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POÈMES CELTES
Prières et rituel simplifié – PETIT LITUS – à l’usage des dagolitoi.
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LETTRE OUVERTE AUX TRÈS-SACHANTS D’AUJOURD’HUI.
« Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie. Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils sont [mettre ici l’ethnonyme convenant à la situation] et ils doivent connaître leur pays, sa géographie et son histoire : son corps et son âme *. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confère, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation. Enfin ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de toutes nos misères : l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fierté unie à la tendresse. Il faut qu’ils puissent se représenter à grands traits l’espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l’instinct, et qu’ils démêlent les éléments principaux de cette œuvre extraordinaire qui s’appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l’âme en éveillant en eux le sentiment de l’infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c’est par lui que nous triompherons du mal, de l’obscurité et de la mort. Eh quoi ! Tout cela à des enfants ! – Oui, tout cela, si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à épeler. Je sais quelles sont les difficultés de la tâche…
Il faut d’abord que vous appreniez aux enfants à lire avec une facilité absolue, de telle sorte qu’ils ne puissent plus l’oublier de la vie et que, dans n’importe quel livre, leur œil ne s’arrête à aucun obstacle. Savoir lire vraiment sans hésitation, comme nous lisons vous et moi, c’est la clé de tout… Sachant bien lire, l’écolier, qui est très curieux, aurait bien vite, avec sept ou huit livres choisis, une idée, très générale, il est vrai, mais très haute de l’histoire de l’espèce humaine, de la structure du monde, de l’histoire propre de la terre dans le monde, du rôle propre de leur nation dans l’humanité. Le maître doit intervenir pour aider ce premier travail de l’esprit ; il n’est pas nécessaire qu’il dise beaucoup, qu’il fait de longues leçons ; il suffit que tous les détails qu’il leur donnera concourent nettement à un tableau d’ensemble. De ce que l’on sait de l’homme primitif à l’homme d’aujourd’hui, quelle prodigieuse transformation ! et comme il est aisé à l’instituteur, en quelques traits, de faire sentir à l’enfant l’effort inouï de la pensée humaine ! Seulement, pour cela, il faut que le maître lui-même soit tout pénétré de ce qu’il enseigne. Il ne faut pas qu’il récite le soir ce qu’il a appris le matin ; il faut, par exemple, qu’il se soit fait en silence une idée claire du ciel, du mouvement des astres ; il faut qu’il se soit émerveillé tout bas de l’esprit humain, qui, trompé par les yeux, a pris tout d’abord le ciel pour une voûte solide et basse, puis a deviné l’infini de l’espace et a suivi dans cet infini la route précise des planètes et des soleils ; alors, et alors seulement, lorsque, par la lecture solitaire et la méditation, il sera tout plein d’une grande idée et tout éclairé intérieurement, il communiquera sans peine aux enfants, à la première occasion, la lumière et l’émotion de son esprit… Dans chaque intelligence il y aura un sommet, et, ce jour-là, bien des choses changeront » (Jean Jaurès. La Dépêche de Toulouse, 15 janvier 1888).
* L’âme d’une nation (âme slave, etc.) est certes difficile à cerner, mais le corps c’est la géographie physique, économique, la culture, la gastronomie, le folklore, la langue et ses corollaires (prénoms ou anthroponymie) les paysages l’histoire les mœurs l’architecture la littérature les comptines, etc.
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ÉTUDE D’UN CAS TYPIQUE : LE CHANT POUR UNE LONGUE VIE.
Cette prière, souvent intitulée Cétnad nAíse, est un poème irlandais du 8e siècle rangé par les experts (ce que nous ne sommes pas) dans la catégorie des loricas ou cuirasses.
Ad-muiniur secht n-ingena trethan
dolbtae snáithi macc n-áesmar.
Tri bás flaimm ro-ucaiter,
tri áes dom do-rataiter,
secht tonna tocaid dom do-ra-dáilter !
Ním chollet messe fom chúairt
i llúrig Lasréin cen léiniud !
Ní nassar mo chlú ar chel !
dom-í-áes ;
nim thi bás comba sen !
Ad-muiniur m’Argetnia
nád bá nád bebe ;
amser dom do-r-indnastar
findruini febe !
Ro orthar mo richt,
ro saerthar mo recht,
ro mórthar mo nert,
nip ellam mo lecht,
nim thí bás for fecht,
ro firthar mo thecht !
Ním ragba nathair díchonn,
ná dorb dúrglass,
ná doel díchuinn !
Ním millither téol,
ná cuire ban,
ná cuire buiden !
Dom-i urchar n-aimsire
ó Rig inna n-uile !
Ad-muiniur Senach sechtaimserach
con-altatar mná side
far bruinnib bdais.
Ní báitter mo shechtchaindel !
Am dun díthagail,
am all anscuichthe,
am ha lógmar,
am sen sechtmainech.
Roba chétach
cétbliadnach,
cach cét diib ar úair.
Cota-gaur cucum mo lessa ;
Ro bé rath in Spiurta Noíb formsa.
Domini est salus.
Christis est salus.
Super populum tuum, Domine, benedictio tua.
TRADUCTION.
Que l’invocation de Fer-Fio's me protège en chemin,
Alors que j’accomplis mon périple dans la Plaine de la Vie
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J’invoque les sept filles de l’Océan,
Qui filent la laine d’une longue vie.
Qu’on m’épargne les trois morts,
Qu’on me donne les trois vies,
Que les sept vagues d’abondance se déversent sur moi.
Qu’aucun fantôme ne m’assaille durant mon voyage
En perçant ma laisren (radieuse cuirasse ?) immaculée.
Puissé-je bénéficier d’une gloire immortelle ;
Que la mort ne vienne à moi qu’au terme d’une longue vieillesse.
J’invoque le guerrier d’argent,
Qui jamais ne mourut et ne mourra ;
Qu’une vie ayant la qualité du bronze blanc me soit accordée.
Ro orthar mo richt
Que mon statut soit celui d’un noble,
Que ma robustesse soit accrue,
Que ma tombe ne soit pas creusée,
Puissè-je ne pas mourir en chemin,
Puisse mon retour être assuré.
Puisse le serpent à deux têtes ne pas m’attaquer,
Ni les implacables vers gris,
Ni les scarabées fous.
Qu’aucun brigand ne m’attaque,
Ni compagnie des femmes,
Ni troupe de guerriers.
Que le roi de toutes choses prolonge mon existence.
J’invoque Senach aux sept vies,
Que les fées ont nourri au sein Bonne Fortune.
Que mes sept bougies ne soient pas soufflées.
Je suis une forteresse imprenable,
Je suis un roc inébranlable,
Je suis une pierre précieuse,
Je suis une bénédiction de tous les jours de semaine.
Je suis l’homme possédant des centaines de biens,
Des siècles des siècles enchaînés les uns après les autres.
Je fais appel à tous leurs bienfaits ;
Puisse la grâce du Saint-Esprit être avec moi.
Domini est salus.
Christus est salus.
Super populum tuum,
Domine, benedictio tua.
Disons-le tout de suite afin d’éviter de vaines polémiques et des pertes de temps inutiles, ce poème n’est pas une incantation païenne irlandaise, mais c’est loin d’être un texte purement chrétien non plus !
Ce texte est en réalité un mélange des deux.
Pour le professeur Bernard Maier de l’Université de Bonn, ce poème est surtout d’inspiration chrétienne, biblique et extrabiblique (classique), avec de-ci de-là quelques éléments issus du paganisme irlandais.
Jon Carey note la présence de trois éléments incontestablement chrétiens selon lui, la mention du Roi de toutes choses, la mention de Laisren et celle du Saint-Esprit.
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— Le roi de toutes choses. Dans les prières chrétiennes, le Tout englobant Universel est en général défini comme Dieu d’Abraham d’Isaac et de Jacob, Dieu de la terre ou Dieu unique, père de toutes choses, Dieu vivant, Seigneur Dieu tout puissant…
Or rien de tel dans notre texte. Aucune précision. On ne peut s’empêcher de penser aux Bituriges du Continent.
Peut-être s’agit-il tout simplement d’une allusion au Suqellos Dagda Gargant dont la massue tuait d’un bout, mais pouvait ressusciter de l’autre. Ce qui est cohérent avec la supplication qu’on lui adresse, celle d’allonger la vie.
— Saint Laisren. Le terme gaélique précisément utilisé dans le vers numéro 7 est « laisren ». Certains spécialistes y voient une allusion à un personnage historique. Il en existe plusieurs de ce nom effectivement !
Et notamment saint Laisrén, dit Lamliss ou Molaisse, ou Laserien de Leighlin. Né en Irlande et mort abbé de Leighlin le 18 avril de l’année 639 (ou alentour).
Mais la mention de « laisren » est peut-être simplement l’allusion à la vision attribuée à ce célèbre saint.
John Carey quant à lui voit en laisren un simple adjectif synonyme de radieux.
Notre avis personnel est plutôt qu’il s’agit là d’une prière païenne celte dans laquelle ont été insérés par un auteur anonyme vivant au 8e siècle divers éléments qu’il a empruntés à la culture judéo-chrétienne ou classique (grecque et latine). Le prouve à l’évidence la finale en latin Domini est salus, Christus est salus, Super populum tuum, Domine, benedictio tua.
Décortiquons donc ensemble ce texte maintenant.
A. Les entités invoquées. Les sept filles de l’Océan (vers 3), le guerrier d’argent (vers 12) Senach aux 7 vies (vers 28). Chacune des trois entités invoquées se voit attribuer des exemples précis d’aide pouvant être accordée.
« Qu’on m’épargne les trois morts ».
« Qu’une vie ayant la qualité du bronze blanc me soit accordée. »
« Que mes 7 bougies ne soient pas éteintes. »
Première des entités invoquées : les 7 filles de l’Océan
Rien à voir avec la Sainte Vierge des chrétiens évidemment. Dans le protévangile de Jacques, il ne s’agit pas de sept filles de l’Océan, mais de 7 vierges de la tribu de David. Par contre il s’agit peut-être effectivement d’une allusion aux Pléiades grecques.
Notons néanmoins que le vers 3 les assimile à des déesses de la Destinée genre Nornes ou Parques. Or ce concept existe bien dans la mythologie celtique : il s’agit des trois fées qui se penchent sur le berceau de tout nouveau-né afin de commencer à filer le frêle coton de sa vie. Voir notre opuscule sur le panth-éon druidique. De toute façon la symbolique du nombre sept figure également dans la culture indo-européenne.
Deuxième des entités invoquées : le guerrier d’argent (vers 12).
Sans aucun doute Noadatus Nuada Nodons Llud. Cela ne peut pas être le demi-dieu adoré par nos frères chrétiens celtiques, car ces derniers insistent toujours sur le fait que leur demi-dieu est mort et ressuscité. Que celui qui osera dire que crucifixion mort mise au tombeau et résurrection ne sont pas des éléments clés de cette religion lève la main !
Le vers numéro 12 précise au contraire que ce guerrier d’argent n’est pas mort et ne mourra jamais. Autrement dit que c’est un « immortel ».
Troisième des entités invoquées : Senach (vers 28)..
« Que l’invocation de Fer Fio me protège en chemin
Tandis que j’accomplis mon périple dans la plaine de la vie … ».
Si le Senach mentionné dans ce poème est bien le saint du même nom, alors ce texte a dû être composé peu après sa mort. La notion de Plaine de la vie fait néanmoins partie des appellations druidiques de l’autre monde, et la traduction est donc peut-être à revoir dans un sens plus spirituel.
Le vers 28 attribue à ce Senach en tout cas sept vies et le vers 29 l’associe aux fées qui se penchent sur le berceau du nouveau-né pour filer sa destinée. Si ce Senach n’est pas une entité divine désignée sous ce nom, en tant que simple être humain cela peut être aussi un druide ou vellède vénéré pour ses vertus, par l’auteur anonyme de cette prière.
Vers 37. Je fais appel à tous leurs bienfaits.
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LES AJOUTS CHRÉTIENS.
Le vers qui suit, le vers 38 (l’invocation du Saint-Esprit) est évidemment une interpolation chrétienne, un graffiti sur le texte originel, dirait-on aujourd’hui, sans aucune justification interne (on ne lui demande rien de précis).
B) Les bienfaits demandés.
L’auteur de cette prière demande aux « sept filles de l’Océan » de lui accorder
Un report de l’heure de sa mort (vers 3).
Une longue vie (vers 5-6).
De la chance (vers 7).
Une protection efficace contre les fantômes ou les revenants (vers 8).
Une gloire éternelle (vers 10).
La mort seulement comme délivrance d’une longue vieillesse (vers 11).
N.B.
La « triple mort » à remplacer par une « triple vie » (vers 5-6) est sans doute la triple mort sacrificielle des rois (par blessure noyade et brûlure).
La question des fantômes. Il s’agit peut-être encore là d’une influence de la sous-culture judéo-chrétienne et non d’une peur empruntée au paganisme philosophique et réfléchi des druides. Voir notre fascicule pour les écoliers du druidisme.
Ce qui suit l’invocation du guerrier d’argent n’a rien de spécifiquement chrétien, ce sont les généralités égoïstes propres à toute prière hélas ! Nous y reviendrons (en ce domaine aucune différence entre la magie et la religion) !
Vers 14 : une durée de vie ayant la qualité du bronze blanc.
Vers 15 : ?
Vers 16 : une ascension dans l’échelle sociale.
Vers 17 : une plus grande robustesse.
Vers 18-19 : ne pas mourir en route.
Vers 20 : un retour sain et sauf.
Vers 21 à 23 : une protection efficace contre divers dangers : serpents, vers gris, scarabées (la gangrène ?).
Vers 24 à 26 : ne pas être tué par des brigands, des femmes, ni des guerriers.
Vers 27 : une prolongation de l’existence accordée par le roi de toutes choses.
Remarques diverses.
Vers 15. Ro orthar mo richt.
On se perd en conjectures sur la signification exacte d’une telle requête adressée à un guerrier d’argent.
Vers 21. Dichonn. Le sens immédiat est « à deux têtes ». On ne peut s’empêcher de penser au célèbre serpent à tête de bélier attesté sur le Continent. De toute façon caducée ou serpent à tête de bélier, il s’agit d’un redoublement de la force du serpent.
Vers 25. Une compagnie de femmes. On ne peut s’empêcher de penser aux “sorcières” mentionnées par l’inscription sur plomb découverte en août 1983 dans la nécropole de La Vayssière (Larzac).
C. La troisième série d’invocations.
Demandes adressées à l’entité appelée « Senach ».
Vers 30. « Que mes 7 bougies ne soient pas éteintes ».
Puisque cette entité appelée ici Senach est dite avoir 7 vies, il est assez logique que chacune de ces vies soit représentée par une chandelle ou une flamme.
Cette troisième série d’invocations est suivie par 5 métaphores destinées à lever toute équivoque sur le sens de ces demandes et qui commencent par…
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Afin que je sois
— Une forteresse imprenable
— Un roc inébranlable
— Une pierre précieuse
— Am sen sechtmainech : Une bénédiction de tous les jours de la semaine ?
Ces cinq métaphores ont sans doute également pour but de rassurer l’orant sur le résultat précis attendu, de sa prière.
Elles se trouvent donc assez logiquement dans la partie finale.
Vers 36 : l’orant réitère sa demande d’avoir une vie qui durera des siècles et des siècles.
Note. Plus que vivre des millions d’années, ce qui est quand même peu crédible pour un être humain, il doit plutôt s’agir de vivre éternellement APRÈS LA MORT.
Vers 37. Le tout résumé, de peur d’oublier quelque chose, par la formule : « Je fais appel à tous leurs bienfaits ».
Cela devait être la conclusion de la prière païenne initiale.
CONCLUSION.
— Premièrement : Il s’agit visiblement d’une prière individuelle et non collective ni destinée à sauver autrui. Bref, il s’agit en l’occurrence plus particulièrement sans doute d’une demande de protection concernant un long et périlleux voyage. Voir les vers 7, 19, 20, etc.
— Deuxièmement : il est évident que l’orant récitant cette prière croit en la possibilité que des entités surhumaines
a) Existent.
b) Peuvent venir en aide aux êtres humains (ou le contraire).
— Troisièmement : en répétant ces paroles, leur auteur attend d’une telle action qu’elle ait des résultats en elle-même, en quelque sorte ex opere operato diraient les catholiques (parlant de leurs sacrements).
— Quatrièmement : on peut raisonnablement supposer que, conformément au principe druidique sous-jacent à toute lorica, le texte original de cette prière devait couvrir tous les champs possibles imaginables des activités humaines dans une civilisation prémoderne, économie, artisanat, technique, art, organisation sociale, coutumes, droit, valeurs, rites et religions, concepts philosophiques.
— Cinquièmement : la quête du pain quotidien de la sécurité matérielle et de la santé figure au cœur de toutes les préoccupations humaines et donc occupe une grande place dans toutes les religions du monde, qu’elles soient de masse ou élitistes.
Et maintenant petite question. Est-ce là de la magie ou de la religion ?
À cette question nous ferons la même réponse qu’aux questions du genre « l’eau bénite lave-t-elle les péchés, un crucifix chasse-t-il vraiment les vampires, le signe de croix éloigne-t-il les mauvais esprits ? » Sans oublier l’extrême-onction ou le pain et le vin de l’eucharistie. Même chose pour le Coran bien sûr !
Magie ou religion, religion ou magie, est une question dénuée de sens.
Magie ou religion, religion ou magie, est une question dénuée de sens.
Magie ou religion, religion ou magie, est une question dénuée de sens.
Nous recommandons néanmoins tout particulièrement cette prière à nos lecteurs, car elle est sans aucun doute beaucoup moins contaminée par le judéo-christianisme que ne l’est la célèbre lorica de Saint Patrice. Il n’y a aucune référence vraiment monolâtre dans ce poème hormis une allusion à un « roi de toutes choses » au vers 27. Et tant pis par contre si elle est « contaminée » par quelques éléments issus de la culture grecque antique, nous ne sommes pas gens d’un seul livre, nous ne sommes pas racistes ! Les Fénianes ne devaient-ils pas avoir lu douze livres avant d’être admis dans leur ordre chevaleresque ? Disons que ce sera une prière galate, c’est-à-dire gallo-grecque, et parlons-en comme le vieux druide de Marseille parla, en grec, à Lucien de Samosate, de l’Hercule « galate ».
VOIR PLUS LOIN LA VERSION QUE NOUS SOUMETTRONS DONC ICI À NOS FIDÈLES (LECTEURS).
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LA LORICA.
Qu’est-ce qu’une lorica ?
Quels sont les textes considérés comme des loricae ?
Précisons tout de suite que leur attribution à des grands saints chrétiens n’est qu’une hypothèse, les auteurs de ces textes en ont attribué la paternité à de grands personnages uniquement afin de leur conférer plus d’autorité.
La langue de ces loricae est une variété de latin appelée Hiberno-latin et les plus anciens exemplaires (lorica de Saint Patrice, lorica de St Columcille ou Colomban d’Iona, remontent au 7e siècle.
Le défi de l’Hiberno-latin. De nombreux spécialistes ont depuis longtemps remarqué que le latin de certains auteurs du Haut-Moyen âge irlandais était assez curieux. L’explique en partie le fait que leur langue maternelle n’était pas une langue romane et certains auteurs ont même avancé l’idée que des écoles de rhétorique gauloise avaient dû également s’installer en Irlande avec « armes et bagages », « élèves et dictionnaires » voire « femmes et enfants », pour fuir les invasions germaniques qui dévastaient le Continent. Parmi les auteurs dont les œuvres contiennent quelque chose de cet état d’esprit, on trouve saint Colomba d’Iona, saint Colomban de Bobbio, saint Adomnan et Virgile le Grammairien bien sûr. On attribue aussi à l’auteur gallois du De excidio Britanniae, saint Gildas, une lorica écrite dans un vocabulaire d’une recherche insolite, ce qui très vraisemblablement s’explique par son apprentissage de ce genre de latin (l’hiberno-latin). Jean Scot Érigène fut probablement un des derniers auteurs irlandais à faire des jeux de mots en hiberno-latin. Sainte Hildegarde de Bingen conserve un vocabulaire latin inhabituel, en usage dans son couvent et qui apparaît dans quelques-uns de ses poèmes.
À partir du VIIe siècle, ces moines irlandais partirent à la (re) conquête du Continent et apportèrent avec eux ce style littéraire que l’on appela donc l’Hiberno-latin.
La langue était remarquable par son vocabulaire très recherché. Pour produire leurs effets, ces auteurs ajoutaient en effet dans leur latin des mots étranges venant aussi bien du grec et de l’hébreu que du celte de leur pays natal.
Les textes les plus représentatifs de ce style littéraire sont ceux que l’on qualifie d’Hisperica Famina.
Hisperica = Hibernia ou Hespérides, famen pluriel famina = discours (en latin volontairement archaïque).
On ne peut exclure qu’il y ait eu aussi dans tout cela la volonté de parodier les auteurs latins les plus en vogue dans les siècles précédents tels Juvencus, Avit de Vienne, Dracontius, Ennode de Pavie et Venance Fortunat, en reproduisant leur style à tort et à travers dans les sujets les plus divers.
La meilleure étude sur le sujet reste encore celle publiée par le grand linguiste français Pierre-Yves Lambert dans les Actes du colloque international « Les Religions dans le monde gréco-romain N° 168 », s’étant tenu à l’université de Saragosse les 30 septembre et 1er octobre 2005, et publié sous le titre Loricae celtiques et charmes magiques antiques (c’est le 18e chapitre).
La lorica est un type de prière propre à la culture celtique médiévale et ressemblant beaucoup à des séries de formules magiques ou à des charmes (latin carmen).
Les spécialistes chrétiens comme Dom Gougaud ont été si gênés par cette proximité qu’ils se sont évidemment efforcés de séparer le bon grain de l’ivraie dans ces loricae, en décrétant par exemple que certaines étaient acceptables et en taxant de superstition d’autres de ces textes (la lorica Brendani par exemple).
De telles formules sont censées protéger quiconque les récite et par le seul fait de les réciter, d’où leur nom latin qui signifie cuirasse.
Leurs principales caractéristiques sont :
1) une énumération des puissances évoquées
2) une énumération détaillée des parties du corps à protéger
3) une longue énumération des dangers ennemis ou obstacles à surmonter.
Un tel état d’esprit, ou souci de précision et d’exhaustivité, se traduisant par l’élaboration de listes impressionnantes, comme dans le cas des formules de serment de conjuration ou d’exorcismes ; se retrouve également dans les pénitentiels irlandais, ainsi que dans certains livres de prières, à commencer par celui de Cerne et notamment dans les prières N° 17 à 21 (oratio utilis de membra Christi).
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On retrouve également ces préoccupations dans les prières appelées litanies (d’après Charles Plummer). La prière de Colgu Ó Duinechda intitulée Scuap Chrábaid (le balai de dévotion) tourne en effet à la litanie et se retrouve dans l’ouvrage de Plummer qui en fait quatre prières distinctes. Un tel souci d’exhaustivité démontre bien la commune origine « druidique » de ces éléments dans les prières chrétiennes (voir les planches anatomiques trouvées lors des fouilles de la source des Roches en 1968 et 1970).
W. Stokes, J. Vendryes, et même Charles Plummer, leur ont assigné une origine préchrétienne donc païenne. Lambert pense néanmoins qu’il ne s’agit peut-être pas de paganisme celte, mais de magie gréco-romaine, voire orientale.
Ci-dessous les principaux thèmes récurrents selon Gearóid Mac Eoin.
Thèmes chrétiens : la Trinité, le dieu créateur, le Dieu Un, le Christ, les anges et les archanges, différents personnages comme les saints les patriarches les prophètes les apôtres les confesseurs les vierges, etc.
Thèmes païens : l’invocation des éléments naturels ou des forces de la nature ; la liste détaillée des différentes parties du corps (ultime écho des connaissances médicales des vates et des druides) ; les différentes postures corporelles.
Thèmes douteux (paganisme mal compris ou dégénéré?) : la liste des dangers dont il faut se protéger.
La lorica attribuée à Mael Isu fait le lien entre 8 péchés mortels et 8 parties du corps : yeux, oreilles, langue, cœur, estomac, pénis, mains et pieds. En cela notre auteur suit à la lettre certains des pénitentiels celtiques les plus connus.
Sur ces pénitentiels irlandais à l’origine des indulgences, voir nos fascicules pour écoliers du druidisme, précédents. Et notamment les documents de travail annexés à la leçon N° 11.
Ce mépris du corps typiquement chrétien détourne les valeurs druidiques traditionnelles en ce qui concerne le corps telles que rapportées par Caletios/Cailte à St Patrice : « VÉRITÉ DU CŒUR, FORCE DES BRAS ET ART DE BIEN PARLER ».
« Firinde inàr croidhedhaibh, 7 neart inàr làmhaibh, 7 comall inàr tengthaibh ». Tel était en effet l’idéal du druidisme antique ! Triade rapportée par Cailte/Caletios en réponse à une question de saint Patrice dans le récit intitulé « le colloque des Anciens » (Acallam na senorach).
Mael Isu cecinit
A Choimdiu, nom-choimét,
etir chorp is anmain,
etir iris n-imglain
co n-digius fon talmain, etc.etc.
Pour plus de détails voir la page 259 du N° 6 de Zeitschrift für Celtische Philologie (1908).
Sorts maléfiques et mauvais œil sont si souvent mentionnés dans les loricaes que l’on peut se demander s’il ne s’agit pas originellement dans la sous-culture (chrétienne, de l’époque) de se protéger contre une croyance fort répandue en la puissance de la magie « noire ». La phrase latine inuisibiles sudum clauos quos fingunt odibiles figurant dans la lorica de Gildas se réfère par exemple clairement à la pratique gréco-romaine de la defixio voire à des figurines de type poupée vaudou, que l’on transperce avec des aiguilles ou des clous. La lorica chrétienne était peut-être à l’origine une sorte de phylactère ou parchemin porté sur soi comme en Égypte. On y a trouvé par exemple des papyrus magiques contre les piqures de scorpion, destinés à des chrétiens (cf. aussi l’emploi des phylactères).
Ce qui est certain en tout cas c’est que la lorica chrétienne est clairement un appel à une véritable protection de type militaire (lorica) contre les coups du sort et les sortilèges, à une véritable contre-magie, écrite, comme les défixions, pouvant même affecter les parties génitales de leur maléfique auteur.
Une magie chrétienne fondée sur l’idée que le simple fait de réciter un texte particulier, voire simplement d’en posséder un exemplaire écrit, en lui-même ex opere operato, libère un pouvoir surnaturel comme dans le cas des sacrements ou des phylactères (puissance de la parole écrite).
De nombreuses prières galloises populaires peuvent être qualifiées de lorica. Notamment la Gweddi Taliesin, « Prière de Taliesin » et l’Ymgroesiad Taliesin, « le signe de croix de Taliesin ».
Il existe aussi des loricae islandaises. Elles sont appelées brynjabaen autrement dit « prières – cuirasse ». Ces prières furent probablement introduites dans l’île par des Irlandais. Pour plus de détails sur le sujet que nos frères en paganisme germanique ou plus précisément islandais consultent l’étude de Gearóid Mac Eoin publiée dans le numéro 3 de Studia Hibernica 1963.
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LE CRI DU CERF (LORICA DE NOÏBO PATRICE RECONSTITUÉE).
Cette célèbre lorica attribuée à Saint Patrice, mais sans doute rédigée aussi au cours du 8e siècle recourt incontestablement à une technique druidique d’hypnose collective connue sous le nom gaélique de « feth fiada ».
Un certain nombre de graffiti typiquement chrétiens défigurent néanmoins également cette magnifique prière.
Des allusions à la naissance au baptême à la crucifixion à la mise au tombeau à la résurrection ainsi qu’à l’ascension du demi-dieu des chrétiens (vers 7 à 11).
Des allusions aux chérubins aux anges aux archanges aux patriarches aux prophètes aux apôtres, etc. (vers 13-15, 18-20).
L’auteur de cette prière évoque également la puissance de Dieu, l’esprit de Dieu, l’œil de Dieu (vers 36-40).
Il demande à être protégé contre les fantasmes habituels de la sous-culture des chrétiens de l’époque.
Les prédictions des faux prophètes (comme Merlin ?)
Les lois ténébreuses du paganisme.
Les lois tordues des hérétiques.
Les cercles autour des idoles.
Les charmes maléfiques des femmes (brichtu ban : voir tablette de La Vayssière dans le Larzac).
Les maléfices des forgerons et des druides (vers 53-57).
Enfin autre graffiti purement chrétien défigurant le texte païen originel, comme dans la lorica précédente : la finale en latin. Salus tua, Domine, sit semper nobiscum,
Nous épargnerons donc à nos fidèles (lecteurs) toutes ces bêtises et nous leur donnerons ci-dessous une version de cette célèbre prière expurgée de toute trace de la sous-culture judéo-chrétienne qui tient lieu de réflexion.
