CI-DESSOUS ENCORE LA COURTISE D’ETANNA VERSION I.Medros/Midir se rendit dans le Brug un an plus tard le même jour afin de rendre visite à son fils adoptif, et il trouva Mabon/Maponos/Oengus sur le tumulus du side du Brug le jour de Samon (ios), avec deux équipes de jeunes gens jouant devant lui dans le Brug, et Ulcomaros sur le tumulus de Cleitech au sud en train de les observer. Une querelle éclata parmi les jeunes du Brug.
Ne t’en mêle pas, dit Medros/Midir à Mabon/Maponos/Oengus, à cause d’Ulcomaros, de peur qu’il ne descende dans la plaine. C’est moi qui vais y aller ramener la paix entre eux.
Sur ce Medros/Midir y alla, et il ne lui fut pas facile de les départager. Une branche de houx fut lancée sur Medros/Midir alors qu’il intervenait, et lui arracha un de ses yeux. Medros/Midir rejoignit Mabon/Maponos/Oengus son œil dans la main et lui dit : « Quelle idée j’ai eue de venir te rendre visite, me voici humilié, car avec une telle infirmité je ne peux plus voir la terre sur laquelle je me suis installé à demeure et cette terre que j’ai quittée je ne peux plus y retourner comme ça désormais ».
Il n’en sera nullement ainsi, répondit Mabon/Maponos/Oengus, j’irai trouver Deinocacectis (Diancecht) afin qu’il vienne et te soigne, et ton fief sera de nouveau tien, cette terre tienne, ton œil retrouvera toute son intégrité, tu seras lavé de toute honte ou infirmité à cause de lui.
Mabon/Maponos/Oengus alla donc trouver Deinocacectis (Diancecht) […] afin que tu puisses venir avec moi, dit-il, pour sauver mon père adoptif qui a été blessé sur le Brug ce jour de Samon (ios).
Deinocacectis (Diancecht) se rendit sur place et soigna Medros/Midir, si efficacement qu’il retrouva son intégrité.
Heureuse a été ma visite maintenant, dit Medros/Midir, puisque je suis guéri.
Il en sera sûrement ainsi, ajouta Mabon/Maponos/Oengus. Mais reste ici une année afin de pouvoir découvrir mes troupes et mon personnel, ma maisonnée ainsi que mon pays.
Non, répondit Medros/Midir, à moins que tu ne m’indemnises pour le préjudice que j’ai subi.
Quelle compensation, demanda Mabon/Maponos/Oengus.
Facile à dire. Un char valant sept cumala [soit trente-cinq bêtes à cornes] répondit Medros/Midir, un manteau à ma taille et la plus belle fille du pays.
J’ai le char et le manteau qui te convient, répondit Mabon/Maponos/Oengus.
Mais je veux en outre, insista Medros/Midir, la jeune fille qui surpasse toutes les autres jeunes filles pour ce qui est de la beauté.
Où se trouve-t-elle ? demanda Mabon/Maponos/Oengus.
Elle habite chez toi, répondit Medros/Midir, Etanna la fille de Dichu ton intendant. C’est la plus belle et la plus douce et la plus aimable fille du pays.
Mabon/Maponos/Oengus alla donc dans la maison de Dichu. Il fut bien reçu évidemment et lui fit savoir quel était l’objet de sa mission. Il lui expliqua qu’il était venu chercher sa fille Etanna.
Je ne te la donnerai pas, répondit Dichu, car je ne pourrai en aucune façon te demander quoi que ce soit, en raison de la noblesse de ta famille, et de la grandeur de ton pouvoir ainsi que de celui de ton père. Si tu fais du tort à ma fille, alors on ne pourra obtenir aucune indemnité de ta part pour compenser le prix de son honneur perdu.
Il n’en sera pas ainsi, répliqua Mabon/Maponos/Oengus. Je te l’achèterai.
Alors entendu comme ça, répondit Dichu.
Fais-moi savoir ce que tu en demandes, poursuivit Mabon/Maponos/Oengus.
Ce n’est pas difficile, reprit Dichu. Tu devras me défricher douze plaines qui sont couvertes de friches et de forêts, afin qu’elles puissent désormais me servir à faire paître mon bétail ou pour y habiter, pour y organiser des jeux et des assemblées, des réunions, voire y construire des forteresses.
Cela sera fait, répondit Mabon/Maponos/Oengus.
Il partit et alla ensuite chez le Suqellos Dagda Gargant exposer dans quelle difficulté il se trouvait.
Ce dernier fit en sorte que les douze plaines soient essartées en une seule nuit. Voici quels sont les noms de ces plaines : il s’agit des plaines de Macha, Lemna, Nitha, Tochair, Dula, Techt , Li, Line, Muirthemne.
Quand ce travail eut été accompli, Mabon/Maponos/Oengus alla chez Dichu demander la main d’Etanna.
Tu ne l’auras pas, répondit Dichu, tant que tu n’auras pas fait sortir de cette terre jusqu’à l’océan douze grandes rivières pour assécher les noues les marais les tourbières, afin que l’on puisse y faire remonter des produits venant de la mer pour les peuples et les familles et qu’elles drainent les sols et les terres.
Mabon/Maponos/Oengus alla de nouveau trouver le Suqellos Dagda Gargant pour se plaindre de cette nouvelle difficulté. Et là encore le Suqellos Dagda Gargant fit en sorte que douze grands cours