande, le terme faisait référence à une mince frange de la population, composée de propriétaires terriens et de nobles, qui régnaient sur des fermiers libres et des métayers gaéliques.
Dans les provinces, il était parfois difficile de distinguer les Seanghaill des seigneurs et chefs gaéliques environnants. Des dynasties, telles celles des Fitzgeralds, des Butlers et des Burkes adoptèrent la langue irlandaise des autochtones, le système légal irlandais et d’autres coutumes, comme la mise en pension des enfants, les mariages mixtes avec des Gaéliques, et le mécénat de la poésie ou de la musique irlandaises. C’est ainsi que certaines de ces familles furent considérées comme « plus irlandaises que les Irlandais eux-mêmes ».
Afin de mettre un terme à cette gaélicisation des familles normandes, le Parlement d’Irlande vota en 1367 les Statuts de Kilkenny, qui, entre autres, interdisaient l’usage de la langue irlandaise, le port de vêtements irlandais, et le séjour des Irlandais gaéliques à l’intérieur des villes fortifiées. Ces lois indignes ne furent guère appliquées ou ne changèrent pas grand-chose à la situation.
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Les crises du 16e et 17e siècle
Les colons qui arrivèrent à partir de l’ère élisabéthaine à l’occasion de la reconquête de l’Irlande par les Tudor conservèrent leur identité anglaise, religieuse, sociale et culturelle, et, à la différence des Normands devenus des Seanghaill, ils ne fusionnèrent pas avec le reste du pays. Les nouveaux colons se sentaient pleinement Anglais et protestants, et considéraient l’Irlande comme un pays conquis, qui avait besoin d’être civilisé et converti au Protestantisme. Edmund Spenser fut un des principaux avocats de cette idée. Il soutint dans une « opinion sur l’état actuel de l’Irlande » (1595)
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que l’échec de la conquête totale de l’Irlande avait amené la corruption des précédentes générations de colons anglais par la culture irlandaise. Pour ces « Nouveaux Anglais », beaucoup des « Vieux Anglais » ou Seanghaill avaient donc « dégénéré », en adoptant les coutumes irlandaises et la religion catholique.
Leur exclusion du gouvernement d’Irlande en raison de leur divergence religieuse, au cours du XVIe siècle, les poussa dans les bras des Irlandais de souche.
La première confrontation avec le gouvernement anglais en Irlande eut lieu à l’occasion des problèmes liés à la levée des impôts des années 1556 à1583. À l’origine, il s’agissait d’un différend interne, les habitants du Pale (région de Dublin et Drogheda) refusant de payer de nouvelles taxes qu’ils n’avaient pas préalablement approuvées au Parlement d’Irlande. Les Seanghaill du Pale refusèrent donc de payer les soldats anglais chargés de réprimer cette série de révoltes qui s’achevèrent avec les rébellions du Desmond (1569-73 et 1579-83).
Le conflit prit aussi une dimension religieuse à partir de 1571, quand Élisabeth Ire fut excommuniée par le pape. Des rebelles appartenant à la dynastie hiberno-normande du Desmond, présentèrent leur révolte comme une « guerre sainte ». Plusieurs centaines de Seanghaill du Pale furent pendus, soit pour rébellion, soit à cause de leur religion. Cet épisode provoqua une importante fracture entre le Pale et le gouvernement anglais, entre les Seanghaill et les Nouveaux Anglais. Des écrivains « Seanghaill », comme Geoffrey Keating, affirmèrent alors que la véritable identité des Seanghaill était irlandaise et catholique plutôt qu’anglaise.
En 1641, beaucoup de Seanghaill rompirent de manière décisive avec leur passé de loyaux sujets de Sa Majesté britannique en se joignant à la Rébellion irlandaise de 1641. Plusieurs facteurs influencèrent leur décision, parmi lesquels la peur des rebelles et la crainte de représailles gouvernementales contre tous les catholiques sans exception. La raison principale fut néanmoins leur désir d’inverser la politique anticatholique qui avait été pratiquée par les autorités anglaises durant les quarante années précédentes.
Les historiens ne sont pas d’accord sur la façon de dénommer la communauté « Seanghall » aux différentes périodes de son existence ni sur la façon de définir son sentiment identitaire. La plus ancienne référence connue au terme « Seanghaill » remonte aux années 1580. Avant cela, les descendants des Normands utilisaient plusieurs épithètes pour se définir, et ce furent les crises politiques des années 1580 qui firent émerger celle-ci plutôt qu’une autre. Dans son étude de la poésie de la fin du XVIe siècle, Brendan Bradshaw fait observer qu’en gaélique les Normands n’étaient pas appelés Seanghaill (Vieux Étrangers), mais plutôt Fionnghaill (Étrangers blancs, ou blonds = Vikings norvégiens) ou Dubhghaill (Étrangers noirs = Vikings danois).
Dans son livre Noms de famille d’Irlande, l’historien Edward MacLysaght distingue entre noms hiberno-normands et noms anglo-normands.
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ET MAINTENANT UNE NOUVELLE FABLE D’ÉSOPE !
Le 31 décembre 2 ??? fut un jour historique pour la Terre. Ce soir-là en effet, depuis New York, notre Président proclama sur toutes les télévisions du monde et en direct que les frontières de notre pays étaient toutes abolies ; et que désormais tout homme ou toute femme de cette planète, pourrait y venir librement ; qu’il y bénéficierait aussitôt exactement des mêmes droits que les citoyens dépendants de son autorité.
Le lendemain 1er janvier, il ne se passa strictement, rien.
Le surlendemain des millions d’hommes et de femmes défilèrent courageusement dans les rues, leurs poitrines dénudées fièrement offertes aux mitrailleuses, pour protester. Pour dénoncer notamment l’incroyable haine raciste dont faisait preuve notre Président bien aimé en refusant aux extra-terrestres le droit de vivre et d’avoir une famille. Trois morts dans le métro suite à un déraillement, et une centaine de blessés suite à bousculade dans la foule, les policiers ne s’étant pas précipités comme ils l’auraient dû pour leur porter les premiers soins.
Le sur surlendemain, 3 janvier, dans les ports et les aéroports, par contre…
Note de la rédaction : ceci était une fiction, mais ce qui suit et qui s’est passé en France ne l’est pas !
Le 14 novembre 2008 a eu lieu sur la chaîne de télévision allemande ou française Arte, dans le cadre de l’émission Paris-Berlin, ou Berlin-Paris ? un débat sur le métissage. Présenté en alternance par Thea Dorn et Isabelle Giordanno. Voici quelques-unes des réactions qui ont suivi.
Patrick Lozès. Pharmacien et président du CRAN (Conseil représentatif des associations noires de France). Noir, tout simplement ?
La semaine dernière, lors d’un débat sur le métissage dans l’émission d’Arte « Paris-Berlin » présentée par Isabelle Giordano ; le journaliste et éditorialiste du Figaro Éric Zemmour, a tenu des propos dont on peine à savoir s’ils tiennent de l’ignominie ou de l’insouciance.
Face au philosophe Vincent Cespedes, à la comédienne et écrivaine allemande Renan Demirkan, et à Rokhaya Diallo, présidente de l’association « Les indivisibles », Éric Zemmour a expliqué qu’existeraient « des races » identifiables « à la couleur de peau ».
Avec une argumentation qui glace le sang, il a expliqué : « J’ai le sentiment qu’à la sacralisation des races de la période nazie et précédente a succédé la négation des races ». Deux conceptions qui seraient, selon Éric Zemmour « aussi ridicule l’une que l’autre ».
Questionné plus avant, il a répondu à une des invitées : « J’appartiens à la race blanche, vous appartenez à la race noire ! ».
Je suis choqué que sur une grande chaîne de télévision française (sic), de tels propos ahurissants puissent être tenus.
Je suis surpris que nul n’ait songé à demander à M. Zemmour où commençait la prétendue « race noire » et où finissait la prétendue « race blanche ».
Rappelons que tous les scientifiques s’accordent depuis des décennies à reconnaître qu’il n’y a qu’une seule espèce humaine, et que si par abus de langage on peut parler de race humaine, il ne saurait y avoir plusieurs races humaines.
L’espèce humaine comporte des noirs, des blancs, des métis, des blonds, des bruns des grands, des petits, etc. Parmi les êtres humains, il existe un continuum de couleur de peau comme il y a un continuum de couleur de cheveux ou un continuum de taille humaine : il n’y a pas plus de « race de grands » que de « race de bruns ».
Albert Jacquard dans une déclaration fameuse et cosignée par six cents scientifiques disait : « Le concept de race ne peut être défini qu’au sein d’espèces dont divers groupes ont été isolés les uns des autres suffisamment longtemps pour que leurs patrimoines génétiques se différencient. Or il se trouve que, dans l’espèce humaine, cette différenciation est si peu marquée que le concept de races humaines est non opérationnel ».
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Écrit par : Marthe | 19.11.2008.
Le mot « race » a plusieurs sens. Quand on parle de races chez l’Homme, c’est différent que quand on parle de races chez le chien. Pour comprendre qu’il existe des races humaines, il suffit d’ouvrir le dictionnaire : « Race : Groupement naturel d’êtres humains, actuels ou fossiles, qui présentent un ensemble de caractères physiques communs héréditaires, indépendamment de leurs langues et nationalités ». Il y a quelques exemples : race blanche, jaune, noire ; race pure, métissée. Si on cherche la définition de « métissage », on trouve : « Croisement entre individus appartenant à des races différentes ».
Vous voyez que les dictionnaires reconnaissent les races. Et non, ce ne sont pas des dictionnaires racistes, fascistes, nazis ou autres. Ils ne datent pas non plus de l’avant-guerre. Il faudrait que vous ouvriez votre dictionnaire aussi : les races existent, car ce mot n’a pas qu’une définition d’ordre « génétique ». Il n’est pas non plus question d’une supériorité d’une race (ce qui serait alors du racisme).
D’ailleurs, pour que l’on puisse parler de « métissage » et de « diversité », il faut commencer par admettre la notion de races différentes. Sinon, c’est absurde !
Écrit par : Tesla le facteur | 19.11.2008.
Si je suis d’accord avec vous sur l’inutilité de s’exciter sur les propos de Zemmour, je ne suis pas d’accord par contre avec votre notion de races. La race est un rang taxonomique inférieur à l’espèce, qui repose uniquement sur des critères subjectifs tels les caractères morphologiques et physiologiques. Ce rang taxonomique n’a aucune valeur internationale ni scientifique et il est utilisé le plus souvent dans un but commercial (on parle de races de chiens ou de variétés pour les végétaux). On aurait donc du mal à l’appliquer à l’être humain.
Monsieur Zemmour aurait pu dire la même chose en utilisant le terme « type » (type caucasien, etc.), qui ne renferme pas toute la lourde connotation du mot race, et n’aurait pas ainsi suscité les levées de boucliers des bien-pensants français. À moins bien sûr que telle ait été l’intention de M. Zemmour…
Maintenant je ne crois pas que l’on restreigne à ce point la liberté d’expression dans notre pays, qu’il soit interdit de parler de races. Seuls les jugements de valeur du genre : « la race humaine X est supérieure à la race humaine Y » sont pénalement interdits.
Écrit par : UcCaBaRuCcA | 19.11.2008.
Une fois de plus, je ne vois pas ce que l’on reproche à M. Zemmour.
Quand bien même on ne devrait pas utiliser le mot race pour les êtres humains (reste à prouver d’ailleurs), en quoi ces propos sont-ils ignominieux ?
On n’a pas besoin d’avoir fait huit années d’études supérieures en génétique pour parler de race ! Qu’il parle de type, de race, de phénotype, de traits… L’essentiel est que l’on comprenne son discours. Zemmour est bien blanc ! Et Diallo est bien noire ! Il est où le problème ?
C’est hallucinant ! « Il est urgent que les responsables des chaînes de télévision publiques où officie ce monsieur… relents nauséabonds ». La liberté d’expression, ça vous dit quelque chose dans votre association, Messieurs les censeurs ? Face au philosophe Vincent Cespedes, à la comédienne et écrivaine allemande Renan Demirkan et à Rokhaya Diallo présidente de l’association « Les indivisibles », Éric Zemmour a expliqué qu’existeraient « des races » identifiables « à la couleur de peau ».
Oui, tout ça c’est très très bien !
Mais je constate néanmoins que le sous-titre du blog-notes de Patrick Lozès est « Noir, tout simplement »…
M. Lozès, n’avez-vous pas l’impression de faire un peu, mais alors vraiment un peu, dans la mauvaise foi ?
Écrit par : Tesla le facteur | 19.11.2008.
En passant : imaginons juste une minute qu’un gars (blanc de peau, hem) ait le culot de sous-titrer son blog-notes « Blanc, tout simplement »…
On peut supposer – sans grand risque de se tromper – que ce type serait rapidement qualifié d’immonde raciste, de ceux qu’il faut emprisonner au plus vite.
Écrit par : Moussa | 19.11.2008.
Déclaration universelle des droits de l’Homme, article 2.1 : « Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment DE RACE, de couleur, de sexe », etc. Quelle brochette d’ignobles racistes !
Plus amusant, sauriez-vous retrouver les auteurs de ces déclarations ?
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« Dans le champ politique, il y a deux attitudes vis-à-vis de cette question : l’une relève du racisme classique reposant sur l’idée de supériorité de certaines races ; l’autre, antiraciste, nie les races, mais, du coup, occulte l’existence de la question noire et débouche finalement sur des résultats relativement similaires. On ne peut réduire le problème des Noirs à une question socio-économique et nier sa dimension raciale ».
Les auteurs sont… Patrick Lozès et Louis-Georges Tin, cofondateurs du CRAN. Vous avez dit « hypocrisie » ?
Écrit par : Tesla le facteur | 19.11.2008.
Je suis d’accord avec vous, Devine ! Je comprends que le terme race ait des connotations dangereuses, mais alors pourquoi parle-t-on de racisme et de raciste, si on fait tous partie de la même race, et qu’il n’y a pas de races différentes chez les humains ??
Écrit par : Ryvius | 19.11.2008.
Vous nous brisez les testicules avec vos inepties. Pas de races, pas de racisme, pas de SOS Racisme, pas de CRAN ! Dissolution totale !
Écrit par : OMW | 19.11.2008.
Cette surréaction de tout ce que la France compte comme « bien-pensants » est totalement grotesque. Le seul tort de M. Zemmour est d’avoir parlé de « race » alors qu’il est blanc. Les mêmes propos tenus par un noir et utilisés pour accabler les « blancs » de mille reproches seraient, dans le meilleur des cas, passés inaperçus, au pire acclamés par ces mêmes bien-pensants.
Écrit par : OMW | 19.11.2008.
Si les races n’existent pas, alors le métissage non plus n’existe pas ?
Écrit par : Astérix | 19.11.2008.
La Bio-Diversité est à la mode, mais à la télévision quand Éric Zemmour la défend tout le monde s’effarouche… ou fait semblant ! Plus sérieusement, contrairement à ce que nous assure à l’unisson la clique du politiquement correct, le débat sur les races penche partout en faveur des races, sauf en France bien sûr. Effet Tchernobyl ?
Écrit par : Astérix | 19.11.2008.
On est en effet surpris de la vitesse avec laquelle tout le monde dégaine pour un simple problème de sémantique : question qui a son importance, mais qui ne doit pas masquer le fond.
Zemmour n’est ni un anthropologue ni un scientifique. Remplacez dans son discours le mot race par le mot racine, et où est le problème ? Constater des différences n’est pas mépriser ce qui est différent.
Écrit par : Astérix | 19.11.2008.
Monsieur Zemmour sait-il que parmi les gens soutenant sa brillante sortie du moment, il y en a pour penser qu’il existe une « race juive », différente de la « race blanche caucasienne » ?
Qui ne se distinguerait pas, aux yeux de ces bas du front, par une question de couleur de peau, mais par des caractéristiques physiques telles que nez crochu, oreilles décollées, tendance innée à la cupidité (j’en passe et des pires…) ? Un homme ne se définit que par ses actes. Le reste ? Un emballage, périssable…
Écrit par : Cédric | 19.11.2008.
Quand on s’intitule « Conseil Représentatif des Associations NOIRES » (CRAN), et que l’on fait semblant de s’offusquer d’entendre le mot race, je ne sais pas s’il faut en rire ou en pleurer. Hypocrisie, ou alors vous ne vous rendez même pas compte du non-sens total de votre raisonnement par rapport à l’idéal communautaire sur une base « raciale » (la couleur de peau : noire) de votre association ? Vous publiez un livre « NOUS LES NOIRES », et vous vous offusquez des paroles de Zemmour… Le plus « choquant », pour reprendre vos propres termes, c’est que des gens comme vous soient reçus par le Président pour promouvoir le racisme institutionnalisé, ou plutôt « la discrimination positive », merveille de la novlangue.
Écrit par : hypocrisie. | 20.11.2008.
Comment va-t-on faire pour privilégier les membres des races opprimées si les races n’existent pas ? Comment va-t-on faire pour privilégier les membres des races opprimées si c’est pour des raisons culturelles et non de couleur de peau que l’on doit les reconnaître ? Exemptera-t-on de cette action
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affirmative ou positive ceux qui ont bénéficié de l’Éducation Nationale ou ceux qui ont la télévision, car ils sont cultivés ? Et ma grand-mère, elle fait du vélo ? À part ça, je suis d’accord : Zemmour est con, il a été désagréable et mal élevé – mais, bon, les Français sont comme ça maintenant – avec la petite Rockaya – que je trouve adorable. Il ne faudrait pas que l’auteur de ce blog-notes essaie de le surpasser en crétinerie.
