Peu de choses en effet sont vraiment nécessaires, celles sans lesquelles on ne peut vivre, et même une seule, c’est-à-dire, au sens littéral, la nourriture.V. QU’IL FAUT VAINCRE LA VANITÉ.
Que de grands mots ne sortent pas de la bouche du futur moine-soldat pour que ne faiblisse pas son ardeur au travail.
VI. DE LA PURETÉ.
À quoi sert d’être pur de corps, si on ne l’est pas dans son cœur ?
VII. DE L’OFFICE.
II existe des gens qui maintiennent le même nombre de douze récitations, que les nuits soient courtes ou brèves, mais qui s’en acquittent quatre fois au cours de la nuit ; au début de la nuit, à minuit, au chant du coq et au matin. Cet office paraît petit à certains en hiver, mais l’été on le trouve onéreux et lourd à porter, car il provoque moins la lassitude qu’une fatigue écrasante due à ces célébrations multiples. Quant aux nuits vénérables, celles du dimanche et du lundi, on y répète toujours à matines le même nombre de récitations, à savoir 36.
Or la vraie tradition de la prière est que l’on puisse la faire, selon ce que l’on peut assumer sans se dégoûter du vœu que l’on a formé à cet égard. Selon ce que l’on peut faire et que l’on est capable de mener à bien, selon ce que les dispositions de l’esprit, compte tenu des nécessités, ainsi que la manière de vivre, rendent possible. Et aussi d’après ce que requiert la ferveur de chacun, s’il est libre et seul, ou que son degré d’instruction le demande ; ou que le loisir de son état, l’ardeur de son zèle, son genre d’occupation et l’âge auquel il est parvenu ; le permettent. Il faut estimer en fonction de ces variables la manière de réaliser l’idéal, pourtant unique, car on doit composer avec le temps et le lieu.
Mais à propos de ces moments où tous se retrouvent ensemble pour les offices ou de la longueur des cantiques, quelques précisions sont donc à fournir, car cette pratique a été codifiée diversement par différents auteurs. Et il faut par conséquent qu’à mon tour j’en traite par écrit de façon détaillée en tenant compte de notre manière de vivre et de la succession des saisons.
Le chant des récitations ne doit pas toujours être le même, à toutes les époques de l’année, mais il convient qu’il soit plus long quand les nuits sont longues et plus court quand les nuits sont courtes.
C’est pourquoi, en accord avec nos prédécesseurs ; à partir du vingt-quatre juin, date à laquelle la nuit se met à croître, la longueur des cantiques de l’office divin commencera à graduellement augmenter ; depuis douze chants choraux la plus petite quantité prévue la nuit de dimanche ou de lundi, jusqu’au commencement de l’hiver, c’est-à-dire le 1er novembre ; jour où l’on devra plus chanter que 25 récitations. Pour les autres nuits, on s’en tient pour tout l’hiver à douze chants choraux.
À la fin de l’hiver c’est-à-dire à partir du 1er février, et graduellement, chaque quinzaine durant le printemps, on diminue toujours de trois récitations, de sorte que douze antiennes demeurent seulement pour les nuits saintes, c’est-à-dire les trente-six récitations de l’office quotidien en hiver, mais vingt-quatre pendant tout le printemps et l’été jusqu’à l’équinoxe d’automne le vingt-quatre septembre. Alors la façon de célébrer la synaxe est la même qu’à l’équinoxe de printemps qui tombe le vingt-cinq mars, vu que, comme le flux et le reflux, l’office matinal croît et décroît peu à peu.
VIII. DE LA MESURE EN TOUTE CHOSE.
La mesure est ce qui discerne en nous entre bien et mal, et aussi entre modération ou excès. Depuis le début, après que le mal a commencé d’exister, par la corruption du bien, les deux catégories, c’est-à-dire les biens et les maux, ont été séparées comme la lumière et les ténèbres.
Quels sont donc ces biens ? Les choses qui sont restées intactes, et qui sont restées dans leur état de pureté initiale. Vérité, justice, pureté, piété, paix, bonté, miséricorde. Toutes ces choses et leurs fruits sont bonnes.
Mais voici les maux qui en sont l’exact opposé : mensonge, injustice, impiété, discorde, amertume, avarice, haine, avec les multiples fruits qui en sont issus. Innombrables en effet, sont les résultats engendrés par ces couples de contraires, et tout le reste s’est développé peu à peu en un immense foisonnement de noms. Cela implique de toujours discerner avec justesse dans les cas douteux. Et à savoir distinguer en toutes circonstances, le bien du mal, soit entre bien et mal extérieurs à nous, soit en nous-mêmes, soit entre actes et habitudes, entre activité ou repos, entre vie publique et privée.
Quant aux maux, on doit pareillement s’en garder orgueil, envie, mensonge, corruption, cupidité, colère, gloriole, médisance.
Et maintenant les biens des vertus qu’il faut rechercher : humilité, bienveillance, pureté, obéissance, libéralité, patience, ardeur au travail, joie, vigilance, silence.
Tout cela donc, avec la force d’esprit qui fait supporter ainsi que la tempérance qui modère, est à mettre sur les plateaux de la tempérance comme dans une balance. Afin d’y peser nos actes habituels selon les possibilités de nos efforts, dans la recherche continuelle de ce qui suffit. Si ce qui est suffisant ne convient pas, il ne fait de doute pour personne que l’on a passé la mesure de la modération, et tout ce qui dépasse cette mesure est manifestement vicieux.