« Qui d’autre aurait pu couper ce bosquet afin d’y aménager cette solide clôture fortifiée dotée de 7 portes étroites en branchages entrelacés ? Avec lequel d’entre nous est la vérité, O Diarmat, avec moi ou avec Oscar ? » cria Vindos/Finn.« Tu ne t’es jamais trompé dans tes jugements, O Vindos/Finn », répondit Diarmat, « moi et Grannia nous sommes bien ici ». Sur ce Vindos/Finn demanda aux Fénianes d’Irlande d’encercler Diarmat et de le lui ramener. Alors Diarmat se leva et donna trois baisers à Grannia au vu et au su de toutes les fénianes et de Vindos/Finn lui-même, de sorte que Vindos/Finn devint fou de rage et de jalousie en voyant cela, et il s’exclama que Diarmat paierait de sa tête ces trois baisers-là.
Mabon/Maponos/Oengus du Brug, l’oide fog-lamta (tuteur précepteur professeur) de Diarmat O’Duibne, qui était dans le Brug sur la Boinne justement, découvrit alors à quelle extrémité se trouvait réduit son fils adoptif, Diarmat, et il se laissa glisser sur le froid vent du nord, ne s’arrêtant qu’après avoir atteint le bois des deux cabanes. Ensuite sans être vu de Vindos/Finn et des fénianes d’Irlande il se rendit à l’endroit exact où se trouvaient Diarmat et Grannia, ensuite il salua Diarmat et lui demanda : « Qu’as-tu encore fait, O’Duibne ? »
« C’est la fille du roi d’Irlande », dit Diarmat, qui s’est partie en secret avec moi pour fuir son père et Vindos/Finn, mais ce n’est pas moi qui l’ai voulu ».
« Mettez chacun votre tête sous mon manteau de chaque côté » répondit Mabon/Maponos/Oengus « et je vous ferai sortir d’ici à l’insu de Vindos/Finn et des fénianes d’Irlande ».
« Prends Grannia seulement avec toi », répondit Diarmat, « car quant à moi je resterai ici, mais si je survis j’irai te rejoindre et si ce n’est pas le cas, ramène Grannia chez son père, et laisse-le s’en occuper, qu’il la traite bien ou mal ».
Après cela Mabon/Maponos/Oengus prit Grannia sous son manteau et s’en alla sans être vu de Vindos/Finn ni des fénianes d’Irlande, et l’histoire ne nous dit rien d’eux avant qu’ils n’atteignent le bois des deux saules que l’on appelle maintenant Luimneach.
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Contre-lai (commentaire) néo-druidique Nº 16.
Poitrine. Le grand spécialiste français qu’est Roger Chauviré a tort de comprendre « giron ». Le terme gaélique uct signifie bien également giron, mais en l’occurrence il doit s’agir de la poitrine.
Mabon/Maponos/Oengus. Quelques mots sur son symbolisme. Ce qu’il est ou ce qu’il n’est pas !
Mabon/Maponos/Oengus est la particularisation, anthropomorphique, de quelque chose de primordial.
Mabon/Maponos/Oengus est la personnification du principe de manifestation de ce qui est latent.
Mabon/Maponos/Oengus est partout, c’est une dynamique.
Mabon/Maponos/Oengus est un déploiement de potentialités.
Mabon/Maponos/Oengus est la puissance dont le monde a besoin pour se mettre en mouvement.
Mabon/Maponos/Oengus, contrairement à la force qui divise, est la force qui réunit
Mabon/Maponos/Oengus est présent d’emblée dans le monde, comme force qui pousse à se projeter hors de soi.
Mabon/Maponos/Oengus est le mouvement qui pousse à sortir de soi pour produire de l’autre, cet autre n’étant nécessairement, au départ, qu’une modulation de soi-même. C’est en fait le mouvement même du désir, qui fait que l’on ne demeure pas dans le confort mortifère de son identité.
Mabon/Maponos/Oengus n’est pas un principe constitutif, mais se situe à un autre niveau : celui de l’action, il est la force qui pousse à l’engendrement.
Mabon/Maponos/Oengus n’est pas une puissance uniquement positive, il est le désir qui pousse hors de soi, un mouvement donc, une dynamique qui préexiste au processus même d’union.
Mais désir, amour et conflit sont intimement liés ainsi que nous le montre la légende.
Mabon/Maponos/Oengus dans son essence même, porte donc en lui cette tension.
Conclusion : il n’y a donc pas de dieu de l’amour, mais un dieu des amoureux, dans le panth-éon celto-druidique. Il s’agit de Mabon/Maponos/Oengus. C’est un peu le saint Valentin des Celtes.
Les bardes irlandais lui attribuent comme demeure et de façon assez arbitraire le sidh de la rivière Boinne appelé « Brug » et comme moyen de déplacement le vent du nord, mais il va de soi qu’en tant que dieu de l’amour et des amoureux il est universel, sa véritable demeure étant le cœur des hommes et des femmes de cette planète.
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Après le départ de Mabon/Maponos/Oengus et Grannia, Diarmat se dressa sur ses deux jambes comme un pilier, ceignit son baudrier, mit sa cuirasse et prit ses diverses armes toutes plus acérées