Écrit par : Sicambre | 20.11.2008.
Faut qu’il se calme, Lozès, il rejoint les ultra sensibles de l’épiderme dès que le mot race ou noir est employé, il monte en première ligne pour n’importe quoi… Zemmour aurait pu dire groupes ethniques colorés ou que sais-je encore, mais peut-être que là aussi dans ce cas, il se serait attiré les foudres de certains. Bref, ne rien dire alors ? C’est pitoyable !
Écrit par : Khalide | 20.11.2008.
Zemmour est en effet allé un peu trop loin avec sa dernière formule. « Je suis de race blanche et vous êtes de race noire ». Cela n’empêche pas que le reste de ses affirmations est tout au contraire très bien senti.
Vous tombez d’ailleurs dans le travers que décrit Éric Zemmour en justifiant l’inexistence des races par l’argument d’autorité scientifique. Et s’il y avait eu un consensus scientifique qui avait déclaré qu’au contraire les races existent ? Que ferions-nous tous ? La plus sage des positions est de prendre la science pour ce qu’elle est, mais de ne pas la sacraliser. Ce sont des arguments de grands scientifiques qui ont justifié l’existence des races et l’infériorité de certaines. C’est sur la base d’argument scientifique que s’est fondé le programme biopolitique nazi. Et il est important que Monsieur Zemmour rappelle qu’aujourd’hui, le même processus est à l’œuvre dans l’incitation constante au métissage. S’il n’y a pas de race, pourquoi vouloir les métisser ?
De plus, sur la question raciale, les scientifiques actuels sont dans leur ensemble très loin de partager les positions extrêmes de Monsieur Jacquard. On sait montrer aujourd’hui qu’à partir d’une analyse d’ADN, il est possible de définir diverses provenances géographiques ancestrales. Voici donc un concept nouveau de groupes géographiques ancestraux qui, d’une certaine manière, pourrait très bien s’appeler races si le terme n’avait pas le poids qu’on lui connaît. Et certaines personnes garderaient un trait géographique dominant, alors que d’autres en auraient plusieurs. Les noirs, les blancs, les métis comme vous dites. Vous-même vous le voyez donc bien. Il y a des noirs, il y a des blancs, il y a des mulâtres (métis) blanc-noir, il y a même des gens que l’on n’arriverait pas aussi facilement à qualifier. J’irai même plus loin, il y a un type éthiopien. On peut faire beaucoup de groupes, mais il est un peu stupide de vouloir mettre dans un même groupe un Lapon et un Aborigène d’Australie. Vous pouvez le faire si vous le voulez, Jacquard y arrive très bien. Il trouvera un argument sur le groupe sanguin, etc., mais ce que je vois c’est que l’on peut attaquer vos propos de la même manière dont vous attaquez Monsieur Zemmour. On pourrait vous retourner le compliment.
Alors que fait-on avec les arguments scientifiques ? La réponse est : on les prend pour ce qu’ils sont, de la science et rien de plus. Un nouvel élément de compréhension du monde, mais pas un argument d’autorité pour des choix politiques.
Aveuglés que vous êtes par saint Albert Jacquard, vous n’entendez pas ce qui est important dans les propos de Monsieur Zemmour. Il rappelle ce qu’est le racisme, le vrai : décréter une hiérarchie, déterminée de manière prétendument naturelle, entre des groupes humains. Il nous explique alors assez justement que la politique dominante aujourd’hui est : pour ne plus permettre à des gens de penser cela, il faut faire disparaître tout groupe grâce aux vertus du métissage. Les nazis refusaient la diversité du réel en voulant éradiquer tout ce qui n’était pas aryen. La position dominante aujourd’hui est de refuser la diversité du réel en mélangeant massivement tous les groupes humains pour éviter que des hommes soient conduits à penser à nouveau comme les nazis. Ces deux programmes sont de nature biopolitique. L’un utilise la manière forte et le second la manière douce, mais leur racine est la même, la négation du réel, l’utopie dont on sait généralement où elle nous conduit.
Alors oui Monsieur Zemmour a eu tort de prononcer une phrase aussi facile que « Je suis de race blanche et vous êtes de race noire » ; car moi j’aurais pu alors par exemple enchaîner sur « Non, c’est moi qui suis de race blanche, vous, vous êtes de race juive » et l’on ne se serait jamais sorti du débat. Mais sous la pression d’un plateau de télévision, même le plus entraîné des hommes ne peut pas toujours tenir les propos les plus précis. Il y a une part de joute, de guerre, d’attaques et de contre-attaques. On peut descendre bien bas sur un plateau, surtout quand son adversaire a décidé de l’être. Pour ma part, je ne me focalise pas sur sa dernière phrase, car ce qu’il a dit avant est de la plus haute importance. Et c’est sur cette partie que vous ne voulez pas débattre.
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Écrit par : bcbg | 20.11.2008.
Bonjour à tous !
La pensée unique a encore frappé !!! Et nous devons nous soumettre aux discours totalitaires des bien-pensants…
Zemmour a 1000 fois raison !!! On nous saoule à longueur de journée de métissage, de diversité… les hommes sont différents, un point, c’est tout ! Et il faut au contraire se féliciter de cette différence. Chacun doit être fier de sa race, et cela n’est pas péjoratif.
Écrit par : OBAMANIA | 20.11.2008.
Le gros problème de ce sujet, ce sont les termes et leur définition.
Si l’on dit qu’il n’y a pas de race ---- > interprétation scientifique ; alors SOS racisme, la lutte contre le racisme, le métissage tout cela ne doit pas exister… car dans la définition du métissage, on parle bien de mélange de deux races, non ? ? ?
La connotation péjorative du mot « race » n’est due qu’au fait qu’elle est associée à une notion de hiérarchisation. S’il n’y a pas de hiérarchisation, il n’y a plus de problème.
Écrit par : Question | 20.11.2008.
Il faut que le niveau intellectuel du débat public dans ce pays ait singulièrement baissé pour que les commentateurs soient incapables d’admettre qu’un terme puisse être polysémique. Reconnaître l’existence de races en tant que réalités perçues (noir, blanc, jaune, peau-rouge, etc.) n’implique nullement l’adhésion à une quelconque théorie raciale. D’autre part (mais ce point est accessoire), il vaut mieux éviter les prises de position qui commencent par « tous les scientifiques pensent que » (surtout si le premier nom qui vient à l’esprit est celui d’Albert Jacquard, vulgarisateur français sans renommée scientifique aucune).
Écrit par : Broke | 20.11.2008.
Les mots existent pour être employés. C’est la façon dont on les emploie qui peut « tuer ». Beaucoup de constitutions de grands pays et d’États de droit n’ont pas de problème à écrire le mot de race, qui apparaît aussi dans tous les dictionnaires du monde entier dans toutes les grandes langues occidentales. D’ailleurs ces jours-ci toute la presse française et tout le monde ne parlent que du président « noir » Obama. Conclusion : pas d’hypocrisie, d’autant plus que le CRAN lui-même, revendique le mot « noir ». Si l’on est noir, c’est qu’il y a une race noire.
D’ailleurs, pour moi le plus choquant à propos des êtres humains, c’est d’employer le mot d’espèce, qui dans mon imagination est beaucoup plus approprié pour l’animal que pour l’Homme. Encore une fois c’est la manière dont on le dit, le contexte, etc. qui compte. Il faut se concentrer sur l’important qui est de dénoncer le racisme. @Question.
Je pense que pour lutter contre les discriminations dont sont victimes les Noirs, il est ignoble de s’en prendre aux juifs ou à toute autre composante de la Nation. C’est tous ensemble que nous devons nous mobiliser contre les discriminations. Il n’y a pas de hiérarchie entre les discriminations. Ce sont toutes des offenses aux individus.
Écrit par : civis romanus | 21.11.2008.
J’ai toujours admiré les talents d’illusionnistes de ceux qui n’ont jamais été élus. République populaire de Chine. République démocratique du Congo. Comité REPRÉSENTATIF des Associations Noires…
Monsieur Patrick Lozès et son association qui prétend parler au nom des Noirs ne sont pas plus représentatifs des Noirs de ce pays que Mobutu ou Kabila ne sont représentatifs des Noirs du Congo. Désolé, Monsieur Lozès, mais ce n’est que la stricte vérité !
Écrit par : civis romanus | 21.11.2008.
Mais M. Lozès, tout cela est du délire !
Le terme de « race » n’est qu’une commodité intellectuelle pour définir une population qui partage un certain nombre de traits physiques communs. Ce n’est pas parce que cette classification généraliste est démentie scientifiquement qu’elle n’a pas de réalité ethnologique ! Que certains par le passé aient pu faire (ou fassent encore) une utilisation infâme de cette terminologie, ne l’invalide pas pour autant. Elle n’est ni bonne ni mauvaise en soi, et monter sur ses grands chevaux lorsque quelqu’un l’utilise sous prétexte que ce dernier pourrait insinuer une distinction de qualité n’est rien d’autre qu’un procès d’intention.
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Tout ce ramdam autour d’une petite phrase perdue au milieu d’un débat sans intérêt, montre à quel point le politiquement correct est sur le point de devenir une dictature morale des médias. Certains individus disposant de tribunes journalistiques vont jusqu’à exiger que l’individu qui a osé dire « Je suis de race blanche et vous de race noire » soit puni à la mesure de son crime et pour l’exemple. Est-ce vraiment cela la démocratie ? Est-ce vraiment cela un État de droit ?
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UN NÉO RACISME INSTITUTIONNALISÉ ? LE CERCLE DE RÉFLEXION TERRA NOVA ?
Terra Nova est une association française, fondée en février 2008 par Olivier Ferrand qui se veut être un laboratoire d’idées, proche du parti socialiste.
Terra Nova fédère un réseau de plusieurs centaines de spécialistes dans divers domaines, issus de la haute fonction publique, du monde académique, du monde de l’entreprise ou du milieu associatif.
La diffusion des idées de Terra Nova passe par un contact direct avec les responsables politiques et une présence active dans les médias.
Stratégie électorale. Olivier Ferrand et Bruno Jeanbart ont rédigé en 2011 un rapport intitulé « Gauche, quelle majorité électorale pour 2012 » qui a cru bon de diffuser le constat suivant intitulé LE NOUVEL ÉLECTORAT DE LA GAUCHE : LA FRANCE DE DEMAIN.3. Les minorités et les quartiers populaires…
« La France de la diversité est presque intégralement à gauche. L’autopositionnement des individus révèle un alignement des Français d’origine immigrée, et plus encore de la deuxième génération, à gauche – de l’ordre de 80-20. On retrouve des scores de cette ampleur dans les bureaux de vote des quartiers populaires, et encore de 62-38 dans les zones urbaines sensibles ».
Depuis ce cercle de réflexion ne cesse de défrayer la chronique en France, ci-dessous quelques-unes de ses vagues.
L’anthropologue français Jean-Loup Amselle a d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme à ce sujet dans un excellent livre publié en 2011 sous le titre « l’ethnicisation de la France ».
Il existe selon lui un phénomène double de revendication identitaire c’est-à-dire que des revendications symétriques se font jour.
D’une part montent des revendications minoritaires, de la part de groupes qui s’estiment discriminés, opprimés, marginalisés : les « noirs », les « beurs », les « juifs », mais également toute la mouvance GLBT.
Nous assistons à un phénomène de captation de ces revendications par ce que j’appelle des « entrepreneurs d’ethnicité et de mémoire ». Ils parlent au nom de ces groupes qu’ils constituent eux-mêmes, et dont ils s’instituent en porte-parole, de façon à monopoliser à leur profit des revendications au départ peu formalisées et disséminées.
En effet, qu’il s’agisse de catégories ethniques ou de phénomènes d’homosexualité, les « membres » de ces groupes supposés ne se revendiquent pas en permanence comme leur appartenant. Un « noir » ou un « beur » ne se définit pas constamment comme tel. L’identité d’un individu est toujours multiple, elle est fonction du contexte d’interlocution, de celui ou celle avec lequel on dialogue. Un excellent exemple qui ne date pas d’hier nous est par exemple fourni par le cas du petit Alsacien Joseph Egen né à Guebwiller en 1884 qui était appelé Joseph à la française par son père, Joseph à la façon allemande par son instituteur et Seppala ou Seppi (diminutif alsacien de Joseph) par sa mère et ses copains.
À l’inverse, les revendications monopolisées par ces entrepreneurs d’ethnicité et de mémoire enferment les acteurs sociaux dans des mono-identités.
De l’autre côté du spectre existe la revendication de ceux qu’on appelle faute de mieux les « Français de souche » [ou assimilés].
Revendication qui est reprise en symétrique par la gauche multiculturelle et postcoloniale [terminologie de Jean-Loup Amselle] ou postnationale. Il n’est qu’à voir l’exemple paradigmatique de l’emploi du terme péjoratif * de « souchien » qui enferme les Français de souche ou assimilés à une mono-identité qu’ils ne songeaient pas à revendiquer il y a quelques générations (pas sous Louis XIV pas sous Louis XVI pas sous Napoléon pas en 1914…)
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Finalement, entre ces deux tendances, on assiste à une sorte de renforcement réciproque, à mesure que ces identités minoritaires se durcissent, de l’autre côté s’établit aussi par réaction un durcissement de l’identité blanche et plus ou moins chrétienne [le plus ou moins est de rigueur, car ce groupe s’étend aussi aux athées ou agnostiques dont les familles étaient traditionnellement chrétiennes].
Je n’appellerais pas cela un racisme de la part de la gauche. C’est plutôt un différentialisme, un singularisme, une attitude anti-universaliste. Car je ne crois pas, pour ma part, à l’existence du « racisme antiblanc » [opinion de Jean-Loup Amselle que le livre du sociologue français Tarik Yildiz conteste formellement].
En revanche, le discours public est littéralement infesté par le multiculturalisme, avec une tendance à l’enfermement identitaire qui me semble très dommageable [mais ne serait-ce pas ce que l’on appelle du racisme quand cela émane de Blancs, qu’ils soient protestants ou catholiques d’ailleurs ?]
* Péjoratif, car y est sous-entendu le jeu de mots raciste bien français « = sous-chien ». Mais les tribunaux français ne l’entendent pas de cette oreille apparemment.
Pourquoi ces revendications minoritaires se sont-elles multipliées ces derniers temps ?
C’est lié au déclin du social. Ce déclin – avec celui de l’universalisme – est continu depuis mai 1968. C’est un phénomène lent, qui procède également de la disqualification de la grille d’analyse marxiste, le marxisme étant considéré comme lié au totalitarisme.
Ce discrédit du marxisme a permis, dans la conjoncture post-soixante-huitarde, post-moderne, postcoloniale, postnationale, de substituer à une analyse en termes horizontaux et de classes une façon de découper la société en tranches fragmentaires, ce que j’appelle les « entailles verticales ». Cette thématique des « fragments », de la multitude, a été notamment formalisée par Toni Negri, mais aussi par tout le courant appelé « Théorie française ».
Ces identités verticales (noirs, beur, juifs, homosexuels) sont vécues comme plus « porteuses » que les identités horizontales de classe. Il suffit de lire un journal comme Libération, qui est tout à fait emblématique. Ce quotidien a complètement déserté le social, pour se consacrer au sociétal. Il ne se passe pas un jour sans qu’il promeuve quelque « minorité » (à part celle des vrais indigènes de ce pays).
Au plan politique, ces thématiques sont essentiellement reprises par Terra Nova, qui prône un abandon des classes ouvrières, lesquelles auraient disparu. Cette gauche « ethno-éco-bobo » leur préfère donc les couches urbaines, les jeunes, les minorités, etc.
Malgré tout, ces « entrepreneurs d’ethnicité et de mémoire » que vous décrivez n’ont-ils pas une utilité ? Les discriminations existent bel et bien…
Oui, c’est l’argument que l’on m’oppose généralement. Je ne le nie absolument pas. Évidemment que les discriminations existent ! Mais que doit-on mettre au premier plan ? Ces discriminations ou la question sociale ?
Pour ma part, je pense que la « discrimination positive », cette transcription française et incertaine de « l’affirmative action » américaine, est une escroquerie. Ce qui est fondamental à l’échelle mondiale et spécialement dans les pays développés, c’est l’accroissement des inégalités. Les riches sont de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres, et la « classe moyenne » se rétrécit comme une peau de chagrin. C’est ce qu’Alain Lipietz appelait autrefois la « société en sablier », avec un phénomène de déclassement de la classe moyenne inférieure, notamment dans les zones périurbaines.
Les discriminations sont loin d’être un phénomène négligeable, mais j’y vois pour ma part un phénomène secondaire, que l’on se plait à mettre en avant pour masquer les inégalités de revenus croissantes au sein des pays développés. La discrimination positive, qui vise à contrebalancer les discriminations, est d’ailleurs parfaitement compatible avec l’économie libérale.
Cela va d’ailleurs de pair avec la montée des phénomènes de marchés ethniques. On le sait, le marché ne s’adresse pas à des individus atomisés, mais à des catégories de clientèles. Les entreprises savent très bien qu’il faut segmenter le marché. Ainsi ont-elles créé un marché de
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cosmétiques pour les noirs, un marché du hallal destiné aux musulmans, un marché qui s’adresse aux homosexuels, etc.
Cette gauche que vous appelez « multiculturaliste et postcoloniale » ne sera-t-elle obligée de revenir, peu à peu, de ces errements sociétalistes ?