Puissé-je me lever aujourd’hui,
Mû par une force puissante, l’invocation des triades
La croyance en la Triade,
La confession de l’unité
De l’Être supérieur.
Puissé-je me lever aujourd’hui,
Par la force de la naissance du Christ et de son baptême
Par la force de sa Crucifixion et de sa mise au tombeau
Par la force de sa résurrection et de son ascension
Par la force de sa venue le jour jugement dernier.
Puissé-je me lever aujourd’hui,
Par la force de l’amour des chérubins dieux
En obéissant aux anges
Au service des archanges
Dans l’espoir de ressusciter dans la gloire
Confiant dans la prière des patriarches
En la prédiction des prophètes
Dans la prédication des apôtres
Dans la profession de foi des confesseurs
Dans la pureté des vierges
Dans l’action des Justes.
Puissé-je me lever aujourd’hui,
Avec la force du Ciel,
La lumière du Ciel,
La Lumière du Soleil,
L’Éclat de la Lune,
La Splendeur du Feu,
La Vitesse de l’Éclair,
La Rapidité du Vent,
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La Profondeur de la Mer,
La Stabilité de la Terre,
La Solidité de la Pierre.
Que leur force soit avec moi !
Sunartiu !
Puissé-je me lever aujourd’hui,
Avec la force des dieux pour me guider,
La puissance de Dieu pour me soutenir,
La sagesse de Dieu pour me conduire,
L’œil de Dieu pour regarder devant moi,
L’oreille de Dieu pour m’entendre,
La parole de Dieu pour parler à mon cœur
La main de Dieu pour me garder,
La voie de Dieu devant moi,
Le bouclier des dieux pour me protéger,
L’armée des dieux pour me sauver
Des pièges des démons
De la tentation des vices.
De tous ceux qui me veulent du mal,
De loin et de près,
Seuls ou en groupe.
J’appelle aujourd’hui toutes ces forces
À venir s’interposer entre moi et tous ces maux,
Contre toute force ennemie
S’en prenant à mon corps et à mon âme,
Contre les incantations des faux prophètes,
Contre les sombres lois du judéo-christianisme,
Contre les fausses lois des hérétiques
Contre la puissance de l’islam
Contre les charmes des femmes des forgerons et des druides
Contre toute science qui souille le corps et l’esprit de l’homme.
Sunartiu.
12
LA CAMBITA (jante ?) de noïbo Patrice reconstituée 1).
Uediiu-mi
Qu’Hésus me protège aujourd’hui
Du poison, du feu
De la noyade, des blessures
Et m’accorde l’abondance de la résurrection
Hésus avec moi,
Hésus devant moi,
Hésus derrière moi,
Hésus en moi,
Hésus au-dessus de moi,
Hésus au-dessous de moi,
Hésus à ma droite,
Hésus à ma gauche,
Hésus quand je suis couché
Hésus quand je suis assis
Hésus quand je me lève
Qu’Hésus soit dans le cœur de tout homme qui pense à moi,
Qu’Hésus soit dans la bouche de toute personne qui parle de moi
Qu’Hésus soit dans tout œil qui me voit,
Qu’Hésus soit dans toute oreille qui m’entend.
Que sa force soit avec moi !
Sunartiu !
Puissé-je me lever aujourd’hui,
Mû par une force puissante, l’invocation des trois
La foi dans le pouvoir des trois,
La confession de l’unité de l’Être supérieur.
Sunartiu ! Sunartiu ! Sunartiu !
1) La cambita (caim) est donc une prière évoquant une protection enveloppante et englobante, symbolisée par un cercle. Le cercle de protection entoure alors la personne qui a ainsi invoqué son dieu et l’accompagne dans tous ses déplacements.
13
L’ORAISON DE NOÏBO BRENDAN (reconstituée).
Partie finale (ou presque) du manuscrit de Saint-Gall numéro 321 et intitulé en latin Oratio Sancti Brendani.
Oui, ne soyons pas racialistes (bêtement racistes comme les démocrates les gens de gauche ou les antiracistes patentés) et, comme le vieux druide de Marseille qui parlait en grec au grec Lucien de Samosate, tirons notre miel de toutes les fleurs que nous pouvons butiner. Bref, ne soyons pas gens d’un seul livre, mais de douze comme les Fénianes.
Texte latin édité par Francis Patrick Moran
Sint loricae animae et corporis mei cum omnibus compaginibus meis intus et deforis a planta pedis usque ad verticem capitis, visui, auditui, odoratui, gustui, tactui, carni et sanguini omnibusque ossibus et nervis et visceribus, venis, medullis, artubus, et contineant a morte : per Te enim Domine omnia membra vivificentur, inspirentur et sanentur. Protege me Domine a dextris et a sinistris, ante et retro, subtus et superius, in aere, in terra, in aquis, in mari, in flexu, in erectione, in gressu, in statione, dormiendo, vigilando, in omni motu et in omni die, in omni hora, in omni loco, in omni nocte, et in omnibus diebus vitae meae.
Notre proposition
Uediiu-mi
Soyez la cuirasse de mon âme/esprit,
Et de mon corps, avec tous ses tendons
Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur,
De la plante du pied au sommet de la tête,
De ma vue, de mon ouïe
De mon odorat, du goût et du toucher,
Ainsi que de ma chair et de mon sang,
De mes os, de mes nerfs et de mes viscères,
De mes veines, de mes entrailles et de mes articulations.
Qu’ils échappent à la mort
Car c’est par toi en effet mon dieu
Que mes membres sont vivifiés,
Animés, entretenus.
Que nos dieux me gardent à droite, à gauche
Devant, derrière, en dessous et au-dessus,
Dans les airs, sur terre, sur les eaux, sur mer,
Quand je suis couché ou debout,
En train de marcher ou à l’arrêt,
En train de dormir ou à l’état de veille,
À chaque moment et tous les jours,
À toute heure et en tous lieux,
Chaque nuit et chaque jour de ma vie.
Que leur force soit avec moi
Sunartiu !
14
LE CHANT DU TRÈFLE (titre de la rédaction). Prière N° 4 du livre de Cerne.
Ce chant du trèfle en tant que symbole du trois en Un – triade – fait partie de la prière attribuée – à tort – à noïbo Gildas, le véritable auteur en étant un dénommé Laidcenn, Loding ou Lathacan, un noble irlandais mort en 681. Ou alors il s’agit d’un autre Gildas, irlandais et non breton, car le texte latin de cette lorica fait en effet beaucoup plus irlandais que breton. Ce texte témoigne en tout cas incontestablement de l’esprit de classification des anciens druides en matière de médecine ou de vocabulaire.
Uediiu-mi,
Aide-moi,
Unité de la Triade, soutiens-moi
Trinité de l’Unité
Aide-moi, je t’en prie, moi qui suis placé
Comme au péril de la mer,
Afin que la peste ne m’entraîne point avec elle
Ni la vanité du monde.
Je le demande aux plus hautes puissances de l’armée céleste
Afin qu’elles ne laissent pas mes ennemis me massacrer
Mais me protègent de leurs puissantes armures
Afin que leurs solides bataillons me précèdent et m’entourent.
…………………
Invincible protection
Investis-moi de Ton Pouvoir
Et défends les membres de mon corps
De Ton solide bouclier qui protège.
Afin que les maux les plus divers
Cessent de me tarauder :
Le crâne, la tête et les cheveux,
Les yeux, le front, la langue, les dents et leur émail,
Le cou, la poitrine, les flancs, les reins,
Les jambes, les pieds, les mains.
Sois un casque protecteur pour ma tête et ses cheveux.
Pour mon front, mes yeux, les lobes de mon cerveau,
Mon nez, mes lèvres, ma face, mes tempes,
Ma barbe, mes sourcils, mes oreilles,
Mes pommettes, mes joues, ma cloison nasale, mes narines,
Mes pupilles, mes iris, mes cils, mes paupières,
Mon menton, mon souffle, mes joues, mes mâchoires,
Mes dents, ma langue, ma bouche, ma gorge,
Ma luette, ma trachée-artère, le dessous de ma langue, ma nuque,
Mon cou et mes vertèbres cervicales.
…………………………
Afin de repousser loin de moi l’atteinte des dards que mes ennemis fabriquent !
Revêts-moi mon dieu de la plus solide des cuirasses
Protège-moi le bras et les avant-bras ainsi que les épaules.
Protège-moi les coudes et les articulations du coude
Ainsi que les mains les poings, les paumes, les doigts et les ongles.
Protège-moi l’épine dorsale, les côtes, et leurs articulations,
Ainsi que l’arrière, le dos, les nerfs et les os.
Protège-moi la peau, le sang, les reins,
Tout comme les hanches, les fesses et les cuisses,
Protège-moi les jambes, les jarrets, les cuisses
Ainsi que les rotules, les jarrets, les genoux.
Protège-moi les chevilles, les tibias, et les talons,
Ainsi que les jambes, les pieds, la plante du pied.
Protège les dix rameaux qui poussent au bout de mes mains
Ainsi que les orteils et mes deux fois dix ongles.
15
Protège-moi la poitrine, son articulation, le sternum
Ainsi que les mamelons, l’estomac, le nombril.
Protège-moi le ventre, les reins, les parties génitales
Ainsi que l’estomac et les parties vitales du cœur.
Protège-moi le triangle du foie et sa graisse,
Ainsi que la rate, les aisselles et leurs nerfs
L’estomac la poitrine et les poumons
Les veines les tendons la vésicule biliaire…
Protège-moi la chair, l’aine et ses parties intérieures,
Ainsi que la rate et les intestins,
Protège-moi la vessie, la graisse
Ainsi que mes innombrables articulations.
Protège mes cheveux, ainsi que les autres parties du corps
Dont j’ai omis le nom
Protège-moi, protège mes cinq sens,
Ainsi que les dix ouvertures de mon corps
De sorte que de la plante du pied au sommet de la tête
Aucun de mes membres ne puisse être atteint, que ce soit du dedans ou du dehors
Et que de mon corps la vie ne puisse être expulsée.
Que la force soit avec moi
Sunartiu !
16
LITANIE DE LA SAINTE TRIADE OU DE LA TRIADE SACRÉE.
D’après la litanie irlandaise Nº 9 recueillie par le révérend Charles Plummer. Manuscrit du XVe siècle conservé au British Museum.
Mugron, le coarb de Colum cille, haec uerba composuit de Trinitate.
Ô Sainte Trinité
Mère de dieux
Ô Dieu des armées,
Grand Dieu
Seigneur de l’univers
Procreator 1) de tous les éléments,
Dieu invisible,
Dieu incorporel,
Dieu au-delà de tout jugement,
Dieu incommensurable,
Dieu impassible,
Dieu incorruptible,
Dieu immortel,
Dieu immuable,
Dieu éternel,
Dieu parfait,
Dieu miséricordieux ;
Dieu des prodiges,
Dieu redoutable,
Dieu de la terre,
Dieu du feu,
Dieu des eaux pures,
Dieu des tempêtes et des vents impétueux
Dieu de toutes les langues de la terre
Dieu des vagues du puits sans fond de l’océan 2)
Dieu des constellations, et de toutes les étoiles qui brillent dans le ciel,
Père céleste qui règne dans les cieux 3)
Aide-nous.
Ô Fils deux fois né 4),
Principe de toutes choses,
Plérome de l’univers,
Verbe de Dieu,
Chemin du Royaume des Cieux,
Vie de toute chose,
Justice éternelle,
Icône,
Ressemblance,
Ou image de Dieu le Père,
Bras de Dieu,
Main de Dieu,
Force de Dieu,
Main droite de Dieu,
Sagesse véritable,
Lumière qui illumine chaque obscurité,
Soleil de justice,
Étoile du matin,
Splendeur de la Divinité,
Maître Lumineux,
Satisfaction éternelle,
Arbre de Vie,
Sauveur,
Porte de Vie,
17
Lys des vallées,
Roc indestructible,
Pierre angulaire,
Couronne royale,
Rédempteur du genre humain,
Dieu véritable,
Homme véritable,
Ours impitoyable,
Taureau juvénile,
Aigle d’Achill,
Hesus crucifié sur le menhir de Moritamna,
Esprit élevé au-dessus de tous les esprits,
Doigt de Dieu,
Protecteur du peuple,
Défenseur de la veuve et de l’orphelin,
Miséricordieux,
Intercesseur plein de compassion,
Dispensateur de Sagesse 5)
Écrivain des runes de l’Écriture qui lie,
Maître de l’annonce de la Bonne Nouvelle
L’enfer n’existe pas
Suscetlon !
Esprit de Sagesse,
Esprit de la connaissance,
Esprit de conseil,
Esprit de force,
Esprit d’intelligence,
Esprit de crainte,
Aide-nous.
Awen !
1) Prosator (altus prosator) sous la plume de noïbo Colomban d’Iona.
2) Tech Donn, maison de Donn le sombre (en Irlande).
3) Certains voient là une allusion à Taran/Toran/Tuireann.
4) Sur les circonstances de la naissance miraculeuse de Cuchulainn, voir les légendes irlandaises.
5) Voir les conseils du Hésus Cuchulainn à son fils adoptif Lugaid.
18
LA LORICA DE LA CRÉATION (résumée).
D’après la litanie irlandaise Nº 13 recueillie par le révérend Charles Plummer.
Uediiu-mi
Je t’en prie
Ô Dieu-Par
Tout Puissant
Par le 10e Ordre de la Terre FERME
Je t’en prie par la trinité du vent du soleil et de la lune,
Je t’en prie par l’eau et par l’air
Je t’en prie par le feu et par la terre
Je t’en prie par la trinité
De l’équateur des deux zones tempérées
Ainsi que des deux zones polaires
Je t’en prie par le temps et ses divisions ou ses saisons
Je t’en prie par l’obscurité
Je t’en prie par la lumière
Sois une cuirasse pour mon âme/esprit,
Sois une protection pour mon corps et mon cœur.
Que la force soit avec moi
Sunartiu !
LA LORICA DE LEYDE (Lorica Leidensis)
La lorica de Leyde est un charme destiné à inspirer l’amour d’après le grand linguiste français Pierre-Yves Lambert.
Elle énumère les différentes parties du corps d’une femme afin de mieux l’envoûter.
Dom Gougaud l’omet donc en conséquence de sa liste des vraies loricae alors que le Père Sean O’Duinn, lui, en parle (cf. Orthaí Cosanta sa Chráifeacht Cheilteach, Prière de protection des dévotions celtiques).
Notre xénophilie ayant quand même ses limites (nos 7 ans de latin sont loin), nous ne rappellerons ici que quelques lignes de cette prière de type carmen notée sur un manuscrit trouvé à Leyde et semblant dater du Xe siècle.
Pour plus de détails se reporter à l’excellent article publié dans le numéro 2 de Zeitschrift für Celtische Philologie (1899) pages 64–72, par V.H. Friedel.
À noter : l’évocation finale des forces de la nature plutôt typique de la formule du serment celtique ou oito.
Domine exaudi usque in finem.
descendat meus amor super illam
eascrutentur omni membra illius pro amo
re mea……
adiuro uos omnes uirtutes celestes ut euacuatis cor
adiuro uos cælum et terram et solem. et lunam. et
omnes stellas fulgora et nubes et uentos. et
pluuias et ignis et calorem ut euacuatis cor.N. pro amore [meo]
adiuro uos noctes et dies tenebre et luna. ut euacuatis
adiuro uos ligna omnia et lapides et onore et momenta
ut euacuatis cor.N. pro amore meo.
adiuro uos uolucres cæli et omnes bestiæ agri
et iumenta et reptilia ut uacuatis cor.N. pro amore meo.
adiuro uos pisces maris et omnes uermes
terre et onanes uirtutes et potestates
que super cælum et terram sub celo et terra
et sub mare sunt at euacuatis cor [.N.] pro amore [meo]
19
PRIÈRE DE NOÏBO COLUMCILLE RECONSTITUÉE.
Uediiu-mi.
M’oenuran dam is in sliab,
A rig grian rop sorad sad,
Nocha n-eaglaigi dam ni,
Na du mbeind tri ficit ced.
Roi soleil, sois-moi favorable.
Et même tout seul là-haut dans la montagne
Je ne craindrai rien,
Comme s’il y avait six mille personnes avec moi pour me défendre.
Mais même s’il y avait six mille personnes avec moi pour protéger mon corps
Lorsque l’heure de ma mort aura sonné,
Aucune forteresse ne pourra s’y opposer.
Ceux dont l’heure est venue peuvent être tués
Même en plein cœur d’un sanctuaire
Même sur une île déserte au beau milieu d’un lac.
Et ceux dont l’heure n’a pas encore sonné resteront en vie
Même en étant aux premiers rangs d’une sanglante bataille.
Celui à qui doit par conséquent arriver quelque chose
Ne quittera pas ce monde avant que cela ne se soit produit
Et même si un prince cherchait à obtenir le moindre délai supplémentaire
Il n’obtiendrait pas une seconde de plus.
Roi-Soleil, véritable dieu vivant
Honni soit qui fait le mal.
Ce qui ne te convient pas
Ce qui te déplaît.
Notre sort ne dépend pas d’un éternuement.
Ni d’un oiseau sur une branche,
Ni du tronc d’un arbre tordu,
Celui dont nous dépendons est plus grand que tout ça.
Je ne m’intéresse pas aux cris des oiseaux,
Ni à un éternuement ni à un charme de ce monde,
Ni à un enfant, à un signe du destin, ni à une femme
Hesus, le fils de Dieu est mon seul druide.
Que la force soit avec moi !
Sunartiu !
20
AUTRE LORICA DE COLUMCILLE commençant par les mots suivants en gaélique :
Dumfett Cristt cuntt cumhachta.
Et intitulée en latin
Oracio Columcille.
Pour plus de détails voir Zeitschrift für Celtische Philologie N° 6 (1908) page 258.
Qu’Hésus roi, chef de toute puissance, me mène au roi de tous les pays.
J’invoque la trinité sacrée à la force digne d’un dragon,
Afin que le roi suprême me protège contre mes cruels ennemis,
Qu’il me défende, me libère et m’aime,
Qu’il m’accorde une réputation sans tache,
Qu’il éloigne de moi les accusations iniques et machiavéliques,
Qu’il m’accorde une cuirasse pour tout,
Contre l’abattement de l’esprit, contre la cruauté, contre le laxisme,
Contre les tentations qui laissent sans voix ou sans esprit ;
Afin que leurs stratagèmes et leur ruse ne puissent ni m’étouffer, ni me détruire, ni me pourrir.
Afin que leurs haines et leur hostilité ne puissent pas m’atteindre,
Afin que je puisse triompher de leur perfidie.
Puissé-je rester sain d’esprit et de sens, tête et corps, ossature, vue, langue, élocution et voix.
Afin que je ne sois ni étouffé, ni abattu, ni vaincu par la venimeuse puissance de leurs injonctions,
Que rien ne pèse sur mon corps, mon esprit et mes sens,
Que la puissance de la trinité sacrée me protège conformément à la volonté de Dieu et à ses commandements,
Par la force du Père, du fils et du Saint-Esprit.
Que tous ces puissants fléaux restent loin de moi
Loin de l’ouïe de mes oreilles, de la vue de mes yeux, de mes centaines d’articulations,
De mes centaines de tendons, de mes centaines d’os.
Si cela vient d’un homme, que cela lui revienne dans les parties génitales ;
Si cela vient d’une femme, que cela revienne sur ses parties intimes ;
Si cela vient d’une vierge que cela revienne sur sa virginité.
Puissé-je être préservé des magies irlandaises écossaises des sorciers des druides des forgerons des satiristes 1)
Ainsi que de toute personne vivante faisant du mal ou commettant des perfidies contre mon corps ou mon âme.
Puissent leur venin et leur bave disparaître comme la brise de mer qui s’inverse et comme la marée qui descend.
Que Dieu le père me précède, que le fils me protège, que le Saint-Esprit m’illumine.
Amen amen !
Sunartiu sunartiu !
1) Corrguinech.
21
L’ALTUS PROSATOR.
Un des textes en Hiberno Latin les plus intelligibles est par contre l’Altus Prosator attribué à Saint Columcille ou Colomban d’Iona.
N.B. Le terme prosator, le « premier semeur » est un néologisme désignant le Dieu créateur des chrétiens.
Ci-dessous le texte en question qui a donc été rédigé en latin directement et non en gaélique comme d’habitude.
Altus prosator, Vetustus dierum et ingenitus
erat absque origine primordii et crepidine est
et erit in sæculasæculorum infinita ;
cui est unigenitus Xristus et sanctus spiritus
coæternus in gloriadeitatis perpetua.
Non très deos depropimus sed unum Deum dicimus,
salva fide in personis
tribus gloriosissimis.
Traduction :
Le créateur suprême, plus ancien que les jours et non engendré,
Qui sans origine se trouvait au commencement et à la fondation,
Qui était et qui sera jusque dans l’infini et aux siècles de siècles,
à qui seul le Christ a été engendré avec le Saint-Esprit,
coéternel dans la gloire éternelle de la divinité.
Nous ne proposons pas trois Dieux, mais nous parlons d’un Dieu,
conservant notre foi dans les trois Personnes les plus glorieuses.
22
PRIÈRE À LA DÉESSE NERTHUS
(sur Nerthus voir notre recueil de notes sur le panth-éon druidique).
Le texte est d’un seul tenant dans les divers manuscrits la recopiant, parvenus jusqu’à nous, et qui vont du VIe siècle (Codex Leidensis) au XIIe siècle (Codex Laurentianus), mais deux parties s’en dégagent nettement, l’une étant plus tardive que l’autre et peut-être déjà influencée par le christianisme : la prière à la terre et à la prière à toutes les herbes. En voici la traduction sous toute réserve (mes sept ans de latin sont loin).
Précisons pour être juste que si ces prières sont bien d’esprit celte, elles sont attribuées par nos manuscrits latins (à tort d’ailleurs) au médecin personnel de l’empereur Auguste nommé Antonius Musa (un spécialiste des bains glacés). On sait aujourd’hui qu’elle n’est pas de lui, mais qu’elle date quand même du IIIe siècle, du moins sa première partie. Le texte en latin qui figure dans la documentation catholique universelle sous le titre Anonymus Precatio terrae et precatio omnium herbarum (signalons au passage que precatio signifie bien prière en latin).
Notre mère qui êtes aux cieux
Qui êtes sur terre
Qui êtes dans la terre
Sainte déesse, mère de la nature
Qui engendre et régénère toutes choses en son sein
Car c’est toi qui animes à tout ce qui vit
Et règne dans les cieux les océans ainsi que sur toutes choses
Tu prodigues ce qui alimente la vie avec une constance qui ne fait jamais défaut
Et quand notre dernier souffle a été rendu, en toi nous trouvons refuge
Et ainsi tout ce que donnes finit par revenir en ton sein.
C’est à juste titre que l’on t’appelle Mère des dieux
Car tu es la vraie mère de tout ce qui vit et donc des dieux.
Tu es la Force par excellence et tu es la reine des dieux O déesse,
C’est pourquoi je t’adore et implore ta divinité
De gracieusement m’accorder ce que je te demande
Prête-moi l’oreille, je t’en prie, et aide-moi.
Ce que j’attends de toi, O puissante déesse Nerthus, accorde-le-moi volontiers.
À savoir les herbes que ta majesté a engendrées,
Que tu prodigues aux hommes pour leur salut.
Confie-moi maintenant un peu de cette puissance curative qui est tienne :
Que la guérison vienne de tes pouvoirs :
Quoi que je tente avec fais que cela puisse réussir
Que ta majesté m’accorde ce que j’implore de toi dans mes prières.
Déesse je t’adore.
Prière à la samole et au sélage.
Maintenant, je m’adresse à vous, plantes puissantes.
Et je fais appel à votre majesté
Vous que la terre mère a mises au monde
Et données à toutes les nations.
Elle a placé en vous la guérison des maladies
Afin que vous soyez toujours une aide indispensable au genre humain.
Je vous en prie, je vous en implore je vous en supplie
Intervenez vite maintenant avec toute votre puissance
Puisque celle qui vous a créées m’a permis de vous cueillir
Et que j’ai aussi l’autorisation de celui à qui a été donné l’art de guérir.
Dans la mesure des capacités de votre puissance,
Accordez-moi un bon remède, source de santé.
Accordez-moi cette grâce, je vous prie, de par votre puissance ;
23
Qu’en toutes choses quoi que je fasse conformément à votre volonté
Vous lui accordiez un effet rapide et un résultat salutaire.
Qu’il me soit permis, par faveur de Sa Majesté, de vous cueillir.
Et je vous rendrai grâce au nom de la Mère qui vous a mises au monde.
Prière à réciter pour une demande de guérison par les plantes. L’objectif est de se régénérer, en se mettant comme en symbiose avec les ondes positives émises par le vivant. Pline (Livre XXV, chapitre LIX) qui n’a rien compris à la chose, présente cela comme s’il s’agissait de se faire pardonner par la déesse terre (« Ils disent que des rayons de cire ainsi que du miel doivent d’abord avoir été offerts en présent à la Terre pour s’en faire pardonner à l’avance ».
24
PRIÈRE DE SAINT-GALL 1395.
Uediiu-mi
Je sauve les mourants
Des coups de javelots, des tumeurs soudaines, des blessures.
Je terrasse la maladie.
Je triomphe du sang.
Que tout ce qui est touché par sa grâce retrouve son intégrité !
Je mets mon espoir dans cette grâce
Que Deinocuecuto à la décoction rapide et ses enfants nous ont laissés,
Rien n’est plus haut que le ciel,
Rien n’est plus profond que la mer.
Par les saintes paroles que prononça Hesus à son arbre pendu
Fais sortir de moi
Cette épine
Très pointue est la science de Gobannos,
L’aiguillon de Gobannos hors d’ici.
Que la force de notre seigneur Diancecht à la prise rapide et ses enfants
Soit avec moi !
Sunartiu !
Codex du VIIIe ou IXe siècle trouvé en Suisse. Prière contre la maladie ou les blessures. Doit être récitée trois fois par jour. Texte en vieil irlandais. Tessurc marb bíu. Rée ropslán frosaté admuinur in slánicid foracab diancecht liamuntir coropslán ani forsate. Ni artu ní nim ni domnu ní muir díuscart dím andelg delg díuscoilt crú ceiti méim méinni bé ái béim nand dodath scenn toscen todaig rogarg fiss goïbnen aird goïbnenn renaird goïbnenn ceingeth ass.
PRIÈRE DE NOÏBO FURSA, FURSY ou FURSEY
(dont la langue date du IXe siècle) RECONSTITUÉE.
Puisse la Loi des dieux reposer sur cette épaule,
La sagesse de l’esprit sacré venir sur cette tête,
Le signe du labarum sur ce front
Le chant de l’Esprit saint dans ces oreilles,
Le parfum de l’Esprit saint dans ce nez,
Les visions qu’ont les armées célestes dans ces yeux,
La langue des armées célestes dans cette bouche,
Le travail pour l’Ollotouta druidique dans ces mains,
Les bienfaits des dieux et de leur père dans ces pieds.
Puissent les dieux habiter dans ce cœur et cette personne
Entièrement appartenir un jour à notre père céleste
Tout comme elle a naguère appartenu à notre père souterrain 1).
1) Le Dispater de César ??
25
PRIÈRE AU SOLEIL.
(Folklore de l’île de Barra en Écosse).
A ghrian !
Failte ort féin, a sharian nan tráth,
`S tu siubhal ard nan speur,
Do cheumaibh treun air sgéith nan ard,
`S tu máthair áigh nan reul.
Thu laighe sios an cuan na dith,
Gun diobhail is gun sgath :
Thu’g éirigh suas air stuagh na sith,
Mar rioghainn og for blaith.
Tha misr an dochas `na thrath
Nach cuir Dia mor nan agh
As domhsa solas nan gras
Mar tha thusa dha m’fhagail a nochd.
Ô soleil
Salut à toi notre mère
Toi le soleil de la belle saison
Quand tu parcours le haut des cieux,
D’un pas ferme et assuré dans les hauteurs du firmament
Tu es la glorieuse mère des étoiles
Tu te couches dans l’océan aux vagues mortelles
Sans faiblir et sans crainte ;
Tu apparais sur la paisible crête des vagues
Comme une jeune fille en fleurs rayonnante
Et j’espère que le moment venu,
Le grand et bon dieu
N’éteindra pas la lumière de la grâce qu’il me fait
Même s’il m’abandonne la nuit venue
(Carmina Gadelica, prière à réciter pour la Saint Jean).
LES PUISSANCES INVOQUÉES.
Que toutes les puissances invoquées ici
Retournent maintenant à leur place,
Taran/Toran/Tuireann au feu céleste
La triple Brigindo en tout temps et en tous lieux
Cornunnos dans les bois de sa forêt
Notre grande reine Épona dans l’Autre Monde
Hesus à son arbre pendu
Le triple cercle en son centre.
