Où se dresse un autel dédié à Hercule, l’hiver de la neige durcie le rend inaccessibleEt dresse vers le ciel un sommet toujours blanc,
Et bien que le ciel lui soit tombé sur la tête, aucune chaleur émanant des rayons du soleil,
Aucune brise printanière, ne peut adoucir la rigueur hivernale de ses pics de glace
Ni desserrer les chaînes qui l’emprisonnent ; et ses épaules menaçantes
Pourraient porter tout le poids du monde… »
Variante de l’expédition des Argonautes selon Apollonius de Rhodes (chant quatrième).
L’Argo toujours emporté au loin par le vent
Se retrouva rapidement au milieu des flots de l’Éridan,
En ce lieu où jadis, touché en plein cœur par la foudre
Phaëton très gravement brûlé tomba du char du Soleil [grec Hélios]
Dans un grand et profond lac
Qui crache encore maintenant de sa blessure toujours fumante
De lourds nuages de vapeur.
Aucun oiseau ne peut survoler ses eaux,
Sans se brûler les ailes à mi-course
Et se retrouver à flotter sur ses eaux.
Et tout autour les vierges, filles du soleil [grec Hélios]
Enfermées dans de grands peupliers
Font entendre des plaintes pitoyables en se lamentant ;
De leurs yeux qui pleurent
Tombent de grosses gouttes d’ambre.
Ces larmes sèchent ensuite sur le sable au soleil
Mais quand les eaux de ce sombre lac recouvrent son rivage
Sous l’action du vent éploré lui aussi,
Alors, elles roulent en grand nombre dans l’Éridan à chaque montée de ses eaux.
Les Celtes y ont attaché cette histoire
Que ce sont les larmes du fils de Leto, Apollon
Qui sont transportées par les remous,
Les larmes innombrables qu’il versa jadis
Quand il vint se réfugier auprès de la race sacrée des Hyperboréens
Après avoir quitté le ciel lumineux devant les reproches de son père,
En colère à cause du fils que la divine Coronis lui avait donné
Dans la lumineuse Lacérie 1) [aujourd’hui la ville de Larissa en Grèce] près de l’Amyros.
Nos héros ne pensaient plus à manger ni à boire
Ils n’avaient pas le cœur à faire la fête.
Toute la journée ils furent douloureusement affectés,
Le cœur lourd et faible à la fois,
Par la puanteur infecte et très difficile à supporter,
Qui montait des flots de l’Éridan, depuis que Phaëton achève de s’y consumer ;
La nuit venue, ils entendirent les gémissements perçants des filles du soleil [grec Hélios]
Pleurant d’une voix aiguë, et comme elles se lamentaient,
Leurs larmes tombaient puis flottaient sur l’eau ainsi que des gouttes d’huile.
De là ils remontèrent sur les flots profonds du Rhône,
Qui se jette dans l’Éridan,
De leurs eaux qui se mêlent monte un puissant murmure.
Ce fleuve vient des extrémités de la terre,
Là où se dressent les portails et les demeures de la Nuit,
Une de ses branches se jette dans l’Océan,
Une autre s’écoule dans la mer ionienne,
La troisième enfin au moyen de sept embouchures
Disperse ses flots dans la mer de Sardaigne et son golfe sans limites 2).
Du Rhône, ils passèrent à des lacs orageux
Qui s’étendent à travers tout le Continent celtique
Et là ils évitèrent de peu un dramatique coup du sort
Car une branche de ce fleuve les portait, sans qu’ils le sachent,
Vers un golfe de l’Océan
Dont ils ne seraient jamais revenus sains et saufs.
Mais la déesse Héra fondant du Ciel poussa son cri du haut de la roche hercynienne 3)