Ils finiront par y être obligés ! Il faudra bien que la gauche se mette à nouveau à s’occuper des « petits blancs », comme on dit.
La montée de partis comme le Front National exprime-t-elle, pour vous, une montée du racisme, ou peut-on y voir d’autres causes ?
Je pense qu’il faut réfléchir à l’échelle européenne. On a beaucoup critiqué Huntington, mais il a largement anticipé « le choc des civilisations » qui se produit réellement.
Que répondez-vous à ceux qui considèrent que le racisme viendrait du haut, qu’il serait insufflé au peuple par les « élites » ?
Je ne suis pas du tout d’accord avec ça. De quelles élites parle-t-on ? Si on parle de l’élite politique, on peut en effet constater une radicalisation. Mais cette droitisation a été rendue possible par plusieurs facteurs. D’abord par l’éloignement du souvenir de la Seconde Guerre mondiale et le fait que le gaullisme n’existe plus [en France, mais a-t-il vraiment existé en dehors du général De Gaulle, le gaullisme n’a-t-il pas été qu’un alibi ou un cache-sexe de la droite la plus classique ? Que faisiez-vous en 1940 ? J’étais gaulliste Monsieur, répondit Maurice Papon]. Ensuite parce que le discrédit jeté sur le communisme et le marxisme a privé la gauche de son rôle de véritable contre-modèle. Quant à la gauche multiculturelle et postcoloniale, il faut bien dire qu’elle nourrit le phénomène.
Ce qui prouve bien, une fois de plus, l’urgence de se départir des pansements sociétaux et de revenir au social. Il convient d’adapter, mais aussi de réhabiliter le réalisme marxiste d’une part, et de renouer d’autre part avec l’universalisme.
Deux bémols montrent néanmoins qu’il est difficile d’être intelligent jusqu’au bout.
Primo il est faux de faire l’équation FN = français de souche, il serait plus juste de parler de français de souche ET ASSIMILÉS.
Secundo Jean-Loup Amselle parle de la prégnance catholique en France, MAIS POUR COMBIEN DE TEMPS (comme beaucoup d’intellectuels, il est incapable de se projeter dans le futur, il est plus fort dans l’analyse du passé)
Première remarque : comme il ne peut pas psychologiquement parlant ou par conformisme reconnaître que le FN a raison sur certains points, il faut qu’il trouve des façons négatives de dire les choses à son sujet.
Autre remarque : il n’est pas assez intelligent ou courageux pour poser la bonne question : l’islam (le vrai) est-il une façon de vivre enviable, conforme aux droits de l’homme, au progrès, à l’intelligence, etc. ???
PARCE QUE SI LA RÉPONSE À CETTE QUESTION EST NON…… ALORS CEUX QUI S’INQUIÈTENT DE SA PROGRESSION ONT TOTALEMENT RAISON ET CEUX QUI NE S’EN INQUIÈTENT PAS… DES CONS DANGEREUX.
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DÉVELOPPEMENT.
Il y a de quoi être littéralement atterré par la médiocrité intellectuelle et morale des élites de ce pays, c’est-à-dire notamment par celle des gens de médias et des hommes politiques, ou réciproquement. Nous sommes passés depuis plusieurs décennies du combat des idées * (certes contestables, mais qui avaient au moins le mérite d’exister) au combat des égoïsmes ou des égos surdimensionnés. Quand j’étais jeune, on appelait cela de l’orgueil (sans confondre pour autant ce dernier avec la légitime fierté que l’on peut parfois éprouver, à juste titre). Notre époque n’est pas caractérisée par sa modestie.
Cet acharnement collectif aveugle et sans réflexion (les journalistes sont certes moutonniers, mais ils ne peuvent s’empêcher de hurler avec les loups) de la part des journalistes français… ça fait peur et ça explique sans doute la décadence de ce pays depuis la fin du XXe siècle.
Et quelques semaines plus tard, la cerise sur le gâteau, l’écrivain philosophe et ancien ministre Luc Ferry, ayant eu le malheur d’évoquer prudemment et à mots couverts, afin de ne pas tomber sous le coup des lois françaises sur la protection de la vie privée ou la diffamation, une affaire de pédophilie ayant impliqué un ministre français de passage au Maroc, dont il avait eu plus ou moins connaissance, comme plusieurs centaines d’autres membres de l’élite parisienne, mais sans en avoir été le témoin direct (d’où sa prudence)… L’ensemble des médias français (au moins à 90 %) au lieu d’enquêter pour en savoir plus sur cette affaire, est alors tombé à bras raccourcis sur le malheureux qui avait lâché un bout de vérité. C’est ainsi qu’il a eu droit de la part des médias français pendant plusieurs jours à toutes sortes de noms d’oiseau comme l’idiot du village (lou ravi en français du sud-est).
Certains allant jusqu’à l’assimiler aux auteurs de lettres anonymes ayant livré des juifs aux nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Un comble alors qu’il avait tellement pris soin de ne pas donner de nom ou d’indications trop précises vu les lois en vigueur en France.
Un article parut même dans un hebdomadaire satirique d’ordinaire mieux inspiré, pour insinuer qu’il occupait un emploi fictif (payé pour des cours qu’il ne donnait plus).
Le plus incroyable est que personne sur le coup ne sut dire vraiment de qui en fait il s’agissait, pire même, certains crurent (à tort) être visés et se plaignirent d’être diffamés (un ancien ministre français nommé Jack Lang par exemple).
Et que des menaces contraignirent le premier (ex) journaliste ayant évoqué ces rumeurs sur un blog-note (un dénommé Thierry Desjardins) à le censurer immédiatement ou presque (au bout de quelques heures).
Ce festival de bêtises (un ancien ministre de la justice expliquant, à tort, qu’il s’agissait là de la part du malheureux philosophe d’une violation des lois françaises… Une telle méconnaissance des règles de droit élémentaires de la part d’une ancienne ministre de la justice française… fait rétrospectivement froid dans le dos) dura plusieurs jours avant que tout ne soit ramené à de plus justes proportions. Luc Ferry n’avait fait que s’adapter au niveau intellectuel du débat auquel il avait été convié ainsi qu’à celui des journalistes qui l’animaient, en tenant des propos comme tout un chacun peut en avoir en papotant avec des collègues de travail autour de la machine à café.
Bref, ce qu’avait fait l’ex-ministre français Luc Ferry était une peccadille, il a eu la faiblesse de s’abaisser au niveau des journalistes animateurs de l’émission à laquelle il participait ; mais ce qui est terrifiant par contre c’est la réaction quasiment unanime des milieux médiaticopolitiques français. Vive le premier amendement de la Constitution (américaine).
Assimiler la pédophilie à de la vie privée, réclamer pour la pédophilie le légitime respect dû à la vie privée entre adultes consentants ? Comme si le fait de se livrer à des relations sexuelles sur des mineurs était légitime du moment que c’est fait en privé ?
On ne peut que se perdre en conjecture sur les raisons d’une telle réaction quasiment unanime de la part des journalistes et politiques français.
— Beaucoup n’avaient pas la conscience tranquille à cet égard et se sentaient visés ?
— Préféraient hurler avec les loups.
— Se donner de l’importance.
— Paraître important.
La profonde médiocrité intellectuelle (et morale d’ailleurs) des élites françaises peut donc être jugée d’un seul coup d’œil quand on aborde certains problèmes. Il y a en effet des tabous sur lesquels leur intelligence se fige comme paralysée. Je veux dire par là que ce que la nature nous a donné entre les oreilles sous le scalp des cheveux, et qu’on appelle un cerveau, ne fonctionne plus. Même chose que dans le cas de la tache aveugle de l’œil découverte par Mariotte.
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Gens de médias intellectuels et apprentis politiques n’ont toujours pas intégré le principe de la langue d’Ésope qui peut être à la fois la pire et la meilleure des choses, ou le contraire et font preuve sur certains sujets d’un très faible niveau d’intelligence : le degré zéro de la réflexion philosophique est atteint, c’est le niveau classe d’élèves de 7 ans. Quand un sage montre la lune du doigt, les intellectuels français (journalistes ou responsables politiques) regardent le doigt. À la différence des doigts, guerres violence et fusils sont des choses haïssables en soi dont il serait bien de pouvoir se passer. Mais fusils violence et guerres peuvent aussi être les seuls moyens rapidement efficaces de mettre fin à l’exploitation de l’homme par l’homme à la servitude à l’esclavage et à l’injustice même s’il faut 8 années de lutte pour cela.
Une arme peut certes servir à commettre un crime, mais peut également protéger.
On peut tuer avec un couteau. Faut-il interdire les couteaux ??? À manier avec précaution et à ne pas mettre entre toutes mains certes, mais les interdire ?
Or il est courant de lire sous la plume des intellectuels philosophes gens de média ou apprentis politiques français des propos qui montrent bien qu’ils n’ont pas encore atteint en maints domaines le degré de sagesse de notre Constitution.
Il est en effet courant de lire sous la plume des intellectuels philosophes gens de média ou apprentis politiques français des propos du genre…
Nation, identité nationale, citoyenneté, langue, communauté de langue, identité culturelle, famille, frontière et contrôle aux frontières (on pourrait tout aussi bien ajouter pelles bêches pioches et manches de pioche) sont des idées dangereuses, des concepts dangereux, ils peuvent tuer, donc il faut ..
— Tout faire pour que pelles bêches pioches (et manches de pioche surtout) n’existent plus (par exemple en faire de grands autodafés).
— Interdire, moralement d’abord, en les discréditant systématiquement (critique dénigrement, etc.) pelles pioches et râteaux (rappeler par exemple systématiquement que Dieu est contre, car il n’en avait pas prévu au départ pour son jardinier (il a tout juste consenti à doubler le personnel en fabriquant Ève à partir – oui, car c’est un dieu qui a toujours besoin d’une matière première initiale comme le tohu-bohu – d’une côte d’Adam).
— Interdire légalement dans un deuxième temps l’entretien ou la réparation des marteaux des pelles des tournevis (on peut tuer avec un tournevis).
— Commencer à discuter de la question de savoir s’il ne faudrait pas aussi couper systématiquement les mains de tout le monde (car on peut également tuer de ses propres mains aussi. Les pieds c’est plus difficile donc ça peut aller, mais les mains c’est sûr).
— Refuser a priori toute idée d’homme nouveau par rénovation du meilleur de l’ancien, même quand on est chrétien, en condamnant fermement les propos de la lettre aux Éphésiens (4,24).
À raisonner comme cela (si on peut appeler raisonnement un tel processus mental, car il s’agit en fait moins d’un raisonnement que de réflexes conditionnés ou de répétition par psittacisme d’idées en fait élaborées dans d’autres cerveaux) ; on pourrait tout aussi bien dire que démocraties et libertés sont certainement responsables de bien plus de guerres et de morts que la monarchie britannique de 1775 à 1785.
Que des démocraties parlementaires fassent des guerres (déclenchent des opérations militaires) pour établir ou conforter des républiques islamiques, des royaumes islamiques ou des califats, est évidemment une politique, mais ne serait-ce pas celle de Gribouille ?? Les journalistes français se rêvent en révolutionnaires, mais n’est pas révolutionnaire qui veut ! Du temps de ma (folle) jeunesse, on ne confondait nullement l’avant-gardisme (une avant-garde est en effet par définition suivie par le peuple) et l’aventurisme petit-bourgeois.
* Comme l’écologie ou la décroissance (soutenables, bien comprises), la défense des langues et des cultures du monde (dans les actes, pas en paroles seulement) voire des civilisations, la critique des religions ou l’élaboration d’une nouvelle spiritualité, la lutte contre l’exploitation de l’homme par l’homme, le commerce équitable…
Le politique (au sens noble du terme) doit primer l’économique. Quand le poisson ou le gibier viennent à manquer, c’est à la tribu dans son ensemble (la très nette majorité de ses adultes) de décider après en avoir longuement débattu s’il faut encore rester sur place une année, ou remonter le cours de la
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rivière, voire aller au-delà de la montagne explorer de nouvelles pistes. Si ce n’est faire le contraire (descendre la rivière jusqu’à l’océan).
Que la décision soit prise par un vote quasiment consensuel ou par un chef après consultation des membres (les plus influents ?) de la tribu, peu importe. Un bon chef sait toujours associer à sa décision le maximum de membres de sa tribu (comme ça, en cas d’échec, il pourra facilement mettre en avant le fait qu’il fut loin d’être le seul, bien au contraire, de cet avis). Mais il est vrai que ce n’est pas toujours facile, voir le cas des Cheyennes tourné en 1964 : la tribu et même les familles se déchirent en deux moitiés strictement égales (magnifiques scènes de John Ford à cet égard, un des plus beaux films du genre avec la captive aux yeux clairs d’Howard Hawks en 1952, mon année de naissance).
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BONDY BLOG.
Le président de la République a enfilé un nouveau costume hier à l’École Polytechnique de Palaiseau, celui d’architecte des compromis fraternels. Nicolas Sarkozy a tiré les leçons de l’Obamania. Il fallait bien faire quelque chose entre l’historique 4 novembre 2008, jour des élections américaines, et l’intronisation non moins planétaire de l’entrée du futur président américain à la Maison-Blanche, le 21 janvier prochain.
Ce laps de temps est tout à fait confortable pour occuper le terrain du métissage : « Relever le défi du métissage que nous adresse le XXIe siècle. La République a toujours, au cours des siècles, métissé les cultures, les idées, les histoires ». Le Président Barack Obama est prévenu, la France change aussi.
Le problème avec Nicolas Sarkozy, c’est qu’il se dégage une force terrible de son discours, une force morale, une force intellectuelle. C’est un ouragan, mais dès que vous sortez de l’œil du cyclone, c’est le néant sur toute la ligne. Autrement dit, le catalogue présenté hier est une vraie lettre au Père Noël. Chacun est libre d’y croire ou pas, et le cas échéant de déposer sa chaussure sous le sapin.
Après l’éducation nationale et son cortège de mesures pour favoriser l’excellence, les aides pour préparer les concours, l’expérimentation des CV anonymes pour éviter que la candidature de Babacar aille rejoindre celle de Luis dans les poubelles des directeurs de ressources humaines, le Président s’arrête un instant sur la vie politique. Il reprend son souffle et annonce : « Tous les partis politiques ont un retard considérable à rattraper. Peu de candidats issus des minorités sont présentés au suffrage, encore moins élus. Cette situation est injuste ». J’ai cru entendre un militant du Mouvement Immigration Banlieue ou alors le porte-parole des « Indigènes de la République ». Pour enfoncer le clou, il rajoute : « Quelle peut être la légitimité d’une classe politique dans laquelle une bonne partie de la population ne se reconnaît pas ? ». Mon stylo tombe par terre, je n’ai plus la force d’écrire, je tremble. Et il en remet une couche : « Pour introduire davantage de diversité, il faut renouveler la classe politique en profondeur. Je souhaite donc que les partis s’engagent sur une charte de la diversité. Leur financement public pourrait être conditionné au respect de leurs engagements ». Martine Aubry et Xavier Bertrand doivent le savoir, avant de venir chercher l’enveloppe, il faudra montrer patte multicolore.
La fin du discours approche, le président montre des signes de fatigue, il trébuche sur certains mots, interpelle ses ministres et quelques personnalités au premier rang. Il annonce le nom du nouveau chef de chantier de la diversité, Yazid Sabeg, commissaire à la diversité et à l’égalité des chances. Un architecte a toujours besoin d’un chef de chantier. C’est lui qui devra assumer les retards. Ce dernier a trois mois pour mettre tout le monde dans le sens de la marche avec comme feuille de route un discours conclu par cette phrase : « Nous devons changer et nous allons changer ». Obama fait des émules. Sabeg devra tenir les délais… Nordine Nabili. Jeudi 18/12/2008.
La secrétaire d’État à la Ville Fadela Amara aujourd’hui sur France 2… avec le discours du Président, y compris dans la nomination de Yazid Sabeg (comme commissaire à la diversité, NDLR), c’est le métissage qui est le défi du XXIe siècle ». AFP 17/12/2008 | Mise à jour : 20 h 55.
COMMENTAIRE DE PIERRE DE LA CRAU.
Le président se lance dans l’action ou la discrimination positive…
Il est évidemment plus facile d’encourager ou d’appuyer un mouvement de fond à l’œuvre depuis déjà pas mal de décennies dans nos sociétés, que de faire la Révolution SOCIALE, d’organiser la décroissance obligatoire qui va nous être imposée par la force des choses, afin que celle-ci se passe dans les meilleures conditions possibles, c’est-à-dire en concernant d’abord les riches, ou de lutter enfin efficacement contre les aliénations religieuses, toutes les aliénations religieuses !!
Le caractère intrinsèquement confusionniste régnant sous le vocable diversité, dans ce type de discours convenu, pourtant prononcé devant l’élite de la nation, sans que personne ne bronche, en dit long sur le degré d’intelligence collective des Français d’aujourd’hui.
Se retrouvent en effet confondues dans ce type de discours 3 notions aussi différentes qu’importantes et graves, chacune.
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a) Le social, la politique sociale. Jamais le mot « ouvrier » n’aura été aussi employé. Ne manque plus que les paysans et les employés pour avoir du Marxisme.
b) Le métissage physique (ou culturel). Également confondu avec la simple juxtaposition des différences, un peu comme dans une mosaïque. Idée à la mode qui, DANS LES FAITS, va de pair avec une disparition accélérée des langues et des ethnies minoritaires. Cherchez l’erreur !
c) La discrimination raciale (rebaptisée discrimination positive).