Que toutes les puissances retournent à leur place !
Hommes et femmes de notre petite patrie,
Pays, payses, oyez, oyez, oyez,
Allez dans la paix des dieux !
La paix jusqu’au ciel
La paix de la terre au ciel
La paix sur la terre et sous les cieux
Force et prospérité à tous ! »
Par la force de Taran/Toran/Tuireann
Par la force de Brigindo et de sainte Brigitte réunis
Par la force du nemet Cornunnos
Notre maître, notre père, adoptif,
Par la force d’Épona et Sabinus.
Par la force d’Hésus et Cuchulainn réunis.
Sunartiu !
26
N.B. Il s’agit d’une prière œcuménique ou passe-partout pouvant servir à la clôture d’une cérémonie ou d’une réunion ordinaire.
RÉFLEXIONS TRÈS GÉNÉRALES SUR CE TYPE DE PRIÈRE
NOTRE PAGANISME ÉTANT DE TYPE PHILOSOPHIQUE ET RÉFLÉCHI.
DU GENRE FOI ÉCLAIRÉE PAR LA RAISON.
L’homme qui prie émet en des ondes positives. La foi opère en tant que miroir réflecteur de ces ondes positives et les renvoie sur l’émetteur (ou sur l’objet) de ces pensées. Les dieux n’étant que des facettes du diamant qu’est l’Être supérieur, ils ont évidemment eux aussi cette capacité (être des supports réflecteurs d’ondes positives). Telle est la puissance métapsychique de la prière adressée aux dieux, évidente illustration du pouvoir de l’esprit sur la matière.
Cette notion ou cette idée d’échange un peu contraint – le dieu est obligé d’accorder sa protection ou de donner ; l’homme par ses mérites l’oblige – doit néanmoins correspondre à une tendance universelle, car on l’observe aussi dans la littérature sanscrite des Upanishad. « Qui récite même une seule fois cet upanishad obtiendra la Libération » y est en effet une formule courante. Un mérite comparable est d’ailleurs, en Irlande, accordé à la récitation ou à la préservation de certains textes ou de certaines formules. Exemple dans la bouche même de saint Patrice dans l’histoire de la maison aux deux seaux à lait. J’attacherai ces bénédictions à l’histoire d’Eithne de Finnmagh… Si tu récites « la nourriture de la maison des deux seaux à lait » en montant à bord d’un bateau ou d’un navire, tu arriveras sain et sauf, etc., etc.
Les écrivains de l’Antiquité s’accordent à reconnaître l’extrême religiosité des Celtes.
« Nate memento beto to divo ». Saint Symphorien d’Autun ou plus exactement sa mère Augusta du haut des murailles de la ville 1).
Et au témoignage bien connu de César qui note que les Celtes sont un peuple très adonné aux pratiques religieuses (admodum dedita religionibus), il faut ajouter celui qui a été rapporté par Denys d’Halicarnasse et Tite-Live.
Denys d’Halicarnasse. Antiquité Romaine livre VII, 70,3 à 4 : Les Celtes, comme les Libyens, les Égyptiens, les Scythes et les Indiens, sont fidèles à leurs croyances religieuses et le temps ne le persuade pas de renoncer à leurs pratiques.
Tite-Live. Livre V, 46, 3 : des Celtes étonnés d’une si merveilleuse audace, ou peut-être pénétrés d’un de ces sentiments de religion auxquels ce peuple est loin d’être indifférent.
On sait comment priaient les druidisants du temps de la Grande Celtie libre et indépendante : debout, les bras levés vers le ciel. La preuve nous en est fournie par le texte de Tacite (XIV, 29-30) relatant le débarquement des légions romaines dans l’île de Mona (Anglesey) en l’an 58.
« Une foule dense de guerriers armés ainsi que de femmes chantant des imprécations vêtues de noir, les cheveux défaits, brandissant des torches. Tout autour, les druides, les mains levées vers le ciel, lançant des malédictions effrayantes » [tout simplement des prières évidemment. N.D.L.R.]
Certains auteurs déduisent de l’attitude des druides de Mona levant les bras que le geste date d’un temps où ils plaçaient leurs dieux dans les cieux.
Nous ne croyons pas que les très-sachants de la druidiaction (druidecht) aient eu des conceptions si étroites de la localisation des dieux. Lever les mains vers le ciel a dû être un geste usuel de prières et de supplication ; cf. les femmes de Gergovie (B. G. VII, 47) et de Bratuspantium (B. G. II, 13) qui, suppliantes, se rendent « passis manibus ». Boudicca évoquant la déesse de la guerre Andarta, lève aussi la main vers le ciel selon Dion Cassius.
Ce qui est certain en tout cas, c’est qu’un vrai Celte (de cœur et d’esprit) ne s’agenouille pas comme un chrétien catholique ou un musulman pour prier, car nos dieux ne s’intéressent qu’aux hommes et aux femmes capables de se tenir droit debout (comme un chêne).
La prière a toujours été une expérience humaine double : un processus psychologique associé à une technique spirituelle. Ces deux fonctions de la prière ne pourront jamais être entièrement séparées en ce qui nous concerne.
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La prière éclairée doit reconnaître que l’Être supérieur est englobant et impersonnel ; mais dans de nombreux cas, une technique efficace consiste aussi à considérer que la divinité à laquelle on s’adresse est une sorte d’interlocuteur. Par exemple Taran/Toran/Tuireann, Lug et son animal favori le corbeau, le Hésus Cuchulainn, voire Ogmios ou Mabon/Maponos/Oengus, et ainsi de suite. Le divin est aussi dans l’Homme (Gdonios) de sorte que l’homme peut parler, pour ainsi dire face à face, avec le divin qui l’habite, l’entoure et l’imprègne.
La prière peut se faire à voix haute, mais elle peut se faire également de manière intérieure. Il est cependant certaines paroles qu’il est bon de connaître, car elles existent. Ces paroles ne sont pas nécessaires, car seule la sincérité compte aux yeux de nos dieux et déesses, mais elles permettent à celui qui les récite une harmonie plus grande et une meilleure communion avec les forces qui nous gouvernent.
La prière est un geste subjectif et objectif à la fois, elle établit un contact avec de puissantes réalités intérieures ou extérieures, et à cet égard fait partie des niveaux spirituels de l’expérience humaine ; elle constitue un essai significatif de l’être humain pour se dépasser ou atteindre à des valeurs suprahumaines. Elle est un des plus puissants stimulants de la croissance spirituelle.
Honorez donc les dieux en leur adressant des prières. Leur réponse pourra vous parvenir sous la forme d’inspiration, de rêves ou d’aislingi (de visions). Suivez la vérité de ces aislingi (de ces visions), et elles vous enseigneront ce que vous devez faire. Mais restez néanmoins prudents à ce sujet. Il est toujours indispensable de confronter ces réponses à la réalité, afin de savoir si ce sont de véritables réponses ; ou bien si c’est uniquement votre subconscient qui parle.
Lors d’une prière, la divinité invoquée pénètre toujours l’esprit de celui qui l’a ainsi appelée. Mais si l’on n’est pas suffisamment concentré, notre esprit déforme le message du dieu, et l’on court alors le risque de le confondre avec sa propre imagination.
Ceci est particulièrement vrai des rêves où un dieu comme celui d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, voire du Pape ou de Mahomet, vous ordonne de faire des choses très lourdes de conséquences. Ces rêves doivent en effet trouver confirmation dans le monde réel. Si, par exemple, vous rêvez que vous allez être le nouveau maître du monde, un nouveau Constantin ou un nouveau Napoléon, il est fort probable que l’on s’occupera rapidement de vous et d’une façon quelque peu brutale, mais adéquate. Vous feriez bien mieux dans ce cas de voir avec un psychiatre, comment soigner votre folie des grandeurs.
Vos véritables rêves et aislingi (visions) ne doivent pas être volés, inspirés, copiés, empruntés. Ils doivent vous être entièrement propres, et si vous leur accordez l’attention qui leur est due, alors ils seront pour vous très positifs. Si votre grand rêve ou votre grande vision est interprété avec justesse, alors cela deviendra votre guide dans la vie. Mais ces rêves ou ces aislingi (visions) viennent à vous pour que vous les utilisiez en privé, non pour que vous les brandissiez comme un drapeau afin d’imposer quoi que ce soit aux autres. Vos rêves doivent juste renforcer votre connexion avec le grand réservoir psychique universel (ou avec l’esprit universel). Ils n’ont pas pour vocation d’épater ou d’impressionner quiconque. Si nécessaire, partez seul quelque part, et passez ce temps-là en méditation.
L’Homme ne doit pas craindre de parler aux dieux, mais il est spirituellement puéril d’entreprendre de persuader Dieu ou de prétendre le changer. La prière ne change pas l’Être supérieur, mais elle effectue souvent des changements importants et durables chez celui qui prie avec foi et dans une expectative confiante. La prière a toujours engendré beaucoup de paix mentale, d’allégresse, de calme, de courage, de maîtrise de soi et d’équité, chez les hommes et les femmes de bonne volonté.
L’extase spirituelle authentique de type awen est généralement associée à un grand calme extérieur et à un contrôle émotif à peu près parfait. Il s’agit d’un pressentiment suprapsychologique. Les aislingi ou visions de ce genre ne sont ni des hallucinations ni des extases ressemblant à des transes.
Dans les religions dépourvues d’un Dieu personnel, les prières sont transposées aux niveaux de la théologie et de la philosophie. Mais quand le concept le plus élevé de l’individu est celui d’une Déité impersonnelle, comme dans l’idéalisme panthéiste de John Toland, ce concept fournit alors une base différente à certaines formes de communion mystique.
Le mythe, pour extérioriser ce combat intérieur, montre l’homme en lutte avec des monstres, symbolisant les penchants pervers. Les divinités sont alors imaginées comme aidant l’homme ou lui
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prêtant des armes. Mais ce qui vient réellement au secours de l’homme dans ce cas, ce sont ses propres qualités, symbolisées par la divinité secourable et apaisante et par les armes prêtées par lesdites divinités. Sur le plan des conflits intérieurs ou des états d’esprit, la victoire est en réalité due aux propres forces de l’être humain en question.
Les mots n’ont guère d’importance dans la prière ; ils sont simplement le canal intellectuel dans lequel la rivière des supplications trouve son écoulement. La valeur verbale d’une prière est purement auto suggestive dans les dévotions individuelles, et socio suggestive dans les dévotions collectives ainsi que l’a très bien démontré le sociologue Gustave Le Bon dans ses travaux sur la psychologie des foules.
Ambivalence de la prière. La prière en groupe ou en assemblée s’avère toujours fort efficace, en ce sens que ses répercussions accroissent beaucoup la sociabilité. Quand une collectivité s’adonne à une prière en commun, ces dévotions réagissent sur les individus qui composent le groupe. Une ville ou une nation tout entière peuvent alors être changées par ces prières. Le remords, le repentir, et la prière, ont conduit des individus, des villes, voire des nations entières, à de puissants efforts de réforme ou à des décisions salutaires. Mais les conséquences peuvent aussi en être catastrophiques ainsi que l’a bien vu Le Bon. La prière est une pratique psychologique saine… si on n’en abuse pas !
À moins d’être en liaison avec la volonté ou les actes des forces spirituelles, extérieures ou intérieures, la prière ne peut avoir d’effet direct sur notre milieu physique. Le domaine des suppliques par la prière possède donc des limites bien définies, mais elles ne s’appliquent pas de la même manière à la foi de ceux qui prient.
La prière n’est pas une technique de cure pour les maladies réelles et organiques, mais elle a énormément contribué à guérir de nombreux troubles mentaux, émotionnels ou nerveux. Même dans le cas de maladies bactériennes, la prière a bien souvent accru l’efficacité des remèdes appliqués (ce que l’on appelle effet placebo). La prière a transformé maints invalides irritables en parangons de patience, les transformant ainsi d’ailleurs en exemples pour les autres.
Même en tant que pratique purement humaine, en tant que dialogue avec son alter ego, la prière constitue donc une technique d’approche des plus efficaces pour mettre en œuvre les pouvoirs de la nature humaine ; dont les réserves sont accumulées ou conservées dans les domaines inconscients du mental. Voir Jung et Janet. Ne jamais oublier la maxime d’Arrien dans son traité sur la chasse : on peut être aidé par les dieux, mais il va de soi qu’avant d’être aidé par les dieux, il faut déjà commencer par entreprendre quelque chose. « Moi et mes compagnons, nous suivons cette coutume celte, car sans l’aide des dieux rien ne réussit aux hommes ». Autrement dit, aide-toi d’abord, et le Ciel t’aidera, ensuite. Kai ego hama tois suntherois hepomai to Kelton nomo kai apophaino hos ouden aneu theon gignomenon anthropois es agathon apoteleuta. (Arrien Cynégétique chapitre XXXIV).
Ne soyez pas paresseux au point de demander à la divinité de résoudre toutes vos difficultés ; mais n’hésitez jamais à demander aux dieux sagesse et force spirituelle pour vous guider ou vous soutenir, pendant que vous vous attaquez résolument et courageusement aux problèmes à traiter.
La prière est une pratique psychologique saine, si on n’en abuse pas. Mais les croyants ne doivent pas pour autant considérer chaque pressentiment psychologique brillant et chaque expérience émotionnelle intense, voir le cas de Mahomet, comme une révélation divine ou une communication spirituelle. L’enthousiasme mystique immodéré ou l’extase religieuse sans frein ne doivent pas être des blancs-seings à n’importe quoi.
En tant que technique pour cultiver la conscience de la présence du Divin, le mysticisme est digne de louanges, mais, si sa pratique conduit à l’isolement social et culmine en fanatisme religieux, alors il est condamnable. Bien trop souvent, les idées que le mystique surmené pense être d’inspiration divine ne sont en réalité que des exaltations venues des profondeurs de son propre mental. Voir encore une fois le contre-exemple du cas de Mahomet.
Bref, soyons « AMARCOLITANOI ». La traduction la plus vraisemblable de ce terme est celle de « au large regard », traduction fondée sur le rapprochement avec un mot irlandais signifiant « vision », et avec un mot celte attesté signifiant « étendue ».
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Toutes les prières sont bonnes dans la mesure où elles amènent l’Homme au DIVIN. Mais il est gravement erroné pour un groupe religieux quelconque, de s’imaginer que son credo est La Vérité ; cette attitude dénote plus de morgue théologique que de certitude dans la foi. Toutes les religions sans exception par conséquent, ont intérêt à étudier ou assimiler le meilleur des vérités contenues dans les autres, car elles recèlent toutes des vérités. Les religieux feraient mieux d’emprunter ce qu’il y a de meilleur dans la foi de leurs voisins, que de seulement dénoncer ce qu’il y a de pire dans leurs superstitions.
Jean-Pierre MARTIN (comrunos druidique).
1) Nous sommes un peu gênés de devoir nous répéter à ce sujet, mais allons-y, repetere = ars docendi !
Comme beaucoup d’autres, le martyre prétendu de saint Symphorien est suspect au plus haut point. Il est par exemple daté du règne de l’empereur Aurélien, qui n’est pas connu pour avoir déclenché une persécution. En outre, il est fort improbable que des paysans de la région, à l’époque, aient adoré Bérécynthia ou Cybèle. Ils devaient plutôt adorer Rosemartha ou une autre déesse-mère druidique, de ce type ; devenue Bérécynthia ou Cybèle uniquement dans la tête du jeune Symphorien et des Romains ; ou de ceux qui ont fabriqué cette légende. Nous n’y faisons donc référence que pour la pensée qui s’y trouve puissamment exprimée par sa mère Augusta : « Nate memento beto to divo ».
Pour le reste, il semble bien que Symphorien ait été un jeune fanatique raciste ne rêvant que de s’en prendre aux cultes autres que le sien. Comme il faisait plus que se proclamer chrétien ; puisqu’il se disait prêt à briser à coups de marteau la statue de Rosemartha, qui avait eu le malheur de passer devant lui portée en procession ; le juge, horrifié, après lui avoir donné une deuxième chance, puisque c’était un riche fils de famille désœuvré, ne put que le condamner à la peine capitale de l’époque (pour un aristocrate) : autrement dit, être décapité.
Voici en résumé ce que l’on peut tirer des actes de son « martyre ».
Symphorien croise un cortège promenant une statue de Rosemartha (la Cybèle ou Bérécynthia romaine = force de la Nature), un peu comme les catholiques le feront quelques générations plus tard avec la Vierge Marie.
Le jeune homme se moque de la procession ; il est arrêté. En France, on ne badine pas vraiment avec les processions, voir le martyre du chevalier de La Barre quelques siècles plus tard a).
C’est le juge consulaire d’Autun, Héraclius, qui mène l’enquête.
« Nom, qualités ? ».
« Je m’appelle Symphorien. Je suis chrétien… ».
« Et tu en es fier ?… Tu t’es rendu coupable de deux crimes : manque de respect envers les dieux des autres et mépris des lois. Tu es passible de la peine de mort… ».
« Jamais je ne considérerai cette statue autrement que comme un démon ! ».
Le juge consulaire, sachant bien que Symphorien, loin d’être un esclave, appartenait en fait à une famille noble.
« Tu comptes peut-être sur ton illustre naissance pour échapper aux lois de l’empereur ? »
Et après l’avoir fait battre de verges, il l’envoie en prison.
Deux jours après, Symphorien comparaît de nouveau devant le tribunal d’Héraclius.
« Rends les honneurs aux dieux immortels, et reçois une gratification du trésor avec une place honorable dans l’armée. Je vais faire orner l’autel de fleurs, et tu offriras aux dieux l’encens qui leur est dû ».
Mais ni promesses ni menaces n’arrivent à raisonner ce fils de bonne famille.
« Tu as puissance sur mon corps ; mais pas sur mon âme ».
Il est donc condamné, amené hors les murs de la ville et décapité.
Du haut des remparts, sa mère l’exhorte jusqu’au bout : « Mon fils, mon fils, n’oublie jamais le vrai dieu vivant. Aujourd’hui, par un heureux échange, tu vas quitter ce monde pour passer à la vie céleste ! »
Laissons maintenant la parole à un auteur bien oublié des habitants du pays de saint Symphorien, Voltaire. La légende b), dont on ignore l’auteur, commence ainsi.
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« L’empereur Marc-Aurèle venait d’exciter une effroyable tempête contre l’Église, et ses édits foudroyants attaquaient de tous côtés la religion de Jésus-Christ lorsque Saint Symphorien vivait à Autun dans tout l’éclat que peuvent donner une haute naissance et une rare vertu. Il était d’une famille chrétienne, et l’une des plus considérables de la ville, etc. »
Mais jamais Marc-Aurèle ne promulgua d’édit sanglant contre les chrétiens. C’est une calomnie. Tillemont lui-même avoue que ce fut le meilleur prince qu’aient jamais eu les Romains ; que son règne fut un siècle d’or, et qu’il prouva par son propre exemple ce qu’il disait souvent, d’après Platon, à savoir que les peuples ne seraient heureux que quand les rois seraient philosophes.
Le légendaire raconte que saint Symphorien ayant refusé d’adorer Cybèle, le juge de la ville demanda : « Qui est cet homme ? » Or il est impossible que le juge de la cité n’eût pas connu l’homme le plus considérable d’Autun.
Pour mieux repousser la calomnie contre la mémoire de Marc-Aurèle, il suffit de lire le discours de Méliton, évêque de Sardes, rapporté mot à mot par Eusèbe.
Ce passage d’un évêque très pieux, très sage et très sincère, suffit pour confondre à jamais tous les mensonges des légendaires, que l’on peut regarder comme la bibliothèque bleue du christianisme. Un contemporain n’eût pas mis dans la bouche du magistrat un prétendu édit de Marc-Aurèle, qui n’a jamais apparemment été promulgué ; ou dans la bouche du martyr une dissertation en règle contre les dieux du paganisme ; qui semble plutôt un écho de l’apologétique du IVe siècle et, en particulier, de certains vers de Prudence.
A. Le Chevalier de La Barre fut torturé et décapité à dix-neuf ans, en 1766, dans le pays de Saint Symphorien, pour « ne pas avoir salué une procession catholique ».
B. Acta sanctorum augusti (société des Bollandistes) pages 491 à 498. En latin.
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COMMENT PRIER MAINTENANT ?
« Je suis la loi des Celtes, et je déclare que, sans l’aide des dieux, rien ne réussit aux hommes ». Kai ego hama tois suntherois hepomai to Kelton nomo kai apophaino hos ouden aneu theon gignomenon anthropois es agathon apoteleuta (Arrien. Cynégétique. Chapitre XXXV).
Certes, certes ! Le dagolitos (engagé dans sa volonté de changer le monde pour le « ré-enchanter ») trouve force et lumière dans la prière. Ce balai de prières (Scuap Chrabaidh ou Scuap Chrabhnigft en gaélique, Scopa Devotionis en latin), qui demande des dons particuliers (des boudismes de l’esprit, comme autant de victoires dues à Taran/Toran/Tuireann) ; très prisé chez les moines culdées (cf. saint Colgan ou Colcu ua Duinechda, abbé de Clonmacnoise) ; était bien entendu aussi recommandé ou enseigné dans la formation traditionnelle des très-sachants de la druidiaction (druidecht), antiques. Il avait une fonction psychopédagogique.
Les loricae sont des prières individuelles et privées.
La prière privée c’est celle que chacun fait en privé pour lui-même. La lorica est une respiration de l’âme/esprit qui consiste à rendre les dieux attentifs (dans le cadre de leur proximité avec le Destin universel) ou à écouter leur voix au fond de notre conscience. Une description et une analyse des différentes phases de ce genre de prières méditation, peuvent donc aider l’orant à y voir plus clair en lui et à se concentrer entièrement sur sa quête du Graal par le truchement des dieux ses gardiens.
Les loricas diffèrent des prières collectives et liturgiques.
Il s’agit de prières faites en commun et publiquement par les dagolitoi ou fidèles ; comme dans les troménies (processions) ou dans les pèlerinages (par exemple lors d’un voyage vers un sanctuaire des eaux pour y soigner à la fois son corps et son esprit, tel l’empereur Caracalla dans la cité de Grand si l’on en croit Dion Cassius) ; et enfin dans les temples (fana).
Les dieux répondent toujours présents à la prière de ceux qu’ils rassemblent dans la foi et le savoir. Prier demeure avant tout une affaire de cœur, mais cette affaire de cœur prend aussi forme dans la prière vocale parlée ou chantée, dans des attitudes et des gestes du corps exprimant l’adoration, l’hommage, la vénération. D’où ce paradoxe : la prière celte plaît d’abord aux hommes avant de plaire aux dieux.
La participation active des membres du peuple des dieux aux prières officielles de l’Ollotouta, et notamment à celles de l’office druidique d’atenoux ou divertomu, est donc une ardente obligation morale pour tout druidisant. Surtout lors des oenach de Samon et Lugnasade. Car toute prière destinée à l’Être supérieur qu’est le Destin (Tokad) par contre ne peut se faire valablement que par la médiation des dieux ses fils ou des déesses ses filles. Islam et Coran primitifs ont par exemple considéré qu’Allah lui-même avait trois filles (voir l’affaire des versets sataniques).
Eux seuls donc, à savoir les dieux et les déesses, peuvent nous donner une idée de son infini à nous qui, en tant que simples mortels, sommes des êtres limités.
Le vrai druidisant (le dagolitos) doit se nourrir des paroles concernant les dieux (de la mythologie) et des enseignements de la magistrature morale des druides, même si c’est une quête du Graal à sans cesse renouveler.
Mais ce recueil de loricas, de litanies, ou de prières en général, n’est qu’un guide, n’est qu’un support pour le recueillement individuel ou collectif.
Il n’est pas dogmatique. Certains textes peuvent être adaptés aux circonstances sans nuire à l’intention générale, ce qui est le principe même de toute dévotion privée.
Chacun doit en effet pouvoir trouver dans ce recueil matière à réflexion, à méditation.
Les concepteurs-rédacteurs de ce petit guide pratique n’ont pas voulu opérer un classement précis.
Les notes ne sont là que pour donner un éclairage, ne sont là que pour ouvrir quelques pistes.
Il s’agit d’une réflexion psychologique sur la prière (une auto-analyse), et d’exercices pour atteindre des états de conscience déterminés (donc d’une psychotechnique).
Le but de ce petit litus est double.
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D’une part, permettre à tout païen spirituellement celte de célébrer un sacrifice rituel chez lui ou à l’extérieur, sans avoir besoin à chaque fois de la présence d’un druide, d’un gutuatre/gutumatre, et d’un vate. Il n’est en effet pas toujours possible, vu notre dispersion géographique actuelle, conséquence de 2000 ans de persécutions de la part de l’Inquisition romaine d’abord puis chrétienne ensuite, islamique demain, de disposer tous les quinze jours de ces trois types de druides.
D’autre part, rendre aussi hommage aux ancêtres qui ont tout au long du Moyen-âge, envers et contre toutes les persécutions des « esclaves » d’un seul dieu d’un seul livre et d’un culte unique, poursuivi les réunions et les sacrifices clandestins.
Pour prier, à vous de choisir votre position, mais le mieux, le plus conforme à la tradition en tout cas, est de garder les bras levés, les mains à hauteur du visage, paumes tournées vers le haut. Une prière peut s’adresser à un dieu ou une déesse, un ancêtre ou un esprit. La prière peut se faire à voix haute, mais elle peut se faire également de manière intérieure. La prière peut être individuelle, mais elle peut aussi avoir un aspect communautaire, notamment lors des deux grandes fêtes obligatoires (oenach) du druidisme, à savoir Samon (ios) et Lugnasade.
Le lieu.
L’idéal est un bosquet sacré ou un bois, mais pour ceux qui habitent en ville une crypte (un coin de cave DANS UNE MAISON ANCIENNE) ou un « coin autel » (du type boutsoudan kamidana) dans un appartement, peut suffire.
Il faut choisir un endroit calme, où l’on se sent bien, surtout pas un couloir ou un hall d’entrée. L’autel sera fait avec des matériaux nobles : bois, pierre, argile, verre. La statue ou le simulacrum peut être remplacé par une reproduction DESSINÉE (pas de photos) ou DÉCALQUÉE, d’un bas-relief antique.
Éviter le plastique, sans âme, l’aggloméré ou autre contreplaqué. Le métal peut être utilisé s’il a été correctement fabriqué (un alchimiste dirait « selon les règles de l’art »…) L’intuition doit être une préoccupation constante à chacune des étapes de l’élaboration de ce sanctuaire.
La date.
Les changements de lune, ainsi que l’indique le calendrier de Coligny, étaient le moment privilégié de ces sacrifices.
L’heure choisie était nocturne à la fois par symbolisme et par prudence. Mais ne pas oublier la lumière des torches des flambeaux, des bougies, etc.
Les participants.
Si un très sachant de la druidiaction (druidecht) est présent, tant mieux, dans ce cas, il offrira le sacrifice aux dieux d’un bout à l’autre. Si seul le membre d’un ordre mineur ou de simples dagolitoi sont là… l’âme/esprit des martyrs de notre foi éclairée par la raison (surtout à Samon) viendra inspirer la main inexpérimentée de l’officiant qui célébrera, un rituel encore plus simplifié s’imposera.
Le rituel.
— Commencement et phase d’appel.
Sonner du cornyx (de la trompe) vers chaque point cardinal en commençant par le nord si l’on est en extérieur.
Fermer porte et fenêtre et allumer bougies ou lampe à huile si l’on est dans une crypte (cave) ou dans une pièce.
Tourner trois fois (sens dextrogyre) autour de l’autel (ou de l’arbre consacré), où l’on aura disposé les atebertas, les offrandes 1) et une représentation (simulacrum ou icône, arcanes, cf. sanscrit hommage) du dieu.
Récitation d’un cantelon, chaque point étant repris en chœur par les dagolitoi présents.
L’officiant lève une branche 2) pour ramener le silence et dit…
« Hommes et femmes de notre petite patrie, payses, pays, oyez, oyez, oyez, nous sommes réunis ce soir ici pour célébrer la mémoire et le martyre de nos ancêtres, que le présent sacrifice soit aussi sincère que tous ceux qui ont été offerts de génération en génération dans le secret des bois. La mémoire est une flamme qui ne doit pas s’éteindre…
Par leur courage et leur persévérance, nos pères ont résisté à la persécution des « esclaves » de la messe, de la croix, du livre unique 3) et du dieu unique, quand ces derniers sont devenus les vrais maîtres du pays. Si aujourd’hui nous pouvons célébrer notre culte en plein jour, sans crainte de la torture ou du bûcher, nous avons choisi néanmoins la nuit pour nous souvenir. Et pour rallumer la flamme de notre feu perpétuel ».
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INVOCATION.
« Que les dieux nos pères, spirituels, accueillent nos offrandes favorablement et renouvellent leurs bienfaits ».