Ainsi que nous avons déjà eu l’occasion de le dire, le meilleur moyen de déclencher un festival de bêtises abyssal (en France du moins) est d’aborder la question des races et du racisme ! Ou de la religion d’ailleurs ! C’est imparable ! À croire que l’intelligence humaine a besoin, pour fonctionner normalement ou brillamment (par ailleurs) d’un point aveugle, comme l’œil, qui est pourtant un organe admirable, une véritable merveille de la nature.
On appelle tache de Mariotte ce triangle des Bermudes où s’engloutit toute capacité de l’Homme à bien voir les choses.
Rappelons notre position. Nous ne sommes pas antiracistes, car cette attitude intellectuelle implique beaucoup trop de bêtise, d’ignorance, ou de pseudoscience. Nous sommes tout simplement non racialistes, c’est-à-dire pas du tout obsédés par ces questions, mais surtout préoccupés par la défense de nos libertés ou de nos différences (langues minoritaires comme le gaélique, le navajo, nos différentes façons de cuisiner, de faire sa cour à l’autre sexe, etc.).
Donc pas d’incitation ou d’obligation au métissage, afin d’éviter la consanguinité ou améliorer la race humaine ou que sais-je encore ! C’est là parler comme un éleveur de chevaux, ou de bestiaux, qui croise ses bêtes ! En ce domaine, laissons seules décider… les lois de l’amour et du hasard et ne faisons pas comme le monde de la publicité (donc l’idéologie dominante) qui prône visiblement le métissage !
Quant à l’existence d’une race juive, voir les travaux de l’historien autrichien Shlomo Sand sur les Khazars, les Berbères, etc., et pas ceux de Marek Halter.
N.B. Pour ce qui est de la caractérisation éventuelle de sous-groupes * à l’intérieur de l’espèce animale qu’un zoologue a un jour fort justement appelée « singe nu » ; on parle plutôt actuellement de fréquence génique, ou de génétique des populations.
* Et le singe devint… Con ! Avis aux amateurs : l’expression ne veut nullement dire « groupe inférieur », mais subdivision d’un groupe.
Lorsque Soljenitsyne prit la parole le 8 juin 1978 à Harvard, ce fut pour dénoncer l’affaiblissement du courage dans le monde occidental. Il n’hésita pas à dire aux étudiants de l’université dont la devise est Veritas, en substance et en résumé, ce qui suit.
Premièrement. Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la classe dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante de la société, d’où l’impression que le courage a déserté la société tout entière.
Deuxièmement. L’Histoire, la vraie, qui n’est pas celle des personnalités ou des héros, mais celle des petits, des obscurs ou des sans-grade, en bref du peuple (ou de la société) ; se fait bien sûr indépendamment des personnages qui occupent les petits écrans de nos appareils de télévision, à longueur de journée.
Indépendamment par exemple des pasteurs, des rabbins, ou des curés, ou de tous ceux qui ont écrit des livres ou font des films voire travaillent dans les médias. Encore qu’il ne faille pas sous-estimer l’importance des hommes ou des femmes de médias, ce sont des faiseurs d’opinions. C’est-à-dire en d’autres termes qu’en manipulant l’information, ils finissent par peu à peu faire passer dans la réalité leurs idées personnelles. Chose d’autant plus facile que, généralement, ils avancent masqués, sous couvert d’objectivité quand ils sont journalistes, ou sous couvert de fiction quand ils sont auteurs de série télévisée. L’élection de Barack Hussein Obama en 2008, avec 52 % des voix, est la parfaite illustration du rôle de quatrième pouvoir joué par les auteurs de série télévisée ou les médias ; et nous écrivons cela en ayant pourtant penché pour lui sans hésitation, mais en toute lucidité.
Il y a eu aussi des livres catastrophiques pour l’Humanité, vu leur nature profondément criminogène : la Torah, le Coran, Mein Kampf, le Necronomicon.
J’hésite à inclure le Nouveau Testament dans cette courte liste à cause de son caractère très composite, et il est vrai que certains de ses passages sont aussi nettement criminogènes. Mais les
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paraboles du type de celle de la femme adultère, et sa conclusion (que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre) sont toujours bonnes et utiles, à méditer.
En bref, indépendamment de tous ceux qui sont officiellement gentils et intelligents ; et qui nous expliquent à longueur de journée que si nous ne sommes pas de leur avis, ou que si nous n’avons pas leurs goûts et leurs couleurs sur tel ou tel sujet ; (Dieu ou le Démiurge, la religion, l’Amérique, l’immigration, la liberté d’entreprendre, La Fayette, la France, la bataille de Fort Carillon 1) ; c’est parce que nous ne savons pas que, que nous n’avons pas compris, que nous ignorons que… (au fait quoi ? Quelles sont ces vérités que nous ignorons ?)
Indépendamment surtout des médias de masse qui formatent les esprits (journalistes ou femmes-troncs du petit écran…) ou des faiseurs de téléfilms, qui imposent leurs idées ainsi que leurs conceptions personnelles ; en sélectionnant parmi les milliers de possibilités offertes à notre entendement, et l’information et le commentaire, ou en mettant toujours en scène dans leur téléfilm ou leur reportage une société ; qui n’est pas celle à laquelle ils ont eu à faire, que ce soit dans le passé ou le présent, mais celle qu’ils voudraient voir devenir la norme (sans le dire explicitement). Ou inversement.
Il est tout à fait normal et naturel d’avoir ses idées sur la société idéale, fussent-elles plutôt superficielles (en tout cas nullement radicales, car ne s’en prenant pas au plus important). Se donner bonne conscience à peu de frais, aide à vivre. Encore faudrait-il qu’il n’y ait pas trop de contradictions dans cette société idéale.
Il n’est pas très honnête d’avancer masqué ou de ne pas afficher clairement ce parti pris, au demeurant légitime, nous l’avons dit ; surtout dans un (télé) film censé être réaliste, censé parler de la société telle qu’elle est, ou telle qu’elle fut, non de la société « idéale » (les guillemets s’imposent en ce qui concerne cet adjectif). Que penser de l’homme ou de la femme qui, au début du XVIe siècle en Europe, aurait diffusé un reportage démontrant que l’on pouvait dire ou faire n’importe quoi en matière de religion, que ça n’avait aucune d’importance. Moi je n’en pense pas grand bien. Pour mémoire les guerres de religion dans notre Histoire ont fait plus de morts que toutes les autres guerres. Sur des sujets aussi graves, le droit de dire n’importe quoi et surtout des choses contraires à la vérité, ne devrait pas être admis ; et la Justice voudrait que ce soient ceux qui ont cassé les pots qui les payent, à ceux qui ont encouragé ces dramatiques erreurs d’appréciation d’en subir les conséquences (morts, viols, souffrances, destructions et tortures) pas aux autres ! Et le singe devint con ! Le diable de l’Homme c’est sa propre bêtise, c’est la bêtise qu’il déploie sans relâche dans ses efforts désespérés pour faire le bien (selon lui). Mieux vaut un méchant intelligent (l’empereur Tibère ne disait-il pas qu’un bon berger tond ses moutons sans les écorcher) qu’un gentil seulement persuadé de l’être (péché d’orgueil). L’enfer est pavé de bonnes intentions ! Comme l’a dit un jour Pascal : « L’Homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête ».
Nietzsche a eu un jour des mots très durs pour les chrétiens. Je me demande si l’on ne devrait pas les appliquer aux journalistes des médias de masse ou aux faiseurs de films et d’émissions, incapables de voir la forêt derrière l’arbre sous leur nez.
Ce qui manque à tous ces faiseurs d’opinions, à tous ces officiellement gentils et intelligents, à ces apprentis sorciers, c’est la réflexion sur une vision d’ensemble.
Exemple.
Tout être humain a droit à la vie. Ceci est ma conviction absolue.
Mais à ce dogme, j’apporte aussitôt les cinq précisions suivantes.
Premièrement, par vie, j’entends naturellement une vie digne et nullement misérable.
Deuxièmement, je trouve parfaitement normal qu’une société cherche à se débarrasser de ses éléments les plus dangereux (et là je pense à toutes sortes de moyens, dont le bannissement, l’exil, la relégation, et pas nécessairement à la peine de mort).
Troisièmement, sans être partisan moi-même personnellement (sic) de la peine de mort, je ne suis pas choqué par cette dernière si elle s’applique aux crimes vraiment les plus graves ; et s’il n’y a aucun, mais alors aucun doute quant à la culpabilité (crime non seulement avoué, mais avec éléments rendant impossible l’erreur judiciaire, par exemple l’indication du lieu où l’on peut trouver le corps, le flagrant délit, etc.) ; les défenseurs de la peine de mort pratiquée dans ces conditions et qui font partie de mes amis… resteront des amis, et je n’hésiterai jamais à boire un verre avec eux.
Quatrièmement, on ne peut considérer comme un être humain achevé un ovule humain fécondé depuis seulement huit minutes. Je suis donc partisan du droit des femmes à l’avortement. Il est non moins évident qu’avorter alors que l’embryon a huit mois reste quand même un crime, si ce n’est pas un accident.
Entre huit minutes et huit mois, il y a un juste milieu à trouver. À chacun de voir ! En ce qui me concerne, je m’abstiendrai de formuler un quelconque avis à ce sujet. Que disent par exemple les
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scientifiques ?? Un conseil néanmoins, écartez d’office l’avis de ceux qui font profession de religion. Dieu ou le Démiurge n’ont qu’à régler nos problèmes en amont.
Cinquièmement, ne soyons pas bêtement chrétiens. Tout être humain ayant droit à la vie a donc le droit de se défendre en cas d’attaque le mettant en danger. Il a même le devoir d’intervenir quand ce n’est pas lui, mais autrui qui est mis en danger par une telle agression. Le droit intrinsèque à la légitime défense fait partie du droit naturel de chaque individu (du recht aicnid). Mais la riposte doit naturellement être proportionnée à l’attaque (je ne trouve pas normal de tuer un voleur de poules) et ne doit viser que les responsables de cette attaque, pas leurs voisins ou leurs frères.
Même chose pour la propriété privée, l’immigration, la libre entreprise, etc.
Ce qui manque aussi à notre époque, c’est d’appeler un chat un chat (et M. Rollet un fripon).
Souvent d’ailleurs simplement par manque d’intelligence et d’instruction, comme les milliers de journalistes français inventeurs du Belarus (capitale Minsk) après la chute de l’empire soviétique [alors que Biélorussie (Russie blanche) existait déjà et suffisait pleinement].
Il est vrai que demander à un journaliste d’être instruit et cultivé, c’est beaucoup exiger. C’est déjà une conscience, alors… Connaissance et réflexion ne feraient que l’embrouiller.
Il est vrai aussi que la France a une bien étrange caractéristique. Celle qui consiste à créer de toutes pièces des problèmes qui n’existaient pas (jusque-là du moins, et en un tel lieu) afin d’avoir ensuite le plaisir de passer un ou deux siècles à les résoudre.
Celle de défiler par millions dans les rues avec passion et acharnement (lynchages médiatiques, procès, et ainsi de suite) contre une idée, hommes politiques en tête, tous bords confondus. Exemple M. Hubert Falco militant contre la venue du train à Très Grande Vitesse dans le département français du Var, alors que tout était prêt pour, à l’époque ; puis, son combat ayant abouti, se battant trente ans après avec autant acharnement pour la venue de ce TGV tant décrié par lui dans sa bonne ville de Toulon, mais bien sûr avec beaucoup plus de coûts et de dégâts pour l’environnement, à la clé.
Gouverner c’est prévoir. Quand 100 % des gens se trompent, il y a quelque excuse à se fourvoyer comme eux.
Quand 99 % des gens se trompent, il y a encore quelque excuse à se fourvoyer avec eux.
Mais quand il n’y en a que 80 % ?? Il n’y a dans ce cas aucune excuse, du moins pour qui se veut meilleur ou plus intelligent bref, faisant partie de l’élite. Encore une fois, répétons-le : gouverner c’est prévoir !
On ne soulignera jamais assez le rôle incroyablement néfaste pour l’Humanité ; joué par le quatrième pouvoir qu’est la classe médiatique dans son ensemble (journalistes, présentateurs, vedettes) ; à partir de la deuxième moitié du XXe siècle.
Pour trois raisons principales.
La première en est la médiocrité de leur niveau intellectuel. La médiocrité du niveau intellectuel des principaux acteurs de cette « engeance ». Ne parlons pas ici d’intelligence puisque, comme le disait Binet pour se sortir de cette question piège, l’intelligence, c’est ce que mesurent mes tests. Ce qui n’en demeure pas moins par contre c’est la faiblesse de leur culture générale, qui les rend incapables de rectifier d’office la bourde commise par un de leurs confrères ou collaborateurs ; et leur incroyable manque de profondeur, philosophique ou autre.
Il suffit d’entendre l’incroyable naïveté ou superficialité de certaines de leurs questions ou de leurs commentaires, voire de leurs silences, coupables. Et qu’on ne me dise pas qu’il s’agit d’une fausse naïveté afin de se mettre au diapason du public. C’est loin d’être toujours le cas !
La deuxième caractéristique de ces travailleurs qui seraient très vexés d’être considérés comme des manuels ou des employés, est leur lâcheté.
Oh ! Certes, il y a des exceptions, généralement motivées par le carriérisme ou une féroce volonté de « réussir » (les guillemets s’imposent) à tout prix.
Mais l’immense majorité des hommes ou des femmes de médias préfèrent aller dans le sens de l’Histoire ou du moins ce qu’ils croient être le sens de l’Histoire.
Combien y avait-il par exemple d’intellectuels ouvertement antinazis dans l’Europe occupée de 1940 ???
Combien y avait-il d’intellectuels ouvertement antibolchéviques ou antisoviétiques en Europe de l’Est vers 1950, voire dans certains pays ayant la particularité d’avoir un très fort parti communiste (exemple la France) ???
Réponse : très peu ! Pire même, la majorité des hommes ou des femmes de médias étaient plus ou moins hostiles, ou à tout le moins guère favorables, aux rares intellectuels alors farouchement contre
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l’URSS ; systématiquement assimilés à de l’extrême droit fasciste ; à l’exception bien entendu du maccarthysme qui a été un mouvement exactement de même nature, mais à la polarité inversée.
À cette première lâcheté, plutôt idéologique, du journaliste, ou de l’homme des médias ; s’ajoutent celles qui consistent à, de fait, avoir toujours le dernier mot (contourner un droit de réponse étant l’enfance de l’art) ; à choisir parmi la multitude des informations quotidiennes, ou pas du jour d’ailleurs, celle que l’on veut monter en épingle pour la mettre en avant ; et enfin, pour le journaliste d’information, à avancer masqué : c’est-à-dire à présenter comme une évidence naturelle allant de soi ce qui n’est que le résultat de son engagement personnel.
La troisième raison expliquant ce rôle incroyablement néfaste joué par les hommes ou les femmes de ce quatrième pouvoir ; outre les deux précédentes (leur manque de culture générale et de profondeur philosophique, ainsi que leur lâcheté sous toutes ses formes) ; est leur carriérisme forcené. Ils sont prêts à vendre leur âme au diable pour s’élever dans la hiérarchie (sociale ou pas), avoir des revenus plus élevés, ou un niveau de vie supérieur.
Le journaliste est pour cela toujours prêt à voler au secours de la victoire et à flatter ou à ménager tous les pouvoirs, quels qu’ils soient.
Le résultat de tout cela est que de très graves problèmes pour la survie des peuples, des cultures, de la civilisation, voire même de l’Humanité ; n’ont pas pu être abordés franchement à temps, n’ont pas pu être débattus en profondeur dans la société avant, et donc réglés, de façon satisfaisante.
Oui, décidément, on ne soulignera jamais assez le rôle incroyablement néfaste pour l’Humanité ; joué par le quatrième pouvoir qu’est la classe médiatique dans son ensemble (journalistes, présentateurs, vedettes) ; à partir de la deuxième moitié du XXe siècle.
1) 106 tués et 266 blessés ce jour-là. Le marquis de Montcalm fit à ses chefs un rapport doublant les chiffres. Le fort, dont la garnison fut retirée pour défendre Québec, sera occupé par Jeffrey Amherst.
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LES VRAIS NÉO-CONS D’AUJOURD’HUI.
Dans les démocraties actuelles, de plus en plus de citoyens libres se sentent englués, poissés par une sorte de visqueuse doctrine qui, insensiblement, enveloppe tout raisonnement libre, l’inhibe, le trouble, le paralyse et finit par l’étouffer. Cette doctrine, c’est la pensée unique, la seule autorisée par une invisible et omniprésente police de l’opinion.
Depuis la chute du mur de Berlin, l’effondrement des régimes communistes et la décrédibilisation du socialisme, l’arrogance, la morgue et l’insolence de ce nouvel Évangile ont atteint un tel degré qu’on peut, sans exagérer, qualifier cette fureur idéologique de moderne dogmatisme.
Le terme de bien-pensance est celui qui convient pour parler du politiquement correct de certaines catégories d’intellectuels. Il désigne également un environnement social aliénant dans lequel règne une forme de terrorisme intellectuel.
Les travaux des professeurs Noam Chomsky et Édouard Herman (la fabrique du consentement) ont montré que les médias finalement n’influençaient que peu la masse de l’opinion publique ; mais que les médias et la presse écrite n’influençaient que ceux qui les lisent ou les écoutent (tautologie). Le problème est que ceux qui les lisent ou les écoutent font partie de la pseudoélite décisionnaire, du petit monde des décideurs DONT IL NE FAUT SURTOUT PAS SURESTIMER L’INTELLIGENCE NI L’ESPRIT CRITIQUE.
Le principal point faible des démocraties avons-nous dit c’est la qualité de ses gens de média. Un poisson pourrit toujours en commençant par la tête.
Outre le fait que certains entretiens avec des acteurs politiques de premier plan ne comportent aucune question critique, ainsi que nous l’avons signalé plus haut, cette orientation rédactionnelle « commerciale » appelée journalisme de marché implique aussi une forme de mimétisme ou panurgisme.
Le mimétisme est la reproduction des comportements, des attitudes d’autrui. Or on observe un grand mimétisme entre les rédactions qui s’inspirent les unes des autres. Les journalistes viennent souvent du même milieu social et ont fait des études semblables. Cela mène à un effet « bocal » dû à la centralisation parisienne et au passage dans les grandes écoles. C’est-à-dire que les journalistes, à cause de leurs contacts permanents, comme des poissons rouges dans un aquarium, finissent par s’influencer mutuellement.
Cela peut mener aussi à ce que l’on peut appeler un « effet loupe ». C’est-à-dire que certaines informations sont largement exposées, suivies et débattues alors que d’autres ne sont presque pas médiatisées. Ainsi, certaines informations sont-elles mises en valeur et en cachent d’autres. Cela peut donner une vision déséquilibrée des différents faits du moment aux citoyens.
On m’accuse parfois de souvent reprocher aux gens de média d’être intellectuellement malhonnêtes, et donc en désinformant ainsi le public de jouer un grand rôle dans le retard des nécessaires prises de conscience, vis-à-vis des très graves défis à relever pour l’avenir.
Mais comment peut-on titrer un article « La religion sera absente de la Constitution tunisienne » alors que dans le corps dudit texte il est précisé noir sur blanc que tous les partis politiques du pays sont convenus de conserver le premier article de l’actuelle loi fondamentale, qui déclare que l’islam est la religion et l’arabe la langue officielle du pays.
À noter. Le site internet Algérie Focus le devoir de savoir, lui, a eu l’honnêteté intellectuelle, ou l’intelligence, là aussi élémentaire, d’ajouter à la suite, dans le même titre et avec la même grosseur de caractères, l’importante très importante nuance qui change tout : « dit Ennahda ».
Comment peut-on mettre sur le même plan quelques centaines d’intégristes chrétiens manifestant dans les rues contre une atteinte à leur religion, et des centaines de milliers voire dizaines de millions de fondamentalistes musulmans s’en prenant à des églises y compris en versant le sang ? (N.B. Ce chiffre est obtenu en additionnant l’estimation des foules en question, sur une courte période, mais dans le monde entier, de l’Indonésie au Nigéria en passant par le Pakistan.)
Au Pakistan « quand une personne est accusée de blasphème, tout le monde vient, incendie sa maison et, le cas échéant, la tue ». Ce procédé reposant sur la vindicte populaire n’est évidemment pas prévu par la loi. Néanmoins, celle-ci le favorise largement de fait, vu le caractère extensif des comportements pénalisés et la disproportion des peines. Très sévères, et pouvant aller jusqu’à la
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peine de mort pour la personne accusée de blasphème, beaucoup plus clémentes pour les auteurs de ces lynchages. N.B. La loi interdisant le blasphème au Pakistan a été promulguée sous la dictature du général Zia ul-Haq, en 1986.
Mais quel est l’État aujourd’hui, à part le Vatican et Monaco peut-être, où le christianisme est seule religion officielle ou du moins officiellement dominant ??
Comment peut-on par exemple, parler d’affrontements interconfessionnels au Nigeria, sans mentionner une seule fois l’appartenance religieuse des victimes ou des assaillants ?
Cas de la dépêche AFP du 05/11 à 09 :48 qui ne parle que d’églises attaquées ou de morts, sans autres précisions. Et que les Français responsables de cette dépêche ne viennent pas nous parler de leur bonne foi, de la nécessité d’être prudent, etc. (dans ce cas il ne fallait même pas parler d’église, mais seulement d’édifices religieux). De toute façon leurs confrères eux, ont eu l’honnêteté d’au moins mentionner que les soupçons pesaient fortement sur la secte musulmane du Boko Haram.
Ces journalistes de l’AFP ont donc soit sciemment cherché à induire en erreur le lecteur pressé dans cette affaire, ou alors ils ne sont pas assez intelligents pour avoir le recul ou a hauteur de vue qui permet de voir au-delà de l’arbre qui cache la forêt. Dans les deux cas (malhonnêteté intellectuelle ou manque de profondeur minimale dans l’analyse) c’est grave.
DIVERS.
La Clinique de la Couronne spécialisée dans la chirurgie esthétique a posé en 2014 à 1000 femmes la question « Quel serait le visage idéal de l’homme parfait selon vous ? ». Deux portraits ont été réalisés ensuite par le docteur Asim Shahmalak, l’un pour les moins de 30 ans, l’autre pour les plus les de 30 ans. Le résultat en est un peu de Georges Clooney, de Ryan Gosling ou encore de Bradley Cooper, le nez de Brad Pitt, la barbe de David Beckham…
Qu’il soit permis ici au gros con hitlero-trotskiste que je suis de réaffirmer aux gens gentils et intelligents qu’on ne discute pas des goûts et des couleurs et que la beauté est toujours subjective. Donc qu’on peut douter du degré de profondeur philosophique (10 sur 10 ? 9 sur 10 ? 8 sur 10, moins ??) des médias qui généralisent implicitement les résultats d’une telle enquête, qui ne font que trahir la domination mondiale actuelle des modèles anglo-saxons (ce que l’on appelait impérialisme quand j’étais jeune) non la rigueur et la justesse de leur raisonnement). Notre civilisation n’a plus à offrir que de telles futilités, notre civilisation est devenue la civilisation de la chirurgie esthétique pour célébrités.
Níos fearr a bheith bocht, ach a bheith tú féin, a bheith saibhir ach a bheith eile. Sinn Fein !
Mieux vaut être pauvre, mais rester soi-même, qu’être riche, mais en devenant un autre.
Les prochaines guerres seront culturelles, de véritables batailles spirituelles pour faire pencher les cœurs et les âmes dans telle ou telle direction, tel ou tel camp. À quoi sert en effet le plus lourd des matériels si aux commandes de ce dernier il y a quelqu’un qui rechigne à s’en servir, pire même, qui le retourne contre vous ???
Les régimes politiques les plus stables sont ceux fondés sur le roc de l’égoïsme crasse inhérent à l’homme et enracinés dans la couche épaisse que constitue la bêtise humaine. La servilité rend bête, la servilité tue l’intelligence.
La pensée unique est une absence de pensée.
Les slogans leur tiennent lieu de pensée. Les slogans du genre Bush assassin ou Canada Terre d’Accueil leur tiennent lieu de réflexion. Or même si Bush n’est pas votre tasse de thé (depuis 1173), il faut bien reconnaître que les choses sont quand même plus compliquées que ça.
La généralisation de l’anglais à la planète entière a eu pour conséquence inévitable…
a) Une perte en couleur locale voire en précision de la langue, perte due aux généralisations de l’anglais choisi et pratiqué par les non-anglophones de naissance. Le globish ou global english EST UN SOUS-ANGLAIS
b) Une baisse mondiale du niveau intellectuel de l’Humanité, notamment en politique internationale : simplisme et hypocrisie.
c) Sans compter dans le domaine culturel voire civilisationnel, la perte en biodiversité humaine.
Or les problèmes causés par une certaine façon de penser ne peuvent par définition être résolus par ceux-là mêmes qui les ont causés, par le même type de cerveau. Il faut pour cela une façon radicalement différente de voir les choses, être non conformiste, avoir résisté au rouleau compresseur de l’idéologie dominante induite par la mondialisation.
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Un problème ne peut pas être résolu par le cerveau même qui l’a causé. Il faut ou changer de cerveau ou s’en remettre à quelqu’un d’autre.
* En fait j’ai volontairement omis de donner la liste complète afin de donner plus de force à ma formule. Mais la liste complète la voici :
Les États ci-dessous reconnaissent la confession chrétienne indiquée comme étant leur religion officielle :
Catholicisme : Vatican, Monaco, Liechtenstein, Andorre, Malte. Quelques cantons suisses.
Ne sont vraiment très peuplés que l’Argentine, Haïti, le Costa Rica, le Salvador.
Orthodoxie : la Grèce.
Christianisme réformé. Le Danemark, l’Islande, la Norvège. Et toujours quelques cantons suisses.
Sans oublier le cas un peu spécial de l’anglicanisme en Angleterre.
Mais combien de millions de personnes concernées dans tout ça ??? Par rapport à l’Iran l’Arabie Séoudite, le Pakistan, le Bangladesh, etc. etc ? ?
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ANNEXE N° 1 : UN EXEMPLE DE DÉSINFORMATION MASSIVE :
LE TRAITEMENT MÉDIATIQUE DE L’INDE
ET DE QUELQUES AUTRES CAS SIMILAIRES SELON FRANÇOIS GAUTIER (journaliste né à Paris en 1959, installé à Auroville près de Pondichéry en Inde depuis 1969).
NOTRE MÈRE L’INDE.
L’Inde est l’exemple parfait de comment une nation prodigieuse, riche, contrastée, dont la civilisation cinq fois millénaire a survécu à toutes les affres de son histoire, peut être ignorée, déformée, minimisée, avilie par le journalisme occidental.
Et pourtant, un correspondant en poste ne peut trouver pays plus riche en sujets : non seulement il s’y passe toujours quelque chose – élections, changements de gouvernements, grands mouvements de foules – mais l’Inde est aussi un pays d’une formidable diversité, où cohabitent toutes les grandes religions du monde, où les ethnies les plus étonnantes se côtoient, où passer du nord au sud équivaut au changement de coutumes, de langage et de climat, que l’on peut ressentir lorsqu’on vole de New York à Athènes. On y découvre également matière à des sujets de magazine inédits et captivants, que ce soit la médecine ayurvédique, le plus ancien système médical encore en pratique dans le monde, uniquement à base de plantes et de minéraux, ou le kalaripayat, l’ancêtre de tous les grands arts martiaux d’Asie, qui partit vers la Chine et le Japon avec le Bouddhisme, ou encore le pranayama, la science de la respiration que les Indiens ont développée depuis trois millénaires et qui confère des résultats étonnants à ceux qui la pratiquent.
Or, que voyez-vous de l’Inde à la télévision ? D’abord on n’en parle que lorsqu’ il s’y passe quelque événement majeur : si Rajiv Gandhi est assassiné, ou s’il y a des élections – et encore, la plus grande démocratie du monde n’a le droit qu’à une brève mention en fin de journal – ou s’il s’y est produit un tremblement de terre, comme cela a été le cas récemment. La Kumbh-Mela d’Allahabad en janvier 2001 démontre encore une fois, à quel point la télévision, lorsqu’elle s’intéresse à l’Inde, ne se focalise que sur l’anecdotique, le superflu, déforme tout et transforme ce qui est beau et noble en une foire aux images douteuses. Les médias ne se sont intéressés qu’aux vedettes internationales (Madonna, Demi More, Richard Gere, etc.), qui sont venues à la Kumbha Mela, alors qu’ils n’étaient qu’une poignée d’anonymes parmi des millions ; on s’est attardé sur des angles inintéressants : les tentes de luxe pour étrangers en manque de spiritualité, les sages hindous un téléphone portable à l’oreille, les « nationalistes hindous » qui récupèrent la Mela…
Ne pourrait-on pas trouver plus extraordinaire que quatre-vingts millions d’âmes aient convergé en avion, en voiture, à cheval, à pied, vers un endroit qu’ils considèrent comme sacré, uniquement pour s’adresser à ce qui est au-delà de nous, à cette Force immanente vers laquelle les hommes se sont tournés depuis des millénaires ? Mais non, tout ce que les télévisions occidentales ont trouvé utile de faire fut de filmer des sadhus nus, ou allongés sur des lits d’épines. Toujours ces images dénigrantes de l’Inde, cet esprit supérieur colonialiste qui se perpétue dans la vision que les journalistes occidentaux ont de l’Inde.
Aujourd’hui, notre mère l’Inde, méconnue, ignorée, rabaissée par les journalistes et les indianistes, se bat seule en Asie du Sud contre une certaine forme d’Asoura incarnée par le fondamentalisme musulman.
L’Inde, en sus du problème kashmiri, doit faire face en effet à une véritable menace islamiste en Asie du Sud, car d’une part elle est entourée par des pays musulmans qui lui sont radicalement hostiles : le Pakistan, bien sûr, le frère ennemi, né du refus des musulmans, qui autrefois conquirent et gouvernèrent les Indes, d’être en minorité dans une Inde libre ; le Pakistan, pays théocratique, où les minorités religieuses sont considérées comme des citoyens de deuxième classe, lorsqu’ils ne sont pas victimes de pogroms ; le Pakistan, qui a fait du djihad une affaire nationale, encourageant le séparatisme dans les états dont il partage la frontière avec l’Inde. L’Afghanistan aussi, dont la réputation de fondamentalisme militant n’est plus à faire ; mais les États-Unis et l’Europe, physiquement éloignés de l’Afghanistan, n’ont à subir qu’indirectement cette menace fondamentaliste, alors que l’Inde doit y faire face quotidiennement.
LE NAZISLAMISME EN INDE.
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De surcroît, le gouvernement indien ne sait jamais si la fidélité de son importante minorité musulmane (120 millions) va d’abord à l’Islam et ensuite à l’Inde, ou vice-versa ; de nombreux musulmans indiens vont travailler dans les pays du Golfe et en reviennent imprégnés d’un Islam beaucoup plus dur et intransigeant ; l’Arabie Saoudite patronne des milliers de mosquées et de madrasas (écoles religieuses) jusque dans les villages les plus reculés de l’Inde, qui constituent de véritables foyers d’insurrection, donnant naissance à des groupuscules terroristes, comme l’Al Oulema, au Kerala, responsable de nombreux attentats à la bombe. Et si au moins les états voisins non musulmans étaient des alliés ; mais ils font souvent montre d’hostilité active envers l’Inde : exemple le Sri Lanka, dont la majorité cinghalaise entretient une véritable phobie du géant indien.
Parmi les correspondants étrangers, on aime à dire « que ces petits pays ont peur de l’ombre du géant indien ». Ceci constitue un véritable contresens historique. Car non seulement l’Inde hindoue n’a jamais envahi un autre pays pour imposer sa religion et ses coutumes, comme l’ont fait l’Islam et le Christianisme (également le Bouddhisme, même si c’était de manière non violente), mais de nombreuses minorités persécutées en Orient ont trouvé refuge en Inde : les chrétiens de Syrie ou de Saint Thomas *, les Parsis chassés d’Iran, les Juifs fuyant les Romains (l’Inde est probablement le seul pays au monde où les Juifs n’aient jamais été persécutés) les marchands arabes, les Arméniens, les Tibétains aujourd’hui ; toutes ces communautés prospérèrent et purent pratiquer en paix leur religion. Malheureusement le contraire n’est pas valable : les hindous appartiennent à la foi la plus persécutée au monde : cela commença avec les premières invasions arabes en 711 et continua avec les vagues d’invasions successives des Turcs, Afghans, Iraniens, dont les incursions constituaient souvent de véritables holocaustes.
L’historien américain Will Durant estime « que la conquête musulmane en Inde fut probablement la plus sanglante que l’humanité ait jamais vue ! C’est une histoire décourageante, car sa morale évidente c’est que la civilisation est une chose bien précieuse, dont l’ordre complexe et la liberté peuvent être à tout moment piétinés par des barbares qui envahissent du dehors et se multiplient au-dedans » (Notre héritage oriental. 1954, p.459).
Il n’est pas le seul historien à s’être effrayé des conséquences de ces invasions.
Le Professeur K.S. Lal dans son livre « La croissance de la population musulmane dans l’Inde médiévale » estime qu’entre les seules années 1000 à 1525, 80 millions d’hindous furent tués directement (sans parler des famines et autres calamités naturelles engendrées par la guerre), sans doute le plus grand holocauste de l’histoire de l’humanité, affirme-t-il. Les Sultans Bahmani, qui gouvernaient l’Inde centrale, s’étaient fixé un quota de 100.000 hindous par an et semblent l’avoir respecté. En 1399, le célèbre Tamerlan fit mieux, il tua 100.000 hindous en une seule journée, un record.
Et si encore cette haine de l’Islam pour l’Inde s’était éteinte avec la mort en exil en Birmanie du dernier roi moghol. Mais elle s’est réincarnée au Pakistan pour qui les 850 millions d’hindous, qui constituent l’énorme majorité de l’Inde, restent les Infidèles par excellence. Et que dit le Coran ? « Où qu’ils soient, trouve les idolâtres, capture-les, assiège-les, tends-leur des embuscades et tue-les » (Sourate 9, verset 5).
Aujourd’hui encore, les cimetières des martyrs, les chahid, que ce soit en Tchétchénie, ou en Palestine, sont des lieux saints utilisés à des fins politiques. Qui a vu l’enterrement d’un « martyr » à Srinagar, capitale du Cachemire, lorsque les hommes brandissent le cercueil à bout de bras, tel un trophée, et les femmes commencent à se lamenter et à s’arracher les cheveux – surtout si des journalistes étrangers sont présents – peut être sûr que la même scène se répète en Bosnie, en Palestine, en Tchétchénie, ou en Afghanistan.