L’officiant offre à boire à tous les participants, puis défait le cercle (un tour lévogyre).
Et commencent alors le banquet ainsi que la fête profane. Voir le Panthéisticon de John Toland.
1) Si possible chaque participant doit donc amener quelque chose, par exemple des produits de son jardin, de ses bois, ou de sa fabrication. Pour la boisson, il faut impérativement une boisson fermentée, dans l’idéal de l’hydromel, faute de mieux de la bière (ou à l’extrême rigueur un vin de terroir dans les pays où la bière n’est guère prisée, voire des fruits ou des baies distillées).
La boisson ne doit pas être trop alcoolisée, car les participants à ce sacrifice ne doivent s’enivrer – s’ils le souhaitent – qu’après la fin de la cérémonie (voir John Toland).
2) Branche de noisetier, chêne, sapin, ou gui, suivant la saison. Fixer des grelots ou une clochette à son extrémité.
3) Il fallait en avoir lu 12 pour devenir féniane.
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LE POINT DE VUE DU NEO-DRUIDE ALAN KARDEC.
La mémorisation des prières fondamentales, panceltiques, communes à toutes les toutai, offre un support indispensable à la vie liturgique d’une communauté, mais il est important aussi d’en goûter le sens et le style. La prière druidique (la lorica ou litanie) ne se réduit pas au jaillissement spontané d’une impulsion intérieure. La prière est la rencontre de la soif des dieux (car les dieux ont soif, eux aussi) et de la nôtre. Il faut donc prier avec tout notre être pour donner à nos loricas ou à nos litanies la puissance souhaitée.
Il y a autant de cheminements dans la prière que d’orants. Mais ce qui est sûr, c’est ceci : dans ce combat contre Dieu ou les dieux qu’est la prière, nous pouvons avoir à faire face, en nous-mêmes et autour de nous, à des conceptions erronées de ce processus psychique (comme la superstition par exemple).
La vraie prière met en œuvre la pensée, l’imagination, l’émotion et le désir. Ce besoin d’associer les sens à la prière intérieure répond à une exigence de notre nature humaine de Gdonios. Nous sommes en effet corps et âme, et nous éprouvons toujours le besoin de traduire extérieurement nos sentiments.
Le cycle de l’année liturgique druidique et ses grandes fêtes encadrent naturellement la prière des Celtes. Les pèlerinages troménies ou pardons, sont aussi traditionnellement des temps forts pour la prière. Les lieux les plus favorables à la prière sont l’autel personnel ou familial voué aux fées du logis de type matres nessamae ou lubicae (dites proxumae en latin), voire un simple coin à prières, orné de quelques statuettes ou simulacres (arcana en sanscrit) divins. Dans une famille druidisante, ce genre d’aménagement, bien que très simple, peut en effet favoriser la prière.
La prière est-elle agréable aux dieux ? Elle plaît aux hommes en tout cas.
« Les dieux n’aiment pas les hommes soumis, mais ils apprécient les sincères gestes d’amitiés ou de respect que l’on peut leur manifester. La prière est donc toujours agréable aux dieux quand elle est dictée par le cœur, car l’intention est tout pour eux ; et la prière du cœur est préférable à celle que tu peux lire, aussi belle soit-elle, si tu la lis plus avec les lèvres qu’avec la pensée. La prière est agréable aux dieux quand elle est dite avec foi, ferveur et sincérité ; mais ne crois pas qu’ils soient touchés par celle de l’homme vain, orgueilleux, égoïste ; à moins que ce ne soit de sa part un acte de sincère repentir et de véritable humilité ».
La prière rend-elle l’homme meilleur ?
« Oui, car celui qui prie avec ferveur et confiance est plus fort et le Destin ou Tokad (moyen gallois tynghed, breton tonket, destiné, vieil irlandais tocad, destin, toicthech « fortunatus », tonquedec en breton. Le labarum est son messager) lui envoie de bons dieux pour l’assister. C’est un secours qui n’est jamais refusé quand il est demandé avec sincérité. ».
Comment se fait-il que certaines personnes qui prient beaucoup soient, malgré cela, d’un très mauvais caractère, jalouses, envieuses, acariâtres ; qu’elles manquent de bienveillance et d’indulgence ; qu’elles soient même quelquefois vicieuses ?
« L’essentiel n’est pas de beaucoup prier, mais de bien prier. Ces personnes croient que tout le mérite réside dans la longueur de la prière, et ferment les yeux sur leurs propres défauts. La prière est pour elles une occupation, un emploi du temps, mais non une étude d’elles-mêmes. Ce n’est pas le remède qui est inefficace, c’est la manière dont il est administré ».
Peut-on prier utilement pour autrui ?
« L’Esprit de celui qui prie agit par sa volonté [de faire le bien, comme dans la fameuse triade rapportée par Diogène Laërce]. Par la prière, il attire à lui les bons dieux qui s’associent au beau au bon et au juste qu’il veut faire. Nous possédons en nous-mêmes, par la pensée ainsi que par la volonté, une puissance d’action qui s’étend bien au-delà des limites de notre sphère corporelle. La prière pour autrui est un acte de cette volonté. Si elle est ardente et sincère, elle peut appeler à son aide les bons dieux, afin de lui suggérer de bonnes pensées ou lui donner la force du corps et de l’âme dont il a besoin. Mais là encore, la prière du cœur est tout, celle des lèvres n’est rien ».
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Les prières que nous faisons pour nous-mêmes peuvent-elles changer la nature de nos épreuves et en détourner le cours ?
« La prière est toujours un échange, jamais une pure supplication. Si vous faites une ateberta (offrande) à un dieu, ne serait-ce que celle d’un cœur pur, il vous le rendra toujours, d’une façon ou d’une autre ; mais si vous demandez quelque chose, alors lui aussi vous demandera. La prière appelle à vous les bons dieux qui vous donnent la force de supporter ces épreuves avec courage, et ainsi elles vous paraissent moins dures. Nous l’avons dit, la prière n’est jamais inutile quand elle est bien faite, parce qu’elle donne la force, et c’est déjà un grand résultat. Aide-toi, le Ciel t’aidera, tu sais cela.
D’ailleurs les dieux ne peuvent changer l’ordre de la nature au gré de leur bon plaisir, car ce qui est un grand mal de votre point de vue mesquin et à celui de votre vie éphémère ; est souvent un grand bien dans l’ordre général de l’univers ; et puis, combien n’y a-t-il pas de maux dont l’homme est le propre auteur par son imprévoyance ou par ses fautes ! Il en est puni par où il a péché. Cependant, les demandes justes sont plus souvent exaucées que vous ne pensez. Vous croyez que les dieux ne vous ont pas écoutés, parce qu’ils n’ont pas fait de miracle pour vous ; tandis qu’ils vous assistent par des moyens tellement naturels qu’ils vous semblent l’effet du hasard ou de la force des choses. Souvent aussi, le plus souvent même, ils vous suscitent la pensée nécessaire pour vous tirer vous-mêmes d’embarras ».
Est-il utile de prier pour les morts et pour les âme/esprits souffrantes, et dans ce cas, comment nos prières peuvent-elles leur procurer du soulagement et abréger leurs souffrances [dans l’antichambre de l’autre monde parallèle de nature paradisiaque qui nous attend tous tôt ou tard] ?
« La prière ne peut avoir pour effet de changer le Destin ; mais l’âme/esprit pour laquelle on prie en éprouve du soulagement, parce que c’est un témoignage d’intérêt qu’on lui manifeste, et que le malheureux défunt est toujours soulagé quand il trouve des dieux charitables qui compatissent à ses douleurs. D’un autre côté, par la prière, on l’incite au repentir et au désir de faire ce qu’il faut pour être heureux ; c’est en ce sens que l’on peut abréger sa peine, si de son côté, il seconde le processus par sa bonne volonté. Ce désir d’amélioration, excité par la prière, attire près de l’âme/esprit souffrante des dieux meilleurs qui viennent l’éclairer, la consoler, lui redonner l’espoir ».
(Allan KARDEC. Le livre des esprits. Chapitre II. De la Prière. Mais avec le mot « dieu » au pluriel comme pour les esprits, au lieu de dieu au singulier et avec une lettre majuscule).
Le néo-druide Hippolyte Léon Denisard Rivail est né le 3 octobre 1804 et il est mort le 31 mars 1869. Sa famille l’envoie terminer ses études à l’étranger. Il devient alors interne au château d’Yverdon, en Suisse, chez le célèbre pédagogue Johann Heinrich Pestalozzi. Là il apprend de nombreuses langues, comme l’allemand ou le néerlandais. En 1820, il s’installe à Paris et ouvre en 1824 un cours privé fondé sur les méthodes de Pestalozzi. Puis en 1855, il découvre une pratique venue des États-Unis, celle des tables tournantes. Son « esprit familier » lui apprend alors que dans une existence antérieure, à l’époque des druides, il aurait vécu en terre celte sous le nom d’Allan Kardec. Ce qui était pour le moins erroné. Allan Kardec est en effet un anthroponyme en aucune façon antique ni vieux celtique 1). Disons que Rivail a étudié le druidisme et voilà tout. Il est l’auteur d’une intéressante conception du véhicule de l’âme/esprit (seibaros) appelé par lui périsprit. Sa tombe se trouve au cimetière du Père-Lachaise, à Paris.
1) L’anthroponymie celte antique était en effet très simple. L’usage était de se servir d’un nom unique propre à l’individu (idionyme) suivi généralement du nom du père (patronyme) au génitif selon la structure bien connue : un tel fils d’un tel. Éventuellement le nom de la mère dans certaines tribus.
Dans la société celte, le nom est en effet personnel et l’individu n’est rattaché qu’à ses pères et mère, alors qu’à Rome le nom est familial : l’individu se rattache à la fois à son père par la filiation, et à ses ancêtres par son nom gentilice. Les choses ont évidemment changé avec la conquête romaine, et la structure ternaire (un prénom, un gentilice et un surnom) s’imposa aussi en terre celte assez rapidement. Il en existe des occurrences bien documentées, le cas du riche citoyen romain de la ville de Saintes nommé Caius Julius Rufus, par exemple ; qui finança un arc de triomphe en l’honneur de Tibère et de Germanicus ; et qui devint prêtre du culte impérial au sanctuaire du Confluent à Lyon vers l’an 12 avant notre ère.
Son ancêtre s’appelait apparemment Epotsorovidus. Epotsorovidus est un nom composé avec Epo (le cheval). Il a connu la période de l’indépendance, au moins durant son enfance.
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Son grand-père Gedemo ou Agedomopatis s’appela Caius Julius. Agedomopatis ou Gedemo devenant son surnom. Vers 50 avant notre ère (agedomopatis = « au visage d’enfant » ?)
Son père Caius Julius Otuaneunus (ou Catuaneunus). Là encore, même système hybride. Catuaneunus ou Otuaneunus est un surnom celte. Catu (combat) et aneunos (inspiré ?) Vers 20 avant notre ère.
Ce Catuaneunus/Otuaneunus par contre reniera ses ancêtres en donnant à son fils un surnom non plus celte, mais romain cette fois-ci : Rufus. D’où le Caius Julius Rufus riche citoyen romain en question.
Désolé donc de contredire Hippolyte Léon Denisard Rivail sur ce point.
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ATEBERTAS (OFFRANDES).
Le culte druidique antique reposait sur le sacrifice. Hommage solennel à la divinité, le sacrifice s’exécute sous forme d’une cérémonie plus ou moins longue ; qui a pour point culminant les atebertas ou offrandes faites aux dieux célestes (par l’intermédiaire d’un feu) ou à la Terre (par l’intermédiaire d’un puits à sacrifices). Le but est d’entrer en communication avec l’autre monde, de s’en assurer le concours pour obtenir certains avantages, généraux ou spéciaux. C’est le fameux « dadami se dehi me » sanscrit : je te donne afin que tu donnes (la divinité ensuite est en quelque sorte obligée de rendre la pareille), formule grossièrement traduite par les Romains avec leur « do ut des ».
Il est vrai qu’il existe des sacrifices « fixes », répondant à des dates du calendrier, ne comportant pas en principe de mentions votives particulières : mais ces sacrifices (ou telle portion d’entre eux) peuvent aisément se charger d’une affectation votive.
« Il y avait dans le pays du Gévaudan, sur une montagne du nom d’Helarius, un grand lac. Là, certains jours, les gens des environs jetaient des pièces de lin ou de drap ; quelques-uns des toisons de laine ; le plus grand nombre des fromages, de la cire, des pains de diverses formes ; chacun, suivant ses moyens, divers objets qu’il serait trop long d’énumérer. Ils venaient avec des chariots, apportant de quoi boire, et manger, abattaient des animaux, et festoyaient en ce lieu pendant trois jours. Le quatrième jour, au moment de partir, ils étaient toujours assaillis par une tempête accompagnée de tonnerre et d’immenses éclairs, et il descendait du ciel une pluie si forte et une grêle si violente que chacun pouvait craindre d’y succomber. Les choses se passaient ainsi tous les ans, et la superstition régnait dans les esprits. Au bout d’un certain temps, un prêtre élevé à l’épiscopat vint de la ville (Javols) et harangua la foule afin qu’elle s’abstienne de ces pratiques, sous peine d’être frappée par la colère céleste ; mais sa prédication ne touchait pas ces rustres. Alors, inspiré par la Divinité, le prêtre construisit sur la rive du lac une église en l’honneur du bienheureux Hilaire de Poitiers. Il y plaça des reliques du saint en disant au peuple : « Craignez, mes enfants, craignez de pécher devant le Seigneur ; il n’y a rien à vénérer dans ce lac, etc. » Et ces hommes, enfin touchés au cœur, se convertirent. Ils abandonnèrent le lieu ; et ce qu’ils avaient coutume d’y jeter, ils le portèrent désormais à la sainte basilique, ainsi délivrés des chaînes de l’erreur » (Grégoire de Tours, De gloria confessorum, 2, saint Hilaire, évêque de Poitiers).
A. Produits végétaux.
Pain, graines, fruits frais, fleurs, miel (le miel était offert en sacrifice aux dieux si l’on en croit la confession de saint Patrice) hydromel, bière, cervoise, cidre, vin. Pour ce qui est de ce produit du terroir, on signale l’utilisation de petites amphores de vin, symbolisant du sang, que l’on abandonnait en l’état, voire dont on verse le contenu en un lieu approprié ; après les avoir débouchées ou en avoir brisé rituellement le col. Peut-être par un geste analogue à celui qui consiste à « sabrer » une bouteille de champagne, de nos jours.
Remarque : chez les Celtes, il n’y avait ni cannelle, ni poivre, ni gingembre, ni vanille, ni autres produits de ce genre. Cumin, anis, et menthe, par contre, peuvent être utilisés.
B. Produits animaux.
Cire d’abeille, lait, crème, beurre, œufs, fromage (tomme), corne, toison, cuir, viande, graisse.
C. Produits manufacturés artisanaux ou « chimiques ».
Eau, sel, cire, propolis, bois, pierre (brute ou taillée) feu (bougie, cierge, chandelle, torche), travail du feu : bijou, arme, ouvrages divers en métal, monnaie, outil.
Remarque. Le terme « offrande » ne signifie pas nécessairement « abandon », avec destruction, envisagée ou probable, contrairement au « sacrifice », associé à la « privation » qui s’ensuit. Même si l’animal sacrifié s’avère consommé en totalité ou en partie par les sacrificateurs, il disparaît bel et bien du troupeau du donateur !
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La privation est un sentiment propre aux religions du désert, encombrées de leurs notions de rachats, rédemptions, boucs émissaires, pénitences, condamnations (à un « ciel » ou à un « enfer », peu importe) par un Dieu unique jaloux et vindicatif.
Pour de tels rites, le mot qui convient le plus est celui de présentation, en hommage à la divinité, comme un outil, une arme, que l’on peut ou que l’on doit néanmoins considérer comme trop précieux pour s’en séparer.
En ce qui concerne les bijoux par contre, on peut effectivement voir ces atebertas ou offrandes comme des sacrifices impliquant un abandon, ou une privation de l’objet, associée à l’idée de sa valeur (affective… ou commerciale) sans oublier surtout sa futilité.
Mais il n’est pas judicieux qu’un très-sachant de la druidiaction (druidecht) se sépare, en sacrifice, du torque d’or qu’il a reçu lors de son ordination.
En revanche, lors de l’inhumation d’un très-sachant de la druidiaction (druidecht) dont l’âme/esprit (anaon) est partie rejoindre un monde meilleur, on peut très bien concevoir qu’il soit accompagné (orné) de bijoux, comme son torque.
Le véhicule ordinaire de l’offrande faite aux dieux célestes est le feu, dont l’allumage lui-même forme une cérémonie autonome. Si l’on peut en croire les fouilles menées dans les temples « belges » par l’archéologue français Jean-Louis Brunaux ; les sacrifices avaient lieu d’ordinaire à l’aide de trois feux, disposés autour d’une excavation peu profonde qui jouait en quelque sorte le rôle « d’autel » creux ou bothros.
Dans les ruines d’Argentomagus près d’Argenton-sur-Creuse, il a été trouvé dans une cave qui devait avoir la forme d’un petit temple, un autel domestique remarquablement bien conservé. Il se composait d’une table ronde en pierre derrière laquelle étaient assises deux divinités. La statuette la plus grande (49 cm, un grand santon) représentait un homme assis sur un coussin. Il portait un torque au cou et un deuxième au bras droit, un serpent reposait sur ses genoux. La deuxième statuette (42 cm) représentait un homme dans un fauteuil, les deux mains sur les genoux, avec une bourse dans la main gauche. Les deux « santons » étaient peints : l’homme le plus petit était habillé d’une tunique et d’un manteau ocre, sa bourse et ses souliers peints en vert ; l’autre homme, vêtu d’une tunique verte, portait des braies de la même couleur quadrillées de rouge (un tartan ?).
De nos jours et en appartement ceci peut être remplacé par une installation plus légère, analogue à celle des crèches (permanentes) ou à celle des boutsoudan ou kami-dana (en latin aedicula) ; ces sortes de petits autels dédiés aux ancêtres que l’on retrouve fréquemment dans les maisons ou les foyers de famille appartenant aux communautés asiatiques.
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Une partie de nous constitue notre individualité, notre Ego ou notre Moi. Siège de l’intelligence, de la raison, de la conscience, ou de « l’esprit ». Mais le Moi est assurément la partie la plus éphémère et la plus superficielle de notre être. Un grand écrivain français du XIXe siècle (Barrès) n’a-t-il pas écrit : « L’intelligence, quelle petite chose à la surface de nous-mêmes »…
« Nous ne sommes pas les maîtres des pensées qui naissent en nous. Elles ne viennent pas de notre intelligence ; elles sont des façons de réagir où se traduisent de très anciennes dispositions physiologiques. Selon le milieu où nous sommes plongés, nous élaborons des jugements et des raisonnements. La raison humaine est enchaînée de telle sorte que nous repassons tous dans les pas de nos prédécesseurs. Il n’y a pas d’idées personnelles ; les idées même les plus rares, les jugements mêmes les plus abstraits, les sophismes de la métaphysique la plus infatuée ; sont des façons de sentir générales et se retrouvent chez tous les êtres de même organisme assiégés par les mêmes images… nous sommes la continuité de nos parents. Ils pensent et ils parlent en nous. Toute la suite des descendants ne fait qu’un même être. Sans doute, sous l’action de la vie ambiante, une plus grande complexité pourra y apparaître, mais qui ne le dénaturera pas. C’est comme un ordre architectural que l’on perfectionnerait : c’est toujours le même ordre ! C’est comme une maison où l’on introduit d’autres dispositions ; non seulement elle repose sur les mêmes assises, mais encore elle est faite des mêmes moellons : c’est toujours la même maison ! Celui qui se laisse pénétrer de ces certitudes abandonne la prétention de penser mieux, de sentir mieux, de vouloir mieux, que ses pères et mères, il se dit : « Je suis eux-mêmes ».
Le Moi est cette partie de nous que la mort atteint et dissout, mais aussi celle qui nous empêche de vivre pleinement dans le rythme du Cosmos, dans le Grand Tout ; car il dresse une barrière entre le
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Cosmos et nous et, au sein de notre être, entre le Cosmos qui vit en nous et lui-même ». Chacun pourra donc avant de refermer ce livre méditer cette prière et se faire sa propre idée.
LE SCEAU DU DRUIDISANT.
Awen, sunartiu, et isson son bissiet, sont les formules sacramentelles concluant tout pacte conclu avec les dieux. En elles se trouvent concentrées toute la foi et la volonté du druidisant.
Le mot awen (cf. le terme awenyddion) est un mot gallois signifiant quelque chose comme « âme, souffle, inspiration divine », mais le terme est en réalité intraduisible, car il signifie bien d’autres choses encore… Cf pour comparaison l’image de la tanzil ou averse en islam (à propos de la révélation du Coran). Nous l’avons donc conservé sous sa forme galloise, car il résiste à toute traduction valable.
Le répéter c’est affirmer en quelque sorte la prééminence de l’âme sur la matière, du droit sur la force, le répéter, c’est insister sur l’importance du principe spirituel, en bref sur l’immortalité ou presque des âmes. Le répéter c’est souligner que tout est âme dans l’univers, que tout participe de la grande âme universelle, qui est l’essence même de l’Être supérieur.
Awen est donc la signature du druidisant, la signature de son adhésion à la druidiactio. C’est une preuve ou un témoignage de druidiactio.
Awen, sunartiu, et isson son bissiet, ces mots le païen d’esprit celte les prononce pour signifier solennellement et à tous son adhésion ou son allégeance aux grandes lignes du rituel des officiants.
La sunartiu est la marque de fabrique des dieux qui nous a été donnée.
L’awen du vrai druidisant a la simplicité et la force du oui qui engage toute une vie. L’awen du druidisant est la preuve concrète, visible et palpable, qu’il a bien l’intention sincère de pratiquer en parole, mais aussi en acte, cette vérité qu’est le druidisme, à savoir la foi éclairée par la raison. L’awen des druidisants tire sa force tranquille et sa fermeté de la puissance mobilisatrice de la vérité.
Tout comme la sunartiu, cette force qui accompagne l’awen des croyants découle en définitive des dieux.
Les dagolitoi la reçoivent et la transmettent à leur tour, car les dieux ne sont pas morts, ils agissent toujours dans notre inconscient. C’est d’ailleurs là le principe même de la psychanalyse jungienne. Ces dieux sont des dieux de vérité qui ne trompent pas, des dieux auxquels on peut se fier, des dieux… anextiomaros, virotutis, jovantucaros, dunatis toutatis contrebis ou mopatis. L’awen des druidisants est donc un awen de vérité qui lui aussi ne trompe jamais qui l’écoute.
Bref, cet awen signifie donc en définitive : « Honneur, puissance et fidélité, à nos dieux, que vienne enfin le jour tellement attendu de leur retour. Ison son bissiet ! » Dire awen, c’est rendre grâce aux dieux du paganisme druidique ! Cette incantation des simples dagolitoi (fidèles), qui participent ainsi eux aussi, de façon active aux rituels, les met ar conséquent en communion d’esprit avec la foule immense des Celtes de cœur ou d’esprit qui les ont précédés sur cette Terre, depuis la naissance du monde ; et les fait communiquer avec les âmes/esprits des morts.
Conformément au principe de liberté du Druidisme, ci-dessous maintenant et pour finir une analyse « non conformiste » de l’apocalypse XIII de saint Jean. Option déduite des derniers écrits de D. H. Lawrence (mort le 2 mars 1930 à Vence) et reformulée par Pierre de La Crau.
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RÉVÉLATION.
Je pense donc je suis, mais aussi
Je pense que je suis !
Je suis une parcelle du soleil
Comme mon œil est une parcelle de moi-même.
Je suis une parcelle de la terre,
Et mon sang est une parcelle de la mer.
Mon âme est une partie de l’âme de l’Humanité,
Mon âme sait que je suis une parcelle de l’espèce humaine,
Tout comme mon esprit, une parcelle de ma nation.
Rien en moi n’est solitaire ni absolu
Ma pensée n’a pas d’existence propre
Elle n’est qu’un miroitement de soleil à la surface des eaux.
Mon individualité n’est qu’une illusion.
Je suis une parcelle du Grand Tout
Et je n’y échapperai jamais !
Seul le Tout Vit, l’individu ne vit
Qu’en proportion de sa proximité au Tout
Donc pour autant qu’il échappe à son individualité.
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Aucune entreprise humaine ne peut avoir d’issue heureuse sans l’intervention des dieux.
Kai ego hama tois suntherois hepomai to Kelton nomo kai apophaino hos ouden aneu theon gignomenon anthropois es agathon apoteleuta. (Arrien Cynégétique chapitre XXXIV).
Le semi-pélagianisme du monachisme provençal est l’exemple même de la non-infaillibilité de l’ESPRIT SAINT. C’est une position tout à fait satisfaisante au point de vue théologique (c’est d’ailleurs celle de l’Église orthodoxe) * mais elle a néanmoins été par deux fois condamnée le plus officiellement du monde (par des conciles).
La seule explication de cette aberration étant d’ailleurs que L’ESPRIT SAINT a été induit en erreur par la dénomination de semi-pélagianisme que lui attribuaient alors ses adversaires, mais que ses principaux défenseurs (Jean Cassien Vincent de Lérins et Salvien de Marseille, toujours considérés comme des Pères de l’Église par les orthodoxes) NE REVENDIQUAIENT EN AUCUNE FAÇON.
NDLR On a d’ailleurs le même phénomène dans les débats politiques de notre pays.
La dénomination de semi-pélagianisme suppose effectivement la doctrine inspirée par celle de Pélage, mais en fait il n’en était rien. Par contre il est vrai qu’il s’agissait d’une position de facto à mi-chemin entre le vrai pélagianisme et l’augustinisme pour qui le salut est un don entièrement gratuit de Dieu. On peut la résumer ainsi : la finalisation du salut dépend entièrement de la volonté de Dieu, mais l’homme peut très bien faire de lui-même les premiers pas. Le début de la foi est un acte entièrement libre de la part de l’Homme, seule la progression de cette foi relève de Dieu. Cet enseignement se distinguait donc de la doctrine traditionnelle patristique pour laquelle le processus de la grâce était le résultat de la coopération entre Dieu et l'homme du début à la fin.
Le semi-pélagianisme fut condamné au deuxième Concile d’Orange en 529 après de pénibles controverses qui s'étendirent sur plus d'une centaine d'années.
La position officielle de l’Église catholique est donc aujourd’hui non le prédestinatianisme absolu qu’il soit simple ou double, mais le prédestinatianisme simple, le prédestinatianisme au sens de simple préconnaissance de Dieu, qui cependant laisse libre (sic)
La notion de grâce prévenante est le seul moyen de donner une explication cohérente à cet enchaînement d’idées clairement biblique :1) Personne ne cherche Dieu (dépravation totale),2) L’initiative du salut appartient à Dieu,3) La capacité de l’homme à exercer une volonté bonne envers Dieu vient de Dieu,4) Le salut est un don de Dieu et non le résultat de l’œuvre de l’homme, et5) les hommes sont capables de résister à l’offre de salut de Dieu.
Sans ce concept un peu fourre-tout de grâce prévenante les chrétiens en effet ne peuvent pas expliquer vraiment la prescience de Dieu sans glisser vers un certain déterminisme.
Si Dieu savait tout ce qui allait arriver et a créé ce monde malgré tout, ne peut-on pas dire que tout a été prédéterminé par le biais de la création ?
Les mystères du libre arbitre, c’est-à-dire la possibilité de faire ou non un choix, et de la prescience divine non déterminante sont néanmoins des mystères beaucoup plus faciles à accepter que n’importe quelle forme de déterminisme divin qui, étant donné la réalité de notre monde, jette inévitablement un doute sur le caractère fondamentalement bon (par convention) de Dieu.
JEAN CASSIEN.
Jean Cassien, né vers 360 en Scythie mineure, et mort en 435 à Marseille, est un saint moine chrétien méditerranéen qui a marqué profondément les débuts de l’Église en Provence au Vᵉ siècle. Il est le fondateur de l'abbaye Saint-Victor de Marseille. En théologie, Cassien adopta des positions qui le rangèrent parmi les tenants du semi-pélagianisme et lui attirèrent de violentes critiques de la part du fidèle disciple de saint Augustin, Prosper d'Aquitaine.
VINCENT DE LERINS.
Prêtre et moine d'origine gauloise du monastère de l'île de Lérins, au large de Cannes, saint Vincent de Lérins est mort avant 450. Il est l'auteur d'un recueil d'extraits théologiques d’Augustin et surtout, sous le pseudonyme de Peregrinus, du célèbre Commonitorium (aide-mémoire), composé vers 434.
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Cet exposé de la théologie traditionnelle sur le développement des dogmes peut être considéré comme le premier catéchisme.Ces considérations générales sur la Tradition et le développement dogmatique répondaient à des préoccupations beaucoup plus immédiates, car ces principes d'universalité, d'antiquité, d'unanimité, cette exigence de continuité dans le progrès des formulations visaient à dénoncer, à mots couverts, la doctrine d'un adversaire prestigieux dont le nom n'est jamais mentionné et qui n'est autre qu'Augustin. La doctrine de la prédestination enseignée par Augustin semblait inacceptable à Vincent, qui se rattachait dans ses conceptions sur la grâce au semi-pélagianisme. Vincent avait déjà formulé vers 430, dans un écrit perdu dont on retrouve la trace chez Prosper d'Aquitaine, des Objections contre cette doctrine qui lui semblait, malgré tout le respect qu'il portait à Augustin, une opinion particulière exprimant un point de vue personnel et non une doctrine vraiment universelle dans l'Église.
SALVIEN DE MARSEILLE.
Écrivain latin (Trèves ? v. 390 – Marseille v. 480-484).
Moine de Lérins, devenu prêtre à Marseille en 428. En 439, il commença la rédaction de son traité « Sur le gouvernement de Dieu » (De gubernatione Dei) tout empreint de cet humanisme et qui prenait le contre-pied des thèses de « La cité de Dieu » de l’évêque d’Hippone. Le théologien de Lérins, y dénonçait les vices des Romains et les fautes des chrétiens, responsables selon lui des malheurs du temps.
FAUSTE DE RIEZ.
Fauste de Riez (° entre 400 et 410 - † vers 493), en latin Faustus Regiensis ou Reiensis.
Abbé de Lérins, puis évêque de Riez au Ve siècle.
On sait qu'il était Breton de naissance par Sidoine Apollinaire et par Avit de Vienne qu’il était d’origine bretonne. Il fut baptisé et éduqué par Germain d'Auxerre qui le ramena peut-être en Gaule à son retour du voyage qu'il effectua sur l'île de Bretagne en 429.
Moine à l'abbaye de Lérins vers 429, il en devint abbé en 439 lors de la nomination de Maxime au siège d'évêque de Riez. À la mort de Maxime, vers 466, il lui succéda au siège de Riez. Il fut lié à Sidoine Apollinaire, qu'il baptisa vraisemblablement et qui l'admirait beaucoup.
À cause de son opposition à l'arianisme, il fut envoyé en exil par le roi wisigoth Euric, en 476. Il retrouva son siège, huit ans plus tard, à la mort de ce roi, en 484.
Il composa dans les années 470 un traité sur la divinité du Saint-Esprit, consubstantiel au Père et au Fils et coéternel. Il en écrivit également un intitulé De gratia Dei et libero arbitrio où il condamnait le pélagianisme, tout en accordant une grande place au libre arbitre humain (ce qui fut appelé le semi-pélagianisme).
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Ce foisonnement du semi-pélagianisme suscita l’ire des partisans de la grâce et notamment de Prosper d'Aquitaine, dit Prosper Tiro. Sa tâche fut ardue tant les prélats issus des deux abbayes provençales avaient affiné leurs arguments contre Augustin. Au cours des années 431-32, il tenta de repousser les « calomnies des Gaulois » dans ses Responsiones ad capitula objectionum Vincentianarum, Responsiones ad capitula objectionum Gallorum et enfin, Responsiones ad Excerpta Genuensium. Puis en 433, il s’en prit à Cassien lui-même dans son pamphlet, De gratia et libero arbitrio contre Collatorem.
Mais la réaction provençale eut raison de lui. Les moines marseillais, dont l'influence doctrinale gagnait du terrain, en étaient d'autant plus assurés que Rome n'avait pas encore pris de décision. Ce semi-pélagianisme devint donc la tendance qui prévalut désormais en Gaule.
En 433, à Lérins, Maximus fut sollicité pour succéder à Leontius, l’évêque de Fréjus qui venait de décéder, ou à défaut, redonner vie au diocèse d’Antibes sans titulaire depuis la mort de Remigius. Il refusa, quitta son abbaye et partit fonder l'évêché de Riez où il allait faire édifier le baptistère. Tandis que Theodorus montait sur le siège épiscopal de Fréjus, le Breton Fauste devenait le troisième abbé de Lérins. Comme il se savait objectivement proche du semi-pélagianisme il eut l’intelligence de se réclamer de Jérôme contre Augustin sur la question de la grâce. Le lérinien Salvien lui servit de lien avec l’abbé Jean Cassien. Les deux abbayes provençales approfondissent dès lors leur doctrine humaniste. L’année suivante, le moine Vincent de Lérins rédigea son Commonitorium pro catholicæ fidei antiquitate.
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En 435, à Saint-Victor, mourut Jean Cassien. Prosper d’Aquitaine, son adversaire augustinien, quitta alors Marseille pour se rendre à Rome où y devint un familier du futur pontife Léon. Malgré la mort de leur fondateur, les cassianistes restèrent très actifs. Le plus important représentant de cet humanisme, après Cassien, fut dès lors l'abbé Fauste de Lérins, futur évêque de Riez. En 439, à Marseille, le prêtre Salvien commença la rédaction de son traité « Sur le gouvernement de Dieu » (De gubernatione Dei) tout empreint de l'humanisme semi-pélagien et qui prenait le contre-pied des thèses de « La cité de Dieu » de l’évêque d’Hippone. Le théologien de Lérins, y dénonçait les vices des Romains et les fautes des chrétiens, responsables selon lui des malheurs du temps.
Les prélats lériniens et victoriens continuaient toujours à avoir le vent en poupe. En 445, à Narbonne, l'évêque Rusticus fit graver, sur un linteau de marbre l’inscription dédicatoire de son « ecclesia episcopalis ». C’est le plus bel exemple de dédicace paléochrétienne des Gaules.
Alors que le semi-pélagianisme s’installait sans opposition dans les Narbonnaises première et seconde, à l'abbaye de Lérins, le moine Vincent dit le Pèlerin, auteur du Commonitorium, décéde en 450. Un an plus tard, son ami Salvien, après douze ans de travail, put mettre un terme à la rédaction de son ouvrage « Sur le Gouvernement de Dieu » auquel Gennade donna le nom de De præsenti judicio. Il s'éteignit à l’âge de 94 ans. Ce lérinien, originaire de Trèves, avait été l’ami d’Honorat qui l'accueillit dans son île avec son épouse puis l'ordonna prêtre. Chrétien libéral, théoricien du semi-pélagianisme, il avait fait œuvre de moraliste, d'historien et d'apologiste. Il fut surnommé par ses contemporains « le nouveau Jérôme ». Salvien avait formé nombre de prélats en leur faisant partager son idéal humaniste et fut pour cela considéré comme le « maître des évêques ».
Le 27 novembre 460 mourut Maxime, l'ancien abbé de Lérins devenu évêque de Riez. Il fut inhumé dans la basilique hors les murs de Saint-Alban qui dès lors prit son nom. Un an après, au cours du mois de janvier, Faustus, l’abbé de Lérins, monta sur le siège épiscopal de Riez. Anselme lui succéda en tant qu'abbé. Le Breton, devenu évêque, continua, avec le plein assentiment des prélats provençaux, à développer les thèses chères à Jean Cassien, à Salvien de Marseille et à Vincent de Lérins, en enseignant que toute grâce nécessaire au salut devait être méritée par l’homme. Prosper d'Aquitaine fustigea cette hérésie.
Dix ans plus tard, le métropolitain Leoncius d’Arles présida le grand concile arlésien qui réunit vingt-neuf prélats de la Gallia orientale descendus de Lyon, Autun et Genève. Le prêtre Lucidus, en raison de ses thèses augustiniennes radicales, avait attiré l'attention sur lui. Les pères conciliaires le condamnèrent pour avoir prêché la prédestination et stigmatisé la doctrine des Marseillais.
Cette condamnation d'Arles fut suivie d'un synode à Lyon, en 474, où Lucidus fut à nouveau mis en cause. L’assemblée des évêques demanda alors à Fauste de Riez d'écrire un texte réfutant et condamnant l'hérésiarque augustinien, ce qu'il fit dans De gratia dei et libero arbitrio, libri II28 ,41.
Ces deux conciles marquèrent un moment important dans l'apogée du semi-pélagianisme. Dès lors un climat religieux apaisé permit aux lériniens et aux cassianites de se lancer dans l'apologie de leurs saints évêques. Les actes (vita ou sermo) qui en sont témoins s'échelonnent majoritairement au cours du Ve siècle et VIe siècle.
Il faut attendre le VIe siècle pour assister au revirement des deux Narbonnaises. À Constantinople, Joannes Maxentius, un des chefs de file des moines scythes, dans sa lutte contre le nestorianisme et le monophysisme, souleva la question de l'orthodoxie de Fauste et de la doctrine des Marseillais en général. Comme aucune décision ne pouvait être prise sans l'assentiment de Rome, en juin 519, plusieurs moines furent chargés de déposer une pétition devant le pape Hormisdas. Au cours de leurs quatorze mois de résidence à Rome, ils employèrent tous les moyens pour inciter le pontife à reconnaître leur christologie et à condamner l'évêque de Riez.
Hormisdas ne céda pas à leur demande. Dans une réponse à l'évêque Possesseur (Possessor) de Coutances, en date du 20 août 520, il se plaignit de la maladresse et de la conduite fanatique des moines scythes à son égard. Mais le pontife romain déclara dans la même lettre que les œuvres de Fauste contenaient un certain nombre de choses qui avaient été déformées (incongrua) et qu'il ne figurait pas parmi les écrits reconnus des Pères. Pour lui, la saine doctrine sur la grâce et la liberté ne pouvaient être prises qu'à partir des écrits d’Augustin.
Le coup porté eut ses effets tant en Gaule qu'à Rome. L'évêque Césaire d'Arles, pourtant moine de Lérins, fut sensible à l'argumentation et ses vues partagées par un certain nombre d'évêques, d'autres prélats déclarant toujours leur attachement à la doctrine humaniste des Marseillais. Lors du synode de
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Valence, en 529, l'évêque d'Arles s'était fait représenter par Cyprien de Toulon. Alors qu'il pensait faire condamner la doctrine, il fut en butte à l'hostilité de certains de ses collègues sur l'enseignement.
Ce ne fut que partie remise. Ayant reçu l'assurance de l'autorité primatiale et le soutien du Siège apostolique, Césaire convoqua le 3 juillet 529, les prélats qui lui étaient favorables à un synode (qui deviendra concile) à Orange. Il y assista personnellement et fit condamner l’arianisme et le semi-pélagianisme en vingt-cinq canons. Boniface II ratifia solennellement les décrets l'année suivante.
La rupture de Césaire avec le semi-pélagianisme n'influença que peu le culte rendu à leurs évêques. Dynamius, patrice de Provence, rédigea une nouvelle Vie de Maxime de Riez entre 584 et 589. Plus d'un siècle après sa mort, celui-ci restait l'objet d'une grande vénération. Le patrice, auquel il est d'ailleurs apparu dans l'église Saint-Pierre où il avait été inhumé, narre qu'il faisait miracle sur miracle. Césaire lui-même, s'il changea de doctrine, ne coupa pas les liens qui l'unissaient à ses maîtres. En reste témoin son sermo en l'honneur d'Honorat dans lequel il insiste particulièrement sur l'intercession des élus auprès de Dieu, ce qui est très augustinien. Rupture qui n'impliqua pas non plus l'exclusion des lériniens et des cassianites du calendrier liturgique.
* Cf Arrien Kai ego hama tois suntherois hepomai to Kelton nomo kai apophaino hos ouden aneu theon gignomenon anthropois es agathon apoteleuta. (Cynégétique chapitre XXXIV).
Autrement dit « aide toi et le Ciel t’aidera». Ce qui est très druidique.
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QUELQUES POÈMES CELTES.
VALABLES POUR TOUT LE MONDE MAINTENANT.
Ainsi que nous avons déjà eu l’occasion de le dire, ces prières ne sont pas toutes des prières privées relevant de la dévotion personnelle ; la plupart, pour ne pas dire toutes, sont des prières pouvant faire partie, ou faisant déjà partie, de la liturgie druidique la plus officielle, la plus commune ; ce qui ne veut pas dire que nous ayons quoi que ce soit évidemment, à objecter aux dévotions ou aux prières privées.
La parole, le verbe, le logos, doivent leurs pouvoirs non à leur seule force incantatoire, mais à ce qu’ils sont associés à la pensée qui est une force tout aussi grande, ou parfois plus grande encore, et en tout cas inséparable de la parole, du verbe ou du logos. Le fait de dire, de nommer, c’est d’un point de vue métaphysique la même chose que de faire venir au monde ou de donner vie, d’amener à l’existence.
D’où d’ailleurs la technique verbale de la lorica. Cette technique druidique a pour objectif de canaliser le mental discursif. Ses vertus, conjuguées à l’intention et à la concentration du récitant, sont bénéfiques. Elle peut s’effectuer concrètement dans le cadre d’un rite minimal, ou d’un rituel plus élaboré.
Les chrétiens ont d’ailleurs fait quelque chose de similaire en insistant autant sur leur notion de logos ou de verbe divin.
La différence est que dans le cas des druides la lorica peut être aussi une volonté un verbe ou une parole…… implicite (labarum *). En d’autres termes une prière intérieure, une pensée positive, orientée. Une concentration.
* Le labarum est un signe ou un message du destin.
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POÈME ANONYME.
AU DÉBUT ÉTAIT LE NÉANT.
AU DÉBUT ÉTAIT LA NUIT.
AU DÉBUT ÉTAIT LA MORT.
AU DÉBUT ÉTAIT LE VIDE.
ET L’ÊTRE SORTIT DU NÉANT
IL ÉTAIT VÉRITÉ
IL ÉTAIT LUMIÈRE
ET IL ÉTAIT DEUX
IL ÉTAIT ÂME ET MATIÈRE À LA FOIS.
MESSAGE DU DESTIN.
Au début des temps au début des mondes était le néant
Et le néant était informe et vide, mais du néant est sorti l’Être
Et cet Être était Un et cet Être fut Dieu.
L’Être Dieu était Un
Puis le Un a donné le Deux et le Deux a donné le Quatre
L’Âme et la matière,
Le feu et l’eau.
De l’Âme universelle est sorti le monde des âmes/esprits et des dieux
De la matière est sorti le monde des hommes.
Awen !
LA PRIÈRE DU SAGE.
Et maintenant, prions.
Ni hansa ! Ce n’est pas difficile.
Répondit Nédé.
Ô Dieux de Dana
Donnez-moi la sagesse
Avec la sagesse la compréhension
Avec la compréhension le bon sens
Avec le bon sens, le savoir
Avec le savoir la quête
Avec la quête la recherche
Avec la recherche la connaissance
Avec la connaissance la méditation
Avec la méditation l’examen de toute chose
Avec l’examen de toute chose la poésie de la vie.
Awen !
LA PRIÈRE DES DEUX SAGES.
Uediiu-mi.
Le sage est le vivant reproche de tout ignorant
Il sait ce que nous ignorons
Que soit toujours bienvenue l’intelligence perçante de la sagesse.
Mais on ne peut reprocher à quiconque son ignorance
Tant qu’on ne lui a pas dispensé son enseignement.
Tu as mal montré Ancien des jours
Tu montres mal l’Ancien
Si tu ne dispenses que trop chichement l’eau de ton puits de science.
Commençons par le commencement, maître
Ce par quoi l’on apprend la vérité
Ce en quoi l’erreur disparaît
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Ce en quoi le mensonge s’engloutit.
Soyons l’homme de toujours
Enseveli dans le sein de sa mère
Car lié à la mort dès son apparition.
Awen !
VARIANTE N° 1 DU CANTELON.
Nous croyons en une divinité
Unique
Et multiple à la fois,
Un Incréé qui n’a pas créé ce monde,
Mais l’a engendré
Puis en sera l’aboutissement.
Nous croyons
Que « celui que l’on ne nomme pas »
Est !
Qu’il est l’esprit et l’âme universelle du monde
Qu’il est Un et Triple à la fois,
Être des êtres, incréé sans être créateur
Qu’il se manifeste par des émanations divines accessibles,
Les dieux ses héritiers,
Qu’aux choses divines on peut comparer
Les choses humaines,
Que cette vie intérieure de l’Homme que l’on appelle âme ou esprit,
Est quasiment immortelle
Et constitue donc une partie de « Celui que l’on ne nomme pas »
Que cette larme de feu divine
Anime aussi les êtres les moins différenciés,
S’affirme et s’individualise
Au travers de multiples formes vivantes,
Pour parvenir à l’Homme.
Qu’en ce monde on s’élève par la pratique
Des trois devoirs primordiaux :
Être un homme, un vrai, ne rien faire de bas, honorer les dieux.
Et que cet autre monde blanc ou Albiobitos
Est le seul vrai monde.
Awen !
VARIANTE N° 2 DU CANTELON
D’une foi éclairée par la raison
Je crois.
Je crois en plusieurs dieux
Dont les différences et les complémentarités
Assurent la liberté dans ce monde
Et à leur père le Destin
Qui est la loi de notre univers.
Homme, tu n’es qu’une goutte d’eau née d’une goutte d’eau
Tu finiras un jour dans l’Océan
Et après s’être dépouillée de son esprit
Ton âme poursuivra sa route au-delà des étoiles.
Je crois aux dieux du ciel
Et je ne nie pas l’existence ni l’attrait qu’exercent sur nous les hommes
Les plus nobles principes qui nous servent d’étoile polaire.
Je crois aux dieux de la terre
Et je ne nie pas l’existence des forces obscures qui nous dirigent
Je m’efforce au contraire de les faire passer de l’ombre à la lumière
Afin de mieux les maîtriser.
Je crois enfin que l’Homme n’est ni Un ni Deux mais qu’il est Triple
Corps esprit et âme.
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Je crois que nul autre règne que le nôtre nous les hommes
Ne peut sauver ou perdre notre univers
Depuis que les dieux se sont volontairement retirés de ce monde
Et en ont été occultés
Mais je crois que les dieux peuvent y revenir pour le réenchanter.
LE CANTELON DE SUQELLOS (les douze commandements du druidisant).
D’une foi éclairée par la raison
1. Nous croyons en une divinité qui se manifeste dans les dieux et dans les déesses des Celtes [de cœur ou d’esprit] et en nous-mêmes.
2. Polythéisme, panthéiste, panenthéisme, animisme, et monisme sont des sensibilités religieuses ayant toutes leur intérêt.
3. Nous croyons que la nature est le corps de cette divinité ou de ces forces divines, que nous sommes nous-mêmes une part de cette nature, et que par conséquent Dieu est en nous aussi.
4. Nous croyons qu’il faut honorer les dieux chacun à notre manière et tout particulièrement notre mère à tous la terre.
5. Nous croyons en la presque immortalité de l’âme et de l’esprit, nous croyons que notre âme en tout cas ne meurt jamais avec notre corps, et nous croyons en un certain type de vie après la mort.
6. Nous croyons que la raison et l’observation de la nature valent mieux que les révélations pour percer les mystères de la vie avant la mort, de la vie après la mort, et donc en définitive de l’univers.
7. Nous croyons que toute vie est sacrée, mais nous croyons également que la mort ne doit pas être crainte puisqu’elle n’est que le milieu d’une longue vie.
8. Nous croyons que rien n’est absolu et que tout est relatif, et que même les dieux ou les déesses sont des relatifs ayant aussi leur part d’ombre.
9. Nous croyons que tout individu a le droit d’accomplir sa propre quête du Graal comme Galaat, mais aussi le devoir de suivre sa propre voie, car c’est toujours en cheminant que l’on trouve sa voie.
10. Nous croyons que la morale est une déontologie, celle du dur métier consistant à être un homme, ou une femme, sur cette terre ; et que notre comportement doit se fonder sur un certain nombre de principes comme la vérité, le sens de la justice, l’honneur, ou le sens des responsabilités.
11. Nous croyons que les lois de la nature traduisent la volonté de ces forces divines à l’œuvre dans l’univers et auxquelles nous sommes tous reliés.
12. Nous croyons qu’hommes et femmes ont chacun leur part de mystère, qu’ils sont uniques en leur genre, tous parents, quoique tous différents ; mais qu’aucun ne doit dominer l’autre, et que ceci doit se refléter dans notre communauté.
Awen !
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LE CANTELON DE JEAN SCOT ÉRIGÈNE.
Nous croyons en une divinité unique
Et multiple à la fois
Un Incréé qui n’a pas créé ce monde
Mais en est à l’origine
Et en sera l’aboutissement.
Nous croyons
Que « celui que l’on ne nomme pas »
Est,
Qu’il est l’esprit et l’âme universelle du monde
Qu’il est Un et Triple à la fois
Être des êtres, incréé sans être créateur
Qu’il se manifeste par des émanations divines accessibles
Les dieux 1).
Qu’aux choses divines on peut comparer
Les choses humaines 2).
Que cette vie intérieure de l’homme que l’on appelle âme ou esprit
Est quasiment immortelle
Et constitue une partie de « Celui que l’on ne nomme pas »
Que cette étincelle divine
Anime aussi les créatures les moins différenciées
S’affirme et s’individualise
Au travers de multiples formes vivantes
Pour parvenir à l’Homme ;
Qu’en ce monde 3) on s’élève par la pratique
Des trois devoirs primordiaux :
Être courageux, ne rien faire de bas, honorer les dieux.
Et que cet autre monde blanc
Que l’on appelle Vindobitos ou Albiobitos
Est le seul vrai monde 4).
Awen !
N.B. La plus grande liberté d’interprétation dans le détail est laissée aux dagolitoi (fidèles), mais qui n’admet pas le minimum doctrinal exprimé par les neuf paragraphes du cantelon ci-dessus ne saurait se dire druide ou druidisant.
1. Devoi/dei/theoi/tiwiz, etc. pluriel de devos, deus, theos, tiwaz. Même racine que le sanscrit deva. De l’Indo-Européen dew signifiant « lumière ». Les dieux sont donc des êtres surnaturels lumineux.
2. Ausone écrit exactement : « divinis humana licet componere » autrement dit : ce qui est en haut est comme ce qui est en bas (voir son petit poème consacré à l’usage du mot libra).
3. Dumno ou Mediomagos.
4. Le Sedodumnon est le monde des dieux et le Vindo Magos ou Mag Meld, etc. le royaume des morts.
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BARDIT DE LA CUIRASSE.
Ô Noadatus,
Protège-nous aujourd’hui
Protège-nous
Durant cette journée qui vient !
Protège le savant et ses études
L’artisan et ses outils
L’agriculteur et sa charrue !
Protège les chemins
Et les gués ainsi que les ponts
Qui nous permettent de visiter nos amis
Mais rends-les infranchissables
À nos ennemis !
Protège nos foyers ainsi que ceux qui vivent sous notre toit
Protège nos parents et nos enfants
Nos maisons et nos animaux.
Protège et inspire nos druides
Qui en ont bien besoin
Que leurs œuvres nous fassent découvrir les dieux !
Accorde-nous courage
Et amitié sans faille
Car c’est dans l’épreuve
Que l’on reconnait ses vrais amis !
Accorde-nous aussi la santé
Pour que ce soir
En nous quittant dans ta lumineuse gloire
Tu nous laisses sains et heureux
Comme tu nous as trouvés à l’aurore !
Ison son bissiet !
Grande prière du matin de Samon. Récitée également les autres jours, surtout par les druides et les vates. Certains la chantent en l’honneur de notre seigneur Belin/Belen lors des solstices et des équinoxes. Elle sert de canevas pour les œuvres des bardes des poètes… Prière recommandée à celui qui est loin de son foyer.
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BARDIT DU GUTUATRE OU DE LA GUTUMATRE.
Des îles d’éternelle Jeunesse
Jaillit la lumière !
Honte à vous ! les hommes d’un seul livre !
Hommes de l’or et de l’argent, Uai victebo !
Voici que viennent les hommes de douze livres.
La chouette a chanté la Pleine Lune !
La Lune Rousse !
Les Pierres Sacrées ont vibré dans la nuit
Les cerfs et les sangliers se sont réveillés.
Malheur à vous ! Malheur à nous ! Uai Victebo !
Voici le Roi ! Voici le Grand Brennos !
Que résonne la Voix des Dieux !
Honte à vous ! Honte à vous !
Voilà que vient l’Aurore
Et avec elle le Grand Monarque
Le Dumnorix,
Que la force soit avec lui
Sunartiu !
César, B. G. Livre VII, 66. « Les cavaliers l’acclament, crient qu’il leur faut se lier par le plus sacré des serments. Pas d’asile sous un toit, pas d’accès auprès de ses enfants, de ses parents, de sa femme, pour celui qui n’aura pas deux fois traversé à cheval les rangs ennemis ».
Prière de détresse donc sous forme d’incantation. En principe réservée aux gutuatres ou gutumatres. Pour toute autre prière de ce type, contacter un vrai druide. Il va de soi que toute demande doit être conforme à l’idéal druidique de la kission ou voie du guerrier (exemple : pas de jet de sort, d’envoûtement ou de basse sorcellerie).
BARDIT DE MARICCUS.
Priez pour moi
Le roi livré à la mort
Je ne vous demande
Ni argent, ni guérison, ni réussite
Donnez-moi seulement ce qui vous reste
Ce que l’on ne vous demande jamais
La tourmente, la souffrance
Donnez-moi tout cela
Mais donnez-le-moi bien
Et avec, l’ardeur au combat.
Malheur à nous, vae victebo ! Malheur à nous, vae victebo !
Le Chêne frémit sous le vent de Galerne
L’Océan s’agite.
Ison son bissiet !
Prière de soldat. Recueillement par exemple en la mémoire des victimes de notre foi. Récitée aussi lors de la commémoration du massacre des druides de Mona.
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BARDIT CONTRE (L’ÉGLISE DE) ROME.
En proclamant notre foi
En ce Dieu tricéphale
Nous honorons aussi en même temps
Chacune de ses personnes
Leur unique nature
Leur égale majesté.
Car en vérité
Il est juste et bon
De vous honorer
Toujours et en tous lieux
Ô toi le Frère bien-aimé
Avec ton frère cadet
Mais toi aussi le dernier des dieux
Vous êtes comme un seul.
Ô Brenos,
Ce que nous savons de la gloire
Que tu nous as révélée
Dans ta quête initiatique et mortelle
De tous ces graals
Dans ta guerre contre la Ville éternelle,
Nous le croyons pareillement
De ton frère cadet à Delphes
Ainsi que de ton frère puîné.
Les Clusains nous ont fait tort
En ce qu’ils trouvent juste
D’avoir beaucoup de terre et de pays
Alors qu’ils ne peuvent en exploiter beaucoup,
Sans nous en donner un peu à nous
Qui sommes étrangers, nombreux et pauvres.
C’est le même tort que vous faisaient jadis,
À vous, Romains, les Albains,
C’est celui que vous font aujourd’hui les Volsques
Contre qui vous avez pris les armes.
Malheur aux vaincus de la vie.
La nature a cette loi
Que les plus forts cherchent à toujours avoir
Plus que ceux qui sont moins forts.
Cessez donc de prendre en pitié
Les Clusains assiégés, car les Galates
Pourraient finir par se montrer compatissants et bons
Envers ceux à qui les Romains font du tort.
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BARDIT DES RÉSISTANTS.
Ô Noadatus/Nuada/Nodons/Lludd
Glaive de Justice
Terreur des duses et des vouivres anguipèdes gigantesques
Que l’on appelle Fomore en Irlande
Soleil de Gloire
Tes coursiers te mènent dans la plaine
Où ton souffle terrasse les anguipèdes
Les hommes-animaux, les hommes-serpents.
Que ta main d’argent
Soit la main forte prêtée à nos frères
Et distribue justice ou réparation.
Que le sang pur
De Ta Race Divine
Coule en leurs veines.
Ayons ta Force
Et ton courage.
Que tous ne fassent qu’Un avec Toi
Glaive de Justice,
Et que leur victoire
Soit celle de ton bras d’argent,
Celle de Ta Main de Gloire
Celle de Ta main de Justice.
Esprits bienfaisants et âmes des Celtes
De cœur et d’esprit,
Aidez-nous, guidez-nous, conseillez-nous
Pour que de nos efforts conjugués
Renaisse une patrie plus belle
Dans laquelle vivront éternellement
Les Celtes d’esprit et de cœur
Sous la protection de nos dieux.
Ison son Bissiet.
Ce texte est dédié à Noadatus/Nuada/Nodons/Lludd, car il est l’archétype du roi guerrier, faisant régner la justice pour son peuple. Nota : le dernier paragraphe peut servir aussi de prière pour des Résistants.
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BARDIT DE MONA.
La légion étrangère est sur le rivage
Plurnamban et les jeunes filles en fleurs se lamentent
Et les femmes en noir portent le deuil
À la lueur des torches.