L’Occident doit comprendre que l’Inde est non seulement un rempart de démocratie pro-occidentale, dans une Asie en proie aux dictatures et à l’intolérance, mais qu’elle se bat seule, courageusement, contre le fondamentalisme musulman, qui est prêt à embraser toute l’Asie, du Tadjikistan au Cachemire, de l’Afghanistan à l’Indonésie.
Mais si quelque correspondant en poste à Delhi a le courage de rapporter ce qu’il voit de ses propres yeux, il se fait immédiatement taxer d’islamophobe et de pro-hindou, ou même de fasciste et de raciste – un comble !
Autre contresens historique et même contemporain. L’Inde ne s’est jamais distinguée par un excès de nationalisme ; le Congrès national indien, à qui les livres d’histoire attribuent l’indépendance de l’Inde, fut pendant longtemps un docile sujet de Sa Majesté, qui ne demandait que des privilèges au sein de l’Empire britannique. Dix siècles d’invasions sanglantes ont d’ailleurs considérablement émoussé l’intrépidité des hindous, que Gandhi lui-même taxa de « couards ». Dès qu’il y a l’ombre d’un risque
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d’émeutes, ou même de grèves, l’hindou se calfeutre chez lui et n’en sort plus. Les hindous continuent à être tolérants à la limite de l’ânerie – ils adorent tendre la joue gauche lorsqu’ils ont été giflés sur la droite. Le Parti Bharatiya Janata n’échappe pas à cette règle : ses réactions au détournement d’avion de 1999 par des séparatistes musulmans soutenus par l’Afghanistan et le Pakistan, ou à la mutilation récente de soldats indiens par les Bangladeshis, restent dans la plus pure tradition de la « tolérance » hindoue (c’est-à-dire qu’on ne réagit pas et qu’on s’écrase).
Ce sont également les indianistes français qui sont responsables de l’étiquette « nationalistes hindous » (quelquefois même « fascistes ») dont on a dès le début taxé le parti Bharatiya Janata. Si encore nos Indianistes, subventionnés par l’État (et le contribuable) toléraient la diversité de points de vue. Mais non, il y a terrorisme intellectuel : à la moindre déviation du « politiquement correct » sur l’Inde, on réplique avec force demandes de Droits de Réponse, lettres outrées à l’éditeur, ou même par des manœuvres pas très éthiques qui visent à museler l’impertinent. Résultat : les Français entendent toujours le même son de cloche sur l’Inde, car à chaque fois qu’un journal, ou une revue veut un commentaire sur l’Inde, pays lointain et rébarbatif par excellence, on se tourne vers le CNRS ou ses affiliés. Et l’influence du CNRS ne se fait pas seulement ressentir à Gauche, mais également dans des grands quotidiens de Droite, dont les Services Étranger, quand il s’agit de juger l’Inde, tombent dans les mêmes travers, comme on l’a récemment vu, au cours de la visite du Président indien en France, lorsqu’un journal de droite s’est attardé lourdement sur « l’intouchabilité » de M. Narayanan à grand renfort de titres, de sous-titres et de chapeaux, et a laissé entendre que l’Inde « était gouvernée par des fanatiques hindous ».
Ceci a énormément choqué à la fois le gouvernement indien et l’opinion publique en Inde, au point que le rédacteur en chef du quotidien en question a dû écrire une lettre d’excuses au Président indien (ce qui se sait en Inde, mais pas en France). Il aurait été mille fois plus intelligent et vrai d’écrire qu’en Inde, un intouchable peut aussi accéder au plus haut niveau politique, social et économique. Mais au lieu de cela les indianistes se sont fendus des habituels poncifs sur le sort de « persécutés » des intouchables en Inde, ainsi que des minorités religieuses. C’est une vérité – mais c’est seulement une partie de la vérité – car aujourd’hui les différences de castes sont nivelées par la vie moderne : dans un grand hôtel de Delhi ou de Bombay, le brahmane et l’intouchable ne peuvent pas être distingués l’un de l’autre. Les Français savent-ils que les brahmanes, tant honnis par nos indianistes, sont souvent pauvres et défavorisés ? Même Krishna, le dieu bleu chéri de tous les Indiens, était de basse caste. Cette affaire, qui a pris l’allure d’un incident diplomatique, pourrait même porter atteinte aux intérêts français, car c’est n’est pas seulement d’avions Mirage dont l’Inde a besoin, mais aussi d’Airbus, de centrales nucléaires, ainsi que d’énormes investissements en infrastructures, besoins pour lesquels l’Inde pourrait maintenant se tourner vers les États-Unis, surtout après le succès de la visite de Clinton dans le pays.
Bien sûr, il y a eu Ayodhya. Le 6 décembre 1992, une poignée de militants hindous démolissaient cette mosquée dont les dômes gris avaient dominé pendant plus de quatre siècles la ville d’Ayodhya, une des cités les plus anciennes et les plus sacrées de l’hindouisme. La légende veut que le dieu Rama (dont Peter Brook, nous a conté les exploits il y a quelques années dans son Ramanaya), dieu chéri par tous les hindous depuis 3000 ans, y soit né. Comme des milliers d’autres temples hindous, le sanctuaire d’Ayodhya fut rasé par l’empereur moghol Babar au 16e siècle afin d’y construire une mosquée à la place. Pour beaucoup d’hindous, cette mosquée symbolisait l’humiliation de dix siècles d’invasions musulmanes et les exactions de chefs de guerre musulmans, comme Firuz Shah Tughluk (1351-1388), qui écrivait dans ses carnets : « Le jour de la grande fête hindoue, je me suis rendu là-bas moi-même et j’ai ordonné l’exécution non seulement des prêtres, mais aussi de tous les pratiquants de cette abomination. J’ai détruit leurs temples et construit des mosquées à leur place ».
Il faut souligner d’une part que la destruction de cette mosquée est un incident isolé et que durant toute leur histoire les hindous ont non seulement respecté les lieux saints des autres religions, mais aussi qu’ils y ont souvent prié ; d’autre part que les hindous n’ont tué personne à Ayodhya, alors que pour se venger, les musulmans indiens, soutenus par le Pakistan et avec l’accord tacite de l’Arabie Saoudite (qui donna un moment asile au « cerveau » de toute l’affaire) posèrent des bombes dans le centre de Bombay, attentats qui firent plusieurs centaines de morts, la plupart hindous.
* La tradition des chrétiens du Kerala veut que l’apôtre Thomas soit arrivé par la mer (vers 52) et aurait débarqué à Muziris sur la côte de Malabar (aujourd’hui Cranganore). L’existence de chrétiens en Inde, évangélisés par Thomas et l’apôtre Barthélemy, est attestée dès le milieu du IIe siècle par le
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voyage qu’y fit Pantène d’Alexandrie à la demande de Démétrios, évêque d’Alexandrie, « qui en avait été prié par des ambassadeurs de ce peuple. » Pantène en serait revenu avec un exemplaire de l’évangile que Matthieu avait écrit en langue hébraïque et qui semble n’avoir contenu que des paroles de Jésus (des logia ?)
LE JOURNALISME QUAND IL TRAITE DE L’INDE N’EST PAS UN MICROSCOPE, MAIS UN MIROIR DÉFORMANT.
Le journalisme quand il s’applique à l’Inde crée également des icônes et des légendes qui ne correspondent pas toujours à la vérité. Le Mahatma Gandhi, Mère Teresa et la « persécution » des chrétiens, par exemple. Pour le monde entier, le mahatma (grande âme) Gandhi incarne la lutte pour l’indépendance indienne, obtenue grâce à une remarquable technique de non-violence. Or ce mythe, imposé au monde par des journalistes et des écrivains, est complètement faux. Le mouvement pour l’indépendance de l’Inde fut lancé bien avant Gandhi – en 1904, pour être précis – par les premiers nationalistes, Tilak, Deshpande et Sri Aurobindo, qui préconisaient alors le départ des Anglais, par la force si nécessaire, mais furent taxés de fous et de radicaux par le Congrès (le parti de Gandhi). Le Congrès se contenta d’ailleurs pendant longtemps de quémander timidement quelques droits pour les Indiens, mais dans le cadre de l’Empire britannique. L’idée que ce fut Gandhi qui gagna pour l’Inde son indépendance est erronée : pendant la Seconde Guerre mondiale, le mahatma fut jeté en prison parce qu’il refusait que son pays collabore avec les alliés contre la menace nazie ; il appela d’ailleurs Hitler « mon frère bien-aimé » et conseilla aux Éthiopiens de « se coucher sous les sabots des chevaux italiens ». En 1945, l’Angleterre était épuisée par la guerre, l’Inde avait été vidée de ses ressources naturelles par trois siècles de colonisation et Gandhi était devenu une épine dans le pied de l’Empire britannique. On décida donc d’abandonner l’Inde, en lui laissant tout de même en cadeau empoisonné la partition du sous-continent et son cortège de tueries.
Gandhi s’il ne prônait pas une violence exacerbée et extrêmement rigide, était plutôt intolérant vis-à-vis des autres et son moralisme était assez ambivalent. Il imposa à sa femme des conditions draconiennes toute sa vie, exigea des femmes indiennes qu’elles pratiquent l’abstinence sexuelle pour pallier la surpopulation ; mais il ne reste en Inde que des millions de statues de Gandhi, car l’Inde indépendante ne mit jamais en pratique ses idées tant la plupart d’entre elles étaient inadaptées aux besoins du pays.
Mère Teresa fit non seulement le bonheur des correspondants en poste, mais aussi celui des journalistes qui venaient en reportage en Inde. Enfin, se disaient-ils, voilà un sujet digne de l’Inde – LE sujet – qui garantissait l’audimat et l’attention des lecteurs européens et français. Car Mère Teresa cadrait parfaitement dans tous les clichés, à priori, et préjugés que nous ont laissés Kipling et les missionnaires blancs de Tintin : elle ramassait les mourants sur les trottoirs de Calcutta et récupérait les orphelins dont personne ne voulait – ce qui prouvait que les Indiens mouraient toujours de faim ; qu’ils ne s’occupaient pas de leur prochain. Elle convertissait les pauvres Indiens au « vrai » Dieu, ce qui prouvait que les Indiens étaient toujours ces païens de nos images d’Épinal ; qu’ils avaient toujours besoin de la Bonne parole ! Bref, elle était blanche, elle était chrétienne et elle apportait la civilisation aux gentils sauvages de Kipling, même si bien sûr, tout cela n’était pas écrit noir sur blanc et ne pouvait pas être dit tout haut.
Quel est l’envers de la médaille que les journalistes passèrent sous silence ? Mère Teresa, même si indéniablement elle rayonnait d’une grande bonté, était, un peu comme le Mahatma Gandhi, très intolérante, avait des crises de colère effroyables, était dictatoriale et surtout employait tous les moyens pour convertir les Indiens, faisant donner l’extrême-onction aux mourants, même s’ils étaient hindous, baptisant les orphelins qu’elle recueillait et demandant y compris aux hindous qui la secondaient d’adopter la « vraie » religion. Les Indiens sont très tolérants, d’ailleurs les plus grands admirateurs de la Mère étaient hindous ; mais tout de même, de nombreux intellectuels indiens se demandaient si Mère Teresa, qui avait la nationalité indienne et qui était le symbole le plus médiatisé de l’Inde, n’aurait pas pu profiter de sa popularité pour contrebalancer l’effet négatif qu’elle véhiculait, par une image plus positive de l’Inde. Parler de l’extraordinaire hospitalité de ce pays, qui l’adorait, ou de la gentillesse des Indiens, des cerveaux brillants que l’on y trouvait et qui prouvaient que tout n’était pas que pauvreté et misère en Inde. Mais de son vivant elle ne le fit jamais. Morte – et même si on en a fait une sainte – elle véhiculera encore au 21e siècle le vieux cliché missionnaire de la Bonne Parole apportée aux païens. Quel journaliste a-t-il jamais écrit cela dans ses panégyriques à Mère Teresa ?
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Cela soulève le problème de la « persécution » des chrétiens en Inde. Il faudrait d’abord rappeler, comme nous l’avons mentionné plus haut, que les chrétiens syriaques trouvèrent refuge au Kerala et purent pratiquer leur foi en toute tranquillité – c’est d’ailleurs la première communauté chrétienne au monde (1er siècle). Lorsque Vasco de Gama arriva au Kerala en 1498, il fut chaleureusement reçu par Zamorin, le roi hindou de Calicut, alors capitale du Kerala, qui lui permit d’établir des factoreries, à condition de s’en tenir à ces comptoirs. Mais les Portugais demandèrent chaque jour de nouvelles concessions et au lieu de se contenter des avantages financiers qu’ils en retiraient, cherchèrent à établir leur hégémonie sur les mers orientales et à assaillir les navires des autres nations, ce qui déplut à Zamorin. Les Portugais se lancèrent alors dans de sombres intrigues politiques et s’allièrent au souverain de Cochin, principal rival de Zamorin. C’est en 1510 qu’Alfonso d’Albuquerque s’empara de Goa, où il instaura un règne de terreur, brûlant les hérétiques, crucifiant les brahmanes et encourageant ses soldats à prendre des maîtresses indiennes (d’où les noms portugais de nombreux habitants de Goa aujourd’hui).
Depuis 1998, les journalistes ont accusé le BJP et les groupuscules qui en sont issus, le RSS, le VHP, ou le Bhajrang Dal, d’encourager la persécution des chrétiens. S’il est vrai qu’il y eut de terribles incidents, tel le meurtre du missionnaire australien Graham Staines en 1999 par une poignée d’hommes appartenant à une tribu d’Orissa (Centre-Ouest), la plupart des incidents sont le fruit de l’imagination des journalistes, particulièrement des correspondants étrangers, qui ont fait de ce sujet leur cheval de bataille. Prenez par exemple le viol des sœurs de Jhabua en novembre 1998. Ce viol était supposé être un « crime religieux », commis par des hindous, qui voulaient humilier les chrétiens. Très peu de journalistes prirent la peine de se rendre à Jhabua, qui se trouve dans les jungles du Madhya Pradesh (Centre). S’ils l’avaient fait, ils auraient découvert que les sœurs elles-mêmes, ainsi que l’évêque d’Indore, reconnaissaient que ce viol n’avait rien de religieux, mais qu’il avait été l’œuvre de gitans Bhils, connus pour violer les femmes de leur propre tribu. Malheureusement le viol de Jhabua est encore cité aujourd’hui parmi les cas de persécution des chrétiens par les hindous. Au début 2001, une série d’attentats à la bombe furent commis dans des églises de l’Andhra Pradesh (Sud) – et bien sûr, on accusa les hindous. Il se trouva malheureusement que ces attentats avaient été perpétrés par un groupuscule musulman ayant des racines au Pakistan, qui voulait encore envenimer les tensions hindous-chrétiens. La plupart des cas de persécution contre la minorité chrétienne en Inde (3 %) sont souvent des querelles de jalousie entre tribus converties et tribus non converties. Il faut savoir en effet que les missionnaires américains, particulièrement les pentecôtistes ou les adventistes, convertissent à coups de millions de dollars les tribus et les intouchables de l’Inde, qui sont particulièrement vulnérables à l’appât économique. On va même jusqu’à placer des « boîtes à miracle » dans les églises : vous faites un vœu – un bateau de pêcheur, un prêt, une bourse pour votre fils – déposez le petit papier dans la boite – et ô miracle – quelques jours plus tard votre souhait est exaucé. La croissance de la chrétienté en Inde est ainsi phénoménale depuis l’indépendance, particulièrement dans certains états du Nord-Est, peuplés en majorité de tribus : il n’y avait pratiquement pas de chrétiens au Tripura en 1991 – il y en a aujourd’hui 120.000 ! Dans l’Arunachal Pradesh, il y avait 1710 chrétiens en 1961 – et 115000 aujourd’hui ; en 1947 il y avait trois églises, toujours dans l’Arunachal Pradesh – aujourd’hui 700 ! Si encore ces missionnaires américains et australiens pratiquaient un christianisme ouvert et œcuménique, mais on coupe totalement ces pauvres gens innocents de leurs racines, on leur apprend à mépriser leur civilisation, on leur enseigne qu’enter dans un temple ou même porter un bindi (troisième œil que les femmes mariées se peignent sur le front) constitue un « péché ». Inévitablement, ce genre de conversions fait des étincelles. Le pape, lorsqu’il est venu en Inde en l’an 2000, a proclamé que le troisième millénaire serait celui de l’évangélisation de l’Asie – l’Inde et la Chine étant spécialement visées. En sommes-nous encore aux conversions, à accuser l’autre d’adorer un faux dieu, à fomenter la haine et le mépris des autres cultures ? Cette attitude dépassée, intolérante et fausse a été source de tant de guerres, tant de massacres, tant de génocides. N’est-il pas temps pour l’Église de la mettre derrière elle ?
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ANNEXE N° 2 : PIQÛRE DE RAPPEL DONC.
Rappelons tout d’abord que lorsqu’un journaliste est envoyé en reportage, il subit d’emblée plusieurs contraintes. Il n’est pas libre du choix du lieu. Ensuite il doit souvent se conformer à ce que son rédacteur en chef attend de lui.
Pendant longtemps, par exemple, un reportage dans les Balkans ne pouvait que souligner le rôle « fasciste » des Serbes, ainsi que le génocide qu’ils ont perpétré sur la personne des « innocents » Albanais et Kosovars. Et cela est très symptomatique de l’aveuglement du journalisme contemporain envers l’Islam. Pourquoi les médias sont-ils si tolérants envers les musulmans, au point de presque tout leur excuser – et si intolérants envers ceux en proie au fondamentalisme musulman, que ce soit les Serbes qui se battent contre les Kosovars, les Russes essayant de juguler le fondamentalisme musulman en Tchétchénie, ou les lndiens qui doivent faire face à un sérieux problème au Cachemire.
[Note des enfants de Pierre de La Crau. En ce qui concerne l’auteur de cette compilation, il était plutôt pour l’indépendance des différents peuples de l’ex-Yougoslavie].
Les journalistes savent également jouer sur les bons sentiments de l’opinion publique en nous montrant l’infortuné sort des réfugiés albanais, palestiniens, ou tchétchènes. Il est vrai que le spectacle d’un peuple déplacé est navrant et que la souffrance de femmes et d’enfants qui ne sont pas responsables des guerres des hommes semble injustifiable.
Mais les Français, qui s’intéressent de plus en plus au bouddhisme tibétain devraient savoir que pour les bouddhistes et les hindous, toute action collective ou individuelle porte en elle-même ses conséquences. Que pour le dalaï-lama, par exemple, le peuple tibétain paye aujourd’hui le « karma noir » qu’il a accumulé pendant des siècles : féodalisme, manque d’ouverture au monde, spiritualité devenue trop ritualiste.
Ainsi, toujours pour les bouddhistes et les hindous, le karma des massacres commis par un peuple, une nation, ou une communauté, sont-ils payés tôt ou tard, dans cette vie ou une autre. Serait-il possible que les musulmans ou croates d’aujourd’hui payent les atrocités commises par leurs parents et grands-parents contre les Serbes ? D’un point de vue uniquement cartésien (qui est le nôtre) ce qui est certain c’est que l’esprit de vengeance peut subsister pendant au moins deux ou trois générations.
Encore une fois, répétons-le, les journalistes sont sélectifs dans le choix de leurs réfugiés ; on se rappelle par exemple comment il y a quelques années la quarantaine de Palestiniens qui occupaient le no man’s land entre Israël et la Palestine a accaparé l’attention des médias, alors qu’au même moment on ignorait tout des dizaines de milliers de sikhs et d’hindous qui devaient quitter l’Afghanistan lors de la prise de pouvoir des taliban, après y avoir vécu plusieurs générations. Aujourd’hui, on s’apitoie sur le sort des réfugiés afghans, qui payent des décennies de stupides et sanglantes luttes internes, alors que les médias nous ne nous disent pas un mot des centaines de milliers d’hindous chassés du Cachemire par les musulmans et qui sont devenus des réfugiés dans leur propre pays. L’histoire nous montre qu’un peuple est toujours responsable des atrocités ou génocides commis par ses dirigeants : Hitler et les Allemands nous en offrent un exemple proche.
« Le choc des civilisations », de Samuel Huntington est un livre prophétique, où il est prédit que le XXIe siècle verra un conflit entre l’Islam et l’Occident allié à l’Inde, avec la Chine prenant parfois le parti de l’Islam [là nous nous devons néanmoins de souligner que sur ce point François Gautier analyse mal le rôle de la Chine].
Nous voyons également que sous Georges Bush, et après l’incident de l’avion-espion américain, les États-Unis ont entamé une période de relation conflictuelle avec la Chine, alors qu’ils se rapprochent de l’Inde, qui est démocratique, pro-occidentale et se bat, elle aussi, contre l’intégrisme musulman. Ben Laden, le taliban, la destruction des statues de Bamiyan et les attentats musulmans contre les États-Unis commis dans le monde entier, par des terroristes ayant souvent des liens avec l’Afghanistan et le Pakistan, ont sans doute ouvert les yeux du Pentagone. Enfin, deuxième raison, il se pourrait bien que l’Occident ait peur de l’Islam et qu’inconsciemment les journalistes reflètent cette appréhension, cachant ainsi la vérité aux lecteurs.
Il faut dire que l’Islam du 21e siècle, qui croit toujours qu’Allah est le seul vrai Dieu et qu’il est nécessaire de mener un djihad pour l’imposer aux autres, constitue une réelle menace pour le monde libre. Mais il n’est pas politiquement correct de le dire.
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On a également perçu pendant la Guerre du Golfe à quel point il existe un véritable phénomène « mouton de Panurge » chez les journalistes. Du coup, si vous lisiez un reportage, c’est comme si vous les aviez tous lus !
Autre contrainte subie par les journalistes : ils arrivent généralement sur le lieu de leur reportage nantis des préjugés, a priori, fausses idées, qu’ils ont ramassés ici et là, de par leur atavisme, leur culture et leur éducation. C’est-à-dire qu’ils savent souvent – inconsciemment, bien sûr – ce qu’ils vont écrire, avant même de commencer leur reportage !
Ceci est particulièrement flagrant pour le Tiers Monde. Les trois derniers siècles ont vu la suprématie de l’Occident s’établir sur le monde ; l’Europe a non seulement imposé aux pays qu’elle a conquis ses coutumes, ses principes et ses idées, mais elle continue souvent aujourd’hui de juger ses anciennes colonies d’après des paramètres occidentaux, alors que beaucoup de ces pays ont une civilisation beaucoup plus ancienne et ont développé au cours des âges des coutumes et des idées qui leur sont propres. Les conquistadors espagnols et portugais ont montré que l’épée cohabitait parfaitement avec la croix et que le missionnaire n’était jamais très loin du soldat. Si le prosélytisme a apporté aux pays conquis des bénéfices certains, il a aussi coupé des populations entières de leurs racines, leur a appris à mépriser leur civilisation et à honnir ceux qui pratiquent encore une religion « païenne ».
Cette attitude méprisante pour les indigènes et leurs « dieux », qui n’a plus lieu d’être au 21e siècle – s’est réincarnée de façon bien plus subtile dans la matière et la manière des reportages sur le Tiers Monde.
Enfin – et c’est là le cercle vicieux – le journaliste doit satisfaire aux exigences de ses lecteurs et se conformer à leurs attentes. On nous rabâche constamment que ce lectorat est aujourd’hui nivelé par le bas : la grande masse ne s’intéresse qu’aux photos-choc, aux potins, aux meurtres, à la vie sexuelle des princesses et aux images de catastrophe.
C’est le règne de Paris Match et de Gala, c’est l’éternel boulet attaché aux pieds des rédacteurs en chef : comment satisfaire cet appétit du lecteur pour le petit, le macabre et l’inintéressant ? Mais à qui la faute ? On voudrait nous aussi nous faire croire que les gens sont devenus plus bêtes depuis trente ans et n’ont plus le loisir de lire des choses sérieuses, à cause de la précipitation de la vie moderne et de l’abêtissement de la télévision. Mais en réalité, c’est souvent la faute des médias, qui suscitent dans le lectorat ou le public un besoin de sensationnalisme malsain, qui devient comme une drogue dont le lecteur/auditeur ne peut plus se passer.
Le cas de la Princesse Diana est d’ailleurs éloquent à ce sujet. Cette jeune fille, avec ses qualités et ses défauts, qui menait une vie anonyme et ne demandait rien à personne, est devenue du jour au lendemain le centre de toutes les attentions en Angleterre lorsque le Prince Charles fit savoir son intérêt pour elle. À partir de ce moment-là, les journalistes et les photographes du monde entier (et les photographes français se sont particulièrement distingués par leur acharnement) ne la lâchèrent plus d’une semelle, ne lui laissèrent plus un moment de répit, ne lui accordèrent plus aucune intimité. Elle sera pourchassée partout : dans son gymnase, dans sa salle de bains, avec ses enfants, en vacances et on réussira même à écouter ses conversations intimes sur son portable. Elle négociera avec les journalistes, elle essaiera de temporiser en leur accordant des morceaux de sa vie, elle tentera de préserver ses enfants de ce monstre vorace qu’est la presse à scandale. Mais en vain ! Elle mourra pourchassée, une fois de plus, par les vautours. Les photographes et journalistes se sont nourris de Diana et ont gagné des milliards de dollars sur son dos ; et non seulement ils ont en fait une sainte après son décès – ce qu’elle n’était pas – réussissant par là même à se faire de l’argent, même après sa mort ; mais en plus, dernier tour de passe-passe, ils ont réussi à se disculper de leur terrible faute en rejetant tout le blâme sur l’infortuné chauffeur, qui n’aurait jamais conduit si vite si Diana n’avait pas été pourchassée.
Du journalisme qui informe les lecteurs, les éduque, les élève par le haut, on peut toujours en rêver. Si au moins le sacrifice de Diane n’avait pas été vain. Mais les médias en ont-ils tiré une leçon ?…
On nous vante toujours les mérites du journalisme anglo-saxon : un journalisme impartial, un journalisme d’information, qui ne prend pas parti. Et de citer la BBC comme exemple. Deux observations s’imposent néanmoins.
Premièrement, les Anglais sont les plus grands hypocrites du monde, car partout où ils sont passés, ils ont divisé pour mieux gouverner, laissant la zizanie et la discorde derrière eux. On pense à la
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Palestine, on pense à l’Irlande bien sûr et à l’Inde aussi, où ils promirent aux musulmans, dès le début du XXe siècle, un état indépendant à leur départ, semant ainsi la graine du Pakistan. L’Histoire sait aussi que les Anglais ont converti autant d’Irlandais que possible au protestantisme, afin d’assurer leur fidélité à la Couronne britannique [N.D. LR. Réflexion de François Gautier qui nous étonne beaucoup quand même]. Sans oublier la sanglante répression menée contre les nationalistes irlandais pendant la Première Guerre mondiale ; on connaît le résultat aujourd’hui. Alors, lorsqu’un présentateur de la BBC, prenant son air le plus sérieux et peiné, nous dit que « les tueries interreligieuses continuent de plus belle en Irlande », il n’est pris au sérieux que par ceux qui ont la mémoire (très) courte ; ou alors quand l’Indépendant ou le Times nous font la leçon sur le Cachemire alors que les Anglais – ces merveilleux marchands, qui vendent même ce qui ne leur appartient pas – ont cédé au XIXe siècle cet état himalayen pour un million de livres, on ne peut s’empêcher de rigoler doucement. Deuxièmement, les journaux britanniques ont pratiquement inventé la presse à scandale et ne sont jamais à court d’idées pour l’assortir d’un plus, que ce soit la photo d’une fille nue, les confidences de l’amant de la Princesse Diana, ou les mémoires de Ronald Briggs – tout cela bien sûr, à coup de millions de livres sterling. Alors, Messieurs les Britanniques : ne nous faites pas la morale en ce domaine !
Il faut ajouter que la télévision est le plus grand des coupables dans cette propagation contemporaine des mensonges ou des contre-vérités. On a déjà tout dit sur les méfaits de la télévision : l’abêtissement, la mièvrerie, la pauvreté intellectuelle des programmes. Mais on pourrait rajouter ceci : la télévision est nombriliste. Ceux d’entre nous qui vivent dans des grands pays en voie de développement, tels le Brésil ou l’Inde, sont toujours choqués en arrivant en France de voir à quel point les informations télévisées qu’on distille à des millions de téléspectateurs trois fois par jour, font dans l’insignifiant, le sans importance, l’anecdotique, et surtout le nombrilisme.
On nous dit que les Français ne s’intéressent qu’à la France. Mais encore faudrait-il les éduquer, leur apprendre que la France est un tout petit pays, qui non seulement ne joue plus le rôle important dont elle se targuait autrefois dans le monde, mais dont les principaux acteurs et médias encouragent aujourd’hui le narcissisme à l’heure où la planète se globalise de plus en plus et au moment où le soleil commence à se lever de nouveau à l’Est.
La recherche de la Vérité devrait être le premier commandement du journalisme. Le journalisme devrait être un combat pour la vérité, une bataille contre l’asoura, contre le Mensonge, contre la perversion de la vérité. La véritable vocation d’un journaliste de terrain c’est de faire voir au lecteur la vérité au-delà des apparences, qui sont souvent fausses, trompeuses, mensongères. Un vrai journaliste, lorsqu’il arrive sur le lieu de son reportage ou en face de la personne qu’il doit interroger, devrait toujours faire fi de ses préjugés, de son atavisme, faire table rase de ses idées préconçues et de ce qu’il avait imaginé ; et aspirer à percevoir l’essence de ce à quoi il est confronté. Beaucoup plus que cela, un reporter sincère devrait toujours faire appel à son intuition, à ce qui est en deçà du visible, pour pressentir l’atmosphère, dégager les forces subtiles qui imprègnent souvent un lieu, ou bien émanent d’une personne. Nous irons encore plus loin, dans certains cas, le journalisme peut se comparer à une guerre : tel un soldat, un journaliste se bat contre les idées préconçues, la mauvaise volonté, l’ignorance et la méchanceté qui s’attachent à une personne et à un pays ; un journaliste doit s’engager du bon côté dans la bataille entre les forces du Mensonge et celle de la Vérité, comme Hemingway nous l’a montré. Le talent ne sert çà rien s’il se met au service du Mensonge ; un Céline, aussi brillant ait-il été, ne pèse pas bien lourd comparé à un Vercors, qui s’était rangé du bon côté – même si Céline occupe une place plus importante que celle de Vercors dans le panthéon littéraire français.
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ANNEXE N° 3 : CONCLUSION DE FRANÇOIS GAUTIER.
Le devoir d’un correspondant en Inde est de devenir conscient, durant les trois ou cinq années où il sera en poste, de cette réalité qui se situe derrière les apparences et d’en informer le monde, même si ce n’est pas politiquement correct à dire, même si cela ne va pas dans le sens de ce que son rédacteur en chef (qui généralement ne connaît rien à l’Inde) attend de lui, même si cela ne correspond pas au macabre, sensationnel, ou folklorique exigé par l’audimat. C’est cela le vrai journalisme, le combat contre l’asoura, pour que la vérité triomphe.
Il faut toujours se méfier des généralités.
Les Américains Les Indiens… ou les Chinois… au lieu de… DES AMÉRICAINS DES INDIENS OU DES CHINOIS.
Importance également de l’exactitude des prémisses dans le raisonnement politique ou religieux
La recherche de la vérité historique pose différentes questions relatives à la méthodologie historique des journalistes.
— La correspondance entre la réalité et sa représentation.
— Le jugement « humain » : comment comprendre des hommes ayant vécu dans un passé lointain, à partir des seules traces qu’ils nous ont laissées de leur passage sur la terre ? Ce qui implique le refus constant de confondre le métier d’historien et celui de « procureur » comme on le fait généralement aujourd’hui.
Ce qui implique par contre…
— Recherche des matériaux et sources.
— Critique des matériaux et sources (fiabilité, mise en correspondance).
— Méthode d’interprétation de ces matériaux pour l’écriture de l’histoire.
Il paraît donc évident qu’il nous faut former une autre classe de journalistes, car la présente génération ne semble pas remplir ces conditions ni bénéficier de ces qualités intuitives. Nous sommes fatigués de ces reporters vieillissants, bedonnants, poivrots et cyniques que nous rencontrons aux quatre coins du monde – toujours les mêmes. Comment ? Il faudrait que nos écoles de journalisme en Occident, non contentes d’inculquer les meilleures techniques de reportage, ce qu’elles font très bien, sachent également conférer aux aspirants-journalistes une certaine éthique et surtout la soif de la vérité. Pour cela, il est temps que le journalisme contemporain se débarrasse de ses œillères qui l’empêchent de voir au-delà des préjugés de sa petite mentalité étroite et occidentalo-centrée. L’Inde cette grande cartésienne a beaucoup à nous apprendre. La méditation vipassana, par exemple, une technique bouddhiste d’introspection devrait être enseignée dans toutes les écoles de journalisme. Basée sur la simple observation de la respiration, cette technique aide à promouvoir le mental intuitif, en calmant peu à peu les soubresauts de notre intellect qui tourne toujours autour de lui-même. Le hatha-yoga, copié par tous les aérobics du monde, donnerait au journaliste le minimum d’endurance physique nécessaire à ses pérégrinations quelquefois fatigantes. Le pranayama, cette extraordinaire science de la respiration, confère du tonus de l’énergie, ralentit les battements du cœur et active la circulation du sang.
Nous sommes tentés de dire en conclusion : si, comme le pensait Malraux, la tâche de ce siècle est de « réintégrer les dieux », l’Inde ce vaste pays, qui a toujours reconnu que l’Unité se manifeste dans la Diversité, ce qui représente le vrai concept du polythéisme, si mal compris par l’Islam et la Chrétienté, pourrait jouer un rôle beaucoup plus important que nous le pensons dans les décennies à venir. Il faut donc, avec l’aide d’une nouvelle génération de journalistes et d’indianistes, que nous réalisions l’extraordinaire merveille qu’est l’Inde, qui non seulement est en train de devenir une super puissance en Asie, mais qui est le seul pays au monde qui ait réussi à préserver une réelle spiritualité, qui accepte Dieu sous toutes ses formes et nous enseigne que tous les chemins sont bons pour atteindre le Divin. Cette spiritualité, qui il n’y a pas si longtemps rayonnait de par le monde, des Celtes aux Égyptiens, des Chinois aux Grecs, a aujourd’hui disparu et a été remplacée par les dogmes et les convictions militantes de nos Églises. Car si l’Inde venait à mourir – sous les coups de la mondialisation – l’avenir de notre bonne vieille terre en serait gravement atteint.
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POSTFACE À LA JOHN TOLAND.