En face le bruit de bottes
Des légions étrangères
En face le pas lourd
Des légions et des cohortes, infernales.
Que le ciel me tombe sur la tête
Si je t’oublie ô Mona !
Si je t’oublie Sainte Reine Alésia
Tant de sang a coulé
Sous le couteau des bouchers
Fouaillant les chairs meurtries
Brisées de douleur.
Pourquoi est-ce toujours avant l’aube que la nuit est la plus noire ?
Pourquoi fanatisme et intolérance dominent-ils toujours la connaissance ?
Pourquoi l’obscurantisme domine-t-il toujours la lumière ?
Le bras des Romains a frappé nos frères
Les temps sont durs les temps sont d’acier.
Que de deuils, que de souffrance !
Aucun rire ni aucun chant
Ne réjouissent plus nos âme/esprits.
Comme le reconnaît noïbo Patrice lui-même
Dans son Monument de la Sagesse antique 1)
Il y a renforcement du paganisme
Si une mauvaise action est vengée.
Ô Lug, toi qui ne pardonnes jamais aux assassins,
Ô Noadatus/Nuada/Nodons/Lludd,
Toi qui nous donnes l’espoir de la justice !
Nous crions la douleur de notre peuple
Nous crions la colère qui nous habite
Que la force de nos dieux réveille le monde
Sunartiu !
Poème néo-bardique (de velède) chanté lors des commémorations du massacre de Mona ainsi que pour tous les martyrs du paganisme.
1) Le Senchus mor appelé aussi Cain Patraic ou « lois de Patrice, » a été écrit de 438 à 441 ; « tout est certain, le lieu, les hommes, l’occasion ».
55
ODE AU RETOUR DE NOADATUS.
Bienvenue Arthur Cadwaladr à la main prompte à dégainer l’épée ;
Représentant toute une armée à lui seul
Lanceur de javelines
Pourfendeur de boucliers
Lanceur de lourds javelots
Chercheur d’assassins
Destructeur d’armées,
Sois le bienvenu
Bienvenue à toi dieu Arthur.
Bienvenue Arthur Cadwaladr à la main prompte à dégainer son épée de guerre
Prodigue de ses revenus
Généreux envers tous
Aux flancs meurtris
Fidèle à sa parole
Rigoureuse sa justice
Légère sa souveraineté
Fort son bras droit
Célèbre pour sa justice
Pourfendeurs de guerriers
Arthur ; sois le bienvenu ; bienvenue Arthur.
Bienvenue Arthur Cadwaladr à la main prompte à dégainer
Le plus vaillant des guerriers
Le plus noble des chefs
Destructeur des puissants
Combattant de toutes les batailles
Exterminateur de monstres
Consolateur de faible
Qui subjugue le fort
Bienvenue Labraid, bienvenue labraid !
PRIÈRE À TOUTATIS.
Dieu fort, nous te prions.
Dieu sacro-saint, nous te prions.
Nous te recommandons notre juste cause,
Nous te recommandons notre salut,
Nous te recommandons notre empire.
Par toi nous vivons,
Par toi nous sommes heureux et vainqueurs.
Dieu fort et sacro-saint, entends nos prières.
Nous tendons vers toi nos bras.
Exauce-nous,
Dieu fort et saint.
Toi Seul nous te reconnaissons comme Dieu,
Tu es le seul souverain que nous reconnaissons,
Tu es le secours que nous demandons.
C’est grâce à toi que nous avons obtenu nos victoires,
C’est grâce à toi que nous avons triomphé
De ceux qui se voulaient nos ennemis ;
56
Nous t’exprimons notre gratitude pour tous tes bienfaits.
Awen !
REMEMBRANCE.
Toutai Deuas
Scelon suiebo bero
Dordreti damos
Ro caedesit samos
Snigeti giamos
Esti arduos ac riuros aventos
Iselos Grannos
Uergiouia mori
Roudisama ratis
Ro gabasit ogtu
Atenones etnion
Toageti gnota
Gigurannas gutu
Inso mon scelon.
Hommes et femmes de notre petite Patrie
Pays, payses, oyez, oyez, oyez,
J’ai des nouvelles pour vous.
Le cerf brame
L’été s’en est allé
C’est l’hiver
Le vent est fort et froid
Et le soleil est bas
La mer déferle
La fougère a perdu sa robe de verdure
Le froid engourdit Les ailes des oiseaux
L’oie sauvage a lancé son cri.
Voici mes nouvelles.
Puisque tout revient inexorablement,
Il vaut mieux se souvenir,
Awen !
57
GÉNÉALOGIE DE NOÏBA BRIGITTE (Carmina gadelica N° 70).
Sloinneadh na Ban-naomh Bride,
Lasair dhealrach oir, muime chorr Chriosda.
Gach la agus gach oidhche
Ni mi sloinntireachd air Bride,
Cha mharbhar mi,
Cha spuillear mi,
Cha charcar mi, cha chiurar mi,
Cha loisg teine, grian, no gealach mi,
Cha bhath luin, li, no sala mi,
Cha reub saighid sithich, no sibhich mi,
Is i mo chaomh mhuime Bride.
Uediiu-mi
Brigind au triple manteau
Flamboyant comme de l’or
Mère adoptive de dieux,
Chaque jour ou chaque nuit
Que je réciterai la généalogie de Brigind
Je ne serai ni tué ni harcelé
Je ne serai ni jeté en prison ni blessé
Le feu le soleil et la lune
Ne me feront aucun mal.
Ni lac ni eau ni mer
Ne pourront me noyer.
Aucun trait ni aucune flèche
Ne me touchera.
Ma noble mère adoptive est la bien-aimée Brigind.
Que le brat ou manteau de Brigind soit sur nous
Que la mémoire de Brigind soit en nous
Que la protection de Brigind règne autour de nous.
58
ODE À LA BELISAMA (flamboyante comme de l’or) BRIGINDO (Carmina gadelica N° 73).
Gach ni na m' fhardaich, no ta 'na m' shealbh,
Gach buar is barr, gach tan is tealbh,
Bho Oidhche Shamhna chon Oidhche Bheallt,
Piseach maith, agus beannachd mallt,
Bho mhuir, gu muir, agus bun gach allt,
Bho thonn gu tonn, agus bonn gach steallt.
Tri Pears a gabhail sealbh anns gach ni 'na m' stor,
An Trianailt dhearbha da m' dhion le coir.
Uediiu-mi
Bénis-moi ô bonne et véritable triple déesse
Moi mon conjoint et mes enfants
Que ce soit dans les senteurs de la plaine
ou dans mon abri sur la montagne
Bénis tout ce qui est chez moi
Et tout ce que je possède,
Le bétail et les moissons, les troupeaux et les récoltes
De la veille de Samon à la veille de Beltène,
D’une bonne et franche bénédiction,
D’une mer à l’autre, d’un estuaire à l’autre,
D’une vague à l’autre et de cascade en cascade.
Sois les trois personnes à la fois prenant possession de ce qui m’appartient,
Sois la sainte triade me gardant dans la vérité ;
Remplis mon esprit des paroles de Belenos,
Et prends ceux que j’aime sous ton aile à la gloire resplendissante
Bénis toute chose et tout un chacun,
De la maisonnée autour de moi
Étends sur nous le labarum du dieu d’Andesina et la force de son amour
Jusqu’à notre arrivée dans la Terre des délices.
Quel que soit le jour où le bétail quittera l’étable,
Quel que soit le jour où les moutons abandonneront la bergerie,
Quel que soit le jour où les chèvres monteront dans la montagne noyée sous les brumes
Puisse la sainte garde de tes trois personnes les accompagner,
Que la force soit avec nous
Sunartiu !
NOTE DE LA RÉDACTION. CARMINA GADELICA (CHARMES MAGIQUES GAÉLIQUES) est un recueil de prières populaires ou de formules magiques datant des dernières années du XIXe siècle ; et glanées par Alexandre Carmichael (six volumes) dans les Hautes-Terres ou les Îles écossaises occidentales, d’Arran à Caithness, de Perth à Saint-Kilda.
59
REICNE FOTHAID CANAINNE (anonyme gaélique).
Dochta do neoch dales dail
Facbas dail n-eco fri laimh
Donarlaith do bil oige
Morrioghan
Is mor do fod boïbh nigius
Cride maith recht nodaais
Cid gar di sund uan i mbe
Na futhbad uaman do gne
Nimrumart-sa namasrad
Fien gormainech goburglas
A techt i nhuire adba
Dirsan dond eochaill amra
Airc dot daim, sonn ni ainfe
Dofil deoidh na haidchi
Imusraidhfi neach nach re
Sunartiu !
Il faut être aveugle pour donner des rendez-vous
Sans jamais penser à celui que nous avons avec la mort.
La triple Morrigane est venue.
Nombreuses sont les dépouilles qu’elle lave maintenant.
Il faut un cœur vaillant
Pour ne pas faiblir devant elle.
Bien qu’elle soit toujours tout près de nous
Ne laissez pas la frayeur vous envahir
La troupe des guerriers au noble visage et aux chevaux gris
Ne m’a pas fait défaut.
Hélas pour notre merveilleuse forêt d’ifs ou de bouleaux.
Ils sont allés par la porte d’argile
À d’autres rendez-vous
Là où tout est beau, attirant et pur
Là où n’existent ni faute, ni maladie, ni temps
Ni frontière, ni guerre, ni souffrance, ni peine, ni esclavage.
La musique y est merveilleuse,
Il y coule des ruisseaux d’hydromel
Et la paix y est partout éternelle.
Tir na mbeo, la terre des vivants, biuontiion teres ;
Tir na mban, la terre des femmes, banion teres ;
Tir na nog, la terre de jeunesse, ogiion teres ;
Mag mor, la grande plaine, mara magosia ;
Mag meld, la plaine du plaisir, meldomagosia ;
Mag inis, la plaine au milieu de l’île, magosa inicias.
Rentrez à la maison ne restez pas ici
La fin de la nuit approche,
Que la force soit avec nous !
Sunartiu !
60
LA GRANDE OURSE.
Les hommes qui regardent la Grande Ourse en face sont heureux,
Car ils savent que la mort n’est que le milieu d’une longue vie
Et que les âmes ou les esprits humains ne finissent pas comme des ombres
Dans le séjour infernal et glacé de l’Érèbe.
Où sont-ils passés
Tous ces fringants cavaliers
Qui affrontaient les flots
Dans leurs maisons
Les armes à la main ?
Malgré leur fuite éperdue
Leurs lances et leurs épées
Le flot les a rattrapés
Le reflux les a emportés
De leurs palais ou leurs chaumières.
Aussi longtemps que des bateaux
Iront sur la mer
Je ne composerai plus ni poème ni chant.
L’inscription gravée sur votre pierre
En tiendra lieu
Je suis Tuireann.
Lève-toi ô soleil,
Que l’obscurité de la nuit se dissipe
Dans les rayons de ta glorieuse lumière.
Délivre-nous des légions infernales des duses
Et des vouivres anguipèdes gigantesques 1)
Ainsi que de tous les autres sous-dieux des glaces du non-monde.
Que la force soit avec eux.
Sunartiu !
1) Andernas sur le Continent, Fomore en Irlande.
LA TORCHE.
Le flambeau passe de main en main
Quand la mort l’a ravi à l’un
Le plus proche la reprend.
Le relais continue.
Le temps s’écoule et nul ne demande
Combien de temps chacun portera le flambeau
Ce qu’il faut simplement c’est qu’il brille
Et qu’un cœur brûle aussi avec lui,
Étincelant et pur.
Comme celui de Galaat.
Là est le plus important.
Puisse-t-il clairement resplendir
Dans l’obscurité devant nous
Les autres attendent.
Nous le porterons donc avec nous aussi
Ce flambeau.
Awen !
61
LA PRIÈRE CELTIBÈRE.
Et d’abord Dieu EST
Il existe
Il est UN, vrai, beau
Immuable dans son essence
Immortel Tout puissant.
Le point ogham de l’espace-temps
La lettre Eabadh disent les Irlandais
Le point d’équilibre entre toutes les oppositions
Lle bo cydbwys pob gwrth disent les Gallois.
Ô toi l’au-delà de tout,
Aucun mot ne t’exprime
Mais chacun te raconte,
Nulle intelligence ne te conçoit
Tu es inconnaissable
On ne peut pas te nommer
Mais tous les êtres te désignent,
L’universel désir aspire à toi
Le mouvement de l’Univers déferle en toi
De tous les êtres, tu es la fin
Tu es chacun et tu n’es aucun
Tu n’es pas un être seul
Tu n’es pas l’ensemble
Tu es UN,
Mais tu as tous les noms
Comment t’appeler ?
Awen !
PRIÈRE AU TOKAD.
J’ai interrogé la terre
Et elle m’a répondu :
Ce n’est pas moi Dieu.
J’ai interrogé la mer
Et les êtres qui la peuplent
Et ils m’ont répondu :
Nous ne sommes pas Dieu,
Cherche plus haut que nous
Plus loin, plus profond.
J’ai interrogé l’eau et le vent
Et ils m’ont répondu :
Nous ne sommes pas Dieu.
J’ai interrogé
Le ciel le soleil la lune et les étoiles ;
Nous ne sommes pas non plus
Celui que tu cherches
M’ont-ils affirmé.
Alors, je leur ai dit à tous :
Parlez-moi de Dieu puisque vous ne l’êtes pas
Dites-moi quelque chose de lui
Le point ogham de l’espace-temps
62
La lettre Eabadh disent les Irlandais
Le point d’équilibre entre toutes les oppositions
Lle bo cydbwys pob gwrth disent les Gallois.
Le Dharma disent noos frères brahmanes
Awen !
PRIÈRE AU LABARUM DU DESTIN.
Les dieux sont les verbes du Destin
Notre Dieu est le Destin
Il est impersonnel tout en pouvant être ressenti personnellement
Il est impersonnel tout en pouvant revêtir un corps
Il est surnaturel tout en étant la vie même du monde
Unique dans la sainte poly-unité de ses fils et petit-fils les dieux
Multi personnel dans l’unité de l’essence divine
Grand procréateur de tout ce qui existe
Ultime consommateur de l’Histoire des cycles.
Absolu et relatif en même temps
Est l’ensemble de l’univers
Dont nous sommes un fragment
Qui se résorbera dans le Grand tout.
Qu’Épona soit la médiatrice
De toutes ses souverainetés
Notre intercession ou notre aide
Auprès du Destin,
Celle qui fera que le Tokade
Ne sera plus un sort inexorable.
Ison son bissiet !
LAI EN L’HONNEUR DE NOTRE SEIGNEUR BELIN/BELEN.
Sois remercié Ô Belin/Belen,
Pour la journée que tu nous as donnée
Pour ce ciel pur
Pour cette terre qui nous fait vivre
Pour toutes les plantes qui la couvrent
Et pour les animaux qui l’habitent
Pour les sources jaillissantes
Et leurs eaux pures
Pour ce feu de camp
Qui va nous réjouir ce soir
Et nous réchauffer cette nuit
Pour la musique et les chants
Que nous allons entonner.
Ne nous oublie pas pendant ta course nocturne
Et veille encore sur nous demain
Iacceto dagos te !
Prière solaire du soir, notamment lors de la belle saison (les six mois « clairs » de l’année). Recommandée aux jeunes, aux campeurs, aux randonneurs… (elle précède les chants de la soirée). Sert également de canevas pour les poètes.
PRIÈRE À TARAN/TORAN/TUIREANN.
Nous remettons nos existences
Entre tes mains souveraines
Sois l’esprit des miracles
L’esprit des guérisons spirituelles
Et des conversions
Transforme l’alouette de notre âme/esprit
En blanc cygne d’Hyperborée
Awen !
63
Cette prière est pour les défunts (alouette et cygne sont des symboles solaires). En effet, selon plusieurs légendes celtes continentales, l’alouette transporterait l’âme/esprit du défunt vers le soleil au petit matin. Recommandée aussi comme prière de purification, lorsqu’on ne peut en réciter une plus longue faute de temps. Utilisée aussi pour la conversion de ceux qui ne sont pas encore d’esprit celte
LA PRIÈRE DE CALETIOS.
Je sais la source qui jaillit
Mais ne sais son origine
À cause de la nuit qui l’entoure
Cette source éternelle est cachée
Mais d’elle vient toute vie.
Salut à toi Étoile des neiges
Iacceto dagos te
A Rosmartha
Grande mère des dieux
Mère adoptive de Lug
Toi qui fus saluée par nos ancêtres
Du nom de Cantismerta
Porte du Ciel et des étoiles
Vierge sans pareille
Donne-nous un cœur pur
La force dans nos bras
L’art de bien parler aussi
Et transmets nos prières
À ceux qui pour nous
Ont voulu naître de toi.
Ison son bissiet !
Hymne à la grande déesse-mère, propre aux disciples. À ceux qui cherchent et étudient lors de leur initiation. Pour méditer.
PRIÈRE À NOTRE DAME DES CELTES.
Ô Triple et Sainte Mère des dieux
Aide-nous à les honorer
Que ton céleste époux
Aie notre être en son entier
Toi en qui l’Esprit sacré a trouvé
La mère de toute incarnation
Que son règne vienne
Pour étendre à l’univers
La vocation du peuple des dieux
La vocation de ceux qui parlent la langue des dieux
Afin que ce monde échappe
À l’apocalypse annoncée par la déesse de la guerre
À l’apocalypse annoncée
Par le dialogue des deux sages
Ison son bissiet !
Texte de recueillement, notamment sur la crise du monde moderne. Accompagne une offrande faite en l’honneur de l’Eau-Mère. Accompagne la méditation des nouveaux membres de l’ordre mineur (vates, vellédes, gutuatres/gutumatres).
64
PRIÈRE DES DEXIVATES.
Mère adoptive du grand Hésus Cuchulainn
Notre gentil seigneur de Moritamna
Toi qui as jadis nourri Lug
Toi qui partages son trône
Puits et source des dieux
Déesse créatrice de vie
Déesse protectrice de nos âme/esprits
Déesse Mère intercesseure et mopatis)
Toi qui as enfanté trois fois
Le Grand Hésus Cuchulainn
Morfessa maître de Falias/Thulé
Accorde aux hommes l’harmonie
Dont le commencement
Est la connaissance des dieux.
Ô triple Epona Epona Duxtir/Dechtire
Mère des hommes
Les dieux sont avec toi
Prie pour nous leurs frères humains
Maintenant, sois contrebis,
Et à l’heure de notre mort, sois psychopompe,
Transmets notre âme et notre esprit aux dieux
Sunartiu !
PRIÈRE À ROSEMARTHA.
Ô Rosemartha
Mère des Celtes
Qui veille sur notre terre
La terre du Milieu
Bénis nos pâturages et nos champs
Protège notre blé
Protège nos troupeaux
Que le lait demeure abondant
Et parfumé
Ainsi que la tome de nos alpages
Bénis la graine dans la terre
Et le fruit dans la fleur.
Que nos champs suffisent
À nourrir notre multitude
Afin qu’elle reste digne des dieux !
Ison son bissiet !
PRIÈRE AUX ANCÊTRES.
Mes enfants, prions !
Esprits bienfaisants et âmes des Celtes
Aidez-nous, guidez-nous, conseillez-nous
Afin que de nos efforts conjugués
Renaisse un foyer comme une lumière dans la nuit
Dans lequel vivront éternellement
Les âmes de nos ancêtres
65
Et des Celtes de cœur et d’esprit
Sous la protection de nos dieux
Que la force soit avec nous
Sunartiu !
PRIÈRE À LA MATRONA CANTISMERTA.
Nous nous réfugions
Sous le manteau de ta miséricorde
Ô Grande mère des dieux
Mère des hommes et des peuples
Ce monde des hommes et des nations
Notre monde
Toi qui connais nos souffrances et nos espoirs
Ne rejette pas nos prières.
Car en te confiant
Ô Grande Mère des dieux
Ainsi que le font Attis et Aiorix
Les hommes et les peuples
Nous te confions aussi
L’âme de ce monde
Embrasse sur ton cœur
Ce monde humain, trop humain,
Que nous t’offrons et te consacrons.
De la maladie et de la guerre délivre-nous
Des péchés contre l’esprit délivre-nous !
Ison son bissiet !
HYMNE À TOUTADIS ATER
Ô toi Premier-né
De ceux qui sont venus à l’existence mortels
Qui a proféré la première parole
Alors que la Terre était inondée de silence
Âme ou Esprit qui sortit de la mer et des montagnes
Ta Sagesse te fait honneur
Toi le Vivant et Fort
Toi le Pur et Sage
Que ta force immense
Rayonne en tes enfants
Du plus profond de ton souterrain mystère
Inspire leurs âmes et leurs esprits
Pour que leur monde
Soit digne de toi
Que le sixième sens exacerbé
De chaque dagolitos
Loin du tumulte des villes
Entende au bord des sources sacrées
Ou dans l’humble rumeur des forêts
Avec Cornunnos
La voix de son Esprit.
Que chaque dagolitos t’honore avec joie
Soyons la harpe
Et toi le harpiste
Que ton souffle terrestre
Fasse vibrer nos cœurs.
Awen !
66
ODE À LA SAINTE POLY-UNITÉ.
Nous croyons en un seul Être supérieur
Chaudron d’abondance, de vie, et de résurrection, cosmique
Nous croyons aussi en ses émanations
Nées hors du temps humain,
Avant même toute histoire humaine.
Elles sont entités divines issues de l’entité divine
Lumières issues de la Lumière
Engendrées non pas créées.
Hypostases du Tout-Puissant
Ou hypostases d’hypostases.
En revêtant ainsi des corps humains,
Beaucoup se sont faites frères des hommes.
Nous croyons en la puissance de l’Esprit
Symbolisée par Taran/Toran/Tuireann
Puissance souveraine, fulgurante et donnant la vie
Ou la reprenant.
Comme un coup de tonnerre dans le ciel serein,
L’Âme-Energie procède du Feu-Père,
Le tennotatos, le tantad,
Le Tout-Puissant innommé.
À lui, comme à toutes ses hypostases
Sont dus tous les honneurs.
Question des nouveaux Ferchertne.
Dieu, personne ne l’a jamais vu 1).
Si le mystère du chaudron de vie et de résurrection,
Est incompréhensible à nos intelligences de simples mortels,
Pourquoi donc exposes-tu ce qui s’y rapporte ?
Réponse des nouveaux Nédé.
La nature même de mes yeux
Partielle et limitée
M’interdit de regarder trop longtemps le soleil en face
Ainsi que le fit un jour le mage à la roue 2).
Dois-je pour autant renoncer à contempler
Ses aurores ou ses crépuscules ?
Dois-je pour autant renoncer à le regarder
Percer les nuages et les brumes ?
Je suis incapable de boire à moi seul toute l’eau de la source.
Dois-je pour autant renoncer à y puiser ce dont j’ai besoin ?
Awen !
1) Et par conséquent ni Abraham, ni Isaac, ni Jacob, ni Moïse, ni Élie, ni Ézéchiel, ni Mahomet !
2) Mog Ruith en Irlande
67
PRIÈRE À TOUS LES DIEUX.
Ô dieux, intercédez pour nous
Soyez anextiomaroi
Car l’esprit est prompt
Mais la chair est faible.
Priez pour nous
Car c’est à vous qu’il revient d’intercéder
Auprès du destin votre Père
Notre Père,
Pour les hommes que l’absence du Graal
Et la terre dévastée
Désespèrent.
Ô vous qui avez achevé votre combat
Venez à notre secours
Ayez pitié de nous.
Et toi aussi
Ô dieu inconnu
Sois donc anextiomaros
Et virotutis et iovantucarus à la fois
Brise tout ce qui me sépare de toi,
C’est le monde d’en haut
Qui est le vrai monde
Mais jusqu’à la mort à cette vie
On ne peut y accéder.
Ô Mort ne te dérobe plus
Afin que je vive.
Je meurs de ne pas mourir.
Aie pitié du dieu prisonnier en moi.
Voir mon dieu prisonnier en moi
M’est un sacrifice inhumain.
Retire-moi ô dieu inconnu
Ce fardeau plus lourd que du plomb.
Ison son bissiet !
PRIÈRE AU HESUS CUCHULAINN.
Iacceto dagos te
Ô Maître de la Force Spirituelle
Maître de la Vie.
Maître des runes lépontiques
Des lon laith et des riastrades
Accorde-nous la Force
Et avec ton Esprit.
Emplis notre âme
De ta royale souveraineté
Enrichis notre vie
De Ton Énergie Sacrée.
Accorde-nous la Joie dans la Force
La Sérénité dans la Joie
Et ce, de l’enfance à la vieillesse.
Ô Grand Hesus Cuchulainn
Noble seigneur de Moritamna
Dans nos esprits
Et dans nos corps
Sois toujours présent.
Que ta Force soit en nous !
68
Sunartiu !
Prière pour invoquer la Force et l’Esprit divin. Poignet de force spirituel pour les femmes et les hommes au travail, mais aussi prière mystique du Druide. Elle sert alors de texte de base pour une méditation plus profonde, au cœur de la forêt où le druide doit être SEUL avec Hesus sous son chêne.
PRIÈRE D’ÉSUS.
Le Graal s’est fait chair
Il a même vécu parmi nous.
Son nom était « Setanta »
À ceux qui l’ont reçu
À ceux qui croient en son pouvoir
Il a été donné de devenir
Enfants du peuple des dieux
Parlant la langue des dieux.
Il n’était pas le chemin
Il était celui qui chemine
Mais les hommes [d’Irlande] l’ont trahi
Et son peuple [les habitants d’Ulster] aussi !
Rendons-lui hommage
Que sa Force soit en nous !
Sunartiu !
LE COMBAT DES ARBRISSEAUX.
Par Trefuilngid Tre Eochair
Par le triple seigneur aux trois clés
Dans la clairière sacrée
À l’ombre tutélaire du chêne [de Mughna],
Le plus noble des arbres
Notre totem.
À toi Cornunnos notre ami
Je confie la protection
De la nature qui nous entoure
Et qui nous fait vivre.
Ô Blanc Cerf aux cornes d’or
Protège-la des souillures
Des mercantis avides
Des spéculateurs,
Des marchands de toute espèce
Des agriculteurs incompétents
Des alchimistes inconscients.
Car science sans conscience
N’est que ruine de l’âme.
Guéris-la de leurs blessures
Pour que nous puissions la retrouver intacte
Et la conserver ainsi à nos enfants.
Pour le repos de l’âme/esprit de nos frères les chênes
Que l’on abat et que l’on brûle,
Prions.
Pour nos frères les hêtres
Que l’on arrache et que l’on assassine
Prions.
Pour les ormes
Que l’on mutile et déracine
Prions
Oui, prions !
Prions pour nos frères les ifs et les bouleaux,
69
Et pour tous les arbres que l’on assassine.
Awen !
PRIÈRE DU CHÊNE.
Chêne de nos forêts
Donne-nous aujourd’hui
Un peu de ton âme/esprit
Afin de chasser cette lèpre qui envahit notre sol
Ton sol,
Ce terroir d’où tu tires ta vigueur et ta majesté !
Nourris-nous de ton air
Pur et généreux
Et fais-nous rougeoyer de ta force.
Rends-nous ardents, comme le feu qui crépite
Dans la nuit,
Que ton rameau d’or soit avec nous.
Que nos boucliers soient indestructibles
Et que notre âme/esprit ait ta Force.
Ison son bissiet !
Prière de recueillement dans un bosquet sacré. Peut être, bien sûr, modifiée selon l’arbre dominant. Exemple : lorica du hêtre (bagos).
PRIÈRE AU BLANC CERF.
Grand Cerf aux Cornes d’Or,
Coureur des bois hôte des forêts
Maître psychopompe de la Vie et de la Mort,
Guide et transmets nos âmes dans l’autre monde
Dans le vrai monde de lumière
Albiobitos ou Vindobitos.
Accepte nos offrandes !
Roi de la clairière,
Seigneur des chênes des ifs et des bouleaux
Divin hôte de nos halliers
Nous sommes fiers d’être tes enfants
Accorde-nous tes Bienfaits !
Tout comme aux chênes et aux sangliers
Ô Maître psychopompe de la Nature,
Guide tes fils au cœur pur
Vers la clairière qui les attend
Au cœur de la forêt
Accepte les offrandes de leurs mains !
Ison son bissiet !
Prière du druide ou du gutuatre/gutumatre qui invoque Cornunnos, seul dans les bois. Prière du rituel d’ateberta ou d’offrande avec intention spéciale. Prière écologiste avant la lettre.
70
NOTRE PÈRE CELTE.
Toutadis ater
Notre Père
Qui est sur terre
Qui est sous terre
Qui est dans la terre,
À ton image
Donne-nous la santé,
Afin que nous soyons sur Terre
À l’image de nos dieux.
Toutadis ater,
Toi le Premier Homme,
Toi le saumon de la connaissance
Toi le sanglier de la force
Toi le Blanc Cerf
Confident de nos ancêtres
Pense à tes enfants.