Les pseudodruides à la filiation initiatique mirobolante (la fameuse et inénarrable tradition primordiale) s’étant multipliés depuis quelque temps ; il nous a paru nécessaire de mettre à la disposition de tout un chacun ces quelques notes, hâtivement rédigées un soir de novembre, afin de donner à nos lecteurs envie d’en savoir plus sur le vrai druidisme. Ce travail se veut honnête, mais en aucune façon neutre. Il s’est donné pour objectif de défendre ou de réhabiliter la cluto (renommée) de cette antique religion.
Rien ne remplace la méditation personnelle y compris sur les lais obscurs ou incompréhensibles parsemant ces livres et qui ont été insérés à dessein afin de vous obliger à réfléchir pour trouver votre propre voie. Ces livres ne sont pas des dogmes à suivre aveuglément et à la lettre. Ainsi que vous le savez sans doute, il faut se méfier comme de la peste de la lettre. La lettre tue, seul l’esprit vivifie. Rien ne remplace non plus l’expérience personnelle et c’est en cheminant que l’on trouve le chemin. Ne comptez donc que sur vos propres forces pour cette quête du Graal. Ce qui compte c’est l’attitude à adopter dans la vie et non les détails du dogme. Le druidisme a moins d’importance que la druidiaction (Jean-Pierre Martin).
Ces quelques feuillets griffonnés à la va-vite ne sont néanmoins en aucune façon LES LIVRES À LIRE SUR LE SUJET, ils n’en sont qu’un pâle reflet. La seule bibliothèque druidique digne de ce nom n’est pas en effet composée de seulement 12 (ou 27) livres, mais de plusieurs centaines.
Les quelques opuscules constituant cette mini-bibliothèque ne constituent pas un approfondissement et ne sont que quelques manuels destinés aux écoliers du druidisme. Ces résumés simplifiés destinés aux cours primaires de druidisme seront remplacés par des cours d’un niveau quelque peu supérieur, pour ceux qui voudront vraiment l’étudier de façon plus pertinente.
Cette petite bibliothèque est par conséquent un premier essai d’adaptation (destinée aux jeunes adultes) des diverses réflexions sur le savoir et la vérité druidiques, auxquelles ont abouti les premiers résultats de la nouvelle laïcité positive et ouverte, mondiale, en train de s’instaurer.
À la différence du judaïsme, du christianisme, et de l’islam, qui fourmillent littéralement, à propos de l’Être supérieur, d’anthropomorphismes puérils pris au pied de la lettre (fondamentalisme) ; notre druidisme, lui, n’en utilisera que très peu, et s’en tiendra, en ce domaine, au minimum absolu.
Mais pour parler de Dieu-ou-Diable nous allons bien être obligés, nous aussi, d’utiliser un langage, et donc un certain nombre de ces anthropomorphismes. Ou alors il faudrait totalement renoncer à en discuter.
Ce premier rayon de notre future bibliothèque consacrée au sujet a pour objet de montrer avec précision l’harmonieuse authenticité de la volonté et du savoir néo-druidiques. De montrer à quel point ses grandes thèses actuelles ont des racines anciennes, car la Mythologie, c’est notre Bible à nous. Les adaptations de ce bref exposé, exigées par les différences de culture, d’âge, de maturité spirituelle, de situation sociale, etc. seront à faire par les druides concernés (les vellèdes et les autres ?).
À noter cependant. Important ! Ce que ces quelques notes, hâtivement jetées sur le papier au cours d’une trop courte vie, ne sont pas (en vrac).
Une révélation divine. Une loi (toujours aussi divine). Une loi (profane ou laïque). Une loi (scientifique). Un dogme. Un Ordre ? Ce que je cherche surtout à faire partager c’est un état d’esprit, rien de plus. Ainsi que l’a très bien dit un jour notre vieux maître :
« NOTRE CIVILISATION N’A PAS LE CHOIX : CE SERA LE CELTISME OU CE SERA LA MORT » (P. Lance).
Ce que ces quelques notes, hâtivement jetées sur le papier au cours d’une trop courte vie, sont. Du rêve. Une aventure. Un voyage. Une évasion. Un cri de révolte contre la laideur morale et matérielle de cette société.
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Une tentative d’atteindre à l’universel en partant du particulier. Un défi. Un obstacle fécond à surmonter. Une incitation à la réflexion. Un guide pour l’action. Une carte. Un plan. Une boussole. Une étoile polaire ou l’étoile du berger là-haut dans la montagne. Un feu la nuit dans une clairière ?
Ce que le rassembleur de ce noyau de bibliothèque, Pierre de La Crau, n’est pas.
— Un dieu.
— Un demi-dieu.
— Un quart de dieu.
— Un petit saint.
— Un philosophe (reconnu, officiel, et breveté ou patenté, comme ceux qui passent à la télévision. Sauf évidemment à prendre le terme en son sens originel, qui est celui d’amateur de sagesse et de savoir).
Ce qu’il est : un homme, et rien de ce qui est humain ne lui est donc étranger. Pierre de la Crau n’a aucun pouvoir surhumain ou exceptionnel. Rien de ce qu’il a dit écrit ou fait ne saurait avoir de valeur intemporelle. Tout au plus espère-t-il que son extrême lucidité à propos de notre société et de son idéologie dominante (voir ses philosophes officiels, ses journalistes, ses masses médias et le politiquement correct des bien-pensants) ; ainsi que son non-conformisme, et son franc-parler, alliés à un solide esprit de contradiction (qui lui ont d’ailleurs valu pas mal de déboires ou d’avanies) ; pourront être utiles.
La présente petite bibliothèque pour débutant « contient la dose d’humanité exigée par l’état actuel de la civilisation » (Henri Lizeray). Elle n’est d’ailleurs qu’un rassemblement de matériau attendant l’architecte ou le maçon ? ad hoc.
Prochainement paraîtra toute une série de fascicules approfondissant ces éléments de base. Cette présentation différente du savoir druidique préservera néanmoins l’unité et la profonde harmonie entre ces divers exposés d’une seule et même philosophie.
Cas des traductions dans une langue étrangère (espagnol, allemand, italien, polonais, etc.)
Les fautes d’orthographe de grammaire de style, ainsi que l’écriture des noms propres, pourront être corrigées. Toute autre amélioration du texte pourra également être apportée si nécessaire (par ajout suppression ou modification, de détails) ; Pierre de La Crau ayant toujours regretté de ne pouvoir atteindre à la perfection en ce domaine. Mais à condition de n’altérer ni trahir en rien la pensée de l’auteur de cette compilation raisonnée. Toute illustration sans légende peut être changée. De nouvelles illustrations peuvent être apportées. Mais les illustrations ayant une légende ne devront être qu’améliorées (par substitution d’une bonne photo à un mauvais croquis par exemple ?)
Il va de soi que le coordonnateur de cette rapide et sommaire compilation raisonnée, Pierre de La Crau, ne prétend nullement avoir inventé (ou découvert) lui-même, tout ceci ; qu’il ne prétend en aucune façon que ceci est le fruit de ses recherches personnelles (sur le terrain ou en bibliothèque). Ce qui suit est en effet essentiellement issu des excellents ouvrages ou sites internet référencés en bibliographie et dont la consultation directe est fortement recommandée. Nous n’insisterons jamais assez sur notre volonté de ne pas être les hommes d’un livre (du Livre), mais d’au moins douze, comme les Fénianes d’Irlande, pour d’évidentes raisons d’ouverture d’esprit, la vérité étant notre seule religion.
Encore une fois, répétons-le ; le coordonnateur de la mise par écrit de ces quelques notes hâtivement jetées sur le papier ne prétend nullement avoir passé sa vie dans la poussière des bibliothèques ; ou sur le terrain, dans la boue des fouilles archéologiques de sauvetage ; afin d’exhumer des témoignages inédits sur le passé de l’Irlande (ou du Pays de Galles ou des Indes ou de la Chine ?)
PIERRE DE LA CRAU NE SE VEUT DONC EN AUCUNE FAÇON L’AUTEUR DES TEXTES QUI PRÉCÈDENT.
IL N’ESSAIE NULLEMENT DE S’EN ATTRIBUER LES MÉRITES. Il n’en est que l’éditeur ou le compilateur. Il s’agit pour la plupart de documents diffusés sur internet à quelques exceptions près. IL EN REVENDIQUE PAR CONTRE TOUS LES DÉFAUTS ET TOUTES LES INSUFFISANCES. Pierre de La Crau ne revendique qu’une chose, les fautes erreurs ou imperfections diverses de ce livre. Lui seul est à blâmer dans ce cas. Mais il fait confiance à ses contemporains (la nature humaine étant ce qu’elle est) pour les lui signaler avec vigueur.
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Note retrouvée par les héritiers de Pierre de La Crau et insérée par eux à cet endroit.
J’avoue tout de suite afin de faciliter le travail de mes juges que les hommes comme moi étaient chrétiens à Rome sous Néron, païens à Jérusalem, sorciers à Salem, hérétiques anglais, catholiques irlandais, et aujourd’hui racistes, sexistes, homophobes, islamophobes, en attendant d’être demain koufar ou de nouveau chrétien l’antéchrist le plus bestial de toutes les apocalypses, etc. Bref ainsi qu’on l’aura compris je suis pour le néant la mort la maladie la souffrance……
Par respect pour l’Humanité, afin de gagner du temps, et ne pas lui en faire perdre, je vais faciliter le travail de ceux qui tiennent absolument à être du bon côté de la barrière en combattant (héroïquement bien sûr) afin de sauver le monde de mes griffes (mes idées ou mes penchants, mes tendances).
À ces courageux et implacables détracteurs, dont la profondeur de réflexion digne d’un marquis de Vauvenargues n’a d’égale que l’ampleur de la culture générale, digne d’un Pic de la Mirandole, je dis…
Prenez une feuille de papier, de traitement de texte si vous préférez, mettez-y par ordre d’importance les 20 caractéristiques qui vous semblent les plus graves, les plus odieuses, les plus haïssables, dans l’histoire de l’Humanité, depuis les hommes préhistoriques et Nabuchodonosor, selon vous… ET DITES-VOUS BIEN QUE JE SUIS TOUT LE CONTRAIRE DE VOUS, CAR JE LES AI TOUTES !
On a toujours besoin de boucs émissaires ! Hérétique au Moyen âge, sorcière à Salem au 17siècle, raciste au 20e siècle, lézard extra-terrestre au 21e, je suis l’homme que vous aimerez haïr pour vous sentir supérieur.
Je suis au choix et dans l’ordre d’importance que vous voulez : athée, sataniste, stupide, mongolien, raciste, bestial, homosexuel, pervers, communiste, nazi, menteur pathologique, voleur, suffisant, psychopathe, un monstre d’orgueil faussement modeste, et que sais-je encore, à vous de voir.
Voilà, je ne peux pas faire mieux (pour vous aider à sauver le monde).
[À la différence de mes contempteurs qui sont tous des gens bien, c’est-à-dire jeunes ou modernes et dynamiques, courageux, positifs, gentils, intelligents, instruits, ou du moins qui savent ; faisant preuve de beaucoup de recul dans leur méditation en profondeur sur les tendances lourdes de l’Histoire ; et sur le plan moral ou éthique : généreux, altruistes, mais pauvres évidemment, car donnant tout aux autres ; en outre profondément respectueux de la volonté de Dieu et de la Constitution…
Moi je suis un vieux réactionnaire ankylosé, conformiste, déconnecté de son temps, parano, schizophrène, incohérent, capricieux, jamais content, méchant, bête, n’ayant fait aucune étude ou du moins ignorant tout sur le sujet en question ; coutumier des jugements à l’emporte-pièce fondés sur des préjugés dénués de toute réflexion ; égoïste et riche ; suppôt de Satan et nazo-bolchevick ou stalino-hitlérien de nature. On disait hitléro-trotskiste quand j’étais jeune. En bref un criminel psychopathe dès le petit-déjeuner… ce qui me permet donc de penser ce que je veux, mes critiques aussi d’ailleurs, et d’essayer de le faire savoir à la cantonade].
Signé : le coordonnateur des travaux, Pierre de la Crau dit Hésunertus, chercheur en druidisme. Un homme à qui rien de ce qui est humain ne fut étranger. Chômeur, facteur, divorcé, sans domicile fixe, vagabond, contribuable, justiciable, électeur cocufié ? Un des huit milliards d’êtres humains ayant transité sur ce vaisseau spatial donc. Né sur la planète Terre le 13 janvier 1952.
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BIBLIOGRAPHIE DES GRANDES LIGNES.
Pour ce qui est de la bibliographie des détails, voir annexe de la dernière leçon, car, comme le dit si bien Henri Lizeray, les traditions, ça doit s’interpréter. C’est là toute la différence qu’il peut y avoir entre ancien druidisme et néo-druidisme.
Le Lebar gabala ou Livre des invasions. Paris 1884 (William O’Dwyer)
Base de l’église druidique. Le druidisme restauré. Henri Lizeray, Paris, 1885.
Les traditions nationales retrouvées. Paris 1892.
Aesus ou la doctrine secrète des druides. Paris 1902.
Ogmios ou Orphée. Paris 1903.
TABLE DES MATIÈRES.
Introduction
La rhétorique
Art ou science ? Les limites de la rhétorique
Exemples de rhétorique
Le premier des médias : la rumeur
Épistémologie dryadique ou générale
Principes déontologiques des journalistes québécois
La langue de bois française
Pensée unique et mensonge
Les sophismes de la rhétorique à la mode
De la rhétorique des journalistes
Les Dix commandements du clerc digne de ce nom
La nouvelle trahison des clercs d’après Noam Chomsky
Mesdames Messieurs les journalistes
Guerres mal relatées = paix ratée = catastrophe assurée
Lettre ouverte aux gens de média
Questions aux journalistes qui nous gouvernent
La longue tradition des mensonges d’État
Le mensonge en politique
Le mensonge en politique et donc dans les médias
Courrier de lecteur en colère
Le désastre absolu
Autre exemple du rôle néfaste des médias dans l’évolution d’une guerre
De la vérification des faits
Les journalistes face aux défis de notre temps.
Les journalistes devant l’Islam
De « nul animal ne tuera… à nul animal ne tuera sans raison »
Le problème des démocraties
Un poisson pourrit toujours par la tête
Exemple sur le plan économique
Exemple sur le plan sociétal
Réflexions à propos de quelques autres points de l’actualité
Réflexion sur l’accusation de populisme
Autres réflexions sur quelques passions bien françaises
À propos des quatre conditions pour faire nation selon Ernest Renan
Les Vieux Étrangers
Ésope
Un néoracisme institutionnalisé
Développement
Bondy Blog
Les vrais néo-cons d’aujourd’hui.
ANNEXES
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ANNEXE N°1 : Un exemple de désinformation massive,
le traitement médiatique de l’Inde.
ANNEXE N°2 : Piqûre de rappel donc
ANNEXE N°3 : Conclusion de François Gautier.
Postface à la John Toland.
Bibliographie des grandes lignes
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DU MÊME AUTEUR.
1. Citations des auteurs antiques parlant des Celtes ou des druides.
2. Généralités liminaires diverses sur les Celtes.
3. Histoire du pacte avec les dieux tome 1.
4. La Bible du druidisme : histoire du pacte avec les dieux tome 2.
5. Histoire du pacte avec les dieux tome 3.
6. Histoire de la paix avec les dieux tome 4.
7. Histoire de la paix avec les dieux tome 5.
8. Des Fénianes aux Culdées ou « La Grande science qui illumine » tome 1.
9. Textes apocryphes irlandais.
10. Des Fénianes aux Culdées ou « La Grande science qui illumine » tome 2.
11. Des Fénianes aux Culdées ou « La Grande Science qui illumine » tome 3.
12. Les cent voies du paganisme. Science et philosophie tome 1 (mythologie druidique).
13. Les cent chemins du paganisme. Science et philosophie tome 2 (mythologie druidique).
14. Les cent chemins du paganisme. Science et philosophie tome 3 (mythologie druidique).
15. Le grand Camminus : éléments de théologie druidique tome 1.
16. Le grand catéchisme : éléments de théologie druidique tome 2.
17. Le plérôme druidique : anges djinns ou démons tome 1.
18. Le plérôme druidique : anges djinns ou démons tome 2.
19. Mystagogie ou théâtre sacré des Celtes antiques.
20. Poèmes celtes.
21. Le génie du paganisme celte tome 1.
22. Le complexe de Roland.
23. Au pied de la lanterne des morts.
24. Les secrets du vieux druide de la forêt ménapienne.
25. Le génie du paganisme celte tome 2 (liberté réciprocité simplicité).
26. Rhétorique : la trahison des clercs).
27. Petit dictionnaire de théologie druidique tome 1.
28. Des philosophes antiques au druide irlandais.
29. Judaïsme christianisme et islam : première partie.
30. Judaïsme christianisme et islam : deuxième partie tome 1.
31. Judaïsme christianisme et islam : deuxième partie tome2.
32. Judaïsme christianisme et islam : deuxième partie tome 3.
33. Troisième partie tome 1 : Qu’est-ce que l’Islam ? Bref historique de l’ensemble COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD.
34. Troisième partie tome 2 : Qu’est-ce que l’Islam ? Premières approches de l’ensemble COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD.
35. Troisième partie tome 3 : Qu’est-ce que l’Islam ? Les 5 vrais piliers de l’ensemble COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD.
36. Troisième partie tome 4 : Qu’est-ce que l’Islam ? Coups de sonde dans l’ensemble COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD.
37. Couiro anmenion ou Petit dictionnaire de théologie druidique tome 2.
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