Toutadis ater notre Père
Qui est sur terre
Qui est sous terre
Qui est dans la terre,
À ton image
Donne-nous la richesse,
Afin que nous soyons sur Terre
À l’image de nos dieux.
Awen !
Hymne aux dieux Teutates et à Cornunnos à la fois. Utile à tous à tout moment de la journée. Recommandé surtout à ceux qui vivent dans les villes polluées (pour se donner du courage).
71
LAI EN L’HONNEUR DE LA NANTOSUELTA BRIGITTE.
Ô Toi la Mère de toutes les femmes
Déesse des Déesses
Dame de Vie au Souffle parfumé
L’Unique et toutes les femmes
Fedelm Noíchride
Nous t’adorons et nous te rendons Grâce.
Soleil de nos jours et de nos nuits
Lumière entre toutes les lumières
Nous t’adorons et nous te rendons
Ton souffle
Toi l’Unique et toutes les femmes
Fedelm Noíchride Notre Mère
Éternelle Notre Dame et Notre Reine
Grande Dame et Grande Reine
Cœur de nos prêtresses
Nous t’adorons et nous te rendons ta flamme.
O Protectrice de nos enfants
Gardienne de nos vies
Chant de nos espoirs
Nous t’adorons et nous te rendons ton amour.
Harpe du Vent
Sourire du Printemps
Parfum d’Automne
Majesté des Mers
Féconde de tout ce qui EST.
Nous t’adorons et nous te rendons Gloire.
Ô Gardienne de nos âmes
Matrice de tout Esprit
Toi qui es en nous,
Nous qui sommes en Toi.
Ison son bissiet !
Prière à la bélisama Brigitte. Chant d’amour et d’espérance face au soleil, récité en famille lors d’une ateberta (offrande) ou d’une cérémonie (familiale), en cas d’absence de prêtre païen notamment.
PRIÈRE À BELISAMA.
Ô Brillance de la lumière
Douce Beauté
Qui inspire les rêves
Et console les âme/esprits égarées.
Dame très Noble et très Parfaite
Toi qui chantes dans le rire des jeunes
Et qui réchauffe le cœur des anciens.
Étoile du matin
Grande Reine des Celtes,
Devant toi je m’incline,
Verse en mon cœur le Soleil
De ton Divin Sourire,
Rouge de la grande science qui nous illumine,
Qu’il emplisse mon âme/esprit.
Afin qu’elle brûle de Ta flamme Sacrée
Pour mieux Te vénérer,
Verses-en mon cœur
72
Ton calice de Souveraineté.
Ô Bélisama,
Awen !
Prière à la Grande déesse, sous sa forme Bélisama. Prière de recueillement pour les vellèdes et les futurs druides. Recommandée aux adolescents. Salut du matin.
COMMENT PRIER NOTRE DAME À LA LICORNE
Qu’est-ce que prier tout d’abord ? Rappel !
Prier c’est émettre ou concentrer des ondes ou pensées positives ; ayant pour effet d’abord de renforcer le mental de celui qui prie et ayant ensuite vis-à-vis du cosmos un effet papillon, ou de foule dirait Gustave Le Bon, la production d’un égrégore dirait Eliphas Lévi. Ce que d’autres appelleraient la chance ou une coïncidence.
Nous avons vu avec Diogène Laerce que les Grecs traduisaient ce concept druidique par le mot « sebein » et que d’après Fulgence dans son Expositio Sermonorum Antiquorum les Romains ne savaient trop où placer Notre Dame à la Licorne, sur terre ou au ciel.
Sortons-nous de cette difficulté en considérant qu’il doit s’agir dans son cas d’un culte d’hyperdulie, à cette différence près que si les catholiques associent leur sainte vierge à un serpent qu’elle foule au pied ; nous autres Celtes l’associons à une jument.
LA DAME À LA LICORNE.
Uediiu-mi
Viens ô Épona,
Grande Reine des cieux,
Afin de conduire tes enfants dans l’autre monde.
Puisses-tu nous guider et nous protéger
Dans tout ce que nous entreprenons.
Car sans l’aide des dieux rien ne réussit aux hommes
Grâce soit rendue à Épona,
Licorne céleste,
Reine des trois mondes qui accompagne nos âme/esprits
Sur terre de la naissance à la mort
Et qui nous conduit ensuite dans l’au-delà
De la mort.
Awen !
73
LITANIE D’ÉPONA RIGANTONA.
Épona,
Reine du Monde,
Reine Sainte,
Sancta Epona,
Augusta Epona,
Rigena Epona,
Vinda Epona
Fille du grand Stellus et des étoiles
Déesse ou fée des foyers
Matrone Mopatis des petits enfants
Sainte patronne des poulains et des petits chiens
La roue d’argent est ta couronne
Et le soleil est ton enfant !
Ô Épona notre Dame à la Licorne d’or
Aux cornes d’abondance débordantes de fruits,
Tu as présenté ta jeunesse
Pour qu’avant l’Été
Nous puissions goûter ton Printemps
Ta sève et ton parfum.
En offrant ta fleur
Tu nous as donné la feuille et le fruit.
En portant la corbeille
Tu as remis la corne d’abondance.
Tu as rempli jusqu’à ras bord la coupe
Mais en offrant la coupe de souveraineté
Tu as eu la source à jamais jaillissante
Puisqu’en tendant le vase sacré du Graal
Tu y as reçu l’esprit divin,
Puisqu’en offrant le Printemps
Tu as eu l’Éternel,
Puisqu’en donnant la fleur
Tu as reçu le fruit.
Ô Épona reine du Monde,
Notre Dame à la Licorne d’or
Puisque les dieux t’ont voulu à leurs côtés
Pour partager avec toi leur pouvoir
Nous te prenons à la fois comme notre mère
Et comme notre reine.
Nous t’offrons nos cœurs
Sois Reine de notre foi
Éclairée par la raison
Sois reine de notre monde
Sois reine de notre nation et de nos foyers
Reine de notre vie.
Ô triple déesse féérique
Transmets aux dieux
Nos prières et nos sacrifices
Nos joies et nos peines
Et en retour, donne-nous la plénitude de la divinité
Qui œuvrera en nous.
Ô Épona notre Mère à tous, notre Dame à la Licorne d’or
Puisque tu es notre mère
Et par trois fois notre mère
74
Nous avons avec toi le bonheur d’avoir trois mères en une
Nous possédons ta beauté, ta bonté ainsi que ton bien.
Veille sur nos âmes, nos esprits et nos corps
Pour qu’ils soient dignes de recevoir l’Esprit des dieux.
Élargis notre esprit, filial,
Ô Triple mère, Mère bienveillante,
Pour qu’il puisse mieux recevoir et garder la divinité
Libère notre âme encore prisonnière
Comme un enfant à naître.
Et in fine transmets aux dieux notre âme et notre esprit.
Awen !
Prière à la Reine des Cieux, recommandée pour femmes enceintes. En guise de remerciement pour une naissance. Pour la méditation des jeunes filles. Le soir, lors des réunions d’études ou de réflexions.
75
LA PRIÈRE DU MODIMPERATOR.
Le vergobret ou le gutuatre/gutumatre.
Dans le monde, tout est un, et le un est tout en toutes choses.
RÉPONSE TOUS ENSEMBLE.
Parce que DIEU est tout en toutes choses, éternel, infini, incréé, immortel.
Le vergobret ou le gutuatre/gutumatre.
En lui, nous vivons, nous bougeons, nous existons.
RÉPONSE TOUS ENSEMBLE.
Chaque chose est née de lui et retournera en lui pour finir, il est le principe et la fin de toutes choses.
Le vergobret ou le gutuatre/gutumatre.
Chantons la puissance de l’UNIVERS ou BITOS.
RÉPONSE TOUS ENSEMBLE.
Quel qu’il soit, il anime, forme, nourrit, fait croître et procrée toutes choses, il les ensevelit et les reçoit toutes dans son sein, il est le Père unique de toutes choses, tout ce qui naît retourne à lui en périssant.
… Tout ce qui est procréé sous l’empire de la loi de la mort se transforme ; au cours des années qui s’écoulent, les nations ne se reconnaissent plus ; au long des siècles, les races changent complètement de physionomie. Et cependant, l’ensemble de l’UNIVERS ou BITOS reste intact et conserve toutes ses parties, un long espace de temps n’en augmente pas le nombre, la sénilité ne les diminue pas, le mouvement ne les déplace pas, la course ne les fatigue pas. Toujours il restera le même, parce que toujours il fut le même. Tel nos pères le virent, tel nos neveux le verront : c’est DIEU qui ne change pas dans le temps.
Le vergobret ou le gutuatre/gutumatre.
Les parties du Monde sont tout ce qu’il renferme, tout ce qui est contenu par une nature sensible, douée d’une RAISON parfaite, et de l’aiu (de l’éternité) ; car il n’y a rien de plus puissant qui puisse le faire périr ; c’est cette force qu’ils appellent l’Âme du Monde, ou encore ESPRIT, SAGESSE parfaite, et qu’ils nomment DIEU.
C’est, en quelque sorte la PROVIDENCE, du tout qui lui est soumis ; providence qui gouverne surtout les corps célestes et, sur cette terre, tout ce qui intéresse l’Humanité. Parfois, cette force, ils l’appellent NÉCESSITÉ, parce que rien ne peut se faire autrement que selon ce qui a été réglé par elle, parce qu’elle est la continuation immuable et fatale de l’ordre éternel. Parfois, cette force, ils la nomment HASARD, parce qu’elle réalise beaucoup de ces événements imprévus que nous ne pouvions soupçonner en raison de notre ignorance des causes, et de leur obscurité.
RÉPONSE TOUS ENSEMBLE.
Dieu anime l’univers, la terre, la voûte des cieux, l’immensité de la mer ; de lui naît le souffle léger du bétail, des troupeaux, de toutes les bêtes sauvages, des hommes, de tout être venu à la vie. Et toutes ces âmes retournent à lui et se fondent en lui après leur dissolution ; ainsi, elles ne meurent pas, mais elles s’élèvent jusqu’au ciel et s’envolent parmi les astres » (VIRGILE : arrière-petit-fils de druide).
1) Terminologie John Toland.
PRIÈRE À SUQELLOS.
Ô Dagodevos Gargant Suqellos
Toi qui accompagnes toujours
Les derniers pas du défunt
Sur cette Terre
Toi dont la Royauté sacrée
Guide les âme/esprits
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Maître du Droit Chemin
Accorde-moi une bonne mort
Accorde-moi le repos
Que Ton Maillet me soit propice !
Ison son bissiet !
Prière pour une bonne mort. Prière des mourants.
PRIÈRE DU ROI LOEGAIRE.
Mon père ne m’a pas permis
De trahir la foi de son père
Et je veux être enterré
Comme les guerriers en tenue de guerre ;
Parce que les païens
Ont coutume d’être armés dans leurs sépultures
Les armes et le visage tournés vers le soleil levant.
Les âmes sont presque immortelles
Et durent jusqu’au jour d’Erdathe
C’est-à-dire jusqu’à ce que règnent seuls
Le Feu et l’Eau
Que la force soit avec nous
Sunartiu !
PRIÈRE DES ATEGNATI.
Béni soit le Tokade
Père de nos seigneurs les dieux
Avec Taran au-delà du Soleil
Il nous a comblés.
En lui donc il nous a choisis
Avant même la naissance de ce monde
Pour être son peuple
Un peuple sacré irréprochable.
Il nous a d’avance destinés
À devenir pour lui comme des petits fils
Grâce aux dieux ses fils.
Voilà ce qu’il a voulu pour nous
Dans son immense bonté.
Cette souveraineté dont il nous a comblés
En ses fils bien-aimés,
Qui nous ont obtenu par leur sang versé
À la bataille de la Plaine aux menhirs et aux tumulus
La libre possession de la terre.
Et en eux le Graal nous a d’avance destinés
Nous autres druides
À devenir son peuple
Celui qui accomplit sa volonté
Le roi de l’échiquier
A volé de victoire en victoire
Jusqu’aux extrémités de son territoire.
Et cette grâce que le Graal nous a laissée entrevoir
C’est la première avance qu’il nous a faite
Sur l’héritage dont nous prendrons possession
Lorsque reviendra le grand Monarque.
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Ison son bissiet !
LORICA DE NOÏBA BRIGITTE.
Iacceto dagos te
A Brigantia, triatona Brigantia
Tusso areuemontia carron
Argosamas Belisamas
Bardion, gobannion etic leagiion matrona
Sonni maran eulan snebo da.
O Brigindo, triple Brigindo
Toi qui, comme la sœur de Cunocavaros
Conduis le char du Soleil
Patronne des poètes des forgerons et des médecins
Donne-nous la grande science qui nous illumine
Éloigne de nous la légion infernale des duses
Et des faux morts anguipèdes
Ainsi que les autres sous-dieux des glaces de l’enfer.
Ô noïba Brigitte, triple déesse,
Flamme soudaine,
Puisse ton rouge soleil ardent
Nous conduire vers le vrai monde à venir
Celui du Vindobitos.
Ison son bissiet !
Pour les ordres mineurs. Recommandée également contre les cauchemars et les insomnies, pour les malades ou les enfants agités.
PRIÈRE AU SAINT GRAAL.
Sois remercié O Graal
Lumière du Monde à venir
Pour l’infini univers de nous-mêmes
Car aux choses divines
Les choses humaines peuvent être comparées.
Sois remercié O Graal
Symbole et signe
De la souveraineté
Que les dieux font rejaillir
Sur leurs chevaliers serviteurs.
Aujourd’hui je me lève
Par la force de Taran/Toran/Tuireann
Tout commence.
Awen !
Prière de méditation pour une réunion-débat druidique (discussion théologique).
LAI D’ARIANE-RODE.
Ô caresse des Dieux
Diamant de la Nuit
Guide des égarés
Sœur aînée du Soleil
Théophanie de la Grande Déesse
Sourire du Poète
Miroir de l’âme
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Miroir de toutes les renaissances
Rythmant nos nuits et nos jours,
Je te salue
Iaccito te !
À dire les soirs de pleine lune lorsque le ciel est clair. Pour les nuits d’atenoux.
VOLUSPA LA DERNIÈRE PRIÈRE.
Essai de déchristianisation et de dégermanisation des visions de la voyante. D’après la version déchristianisée par nos soins du célèbre poème islandais de l’Edda de Saemund. Édité par F.G. BERGMANN en 1838.
Il existe néanmoins des variantes différentes, avec ou sans certains versets.
L’avant-dernier verset, évoquant par exemple un nouveau maître du monde, est évidemment une interpolation chrétienne faisant allusion à la parousie du Christ. Nous l’avons donc supprimé.
Nous avons eu plus de scrupule à le faire pour le dernier verset, qui n’est pas spécifiquement chrétien, mais comme il n’est pas dans la suite logique de ce qui précède, nous l’avons également supprimé.
NDLR. Les intertitres sont de Pierre de La Crau. Le poème est en vers libre.
DERNIÈRE PRIÈRE ENFIN.
TERRAFORMATION.
Il n’y avait ni mer, ni vagues, ni sable
Il n’y avait ni terre ni ciel au-dessus
Mais un Gouffre béant et de l’herbe nulle part.
Puis Thoran/Tharan/Thuirean et la Fata Morgana ont rehaussé le sol
Ils ont construit la terre du milieu
Le soleil du sud a réchauffé les pierres
Et la terre s’est couverte de verdure.
…………………………
ESCHATOLOGIE.
J’ai vu pour commencer une pièce sombre et sans soleil
Ses portes sont tournées vers le nord :
Des gouttes de venin y dégoulinent des plafonds et des toits,
Des serpents l’enserrent toute entière.
J’y ai vu patauger dans des rivières de boue
Les traîtres et les assassins,
Et ceux qui séduisent la femme d*autrui :
Là les deux dragons qui vivent sous le château
Y suçait le sang des morts
Et un loup y déchiquetait les hommes.
Catullina la femme de Balor assise dans une forêt de fer
Y nourrissait sa portée de loups
L’un d’entre eux à l’aspect monstrueux
Allait bientôt faire disparaître le soleil du ciel.
Il se repaîtra de la chair des cadavres,
Il rougira de sang la demeure des dieux
Le soleil s’obscurcira et en été
Il y aura des cyclones.
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Assis tout près sur une hauteur, et faisant vibrer sa harpe
Il y a le gardien de la sorcière le joyeux Fomor
Non loin de lui, dans la forêt des oiseaux
Chante le beau coq pourpre des Andernas.
Le coq à la crête d’or chante chez les dieux,
Il réveille les héros chez le roi des dieux
Mais un autre coq chante sous terre,
Un coq couleur de rouille dans la demeure d’Andumno
Les chiens d’Annwn hurlent à la mort derrière les portes de l’enfer de glace
Les chaînes vont rompre, le loup va s’échapper.
PROPHÉTIE DE LA MORRIGAN
ET DIALOGUE DES DEUX SAGES.
Les frères vont se combattre entre eux, et devenir fratricides
Les neveux vont souiller leur parenté
La cruauté régnera dans le monde
Ce sera l’âge des haches, l’âge des lances, les boucliers voleront en éclat,
L’âge des tempêtes aussi, avant que le monde ne s’écroule
Personne ne songera un instant à épargner son prochain.
Les esprits des eaux frémissent,
Aux sons éclatants du carnyx :
A sonné l’heure des combats
Les ombres frémissent sur les routes de l’enfer.
L’arbre du monde tremble ce vieil arbre frissonne :
Le loup géant brise ses chaînes :
Thoran/Tharan/Thuirean consulte la source de sagesse
Mais le loup va le tuer.
Le pays des vouivres anguipèdes géantes tout entier gronde
Les dieux tiennent conseil
On entend les esprits qui hantent les montagnes
Hurler derrière les portes de pierre
Le chien-loup hurle devant la grotte dans les rochers
Ses chaînes vont se rompre et le loup va s’élancer.
Le roi des vouivres anguipèdes géantes arrive du nord derrière son bouclier
Le serpent à tête de bélier se tord de rage
Il bat les flots et l’aigle au bec jaune
Déchiquète les cadavres
Le navire des vouivres anguipèdes géantes arrive.
Le navire arrive du nord
Avec l’armée de l’enfer de glace, Balor est à la barre
Les fils du loup naviguent avec lui,
Le frère de Balor est à bord avec eux.
Le maître du feu s’élance du midi la torche à la main
Le soleil resplendit sur les glaives des dieux :
Les montagnes explosent et sombrent dans l’océan
La foule des morts prend son élan, le ciel s’entrouvre.
Grande est l’affliction de la reine
Quand Tharan/Thoran/Thuirean part affronter le Loup
Et que le glorieux meurtrier des Géants s’en va le combattre
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Bientôt le héros chéri de Rigani succombera.
Le défenseur du Mediomagos le frappe violemment
Les hommes fuient leur demeure
Thoran/Tharan/Thuirean recule de neuf pas
Sous les assauts du serpent à tête de bélier qui enserre la terre.
Mais arrive alors pour lutter contre le monstre
Le dieu de la vengeance
Il plonge son épée dans la gueule du serpent à tête de bélier
L’acier atteint son cœur, son père est vengé.
Le soleil commence de s’éteindre, la terre sombre dans l’Océan
L’éclat du soleil disparaît du firmament
L’eau bouillonne autour du feu destructeur
Dont les flammes montent jusqu’au ciel.
……………………
STATÈRE D’OR DES UNELLES LT 6925
Sous une palme couchée, un loup à droite,
Et tournant sa tête en arrière, la gueule ouverte
La queue hérissée pointant vers le haut.
Cherche à mordre une roue à quatre rayons
Accostée à gauche d’un croissant de lune compartimenté.
Sous le loup, un aigle tête levée, ailes ouvertes.
Sur les monnaies d’or des Aulerques Eburovices,
Le loup mord les jambes d’un cheval.
MONNAIE D’ARGENT DES VELIOCASSES BN 7229.
CÔTÉ PILE.
Cavalcade effrénée à travers le morceau de ciel circonscrit dans l’orbe d’une pièce d’argent.
Un cheval galope à droite devant la roue à huit rayons du char de Lug
Son aurige a disparu
Au-dessous de lui un loup court dans la même direction, les oreilles couchées vers l’arrière,
Et attrapant dans sa gueule ouverte un croissant de lune
Un mois entier a disparu
Diwall al loar diouzh ar bleiz
Lune et soleil sont tombés dans la gueule du loup
Les hommes crient et sonnent l’alarme
Ou brandissent leurs épées.
CÔTÉ FACE.
Lug porte un torque d’or et regarde vers la gauche
Un soleil à quinze rayons figure devant son visage
Un nouveau siècle de trente ans commence.
LES VISIONS DE LA VOYANTE
Mais je vois surgir de l’Océan,
Une nouvelle terre qui verdoie
Des cascades y ruissellent, l’aigle plane au-dessus
Et attrape du poisson en dessous.
Les dieux survivants se retrouvent dans la Plaine des splendeurs
Sous l’arbre du monde, ils siègent
Ils rappellent les jugements des anciens dieux,
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Et les antiques mystères de Thoran/Tharan/Thuirean.
Les runes.
Sur l’herbe de la grande prairie se dressent de nouveau
Les merveilleuses tables d’or
Que possédaient les dieux au commencement du monde.
Les champs produiront sans être ensemencés
Le mal disparaîtra, les martyrs reviendront
Pour habiter les enclos de Lug
Et la demeure sacrée des héros ou des anciens dieux.
Alors Hoenir pourra connaître le futur
Et les fils de Thoran et de la Fata Morgana
Habiteront le vaste séjour d’où viennent les vents
Hyperborée disent les Grecs.
Je vois pour finir une pièce plus brillante que le soleil
Et couverte d’or, s’élever dans la montagne
Les Celtes disent dans la plaine de Vindo-Magos
C’est là que vivront les derniers fidèles
Et ils y jouiront d’une félicité presque éternelle.
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ANNEXE Nº 1.
QUE FAIRE EN MATIÈRE DE CULTE QUAND ON SE VEUT VRAIMENT CELTE D’ESPRIT ? (Selon notre confrère Alexei Kondratiev.)
Vie quotidienne du fidèle (habitant non loin d’une source ou d’un arbre sacré, d’un sanctuaire ou d’un temple évidemment) à la fin de l’Antiquité.
Premièrement : le culte des ancêtres. Honorer la mémoire des disparus de sa famille immédiate (Uenia). Culte domestique par excellence et à effectuer à la maison autour d’un autel genre crèche, aedicule, ou kami dana. Voire une simple table ronde en pierre avec quelques santons (statuettes) disposés autour, comme dans les fouilles d’Argentomagus. Si possible dans une cave pouvant faire office de crypte, ou à côté d’une cheminée, ou dans un coin de l’appartement spécialement aménagé à cet effet.
Les Très-sachants de la druidiaction (druidecht) pensent que la Réalité Ultime déborde absolument la forme qui l’évoque, mais pour de nombreux autres fidèles le simulacrum ou l’arcana (la statue ou l’image en sanscrit) participe effectivement d’une certaine façon à la divinité.
La vénération des simulacra ou arcana relève autant du culte privé que du culte public ; les rites ayant pour objet les simulacra ou arcana domestiques se pratiquent dans chaque demeure. Le maître de maison en est l’officiant ordinaire ; néanmoins, en son absence, un autre membre de la famille peut le suppléer. Tous ces rites s’accompagnent de prières. Pour le Celte de cœur ou d’esprit, le simulacrum ou arcana (l’image divine) est plus qu’une simple représentation.
Deuxièmement : les dieux patrons de sa profession (cerda). Les chrétiens ont repris l’idée en trouvant des saints patrons à tout. Le culte peut être célébré au sein de la famille, mais aussi au sein de la corporation ou de l’entreprise. Qu’ils soient célébrés journellement ou périodiquement au sein d’une entreprise est aujourd’hui aussi difficile que de faire ses cinq prières journalières à l’usine quand on est musulman. On appelle celicna (singulier celicnon) les salles en étage, réservées à de tels usages. Pour y honorer le dieu tutélaire de la profession par exemple.
Les tables des celicna doivent être rondes.
Troisièmement : l’esprit, le génie, ou l’âme/esprit, de son peuple. Il s’agit d’honorer cette entité vitale, mais en liaison avec les divinités panceltiques assumant cette fonction (déesse de la victoire en cas d’agression par un ennemi plus fort que soi par exemple).
Quatrièmement : les forces de la nature, eaux, arbres. Une terre est maintenue en vie par les dieux ou les déesses de la fertilité, de l’abondance… Quel que soit le peuple la nation ou la tribu qui vit à cet endroit. On doit donc associer dans un même hommage…
Et la déesse personnifiant la fertilité, l’abondance, ainsi que la prospérité de sa région, en général de l’eau (par exemple, la rivière qui la traverse).
Et les divinités panceltiques (voir panth-éon).
Les sacrifices de commensalité avec les dieux, sanglants (c’est-à-dire impliquant de manger un animal quelconque, rituellement mis à mort avec le concours de divers officiants types vate ou autre ; comme lors de la fête de l’Aïd-el-Kébir dans l’islam) et les grands rituels druidiques publics ; ont évidemment disparu peu à peu avec la romanisation et la christianisation des esprits. Diverses formes d’hommage au divin (des rites plus simples : hymnes, ou cérémonies à l’intérieur d’un temple, d’un fanum voire d’un celicnon…) ont remplacé les rituels plus compliqués devant se dérouler en plein air ; par exemple, les sacrifices sanglants exécutés à l’intérieur ou à l’extérieur des grands sanctuaires de type belge, et notamment ceux de bovidés entièrement consacrés aux divinités (souterraines).
Des rites effectués par le petit peuple cette fois-ci ; les notables et les riches Britto-Romains ou Gallo-Romains ayant préféré trahir et flatter les autorités en adoptant les usages de leurs occupants (tout le monde n’a pas la trempe d’un Mariccus ou d’un Calgacus).
Après s’être rendu dans son lieu de culte habituel le matin avant de commencer sa journée ; le druidisant brûle (un peu à l’instar des Parsis d’ailleurs) quelques perles d’ambre jaune ; ou allume un cierge fiché dans un dodécaèdre de bronze à l’entrée de la cella du temple ; où trône, à côté de l’autel, sur un piédestal ou accroché à un poteau, voire un pilier de pierre, le simulacrum ou les simulacres (arcana en sanscrit ou statue) des dieux ou des déesses ; et lui apporte des graines : de
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l’orge, du blé, destinées à être brûlées, elles aussi, comme de l’encens. Du pain, des fruits, des pommes, des noix ou des noisettes, du miel [si l’on en croit saint Patrice en effet, on faisait en Irlande, avant lui, des offrandes de miel, dont on consacrait une partie, et dont on consommait le reste ?] de la cire d’abeille, du beurre salé, des galettes, de petites pièces de tissus, etc., etc. Le tout, soit déposé au pied de l’autel ou dessus, soit jeté dans un puits à sacrifices, suivant les us et coutumes locaux. Les jours de fête, il apporte également ainsi que le signale Arrien en l’honneur de la déesse de la chasse, quelques piécettes de menue monnaie, en les glissant dans un tronc aménagé à cet effet dans le temple ou en les jetant dans un point d’eau en ce lieu.
En ce qui concerne les fontaines, les sources, les lacs, ou les puits sacrés, les atebertas sont aussi en effet le plus souvent des pièces de monnaie ; mais aussi diverses représentations de parties du corps humain (bratou decantem anatomiques comme aux sources de la Seine ou à Chamalières en France). En ce qui concerne les arbres sacrés, il s’agit de petits morceaux de tissu que l’on accroche aux branches.
On signale aussi l’usage de petites amphores de vin, symbolisant du sang, que l’on abandonne en l’état ou dont on verse le contenu en un lieu approprié (le puis à sacrifice ?) après les avoir débouchées ou en avoir brisé rituellement le col. Peut-être par un geste analogue à celui qui consiste à « sabrer » une bouteille de champagne, de nos jours.
C’est le fameux « dadami se dehi me » sanscrit : je te donne afin que tu donnes (la divinité ensuite est en quelque sorte obligée de rendre la pareille), formule grossièrement traduite par les Latins avec leur « do ut des ».
En bref, ce que l’on appelle pouja ou puja dans l’hindouisme.
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ANNEXE N° 2.
IMACALLAM IN DA THUARAD. Paragraphes 195 à 310.
J’ai, à la vérité, de terribles nouvelles. Les temps seront mauvais ; les chefs seront nombreux, les honneurs peu nombreux ; les vivants anéantiront leurs bons jugements.
Le bétail sera stérile ; les hommes rejetteront la modestie ; les hommes seront méchants ; les bons rois seront peu nombreux ; les usurpateurs seront nombreux ; les disgrâces seront légion ; chaque homme sera mutilé ; les chars se briseront dans leurs courses ; les ennemis consumeront la plaine ; la vérité ne garantira plus l’excellence.
Tout art sera de la bouffonnerie ; tout mensonge sera préféré. Chacun sortira de sa place, avec orgueil et arrogance, si bien qu’on n’honorera plus ni rang, ni âge, ni dignité, ni art, ni instruction. Tout homme intelligent sera brisé ; tout ce qui est noble sera méprisé, tout ce qui est servile sera élevé. Les bons princes tomberont devant les usurpateurs à cause de la trahison des clercs et de l’usurpation des hommes aux lances noires. La loi sera bafouée ; les offrandes seront profanées ; l’avarice videra les réserves ; le refus de toute hospitalité détruira les fleurs ; de mauvaises décisions feront pourrir les fruits, le chemin (des havres de paix hospitaliers en hiver) disparaîtra devant tout un chacun. Les chiens dévoreront les cadavres… si bien que chacun blessera autrui par sa noirceur, son avarice et sa ladrerie.
Lors de cette fin du monde, pauvreté, avarice et lésine arriveront de toute part. Il y aura beaucoup de querelles parmi les artistes ; tout le monde se paiera un histrion pour faire des satires à son profit ; chacun imposera ses lois aux autres. La trahison sera sur chaque colline, si bien que ni lit ni serment ne protégeront ; chacun meurtrira son voisin, les frères trahiront leur frère ; chacun blessera son compagnon, si bien qu’il n’y aura plus ni vérité, ni honneur, ni âme. Les avares pulluleront ; les usurpateurs se satiriseront mutuellement par des flots de bassesses ; toutes les dignités seront renversées ; les sages seront méprisés ; la musique tournera en grossièreté ; la sagesse tournera en mauvais jugements ; le mal passera par la pointe des mitres (des évêques ?????) ; tout amour deviendra adultère. Un grand orgueil et maints caprices apparaîtront chez les fils de vilains et de vauriens. Avarice, refus d’hospitalité ainsi que pénurie régneront. Un grand art dans la broderie surviendra chez les fous et les prostituées. Les vêtements seront sans couleur.
De mauvais champions se lèveront chez les rois et les seigneurs ; l’ingratitude et la méchanceté s’installeront dans tous les esprits, si bien que ni roi ni seigneur n’entendront plus les prières de leurs peuples ni leurs jugements ; que les erenaghs (intendants) n’écouteront plus les gens ni leur communauté, et que les jeunes ne se lèveront plus devant leurs professeurs.
Chacun transformera son art en mauvais enseignement et en fausse intelligence, si bien que le plus jeune trouvera normal de rester assis pendant que son aîné sera debout à côté de lui ; qu’un fermier n’aura plus de honte à manger après avoir refusé de donner hospitalité à un artiste qui aura vendu son honneur et son âme pour un manteau et de la nourriture ; l’envie remplira chaque homme ; l’homme fier vendra son honneur et son âme pour le prix d’un scrupule (deux grammes d’argent). La modestie sera rejetée ; le peuple sera bafoué ; les lettres seront oubliées ; les poètes ne seront plus publiés. La justice sera abolie et de faux jugements apparaîtront chez les usurpateurs qui régneront sur ce monde ; les fruits seront brûlés à peine éclos par une foule de gens de rien ; les routes s’étendront dans la montagne. Chaque montagne deviendra une plaine ; chaque plaine deviendra une jungle. Chacun deviendra esclave lui et toute sa famille. Après cela il viendra de nombreuses et cruelles maladies, des tempêtes subites et effroyables, des éclairs et des arbres en pleurs foudroyés. L’hiver aura des feuilles ; l’été sera sombre ; l’automne sera sans moisson ; le printemps sans fleur. Des maladies s’abattront sur les troupeaux. Bétail perdu sans profit, cachettes sans trésor, grands biens sans homme pour en profiter ; disparition des vrais champions, manque de blé, parjures et jugements manquants de sérénité. Une épidémie mortelle de trois jours et de deux nuits pour les deux tiers des hommes ; un tiers de ces plaies sur les animaux des mers et des bois. Après cela viendront sept années de lamentation. Les fleurs périront ; on pleurera dans chaque foyer ; les hommes serviront d’autres hommes, il y aura des combats autour de Cnamchaill ; la roue ramante se mettra en mouvement. Les filles enfanteront pour leurs pères, des batailles seront livrées en des lieux connus, la désolation s’étendra dans les prairies entourant les hauteurs. La mer envahira les terres et submergera les îles de la Terre Promise. Le pays deviendra désert sept ans avant Erdathe, on déplorera des massacres. Après dans chaque pays viendront des signes, partout des monstres seront
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engendrés ; les lacs se retourneront contre les fleuves ; le crottin aura la couleur de l’or ; l’eau pure aura le goût du vin ; les montagnes deviendront des plaines ; les tourbières deviendront des champs couverts de fleurs. Des essaims d’abeilles brûleront dans les montagnes ; la marée ne sera plus à l’heure et désertera nos plages. Oui, ce sera là en vérité sept bien sombres années que ces années-là, les lumières du ciel s’éteindront, lors de cette fin du monde, elles tomberont, elles aussi, avec notre Erdathe, Ce sera l’erdathe, ô mon fils. Grandes nouvelles, mais des nouvelles effrayantes, un mauvais temps » (Ferchertne. Primat des druides d’Ulster. Imacallam in da thuarad).
N.D.L.R.
La roue ramante ou reta ramaca est un objet ou instrument souvent cité dans les légendes irlandaises en relation avec Tlachtga la fille du druide Mog Ruith. Le rôle infâme que les chrétiens lui font jouer dans la mort de saint Jean-Baptiste montre qu’il s’agissait là d’un élément important du druidisme médiéval irlandais. Un symbole solaire ? Une roue de char ? Cette roue est également associée au jugement dernier et à l’antéchrist par les chrétiens. Difficile d’en dire plus sans courir le risque de se tromper.
Malgré sa christianisation évidente, ce texte reste un précieux témoignage témoignant de l’éthique et des valeurs des très-sachants de la druidiaction (druidecht). La notion d’Erdathe, incluse à la fin n’est pas nécessairement chrétienne. De toute façon, tout le reste est révélateur de conceptions préchrétiennes manifestes ; et même s’il est difficile de comprendre chacun des lais composant ce long poème ; il en ressort l’impression d’un gigantesque conflit opposant toutes sortes de valeurs opposées voir même des ennemis en chair et en os. On y retrouve en effet au tout début (dans la partie qui précède) une allusion aux trois dieux de Danu (bia), mais aussi à Lug, à Noadatus/Nuada/Llud, à Mabon/Maponos/Oengus ; ainsi qu’à la Dame Blanche appelée Damona Vinda sur le continent ou Bo Vinda en Irlande.
Ainsi que nous le rappelle avec pertinence Christian-Joseph Guyonvarc’h dans son livre consacré à ce sujet : « Un jour régneront seuls le feu et l’eau » (Strabon IV, 4). Ensuite tout recommencera, et de ce feu ainsi que de cette eau, resurgiront un monde nouveau et une terre nouvelle, encore plus bleue et plus verte que la précédente. Du moins pouvons-nous l’espérer à l’instar des rédacteurs du Ragnarök germanique.
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ANNEXE Nº 3.
CONSEILS DE VINDOBARROS 1) AUX FÉNIANES.
RECHT AICNID
L’univers qui nous entoure est un éternel chaos en équilibre instable, et par cela immensément divin.
Ce chaos induit un mouvement incessant, et de ce mouvement naissent les forces de la nature,
Auxquelles nous sommes redevables, car de celles-ci dépendent notre vie et notre mort.
L’univers ou bitos procrée sans cesse et ne possède pas de limites, il dure une éternité.
Croyez en une vie harmonieuse, en liaison avec les forces naturelles,
Dont l’homme est témoin, mais aussi responsable.
L’éthique est le respect des lois de la nature que personne ne peut détruire.
Les forces naturelles qui ont régné, règnent et régneront, seront alors pour vous.
La foi, c’est l’instinct. La raison, le combat, l’honneur, et le savoir ; contribuent à son épanouissement.
Louez chaque force irrésistible et le divin sera en vous.
L’homme n’a aucune influence sur le dessein des dieux, lesquels sont tout puissants.
Les dieux donnent des signes prévisibles.
Le mal et la souffrance sont inéluctables et c’est par ces actes forts qu’ils te font savoir que tu es comme l’un d’entre eux.
La mort constitue la condition indispensable de l’évolution.
La vie est un mouvement vers la perfection et donc un combat.
La lutte porte instinctivement chaque être humain vers elle et lui donne de la force.
Nos erreurs ne sont effacées que par nos actions.
Travaille sur toi, entraîne ton corps, trempe ton esprit, car tes capacités sont infinies.
Cherche le savoir, conduis-toi également avec honneur et tu seras un homme mon fils, tu plairas ainsi à ton Dieu.
Honore la raison et la foi, la droiture et le sens des responsabilités, le courage et la fidélité, la volonté ainsi que le savoir-faire.
Combats l’ignorance, l’incohérence, la fourberie, la soumission, la perfidie, ainsi que la peur, la maladie et la passivité… qui sont en toi.
Ta communauté est ton unique raison d’être. Ne la laisse jamais ni se détruire ni s’affaiblir.
Défends celle-ci tout comme la patrie où elle vit.
Elles ne dépendent pas de l’adoration des dieux, mais de toi et ta famille.
Bien et liberté se ramènent toujours à ce qui rend service à ta communauté, à ta famille et à la patrie où vous vivez.
Le mal, c’est ce qui est mauvais pour ta communauté, ta famille et la terre où vous habitez.
Qui ne peut comprendre cela ne saurait te gouverner toi, ta famille, et la patrie où vous vivez.
Il y a plus de vraie noblesse à être un producteur ayant les mains sales qu’à profiter de l’exploitation d’autrui.
Il y a plus de vraie noblesse chez un agriculteur, un marin-pêcheur, ou un bon ouvrier ; que chez un cadre ou un président directeur général de grande multinationale, qui n’a que l’argent comme but dans l’existence.
Il n’y a pire tyrannie que la tyrannie locale.
Ne laisse jamais ta communauté, ta famille, et la patrie où vous vivez ; devenir la proie d’un tyran ou d’un parasite étranger ! Fais corps avec eux.
Apprécie ta liberté, celle de ta famille ainsi que celle de patrie où vous demeurez.
Combats pour elle comme tu peux et là où tu peux.
Ne tue pas ton prochain sans raison, ne le trahis pas, ne le vole pas.
Ne cherche pas de querelles à tes voisins, sois bon avec eux.
Honore tes ancêtres, car tu leur es redevable de ta vie.
Respecte donc la culture et la langue de tes aïeux, c’est un devoir sacré envers eux.
La famille te donne l’immortalité, elle assure ta descendance.
Voici quels sont tes droits naturels (recht aicnid) ils ne sont ni bons ni mauvais, ils sont comme la nature elle-même.
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1) Actuel dieu souverain du panth-éon ou plérôme celtique pour nos frères irlandais.
POSTFACE À LA JOHN TOLAND.
Les pseudodruides à la filiation initiatique mirobolante (la fameuse et inénarrable tradition primordiale) s’étant multipliés depuis quelque temps ; il nous a paru nécessaire de mettre à la disposition de tout un chacun ces quelques notes, hâtivement rédigées un soir de novembre, afin de donner à nos lecteurs envie d’en savoir plus sur le vrai druidisme. Ce travail se veut honnête, mais en aucune façon neutre. Il s’est donné pour objectif de défendre ou de réhabiliter la cluto (renommée) de cette antique religion.
Rien ne remplace la méditation personnelle y compris sur les lais obscurs ou incompréhensibles parsemant ces livres et qui ont été insérés à dessein afin de vous obliger à réfléchir pour trouver votre propre voie. Ces livres ne sont pas des dogmes à suivre aveuglément et à la lettre. Ainsi que vous le savez sans doute, il faut se méfier comme de la peste de la lettre. La lettre tue, seul l’esprit vivifie. Rien ne remplace non plus l’expérience personnelle et c’est en cheminant que l’on trouve le chemin. Ne comptez donc que sur vos propres forces pour cette quête du Graal. Ce qui compte c’est l’attitude à adopter dans la vie et non les détails du dogme. Le druidisme a moins d’importance que la druidiaction. (Jean-Pierre Martin).
Ces quelques feuillets griffonnés à la va-vite ne sont néanmoins en aucune façon LES LIVRES À LIRE SUR LE SUJET, ils n’en sont qu’un pâle reflet. La seule bibliothèque druidique digne de ce nom n’est pas en effet composée de seulement 12 (ou 27) livres, mais de plusieurs centaines.
Les quelques opuscules constituant cette mini-bibliothèque ne constituent pas un approfondissement et ne sont que quelques manuels destinés aux écoliers du druidisme. Ces résumés simplifiés destinés aux cours primaires de druidisme seront remplacés par des cours d’un niveau quelque peu supérieur, pour ceux qui voudront vraiment l’étudier de façon plus pertinente.
Cette petite bibliothèque est par conséquent un premier essai d’adaptation (destinée aux jeunes adultes) des diverses réflexions sur le savoir et la vérité druidiques, auxquelles ont abouti les premiers résultats de la nouvelle laïcité positive et ouverte, mondiale, en train de s’instaurer.
À la différence du judaïsme, du christianisme, et de l’islam, qui fourmillent littéralement, à propos de l’Être supérieur, d’anthropomorphismes puérils pris au pied de la lettre (fondamentalisme) ; notre druidisme, lui, n’en utilisera que très peu, et s’en tiendra, en ce domaine, au minimum absolu.
Mais pour parler de Dieu-ou-Diable nous allons bien être obligés, nous aussi, d’utiliser un langage, et donc un certain nombre de ces anthropomorphismes. Ou alors il faudrait totalement renoncer à en discuter.
Ce premier rayon de notre future bibliothèque consacrée au sujet a pour objet de montrer avec précision l’harmonieuse authenticité de la volonté et du savoir néo-druidiques. De montrer à quel point ses grandes thèses actuelles ont des racines anciennes, car la Mythologie, c’est notre Bible à nous. Les adaptations de ce bref exposé, exigées par les différences de culture, d’âge, de maturité spirituelle, de situation sociale, etc. seront à faire par les druides concernés (les vellèdes et les autres ?)
À noter cependant. Important ! Ce que ces quelques notes, hâtivement jetées sur le papier au cours d’une trop courte vie, ne sont pas (en vrac).
Une révélation divine. Une loi (toujours aussi divine). Une loi (profane ou laïque). Une loi (scientifique). Un dogme. Un Ordre ? Ce que je cherche surtout à faire partager c’est un état d’esprit, rien de plus. Ainsi que l’a très bien dit un jour notre vieux maître :
« NOTRE CIVILISATION N’A PAS LE CHOIX : CE SERA LE CELTISME OU CE SERA LA MORT » (P. Lance).
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Ce que ces quelques notes, hâtivement jetées sur le papier au cours d’une trop courte vie, sont. Du rêve. Une aventure. Un voyage. Une évasion. Un cri de révolte contre la laideur morale et matérielle de cette société.
Une tentative d’atteindre à l’universel en partant du particulier. Un défi. Un obstacle fécond à surmonter. Une incitation à la réflexion. Un guide pour l’action. Une carte. Un plan. Une boussole. Une étoile polaire ou l’étoile du berger là-haut dans la montagne. Un feu la nuit dans une clairière ?
Ce que le rassembleur de ce noyau de bibliothèque, Pierre de La Crau, n’est pas.
— Un dieu.
— Un demi-dieu.
— Un quart de dieu.
— Un petit saint.
— Un philosophe (reconnu, officiel, et breveté ou patenté, comme ceux qui passent à la télévision. Sauf évidemment à prendre le terme en son sens originel, qui est celui d’amateur de sagesse et de savoir).
Ce qu’il est : un homme, et rien de ce qui est humain ne lui est donc étranger. Pierre de la Crau n’a aucun pouvoir surhumain ou exceptionnel. Rien de ce qu’il a dit écrit ou fait ne saurait avoir de valeur intemporelle. Tout au plus espère-t-il que son extrême lucidité à propos de notre société et de son idéologie dominante (voir ses philosophes officiels, ses journalistes, ses masses médias et le politiquement correct des bien-pensants) ; ainsi que son non-conformisme, et son franc-parler, alliés à un solide esprit de contradiction (qui lui ont d’ailleurs valu pas mal de déboires ou d’avanies) ; pourront être utiles.
La présente petite bibliothèque pour débutant « contient la dose d’humanité exigée par l’état actuel de la civilisation » (Henri Lizeray). Elle n’est d’ailleurs qu’un rassemblement de matériau attendant l’architecte ou le maçon ? ad hoc.
Prochainement paraîtra toute une série de fascicules approfondissant ces éléments de base. Cette présentation différente du savoir druidique préservera néanmoins l’unité et la profonde harmonie entre ces divers exposés d’une seule et même philosophie.
Cas des traductions dans une langue étrangère (espagnol, allemand, italien, polonais, etc.)
Les fautes d’orthographe de grammaire de style, ainsi que l’écriture des noms propres, pourront être corrigées. Toute autre amélioration du texte pourra également être apportée si nécessaire (par ajout suppression ou modification, de détails) ; Pierre de La Crau ayant toujours regretté de ne pouvoir atteindre à la perfection en ce domaine. Mais à condition de n’altérer ni trahir en rien la pensée de l’auteur de cette compilation raisonnée. Toute illustration sans légende peut être changée. De nouvelles illustrations peuvent être apportées. Mais les illustrations ayant une légende ne devront être qu’améliorées (par substitution d’une bonne photo à un mauvais croquis par exemple ?)
Il va de soi que le coordonnateur de cette rapide et sommaire compilation raisonnée, Pierre de La Crau, ne prétend nullement avoir inventé (ou découvert) lui-même, tout ceci ; qu’il ne prétend en aucune façon que ceci est le fruit de ses recherches personnelles (sur le terrain ou en bibliothèque). Ce qui suit est en effet essentiellement issu des excellents ouvrages ou sites internet référencés en bibliographie et dont la consultation directe est fortement recommandée. Nous n’insisterons jamais assez sur notre volonté de ne pas être les hommes d’un livre (du Livre), mais d’au moins douze, comme les Fénianes d’Irlande, pour d’évidentes raisons d’ouverture d’esprit, la vérité étant notre seule religion.
Encore une fois, répétons-le ; le coordonnateur de la mise par écrit de ces quelques notes hâtivement jetées sur le papier ne prétend nullement avoir passé sa vie dans la poussière des bibliothèques ; ou sur le terrain, dans la boue des fouilles archéologiques de sauvetage ; afin d’exhumer des témoignages inédits sur le passé de l’Irlande (ou du Pays de Galles ou des Indes ou de la Chine ?)
PIERRE DE LA CRAU NE SE VEUT DONC EN AUCUNE FAÇON L’AUTEUR DES TEXTES QUI PRÉCÈDENT.
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IL N’ESSAIE NULLEMENT DE S’EN ATTRIBUER LES MÉRITES. Il n’en est que l’éditeur ou le compilateur. Il s’agit pour la plupart de documents diffusés sur internet à quelques exceptions près. IL EN REVENDIQUE PAR CONTRE TOUS LES DÉFAUTS ET TOUTES LES INSUFFISANCES. Pierre de La Crau ne revendique qu’une chose, les fautes erreurs ou imperfections diverses de ce livre. Lui seul est à blâmer dans ce cas. Mais il fait confiance à ses contemporains (la nature humaine étant ce qu’elle est) pour les lui signaler avec vigueur.
Note retrouvée par les héritiers de Pierre de La Crau et insérée par eux à cet endroit.
J’avoue tout de suite afin de faciliter le travail de mes juges que les hommes comme moi étaient chrétiens à Rome sous Néron, païens à Jérusalem, sorciers à Salem, hérétiques anglais, catholiques irlandais, et aujourd’hui racistes, sexistes, homophobes, islamophobes, en attendant d’être demain koufar ou de nouveau chrétien l’antéchrist le plus bestial de toutes les apocalypses, etc. Bref ainsi qu’on l’aura compris je suis pour le néant la mort la maladie la souffrance……
Par respect pour l’Humanité, afin de gagner du temps, et ne pas lui en faire perdre, je vais faciliter le travail de ceux qui tiennent absolument à être du bon côté de la barrière en combattant (héroïquement bien sûr) afin de sauver le monde de mes griffes (mes idées ou mes penchants, mes tendances).
À ces courageux et implacables détracteurs, dont la profondeur de réflexion digne d’un marquis de Vauvenargues n’a d’égale que l’ampleur de la culture générale, digne d’un Pic de la Mirandole, je dis…
Prenez une feuille de papier, de traitement de texte si vous préférez, mettez-y par ordre d’importance les 20 caractéristiques qui vous semblent les plus graves, les plus odieuses, les plus haïssables, dans l’histoire de l’Humanité, depuis les hommes préhistoriques et Nabuchodonosor, selon vous… ET DITES-VOUS BIEN QUE JE SUIS TOUT LE CONTRAIRE DE VOUS, CAR JE LES AI TOUTES !
On a toujours besoin de boucs émissaires ! Hérétique au Moyen âge, sorcière à Salem au 17siècle, raciste au 20e siècle, lézard extraterrestre au 21e, je suis l’homme que vous aimerez haïr pour vous sentir supérieur.
Je suis au choix et dans l’ordre d’importance que vous voulez : athée, sataniste, stupide, mongolien, raciste, bestial, homosexuel, pervers, communiste, nazi, menteur pathologique, voleur, suffisant, psychopathe, un monstre d’orgueil faussement modeste, et que sais-je encore, à vous de voir.
Voilà, je ne peux pas faire mieux (pour vous aider à sauver le monde).
[À la différence de mes contempteurs qui sont tous des gens bien, c’est-à-dire jeunes ou modernes et dynamiques, courageux, positifs, gentils, intelligents, instruits, ou du moins qui savent ; faisant preuve de beaucoup de recul dans leur méditation en profondeur sur les tendances lourdes de l’Histoire ; et sur le plan moral ou éthique : généreux, altruistes, mais pauvres évidemment, car donnant tout aux autres ; en outre profondément respectueux de la volonté de Dieu et de la Constitution…
Moi je suis un vieux réactionnaire ankylosé, conformiste, déconnecté de son temps, parano, schizophrène, incohérent, capricieux, jamais content, méchant, bête, n’ayant fait aucune étude ou du moins ignorant tout sur le sujet en question ; coutumier des jugements à l’emporte-pièce fondés sur des préjugés dénués de toute réflexion ; égoïste et riche ; suppôt de Satan et nazo-bolchevick ou stalino-hitlérien de nature. On disait hitléro-trotskiste quand j’étais jeune. En bref un criminel psychopathe dès le petit-déjeuner… ce qui me permet donc de penser ce que je veux, mes critiques aussi d’ailleurs, et d’essayer de le faire savoir à la cantonade].
Signé : le coordonnateur des travaux, Pierre de la Crau dit Hésunertus, chercheur en druidisme. Un homme à qui rien de ce qui est humain ne fut étranger. Chômeur, facteur, divorcé, sans domicile fixe, vagabond, contribuable, justiciable, électeur cocufié ? Un des huit milliards d’êtres humains ayant transité sur ce vaisseau spatial donc. Né sur la planète Terre le 13 janvier 1952.
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LITANIE DES PRIÈRES.
Avertissement au lecteur : l’ordre des poèmes a été déterminé par les héritiers de Pierre de La Crau. En fait ces textes étaient « en vrac ».
Lettre ouverte aux très-sachants d’aujourd’hui
Étude d’un cas typique : le chant pour une longue vie.
Les loricae
Le cri du cerf
La cambita
L’oraison de Noïbo Brendan
Le chant du trèfle
Litanie de la sainte triade
La lorica de la création
La lorica de Leyde
Prière de noïbo Columcille reconstituée
Autre lorica de Columcille
L’Altus prosator
Prière à la déesse Nerthus
Prière de Saint-Gall
Prière de Noïbo Fursa reconstituée
Prière au soleil
Les puissances invoquées
RÉFLEXIONS GÉNÉRALES SUR CE TYPE DE PRIÈRE
— Comment prier
— invocation
— le point de vue du néo-druide Allan Kardec
— offrandes
— le sceau du druidisant
— révélation.
ARRIANISME
QUELQUES POÈMES CELTES VALABLES POUR TOUS.
Poème anonyme
Le labarum
La prière du sage
La prière des deux sages
Variante 1 du cantelon
Variante 2 du cantelon
Le cantelon de Suqellos
Le cantelon de Jean Scot Érigène
Prière de la cuirasse
Bardit du gutuatre
Bardit de Mariccos
Bardit contre (l’Église de) Rome
Bardit des résistants
Bardit de Mona
Ode au retour de Noadatus
Prière à Toutatis
Remembrance
Généalogie de Noïba Brigitte
Ode à Bélisama
Reicne Fothaid Canainne (anonyme gaélique)
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La Grande Ourse
La torche
La prière celtibère
Prière au tokad
Prière au labarum du Destin
Lai en l’honneur de Belin/Belen
Prière à Taran/Toran/Tuireann
La prière de Caletios
Prière à Notre Dame des Celtes
Prière des Dexivates
Prière à Rosemartha
Prière aux ancêtres
Prière à la Matrona Cantismerta
Hymne à Toutadis Ater
Ode à la Sainte-Poly-unité
Prière à tous les dieux
Prière au Hésus Cuchulainn
Prière d’Ésus
Le combat des arbrisseaux
Prière du chêne
Prière au Blanc-Cerf
Notre-Père celte
Lai en l’honneur de la Nantosuelta Brigitte
Prière à la Bélisama
COMMENT PRIER NOTRE DAME À LA LICORNE
La Dame à la Licorne
Litanie d’Epona Rigantona
La prière du modimpérator
Prière à Suqellos
Prière du roi Loegaire
Prière des ategnati
Lorica de Noïba Brigitte
Prière au Saint-Graal
Lai d’Ariane-Rode
Voluspa la dernière prière
ANNEXE N° 1 : Que faire en matière de culte quand on se veut vraiment d’esprit celte.
ANNEXE N°2 : Imacallam in da thuarad
ANNEXE N°3 : Recht Aicnid (conseils).
Postface à la John Toland.
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DU MÊME AUTEUR.
1. Citations des auteurs antiques parlant des Celtes ou des druides.
2. Généralités liminaires diverses sur les Celtes.
3. Histoire du pacte avec les dieux tome 1.
4. La Bible du druidisme : histoire du pacte avec les dieux tome 2.
5. Histoire du pacte avec les dieux tome 3.
6. Histoire de la paix avec les dieux tome 4.
7. Histoire de la paix avec les dieux tome 5.
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8. Des Fénianes aux Culdées ou « La Grande science qui illumine » tome 1.
9. Textes apocryphes irlandais.
10. Des Fénianes aux Culdées ou « La Grande science qui illumine » tome 2.
11. Des Fénianes aux Culdées ou « La Grande Science qui illumine » tome 3.
12. Les cent voies du paganisme. Science et philosophie tome 1 (mythologie druidique).
13. Les cent chemins du paganisme. Science et philosophie tome 2 (mythologie druidique).
14. Les cent chemins du paganisme. Science et philosophie tome 3 (mythologie druidique).
15. Le grand Camminus : éléments de théologie druidique tome 1.
16. Le grand catéchisme : éléments de théologie druidique tome 2.
17. Le plérôme druidique : anges djinns ou démons tome 1.
18. Le plérôme druidique : anges djinns ou démons tome 2.
19. Mystagogie ou théâtre sacré des Celtes antiques.
20. Poèmes celtes.
21. Le génie du paganisme celte tome 1.
22. Le complexe de Roland.
23. Au pied de la lanterne des morts.
24. Les secrets du vieux druide de la forêt ménapienne.
25. Le génie du paganisme celte tome 2 (liberté réciprocité simplicité).
26. Rhétorique : la trahison des clercs).
27. Petit dictionnaire de théologie druidique tome 1.
28. Des philosophes antiques au druide irlandais.
29. Judaïsme christianisme et islam : première partie.
30. Judaïsme christianisme et islam : deuxième partie tome 1.
31. Judaïsme christianisme et islam : deuxième partie tome2.
32. Judaïsme christianisme et islam : deuxième partie tome 3.
33. Troisième partie tome 1 : Qu’est-ce que l’Islam ? Bref historique de l’ensemble COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD.
34. Troisième partie tome 2 : Qu’est-ce que l’Islam ? Premières approches de l’ensemble COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD.
35. Troisième partie tome 3 : Qu’est-ce que l’Islam ? Les 5 vrais piliers de l’ensemble COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD.
36. Troisième partie tome 4 : Qu’est-ce que l’Islam ? Coups de sonde dans l’ensemble COR. HAD. SIR. et CHAR. FIQ. MAD.
37. Couiro anmenion ou Petit dictionnaire de théologie druidique tome 2.
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